Happy face ;; Kuuno

27/02/2023

Un des avantages d'être plus petit que la moyenne, c'est qu'il a souvent les pieds dans le vide, selon la hauteur des chaises et bancs ; et ceux de cet amphi ne font pas exception, comme s'ils avaient été prévus pour des géants comme Kuuno plutôt que des petites personnes comme Roz - qui irait à dire qu'il est à une taille tout à fait respectable pourtant. Alors durant toute la durée de la conférence, il est à balancer tranquillement ses pieds, signe qu'il est attentif de la conférence donnée par l'homme rencontré peu de temps avant et qui, définitivement, avait rendu curieux Rosendo ; c'est qu'il lui semblait voir un autre homme à cet instant, bien loin de celui qui n'avait même plus été capable de parler à la fin de leur rencontre et qui avait dû passer par un sms pour lui dire au revoir - message auquel Rosendo avait répondu d'abord avec un emoji, avant de relancer plus tard suite au reportage qu'il avait bel et bien regardé. Pour autant, il n'avait pas encore eu les toutes bases et apprécie d'avoir des premières approches moins complexes - comme distinguer une mygale des autres araignées grâce à la forme de ses crochets ! C'est que ça, Rosendo n'en savait rien et que c'était intéressant de savoir ce qui pouvait changer et pourquoi elles étaient dans le même spectre familial sans pour autant être sous le même dénominateur !

Ceci dit, ils ne sont pas non plus foule ; juste assez sans doute pour donner aux parents et enfants un moment de pédagogie qui sauvera peut-être la vie de quelques araignées "domestiques" ; mais aussi montrer aux personnes intéressés par le cursus que ce dernier existe bel et bien à l'université et les encourager dans cette voie scientifique. Rosendo ne faisant parti d'aucune des catégories précédentes fait presque tâche, d'avec son grand âge et pourtant cette insouciance qui lui est propre ; a juste sourire durant l'heure où dure la conférence et durant laquelle il n'est sorti de son silence que pour répondre à une question lancée par Kuuno à l'audimat et à laquelle personne ne trouvait la réponse ; façon de se faire remarquer - même si en toute franchise il avait déjà dû être vu par l'homme - puis de montrer qu'il avait bel et bien révisé et surtout, de lui permettre de continuer sa conférence sans blanc dedans.

Alors quand elle se termine, du point de vue de Rosendo, ça semblait être une réussite tant tout le monde était venu s'agglutiner pour voir la mygale qui avait été ramené à l'occasion - miss muffet peut-être ? - et qu'il avait observé, toujours, le tout avec beaucoup de tendresse. Mais parce qu'il savait que dès lors qu'il serait à ses côtés, Kuuno allait de nouveau perdre ses moyens, il était resté sage jusqu'à ce que tout le monde soit parti. Pas qu'il s'imagine quoi que ce soit, mais il avait pu constater que sortir l'homme de son cadre avait une force tendance à le faire retourner dans sa timidité, alors... "C'était une conférence très intéressante, professeur !" En même temps, comment ne pas déjà lui donner envie de s'enterrer, en le taquinant directement ainsi, désormais seuls ? Rosendo retrouve pieds à terre - diantre, drôle de sensation - pour sortir du banc où il était assis et approcher de nouveau de son... Nouvel ami ? Difficile encore à dire, à définir.

Et si les américains ont une tendance à faire des accolades pour se saluer, Rosendo évite de prendre cette initiative - déjà qu'il ne l'est pas ! - pour lui rajouter du stress... Mais Roz reste Roz et sa bouche a tendance à parler plus vite qu'il ne réfléchit. "Tu es très élégant ! Ce costume te va très bien !" Un vil flatteur que l'ancien pendu ; pour ça qu'il était aussi apprécié par les clientes et que Leon ne pouvait pas le lâcher aussi aisément pour ça aussi ! "Comment ça va ?" L'accent est presque plus chantant que d'habitude encore ; ce sont les notes que la joie de le revoir vient à mettre dans sa voix.

Puis en plus, Rosendo sourit comme d'ordinaire ; avec tout son coeur, en somme.
(Et bien pour ça que c'est inquiétant quand il ne sourit pas...)

