naked and laughing with my blood on the ground. (arthur & cruz)

naked and laughing with my blood on the ground
@Cruz Emerson & @Arthur Sanders

TW : violence
La vie de Cruz Emerson était réglée comme du papier à musique… qu’on s’amusait à dérégler volontairement pour feinter l’inconstance. Depuis plusieurs années de cavale, le jeune homme avait appris à ne pas se faire remarquer, à ne jamais emprunter les mêmes chemins, à n’ouvrir sa porte pour retourner chez lui que s’il était sûr de ne pas être observé. On n’était jamais trop prudent lorsqu’on était un mutant, et de surcroît un mutant meurtrier. Si la pression était quelque peu redescendue, il avait mis un point d’honneur à rester sur ses gardes, notamment parce qu’il avait l’impression depuis quelque temps maintenant d’être suivi. Au début, on se disait que c’était la paranoïa d’une vie chaotique rythmée par l’anxiété de la traque, puis les soupçons s’étaient avérés un peu plus probants, jusqu’à qu’il en soit quasi certain. Oui, quelqu’un, quelque chose, le chassait, littéralement. Il pensait à quelque chose car son instinct l’amenait à penser qu’il s’agissait d’un autre mutant. Des ennemis d’Icarus, Cruz en avait rencontré à la pelle; peut-être l’un d’eux avait réussi à le retrouver et avait mis un point d’honneur à le clouer entre quatre planches.

Toutefois, Cruz Emerson n’était pas prêt de mourir, encore moins ce soir. Capuche sur la tête, tout vêtu de noir plus noir que noir, les mains dans les poches, il arpentait les ruelles, tournant tantôt à droite, tantôt à gauche. Il en devenait flagrant qu’il tentait de fuir. Il accélérait le pas, chancelant parfois, trébuchant même, jusqu’à atteindre un parking délabré à ciel ouvert. Il tourna sur lui-même, observant les alentours, ses yeux faussement paniqués tentant de percer le voile fin de l’obscurité, obscurité seulement dérangée par la faible lueur d’un lampadaire en piteux état. Oui, Cruz Emerson était aussi bon acteur qu’il était fugitif; leurrer le chasseur à se prendre à son propre piège, voilà ce qu’il avait tenté de faire. Réussite ou non, Cruz s’en fichait; au moins ce soir, il affronterait officiellement son adversaire.

Le calme environnant annonçait la venue prochaine de ce traqueur anonyme. Au fond de ce parking abandonné, Cruz avait gardé les mains dans les poches, le dos tourné, bien en vue toutefois. Il s’offrait là, au beau milieu de la nuit, et le pari était quitte ou double; à tout moment, se faire occire sans demander son reste était tout ce qu’il récolterait. Il patientait, immobile. Ses poings se serraient dans ses poches, il sentait également la chaleur de son corps s’intensifier, et une faible lueur rouge s’échappait de ses iris habituellement couleur noisette.

Une brise effleura son visage, comme annonciatrice de l’arrivée de la bête, comme si le souffle de cette dernière balayait sa pretty face. Il pariait sur l’avenir avec son prochain coup : soit il tuait un ou une pauvre innocente, soit il s’en prenait effectivement à cette némésis dont il ignorait le sexe. Dans un volte-face déterminé, sa capuche tomba, révélant son visage et ses yeux d’un rouge si intense qu’il transperça la nuit noire; un rayon d’énergie plasma fusa de ses iris pour trancher avec fureur le calme environnant. Les alentours s’illuminèrent de ce rouge familier, comme si des douzaines de voitures avaient leurs feux-arrières allumés pour éclairer ce parking. Le rayon se stoppa un instant avant de reprendre aussitôt, visant cette silhouette inconnue. Cruz ne savait s’il l’avait effleurée ou non, mais le bruit de ce rayon d’énergie dévastateur était tel qu’il envoyait au moins le bon signal : il ne s’agissait pas là de n’importe quel mutant.

Finalement, le silence revint. Plus aucun son après ce vacarme, quasi plus de lumière après cette intensité, si ce n’était ce pauvre et réfractaire lampadaire; lui tenait encore debout. Était-ce aussi le cas de la bête ?

