[FB] With open arms [Ft Chad]

With open arms [Flashback]

@Chad Bennington
TW : religion chrétienne, discussion de la foi

La foi. Tobias l'avait toujours, c'était évident. Ce n'était pas sa croyance qui faisait défaut. Pas celle qu'il portait en Dieu, en tout cas. Non, c'était l'institution qu'il questionnait. Les règles. Sa place dans ce système. La tenue sacrale semblait de plus en plus lourde à porter, et les mots qu'il prononçait sonnaient parfois faux sur ses lèvres.

Pourtant, au contact de ses fidèles, Tobias se rappelait pourquoi, malgré les doutes, l'homme était toujours revenu vers sa religion. Pour faire ce qu'il croyait être le bien. Pour être cette présence sur laquelle on pouvait compter, l'épaule sur laquelle s'appuyer, l'oreille à laquelle se confier. Plus tard, Tobias réaliserait qu'il pourrait faire tout cela sans jouer un rôle qui ne lui convenait plus. Qu'il pouvait être lui-même et heureux, tout en continuant à être présent pour les autres. Un équilibre qu'il n'avait pas encore atteint à ce jour.

Le soleil se couchait doucement sur Crimson Bay, tandis que Tobias saluait son dernier fidèle resté, à la recherche de réponses qu'il espérait lui avoir apporté. Le silence régnait à nouveau dans l'église et le prêtre s'imprégna de l'atmosphère particulière des lieux, fermant les yeux, prenant une profonde inspiration. Il pouvait presque sentir sa présence à ses côtés, celle-là même qui lui susurrait à l'oreille ce qu'il devait faire, où il devait se rendre, qui il devait aider.

Ce ne fut pourtant pas Sa Voix qui le tira de ses pensées, mais bien le bruit de pas sur le plancher craquant de l'église, lui indiquant qu'un autre visiteur s'était présenté. Tobias avait voulu faire de l'église St Mark un refuge pour tous ceux et celles qui en franchissaient le seuil, peu importe leurs croyances, leurs convictions, leur situation. Ici, il n'y avait pas de jugement, pas de rejet, juste des bras ouverts et tendus dans l'espoir de répandre de l'amour, Son amour, et la compassion.

Tobias s'extirpa de son état méditatif et se tourna vers l'homme qui venait d'entrer. Le prêtre était un livre ouvert : son expression refléta immédiatement sa sollicitude, lorsqu'il constata que le visiteur inconnu ne semblait pas en meilleure forme. Aussitôt, son esprit formula de premières idées, sur ce que l'homme pouvait potentiellement vouloir de cette visite.

Certains ne se découvraient une foi qu'à l'approche de la mort, pris de peur face à la fin inéluctable. Certains de ses confrères pouvaient juger ce qu'ils considéraient comme un élan "intéressé", mais Tobias ne voyait pas les choses de la sorte. Peu importe ce qui pouvait rapprocher de Dieu, ce qui pouvait motiver une personne à développer sa foi. L'important était de leur offrir un refuge pour le faire, et de ne pas les retenir s'ils n'y trouvaient pas ce qu'ils cherchaient.

"Bonjour. Est-ce que je peux vous aider ?"

Le prêtre rajusta son col romain, étirant un sourire accueillant et rassurant sur ses lèvres. A cet instant, peu importait les doutes qu'il pouvait avoir vis-à-vis de sa place dans l'Eglise. Le bien-être de son visiteur prenait les devants, Tobias priorisant les autres en toute circonstance.

"Vous souhaitez vous asseoir ? Vous avez l'air très fatigué."

Son regard se posa sur le confessionnal, avant qu'il n'ajoute :

"Si vous souhaitez vous confesser, soyez rassuré, vous pouvez également vous asseoir là-bas. Préservez vos forces, mon enfant."

Tobias tendit explicitement son bras, faisant comprendre à l'homme qu'il pouvait se reposer sur lui s'il en avait le besoin. A cet instant précis, il n'y avait place que pour la compassion dans le coeur tumultueux du prêtre. Le reste passait au second plan.

