La symphonie des éclairs

27/08/2023

La symphonie
des éclairs
TW : mort, traumatisme

La tourmente de mes chants - Zaho de Sagazan

La galerie s’étend devant ses yeux. A l’entrée, Danessa hésite encore à faire demi-tour. Jamais elle ne serait venue là si ce n’avait été pour le nom de l’artiste, reconnu instantanément. Curiosité plus forte que tout, de voir son art, d’y retrouver ce passé qu’elle a tant détesté. Elle se dit que c’est peut-être l’occasion de retrouver Summer, puisqu’elles n’ont que peu parlé depuis.

New Blossom, ville des retrouvailles. Jamais elle ne remerciera la ville et, pourtant, elle n’y serait jamais venue pour autre chose que cet espoir insensé de retrouver des fantômes. L’ancienne Grande Pomme a su tenir ses promesses. Les rues pleines de mort-es d’un ancien temps.

Aujourd’hui ne semble pas différent que les autres jours. Même si Summer n’a jamais quitté ce monde, et qu’elle l’a toujours suivie de loin pour s’en assurer, elle a quitté son monde à elle il y a de cela bien longtemps. C’est dans la catégorie des fantômes qu’entre la photographe. Amie d’un temps. Alors Danessa se retrouve à nouveau à évoluer dans ce monde qu’elle n’apprécie pas, entre riches et opportunistes.

Elle regarde la plupart des photographies d’un œil mi-intéressé, esprit volontairement fermé pour ne pas ressentir ce que certaines scènes pourraient faire remonter. Elle enferme son cœur comme elle a toujours su le faire. Et c’est facile de porter ce masque qu’elle ne connaît que trop bien.

Jusqu’à la photo de trop.

La galerie disparaît. Le silence devient assourdissant. Il n’y a plus qu’elle et ce moment immortalisé qui assèche ses yeux à trop le fixer. Deux soldats devant un camp de fortune, l’un à terre, l’autre au-dessus de lui, visage flouté mais corps qui pleure. Il y a le désespoir de voir un des siens tomber. Mais ce que personne ne saura, c’est qu’il y a aussi l’incompréhension de l’avoir tué. L’arme du crime est un détail infime : bouteille renversée dans un coin, dont l’eau s’écoule encore.

Les mains de Danessa tremblent de colère et ça lui prend toute son énergie pour contrôler sa mutation, goût de métal en bouche sans même qu’il n’apparaisse. Les murmures de la galerie reviennent lorsqu’une présence se fait sentir à ses côtés. Elle la reconnaît du coin de l’œil, ne se tourne pas.

- Sam.

Le ton est froid, distant. Plus qu’il ne l’a jamais été envers la jeune femme, qui l’a connue lorsqu’elle avait encore l’espoir au bord des lèvres.

- That’s definitely your worst pic.

Elle retient des mots plus amers, qui feraient beaucoup plus mal. A toutes les deux. Elle aurait voulu n'être qu'heureuse de la retrouver.

- Shouldn’t I get some kind of money for this, anyway? You using me should’t be free.

Danessa sait qu’elle n’a rien à demander. Que Summer ne lui doit rien, elle qui a pris soin de rendre impossible à reconnaître les protagonistes de l’histoire. Mais Danessa a mal, ressent trop ce cœur qui tente de briser les chaînes de sa prison, pour que la raison l’emporte.

ft. @Summer Andersen

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unholy✧ We intend not to sleep 'til we're dead, drink our problems right out of our heads. Startin' fires wherever we go : trouble coming in the dead of night.

la symphonie des éclairs.
tw : ptsd,

Nuit sans sommeil. Journée passée dans un état second, un peu comme de la fatigue, un peu comme une vieille habitude dont elle ne se débarrasse pas. Summer a l’habitude de ne pas dormir, les traits tirés se dissimulent bien sous un peu de make up. Pas trop. Jamais a outrance si ce n’est le contour de ses yeux. Rien n’est jamais trop chez Summer, mais rien non plus n’est jamais assez assez. Esprit divaguant, nuit d’angoisse à ne pas vouloir céder à ce monstre qui vit en elle. Sieste d’aprés midi, seule au milieu d’une salle vide. Loin de tout. Loin de tous ceux qui dorment. Loin de traces de vie. Et puis ce soir, une nouvelle exposition. Et puis ce soir, se heurter au social, se mélanger à la haute societé, et à la societé tout simplement. Paraitre. Faire semblant. Elle est assez bonne pour ça aprés tout. Avec le temps qui passe, le manque de sommeil n’est qu’un vieux compagnon d’arme.

