saving snake (gigi)

La plupart du temps, Curtis laisse le reste des White vivre leur vie. Il n'aime pas s'imposer à eux. Depuis qu'il a quitté l'Underapple ce n'est plus un réflexe d'aller sonner chez les parents pour les rassurer qu'il est toujours vivant. Il continue de descendre, l'obscurité reste le milieu dans lequel il se sent le plus à l'aise. Contrairement à ce que certains doivent penser, il n'a pas oublié d'où il vient. Au contraire, il chérit les odeurs d'eau croupie et de fumée qui peuvent envahir la ligne de métro. Il est à l'aise, ombre parmi les ombres, criminel parmi les égorgeurs, les voleurs, les hackers et toute la vermine possible et imaginable. Toujours un plaisir de rentrer à la maison.

Il n'a pas le temps de s'éterniser et d'aller saluer toutes les personnes à qui il a envie de s'annoncer, on l'a appelé pour une urgence avant tout. Une fois qu'il aura réglé le problème, il sera plus serein. Parce que c'est son rôle de débouler quand il faut prendre en mains certaines situations, il préfère quand il s'agit du sens littéral. Tous ses petits cousins et ses neveux et les gamins White savent se débrouiller tout seul. C'est qu'il aime bien leur être utile et faire ce qu'il sait faire de mieux.
Il a quand même quelques tupperware avec lui puisqu'il a fait en trop grosses quantités et qu'il lui arrive de se souvenir qu'ils sont une famille et qu'une famille s'entraide. Oh ils tueraient pour eux - personne n'en doute - et il pourrait jurer de ne plus jamais faire de mal à quelqu'un si vraiment ils insistaient. Il sait qu'il n'est celui qui a le sens le plus pointu du devoir, qui n'appelle jamais, qui se pointe juste aux anniversaires avec quelque chose de brillant et de cher qu'il a récolté là haut. Sait pas si il a vraiment le droit de prétendre au blason de la famille puisqu'il fait si peu. Il fait ce qu'il peut.

Il se démerde pour transporter son sac dans le métro puis jusqu'au quartier ou Gigi et Lulu crèchent. Il va falloir agir vite avant d'éviter la catastrophe, imminente. Curtis grommelle quand il pousse la porte et la referme instantanément. Il doit garder l'appartement hermétique pour que le danger ne s'échappe pas. « Bon t'as encore  de la place dans le frigo j'espère ? Il ouvre le frigo en question, ne doute pas de la capacité de Gigi à se nourrir bien au contraire mais trouve quand même de la place pour y foutre ses réserves. Puis retrousse ses manches en s'approchant de l'évier, sans plus de commentaire, brandissant l'éponge et le liquide vaisselle. Bon alors raconte comment t'as fait pour le perdre  dans l'appart ? » Bonjour c'est surfait. Lui demande comment ça va, ce genre de banalités maladroites. Pas pour lui. « Il rentre quand Ludvig ? » Combien de temps pour prévenir l'apocalypse exactement ?

C’est une catastrophe. Une catastrophe qui menace d’être mille fois pire s’il ne retrouve pas Sssamy dans les prochaines heures. Il l’a déposé sur son lit pour nettoyer son vivarium comme il le fait avec tous, sans réfléchir qu’un serpent aussi petit serait beaucoup moins facile à récupérer que son python et ses deux couleuvres si jamais des envies d’exploration lui prenaient. Et c’est précisément ce qui s’est passé. Une minute d’inattention et Sssamy n’était plus en train de ramper sur les draps. Gigi a bien évidemment regardé sous le lit, la commode, le tas de vêtements dans le coin qui ne disparaît jamais vraiment, mais Sssamy, lui, a bel et bien disparu. Au bout d’une demi-heure à chercher, Gigi est en panique et en larmes, la boule au ventre autant d’avoir perdu l’adorable créature que de devoir annoncer la chose à Lulu lorsqu’il rentrera ce soir. Il n’y aucune chance qu’il laisse cela arriver, vraiment, alors il dégaine son portable pour envoyer un texto dramatique à souhait à son cousin Curtisss, qui, comme son nom l’indique, est très doué avec les serpents.

