delivery of a culprit

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tw ; mention de nécrophagie, troubles mentaux et culpabilité

Le problème dans les imprévus c'est qu'il sait pas bien les gérer : il se laisse engloutir par la faim comme par le temps, ses pensées se cassent la gueule et son peu de bienséance avec. Alors non, Cam n'a guère eu droit à un petit message truffé de fautes d'orthographes pour le rassurer que son vieux pote n'arrivera pas à l'heure pour lui rapporter ses courses de la semaine. C'est dire s'il a fallu du temps pour qu'il le considère comme ça d'ailleurs, Alastair ayant imposé sa présence sous prétexte qu'il reconnaissait son odeur, et pas qu'un peu même ; c'est juste un peu con qu'il se rappelle pas trop le pourquoi, alors que le hacker lui, est très au fait que l'homme peut devenir bête (premier et second degrés).

C'est même moins amusant que ça, puisqu'après avoir rendu service à Em dans tout ce qu'on peut imaginer de pire, Alas a juste envie de se laisser mourir dans un coin de l'Underapple, se mettre à parler des affres de l'existence à un sans-abri qu'il aurait au demeurant pu écorcher vif dans d'autres circonstances. Est-ce qu'il a envie d'en parler à Silke ? Vraiment pas, en fait, il a même pas besoin de lui dire quoi que ce soit qu'on serait guère étonné que sa jumelle sente quelque chose dans son bide même séparés d'une dizaine de kilomètres l'un de l'autre. Dans son errance, c'est à peine s'il se rappelle qu'est-ce qu'il devait acheter au Queen (c'est à cause de son nom qu'il a toujours le pire passage de bohemian rhapsody dans la tête quand il s'approche de son van aménagé).

Pour l'heure, il est aux emplettes, et y'a toujours des connards pour essayer de lui vendre des trucs qu'il ne veut pas.

"Pas cher ! Pas cher ! - Arrh, ta gueule," S'ajoute à cela le cabot à moitié rouillé à ses pieds qui se met à japper comme s'il avait avalé une cannette de bière (putain de roquet). Ils réagissent tous comme ça quand il est là, et aujourd'hui plus que les autres jours, Alas l'aurait bien foutu dans le caddie d'à côté et le pousser pour qu'il fasse un tour loin d'ici. Le sac à dos militaire est plein à craquer de bouffe et avec ce qu'il s'est enfilé un peu plus tôt, le Sørensen est tout sauf prompt à taxer la logistique alimentaire cette fois-ci. Une chose est sûre, il va pas dormir là-dessous ce soir, et il est déjà ce soir à vrai dire, alors il s'agirait peut-être qu'il dise à sa sœur qu'il va lui aussi rentrer plus tard que prévu, mais il a tout juste la force mentale de filer jusqu'à son objectif sans pousser les carcasses qui sont sur son chemin.

"Putain c'est quoi ça encore," Qu'il expulse d'entre ses lèvres en jetant un coup d'œil derrière le van (il en aurait presque encore le goût, bordel), "Dégage de là," alors qu'il essaie de shooter dans un fantôme qui lui fait finalement un doigt (celui-là il l'a imaginé, il a juste levé les mains apeuré), puisqu'il le traverse. "Va te..." L'information ne parvient pas à monter au cerveau, claque la langue, frappe un coup bref sur la porte du van qu'il a peut-être tapé un chouïa trop fort cette fois. Regard de biais, menace assénée comme un carreau d'arbalète affûté. "Si j'te revois en ressortant toi, t'es mort," Sauf que le concerné est déjà mort, cela tombe sous le sens ; mais peut-être que ça lui donnera l'idée d'aller hanter un autre coin de misère.

La seconde d'après, dans la voix du molosse, y'a comme un truc un peu éteint, s'adresse cette fois à l'homme qu'il espère être derrière la porte. "Hé, j'sens les Yop qui dégoulinent dans mon dos frérot, t'es là ?" C'est franchement pas vrai, mais s'il le laisse poireauter une minute de plus, peut-être bien que ça finirait comme un début de film dramatique.

