A frozen sun melted by your smile || Tobieth

17/12/2022

A frozen sun melted by your smile
tw : angoisse, nervosité, manque de confiance en soi, cigarette

Le cliquetis métallique, battement régulier dans les chaussures, peut se faire entendre à des kilomètres. Seth est si nerveux qu’il trépigne sur place devant la boutique, au point qu’il pourrait creuser le pauvre macadam tambouriné par ses prothèses. Il hésite à s’envoler, sauter, faire trois fois le tour de la ville et revenir quand il se sentira calmé, que sa voix intérieure cessera de hurler d’anxiété. Après tout, il a finalement pris son après-midi (sa nouvelle position avait tout de même quelques avantages) pour ne pas être en retard alors en tout état de cause, il pourrait le faire. Il devrait le faire, rien que pour parvenir à penser à autre chose. Mais ce serait prendre trop de risque à l’aube du plus beau jour de sa vie. Rien que ça.
À faire trop de bêtises, il pourrait tâcher ses vêtements. Déjà qu’il avait changé trois fois de tenue avant d’être à peu près sûr de son choix, ce n’était pas pour l’abîmer à coup de saut mal placé ou d’atterrissage en catastrophe. Et puis, s’il se blessait d’une quelconque manière, Tobias s’en inquiéterait à coup sûr.
Et cela ruinerait leur rendez-vous.
Bref.
Autant essayer de rester sage, sur place, et de tout contenir.
Pour ne pas gâcher leur rendez-vous.
Leur.
Rendez
VOUS.
La notion résonne parmi toutes les autres, appuie là où ça fait du bien, mais aussi là où ça fait mal : leurs décisions auront des conséquences. Pas forcément évidentes. Pas forcément faciles. Mais c’est aussi pour ça qu’ils sont là, n’est-ce pas ?
Pour en parler.
Et tenter de construire quelque chose, tout les deux, au-delà des conventions.

16h30. Seth soupire en regardant l’heure sur son téléphone, le dos appuyé contre la vitrine. Sa quatrième cigarette de l’après-midi n’arrive pas à le calmer, au contraire. Elle se consume en coin de bouche dans le vent léger de fin d’été, tandis qu’il relit les messages échangés la veille.
C’est dingue, quand il y pense.
… Et si ça l’était tellement que Tobias décide que ce serait même trop ?
Et s’il ne venait pas ?
La pensée maudit refait surface, alors que Seth avait passé la journée à la chasser ardemment. Foutu cerveau trop criblé d’insécurités, tu fais toujours le con quand il ne faut pas.
Son regard passe de passants en passants ; certains le lui rendent, curieux, d’autres entrent là où il fait encore office de drôle de sentinelle.
Faut dire que l’endroit a été choisi après des heures à compulser les meilleurs lieux possibles sur la toile fragmentée de New-Blossom. Une partie de la nuit que Seth a consacré à recouper menus, emplacements, heures d’ouverture et appréciation générale pour trouver la perle rare.
Alors il mise tout sur l’originalité de ce salon de thé, découpé en boutique d’antiquités, entre saveurs modernes et tradition d’antan. La carte a été gagnante en plus du concept : d’après les avis, le cheesecake local au matcha est une recette incontournable.
Pourvu que ça lui plaise, hurle le cœur alors que les minutes passent.

Que 17h00 s’approche et se fait dépasser, inexorablement.

Seth commence à s’inquiéter.
Mais ça ne dure pas.
Ses yeux pleins d’espoir se pose sur la silhouette de Tobias qui s’approche au coin de la rue. Oh bon sang. OH BON SANG.
Il souffle et se débarrasse de la clope dans un cendrier extérieur, teste son haleine deux, trois fois, se regarde dans la vitrine et tente de percevoir si quelque chose cloche sur son visage en dehors de d'habitude. Non ? Non ? Bon.

Tobias est là.
Trop tard pour reculer.

« Heeey ! Salut !! », lance-t-il, incapable de retenir son sourire aussi enthousiaste que nerveux. Qu’est-ce qu’il faut faire ? Le prendre dans ses bras ? Non ? Agir normalement ? Facile à dire !!
Seth choisit d’orienter la conversation vers le lieu du rendez-vous, où il finit par entrer, non sans jouer le gentleman punk au passage « Après toi ! ». Le Bean Nighe Antiques s’expose alors devant eux, lui et ses merveilles, à voir et à manger.
Mais bien vite, l’attention est accaparée par l’incroyable de la situation. Le bonheur, franc et plein, dépeint sur les traits de Seth qui se sent fondre rien qu’à l’idée d’être ici.
Avec lui.
En dehors de tout ce qu’ils ont connu.

« … J’suis trop content que tu sois venu… ! »

Il ne peut s’empêcher de le verbaliser, de le regarder dans les yeux, de s’y plonger ; avant d’être interrompu. Un type tout en barbe et en âge bien tapé les accueille, leur indique une table libre, rien que pour eux. Seth le remercie et s’y assoit, regarde autour de lui, constate les quelques clients présents, le calme, les odeurs agréables, les vieilles choses chargées d’histoire à explorer.

« T’as trouvé facilement alors ? T’as vu, c’est chouette hein ? »

Il sourit, parce qu’il ne sait pas faire autrement, parce qu’il se sent petit et géant à la fois, et parce que ce moment restera gravé en lui quoiqu’il arrive.

Tant qu’il parvient à se calmer, tout ira bien. Tout ira bien...

ft. @Tobias Grant

17/12/2022

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A frozen sun melted by your smile

@Tobias Grant et @Seth Avery

Etait-ce bizarre de sa part que d'avoir passé la journée à relire les sms échangés avec Seth ? Probablement, mais Tobias n'avait pas pu s'en empêcher. Ses pensées, autrefois occupées par Dieu et ses obligations cléricales, étaient exclusivement focalisées sur Seth et les heures qui s'écoulaient avant de le retrouver.

Une petite part de son esprit restait également hantée par son histoire familiale, par ces révélations qui remettaient complètement en perspective son existence et ses choix de vie. Mais, à cet instant précis, c'était surtout le bouleversement de sa relation avec Seth qui prenait le dessus sur le reste. Comment pourrait-il en être autrement ? Seth et lui allaient se retrouver pour un... rendez-vous.

La simple évocation de la chose suffisait à lui donner envie de hurler, tout autant de joie que d'anxiété. Il avait l'impression d'être un adolescent hormonal, mais Tobias n'était probablement pas éloigné de la réalité, avec cette idée. Après tout, il n'avait jamais eu ce genre d'expérience, plongé dès son enfance dans la religion, son pouvoir "divin" le responsabilisant bien trop jeune, l'empêchant de profiter de ces années qui auraient dû être formatrices.

C'était donc en toute ignorance que Tobias se préparait pour retrouver Seth, hésitant sur toutes sortes de détails, allant de sa coupe de cheveux à sa tenue, en passant sur ses bijoux. Il hésitait à retirer sa croix, mais l'homme ne s'était presque jamais séparé du précieux bijou, et sentir son poids autour de son cou le rassurait, même si ce que la croix représentait n'en était pas moins culpabilisant pour lui.

Il était toujours prêtre, après tout, même s'il semblait de moins en moins certain qu'il demeurerait dans les ordres, une fois la vérité sur ses sentiments pleinement admise. Et c'était définitivement un péché pour lui que de se réjouir de retrouver ainsi son... hmm... partenaire ? Amoureux ? Il n'était pas certain du titre qu'il voulait donner à leur relation. Tout ce qui était sûr, pour l'instant, c'était qu'il était supposé le retrouver à Bean Nighe Antiques, et que le moment s'approchait.

Tobias avait finalement jeté son dévolu sur une tenue plutôt simple, rien d'incroyablement fancy, mais définitivement plus ajusté et bien différent de son habit sacral. Plus le temps passait, plus il prenait l'habitude de revêtir d'autres vêtements, de ne plus porter cette tenue qui le rattachait à sa mission religieuse et à ses obligations. Comme une évidence inévitable...

Tobias avait voulu arriver un peu en avance, mais, outre la bataille menée contre ses cheveux pour qu'ils prennent une forme acceptable, Tobias avait également dû lutter contre un coup d'anxiété, au moment où il s'approchait à franchir le seuil de la porte. Etait-ce la bonne décision ? N'était-il pas en train de se tromper sur toute la ligne, et d'entraîner Seth dans sa chute ?

Relire une dernière fois leurs sms échangés lui donna l'inspiration dont il avait besoin pour sortir, pour effectuer ce nouveau pas en direction de leur relation inédite. C'était son angoisse qui parlait, et non sa raison : Tobias avait réellement envie de prendre part à ce rendez-vous. Il était juste très, très nerveux.

Tobias arriva sur place pile à l'heure, et trouva Seth qui l'attendait, ne pouvant s'empêcher de se demander depuis combien de temps il était là. Il espérait que l'homme ne s'était pas trop ennuyé à l'attendre... Son sourire enthousiaste l'aida à calmer les battements rapides de son cœur, et ses propres lèvres s'étirèrent à leur tour, expression plus mesurée, timide, alors que Tobias apprivoisait la nature de ses sentiments pour Seth.

"Salut. Désolé, j'ai failli être en retard, je me suis bataillé avec mon peigne."