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I done did things that I regret, I done said things I can't take back

22/04/2024

Happy face

@Rosendo Cortes et @Kuuno Youngren

Le masque du conférencier était le plus facile à enfiler et conserver. Kuuno s'y était tant et si bien habitué qu'il en embrassait chaque aspect avec facilité, toute anxiété sociale évacuée au profit des connaissances qu'il partageait, se détachant pleinement de la situation pour mieux enseigner. Habituellement, chaque visage qui lui faisait face était inconnu, ou à peine reconnaissable, des traits qu'il oublierait sitôt sorti de la salle, une fois son déguisement retiré, une fois revenu à la réalité.

Cette conférence était on ne peut plus basique, une introduction aux espèces qui le fascinaient tant, dans l'espoir de les rendre moins détestées, moins incomprises. Kuuno avait pris part à tant de ces événements qu'ils commençaient à se mélanger dans son esprit, mais il était certain de ne jamais oublier cette conférence, puisqu'elle marquait une rencontre inattendue entre son univers privé et le monde public. Parce que Rosendo était là.

Kuuno l'avait repéré presque immédiatement, et s'était efforcé de ne pas lui accorder plus d'attention que nécessaire, plus que jamais conscient de la fragilité de son masque. S'il commençait à bégayer et rougir devant son public, c'en était fini de Kuuno et de ses conférences. Heureusement pour lui, Kuuno put se détacher facilement de la situation, avec l'habitude, et parvint même à accueillir une réponse de Rosendo à l'une de ses questions avec grâce, sans buter sur la moindre de ses paroles (un miracle).

Son cœur battait malgré tout à pleine vitesse, et Kuuno devait s'efforcer autant que faire se peut de ne pas communiquer sa nervosité ou sa tension à sa chère petite Miss Muffet, qui devait déjà s'accommoder d'être fixée de la sorte par les curieux qui avaient osé s'en approcher. Kuuno devait l'admettre, il était soulagé que cette conférence prenne fin, et que tout ce petit monde sorte de la pièce. Tout le monde... Sauf Rosendo, évidemment. Ses premières paroles eurent vite fait de briser le masque, et Kuuno se prit les pieds dans sa propre diction, perdant tout ce qui lui restait d'assurance :

"Oh... euh... C'est gentil. Vous... Vous n'avez pas à m'appeler "Professeur"."

Kuuno ne parvenait pas à se détacher des conventions et à se montrer familier avec Rosendo, comme un mur érigé entre eux deux. C'était ainsi avec la plupart des gens : rares étaient ceux envers qui Kuuno se permettait un langage qui n'était pas soutenu, le vouvoiement lui permettant inconsciemment d'instaurer une distance qui le protégeait.

Le compliment le frappa de plein fouet, et Kuuno fut aussi rougissant qu'un adolescent en émoi pourrait l'être, tirant nerveusement sur sa cravate. Très élégant ? Il ne savait pas trop. Il avait seulement cherché à être apprêté correctement, comme il se devait de l'être dès lors qu'il endossait le rôle de professeur ou de conférencier. Kuuno ne pouvait pas s'imaginer se présenter débraillé et décoiffé devant ses élèves ou ses spectateurs, quelle image renverrait-il de sa profession si c'était le cas ?

"C'est... hmm... C'est juste un costume. C'est normal pour ma profession."

Kuuno eut le sentiment qu'il se montrait peut-être un peu trop dur face au compliment, sitôt les mots prononcés, et réalisa qu'il n'avait pas même remercié Rosendo ni de ses gentils mots ni même de sa présence. L'embarras le saisit un peu plus et il s'empressa d'ajouter, tortillant une mèche de ses cheveux autour de son index :

"Oh, euh, je veux dire, merci ! Merci d'être là et... hmm... merci. Tout court."

Evanoui, le conférencier éloquent. Parti, le professeur plein de confiance dans ce qu'il disait et l'image qu'il renvoyait. Ne restait que l'homme bourré d'anxiété et de doute, qui pourrait être brisé par le moindre souffle de vent. Si seulement Kuuno pouvait maintenir ce masque à tout instant, sa vie serait beaucoup plus aisée qu'elle ne l'était actuellement...

Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer. Tout allait bien. Rosendo était quelqu'un de gentil. Kuuno n'avait aucune raison d'être aussi nerveux. Et pourtant, il l'était, coeur battant à tout rompre dans sa cage thoracique, rouge aux joues, son anxiété respirant par chaque pore de sa peau. C'était probablement pour ça que Kuuno n'avait pas d'amis : qui pourrait avoir la patience nécessaire pour supporter ses névroses durablement ?

"Je... Je vais bien. La conférence s'est bien passée. Enfin, je crois. N'est-ce pas ?"

Jusqu'ici, Kuuno était convaincu que c'était bien le cas. Qu'il avait fait une bonne conférence. Mais il suffisait du moindre doute pour que tout soit remis en question. Est-ce qu'il avait été suffisamment pédagogique ? Avait-il interagi correctement avec son public ? Peut-être aurait-il dû faire preuve d'un peu plus d'humour pour distraire son public... ou... ou...

Kuuno secoua la tête, chassant ses angoisses du mieux qu'il le pouvait. Pas question d'embêter Rosendo avec ses insécurités, pas alors qu'il venait de prendre la peine de se déplacer et d'assister à tout cela. Kuuno ne s'était pas attendu à ce qu'il puisse être aussi sincèrement intéressé par le sujet, et cette idée le touchait. Assez pour que son impulsivité, rarement manifestée, le pousse à prononcer des paroles des plus osées :

"Vous voulez boire quelque chose ?"

L'invitation était lancée, avant même que Kuuno ne réalise pleinement ce qu'il venait de dire. Sitôt l'eut-il compris que l'angoisse le saisit à nouveau, et il ajouta précipitamment, regard fuyant, marmonnant d'une petite voix :

"Pour vous remercier, je veux dire. D'être venu. Vous n'avez pas à... Ce n'est pas...Hem..."

Ca y est, Kuuno s'empêtrait à nouveau dans ses mots. Mortifié, il focalisa son attention sur Miss Muffet, dans son petit terrarium de transport, qui menait son existence de son côté sans se préoccuper de tout ça. Quelle chance elle avait... S'exprimant dans le langage de l'araignée, Kuuno laissa échapper une série de sonorités étranges, qui signifiait vaguement "Je suis en train de tout gâcher".

rainmaker

27/02/2023

Bien sûr qu'il n'avait pas à l'appeler ainsi ; mais pour un homme comme Rosendo, qui n'avait pas connu le luxe des longues études, il y avait quelque chose de charmant à le dire, même pour une taquinerie qui, définitivement, lui plaît bien. "Je sais." Qu'il lui dit, d'un ton qui se veut rassurant ; tout en sachant, sans doute, qu'il va le rendre un peu confus... Mais Rosendo est une personne un peu chaotique, dont les attentes sont souvent indéchiffrables même pour lui-même ; à varier selon le jour, l'heure, la personne. Pour autant, il n'est pas là pour juste faire perdre tout ses moyens à Kuuno, pas là pour le moquer ou l'humilier ; et sans doute que cette propension à vouloir le taquiner cache en son sein une envie d'apprendre à le connaître - enfin, c'est même sûr, il ne serait pas là sinon.

Alors le compliment qui s'échappe, naturellement, est pensé ; il se l'est dit dès qu'il était rentré dans la salle et qu'il l'avait vu ainsi ; forcément, c'est plus simple d'être mieux apprêté quand on a quitté son pyjama. "Le costume ne va pas à tout le monde !" Qu'il fait remarquer ; simplement comme un ajout, pour que le compliment semble plus sincère encore - parce qu'il a un doute quant au fait que Kuuno aurait pu, justement, croire à une moquerie ? Mais la situation semble s'alléger, alors qu'au contraire, le pauvre homme s'enfonce un peu plus dans son embarras - que, définitivement, Rosendo trouve touchant. "Tout le plaisir fût pour moi." Ce sourire tranquille, comme imperturbable par l'attitude de son vis-à-vis ; Rosendo n'était pas homme à s'inquiéter des maladresses sociales des autres, tant que son habilité à lui n'était pas remise en question non plus.

