in a lot of ways you're my brain | Lou

Y a toujours des fringues à lui qui traînent chez Lou, parce qu’on sait jamais quand il peut venir squatter. En l’occurrence, Lulu s’est invité après leur course du matin - Lulu est fier de lui parce qu’il s’améliore pas mal - parce qu’il a des trucs à montrer et à dire au cerveau d’la famille. Mais c’est un peu une excuse aussi pour passer du temps avec l’aîné faut avouer, parce qu’il a bien compris que son grand frère se sent un peu seul, peut être, ou en tout cas s’ennuie beaucoup quand les enfants sont chez l’autre pimbêche, et Lulu c’est pas le meilleur mais il essaie d’être présent car c’est important. Et puis il a rien à faire aujourd'hui à part surveiller le minimoy dans la soirée, mais à part ça...

Il sort d’la salle de bain - il a encore pris quinze ans, mais c’est pas de sa faute ok, jamais, de toute façon Lou l’a pris avant lui donc c’est pas comme si quelqu’un attendait, il place rapidement ses cheveux en arrière - ils commencent à être trop longs, c’est chiant il va falloir les couper bientôt, et puis rejoint Lou dans la cuisine qui a déjà préparé le café (pour lui) et le chocolat (parce que Lulu il aime pas le café, c’est dégueulasse). “Merci” Il lui fait un grand sourire là, et s’assoit à table avant de récupérer son vieux sac à dos usé par terre pour en sortir des papiers un peu abîmés aussi. En fait, ça traine depuis un moment. “j’ai reçu des trucs récemment” il répète parce qu’il lui a dit, un peu plus tôt. “et y avait ça, là?” il lui tend le truc. “ça me dit de signer mais j’ai l’impression que c’est de la merde” Lulu il a quand même hésité parce que c’était écrit noir sur blanc ‘veuillez signer et renvoyer” donc lui il suit les ordres tsais, c’est important. Mais l’armée elle lui a assez fait à l’envers pour qu’il vérifie avec Lou avant. Déjà, y a la commémoration là, et il sait déjà qu'il va y aller à reculons. “Et là c’est un autre truc… j’ai rien compris mais ça parle de compensation ou jsais pas quoi? J’ai jamais rien reçu j’sais pas pourquoi ils m’parlent de ça?”

Lulu, il le regarde fumer et écraser sa cigarette avant d’le rejoindre à table. Lulu il aime pas c’qui ressemble de près ou de loin à une addiction. ça réveille des trucs auxquels il a pas envie d’penser, et puis surtout, ça lui fout la trouille. “Tu fumes pas plus qu’avant?” Il d’mande, l’air de rien mais c’est flagrant que c’est intéressé. C’est pas un reproche, ou du moins ça sonne pas comme ça. C’est juste que Lulu, il s’inquiète. “ça donne des cancers ces machins là” Il fait là, très sérieusement, comme si son frère, infiniment plus intelligent que lui, savait pas déjà ça. Mais c’est que lulu il veut pas qu’s’on frère il meurt d’un cancer. Il veut pas qu’il meurt tout court. Les addictions c’est d’la merde. Les addicts franchement ça craint, Lulu les déteste, il faut être complètement con pour être addict. Il veut pas qu’Lou il en soit un.

Il se tait et puis il prend son chocolat chaud, se brûle la langue même un peu à le boire un peu trop vite, mais c’est qu’il se trouve embarrassé d’avoir dit ça. Mais il peut pas s’en empêcher. Il relève le nez à ses mots, et puis ouvre un peu plus grand les yeux. Il dit rien mais ça l’met un peu en colère. “Pourquoi ils me demanderaient ça, c’est eux qui m’ont démobilisé” Lulu il comprend pas grand chose, mais ça manque de logique, non? Ou alors comme par magie ils pensent qu’il va mieux? Il en doute fortement, et surtout il a pas envie d’y retourner. Gigi et Lou lui pardonneraient jamais et lui, il pèterait un plomb là bas. Y a trop de violence qui viendrait chez lui. Puis maintenant de toute façon il a son job avec Marcus. Marcus il est sacrément emmerdant, mais c’est pas pareil, ouai. Il aime bien son job.