Il n'évoqua pas immédiatement la crise d'anxiété qui l'avait saisi au moment de partir : ils auraient l'opportunité d'en parler plus tard, une fois qu'ils se seraient installés. Tobias n'eut pas le temps de se demander s'il était supposé saluer Seth avec un contact physique (étreinte ? Baiser rapide ?) que, déjà, ils entraient.

Son sourire s'accentua un peu plus lorsque Seth lui fit savoir qu'il était content qu'il soit venu. Tobias ne pouvait pas imaginer ce que l'homme aurait ressenti, s'il n'avait pas eu le courage de sortir chez lui. Jamais il ne voulait inspirer une telle tristesse chez Seth... Mais il était venu, et c'était son sourire qui l'avait accueilli, si chaleureux, si enthousiaste, si... beau.

Il eut tout juste le temps de souffler un "Moi aussi." avant qu'ils ne soient entraînés jusqu'à leur table. Le regard de Tobias s'attarda brièvement sur les lieux, admirant la décoration, l'ambiance calme et apaisante, et le concept même de l'établissement. Seth avait eu une excellente idée.

Tobias ne put s'empêcher de rougir lorsque Seth lui demanda s'il avait trouvé son chemin facilement, admettant d'une voix embarrassée :

"Je... hmm... Je suis venu en repérage, après que tu m'aies envoyé l'adresse. Pour... Pour être sûr de ne pas m'égarer, le moment venu. Tu vois ?"

Tobias ne pouvait s'empêcher de se sentir terriblement niais, à admettre cela de but en blanc. Mais il avait été si excité et anxieux, comment aurait-il pu ne pas faire cela, afin de calmer un peu ses nerfs malmenés ? Plus écarlate que jamais, Tobias dissimula brièvement son visage derrière le menu, prenant une profonde inspiration. Calme... Calme... Tout allait bien...

Il baissa enfin le document plastifié qui les séparait, une fois sa nervosité maintenue sous contrôle. Bon sang, il avait plus l'impression que jamais d'être un vrai adolescent, avec tout ce que ça impliquait.

"C'est super, oui. Merci de m'avoir invité. Pour notre... rendez-vous."

Tobias se retrouva cramoisi une nouvelle fois, les mots lui échappant, tandis qu'il apprivoisait la notion, maintenant qu'il se trouvait face à Seth. Il hésita un instant, avant de poser l'une de ses mains sur la table, paume ouverte, une invitation pour son partenaire à établir le contact, car il n'était pas capable de prendre cette initiative pour l'instant.

"Tu peux... si tu veux..."

Son éloquence envolée, Tobias ne pouvait que balbutier quelques paroles pour donner son consentement à Seth, s'il souhaitait initier le geste. Ce n'était pas la première fois pour eux, ce genre de contact, mais dans le cadre de leur nouvelle relation, cela prenait une toute autre signification. Intense.

rainmaker

17/12/2022

A frozen sun melted by your smile
tw : aucun.

Seth a l’impression que son coeur bondit un peu plus à chaque sourire. La présence de Tobias, dans ce contexte précis, suffit à le rendre heureux. Rien ne pourrait lui faire plus plaisir que de le savoir détendu, au point de le rejoindre sans peur – ou du moins, sans la montrer. L’effort le touche, plus qu’il ne l’imaginait.
Assis, il se sent engoncé, un brin gêné, mais c’est davantage la situation qui le rend maladroit que l’endroit. Car le lieu plaît à Tobias, et c’est un poids en moins. Il est même venu faire un repérage pour ne pas être en retard, détail que Seth note et dont il s’empêche d’en commenter le caractère adorable : il n’aurait pas fini de le dire, sinon, à quel point il trouvait chaque démarche de Tobias plus mignonne que la précédente.
Le salon de thé convient, donc. Il convient même pour leur rendez-vous ; les mots sont dits, gravés. Le coeur tressaute une nouvelle fois, un frisson parcoure la nuque du soldat. L’entendre, de sa bouche, c’est lui donner tout son caractère sacré, bien plus que n’importe quel sermon que Tobias aurait pu prononcer. Le sourire de Seth s’allège, immédiatement, comme effet immédiat du lâché de leste :

« De rien… ! J’voulais… trouver un endroit dont on se souviendrait longtemps. » Il se rend compte que ça pourrait être mal interprété. Ou il a soudainement peur que ça puisse l’être. Ou bien encore autre chose qu’il n’a pas anticipé, qui pourrait rompre l’instant, et tout gâcher. Alors il se rattrape, espérant ne pas glisser davantage : « ‘Fin j’veux dire, j’m’en serais souvenu de toutes manières hein ! C’est grave un jour important... ! » Et c’est peu de le dire. C’est bien pour cette raison qu’il se sent aussi fébrile, et heureux, et explosif, tout en essayant de se contenir. C’est le constat qui finit par poindre, dans un petit rire pensif, alors qu’il finit par avouer l’évidence : « … Désolé, j’crois que j’suis un peu nerveux... »

Mais comment ne pas l’être ? Seth sait à quel point cette sortie compte, pour l’avenir de leur relation. Mais il sait aussi qu’il n’est pas du genre à trop réfléchir avant d’agir. Et il sait surtout qu’il doit arriver à lui aussi, lâche prise et voir ce que ce rendez-vous leur réserve. Qui sait ? Il n’était sans doute pas au bout de ses bonnes surprises…

… Et l’une d’elles intervient pile quand il le faut. La main ouverte de Tobias sur la table. Les yeux ébahis de Seth, aussi ravi qu’éberlué, glisse de la paume au visage cramoisi de son vis-à-vis.
Oh bordel. Sa raison crie et lui fiche une gifle mentale pour l'empêcher de la fixer bêtement. Relax, cool, tu peux le faire cador !
Cette invitation intime est encore plus impressionnante que tout ce qu’il a connu. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’il lui prend la main. Et encore moins son premier date. Et encore moins son premier garçon.
Et pourtant, tout les éléments conjugués le font se sentir agréablement minuscule, comme si lui aussi, avait tout à découvrir.

Alors, presque timidement, Seth avance la sienne sur la table pour faire rencontrer leurs paumes, y lier ses doigts, sentir le pouls battant sous son pouce quand il effleure le poignet. Il s’en retrouve muet, ému, sur l’instant. Seul le sourire est éloquent. « Comme ça… ça va ? », qu’il finit par déclarer doucement, veillant bien à ne pas aller trop loin.

C’est peut-être à cet instant qu’il se détend vraiment. Seth en arrive presque à faire abstraction du lieu. Il fixe son attention sur Tobias, et laisse le coeur parler, ouvert et franc :

« … Je suis tellement heureux que tu sois là... » Il le répète, avec moins de véhémence, beaucoup plus d’intimité, et surtout, tout autant de sincérité. « Et surtout que t’aies… accepté qu’on essaie. » La précision est importante, tout comme ce qui est en jeu. Il en sourit à nouveau, sentant ses pommettes brûler. « J’sais à quel point c’est difficile pour toi, mais, du coup… ça me touche encore plus. »
Parce qu’il restait cette petite voix intérieure – pas celle partagée, l’autre, plus pernicieuse – qui lui répétait sans cesse depuis la veille qu’il ne valait pas le coup. Et pourtant… les choses semblaient avoir changé.
Pour le meilleur, à priori.

Les yeux glissent, après un temps indéfini, vers le menu. La police élégante et les milliers d’appellations ont de quoi rendre Seth un peu confus sur l’instant. Il n’y connaît rien, en thé. C’est un détail qu’il aurait dû préciser.

« Tu… euh, tu sais ce que tu vas prendre ? » Sans doute qu’il suivra le mouvement, juste pour en découvrir davantage sur ses goûts. L’encart des pâtisseries lui donne l’eau à la bouche, bien qu’au fond, il n’en connaisse pas la moitié non plus. L’appétit de l’inconnu, sans aucun doute. « J’sais pas ce que c’est le matcha… mais c’est du cheesecake, alors hein… ça peut que être bon, pas vrai ? »
Sourire de canaille en connivence.
Rien ne pourrait le troubler, il le sait, pas tant qu’ils garderont leurs mains liées.

ft. @Tobias Grant

17/12/2022

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A frozen sun melted by your smile

@Tobias Grant et @Seth Avery

Un rendez-vous amoureux, c'était d'un ordinaire, mais pour Tobias Grant, cela n'avait rien de normal, ni d'attendu. Pas pour celui qui s'était juré fidélité à Dieu et avait respecté jusqu'alors scrupuleusement ses vœux de chasteté. L'amour romantique ne faisait pas partie de la vie d'un prêtre : il en avait toujours été ainsi. Pourtant, Tobias ne pouvait pas renier plus longtemps la nature des battements de son cœur en voyant et entendant Seth, la chaleur que lui procurait le moindre contact physique, la nécessité d'être à ses côtés comme le besoin de respirer pour vivre.

Il avait largement eu le temps d'avant de paniquer à propos de cette décision qu'il avait prise, de ce choix irréversible. Et il savait que le chemin serait long avant qu'il ne parvienne à se détacher de la culpabilité chrétienne qui était sienne. Mais, à cet instant précis, Tobias voulait seulement profiter du moment. Oublier la pression, la peur, les épreuves qui l'attendaient dans le futur : tout cela, il le laissait au lendemain. Aux jours suivants. Là, Tobias était là pour Seth. Et Seth était là pour lui.