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@Chad Bennington
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L'inconnu accepta de se confesser, et Tobias prit une profonde inspiration, se préparant pour être dans l'état d'esprit approprié. La confession était toujours un moment délicat, et Tobias devait se tenir solide face à la misère humaine, face à des problèmes qu'il n'était pas certain d'avoir les armes pour traiter. Mais ceux et celles qui venaient le voir n'avaient généralement personne d'autre auprès de qui se confier : la moindre des choses que Tobias pouvait faire, c'était essayer d'être le meilleur soutien possible pour ces gens.

L'homme avait refusé son aide, et Tobias n'avait pas insisté, se tenant simplement prêt à le soutenir en cas de besoin. Il était évident que l'inconnu n'était pas dans un bon état : devrait-il faire quelque chose pour soulager ses souffrances ? Devrait-il contacter les urgences plutôt que de le mener à la confession ? Ce serait probablement le choix raisonnable à effectuer, mais il supposait que l'homme aurait simplement pu demander son aide, si c'était cela qu'il attendait de sa part. Il avait besoin d'autre chose, qui qu'il puisse être, et Tobias se tenait prêt à être là pour lui.

Le prêtre aimait l'atmosphère feutrée et renfermée du confessionnal. Ici, Tobias avait l'impression d'être coupé du monde, dans un endroit suspendu hors du temps. S'installant de son côté, séparé du visiteur par une paroi de bois où une ouverture grillagée lui laissait deviner la présence de l'autre homme, Tobias attendit patiemment que la voix de l'inconnu s'élève. Le silence, toutefois, s'éternisa légèrement, et le prêtre s'était tenu prêt à se lever et appeler de l'aide, si l'inconnu avait perdu connaissance, mais ce dernier s'exprima enfin.

Tobias avait hoché la tête devant la première confession de l'homme, qu'il avait accueilli pensivement. Ce n'était pas une situation particulièrement inédite pour Tobias : le prêtre avait déjà accueilli toutes sortes de personnes au sein de son église, qui cherchaient davantage un refuge ou une oreille attentive que de recevoir la parole de Dieu. Tobias avait naturellement les bras ouverts : même s'il s'agissait simplement de s'abriter de la pluie, son église accueillait tous ceux qui y entraient, sans distinction ni discrimination.

"Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise foi. L'église St-Mark est ouverte à tous. Et vous ne faites pas exception, mon..."

Tobias avait retenu ce dernier mot, qu'il s'apprêtait à prononcer par réflexe. Peut-être que l'inconnu, dans sa foi différente, ne serait pas à l'aise à l'idée que Tobias l'appelle continuellement "mon fils" ou "mon enfant". Certains de ses fidèles eux-mêmes insistaient pour être appelés par leur prénom, et Tobias n'y voyait aucun inconvénient. Il étira un bref sourire sur ses lèvres, questionnant l'homme qui était venu se confesser :

"Je suis le Père Tobias Grant. Comment souhaitez-vous que je vous appelle ?"

Qu'il lui donne son vrai nom ou un pseudonyme, aucune importance. Tobias l'appellerait comme il le souhaiterait. De son côté, il n'était pas impossible que l'inconnu soit familier avec son nom. Le livre du prêtre avait eu son petit succès, après tout, l'ouvrage qui détaillait son rapport à la foi et à la mutation. Il avait d'ailleurs parfois été visité à ce sujet, des rencontres positives ou négatives, selon les intentions de la personne qui venait le trouver.

Rajustant sa croix fétiche, Tobias s'accorda un instant pour réfléchir à ses paroles, avant de reprendre en direction de son interlocuteur :

"Vous me paraissez alité. Puis-je vous aider d'une quelconque façon ? Je peux appeler les secours, ou vous prodiguer des premiers soins. J'ai été formé, si cela peut vous inquiéter."

Il fallait bien, étant donné les périls dans lesquels sa Voix intérieure l'avait souvent mené. Combien de personnes avaient-ils rafistolé par le passé ? Ses pensées le menèrent brièvement à Seth, mais il préféra les chasser, détestant songer à son ami en situation périlleuse. Mieux valait se concentrer sur la situation actuelle et sur l'homme qui était venu chercher son soutien. Un soutien qu'il lui apporterait sans la moindre hésitation, quoi qu'il puisse faire.