Elle n’a pas mis de talons cette fois. A l’aise dans des bottes qui feraient hurler son agent et ses parents. A l’aise dans des vétements qui ne laissent pas voir qu’elle est l’artiste phare de cette soirée, si on ne la connait pas. Photos de guerre qu’elle a choisi avec soin pour illustrer le theme de l’exposition. Photos de guerre chères à son coeur par les souvenirs qu’elles portent. Photos de guerre, qu’elle commente à certaines personnes ayant l’air interessées. Elle en vendra quelques unes ce soir, à ceux qu’elle juge dignes.

Une silhouette figée devant l’une de ces photos la marque, l’interesse. Souvenirs d’un temps qui n’est plus — pour l’une d’entre elles en tout cas. Souvenirs de mauvais moments que Summer peut être n’aurait jamais du afficher. Souvenirs oui, qui la font se rapprocher. Elle n’a pas peur de ce qui peut heurter aprés tout Sam, elle n’a jamais été peureuse. Equilibriste de la vie. Ses pas la font rejoindre Danessa, et si elle s’apprete à parler, c’est le ton qui pourrait presque la glacer.

Il y’a des yeux qui roulent un peu vers le ciel, et cette attitude d’enfant gatée qu’elle aurait pu avoir. Mais plus profond, il y’a une comprehension, peut être presque une gène. Partagée, Summer. Fatiguée, Summer. Mais toujours fidèle à ce qu’elle est.

« There is so many things I could say about paying for using you, and how priceless you could be. » Ce n’est pas une phrase un peu charmeuse, et un peu légère qui sauvera la conversation pourtant — Ce n’est pas une phrase comme ça qui la fera oublier le trauma que ce cliché peut apporter. Alors il y’a un silence.

Pesant.
Battements de coeurs qui battent quelques instants.
Bataille entre l’égo de l’artiste, et la raison de cette femme qui s’y connait trop en trauma.
Comment aurait elle reagit elle, si ses crimes inconscients avaient été immortalisés, et tronaient sous ses yeux ? Comment reagirait elle ? Elle hairait le monde plus qu’elle ne le hait déja.

« Never thought you’d seen that one to be honest. And I made sure no one was recognizable. » Un soupir. Des yeux se fixant sur cette silhouette jadis amicale. « That sounds like shitty excuses, I know. » Le fait qu’elles soient sincères ne change rien, ses excuses sont nazes, et peut être que Sam, se sent aussi naze qu’elles.

ft. @Danessa Dayan

27/08/2023

La symphonie
des éclairs
TW : mort, traumatisme

La tourmente de mes chants - Zaho de Sagazan

La blague aux sous-entendus douteux l’aurait faite sourire, rire, surenchérir. C’est l’humour qu’elle apprécie le plus. Mais pas maintenant. Pas alors qu’elle a l’impression que ses entrailles se referment sur elles-mêmes, écrasent ses organes. Ou pire : s’exposent au monde entier.

Danessa déteste paraître autre chose qu’être en pleine possession de ses moyens. C’est elle qui doit contrôler la situation, pas l’inverse. Et ce n’est pas le cas, tandis que la photo la nargue toujours, lui renvoie ce reflet d’un passé qui lui a trop fait versé de larmes, qui l’a changée.

Elle n’est plus que les conséquences de tout ça. Peut-être qu’il serait temps pour une de ces réunions au groupe de soutien avec Thiago. Mais Danessa sait qu’il n’y a pas que l’armée. Il y a tout le reste aussi. Et, surtout, il y a elle-même.

- That’s not shitty excuses.

Le ton est toujours volontairement plat. Elle ne veut pas être particulièrement méchante envers Summer.

- That’s not excuses at all.

Mais elle ne peut pas s’en empêcher. Colère qui l’a toujours animée, qui fait office d’armure pour ne pas que la douleur la terrasse devant toustes ces riches qu’elle ne veut jamais revoir. Devant Summer, aussi. Parce que ce n’est pas les retrouvailles dont elle veut. Ni celles-ci, ni celles où les pleurs viennent remplacer les mots.

- I guess I could have sued you, if you hadn’t blurred the faces.

C’est dit avec la menace habituelle de la lieutenant qui fait son job. Doucereusement.

- I didn’t want to see it. And I don’t think I want anybody else to see it. But I probably can’t afford it, can I?