Il était évident que Seth était aussi nerveux qu'il pouvait l'être et, au-delà du sourire amusé que cela lui inspira, Tobias ne put s'empêcher de se sentir soulagé de partager cela avec l'homme. De ne pas se sentir seul dans le noir, maladroit et hésitant sur le moindre pas à faire, la moindre parole à prononcer. Si Tobias ne doutait pas que Seth était bien plus expérimenté que lui dans d'autres domaines, ils étaient au moins sur un pied d'égalité pendant ce rendez-vous : tous les deux aussi anxieux l'un que l'autre.

"Moi aussi."

L'admission était faite d'une petite voix, et Tobias se racla la gorge, cherchant à reprendre contenance. Il avait l'impression que son corps entier était réduit en gelée, son âme prête à fondre à la moindre attention.

"On va trouver notre rythme. Petit à petit. Ca va aller."

Pour la première fois, c'était Tobias qui cherchait à rassurer Seth sur leur relation et leur rendez-vous, et non l'inverse. Ce qui ne l'empêchait pas d'être atrocement anxieux, tandis que Tobias tâtonnait, présentant maladroitement sa main pour que Seth la saisisse, s'il en ressentait l'envie. Et il le fit, avec une douceur incomparable. Beaucoup s'étonneraient de cette preuve de délicatesse, mais pas Tobias. Il connaissait trop Seth pour cela. Seth et ses nuances, dissimulées derrière une certaine vulgarité, des mots crus, comme un bouclier contre le reste du monde.

Le contact le paralysait tout autant qu'il l'électrisait. Passé les premières secondes, respiration retenue un instant avant d'être relâchée, Tobias réalisa que le toucher l'aidait progressivement à s'apaiser. Que, au fond, même si le label posé sur leur relation différait, même si tout avait changé, ça, ça n'avait pas changé. Tobias se sentait toujours aussi bien en présence de Seth. Comme si le monde cessait d'exister autour d'eux.

Les mots lui revinrent plus facilement, après avoir écouté Seth, sourire légèrement tremblant aux lèvres. Tobias avait douté. Ô, qu'il avait douté... Et il savait que cela était encore loin d'être fini. Malgré tout, il avait fait un choix. Un choix dont on ne revenait pas. Et, en dépit de l'angoisse que cela pouvait lui inspirer, il ne le regrettait pas une seule seconde.

"Je crois que j'en avais assez de me mentir. De vivre dans le déni. Tu méritais mieux que ça de ma part."

Tobias prit une profonde inspiration, avant d'ajouter, yeux dans les yeux, main serrant tendrement celle de Seth :

"Je sais que ce n'est qu'un premier pas. Qu'il y a encore beaucoup d'obstacles. Mais je veux essayer. Et je ne reculerais pas."

Comment pourrait-il ? Comment porter la tenue sacrale, prêcher la bonne parole, quand, au plus profond de lui, il avait admis aimer d'une manière qui ne lui était pas autorisée ? Tobias ne cesserait pas de croire, jamais, mais il ne pouvait plus être prêtre. Sa décision avait été prise, et elle était irréversible. Il ne restait plus qu'à espérer que le reste du monde l'accepterait... Ou que, tout du moins, on le laisserait vivre sa vie et faire ses premiers pas sur ce nouveau chemin.

La confusion de Seth face au menu était on ne peut plus compréhensible aux yeux de Tobias. Lui-même se raccrocha à ce qu'il connaissait, soufflant en réponse :

"Je ne connais pas les trois quarts des thés sur cette carte, pour être honnête. Un thé noir Earl Grey à la crème, ça, par contre, ça m'est familier. Et des scones, bien évidemment. Autant rester fidèle jusqu'au bout à mes habitudes britanniques."

Tobias eut un petit rire.

"Mais le matcha cheesecake est probablement très bon. Et je suppose que tu pourrais le prendre en duo avec un Matcha Fuka Midori ou Uji ? Je... hmm... Je t'avoue que mes connaissances s'arrêtent à des saveurs très locales, en matière de thé."

Il n'en appréciait pas moins l'expérience. En vérité, Tobias se serait même accommodé d'un fast-food, pour leur premier rendez-vous. Le plus important, c'était de passer ce moment avec Seth.

"Je suis sûr que tout est délicieux, de toute manière. Ce qui me fait vraiment plaisir, c'est d'être avec toi."

Ses dernières paroles lui tirèrent un affreux rougissement. Tobias prit une profonde inspiration, resserrant un peu plus son emprise sur la main de Seth :

"J'ai l'impression de passer mon temps à être écarlate. C'est tellement bizarre. J'imagine qu'il faut juste que je m'habitue. Tu me promets d'être patient ?"

Au-delà de son embarras, c'était sur un grand nombre de sujets que Tobias avait besoin de temps. De compréhension. Sa première relation amoureuse, dans toute une vie. L'idée lui donnait le tournis, tant il avait à apprendre...

rainmaker

17/12/2022

A frozen sun melted by your smile
tw : aucun.

Savoir que Tobias partageait sa nervosité avait quelque chose de rassurant. Quoique Seth pouvait s’y attendre, et c’était bien parce que leur relation représentait un panel considérable de premières fois qu’il se mettait une pression monstre. Il ne pouvait pas se permettre de gâcher tout ça avec ses impétuosités habituelles, bien que Tobias semblait bizarrement trouver que ça faisait parti de son charme. Sinon, pourquoi le choisir, après tout ?
Mais ce n’était pas une raison. Un peu de douceur n’allait pas le tuer. Et Seth se sentait paradoxalement plus à l’aise dans cette peau-ci que celle du séducteur intempestif que sa réputation défendait.
Toutefois, à cet instant, une fois leurs mains liées et soudées, il se sent fondre, incapable d’aucune autre certitude que celle provoquée par l’homme qu’il aime.

Tout va bien se passer.

Entendre cette ferveur chaleureuse venant de lui, de Tobias, de celui qui l’a transporté à l’instant même où il a posé ses yeux dessus dans la chapelle de Newark, tout ça n’a pas de prix. Les rôles s’inversent, le rassuré d’antan apaise ses tourments. Et dans son cœur, Seth sent pointer la foi en quelque chose de plus grand que n’importe quel sermon. Leur avenir, ensemble.

« Ouais… j’en suis sûr aussi. »

Ses mots profonds trouvent leur chemin, émeuvent le soldat qui n’arrive plus à s’arrêter de sourire, le regard pétillant de bonheur. Il n’est pas sûr d’avoir déjà entendu des paroles aussi touchantes de la part de qui que ce soit. Tobias ne reculera pas devant Eux, qu’importe ce qui se passera.

« … Ça tombe bien, j’suis pas prêt de reculer non plus. On va avoir un sacré chemin à parcourir dans la même direction, mais c’qui compte, c’est d’avancer nan ? »

Comme pour sceller la promesse tacite, Seth resserre doucement son étreinte, et porte le dos de la main de Tobias vers son visage pour y poser un baiser. Petit acte solennel, dans leur intimité, où Seth se sent pousser des ailes.
La conversation retourne vers quelque chose de plus factuel : le thé et les gourmandises. Les conseils sont pris, et dans un sourire, Seth hoche la tête et passe commande une fois le serveur à leur niveau. Sa discrétion a bien failli le prendre à dépourvu.

« Allez, j’vais tester. Au pire, ça m’fera juste découvrir des nouveaux goûts, et j’saurais si j’aime ou pas pour la prochaine fois ! »

La commande prise, le serveur disparaît aussi vite qu’il est apparu. Le reste reprend, le moment tendre les enveloppe, toujours l’un lié à l’autre. Seth n’est pas certain de vouloir se séparer de cette chaleur, jamais.
Il craque un petit rire quand Tobias commente le rouge à ses joues. Il ne peut pas le nier, lui non plus. Ils ne sont que deux petites tomates en plein rendez-vous galant.

« C’est pas faux. Mais ça te va rudement bien… »

Ça aussi, il ne peut pas le nier. Tobias est magnifique, dans tous ses aspects.
Et même quand ses inquiétudes commencent à poindre entre eux, Seth se prépare à les apaiser. Il va falloir s’y faire…

« T’sais… j’ai attendu pendant 15 ans, alors… j’suis assez rodé niveau patience ! » qu’il tente de rassurer, d’un trait d’humour un peu trop vrai. « Faut pas t’en faire. J’me sens déjà tellement chanceux que tu veuilles bien d’moi… »

Ses propres insécurités ne sont pas un mystère pour celui qui fût le premier à écouter ses doutes, la première oreille que Seth a trouvée quand il en avait eu besoin. Elles refont surface au moment où il s’y attend le moins.

« J’aurais jamais pensé... Mais c’est génial. Méga génial ! »

Il sourit tout de même, jubilant. Il doit rester positif et n’en tirer que le meilleur : Tobias l’a choisi, LUI, à défaut de Dieu. C’est pas censé lui offrir une surdose de confiance en soi, ça ?

« Tant qu’on communique, j’pense qu’on a pas à s’inquiéter. J’serais toujours là pour toi. Et j’t’écouterai, tout le temps. »

Ses yeux verts viennent trouver les billes brunes, pour y sceller sa nouvelle promesse. Il y en aura beaucoup, il le sait, et toutes honorées, une à la fois.