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tw: thématique de dissociation

Snap a une mission. Il a une mission. Il a une mission.

La pensée est la seule chose tangible dans l'esprit de l'homme devenu ombre depuis plusieurs minutes maintenant, ou peut-être même que cela fait quelques heures ? Le temps ne fait plus aucun sens quand il devient une série de chiffres qui se faufile dans la matrice. Il n'est plus alors que l'instant présent, une pensée se transformant en mouvement. Une direction. Et l'ombre bondit d'un espace numérique à un autre sans réussir à saisir la moindre trace de cette foutue vidéo.

Mais Snap a une mission. Il a une missions. Et rien ne pourra l'en détour-  "Hé, j'sens les Yop qui dégoulinent dans mon dos frérot, t'es là ?"

Le réveil est brutal. Instantané et éternellement long à la fois. Il y a d'abord comme un fil qui tire à l'arrière de sa nuque, ou plutôt là où il imagine que se trouverait sa nuque si cette forme avait une quelconque structure humaine. Puis, ses sens reviennent les uns après les autres. Ses yeux papillonnent sur un monde qu'il ne reconnaît d'abord pas. Ses oreilles entendent le tambourinement impatient contre un métal, et il ressent presque les vibrations de sa maison instable contre son corps. Il veut bouger. Doit bouger. Mais son corps ne lui obéit pas.

Alors vient la panique. S'il ne bouge pas, est-ce qu'il respire ? S'il ne respire pas, est-ce qu'il vit ? Une voix lui dit alors : compte à l'envers, de deux en deux. Rappelle-toi. S'il ne reconnait pas la voix, elle le calme.

10 - 8 - 6 - 4-
Il est assis. Il est chez lui.
Il est Cam.
Il est en vie.

"Entre," répond une voix pâteuse qui râcle contre sa gorge, salement. Il croit qu'il peut faire confiance à la voix derrière la porte. Il croit. Une goutte de sueur perle contre sa tempe, a le temps de disparaître dans son vieux pull dont la couleur s'est effacée avec les lavages. Ses os s'entrechoquent tandis qu'il s'étire, ça craque dans sa colonne. Il a mal. Mais si Cam a mal alors c'est qu'il est vivant. Comme l'atteste la cinglante migraine qui le saisit soudainement. Il se lève, attrape une bouteille d'une eau peut-être un peu croupie et avale un cachet qui ne sera d'aucune aide. Appelons ça un réflexe. Et la porte s'ouvre sur l'homme-bête, le mec sans qui son frigo ne serait ne serait pas aussi rempli. La phrase prend sens alors avec quelques secondes de retard, comme à chaque fois que le technophile revient d'entre les lambeaux informatiques.

Cam s'avance lentement jusqu'à son matelas, s'y enfonce machinalement dans un oufh soufflé par ses poumons. "Il est quelle heure ?" Pour ne pas demander ce qu'il a réellement besoin de savoir, le jour. "Tu devais passer ?" ajoute-t-il en fronçant les sourcils, comme si le geste allait l'aider à se souvenir. Comme s'il allalt faire partir les basses qui résonnent dans son crâne. Au moins, il se souvient du reste.

Ce n'est pas tout le temps le cas.

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C'est qu'il aurait pas été loin de se mettre à pleurnicher un peu à sa porte, jusqu'à s'inventer des problèmes qu'il n'a pas, et peut-être même prêter des propos à l'esprit à côté qui n'a pas daigné bouger de là. Pas assez pour lui en tout cas, puisque dans son attente qui se mesure en des secondes longues pour l'un, et gobées pour l'autre qui se fait happer l'attention par un fantôme, il juge et jauge d'un "vraiment tu casses les couilles" en finissant par faire claquer sa langue contre son palais.