Et puis, il relève la tête encore et puis il regarde son grand frère lui faire une explication sans doute très claire du sujet du deuxième envoi…. mais lui, il comprend que dalle. “.... hein?” Il fait avec toute sa belle élocution. “Pour désertion…. mais-” il fronce les sourcils, il a pas déserté, ils se sont fait capturés et après… et puis le drame et la démobilisation forcée. Et puis, le visage qui se calme, les épaules qui se haussent. “Ok. merci.” Lulu, il a pas b’soin de comprendre. Lou s’en occupe. Et puis. “Tu veux dire que j’ai quelques centaines d’euros qui trainent quelque part?” ça, ça l’intéresse. bon il a pas besoin de beaucoup d’argent, mais c’est bon à savoir non?

Il récupère les papiers, les fout sans délicatesse dans son sac, parce qu’au final y avait pas grand chose à s’inquiéter, Lou a tout géré comme d’hab. Il prend son chocolat, regarde son frère un instant.

Lulu il sait bien qu’il est maladroit avec son frère. Avec Gigi, avec tout l’monde aussi. Mais c’est qu’il est pas facile pour lui d’montrer son inquiétude, ou l’affection qu’il porte pour les gens d’sa famille. Il a jamais les mots, il sait pas bien s’exprimer, il a jamais su, c’est pas aussi sophistiqué dans son cerveau. Mais c’est ok, il croit. Il croit qu’ses frères comprennent. Il espère qu’Lou comprend, en tout cas. Lulu, il s’inquiète toujours pour lui parce qu’Lou, il prend bien trop sur lui, ça se voit, il s’occupe de ses deux bras cassés d’frères et en plus d’ça il doit gérer sa vie et ses problèmes et ses gamins. Lulu, il pense qu’Lou c’est un héros. Lulu, il fait la moue et pince un peu les lèvres à la justification d’son grand frère parce que franchement, lights ou pas, la clope c’est de la merde. Mais il a pas envie d’l’irriter, alors il s’tait un peu. D’façon, ça doit s’voir sur sa tronche.

Il l’laisse plutôt r’garder les papiers qu’il a ramené, et Lulu, comme d’hab, il comprend pas grand chose, tente de se concentrer et puis abandonne. Mais l’rajout de son frère, ça lui fait froncer les sourcils un peu. “Moi j’pense qu’ça fait rêver beaucoup d’gens” Il fait simplement. Les gens cassés, les gens un peu idiots, comme lui. “Au début en tout cas…” Lulu, il avait cru qu’il d’viendrait quelqu’un, avec l’armée. Au final, il est d’venu moins que c’qu’il était en partant.

Y a le deuxième papier aussi, et puis la mention d’l’argent, et Lulu encore complètement à coté de la plaque, parce qu’il comprend rien, mais finit par hausser les épaules. Lou gère. Lou gère toujours tout, et puis Lou parle de bouffe, et Lulu il en faut pas plus pour décrocher. Il s’décale un peu sur sa chaise pour s’mettre de côté et regarder son frère aux fourneaux, le bras sur le dossier d’la chaise. “Ouai, carrément. tu veux qu’j’taide?” Il demande, parce que souvent on l’veut pas trop dans la cuisine, faut dire qu’il sait pas faire grand chose, mais une omelette ça va quand même…..bon il la crame une fois sur deux.