« Y’a… des choses qui te font plus peur que d’autres, dans tout ça ? »

Sans même s’en rendre compte, son pouce caresse la peau tenue, comme pour apaiser les vagues d’angoisse à venir.
Car elles viendront. Et il sera prêt à les repousser, au plus loin possible.

ft. @Tobias Grant

17/12/2022

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A frozen sun melted by your smile

@Tobias Grant et @Seth Avery

L'anxiété liée à leur relation était partagée. Quelque part, cela rassurait Tobias, savoir qu'il n'était pas le seul à devoir se reposer sur l'autre, que Seth avait également besoin de lui pour tenter de l'apaiser. Tous les deux se jetaient dans l'inconnu, et toute l'expérience que pouvait avoir Seth ne l'avait certainement pas préparé à cet avenir à deux. Avec quelqu'un comme lui, si ignorant de tout, si peu préparé...

Pour l'instant, toutefois, Tobias s'efforçait de se focaliser sur le présent, sur cette main dans la sienne, dont le toucher doux l'aidait à ne pas laisser ses pensées les plus affolées l'emporter au loin. En vrai gentleman, Seth était venu déposer un baiser sur le dos de sa main, n'arrangeant guère son problème de joues écarlates, bien au contraire. C'était étrange, ces gestes qu'ils pouvaient se permettre désormais, une fois la barrière de la religion abaissée. Au-delà de la chaleur que cela lui procurait, Tobias peinait à ne pas ressentir la pointe de honte, liée à sa profession de foi, à son éducation.

Plus tard, c'était ce qu'il décida à cet instant, ne voulant pas gâcher ce moment avec ses craintes, ce passé sur lequel il devait travailler pour le surpasser progressivement. Il avait été soulagé de pouvoir changer de sujet, de se focaliser sur le mondain de leurs commandes, plutôt que sur son propre ressenti complexe vis-à-vis de leur relation.

Cela lui faisait toujours bizarre d'imaginer que Seth ait pu être amoureux si longtemps de lui, sans avoir laissé paraître ses sentiments. Pour être honnête, Tobias ne parvenait pas vraiment à déterminer l'instant à partir duquel il avait pu tomber amoureux de celui qu'il avait considéré comme son plus précieux ami. Peut-être était-ce récent. Peut-être que cela remontait à plusieurs années, et qu'il n'avait jamais su faire la différence entre leur amitié et le lien qui les unissait réellement.

"C'est moi qui suis chanceux. Que ce soit toi."

L'embarras avait capturé ses petits discours, et le prêtre si habile dans ses sermons se retrouva mutique, plus écarlate que jamais. C'était la vérité, pourtant. Est-ce qu'une autre personne que Seth aurait fait ces efforts pour lui ? Aurait supporté sa foi tenant du fanatisme, ses envolées en tant que supposé messager divin ? Y aurait-il eu quelqu'un pour avoir la patience que Seth continuait à déployer, tandis que la vie de Tobias basculait de mille manières ? Il n'en était pas certain. Et, pour tout cela et bien plus, Tobias se sentait chanceux.

L'optimisme enthousiaste de Seth faisait plaisir à voir et à entendre. Tobias aurait pu l'écouter des heures durant, mais, déjà, une question fatidique, de celles qu'il n'était pas sûr de pouvoir répondre simplement. Ce qui lui faisait peur, plus peur... Tobias baissa les yeux sur leurs mains jointes, sur ce pouce qui le caressait tendrement, se sentant incapable de soutenir le regard de Seth, tandis qu'il exposait ses vulnérabilités :

"Tout ? Je veux dire... Je n'y connais rien, à tout ça. A l'amour. Aux relations amoureuses. Juste la théorie. J'ai peur de ne jamais réussir à dépasser mon passé. Et..."

Tobias prit une profonde inspiration, sa main se crispant malgré lui dans celle de Seth :

"Et j'ai peur de ce que je vais perdre quand je vais assumer. Ma communauté. Des amis. Peut-être... Peut-être ma propre famille. Je veux dire..."

Tobias se racla la gorge, serrée par l'émotion tout autant que l'angoisse, avant de poursuivre :

"Ils étaient tellement fiers quand j'ai entamé ma mission de foi. Maman, c'est elle qui m'encourageait le plus. Et... Et elle a continué à le faire après que la vérité sur mon père ait été révélée. Elle continuait à croire à ce qu'elle me disait. Que la Voix était Sa Voix, celle de Dieu, que j'étais là pour répondre à Ses demandes. Je..."

Son soliloque anxieux fut soudainement interrompu par l'arrivée de leurs commandes. Lentement, Tobias détacha sa main de celle de Seth, cherchant le contact brûlant de sa tasse contre ses paumes. Il prit une profonde inspiration, tentant de calmer ses peurs remontées à la surface. Sourire contrit aux lèvres, il finit par déclarer d'une petite voix :

"J'ai... J'ai beaucoup de peurs, comme tu l'avais sans doute deviné. Mais j'arrête de fuir. C'est fini."

Cela ne faisait plus de sens qu'il porte l'habit, qu'il prétende continuer à n'appartenir qu'à Dieu. C'était faux, et il le savait très bien. Il était temps pour Tobias de faire preuve de courage. Pour Seth. Pour lui-même. Pour eux deux.

rainmaker

17/12/2022

A frozen sun melted by your smile
tw : homophobie subie - mention de coups/bagarre.

C’est un typhon condensé dans un minuscule univers, une tempête enfermée entre les parois d’une bouteille fragile, prête à exploser. Seth se sent en équilibre, titubant d’une émotion l’autre, se rattrapant de justesse avant de tomber. Il a le cœur serré de sentir Tobias lutter, tout autant qu’il exulte à le voir aussi franc, aussi honnête avec ce qu’il ressent. Ses doutes et ses certitudes sont aussi précieux que des déclarations amoureuses. Et ils sonnent aussi forts, plus encore que les prières.
Les mots d’un Autre, même ceux des préceptes, ne valent rien face à ceux que Tobias est capable désormais de prononcer.

« C’est moi qui suis chanceux. Que ce soit toi. »

Et ça le foudroie sur place, cette éloquence toute simple, qui sape la sienne en quelques syllabes. Il ne sent plus exister, Seth, autrement qu'à travers ses yeux. Il fond dans un sourire profond, en silence. C'est aussi facile que ça. Laisser l'émotion le traverser sans avoir à la commenter, autrement que par le regard qui brille.

Il se contente d'apprécier, de l'écouter, de manger son gâteau bien plus sucré que l'intitulé ne l'aurait laissé deviner. La moitié du gâteau a déjà disparu alors que la discussion se poursuit, que l'oreille de Seth perçoit les peurs profondes à nouveau : celle de la famille, et surtout, de la réaction à la nouvelle. Car il faudra bien leur dire, leur vérité ne peut pas se contenter de ce café atypique, aussi douillet soit-il.

Seth écoute, pensif. Ses propres souvenirs remontent, gravissant la montagne des épreuves qui se sont accumulées avec les années, certaines plus faciles à surmonter que d'autres. Il n'est pas certain de savoir où situer celle de son coming out. Elle retentit encore aujourd'hui avec les plus étroits d'esprit, qu'il se contente d'ouvrir à coups de poing pour faire rentrer un peu de tolérance dans les caboches étriquées.
Une méthode qui a porté ses fruits dés son adolescence, quand il y pense.

« T'sais… moi aussi, il a fallu que j’assume. » qu'il répond, avec douceur, le regard plongé un instant dans l'eau trouble de son thé parfumé. Un instant, pondérant, ce qu'il doit lui dire pour avancer. Leurs situations sont différentes, après tout.

Seth touille sa cuillère dans son thé, reprend avec plus de dynamisme, se concentre sur l'essentiel et le positif.

« Ma mère a vite capté. En fait, elle le savait d’puis plus longtemps que moi, j’pense ! » May et sa bienveillance, qui voyait toujours plus loin, surtout lorsqu'il s'agissait de son fils. « Un jour j’lui ai présenté mon premier copain et elle était juste contente. Elle nous a cuisiné du poulet et on discuté ensemble toute la soirée. »

Il hausse les épaules, attrape la tasse, boit un peu. Prend des forces.

« Avec elle, c'était simple. C’était pas la même avec tout le monde… C’était y’a un bail mais bon, j’pense que je m’en souviendrai toujours. C’était une sacrée période ! »

Il sourit, de cette manière un peu cassée, empreinte de nostalgie et de couleurs passées. Celle des bleus sous les cris et les insultes, condensé de violence emportée, la sienne et celle des autres. Mais toujours présente, pour jouer la fierté, ne jamais avoir honte d'être un survivant.
Jamais.

« J’étais un gamin, je savais pas comment me défendre autrement qu'en gueulant plus fort que les autres et en tabassant ceux qui voulait l'faire, juste parce que j'embrassais mon mec. Quelque part, ça a pas trop changé... ! »

Il rit un peu, secoue la tête, chasse les rancunes. Il le sait, il n'a jamais eu honte. C'est la seule chose dont il peut se vanter. C'est le reste qui le fera tomber, mais pas ça.
Son regard s'ancre dans celui de Tobias. Inconsciemment, sa main revient chercher la sienne. Il veut lui communiquer cette force un peu bancale, mais vive et sincère : celle de rester debout, quoiqu'il arrive.

« Tout ça pour t’dire… que les gens qui t’aiment vraiment pour qui tu es, eux, ils resteront. Peu importe la voie que tu choisis. Et surtout si elle te rend heureux. »

Le sourire s'intensifie, les doigts se cherchent. Seth accrochent les siens, les entremêlent sans bruit, laisse le monde diminuer de volume pour ne laisser que sa voix. Pas encore celle qu'ils partagent, même s'il désire que tout résonne dans l'esprit de l'homme de foi.