"Est-ce en raison de votre santé que vous êtes venu en premier lieu chercher réconfort au sein de la maison du Seigneur ?"

Peut-être qu'il ne pouvait rien faire. Peut-être que cet homme était tout simplement en train de vivre ses derniers instants, et ne voulait pas le faire seul. L'idée serra la gorge de Tobias, mais le prêtre refoula ses propres sentiments, souhaitant demeurer une présence sereine et rassurante pour l'homme avec qui il conversait actuellement.

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@Chad Bennington
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Chad. Tobias avait hoché la tête lorsque le nom lui avait été confié, se promettant intérieurement de ne pas l'oublier. L'homme avait confirmé ses doutes : sa santé se détériorait, et il était trop tard pour faire quoi que ce soit. Une raison de plus pour garder son nom en mémoire : même si leurs croyances divergeaient, Tobias prierait pour lui. Pour son salut. Pour quelques années de plus. Pour le bonheur. Et, si tout cela devait prendre fin prématurément, pour que son âme trouve le chemin vers le royaume conjuré par sa foi.

Tobias aimerait faire davantage que cela, mais il ne lui appartenait visiblement pas de changer le destin de Chad, quoi qu'il puisse être. Sa Voix intérieure ne s'était pas manifestée, signifiant que Dieu lui-même semblait avoir estimé que Tobias n'avait pas à interférer avec l'avenir de l'homme maladif. Le prêtre pourrait forcer le destin, mais à quel prix ? Et pourrait-il seulement faire quelque chose pour Chad ? S'il était atteint d'une maladie incurable, tous les efforts que Tobias pourrait déployer pour l'aider seraient vains.

Alors, Tobias se résigna à être simplement la présence dont l'homme avait visiblement besoin à ce moment-là. Une épaule sur laquelle s'appuyer. Une oreille à laquelle se confier. Tandis que Chad trouvait les mots pour s'exprimer, Tobias sentait son propre cœur s'alourdir, la tristesse de son interlocuteur l'atteignant en pleine âme. Il pouvait entendre les larmes ravalées, les regrets virulents, et tous les non-dits qui se laissaient deviner derrière le discours hésitant.

La grille du confessionnel avait quelque chose de regrettable, même si cette distance était probablement nécessaire. Dans toute son humanité, Tobias voulait tendre une main vers ce pauvre homme. Peut-être même l'enlacer, dans l'espoir stupide de le réconforter. Mais ce n'était pas en tant que simple humain que Tobias devait considérer cette situation. Il était prêtre. Le représentant de Dieu.

Tobias ravala donc sa propre émotivité, se focalisant pleinement sur son interlocuteur. Malgré l'ombre apaisante du confessionnal, Tobias étira un sourire apaisant, qu'il s'efforça de laisser voir à Chad, et lui offrit une première réponse :

"Il n'est pas d'homme ou de femme qui ne soit pas l'enfant du Tout-Puissant. Le Très Haut accueille à bras ouverts ses fils et ses filles dévoués, et recueille les pardons comme ils méritent de l'être. Peut-être ne suis-je pas le mieux placé pour m'exprimer sur vos croyances, mais je pense sincèrement que le Créateur ne rejettera jamais un enfant qui revient vers Lui."

Tobias avait délibérément évité de prononcer le mot "Dieu", s'adaptant aux croyances de son interlocuteur, comprenant que le nom était trop sacré pour être prononcé "en vain". Son empathie était toujours aussi intense : Tobias ne souhaitait rien de mieux que d'offrir à l'homme ne serait-ce qu'un semblant de réconfort. Qu'il puisse partir avec l'esprit libre et le cœur allégé, si la maladie devait l'arracher à l'existence.

"Je prierais pour vous, Chad. Votre nom et votre souvenir ne seront omis d'aucune de mes prières à l'avenir."

Tobias était sincère : si ses prières étaient tout ce qu'il pouvait donner à Chad, il les exprimerait avec zèle, en espérant lui obtenir soulagement, le sauver ou, à défaut, guider son âme là où elle devait se rendre. Après un bref instant de recueillement, Tobias finit par ajouter, d'une voix emplie de sollicitude :

"Je suis tenu par le Secret de la Confession, Chad. Si vous ressentez le désir de vous soulager des douleurs passées et présentes, je peux recueillir ce que vous voudrez bien me dire. Et vous accorder le pardon de mon Seigneur, à défaut de pouvoir vous exprimer la commisération du vôtre."