En revanche, s’il est loin d'être vraiment cupide, la nouvelle mention à cet argent caché le fait tiquer. “quelques milliers de dollars” Il répète, stupidement, un peu hébété. Genre, lui, il a pas mal d’argent sur un autre compte? Bon, maintenant ça va avec le job de bodyguard et tout, mais quand même. “Et j’ai ça d’puis 5 ans?” Il comprend pas trop c’qu’il faut faire pour investir, mais il comprend qu’ça veut dire plus d’argent. Il a un peu peur de savoir combien y a exactement, là dedans. “Et j’peux l’utiliser quand j’veux? Genre, si j’veux acheter une maison aux parents? Et les bottes qu’Gigi il veut? Le hoodie de designer ou jsais pas quoi là dont tu parlais l'autre fois?” Lulu, il oublie pas d’où il vient.

Lulu l’observe aux fourneaux d’un œil un peu absent, l’esprit focalisé sur son expérience de l’armée. Il pense à ceux qui sont encore en mission, ils pensent à  ceux qui sont restés mais à ceux qui sont repartis aussi. Il sait que certains n’ont pas la chance qu’il a d’avoir une famille et des proches stables, à la maison. C’est de ça que se nourrit, il l’a compris avec le temps Lulu. La misère, les insécurités et les traumas à la maison. Il comprend, vraiment. Parce que pendant plusieurs mois, lui aussi il a cru que c’était la solution. S’il n’avait pas perdu Andrew et vécu ce qu’il avait vécu là-bas; il serait sans doute reparti.

A sa question, il relève la tête, sort de son mutisme, et puis acquiesce. “Yeah, okay”. Il hésite jamais à rendre service, Lulu, le rejoint près du plan de travail et réfléchit, les sourcils froncés, à comment faire une chantilly, en fait, parce qu’il n’en a aucune idée. Et puis en même temps, il pose des questions sur son argent et il écoute la réponse, attentivement. C’est important d’essayer d’comprendre, quand Lou lui explique des trucs. “Mais j’men fous si c’est un bon investissement ou pas si? Si c’est un cadeau?” Il demande, et fait la moue. "I feel like I should give them something." Leurs parents, Lulu leur doit tout. Et puis hume un peu et hoche la tête. “Okay I guess…” Y a un instant de réflexion. ça lui fait quelque chose de réaliser qu’il a de l’argent. Si c’est beaucoup d’argent, il pourrait aider des gens, avec. “Attends, jvais pisser avant et puis faut que tu m’expliques parce que j’sais pas comment on fait une chantilly”

Après être passé aux toilettes, et en se lavant les mains dans la salle de bain, il s’observe, un instant, à travers le miroir. La conversation lui reste dans la tête. Il soupire. “I was thinking…” Il dit tout haut, assez fort, pour que Lou l’entende, et prend une serviette pour s’essuyer les mains, le regard traîne un peu dans la pièce … et puis y a un boxer abandonné, là. Il hausse un sourcil. “Lou, tu laisses tes boxers trainer à côté des lavabo maintenant?” Une pause. “i didnt know you were into pink stuff” Faut dire que c’est pas trop le genre de Lou. Lulu, il mettrait jamais ça. Après, il juge pas chez les autres. Il a l’habitude, avec tous les trucs improbables que Gigi porte.

“Ouai, mais ça se revend nan? Et puis ils peuvent partir en vacances?” Il fait la moue, comprend aussitot le problème. Abe et Izzie, ils partent jamais en vacances, et puis d’ailleurs, ils ont jamais vraiment quitté l’UA. Il grogne. “Yeah okay that sounded dumb even for me…” Il fait la moue. “They always say they dont need anything though, they’re annoying” Lulu, il aimerait bien leur donner au moins le dixième de ce qu’ils ont pu lui donner, dans sa vie. Il soupire. “Yeah okay. I guess its better like that” Il hausse les épaules, faisant encore une fois aveuglément confiance en son grand frère - avant de passer aux toilettes.

Et de faire la découverte du boxer. Lulu, il écoute son frère en fixant le boxer rose. Et il fronce les sourcils. Il se concentre, beaucoup. Un accident? Pas à lui? Il fronce les sourcils un peu plus, et puis - wait. “....But those are dudes’ clothes” Il annonce, très intelligemment. (Oui, “les genres des vêtements sont des codes à déconstruire et chacun porte ce qu’il veut” ok, mais quand même, c’est des fringues de MEC ça quand même).