Et elle se tourne enfin vers la jeune femme. Amitié qui revient s’insinuer en elle. Elle s’en veut presque, de ne pas arriver à être la Danessa qui appelait Sam en riant, insouciante. Presque. Danessa ne s’en veut plus de grand-chose. Elle ne vit plus que pour elle et la vengeance. Ne s’anime que pour la haine et la luxure.

Summer, aussi, porte sans doute le poids de toutes ces années. Toutes les guerres vécues. Mais Danessa n’est pas en mesure de le voir ni le comprendre sur le moment. C’est déjà un miracle qu’elle arrive à se contrôler, elle. A contrôler cette mutation qu’elle déteste, qui la fait se détester elle-même.

- It’s like you haven’t aged at all.

C’est faux. Elle voit les marques du temps sur le visage de Summer comme elle les voit dans le miroir tous les matins et tous les soirs. Mais ici, devant cette photo qu’elle maudit encore silencieusement, Summer est la même. Avec la même empathie que Danessa n’arrive plus si souvent à avoir.

ft. @Summer Andersen

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la symphonie des éclairs.
tw : ptsd,

Ah. Elle pourrait se maudire d’avoir offert un jour au monde d’aussi belles photos, qu’elle n’a pu se résoudre à les bruler, les détruire. Elle devrait se maudire d’avoir autant de talent. C’est peut être ce qui arrive aussi, et peut être… peut être qu’elle n’aurait jamais du publier celle ci. Alors elle peut se trouver des excuses, elle n’avait plus parlé à Danessa depuis des années, personne ne sait que c’est elle, personne ne sait l’origine de ce cliché, ce n’est qu’un parmi tant d’autres, mais Summer sait la verité, à la place de son amie, elle aurait été brisée de voir ses cauchemars, ses pouvoirs, ainsi immortalisés. Doit elle se raccrocher aux branches alors, ou juste simplement accepter de sombrer dans le gouffre ? Doit elle juste… ignorer, et passer a autre chose, comme elle pourrait si bien le faire, ou bien devrait elle frapper la où ça fait mal ? Non. Jamais. Son égo ne vaut pas tout ça, son égo ne vaut pas son humanité.

« I know. » Tous les masques s’affaissent, et Sam aurait aimé qu’il n’y’ait plus personne dans la galerie ce soir. Ca serait trop esperer. »But I am. Sorry, I mean. » Epaules qui s’affaissent, apparences qui n’ont pas besoin d’être conservées, pas quand Danessa se retourne et la regarde enfin. « Ah you could have yes, but we both know I know how to do my job. » Aucune face non volontaire n’est reconnaissable. Elle pourrait payer toutes les charges, elle se fiche de ça, elle n’a juste pas envie de blesser qui que ce soit. Pas ceux qui ne le méritent pas.

Alors il y’a des mimiques, la façon dont Sam joue avec le pan de sa chemise, la façon dont elle se mord la lippe inferieure. Elle reflechit, elle cherche une solution, et elle sait qu’au fond il n’y’en a qu’une. Ses yeux se fixent quelques instants sur la photo, comme si elle cherchait un miracle, puis finalement elle regarde Danessa. Reflexion, rire amer. Haussement d’épaule désabusé à nouveau.

« We all age, sometimes it’s not just on the outside, but the inside is slowly dying. » Charmantes paroles. « Still, you’re just as beautiful as I remember, even more. Maybe getting old is suiting you. » Naturel qu’elle ne peut s’empecher. Compliment qui est sincère, même si il est dit d’un ton qu’elle veut amusé. Comme si ça pouvait briser la dureté du moment, comme si ça pouvait casser le taboo qui se glisse, le mal qu’elle a causé avec cette photo. « I could, I mean.. » Summer, si sure d’elle, Summer si caracterielle, perd un peu ses mots.

« I could take it off. If you want. » Ses yeux se fixent quelques instants dans ceux de Danessa. « Art is simply art sometimes, but it has no value if it hurts good people. » Et Danessa en fait partie. Elle, elle ne sait pas si c’est le cas. Elle pense que non. Elle ne sera jamais une bonne personne, pas quand on sait ce qu’elle fait parfois. Ah, ça n’a peu d’importance. Sa moue redevient naturelle, usuelle. Cet air un peu détaché mais néanmoins intense. « I’m the Artist after all, if I want a piece out of the wall, I can do it. Your word. » Enfin, elle serait déja en train de détacher le cliché, si elle n’était pas trop petite pour arriver en haut.

ft. @Danessa Dayan

27/08/2023

La symphonie
des éclairs
TW : ptsd, langage vulgaire

La tourmente de mes chants - Zaho de Sagazan

« But I am. Sorry, I mean. »

- I know you are.