Alors, il l'interroge ; en croisant les bras contre le poitrail, doucement ; comme pour, une fois, prendre moins d'espace à son tour. C'est qu'il était intéressé par la question, qu'il n'avait pas forcément envie que Kuuno lui renvoie immédiatement, sans vraiment répondre. Mais une nouvelle fois, la nervosité le frappe de nouveau ! "Oui, c'était parfait ! Les enfants ont adoré, les parents repartent ravis aussi et pour les futurs étudiants, je pense qu'ils ont hâte de retrouver les bancs de l'amphi à la rentrée !" Même si, en vérité, Rosendo n'a aucune idée de comment ça peut se passer ; pas qu'il est complètement ignorant sur le sujet, c'est juste... Il n'a réellement aucune idée du niveau d'études qu'il faudrait, pour cette spécialité ?

Parfois, il se sent un peu bête ; et d'autre fois, il songe au fait qu'il a mené son entière vie pour sa famille et qu'il n'a aucune raison d'en avoir honte.

Et tandis que chacun était à se dénigrer un peu ou beaucoup dans sa tête, Kuuno s'ose à une question qui vient à cueillir Rosendo dans sa surprise ; agréable, ceci dit, cette dernière ! Il ne s'était pas attendu à pareille invitation en venant là, en toute franchise ; s'était imaginé... Qu'ils discuteraient un peu et que ce pauvre Kuuno fuirait la mygale sous le bras sitôt la première occasion à portée pour le faire ; pas que Rosendo soit une compagnie désagréable, juste... Le mexicain peut comprendre que l'autre homme ait besoin de temps pour recharger ses batteries, même après une courte discussion, tant il semble les vivre intensément ?

Mais pas le temps de répondre ; Kuuno se précipite pour rajouter quelques mots, comme pour dédouaner Rosendo de toute... Responsabilité dans cet échange ? C'était étrange de se voir retiré toute arrière pensée possible, comme si à les révoquer, c'était justement là où elles venaient à naître ? Roz n'aurait rien imaginé de prime abord, aurait accepté avec plaisir ; mais à le voir s'enfoncer ainsi, il y a un soudain micro doute ; ou une toute petite interrogation, quant à ce que Kuuno pourrait s'imaginer de son côté, pour y couper aussi vite court ?

Alors, y'a quelques secondes qui sont prises, pour l'observer, tandis qu'il broie du noir avec sa gorge, pour papoter avec la mygale - que Rosendo n'est pas sûr de reconnaître, c'est qu'il l'avait à peine vue la pauvre ! "Tu lui dis de me sauter au visage, si je dis non ?" Qu'il se tente finalement, dans un bout de sourire qui anime le coin des lèvres ; avec douceur, mais bien assez pour donner cet aspect rieur à ses yeux. Toutefois, il lui semble important de bien assez vite préciser que : "Je plaisante. Je sais bien que non." Juste au cas où, pour aussi lui dire quand il n'est pas sérieux.

Finalement, Rosendo casse un peu la distance pour poser ses coudes et bras sur le bord de table et observer Miss Muffet à son tour. "J'adorerais boire un verre avec toi." Sa tête penche légèrement sur le côté, alors qu'il observe la mygale - définitivement, il lui semble la reconnaître. "Peut-être même deux." Relève le nez, avise Kuuno derechef. "Le second, pour faire connaissance aussi, après celui des remerciements." Il ne sait pas bien dans quoi il se lance ; mais s'y tente tout de même. "Et en toute franchise, ces derniers n'ont pas tant lieu d'être. Je suis venu sans contrainte et j'ai beaucoup appris encore." Définitivement, oui. "Alors, ça serait plutôt à moi de te remercier et te demander... Tu veux boire quelque chose ?" Sans moquerie ; même une pointe de tendresse.

Il l'aime bien, cet homme à l'angoisse maladive ; Roz espère le voir un jour détendu.
Et pour ça, il faudra persévérer ; ça tombe bien, il n'a jamais rien lâché si aisément.

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I done did things that I regret, I done said things I can't take back