Il sort de la salle de bain et passe la tête dans la porte ouverte entre la cuisine et le couloir. “You’re going out With A DUDE?” Il demande, complètement interloqué. Il regarde Lou. Lou il a pas l’air d’être gay pourtant. Bon ok, ça veut rien dire, on lui a déjà dit, mais quand même. Il a pas l’air gay. Lulu, il pense à Marcus, et il se demande si lui aussi il a l’air GAY? Il baisse la tête et se regarde un instant, et puis secoue la tête, énergétiquement, appuyé contre l’encadrement de la porte. Robin lui tirerait les oreilles. “SInce whEN?” Il redemande, parce que vraiment, il est choqué. “You like dudes, i mean.”

Lulu franchit la porte et fait quelques pas un peu plus dans la cuisine, l’air complètement hébété, regardant Lou sous une lueur nouvelle, complètement intrigué et choqué. Il repense au boxer dans la salle de bain, et puis il regarde son frère, et il pense au mec à qui appartient le boxer et- bon ce n’est pas un problème, Lou fait bien ce qu’il veut. "I know that but they’re Gigi & Robin!” Franchement avec elleux y avait pas grand chose qui l’étonnait. “....but you’ve always liked girls?” Il passe une main dans ses cheveux, ça lui donne mal à la tête tout ça. Oui, y a des gens qui aiment les deux, même lui, il aime les deux, d’ailleurs, ça veut dire qu’il et bi, il croit, ou il sait plus vraiment récemment ça se bouscule pas mal, mais bref.

A sa question, il le regarde comme s’il posait la question la plus stupide du monde (alors que c’est lui qui est stupide vraiment) “..well… YEAH?!” Il s’assoit sur la chaise parce qu’il comprend pas pourquoi ça le choque, c’est vrai, quelque part. Il plisse le nez, fronce les sourcils. “I mean, it’s fine, it’s just- you don’t- hm.” Il exhale, secoue les épaules. “Whatever.” Il place son menton et sa joue sur la paume de sa main, agacé et fatigué par toutes ses réflexions. Il lui jette un coup d'œil, le regarde un instant. “It’s fine. I just assumed.” Comme toujours. “J’pensais pas. Donc t’as toujours aimé les mecs aussi?” Il fait, finalement. Et puis sourit un peu. Il se souvient de ce que Robin lui avait dit une fois, et puis se relève et revient à côté de Lou devant le plan de travail. “so. j’fais comment, une chantilly? tu m’expliques?” C’est important d’pas faire des montagnes de ce que sont les gens - ils sont, juste.  Il s’exécute, et puis lui jette un nouveau coup d'œil.

Lulu tire la tronche à la réponse de son ainé, baisse les yeux et la tête comme un gamin pris en faute. “.... yeah.” Il exhale, agacé contre lui-même et sur le fait la chose restait bien dans sa tête. Il fait la moue, pince un peu les lèvres. “I know it was stupid.” il soupire, pose sa joue sur la paume de sa main, embêté et frustré par toute cette histoire déjà. “I don’t look like anything” du moins, il espérait? (et cette pensée était stupide aussi, il le savait bien mais il pouvait pas s’en empêcher) “and still…” Il hausse les épaules. La chose l’irrite, la chose le perd souvent.