C’est dit comme une simple constatation, doucement. Danessa ne dira pas qu’elle accepte les excuses. Même si c’est le cas. Elle en veut à la photo d’exister, mais elle n’arrive pas à en vouloir à Summer de l’avoir prise. Elle sait qu’elle ne peut même pas lui en vouloir de l’afficher. Comme la photographe l’assure, les deux femmes savent qu’il n’y a rien qui vaut une poursuite en justice.

La lieutenant laisse échapper un léger sourire en coin, devant l’ego qui ressurgit un peu. Celui-là même qu’elle manie sans honte aucune, qui lui fait plaisir à entendre de la bouche de son amie, qui lui rappelle des discussions plus agréables à deux.

Et Danessa l’observe se triturer les méninges physiquement, jouant avec ses vêtements, se mordant la lèvre. Ça lui fait froncer les sourcils, attendant le verdict, la décision sous toutes ces questions intérieures, alors qu’elle doit mettre toute son énergie à ne pas laisser sa main empoigner son arme dans son holster simplement pour se rassurer. Pour se rappeler que le métal sous ses doigts n’est pas le sien.

Les prunelles pétillent pourtant sous le compliment. Ces petits bouts de conversations qui l’empêchent de laisser le tourbillon de colère et de douleur ne faire d’elle qu’une tempête égarée. Le léger sourire plein d’ego, amusé, revient un instant.

- I don’t get old, I get wiser.

Et si quelqu’un lui répondait la même chose, elle dirait que that’s what old people say, mais elle s’en fout. Elle a vécu le temps comme une souffrance, quand les années s’écoulaient sans Leta à ses côtés. Depuis bien longtemps, elle préfère le voir comme une simple donnée sur son corps et, oui, comme un embellissement. Ego qui ne faiblira jamais sur le paraître.

Danessa ne fait que retenir le commentaire précédent, moins joyeux. Preuve, sans doute, que Summer n’est plus tout à fait la même, a vu trop d’horreurs, trop pour qu’elles soient toutes exposées dans cette galerie seulement.

Vient ensuite la proposition. Alors que les yeux de la photographe la fixent et Danessa sent la colère monter à nouveau en elle. Ressentiment qui paraîtrait incompréhensible aux yeux de n’importe qui, mais que Danessa ne connaît que trop bien. Elle déteste ce sentiment de gratitude qui monte en elle. Elle déteste se sentir soulagée à l’idée que la photo ait disparue de son champ de vision, du champ de vision de tous les visiteurs. Elle déteste se sentir faible au point d’être rassurée parce qu’une simple photo ne sera plus accrochée au mur.

- You’d do that for me? No. Fuck, Sam.

Les mains tremblent, le myocarde s’affole et les larmes retenues plus tôt tentent à nouveau de se frayer un chemin. Mais Danessa a toujours su les cacher, depuis son plus jeune âge. Elle ne commencera pas à se trahir aujourd’hui. Elle retient également son envie viscérale de faire demi-tour, de quitter la galerie pour se rendre au seul endroit qui lui parait pouvoir apaiser tout son être. Déjà prête à envoyer un message à Wyatt pour lui dire qu’il faut qu’il soit là, qu’il doit être là. Sans lui dire qu’elle a besoin de lui alors que c’est le cas.

Mais Danessa ne fait pas demi-tour, elle regarde Summer et l’éclat de haine se transforme en dégoût. Dégoût d’elle-même, toujours. Sans comprendre pourquoi son amie voudrait faire ça. Sans vouloir qu’elle le fasse parce que c’est exactement ce qu’elle veut.

- I’m being awful to you and you still want to… please me? Is it just a people pleasing complex?

Les mots sortent plus hargneusement qu’elle ne le voudrait et Danessa lâche un soupir pour se calmer. La photo lui fait toujours de l’œil. Alors elle détourne finalement le regard de celui de Summer et la regarde à nouveau.

- I’m no good people.

C’est dit comme une simple constatation, amèrement. Danessa sait qu’elle n’a jamais été une bonne personne, et que ses premiers méfaits remontent à bien des années avant qu’elle ne rencontre la photographe.

- If anything, this proves it all. You know that better than anyone else, actually.

Parce qu’après tout, elle a été l’une des premières à être témoin de ses crimes à cause de sa mutation. L’une des seules à être encore en vie pour le témoigner, aussi.

ft. @Summer Andersen

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