« … Et moi, j'ferai tout pour te rendre heureux. C’est promis. »

Peu importe ce qu'il adviendra, ce que l'entourage de Tobias fera, ce que le monde dressera comme nouvelle épreuve. Elles peuvent toutes être passées, tant qu'ils auront ce courage embrasé, cette volonté, plus forte que les obstacles.
Je t'aimerai, plus fort encore, pour chasser tes peurs et surtout celles des autres.

ft. @Tobias Grant

17/12/2022

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A frozen sun melted by your smile

@Tobias Grant et @Seth Avery

Parler de ses peurs, ce n'était pas chose aisée. Et encore moins depuis qu'il s'était avoué des vérités qu'il avait dissimulé au plus profond de son coeur des années durant. Ce qu'il avait pu dire aujourd'hui, nul autre que Seth ne l'avait entendu de sa part, pas même le prêtre auprès duquel il se confessait régulièrement depuis bien longtemps. Comment aurait-il pu ? Imaginer en parler à qu que ce soit d'autre que Seth le terrifiait, le paralysait.

Plutôt que de se focaliser sur ses propres ressentis, Tobias accorda toute son attention à ce que Seth pouvait bien lui dire, se confiant à son tour. La sincérité de l'homme le touchait, et plus encore en raison de la nature délicate du sujet.

Tobias savait combien il pouvait être dur pour Seth de parler ainsi du passé, au risque de réveiller les douleurs, la souffrance qui ne le quittait jamais vraiment. Il pouvait aisément imaginer May, dans toute sa bienveillance, rassurer les peurs de son fils, lui faire comprendre que cela ne changeait rien de l'amour qu'elle éprouvait pour lui.

Son cœur se réchauffa à cette idée, malgré la pointe d'envie qu'il ne pouvait s'empêcher de ressentir. Tobias savait que les choses seraient bien plus difficiles avec sa propre famille. Peut-être même impossibles.

Le récit de Seth se poursuivit, un passé que Tobias n'avait jamais expérimenté lui-même, trop enfermé dans ses croyances pour se laisser aller à la moindre tentation, pour sortir des carcans qui étaient siens. C'était étrange de se dire qu'il en était actuellement au même stade que Seth avait pu l'être dans sa jeunesse, dans son adolescence, des années et des années auparavant. Cela ne rendait la chose que plus intimidante.

"Je suis désolé que tu aies eu à subir ça, Seth. J'aurais aimé... J'aurais aimé être là."

Même s'il n'aurait rien pu faire d'autre que prendre les coups et souffrir à sa place. Au moins aurait-il su que quelqu'un était là pour le soutenir. Pour le comprendre. Mais aurait-il vraiment pu être présent pour Seth ? Tobias savait qu'il s'était toujours efforcé de faire preuve d'ouverture d'esprit, mais, à cette époque, il était plus encore sous l'influence de ses parents qu'il l'était encore à ce jour. Peut-être aurait-il détourné les yeux. Ou...

Tobias se mordit la lèvre inférieure. Cela ne servait à rien de méditer sur les "Et si". Il devrait le savoir mieux que personne. Ce qui comptait, c'était l'instant présent. Cette main qui venait chercher la sienne. La chaleur douce qu'elle lui inspirait. Seth. Tobias étira un sourire maladroit, retournant resserrer ses doigts sur ceux de Seth comme une évidence. Un peu plus, et ils ne sauraient jamais se détacher l'un de l'autre...

"Merci. Je... Je veux te rendre heureux aussi. Je donnerai tout pour ça."

C'était en toute sincérité que l'homme de foi s'exprimait. Et ce fut avec cette même honnêteté qu'il finit par ajouter, non sans un certain embarras :

"Tu... hmm... Je me dis que, peut-être, à part toi, il se pourrait qu'il n'y ait plus personne pour m'apprécier après... après m'être assumé. Après avoir renoncé à l'habit. Après avoir expliqué mes raisons. Et ça me fait peur."

Une nouvelle fois, Tobias crispa sa prise sur la main de Seth, malgré lui.

"J'ai peur de les perdre. Non, je... c'est pire que ça. J'ai peur que tout ça n'ait jamais été que conditionnel. Et qu'ils soient incapables d'aimer le vrai Tobias. Si... Si j'arrive même à le trouver."

La solitude terrifiait Tobias, depuis ses plus jeunes années. Il s'était accroché désespérément à l'amour de ses parents et de ses fidèles, n'existant que pour les satisfaire. Parfois, il se demandait si le bien qu'il avait pu faire n'était motivé que par un profond égoïsme, le besoin d'être remercié, estimé, aimé pour ses actions. Ce même égoïsme qui le plongeait dans ses propres angoisses, quand Seth s'était ouvert à lui de la sorte.

"Merci pour ta confidence, pour ta confiance. Je te promets la même honnêteté désormais. Et... Et de cesser de ramener constamment les choses à moi. Tu me parlais de quelque chose d'important, et j'ai dévié le sujet pour remettre mes préoccupations sur la table."

Les soucis d'estime de Tobias n'étaient jamais très loin. Ce besoin de s'excuser d'exister ou de prendre de la place, quand il ne le faisait pas pour exprimer la parole divine.

"Merci de ta patience."

Dieu seul savait combien il en avait besoin, lui qui avait l'impression de trébucher à chaque parole, lui qui était si inexpérimenté qu'il n'était pas certain de pouvoir rattraper tout ce qui lui était encore inconnu à ce jour...

rainmaker

17/12/2022

A frozen sun melted by your smile
tw : aucun.

Seth se retient de hausser les épaules, d'admettre qu'au fond, il s'en fiche, de ce qu'il a bien pu subir. Les douleurs finissent toujours par passer, quand on y pense plus. Et même après, elles ne sont plus que le fantôme élimé d'autrefois, l'ombre de ce qui fût, de ce qui heurta. Remuer le passé comme une vieille tambouille dégraissée de tout regret, ça ne l'émeut pas plus que ça. Les choses ont été faites, dites, recrachées par les pires et celles et ceux dont il a déjà oublié les visages courroucés. Rien ne compte plus que l'instant présent, et l'importance qui s'en dégage.
Le menton posé dans le creux de sa main libre, le soldat de CERBER se contente d'écouter les remords silencieux, vides de sens, mais pas d'attention.
C'est pas grave, crient ses yeux énamourés.
Si les choses avaient été différentes, Seth n'aurait peut-être jamais eu la force d'en parler aussi clairement aujourd'hui.

Il continue de l'écouter, lâche son visage pour saisir son thé - bien plus déroutant que le gâteau, lui qui n'a l'habitude que des sodas gazéifiés et des boissons alcoolisées. Le chaud glisse quand un frisson se colle dans nuque, à la pensée même que les proches de Tobias puissent l'abandonner. Le regard songeur, la tasse reposée dans sa soucoupe, il tente de trouver un compromis pour le rassurer :

« J'comprends ça... Mais y'aura forcément des gens. Déjà, m'étonnerait bien qu'Darla te laisse tomber pour ça, maintenant qu'elle a retrouvé son petit-fils ! » Penser à l'Originelle le ramène indéniablement vers sa soeur. Qu'est-ce qu'elle dirait, Leta, à le voir comme ça ? Ce serait la première à lui renvoyer son sourire goguenard et victorieux, pourvu d'un sublime "J'TE L'AVAIS DIS !" peint sur son visage de musaraigne. Mais voilà. Il ne voulait pas trop y penser, tant qu'ils n'avaient pas remis les choses à plat pour de bon. « Les autres, ils arriveront sans que tu t'y attendes. Par contre, j'ai pas de doute que tu vas arriver à te trouver. Tant pis si ça prend du temps, eh, on est pas pressés tu sais ? »

Le sourire s'illumine un peu plus, avant de se suspendre et de craquer dans un petit rire franc, éraillé d'un peu de toux, quand Tobias s'excuse de tout ramener à lui. Franchement ? Maintenant ?

« Mais nan, arrête ça ! Plus d'flagellation du style, on est plus chez les bigots ! », qu'il clame, attendri malgré tout. « C'est complètement okay que t'aies besoin d'évacuer tes doutes, on est qu'au début de tout ça. Moi, ça me va complètement. J'suis un vétéran, j'ai la peau dure ! Donc pas la peine de me remercier. » Il se marre, se désigne du pouce, ricane ; sans traîner la patte ou se laisser taire. Seth a le cuir tanné par les épreuves. Autant l'afficher et en être fier. « ... T'sais quoi ? Et si on se concentrait sur le présent, là, maintenant ? »

Il se saisit de sa cuillère, coupe un morceau de cheesecake, qui s'effrite à moitié dans l'assiette ciselée.

« Genre ça ! Faut que tu testes ! C'est vachement surprenant pour le coup, je m'attendais pas à c'goût-là ! » Le gâteau tendu innocemment, l'ambiance glisse vers quelque chose de plus léger, laissant le poids de leurs coeurs à terre pour leur permettre de s'élever. Vers des horizons plus légères, elles aussi. « Allez ! Fais "aaaaaaah" ! ~ »

Une table près d'eux tourne les yeux vers le numéro, sourit un peu. Tant pis si sa mine de cabot le fait paraître ridicule, tant pis s'il a passé l'âge des gamineries de jeune épris à peine adulte, peu importe. Il est heureux, Seth. Heureux qu'ils affirment enfin ce qui les a retenus tout ce temps, heureux d'entendre ce qui mine encore les chemins de l'avenir, heureux d'être assez fort pour être capable de les éviter désormais.
Il apprendra, autant qu'il le peut, à travers ce choix que Tobias fait pour lui et pour eux.