La perche était tendue : il ne tenait plus qu'à Chad de la saisir. Pris dans sa compassion, Tobias ne put s'empêcher d'ajouter, non sans une certaine émotion dans ses mots :

"Vous pouvez rester ici autant qu'il vous siéra. Je ne vous laisserai pas seul."

Si l'homme devait agoniser en sa présence, Tobias ne l'abandonnerait pas. Il l'accompagnerait jusqu'au bout, peu importe ce qui pourrait arriver.

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@Chad Bennington
TW : religion chrétienne, discussion de la foi, mention d'homophobie

Chad avait quelque chose de profondément touchant. Il faisait partie de ces âmes brisées que Tobias aspirait instinctivement à aider, à protéger, vers lesquelles il persistait à tendre la main lorsque personne d'autre ne le faisait, et même quand cette âme était celle qui refusait son aide en premier lieu. Chad lui soufflait de réserver ses prières à ceux qui le méritaient. C'était une incompréhension fondamentale de la conception qu'avait Tobias de sa religion et de sa foi, qui le fit savoir à l'homme d'une voix patiente :

"Mes prières ne sont pas un privilège à gagner. Elles sont simplement là par espoir qu'un réconfort puisse être apporté."

Dieu s'adressait si régulièrement à lui pour orienter Tobias là où le destin devait diverger, était-ce prétentieux de sa part de vouloir croire que le Seigneur pouvait lui prêter oreille de temps à autre ? Si c'était bien le cas, le prêtre ne souhaitait rien de plus que de porter la voix et la détresse de ceux qui avaient l'impression que personne n'était là pour les écouter. Il n'avait pas de prière pour lui-même : pourquoi en aurait-il besoin, quand sa vie faisait tout simplement sens ? Quand il était Son messager ?

Tobias avait offert un espace de confidence à Chad. Une promesse sincère de ne pas le laisser seul. Il ignorait ce que l'homme en ferait, et, lorsqu'il décida finalement de briser le silence, le prêtre fit un effort conscient pour ne pas l'interrompre, pour le laisser déployer le fil de ses pensées, de ses peurs, de ses regrets.

C'était loin d'être la première fois que Tobias se sentait outrageusement sous-qualifié vis-à-vis d'une confession. L'homme n'était pas thérapeute, n'avait aucune formation autre que son éducation théologique, mais l'habit seul suffisait pour que les langues se délient, que les secrets lui soient confiés, avec tout le poids qu'ils représentaient. Tobias ne pouvait que faire de son mieux, en espérant s'aventurer sur le bon chemin. Dans ces moments-là, la voix de Dieu était désespérément silencieuse. Tobias ne pouvait compter que sur la sienne.

L'homme prit une profonde inspiration, faisant le tri de ses multitudes pensées, s'efforçant de naviguer dans une situation à mille lieues de tout ce qu'il pouvait connaître. Que savait-il, lui, de l'Amour et de ses tourments ? Il y avait renoncé avant même de le connaître, dans la poursuite de cette profession de foi qui était désormais sienne. Son cœur et son âme étaient réservés à Dieu, et Tobias aimait Ses enfants profondément, mais rien de tout cela ne s'approchait de ce que Chad pouvait décrire, de ce dont il souffrait actuellement.

"Je pourrais vous citer tant de passages de la Bible sur l'amour ou sur le pardon, mais quel sens cela aurait pour vous, Chad ? Je vous dois autre chose qu'un discours vide ou répété maintes fois."

Ce serait pourtant l'option la plus sûre, la moins risquée. Se réfugier derrière les écrits, derrière Ses paroles, et prétendre que cela était suffisant. Qu'il ne pouvait pas donner plus que cela. Mais Tobias ne s'était jamais conformé à ce qui était attendu de lui, ou aux carcans de son rôle. Un autre prêtre que lui se serait probablement interrogé sur la nature de l'amour que partageait Chad avec cet homme, comme si c'était là le noeud du problème. Tobias ne réfléchissait pas de la sorte.