Précisément là où il entend un "Entre", la voix de son Cam, parce que de toute évidence, tout ce qui est derrière une porte qu'il a déjà franchie, si peu qu'il soit un peu apprécié, finit comme propriété informelle et qui plus est, à protéger. S'il pouvait préserver de manière factuelle, il était pas nécessairement le plus adroit qui soit, et s'aventurerait pas à s'imaginer être capable de le protéger de lui-même. Cameron vs Cameron, qu'est-ce qui pourrait bien foutre de ça ? Même le manger règlerait pas le problème, c'est lui-même qui devrait se digérer pour mieux se relever. Pis de toute façon, il en avait bien eu assez pour la journée, le bougre, Alas n'était pas prêt de réitérer l'expérience, tant ça l'avait fait redescendre. "Toc toc voilà j'rentre, yo," qu'il soupire en s'exécutant, refermant derrière lui en poussant la porte avec un seul doigt, de peur de la péter entre ses doigts. Ca prend au moins cinq longues secondes, c'est tristement ridicule dans son théâtral, mais y'a pas mieux pour mettre en abîme ses efforts quand y'avait des gens comme lui autour.

"Il est quelle heure ? - Hey j'fais toc toc pas tic tac," qu'il remballe, sur la défensive, trait d'humeur assez vif qui n'était guère à associer à la question qu'on venait de lui poser. En fait, c'est son esprit à lui qui était abîmé, alors il balançait sans vraiment faire attention si celui de Cam n'était pas plus enfumé de fiel. Il dépose le sac à dos à l'endroit habituel, ouvre le frigo et y balance machinalement tout ce qu'il a ramené. "Tu devais passer ?" se demande si ce n'est pas son esprit mal calibré qui lui joue des tours, s'étonnerait de remarquer que cette fois-là, ce n'est pas de son fait. Sans doute pour cette raison qu'il se met à hésiter à cette question, fronçant un peu du nez. "Bah, euh, j'sais pas," t'as ptet raison qu'il veut soudainement lui dire, ça éteint un peu son côté grognon sur le moment, comme si la connexion venait de s'établir entre deux fusibles de son cerveau. Plus étonnant encore, ses qualités de déduction ce soir-là, après un petit va et viens visuel entre le frigo et la gueule délavée du hacker.

"Mouais on dirait, t'as vu la tronche de ta collec de bouffe ?" qu'il lui fait remarquer en refermant le réfrigérateur et en se redressant sur ses guibolles - et c'est à se demander s'il a pensé à graille à midi. C'est pas forcément le meilleur sujet qu'aurait aimé aborder Alas sur le moment, mais y'avait ce côté qui s'inquiétait et qui voulait quand même s'assurer des bases. "T'as mangé ?" C'est mal formulé mais tout ce qui pourrait lui dire à ce sujet tomberait pas dans l'oreille d'un sourd. En position d'attente, les bras entremêlés contre lui, il n'attend qu'un rien pour l'amener à le faire par la voie impérative - c'est qu'un yaourt, c'est pas la mer à boire, quand même, et il a fait gaffe de bien prendre ceux qu'il aimait.

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Alas lui répond et Cam a l'impression de se faire aboyer dessus. Il sursaute et grince des dents. Pour autant que les sons paraissent un vacarme à ses tympans sensibles, leur sens lui est incompréhensible. Ou presque.

Il relève lourdement la tête pour observer à son tour l'état de son mini-frigo avant de la laisser retomber en arrière. L'effort trop important après une telle échappée.

Petit à petit, le monde se replace à l'endroit.

Quelque part au fin fond de la mélasse qui lui sert actuellement de méninges grises Cam sait. Il sait que ce n'est pas très sain de disparaître à chaque fois un peu plus loin, que peut-être bien qu'un jour il atteindra un espace duquel il ne pourra plus repartir. Il a peur certes que ce soit le cas, mais encore plus que ce soit ce qu'il désire au fond. De disparaître.

Mais avant, Snap a une mission. Importante, capitale, vitale. Un but qui le force à toujours revenir dans le Royaume des semi-vivants et des pas-tout-à-fait-morts. Un dernier truc à accomplir pour donner du sens à la mort de Hush et lui donner une raison de s'lever.