Il se lève pour aller le rejoindre près du plan de travail, grimace à ses mots et fait un signe de main. “Pas besoin de savoir ça!!!!” Il s’exclame, embarrassé et clairement pas à l’aise à parler de la vie sexuelle de son frère aîné, merci bien. “Don’t need the details” il grogne un peu et plisse le nez. "D'façon, sexuality is too damn complicated" A la place, il change le sujet de conversation, et acquiesce, sérieux. “Ok” Il s’exécute, avec énergie, lève la tête. ‘Comme ça?” Il demande, s’assure de bien faire, continue. Jette un coup d’oeil à son frère. “anyone would be lucky to be with you” il gromelle un peu, parce que c’est vrai. Lulu, il sait bien la chance qu’il a d’avoir un frère comme ça. et tant pis s’il est borné et parfois embêtant. Il est bien mieux que la plupart des gens. Il se pince les lèvres. “he makes you happy?” il ajoute, enfin, un peu maladroit mais sérieux aussi. “sinon, j’lui casse les dents” Personne touchait à ses frères si c’était pour leur faire du mal. Et Lou, il avait déjà assez donné avec sa pimbêche d’ex archi nulle.

Lulu s’offusque aussitôt, prouvant directement le contraire de ce dont il veut convaincre son frère aîné. “J’ai pas d’air gêné!!!” Bien sûr, aussi, on repassera pour la crédibilité. Faut dire que ce n’est pas quelque chose avec laquelle il est à l’aise, Lulu, y a trop de non-dits et de honte accumulée depuis des années qui persiste dans son être. Désapprendre tout cela est le travail d’une vie, et Lulu se demande s’il y arrivera pleinement un jour. Au moins, il est bien accompagné. C’est ce qu’il se dit, souvent.

“oh.” Il fait, très intelligemment, quand ça parle d’amour. Clairement, Lulu a aucune expérience dans le domaine, si ce n’est son affection pour Andrew maintenant six pieds sous terre - il regarde son frère, se dit que ça doit vraiment être important, s’il met ce mec au même niveau que sa pimbêche d’ex. Il espère juste que c’est un autre niveau… Pour lui, le seul vrai amour qu’il connaisse (l’amour amoureux, pas l’amour qu’il a avec ses frères) c’est celui de son père avec sa mère. Y a bien Gigi et Kyoka, mais il est encore un peu perdu sur la chose. Il se dit qu’il aimerait bien, ce qu’Izzie et Abe ont. Il hausse les épaules. “I think it’s overrated anyway” il marmonne, et puis s’assoit à table, sourit à son frère en recevant les oeufs brouillés. “Thank you.”

Il observe, écoute, fait une moue pensive, comprend pas trop pourquoi ils ne l’ont toujours pas rencontré mais ne dit rien, prend pour lui, au moins aujourd’hui. Faut déjà qu’il assimile que son frère est avec un mec. Il préfère sourire en pensant à Jia et Lamar. “Lamar est le plus adorable. Et Jia is just protective of you” Lui, il le pense en tout ca. “how long has this been going on? how did you guys meet?” Il demande avant d’attaquer son assiette, parce qu’il est un peu surpris, en fait, que ce mec ait déjà rencontré les enfants. ça lui plait pas des masses, même si bon, c’est pas ses gosses. Mais Lulu, il veut juste pas que Lou il souffre, si ce mec est un connard.

L’amour, ce n’est juste pas pour lui. Lulu l’a bien compris, depuis longtemps maintenant. Il ne sait pas trop d’où vient cette certitude. Des dates ratées, du harcèlement, des choix pourris, des brimades du géniteur sous les gravats de New York. Il sait pas trop Lulu. C’est juste là, ancré. Y a peu de chance, qu’il trouve l’amour. Il sait pas se gérer lui même, déjà. Alors gérer une relation? Y a peu de chance. On dit pas qu’il faut s’aimer soi-même avant de pouvoir aimer les autres? Ouai, bon courage.

Lulu, il hausse les épaules, simplement. Il pense à Andrew, et y a l’étau là, qui s’ressere à l’intérieur. Il a raison Lou. Il a eu le coeur brisé, et il a été trop con pour s’en rendre compte tout de suite. Comme d’habitude. “Just saying. Not everyone can be that lucky” L’amour comme son frère avec Kyoka (bon, même s’il comprend pas tout avec eux), ou comme Abe et Izzie, c’est pas des trucs courants.