Je serais à la hauteur.
Je ferai tout pour ça.
Je ne gâcherai pas tout ce que tu sacrifies pour moi.

C'est ce que son cœur dit, à travers son sourire, toujours plus présent.
Pour toujours, à présent.

ft. @Tobias Grant

17/12/2022

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A frozen sun melted by your smile

@Tobias Grant et @Seth Avery

Seth trouvait toujours les bons mots pour redonner courage à Tobias. Oui, quoi qu'il puisse arriver, Tobias ne serait pas entièrement seul, même si l'ex-prêtre craignait malgré tout de perdre les siens. Darla serait là. Seth serait là. Quant à ses parents et à sa communauté... Tobias ne pouvait pas contrôler leur décision. Et même s'il le pouvait, il ne le ferait pas. Cela n'aurait aucun sens de tenter de les forcer à l'accepter, lui qui déviait autant du chemin qui avait été le sien jusqu'alors.

"Tu as raison. Comme toujours. Je sais que je vous aurais, vous. Mais..."

Tobias se mordilla la lèvre inférieure, nerveux, et ajouta d'une voix hésitante :

"Mes parents, ils sont très... très croyants. Surtout ma mère. Au-delà de m'avoir poussé sur cette voie pour couvrir ses fautes, elle croit sincèrement à cette narration qu'elle m'a imposé. Elle était tellement fière quand j'ai rejoint les ordres..."

Malgré les mensonges, malgré les non-dits, Tobias aimait profondément ses parents. Et l'idée de les décevoir le terrifiait, le replaçant dans les chaussures du petit garçon d'autrefois, ô combien désireux de briller dans les yeux de son père et de sa mère. Outre le fait de quitter les ordres, Tobias s'apprêtait à leur révéler qu'il était en relation avec Seth. Un homme. Et il n'avait pas la moindre idée de la manière dont ils réagiraient. Et sa Voix restait désespérément silencieuse à ce sujet.

"Je sais que je ne devrais pas m'attacher autant à ce qu'ils pensent de moi, mais c'est important malgré tout. Et... hmm... il y a également mon confesseur..."

Ce fameux Père Ortega, qu'il avait déjà mentionné par le passé à Seth. L'homme avait été son mentor depuis de nombreuses années, celui qui recueillait la moindre de ses confessions et le guidait d'une main de fer. Son influence était on ne peut plus évidente sur l'ex-prêtre, qui ne pouvait pas imaginer poursuivre son avancée sans se confier à ce sujet auprès de l'homme d'Eglise. Et subir ses remontrances, qu'il savait inévitables.

Mais Tobias ne voulait pas gâcher ce rendez-vous, qui ne lui inspirait qu'un profond sentiment de bonheur. Il s'était excusé d'avoir ainsi pris trop de place, de s'être approprié un espace de parole qui, il l'estimait, appartenait à Seth à cet instant. C'était oublier à qui il s'adressait : Seth s'empressa de dissiper ses inquiétudes, et lui tira un sourire, chassant pendant un temps les préoccupations avec lesquelles il devrait inévitablement se débattre. L'instant présent, oui.

"Tu as raison. C'est notre premier véritable rendez-vous, je veux en profiter autant que possible."

Tobias ne pensait toutefois pas que cela impliquerait que Seth lui donne la becquée, comme dans l'un de ces films stupides qu'il avait pu regarder dans ses nuits d'insomnie. Tobias ne put s'empêcher de regarder autour de lui, profondément gêné, encore plus en remarquant des yeux dirigés vers leur direction. Son cœur battait si fort dans sa poitrine qu'il menaçait de s'en arracher, tandis que Tobias restait figé, hésitant sur la démarche à adopter.

Finalement, l'ex-prêtre laissa son cœur le guider, comme il se permettait rarement de le faire jusque là, et referma ses lèvres sur la cuillère (il n'allait pas pousser le vice jusqu'à faire ce "aaaaah" bruyant mentionné par Seth). Le tout était déjà suffisamment embarrassant : le rouge aux joues, Tobias se couvrit le visage, visiblement mortifié, résistant à peine à la tentation de glisser sous la table et de s'y dissimuler pour le reste de leur repas.

Au lieu de cela, Tobias prit son courage à deux mains, et entreprit de découvrir son visage, soufflant à Seth d'une voix on ne peut déconfite :

"Avoue que tu veux m'achever. Ou que tu veux que je sois si embarrassé que je ne sorte plus de chez moi et que tu sois ma seule compagnie."

Tobias prit une profonde inspiration, pour chasser le sentiment de honte. Au-delà de ça, Tobias ne pouvait pas nier que l'attention lui avait fait... plaisir. Qu'il aimait bien, au fond, que l'on prenne soin de lui de la sorte. Que Seth prenne ainsi soin de lui.

Tentant de se "venger", Tobias s'essaya maladroitement à faire du pied à Seth, mais il s'avéra que l'exercice lui inspirait exactement les mêmes papillons dans son estomac fragile. Le prêtre grogna, répliquant d'une voix faussement boudeuse :

"Je ne peux même pas tenter de te mettre dans l'embarras, sans m'y retrouver moi-même. Je tiens à dire que c'est particulièrement injuste."

Tobias relâchait la pression, et se permettait de parler et d'agir bien plus librement qu'il ne l'avait fait jusqu'alors. Sans les chaînes de la religion et de sa culpabilité pour le restreindre, Tobias avait enfin la possibilité de se découvrir pleinement. Seth avait raison : il avait tout le temps pour ça.

rainmaker

17/12/2022

A frozen sun melted by your smile
tw : pensées grossières - tension érotique à sens unique.

Seth ricane, la cuillère toujours plantée vers son petit-ami, car il faut bien qu'il s'habitue à l'appeler comme ça, lui aussi. C'est dans ce genre de petite capsule de bonheur toute simple à laquelle il aspirait maintenant, lui que ne savait que courir toujours trop vite et sauter par-dessus les occasions d'être pleinement heureux. Maintenant que Tobias et lui s'étaient déclarés, plus question de perdre du temps à poursuivre un idéal frauduleux. L'important, c'était maintenant. Dans ce café. Dans cette cuillère. Avec ce rouge aux joues qui darde un éclair dans sa gorge, la serrant, réprimant un râle d'envie.
Bordel, qu'il est adorable quand même...
L'idée lui venait à chaque fois qu'il l'apercevait en train de donner son office, rayonnant sous les lumières artificielles d'un soi-disant Divin éternel, mettant davantage en valeur son messager que ses sermons. Il est tellement beau, ça crève le coeur. Mais là, alors que le paradigme avait changé, qu'il avait abandonné ses idéaux pour le petit soldat cassé qu'il était, comment Seth pourrait-il le voir autrement qu'un véritable trésor au bout de sa cuillère, à grapiller ce morceau de gâteau candidement malgré son embarras, qui ne le rend que plus mignon encore ?
C'est une torture, en vérité. D'aimer autant, quelque soit ses aspects, et tout ceux qu'il aura encore à découvrir si Tobias le veut bien.
Mais au fond Seth ne pensait pas être capable de ressentir ça. Alors quand Tobias ne fait que confirmer qu'il veut l'achever de tant de honte, il ne peut pas s'empêcher de sourire, rire encore, imprimer ce moment dans sa tête. Car c'est un peu ce Lui d'antan qu'il veut achever, ces années d'errance seul ou mal accompagné, pas la douceur de ce présent qu'ils partagent, et encore moins les sentiments si tendres de Tobias.

Il repose la cuillère, hausse les épaules, secoue la tête. Ca lui irait en vérité, de prendre soin de lui jusqu'à la fin des temps, et même après.

« Bah ! Ce serait si terrible que ça ? » « J'suis un vrai homme de maison moi j'te signale ! J'peux cuisiner, faire le ménage, retirer le sang sur les canapés, faire la les-- »

Le discours engageant est interrompu par un geste complètement inattendu. Le pied de Tobias frôle maladroitement sa cheville en métal dans une initiative qui laisse Seth complètement sans voix. Un moment suspendu dans ce tableau idyllique, agrémenté de nouvelles nuances.
Oh merde.
Oh merde de merde.
Même si ce n'est plus sa peau, même si les nerfs ont été techniquement arraché sous l'explosion passé, le frisson est là, l'intention est là, le décontenançant plus qu'il ne le pensait.
Ca pique dans sa nuque et dans sa poitrine. Ca fait sauter le coeur au bord du vide.
Faut pas faire des trucs comme ça, ça va pas ?!

« --ive... », qu'il finit par conclure, la bouche asséchée, qu'il essaie d'hydrater d'une lampée de thé bue comme une bière sans soif, cul sec sans sourciller. La tasse est vide en un rien de temps, mais son cerveau, est aussitôt remplie d'images trop explicitées pour être racontées.
Raaaaah, c'pas vrai !!, que ça hurle dans sa tête. Sa propre voix est élimée dans un rauque râpeux, qu'il tente de calmer.