Une autre demi-heure s’écoule, durant laquelle il essaye de faire chercher à Eustache la trace de Sssamy, mais le chien ne semble pas comprendre ce que lui veut son maître, alors ça finit en câlin de désespoir sur le canapé, à vider la moitié de la boîte de mouchoirs. Enfin, la porte s’ouvre, et Gigi se redresse immédiatement pour suivre son cousin dans la cuisine, les yeux rouges et en reniflant tout sauf discrètement. Il le regarde remplir leur frigo déjà bien rempli – au moins il pourra distraire Ludvig avec de la nourriture, si le serpent court toujours dans l’appartement. Bien que, il devra forcément expliquer pourquoi Curtis est là, et tout le monde sait dans la famille que Curtis ne se pointe pas chez les uns chez les autres juste pour faire coucou. Thanks, il lui colle une bise sur la joue, pour dire bonjour et merci tout à la fois. Son cousin semble vouloir s’attaquer à la vaisselle. Ça ne fait qu’une semaine que Gigi la repousse et empile dans un équilibre savamment pensé les casseroles, les assiettes et les ustensiles après avoir cuisiné. Il était plutôt fier de sa pyramide, mais il ne va pas se plaindre, il déteste faire la vaisselle. I put him on the bed and then he was gone, un reniflement sonore, il n’a pas d’explications plus élaborées que cela et il s’en veut un peu, en s’essuyant les yeux. I don’t know, few hours? He’s looking after his monkey tonight, il fait la moue, le problème des gardes du corps, c’est qu’on ne sait jamais exactement quand ils finissent le boulot. Suffit que le client s’emmerde à sa soirée, et Lulu pourrait être là dans les dix prochaines minutes, pour ce qu’il en sait. Do you think he’s gonna listen to you? He must be so scared, he’s only been here for one week.

A situation de crise, réponse en conséquence. Alerte rouge au royaume de ses cousins. Vu l'état dans lequel il trouve Gigi, c'est très grave. Curtis est celui qu'on appelle quand il y a un problème, il en tire une grande fierté. Même si certains problèmes peuvent paraître minimes. Il viendrait pour une histoire de pneu crevé ou pour dégager une araignée. Il y a différentes sorte de problèmes qui requièrent sa présence. Impliquant plus ou moins de violence. Il peut se réjouir de s'attaquer à la méthode douce, ce soir. « Stop crying, it won't bring him back. » Il lui tend un paquet de mouchoirs, sans grande émotion. Il faut quelqu'un garde son sang froid dans cette pièce et ce n'est pas Gigi qui va le faire. Gigi est beaucoup de choses, beaucoup d'émotions, beaucoup d'énergies qu'il ne comprend pas toujours. Qu'il a tendance à mépriser chez autres (mais pas chez lui). Curtis l'observe comme un alien, avec toutes ses émotions. Il faut croire que tout déborde chez lui, jusque dans l'évier maintenant propre.

Curtis n'aime pas voir les gens pleurer. Les visages se tordent, le nez coule, les yeux rougissent. Les gens qui pleurent sont affreux et les émotions qu'ils dégagent le sont tout autant. Curtis comprend, néanmoins, ce qui n'est qu'un réflexe, une manière pour le corps de se défaire quand le verre est trop plein. Il prétend ne jamais le faire, ça lui arrive, très rarement. Même quand ça arrive, il ravale rapidement le ridicule, honteux, essuie le coin de ses yeux. Ne rien ressentir est mieux. Avoir l'esprit clair, sans jamais se laisser dépasser par des distractions.
Il ne sait pas non plus comment consoler les gens tristes - pas même sa propre famille. Curtis voudrait tourner le dos et faire comme s'il ne voyait rien. Robin trouverait des mots tendres, de quoi faire sourire, iel dit tellement de choses qu'il y a bien un moment où ça fait mouche.
On ne l'a pas appelé pour ça, de toute façon.

« Alright, let's hope his client will be a pain in the ass tonight and buy us time. » L'appartement n'est pas un palais. Sssamy doit bien être quelque part dans le bazar. Il faut ouvrir l'oeil et les oreilles. Tous ses sens sont en éveil, une légère excitation de sa part. Après tout, il aime énormément les reptiles. « Scared and stressed. He could be anywhere. Ce qui n'est pas rassurant en soit. Il a très bien pu se faufiler dans un tiroir. « Sssamy is a kid, kids don't always listen, let's hope I can bound with him. » Mais avec un peu de douceur, il pourra être convaincant. Il retire ses verres fumés et, a quatre pattes, Curtis inspecte sous les meubles dans un premier temps.« Where are you ? We're worried for you little one. » Il espère qu'il ne s'est pas barré de l'appartement et qu'il n'est pas en train de parler dans le vide.

