Shine ;; Amapola

D'ami.es en ami.es, Amapola a fait son nid. Les soirées de New-Blossom recoupent les même cercles concentriques, menant de relations en relations, car la ville n'est pas si grande que ça au fond. Ce soir encore, elle sort, rencontre, s'amuse, sourit puisqu'elle en a envie, et que la soirée ne fait que commencer. Elle a beau être seule, peu importe, il lui suffit d'entendre les conversations alentours, de profiter de l'ambiance naissante et du monde présent dans ce petit appartement du centre ville. Ses yeux pailletés se posent ça et là, intéressés par les bribes de vie qu'elle écoute, par les salutations qui lui sont adressées, par les conversations qui en découlent fatalement et par les quelques rires qu'elle arrive à retirer de gorges qu'elle ne connait pas. Elle est comme ça : pas besoin de grand chose pour vouloir sympathiser avec qui que ce soit.
Assise sur l'accoudoir d'un sofa après avoir quitté un petit groupe pour se rafraîchir, une voix dans son dos la distrait, la poussant à lever les yeux vers sa source. Quelle n'est pas sa surprise d'y trouver une bouille absolument lumineuse, qui lui donne immédiatement envie de sourire à son tour.

« Oh mais ! Ysiii ! » Sa voix caracole de joie vers les aiguës tandis qu'elle se lève immédiatement vers lui. Elle se souvient parfaitement de lui, même si leur rencontre n'a été que brève la dernière fois, lors d'une fête du même genre chez une autre amie en commun, visiblement ! Et ça la ravie véritablement, parce qu'un garçon comme Ysidro, elle n'en connaît pas deux comme lui. Elle se permet de lui rendre l'étreinte offerte, profitant de la chaleur de ses bras dans cette foule d'inconnu.es. « Et toi alors ! Je savais pas que tu connaissais Clarissa aussi ! » La maîtresse des lieux est occupée à fumer sur le balcon avec une poignée d'invités, leur laissant tout le loisir de discuter tout les deux. Ce qui n'est pas pour déplaire à Amapola, ça non !

Il y a cette chaleur franche dans son cœur quand Ysidro complimente sa tenue, la poussant à glousser de satisfaction. Elle n'aurait pas passer des heures dans sa penderie et sa salle de bain pour rien, au moins ! D'un pivotement de danseuse émérite, elle tourne sur elle-même pour lui montrer toutes les coutures de cette robe hors de prix sur laquelle elle a tout de suite craqué - mais qu'elle n'a pas payé de sa poche, encore heureux ! Ses porte-monnaies ambulants sont bien là pour ça après tout... « Tu n'es pas mal non plus ! Que guapo ! » Elle le pense et l'affirme, détaillant le jeune homme en souriant toujours plus. Elle prend sa main pour le faire tourner à son tour sur lui-même, et elle doit bien l'avouer : son charme n'est plus à prouver. Ysidro est aussi adorable que beau, ce qui fait bien son affaire. Et puis, pour compléter le tableau, il a de la conversation ! Tout pour plaire, en vérité.
Elle secoue négativement la tête lorsqu'il lui demande si elle est accompagnée. « Non, si ce n'est par l'envie de m'amuser ! » Son regard déterminé est déjà habité par le rythme des sons qui se font entendre en fond, autour d'eux et du bruit des conversations. Elle espère que le reste de la soirée sera propice à se déchaîner sur la piste improvisée : elle ressent l'irrépressible envie de bouger, toute la nuit s'il le coeur lui en dit. « Et toi ? J'ai cru reconnaître ton amoureux dans la foule, Maxence c'est ça ? » Elle n'est pas tellement sûre du nom, Ysi confirmera ou non. En attendant, elle se tourne vers le buffet pour attraper un verre de cocktail maison "made by Clary", plus prompt à papoter avec de quoi boire pour s'hydrater. « On se pose ? Pour une fois qu'on a le temps de discuter ! La dernière fois, c'était vraiment trop court ! »
Vrai que la dernière fois, ils n'avaient pu échanger que des banalités, avant de devoir se quitter. Ce n'est pas pour autant qu'il ne l'a pas marquée... au contraire, même !

