Locked up [PV Vesper]

La Louve grogne.
Sa méthode d'approche était pourtant rôdée, expérimentée depuis des années de travail acharné à la perfectionner. Elle avait calculé tout les obstacles en amont, étudié toutes les possibilités, savait précisément l'agenda routinier de sa victime, peut-être mieux encore que lui-même.
Tout était parfait.
Comme à son habitude.
Alors, comment ?
Comme ce grain de sable désobligeant avait-il pu s'insinuer dans ses rouages si bien coordonnés ?
Comment avait-elle pu manquer de vigilance au point de laisser cette femme prendre la tangente et la piéger ici ?
Elle l'ignore.
Et ça l'agace. Ca l'agace au point de perdre de sa concentration, ici, bloquée, dans cette pièce avec elle, alors que l'objet de sa mission n'est qu'à quelques mètres de l'autre côté de la porte.
Alors Vesper finit par se retourner vers la responsable. Elle. Elle qui parle, trop, elle qui déblatère et se justifie devant celle qu'elle a détourne de son chemin tout tracé, de cet ordre venu de ses nouveaux employeurs qui doit être exécuté au plus vite, tout comme cet homme. Un certain Francis O'Donnell, trafiquant de mod, revendeur illégal, bouc-émissaire d'un Thesée zélé. Peu importe. Elle n'est pas là pour le connaître.
Ni pour perdre son temps ici.

La tueuse à gages écoute en silence les boniments de son interlocutrice. Son regard pourrait la transpercer si elle en possédait la faculté, mais elle ne reste qu'humaine face à ce qui semble être une mutante capable de verrouiller des lieux. Un pouvoir étrange comme elle peut en constater partout en ville, et dans son milieu. Si elle avait peur d'une certaine concurrence en étant indépendante, maintenant qu'elle avait signé son contrat exclusif avec la corporation, elle n'était plus qu'une adversaire parmi les autres. Sa cible était la sienne. Cette femme n'avait pas à intervenir.
Mais c'est en écoutant son explication qu'elle comprend davantage son implication dans cette affaire. Vesper aurait dû se douter que l'Underapple couvrait son pesant de nuisibles prêts à se tailler la part d'un gâteau trop gros pour eux. Cette opportuniste faisait sûrement partie de ceux-là, à agir sans réfléchir, sur l'impulsion tentatrice de l'appât du gain. Quelque chose que Vesper peut comprendre, mais pas ici, ni comme ça, ni maintenant. Et surtout pas quand elle se sent mêlée malgré elle à ce genre de manque de discernement.
Mais une part d'elle-même se sent également responsable, malgré tout. Si elle avait fait preuve de plus de méfiance, elle aurait remarqué l'autre présence.
C'est son manque d'expérience sur ce terrain qui l'a précipité dans cette situation.
Une erreur de débutante.

Vesper considère le composant, le doigt en moins, tout ce qu'elle lui a dit, et tout ce qu'elle rejette. Un silence se prolonge une fois que l'offre de la jeune femme est posée. Une offre qui, malheureusement, n'a pas l'aplomb suffisant pour faire taire le plomb dans l'arme de poing que la tueuse brandit vers elle.

« Je ne suis pas intéressée par l'argent. Et je n'ai aucune garantie avec ton offre. » Le ton est dénué d'hésitation, contrôlé dans sa froideur presque aliénée. Un peu d'agacement est perçu en sous texte, alors que le canon du beretta s'approche dangereusement de la poitrine de l'inconnue parasite. « Je me fiche de tes implications personnelles, ce n'est pas mon problème. J'ai une mission à accomplir. »

L'arme finit par rencontrer le vêtement de la voleuse. À cette distance, la menace devrait suffire à la dissuader de l'entourlouper à nouveau. Mais Vesper reste sur ses gardes, cependant. Elle ne connait rien de l'étendu des capacités de cette mutante, dont elle préfère s'assurer de sa bonne collaboration. Dans la mesure du possible, s'entend.

« Si tu n'as pas de contrôle sur ton pouvoir, alors peut-être que ses effets se dissiperont si tu meurs. C'est une probabilité, même faible. » Elle le sait, pour avoir déjà abattu des mutants dont les effets des mutations s'estompaient une fois le contrat rempli de son côté. Les yeux de Vesper ne quittent pas ceux de la jeune femme en joug, ne cillent à aucun instant. Elle se sait prête à tirer, même si l'option ne la ravie pas plus que ça. Mais elle ne peut pas se permettre qu'un obstacle imprévu l'interrompt trop longtemps.
Il en va de son honneur en tant que professionnelle. « Est-ce je teste mon hypothèse, ou est-ce que tu te décides à faire un effort ? »

Elle compte, mentalement, les précieuses minutes qui s'égrainent alors qu'elle perd encore plus de temps avec elle.
Elle pourrait tirer dans la serrure, mais elle sait déjà qu'elle ne fera qu'attirer l'attention sur elles et ce n'est pas ce qu'elle veut.
Tout réside dans cette femme, et sa propension à être raisonnable.
Vesper, de toutes façons, ne lui laisse pas tellement le choix.