"De l'amour tel que vous décrivez, je ne connais ce que les livres et les films peuvent bien en dire, mais je ne suis pas totalement étranger à cette douleur que vous mentionnez. Elle m'a accompagné dans ma foi, dans mes doutes, et c'est probablement une blessure qui ne se refermera jamais totalement."

Le poids des mensonges. La souffrance du non-dit. Tobias avait cru si longtemps que ce pouvoir qui était le sien avait une origine purement divine, le distinguant de ses pairs, faisant de lui le choix privilégié de Dieu. Mais ce pouvoir était hérité, hérité d'un autre qu'il ne connaissait pas, avec qui sa mère avait fauté, et, plus d'une fois, Tobias avait remis en question ses choix de vie, cette découverte ayant dépourvu de sens son existence toute entière.

Pourtant, ce sens, il l'avait retrouvé, en se confrontant à sa souffrance plutôt qu'en la fuyant. Et si cet Amour qu'il éprouvait pour Dieu valait tous les sacrifices, il n'en restait pas moins teinté d'amertume et de douleur. Le regrettait-il pourtant ? Souhaitait-il autre chose ? Non. Il était Son Messager. Il l'avait toujours été. Et rien ne pourrait changer cela.

"Je ne peux vous offrir qu'en toute humilité mon point de vue ignorant, mais il existe, à mon sens, des douleurs qui valent la peine d'être vécues. Il vous appartient ensuite de déterminer s'il y a quelque chose à apprécier de ces souffrances. Quelque chose de palpable ou de réel. Ou s'il vaut mieux les éviter, malgré ce qu'elles ont pu apporter."

S'il connaissait toute l'étendue de l'histoire de Chad, lui donnerait-il ce même conseil ? Probablement pas. Mais Tobias avait la naïveté de croire qu'il pouvait aider, en dépit de tout ce qu'il ignorait. Et c'était ce qu'il souhaitait faire, plus que tout. Aider. Supporter. Encourager. Porter sur ses épaules le poids que d'autres n'en pouvaient plus de soutenir.

"Je ne peux vous offrir ni les excuses ni les remords de l'homme dont vous parlez. Et il ne m'appartient pas de spéculer sur son état d'esprit. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il m'attristerait de vous voir partir avec des regrets non résolus. Je pense que le grand départ devrait se faire dans la commémoration de ce qui a été, et non dans la tristesse de ce qui n'a pas pu être."

Tobias hésita concernant le reste de ses paroles, repassant dans son esprit tout ce que Chad avait bien pu lui dire. Etait-il en train de le mener sur un mauvais chemin ? De le pousser vers davantage de souffrance ? Ce n'était pas ce qu'il souhaitait, mais qu'en savait-il ? Il n'était qu'un homme à qui l'on accordait une foi réservée à Dieu et ses représentants.

"Cet homme... Est-ce qu'il est dangereux pour vous ? Peut-être pourriez-vous lui délivrer le fond de vos pensées sans qu'il n'ait à vous voir. Une lettre, par exemple. Ou un messager."

Un messager comme lui l'était. Tobias savait qu'il risquait de regretter cette proposition, et il ne pouvait que songer à son ami, Seth, qui hurlerait de savoir qu'il se jetait une fois de plus dans les bras du danger sans y réfléchir à deux fois, mais il se trouva pourtant à offrir en toute sincérité :

"Je pourrais porter votre voix, si vous le désirez. Auprès de cet homme. Vous n'auriez pas à souffrir directement de sa réaction. De ce qu'il est prêt ou non à donner."

Tobias ajouta, malgré son cœur battant face à l'anxiété que pouvait lui inspirer une situation aussi vertigineuse que périlleuse :

"Vous l'ignorez probablement, mais je ne suis pas un prêtre ordinaire. J'ai reçu le don d'entendre Sa Voix et le Très Haut m'oriente là où je dois aller, auprès de qui je dois aider. Peut-être suis-je destiné à vous soutenir sur ce chemin de croix, Chad."

Il n'avait pourtant pas entendu la Voix se manifester, mais Chad n'avait pas besoin de savoir cela. Tobias se repentirait plus tard de ce mensonge par omission, si cela lui permettait d'aider cet homme face à sa détresse si palpable.