Curtis est un bon cousin, toujours là quand on a besoin de lui. Ce n’est pas celui qu’on appelle pour faire une virée shopping ou une soirée dansante, c’est celui qui vient résoudre les problèmes avec son sang-froid et ses lunettes de soleil. Gigi sait bien que Curtis ne comprend pas ses émotions, il lit assez bien son visage pour savoir qu’il n’a aucune idée de quoi faire de lui dans un tel état. Il ne lui en demande pas tant. Don’t worry, I’m not crying because I think it will, qu’il fait simplement, pour tenter de le rassurer, attrapant le paquet de mouchoirs tendu avec un sourire un peu déformé par les sanglots qu’il étouffe et un nouveau reniflement. C’est déjà beaucoup, pour Curtis, Gigi apprécie le geste à sa juste valeur. Il remercie en langues des signes et se mouche de façon très peu discrète, comme on peut l’attendre de Gigi. ll a un petit soupir malheureux, une fois qu’il a terminé, jetant un regard perdu autour de lui.

Normalement, ils devraient pouvoir compter sur le client de Ludvig. Les soirées sont souvent longues et son frère n’est libéré de ses fonctions que tard dans la nuit, voire au petit matin. Gigi essaye de s’en convaincre, en tout cas, pour ne pas se laisser gagner par la panique et causer à nouveau la confusion de son cousin qui ne sait pas comment s’y prendre avec les gens en crise. Gigi devrait lui expliquer un jour qu’il n’y a rien à faire de plus que de le laisser vivre ses émotions, qu’elles passeront toutes seules, comme un nuage chassé par le vent. Urgh I should have introduced him to you, it would have been easier. Gigi a tendance à oublier, dans son bonheur, de faire les choses qui coulent de source et qui permettent que son bonheur ne soit en rien terni. Il était trop enthousiaste pour son nouveau serpent et il a complètement zappé de le présenter à Curtis au cas où, comme il l’a fait pour les précédents, histoire que son cousin soit un point de repère pour ses adorables reptiles. Et encore une fois, vu la taille des précédents, ce n’était peut-être même pas nécessaire, ils sont difficiles à perdre. Sssesame a bien essayé de partir en escapade un jour, mais il n’avait pas mis dix minutes à la retrouver dépassant de sous le canapé.

Le temps n’est pas aux regrets, pourtant, Gigi agite la main pour chasser les reproches qu’il se fait à lui-même et observe avec la même fascination que d’habitude son cousin faire son œuvre. Il aurait aimé avoir un tel pouvoir et savoir ce qui se trame dans la tête de ses animaux préférés. Il attrape Eustache avant que celui-ci n’aille lécher la figure de Curtis qui s’est mis à quatre pattes, signe pour son chien qu’il veut jouer avec lui. Gigi le serre dans ses bras et le repose au sol plus loin, le fait asseoir et attendre bien sagement dans le coin. Can I help you or something? Should I make coffee? S’il ne se trouve pas une activité, il va vite se mettre à hurler, d’autant plus que Sssamy ne semble pas ramper à toute vitesse pour rejoindre Curtis.

Curtis jette un regard assassin au chien, bien que ce ne soit pas sa faute de vouloir lui faire la bise à sa manière. Dans d'autres circonstances, il aurait accepté de jouer un peu avec lui. Et encore. Curtis n'est pas à l'aise avec les bêtes à poil, il se tient respectueusement à l'écart. Les reptiles sont ses seuls amis, merci le Red dans ses veines. Là, Curtis n'est pas d'humeur joueuse et ce n'est pas pour relancer la baballe qu'il est sur ses genoux. L'appartement de Gigi et Ludvig n'est pas non plus un palace, c'est très inquiétant que le petit serpent se soit faufilé quelque part. Il pourrait derrière être un tiroir de placard, coincé sous le réfrigérateur, entre les coussins du canapé... Ce serait nettement plus simple et plus rapide s'il répondait. Soit sa timidité est tenace, soit il s'est volatilisé. Curtis ne l'explique pas. L'enquête commence tout juste. « I hope the dog didn't chew in Sssamy » Il aurait pu le confondre pour un jouet et ce serait le drame. Lost, scared Pauvre Ssamy est désorienté et chercher à fuir, voilà pourquoi. Dès qu'ils se rapprochent, il doit prendre la poudre d'escampette « I won't hurt you. » Certains spécimens sont attirés par son odeur. Ils peuvent le reconnaître comme l'un des leurs, même si Curtis n'en est pas au stade de ramper par terre et se mettre à mordiller ses ennemis. Il s'est toujours dit que pouvoir sortir les crocs en ferait pâlir plus d'un. S'il devenait un homme serpent, il n'ose pas imaginer à quel point cela rendrait sa relation avec Ludvig bien plus complexe.