Ama trinque, le cœur léger, toujours, dans ce genre de contexte. Car après tout, la soirée est bien faite pour ça, non ? Parler de tout, de rien, badiner gaiement et qui sait, peut-être repartir deux fois plus heureuse qu'elle ne l'était en passant la porte. Les soucis sont loin, les problèmes peuvent attendre le lendemain.
Pour l'heure, seul l'amusement prime, et Ys, c'est la définition même de la joie innocente, du peu qu'elle en connaisse. Et ce dont elle est sûr, c'est qu'elle veut le connaître !
Il ne ressemble tellement à personne d'autre, ce gars !

« Moi aussi, guapito ! Vraiment, c'est un plaisir ! »

Et ils ne se sont pourtant rien dit de bien transcendant jusqu'ici, mais Amapola le ressent, une sorte de feeling inexplicable qu'elle arrive à détecter avec les gens pour lesquels elle peut s'attacher. Ysidro est clairement de ceux-là, alors pourquoi s'en priver ? Le hasard les a réunis, alors autant en profiter !

Ama s'assoit donc, les jambes effilées croisées contre le sofa, presque prête à retirer ses chaussures pour s'installer encore plus confortablement afin de discuter toute la soirée. Bon, peut-être après quelques autres verres et deux ou trois tours sur la piste de danse, elle avisera !
Pour l'instant, il s'agissait de converser. Et heureusement qu'Ys est là pour lui rappeler le cours de leur dernière conversation, parce que si Ama devait compter sur sa sempiternelle mémoire défaillante des petits détails, son agenda serait plus remplis de trous qu'un délicieux gruyère suisse !

« AH ! C'est ça, oui, la collection ! Oh d'ailleurs tu savais que celle de Saint-Laurent avait été leakée la semaine dernière sur les réseaux sociaux ?? L'équipe marketing doit être FU-RI-EU-SEUH ! » Les cancans autour de la mode, vraiment, c'est tout ce qu'elle préfère. Un monde qui l'attire autant qu'il la fascine, faut dire qu'elle avait construit une partie de son identité en découpant en cachette les vieux magazines codés féminins que sa mère ne lisait plus. Leur destin était de filer à la benne, autant qu'elle les récupère et en cache ses pages préférées dans sa boîte à secrets, pas vrai ?
Elle les admire toujours un peu, et les jalouse tout autant, ces jolies filles qui ont la chance de porter des pièces pareilles. Mais elle n'est pas en reste, après tout. D'un petit air triomphant, elle répond à la question d'Ysidro en sortant son téléphone dernier cri - acheté grâce à la générosité d'un ex-client, merci au daddy ! - dont tout les petits charms accrochés à la coque moulées de fraises en 3D résonnent quand elle tapote son code. Puis, elle lui montre la photo du fameux manteau, tronant dans sa petite penderie. « Tadaaaaaaaa ! Bon, j'vais devoir manger des pâtes jusqu'à la fin du mois, mais ça valait carrément le coup non ? Il est pas magnifique ?!! » Si, évidemment ! Et elle le porte si bien, elle a très hâte de lui montrer !
« Il me fait tellement penser au manteau d'une actrice là, tu sais, dans la série dont tu m'as parlé l'autre fois... ! Comment elle s'appelle déjà ? J'suis sûre qu'elle a porté quasi le même sur les photos que tu m'as montré ! » Elle se creuse la tête mais vraiment, le nom ne lui revient pas. Encore une fois, un brillant exemple de sa mémoire fromagère, super !
Un simple éclat lui vient, alors qu'elle fait clinquer le bruit de ses longs ongles sur l'écran de son téléphone, à la recherche de cette fichue série.
« Mais au fait ! J'ai pas ton numéro, si ? » Non, elle le saurait, enfin ! « Va falloir corriger ça, vas-y, donne ! » C'est dit avec tout l'enthousiasme procuré par la soirée, entre l'effervescence locale et le bonheur de partager ces moments tout simples.
Ca lui avait manqué, fallait bien l'avouer.