Il termine son assiette et il regarde son frère, et il repense au passé. Il écoute Lou. “Of course you were tutoring him. Smart ass” Il le taquine un peu, et puis hoche la tête. Il s’demande si c’est pas un peu rapide, Lulu, en deux semaines voir déjà les gosses et tout? Enfin, après tout, encore une fois, qu’est ce qu’il en sait. “Okay.” Il insite pas trop, Lou il est assez réservé et puis, il a déjà dit beaucoup. “You be careful still… yeah?” Ludvig, il s’inquiète toujours un peu trop. “You tell me if he hurt you” Très sérieux encore une fois.

Il porte le mug de chocolat chaud à ses lèvres, en boit quelques gorgées. “I was in love once” Il sort ça, il sait pas d’où. Ptet que la confession de Lou le porte, ptet que c’est sa question précédente, ptet que c’est sa conversation avec Gigi, quelques jours plus tôt. Ptet que c’est tout ça à la fois. Il regarde son mug presque vide. “But he died with the others” Il hausse les épaules Lulu, comme une fatalité résignée. Y a un soupire, lourd. Y a quelque chose d'étrange, aussi. Comme un soulagement. Comme une acceptation, malgré la douleur encore terrible dans le coeur. De le reconnaître, enfin. “We don’t need to talk about it” Il anticipe, puis se lève pour récupérer ses affaires et les poser dans l’évier.

Ludvig le regarde un peu curieux. Un peu surpris, aussi. C’est étrange, pour lui, de voir son frère lui expliquer qu’il a un jour manqué de courage. “Parce que c’était un mec?” Il demande, intrigué, franchement, ça l’étonnerait venant de Lou. Que ce soit cette raison ou d’une autre. Lou, il intelligent, il est loin d’être aussi à côté de la plaque que lui. ça l’étonne, Lulu, que son grand frère puisse manquer de courage pour faire quoique ce soit. Lulu, il se dit aussi que c’est beau, quelque part, qu’ils se soient retrouvés après tant d’années. Il aime bien ce genre d’histoires. C’est niais et con, mais c’est beau. Il ira pas l’avouer, pourtant.

C’est une sorte d’aveu qui lui échappe, et un silence plutôt lourd qui s’installe alors qu’il fuit un peu la conversation pour faire la vaisselle dans l’évier, retenant un peu son souffle. Heureusement Lou ne semble pas insister, parce qu’il se sentait pas de partir dans les détails, surtout avec Lou. Ils parlent pas vraiment profondément des choses avec son frère. Pourtant, y a quelque chose, à l’intérieur. Un soulagement, que ce soit sorti, que Lou sache. C’est stupide, c’est pas comme si ça changerait quoique ce soit. Pourtant, Lulu se sent mieux, un poids qui se retire de ses épaules. Il se sent un peu plus en paix avec lui-même. Il se sent un peu plus en paix avec la mémoire de Andrew.

Perdu dans ses pensées, il relève la tête un peu perdu à ses mots. “hm?” Et puis cligne des yeux. ‘Oh…’ il se frotte un peu la tête. “Whatever you want. J’ai rien compris à ce que tu m’as demandé.” Une pause. “I think he’d have liked you. Andrew” Il fait, après une réflexion, concentré sur sa vaisselle. “He was very practical.” Il hume et puis dépose un mug rincé sur le côté, et change de nouveau de sujet. “C’est quoi le capital?” Il demande sans honte, parce qu’avec Lou, il a moins honte qu’avec les autres.

“I’ve always thought you always had everything figured out” Il admet, Lulu. C’est difficile pour lui d’imaginer la chose. Lou a toujours été mis sur un pied d’estale, il a toujours été l’aîné, toujours celui avec l’intelligence que lui n’a jamais possédé, celui plus à même d’arriver à quelque chose de respectable dans sa vie. Leurs parents n’avaient jamais agi différemment avec leurs deux fils aînés, mais cela n’a pas suffit pour que Lulu ne se rabaisse pas. Il y a des commentaires difficilement oubliables. “I don’t know…” Il y a une pause, alors qu’il réfléchit. “I’ve always idealized you” Il hausse les épaules. Il comprend de plus en plus de choses Lulu, avec la patience des siens et son psychiatre.