« Hum, ouais... pas juste du tout... » Il le sent, ses propres joues sont en train de bouillir sous la pression, et l'étrange frustration naissante. Il sait qu'il a la volonté et la patience d'attendre, de laisser Tobias donner son rythme, de se laisser bercer par la tendresse des instants. Parce que c'était chouette de découvrir ça aussi, parce que c'était nouveau, que ça le ferait mûrir d'une certaine façon aussi.
Oui.
Mais.
Il reste un abruti. Et les abrutis ne changent pas souvent d'avis, surtout quand ils ne pensent pas toujours avec leur cerveau.

« Hem, eh, dis Tobias... », qu'il hasard, la mine troublée quand même. Faut croire que c'est pas de la honte qu'il ressent, zut. « Ca te dirait pas qu'on continue cette conversation chez moi ? » Le regard fuyant, l'envie de se cacher derrière un menu, ah merde, y'en a plus !
Les justifications feront l'affaire.

« E-Enfin j'veux dire ! Prends pas ça pour une invitation perverse ou chais pas quoi hein !! » Les mains s'agitent, en avant, l'innocent, non il a rien fait, rien pensé, surtout pas ! Et puis quoi encore ?! La dernière chose qu'il voudrait, ce serait le faire fuir à cause de sa faiblesse toute primaire. Même si, bon... Rah mais bordel, stop !! « C'juste que, ben... En fait ça devient compliqué de... » Comment dire ça ? Comment formuler ses pensées les plus profondes sans tout gâcher ? Comment oser le regarder dans les yeux alors qu'il lui avait promis de faire des efforts ? Gâche pas tout Avery !! Tu peux le faire, vas-y champion !! « ... d'avoir envie d't'embrasser et t'prendre dans mes bras en public sans que ça te gêne... » formule la voix, si petite en comparaison des élans précédents, pleine de confiance et de grandiloquence assumée.

Les yeux confus regardent ailleurs, très loin, vers l'opposé de leur table, fixe une bricole à vendre d'un autre temps. Lui aussi, là, tout de suite, aimerait être une relique posée dans un coin, sans bruit, devant laquelle on passe sans le remarquer.
Et surtout, qui ferme sa grande gueule.

ft. @Tobias Grant

17/12/2022

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@Tobias Grant et @Seth Avery
TW : Tension érotique - Culpabilité religieuse

Tobias ne s'était pas attendu à ce qu'un simple geste puisse le mettre dans de tels états. A la base, il avait simplement voulu rendre la monnaie de sa pièce à Seth, l'embarrasser autant qu'il avait pu le faire rougir, mais cette malice s'était retournée contre lui de manière dévastatrice. Son estomac s'était rempli de papillons qui battaient furieusement leurs ailes, et la gêne ne l'avait pas quitté, bien au contraire.

Tobias était toujours aussi rouge, après avoir maladroitement fait du pied à Seth, comme le serait un adolescent émoustillé par les premières expériences de l'amour. L'homme n'avait jamais expérimenté quoi que ce soit de la sorte : l'attrait du plaisir de la chair et de l'affection romantique avait été vite enterré, réprimé, au point que Tobias ne s'autorisait pas même à se toucher d'une manière qui n'était pas strictement nécessaire. Dans cette situation, cela avait été probablement stupide de sa part de s'essayer à ce genre de gestes, sans s'attendre à se retrouver affecté.

Et le voici désormais, le cœur battant, l'estomac joyeusement retourné, ne pouvant que plaisanter maladroitement de la situation. Tobias n'avait pas réalisé immédiatement qu'il n'était pas le seul à avoir été remué par son initiative, trop pris par ses propres émotions pour décoder correctement ce que Seth pouvait bien lui renvoyer. Il fallut que ce dernier se montre beaucoup plus explicite dans ses propos pour que, enfin, les neurones de Tobias se remettent au travail et lui fassent comprendre la situation.

"... Oh."

Le regard de Seth se faisait fuyant, et le sien ne savait plus où se poser, tandis que Tobias tentait tant bien que mal d'apprivoiser la chaleur qui l'avait envahi. L'embarras, bien sûr, mais ce n'était pas la seule source de ce ressenti, de cette agitation. Poser les mots restait difficile. Il ne put qu'articuler quelques paroles, avant qu'il ne se retrouve piégé par l'indécision et la nervosité :

"On pourrait... hmm... Je veux dire..."

Ce fut à l'instant où il sentit que ses doigts cherchaient par réflexe le contact de son pendentif en forme de croix que la décision fut prise, avec toute l'impulsivité dont Seth le rendait capable. Une décision difficile, mais qu'il était certain de ne pas regretter, quoi qu'il puisse arriver. Inspirer. Expirer. Se forçant à baisser la main, il finit par articuler, visiblement mortifié :

"On pourrait... On pourrait prendre à emporter ce qui nous reste ? Peut-être ?"

Son cœur battait si fort dans sa poitrine que cela n'étonnerait guère Tobias s'il venait à s'arracher de son corps. L'homme était tellement pris par ses émotions et ses sensations qu'il n'était même pas sûr de savoir qui avait payé l'addition, ou s'ils avaient même pris la peine d'emporter avec eux ce qui leur restait à savourer, toutes ses pensées tournées uniquement vers Seth. Seth, dont il s'était nerveusement emparé de la main, convaincu qu'il n'arriverait pas à bouger d'un pouce si son partenaire n'était pas là pour le guider.

Le trajet jusqu'à l'appartement de Seth ne lui avait jamais semblé aussi long. Les mots lui avaient manqué durant tout ce temps, ses pensées confuses et virevoltantes, ses doigts entrelacés dans ceux de Seth, comme si le reste du monde avait cessé d'exister. A cet instant-là, Tobias ne s'était pas inquiété qu'on puisse les voir, qu'il puisse être "démasqué" avant d'être prêt à le faire. Tout ce qui comptait, c'était ce contact. Cette présence.

Ce ne fut que lorsqu'ils arrivèrent finalement à l'appartement de Seth, trouvant refuge dans son antre, que la main de Tobias desserra celle de son partenaire, l'homme se retrouvant les bras ballants, incertain de la suite des événements.

Plus que jamais, il était évident que Tobias n'avait pas la moindre expérience, hormis ce baiser maladroitement donné impulsivement à Seth. Et que cet inconnu l'effrayait autant qu'il l'attirait. L'ex-prêtre croisa nerveusement les bras, s'empêchant par là même de se saisir de son pendentif, de laisser ses préceptes l'envahir et tout gâcher.

Tout allait bien. Il était avec Seth. Quoi qu'il puisse arriver, c'était ça, le plus important : il était avec Seth. Et Tobias lui faisait confiance, plus qu'à n'importe qui, peut-être même plus qu'à Dieu Lui-même. Inspirant profondément, Tobias se força à se détendre, levant enfin les yeux vers Seth, admettant d'une voix des plus embarrassées :

"Je... hmm... Je ne sais pas vraiment comment... procéder..."

Tobias se sentait incroyablement stupide. Effrayé. Excité. Embarrassé. Aimant et aimé. C'est sur ce dernier sentiment qu'il s'efforça de se concentrer, pour calmer sa respiration un peu trop rapide, atténuer ses frémissements, chasser ses doutes.

"Tu... Tu veux bien me montrer ?"

Maladroitement, Tobias prit la main de Seth dans la sienne, le dirigeant doucement vers son torse, au niveau de son cœur. Est-ce qu'il pouvait sentir l'intensité de ses battements ? Tobias n'avait jamais été aussi nerveux.

Et, pourtant, il ne prenait pas la fuite, comme il avait pu le faire par le passé. Parce que Seth était là. Parce qu'il lui inspirait bien davantage que cette angoisse. Et que c'était à ça que Tobias choisissait de s'accrocher. A l'amour.

rainmaker

17/12/2022

A frozen sun melted by your smile
tw : tension érotique ++

Le sang tourbillonne dans ses veines, passe et repasse dans les vaisseaux un bon milliard de fois, s'excite à en bouillir sous la pression. Seth ne sait plus ce qu'il dit. Ce qu'il fait. Ce qu'il doit dire ou faire, ni même s'il doit le regarder, s'il a le droit de le regarder. C'est peut-être trop de responsabilités pour un cerveau comme le sien, calibrer à l'opposé de ce que Tobias a vécu. Peut-être qu'au fond, il pourrait le dégouter, à désirer tout ça, cette vie, si vite, ensemble. Tous les deux, alors qu'une journée en arrière, Tobias était parfaitement confus à propos de tout ça. Seth pense trop vite, vit trop vite, mais aime lentement, depuis trop d'années. Est-ce qu'il arriverait à ne pas le faire fuir, cet homme qui compte autant ?
L'instant de silence le rend fou.
Avant que Tobias ne le brise.
Et dans un instant plein d'espérance, il propose de prendre les gâteaux à emporter. De les manger ailleurs. Loin du monde, au coeur du leur.
Les yeux verts de Seth se tapissent de surprise, fixent son vis-à-vis. Il est aussi rouge que lui. À les observer, on dirait bien que ces garçons ressortent d'une virée contre les parois du soleil, flambant chaque parcelle de leurs visages.
Seth n'est pas certain que le soleil puisse être aussi brillant que Tobias à cet instant. Il lui coupe même toute envie de trahir l'instant avec une bêtise dont il a le secret.

Alors il sourit, hoche la tête, hésite et lui prend la main, encore. Toujours.
Le serveur est rappelé pour payer, et demander les fameux petit doggy bags pour le voyage.
Choses faites, le café est quitté. À la prochaine ! C'est ce que Seth promet, parce que l'endroit, aussi unique qu'il soit, restera gravé dans sa mémoire.