Show yourself now, moron, lança Cruz dans la nuit noire et obscure ~~(obscure et sombre)~~.

naked and laughing with my blood on the ground
@Cruz Emerson & @Arthur Sanders

TW : violence, mention de sang.
Échec – nom masculin
Résultat négatif d'une tentative, d'une entreprise, manque de réussite.

Parmi les nombreuses choses qu'Arthur avait en horreur, l'échec se hissait fièrement à la première place. Il l'avait déjà connu à de nombreuses reprises et il le vivait toujours avec une rage déraisonnée. Particulièrement quand cet échec concernait l'une de ses cibles, et encore plus quand il concernait sa cible préférée.

Cruz rôdait toujours, et beaucoup d'indicateurs mettaient en lumière le fait qu'il était particulièrement doué pour lui échapper. Après tout, le Chaser était à ses trousses depuis trop longtemps déjà. S'il l'avait délibérément laissé courir aussi longtemps, c'était par jeu plus que par volonté : il pouvait l'attraper quand il voulait...Du moins, c'est ce dont il s'était persuadé avant d'y être réellement confronté. Le microbe avait grandit, ses pouvoirs et sa méfiance avec. Encore trop attaché à l'image du jeune homme qui hantait tous ses souvenirs d'avant l'accident, Arthur était tombé de haut une deuxième fois.

La plus grosse trahison avait été d'apprendre -quelques secondes avant l'irréparable- que celui qu'il protégeait et aimait s'était injecté du Vitae. L'amour qu'il lui portait était mort à l'instant où la maison avait explosé, et Arthur n'entretenait que l'espoir d'une vengeance froide -une sorte de nettoyage, il y aurait un dégénéré de moins sur cette Terre.

Du moins, c'était la version officielle. Les choses étaient beaucoup plus complexes et il aurait suffit d'un coup de feu à distance pour se débarrasser du garçon : le Chaser n'avait jamais pressé la gâchette et l'idée ne lui avait même pas effleuré l'esprit. Il y avait une sorte de possessivité malsaine qui s'était immiscée dans l'esprit d'Arthur : le destin de Cruz lui appartenait et toute cette traque n'était pas uniquement dédiée à la vengeance. C'était bien au dessus.

Aveuglé par le désir d'enfin poser ses mains sur ce sale petit con, le Chaser s'était laissé berner de façon grandiose. Il l'avait évidemment suivi à la trace. Ses implants rendaient la traque plus simple et sa vision nocturne dévoila la silhouette bien connue de Cruz. Complètement vêtu de noir et de vêtements tactiques, le Chaser était masqué. Il était si discret que même son souffle était imperceptible.

Quand Cruz attaqua en premier, le Chaser sourit. Il évita le rayon de justesse grâce à une roulade et il mit sa prothèse devant lui pour se protéger de l'assaut. Il avait spécialement installé un implant militaire pour mettre la main sur lui. Remontant la distance jusqu'au jeune homme avec une vitesse propre à l'envie de vengeance, le Chaser posa enfin sa main sur gantée sur lui. Il l'attrapa par l'épaule avec une force digne d'un prédateur ayant enfin bloqué la nuque de sa proie dans sa mâchoire.

D'un grand fauchage de la jambe, il le fit tomber par terre, l'attrapant par la gorge et le faisant glisser sur l'asphalte, penché sur lui.

« Here you are with your pretty fucking face. » Commenta le Chaser. Il remonta sa main jusqu'à sa mâchoire, pressant ses joues. Si le masque restait d'une inexpressivité froide, on devinait tout le sadisme qui se cachait sur le visage du chasseur. « I got you. »

Sans attendre, il s'empressa d'asséner un coup de poing dans la mâchoire de celui qu'il avait un jour considéré comme la personne qu'il aimait le plus. Il s'arrêta, voyant qu'il avait fait couler son sang -Il le tenait enfin. Une joie extatique s'empara de lui, lui faisant perdre sa concentration l'espace d'une seconde.