Il y a quelque chose d’apaisant de parler d’Andrew de la sorte, de le sortir de ce cercle de tabou et de détresse immense dans lequel il résidait dans son cœur. Et de parler, simplement. L’acceptation de Lou de ses mots sans faire un commentaire ou chercher à le pousser davantage, aussi. Il écoute son frère avec attention, et son visage s’éclaire un peu. “oh okay. I get it.” Il réfléchit un peu, mais c’est trop pour lui de savoir quoi faire d’un quelconque argent, surtout qu’il sait toujours pas vraiment combien ça. Il hausse les épaules. “You can do it like that. I trust you” Il répond simplement, et termine la vaisselle. “Thank you Lou” Une pause. “What do you do? with your money?”

Les mots de Lou le font réfléchir quelques instants, le regarder avec une considération étrange, car il est rare d’entendre son frère aîné admettre qu’il ne se débrouille pas forcément toujours comme un chef. Il se demande si c’est de la fierté, ou un sens de responsabilité vis-à-vis de lui, et de Gigi. Il espère que ce ne soit pas la deuxième option. Lulu répond rien, mais hoche la tête, brièvement. “I know” ça s’arrête là. Ce n’est pas avec Lou qu’ils s’épanchent beaucoup sur leurs sentiments. (Gigi a pris toute l’intelligence émotionnelle pour ça)

Lulu demande, mais ça lui passe un peu au-dessus tout cela, il serait bien incapable de le faire et surtout il ne se fait pas confiance pour prendre ce genre de décisions sans perdre tout son argent, il se ferait manipuler facilement probablement. Il hoche la tête. “Hm yeah. That’s good. For the kids” Il se dit que, au moins, lui n’aura pas ce problème. Il s’essuie les mains sur le torchon propre, plein de réflexions sur tout cet argent qu’il ne pensait pas posséder. “Could you make a donation? with that money for me” Il demande soudainement. “I wouldn't know what to do with all of it. and there are many people who would need it. I’d love helping the kids, and the veterans” Lui ne comprend toujours pas trop bien comment il a récupéré cet argent, mais beaucoup de ses anciens collègues n’ont vraiment pas beaucoup de moyens surtout pour gérer certaines blessures. et les trauma, toujours.

Lulu sait bien qu'il ne fera pas de grandes choses dans la vie. Il n’a pas l’intelligence pour ça. Mais il aimerait beaucoup aider les gens, il le fait déjà à son échelle, mais ses parents, ils en ont fait beaucoup plus encore. Il a pas assez de responsabilité, non plus, pour faire beaucoup de choses comme Abe et Izzie (comme les adopter, par exemple). Mais, s’il peut aider avec de l’argent dont il ne sait que faire - alors, vraiment, c’est la chose à faire.

Mais la proposition de Lou, Lulu, il l'avait pas imaginée. Il reste silencieux, un instant, la considère sans trop savoir quoi en faire. Il connaît ce genre de trucs, il en a vu quelques-unes, il croit comprendre l’idée de base (bien qu’il soit sans doute loin de la réalité du fonctionnement du machin). Il glisse une main sur sa nuque, pas bien assuré. “...maybe… i dont know, i like the idea” ça se sert et gonfle un peu en même temps, à l’intérieur. “there are so many vets they are struggling u know and the government doesnt help them enough” Une pause. “something to help the family of the ones who died, too.” Il pense à Andrew, bien sûr. “But i wouldnt know how to do it. I don’t know how i could handle that” Il admet très honnêtement. “im not smart enough” ça, c'est évident. Pourtant, il se dit que Andrew serait fier d'un truc comme ça.