« Tell me about him. » Curtis en parle comme un individu à part entière. « How is he ? What's his story ? » Au delà de la voir en photo, cerner son caractère et son comportement peut aider Curtis à se montrer plus convaincant lorsqu'il tente de le charmer. « I can hear him. I think he can sense me and understand me. He won't trust me though » Curtis soupire, frustré. D'ordinaire ça aurait prit seulement quelques minutes. « I have an idea, yes. Is there anything you want to tell him ? » Curtis se redresse et tire une chaise pour s'assoir. Décidé à changer de méthode, il croise les bras sur la table et plonge son regard dans celui de Gigi, protégé par les lunettes. Il va falloir les enlever s'il veut vraiment y voir clair. « I would like a coffee please. Let's talk about Sssamy, I will translate anything. Maybe it will help him understand you're his friend. » Si Sssamy ne veut pas être trouvé alors il faut lui donner envie de sortir de sa cachette... En espérant que le temps ne soit pas trop contre eux.

Petit cri horrifié de Gigi aux mots de son cousin, il observe Eustache un instant, interdit, se penche quand même pour ouvrir doucement la gueule du chien et vérifier qu’aucun serpent n’en dépasse. Rien. Sauf s’il l’a avalé. Mais Eustache est un trouillard, il sursaute même en voyant une araignée passer sous son nez, alors un serpent. Il n’irait pas manger Sssamy, pas vrai ? Gigi secoue la tête et chasse la pensée de son esprit, se concentre plutôt sur les questions de Curtis. Qui, apparemment, sent la présence de Sssamy. C’est un bon signe, non ? Celui qu’il n’est pas dans l’estomac de son chien, déjà. It’s a smooth green snake, he’s maybe thirteen inches long and I got him like two or three weeks ago at the pet store? Il ne se souvient même pas exactement de la date de l’adoption, Gigi n’est pas très bon pour retenir ces choses-là. Il ne voit pas le temps passer, souvent.

Il offre un sourire triste et désolé à Curtis, renifle encore, essuyant son visage éploré du mieux qu’il peut avec un autre mouchoir. That he’s safe. That I will always take care of him, il répond simplement, sans avoir besoin de réfléchir. Gigi prend toujours grand soin de ses animaux, et même de toute personne qu’il rencontre. Il ne ferait pas de mal à une mouche – il lui arrivait souvent d’en adopter, quand il était petit, d’ailleurs. Il acquiesce et retourne dans la cuisine pour préparer le café, tout en continuant de parler : You think he might have been scared of the others? Après tout, les trois autres serpents de la maisonnée font au moins dix fois sa taille. Tell him I’ll protect him and that he’s the cutest snake in the world. That he shouldn’t be sad because Lulu didn’t like him, because Lulu doesn’t like all snakes. Il revient au salon et tend la tasse de café bien chaude à son cousin, les yeux toujours aussi rouges et le hoquet bien présent dans sa voix. Tell him I love him, yeah? It’s important, qu’il affirme, très sérieux et bouleversé.

Curtis n'aime pas les animaleries, ni les élevages à vrai dire. Il ne vaut mieux pas évoquer le sort réservés aux animaux dans les cirques. Sans faire de généralité. Curtis a du mal avec le concept de cage quand il s'agit de créatures innocentes, en proie à leur instinct. Un chien qui mord ne le fait jamais par malice, contrairement aux hommes qui tuent. Le rapport de force entre les animaux et les hommes est injuste. La plupart des adoptants n'ont pas conscience du pacte qu'ils passent avec leur nouveau compagnon. Curtis lui, est fasciné par les comportementalistes et les liens forts crées entre deux êtres qui se considèrent égaux. Pouvoir parler aux serpents est la plus belle chose que sa déchirure ait apporté. S'il pouvait le faire avec les autres espèces, Curtis aurait depuis longtemps quitté sa vie de misère et de meurtres pour s'exiler dans une réserve naturelle. Certes, les White lui aurait manqué dans les premiers mois, puis il serait retourné à l'état sauvage. Un autre point positif, depuis qu'il se shoote au red, Curtis a enfin l'impression d'être complet. D'avoir accès à ce potentiel refoulé au fond de lui.
Heureusement, tout le monde ne pense pas à mal en prenant un animal de compagnie. Peu de gens au final cèdent aux caprices insistants d'une gamine bourgeoise. Ce faible pourcentage est suffisant pour le frustrer. Pourquoi la stupidité continue de le surprendre ? Elle est tellement banale.