Le trajet du retour se fait sans bruit, et sans souvenir, en vérité. Seth a laissé ses réflexes le guider jusqu'à Crimson bay, poussé par la chaleur dans le creux de sa main tenant celle de Tobias, en pleine rue.
Tous les deux.
L'image le désarçonne autant qu'elle fait bondir son coeur. Seth a le sentiment de marcher à la cadence de ses battements, de plus en plus rapide, de plus en plus pressé, jusqu'à la porte de son appartement. Le flou du retour s'estompe quand il reconnait ses affaires, ses meubles, son bazar permanent dont il voudrait bien s'excuser si la présence de Tobias à ses côtés ne le troublait pas. Car l'ambiance a radicalement changée.
Et qu'il y a cette petite voix dans sa tête - encore une - qui lui pressent qu'il va tout abîmer, toute cette beauté construite à coups d'efforts communs.
Seth, fais pas le malin.
Il ne voudra jamais de toi comme toi tu le souhaites.

Il finit par lâcher sa main, à regret. Il faut bien mettre ces gâteaux au frigo, hein. Il en profite d'ailleurs pour calmer ses ardeurs en restant peut-être un peu plus longtemps face à l'armoire réfrigérée, comme pour refroidir le volcan qui lui sert de palpitant.
Cependant, la nature l'a prouvé : rien ne peut empêcher une éruption de se produire, en dépit des prédictions. Tout ce que l'on peut faire, c'est limiter les dégâts.

Quand il revient vers lui, pourtant, la voix de Tobias, son attitude, ses mots, son geste, tout, pourtant, le fait renoncer à cette résolution. Désarçonné à nouveau, décontenancé par sa candeur, Seth se sent impuissant. Impuissant face à tant de franchise, tant de promesses à honorer, tant de liberté vers laquelle plonger.
Sa bouche. Sa peau. Bordel, ses yeux.

Ces battements vrombissants sous sa paume, prise fébrilement, appliquée contre son torse.
C'est le coup de grâce.
Adieu.

« ... T-Tob'... » Le surnom est éraillé dans la gorge sèche. Le coeur sous ses doigts ricoche en frisson dans sa nuque.
Badum.
Badum.
Badum.

Oh, misère...

Seth déglutit, tente de réfléchir. Ah, non, c'est impossible. Le cerveau s'est mis définitivement sur pause, avec un petit écriteau sur la porte d'accès des neurones : "prière de revenir quand la surchauffe sera passée." Bien. Que faire ? Il ne reste que les quelques remparts de la sacro-sainte Raison, érigés en urgence, à la va-vite. Bancale, donc.

« Y'a... beaucoup de choses que je pourrais te montrer. » Il se rapproche, réduit la distance de longueur de bras, le plie donc, et se retrouve près, si près, si près de tout ce qu'il a toujours désiré. Les peines et les détresses de la veille ne sont plus là. Ne laissent qu'une clarté relative, dans les yeux mi-clos, chargés d'une envie qu'il n'arrive pas à exprimer. Pas avec lui. Pas comme avec les autres.
Tobias est spécial.
Il l'a toujours été.

« ... Mais... c'est à toi de me dire jusqu'où tu es prêt à aller. » La voix diminue petit à petit, se transforme en murmure au fur et à mesure que l'intimité prend le dessus. La distance n'est plus. Les nez se frôlent, à quelques secondes d'une nouvel irréparable, d'un nouveau coup de poignard dans le contrat avec la Sainteté. D'un nouveau Blasphème, emportant les résolutions d'antan.
« T'es sûr, hein ?... » Une dernière demande, les yeux dans les yeux, les mains glissant délicatement de ses cheveux vers ses tempes, ses joues, sa mâchoire, comme pour en découvrir les contours autrement. Le consentement est attendu, et à l'instant où il est confirmé, les lèvres tombent doucement vers les siennes.
Un baiser.
Différent de la veille.
Celui-ci n'a pas le goût d'un rêve, mais d'une réalité fantastique, dardant Seth d'une ressource inépuisable : un espoir concret pour cet avenir à deux.

ft. @Tobias Grant

17/12/2022

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A frozen sun melted by your smile

@Tobias Grant et @Seth Avery
TW : Tension érotique - Culpabilité religieuse

La nervosité de Tobias était visiblement partagée. Quelque part, cela le rassurait. Seth avait l'avantage de l'expérience, et n'avait pas le genre de bagages dont l'ex-prêtre devait supporter le poids, mais il n'en était pas moins bouleversé par ce moment suspendu dans le temps.

A bien des égards, Tobias appréciait l'assurance dont Seth pouvait faire preuve, mais, à cet instant précis, c'était de cette vulnérabilité dont il avait besoin. Cette vulnérabilité qui lui rappelait qu'ils étaient deux à tenter cette aventure, chacun avec ses propres challenges, mais ensemble pour les affronter. Pour relever tous ces défis qui les attendaient.

Tobias avait pris l'initiative du contact, plaquant doucement la main de Seth contre son propre cœur, mais ce fut Seth qui réduisit la distance qui demeurait entre eux, de plus en plus proche. Plus il se rapprochait, moins Tobias était en mesure de réfléchir rationnellement, et encore moins de communiquer. Ses mots se bloquèrent dans sa gorge, alors que leurs peaux s'effleuraient, alors que leurs corps semblaient ne faire plus qu'un.

Seth attendait son consentement, et Tobias le lui offrit de la seule manière possible, hochant la tête, lèvres entrouvertes dans un souffle un peu trop rapide. Les mains de Seth commencèrent à le caresser, quand celles de Tobias retombèrent de chaque côté de son corps, l'homme trop pris par l'intensité de l'instant pour ne pas s'en retrouver paralysé. Lèvres contre lèvres, un baiser plus doux, plus sucré, plus savoureux que celui qu'ils avaient précédemment échangés, comme une promesse des lendemains à venir.

Tobias s'écarta brièvement pour reprendre son souffle, puis il revint trouver les lèvres de Seth, avec un appétit qu'il ne se serait jamais soupçonné. Enfin, l'ex-prêtre parvint à retrouver un soupçon de mobilité, et l'une de ses mains vint maladroitement chercher celle de Seth, refermant ses doigts à l'aveugle, le contact l'aidant à s'ancrer pleinement dans le moment, à ne pas succomber à ces sensations aussi inédites qu'intenses. Trop, probablement.

Tobias avait les larmes aux yeux quand le baiser prit fin, mais ce fut un sourire qui naquit sur ses lèvres, tandis que ses mots lui revenaient, tandis qu'il soufflait en direction de Seth :

"C'est... Tout ça, ça semble si juste, tu sais ? Peut-être que j'ai le droit d'être heureux comme ça. Avec toi."

Tobias essuya ses yeux d'un geste rapide, avant de se blottir contre Seth, respirant le parfum unique de l'homme, s'imprégnant de sa présence, de son contact, comme il n'avait jamais pu le faire auparavant. Aujourd'hui, Tobias ne voulait pas laisser de place au doute, à la culpabilité, à l'anxiété. Cet instant, il souhaitait qu'il demeure hors du temps, loin de tout ce qu'il leur faudrait affronter, loin des épreuves à relever, loin du jugement. Ici, il n'y avait qu'eux deux. Seth et Tobias. Le reste du monde n'existait pas.

Tobias se détacha un bref instant de Seth, mais sa main le tira vers lui avec douceur, de façon à ce qu'ils prennent place sur le canapé, qu'ils puissent se blottir l'un contre l'autre avec confort. Les doigts de Tobias traçaient des formes sur la main de Seth, tandis qu'il s'efforçait de rassembler ses pensées, de retrouver un brin de cohérence. Il avait été ensorcelé, et c'était un charme que Tobias ne voulait rompre pour rien au monde.

"J'aime t'embrasser. Même si je ne suis probablement pas très doué."

Tobias eut un rire gêné. Son manque d'expérience l'embarrassait quelque peu, mais comment pourrait-il en être autrement, avec la vie qu'il avait mené ? Il voulait croire que Seth aurait la patience de le supporter. De l'accompagner, sur ce chemin qu'ils prenaient tous deux.

"Pour le reste... Je ne sais pas. C'est... C'est beaucoup. Et il y a tant de choses que j'ignore, je veux dire..."

Les joues de Tobias se firent écarlates, marmonnant d'une voix à peine audible :

"Mon éducation sexuelle est très... superficielle."

Il connaissait les basiques, assez pour comprendre et conseiller ses fidèles s'ils venaient à se confesser à ce sujet, mais au-delà de ça ? Tobias était profondément ignorant, et n'était pas certain de savoir comment rattraper des années et des années d'abstinence totale, jusqu'à refuser même de se toucher. Comment réagirait-il, face aux prochaines étapes ? Serait-il aussi calme, aussi ouvert, ou... ?

"J'ai envie. Mais j'ai peur. C'est... C'est normal, hein ? C'est... Tu comprends ?"

Tobias vint chercher un peu plus le contact de Seth, se blottissant contre lui comme s'il souhaitait que leurs êtres ne fassent qu'un. D'un geste candide, maladroit, il leva la main de Seth, qu'il tenait jusqu'alors, à ses lèvres, lui offrant un bref baiser. C'était ce qu'il voulait, à ce moment. Ce qu'il était prêt à offrir. De la tendresse. De l'amour.

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