"T'as mangé ?" La question tombe et coupe le fil de sa pensée et Cam ne sachant toujours pas l'heure qu'il est - il lui suffirait pourtant d'allumer un des écrans en état de veille perchés sur le bureau - répond machinalement "Oui." Il a mangé bien sûr, le vrai problème c'est qu'il ne sait plus quand et que de toutes façons son ventre ne lui indique plus cette information de faim depuis bien des années. Il hausse une épaule, ce qui ne rend pas pareil quand on est à moitié allongé sur un matelas que quand on se tient bien droit, puis ajoute "mais j'sais plus quand" car c'est la vérité et que Cam ne ment pas. Surtout pas à Alastair, surtout pas après avoir vu ce qu'il a vu cette fois où il a vu ce qu'il aurait préféré ne pas voir. Et aussi un peu parce qu'il le tolère. "C'est l'heure de manger ?"

Son bras gauche se plie pour soutenir son corps alourdi, suivi du droit et le voilà presque assis, presque revenu à lui.

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C'est qu'il a encore l'air barré on ne sait trop où, le nigaud, et c'est d'autant plus triste à constater lorsqu'on pense que c'est un personnage tel qu'Alastair qui le relève. Il a envie de lui dire qu'il est chelou, ou peut-être même lui secouer un peu la couette (en tout bien tout honneur), rien que pour qu'il crache un peu plus vite la réponse à sa question. Coincé entre le chien de garde, pascal le grand frère ou la super nanny, y'avait pas vraiment de continuité sans générer quelques troubles en retour, comme qui dirait. "Oui. - Oa, il était dur à sortir çui là," si bien qu'il pense qu'il lui ment un peu, mais fort heureusement, y'a le timing et l'honnêteté de Cameron pour pouvoir museler l'instinct dans son apparat le plus crétin. "mais j'sais plus quand" y'a quand même un temps de pause, où il fronce un peu le nez, délie ses bras, se fait vaguement assaillir par ce qu'il pourrait appeler de l'empathie. Ca arrive toujours avec ces gens-là, il y peut rien ; c'est comme ça que sa mutation se traduit, c'est qu'un trait de personnalité toxique comme qui dirait, trois petits tours et viens que j't'adopte pour la vie. Et, franchement, Alas, il se sentirait vraiment mal de pas réussir à le garder ainsi jusqu'à un âge honorable.

"C'est l'heure de manger ?" sa carcasse se relève du seul meuble vraiment utile de sa panoplie, pis Alastair se sent pas de lui aboyer dessus encore une fois, parce qu'il a fait ressortir chez lui tout le malêtre qu'il tentait de travestir dans une mauvaise humeur caractéristique. Si Silke avait passé des heures de sa vie à s'occuper de son frangin et de ses absences et autres bizarreries, il en a jamais vraiment été témoin, même en recevant tout ça. Si bien qu'il pourrait pas bien conscientiser d'à quel point sa façon d'agir en ferait un bel écho, dans son sens miraculeusement inversé. "Ouais c'est l'heure de manger sa mère," qu'il lui rétorque en rouvrant le frigo à s'en faire craquer une articulation (faut bien se baisser), récupère une bouteille de yop et va visser son cul à côté de lui, non sans faire creuser son matelas. Pas qu'il soit lourd en plus d'être con, mais il le serait toujours plus que le p'tit à côté de lui.

"Bon. Tu t'rappelles comment on a fait la dernière fois hein ?" et parce qu'il le sent pas encore bien réveillé, Alas lui fout le yop gelé sur la nuque quelques secondes, guettant un tant soit peu de sensé chez son hôte de fortune alors qu'il lui dévisse le bouchon. "Tu vas m'boire ça comme ça j'saurais quand t'as mangé" on était pas loin d'y rajouter un petit nom d'oiseau mais c'était franchement pas le moment de garnir le gigot.

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