« Good, he's happier here. Sssamy a peur, mais il a moins peur ici. Curtis semble enfin discerner un. Il répète mot pour mot ce que Gigi lui a dit dans un dialecte ancien et qui ne doit faire aucun sens pour son compère. La réponse est distante. Au moins, il y a une réaction et non pas un long silence. Curtis tend sa main avec délicatesse. Ce qu'il essaye de dompter ? C'est juste un morceau de plastique tombé sous un meuble. Sa vision lui fait défaut. La sueur froide qui le traverse lui fait perdre pied avec la réalité un court instant. Bordel... Ugh ? Il se retourne et Gigi. I smell him. I'm afraid he's in the bedroom...I think I can't find him because his scent is covered by something else. Clothes, perfume... Dans les affaires de Lulu probablement. Bien sur.  Parce que quitte à être dans le merde, ils doivent bien l'être jusqu'au cou. I guess we both need a strong coffee. »

Il a un sourire un peu triste, au commentaire de son cousin. Gigi non plus, il n’aime pas trop voir les animaux dans les cages à l’animalerie, mais il sait aussi qu’il ne peut pas en gérer trop à la fois. Il a un rythme de vie trop effréné pour ça, alors il fait bien attention de mesurer son temps avant d’en adopter un nouveau. Qu’il achète sur un coup de tête dès qu’il s’aperçoit que ça ira, certes. Ça lui met un peu de baume au cœur que Curtis lui dise ça, au final. Au moins, Sssamy pourra peut-être se sentir bien ici à l’avenir, avec eux.

Quand il revient au salon, il observe avec espoir Curtis tendre la main vers un meuble, mais il s’avère que c’est un vieux jouet d’Eustache qui traînait là. Il renifle un brin et offre la tasse de café à son cousin qui s’est redressé. In Lulu’s bedroom??? Mamma mia we’re fucked, il se lamente telle une madone éplorée, ne relève pas l’histoire du café. Curtis est toujours déphasé par rapport aux histoires de famille, il a sûrement oublié que donner quoi que ce soit d’excitant à Gigi est une très mauvaise idée. Surtout s’il doit se concentrer sur la recherche d’un minuscule serpent perdu dans les affaires de son frère. Lulu va hurler s’il l’apprend. Ou pire, s’il rentre avant qu’ils n’aient réussi à remettre Sssamy dans son vivarium. Promise me if we find Sssamy before he gets home, we’re never telling him. Il se frotte les yeux, se frappe le torse pour se donner du courage. Alright, il attrape Eustache pour le coincer dans la cuisine afin qu’il ne vienne pas fouiller avec eux. Son chien prendrait ça pour un jeu, assurément. Rocky, lui, est posé sur son arbre à chat et n’en a rien à faire d’eux, comme un bon chat. Il se dirige vers la chambre de Lulu dont la porte est restée ouverte, jette un premier coup d’œil et ne voit rien ramper au sol, ça aurait été trop facile. La chambre de Lulu est néanmoins bien mieux rangée que la sienne, ça lui file des angoisses à chaque fois. Il attend Curtis sur le seuil, réfléchit à haute voix : under the bed, maybe ? Or in his dirty laundry ?

Oh oui, ils sont dans la mouise pour rester poli. S'il y a bien un scénario qu'il aurait été préférable d'éviter, c'est celui là. Curtis espère maintenant qu'en plus du client qui lui tiendra la grappe, Ludvig aura des soucis avec le moteur de son véhicule et prendra un peu de retard, puis tombera sur un embouteillage, une embrouille entre deux conducteurs, n'importe qui qui le ralentira car les forces de l'ordres dép^échées sur place ne laisseront personne partir. Oh, Curtis n'aime pas souhaiter le mal à ses proches, mais là... Il souhaite à Ludvig de terribles choses, qui seront toujours moins pire que sa réaction quand il découvrira Sssamy enroulé dans une chaussette sale. Ou pire. Si Sssamy se retrouve dans la machine à laver... We're never telling him. It's fact. Curtis ricane, un peu amusé par la situation et leur complicité. Certaines familles ont de lourds secrets. La leur, auront ça. C'est un peu drôle.

Direction la chambre de Ludvig qui est à l'image du gars qui dort dedans. Curtis suppose qu'il a gardé l'habitude que tout soit parfaitement ordonné. « That's it, he's in the dirty laundry. Puis, Curtis s'arrête net devant la corbeille à linge. Surpris lui même par sa soudaine pudeur. Ca ne le dérange pas de mettre les mains dans des tripes mais là...   Can you... Take a look ? Il se sent mal de plonger ses mains qui ont trainé dieu ne sait où, même dans les vêtements sales qui vont partir au lavage. Curtis n'aime pas fouiller dans les affaires de ses cousins. This is ironic, I think sssamy finds Lulu's bedroom very comforting. » Avant de partir il faudra que Curtis lui touche deux mots à propos de Ludvig. He tells me you're both very cute humans. »