Rise and grind, it's coffee time !

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J’aime l’automne, le froid qui débarque qui faut qu’on est mieux en pull et en jeans. Ça apporte plus de clients aussi au café, qui est assez rempli aujourd’hui. Oh, il reste plusieurs places hein, mais la majorité des bonnes tables sont prises. C’est vraiment un endroit que j’aime, un peu rétro peut-être ? En tout cas, c’est une belle alternative aux cafés du type Starbucks et compagnie. Plus… personnel, plus… intime peut-être ?

Bon, la radio est pétée aujourd’hui donc on n’a pas de musique. On ne passe habituellement pas les tubes populaires, le proprio est plus pour se donner un style avec son jazz… Moi ? J’aime bien entendre les murmures et les voix qui se mêlent les unes aux autres. Entendre le tintement des tasses sur les assiettes, ou des fourchettes qui piquent une pâtisserie. Le bruit de nos machines à espresso ou de nos broyeurs. Nulle part ailleurs je supporterai, ça me donnerait un peu d’anxiété même cette surstimulation, mais ici… c’est un peu mon petit chez moi. Un an que j’y bosse et le café est trop trop bon.

Un nouveau client entre et je reconnais immédiatement un de nos habitués.

- Ristretto avec deux sablés pistache ? Que je lui lance avec un sourire. Un simple signe de tête amusé de sa part et je vais préparer sa commande.

Pas de chance aujourd’hui, les places côtés fenêtre sont toutes pris. Avec le soleil qu’on a depuis le début de l’avant-midi, ça ne m’étonne pas. Enfin, pour les gens normaux. Moi je préfère la pluie.

La clochette à l’entrée tinte de nouveau, mes collègues sont occupés, donc je me mets sur la pointe des pieds pour qu’on me voie derrière l’immense machine à espresso.

- Bonjour, je suis à vous dans quelques instants.

5 novembre 2025 | TW : Vulgarité
J'suis déchirée. J'titube à la recherche de mes fringues dans un pièce où il y a beaucoup trop d'gens. La fin du concert est ultra floue. J'enfile mes talons et ma tenue de scène de la veille, une robe courte d'un rose flashy avec une veste en cuir. J'avais un collant aussi, mais impossible de le retrouver. J'attrape mon sac, mon téléphone et j'active la géolocalisation. J'parle à mon téléphone qui bip pour m'faire comprendre qu'il m'entend. Le café le plus proche. 10h56. Relativement tôt, mais bien trop lumineux dehors. Je regarde autour de moi pour trouver une paire de lunette de soleil qui ne m'appartient absolument pas, des lunettes style aviateur que j'pousse sur mon nez. J'ai vraiment une dégaine de merde, mais tout ce que je veux là, c'est un putain d'café pour aider avec mon mal de crâne.

Après quelques indications manquées, j'pousse lourdement la porte d'un endroit relativement calme. Pas d'musique qui vient m'déchirer le crâne, juste le bruit des gens, je grince des dents et m'avance jusqu'au comptoir. J'vois à peine la personne qui m'indique arriver, j'étale sur le comptoir un instant en remettant un peu ma robe en place. Je fouille de façon désordonnée dans mon sac, à la recherche de ma carte. J'ai envie de pisser. J'ai mal au crâne, va falloir que je me traîne jusqu'à chez moi et hors de question de prendre le taxi, vu combien ça coûte. J'penche la tête en arrière en observant l'plafond, désespérée de devoir attendre. Et finalement. Ah ouais, ouais, un café, ou j'sais pas, vous avez un truc pour la gueule de bois dans vos étagères là ? J'vois des noms ultra ridicules là, café au grain de je sais pas quoi.

Je baisse les yeux vers mon bide qui grogne un instant et j'ajoute. Ah, un truc à grailler aussi. J'sens qu'on m'observe, je sais pas si c'est à cause de ma dégaine ou parce que j'suis Poppy, mais j'me fais dévisager c'est sûr. On verra quand j'serais un peu plus réveillée et plus réceptive.

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Je reviens avec le café de mon client et remarque la nana que j’ai saluée en train de s’étaler sur le comptoir. L’odeur ambiante masque à peine le parfum de gueule de bois qu’elle dégage et je retiens comme je peux un petit sourire. On est tous passés par là au moins une fois, non ? Certains plus que d’autres… moi la première. Bref. Vite, les sablés, l’argent, hop l’habitué il peut aller s’asseoir. Comme ça il se plaindra pas de la fille qui fixe le plafond impatiemment.

- Les toilettes sont au fond à droite et j’ai exactement ce qu’il vous faut pour la gueule de bois. Double espresso avec hmm… un toast aux avocats avec un peu de miel. Je sais, je sais, ça sonne bobo ou je sais pas quoi, mais l’avocat et le miel ça aide pour la gueule de bois.

J’attends juste qu’elle me donne un signe ou qu’elle me dise que ça lui va et je vais préparer sa commande. La dernière de mon quart de travail en fait. Après, je suis libre. J’aurais plus besoin de faire des sourires fakes et de forcer une bonne humeur que j’ai pas.

L’espresso c’est fait, le toast est prêt et je reviens avec l’assiette et la tasse que je pose sur le comptoir. Je vois que certains ont sorti leur portable pour filmer cette fille et je fronce les sourcils. Elle se donne pas en spectacle c’est quoi leur problème ? Bon… les gens sont tous des cons finis faut dire, je devrais même pas me poser de question.

- Je peux vous faire ça pour emporter aussi si vous le préférez. Je me dis elle est peut-être connue aussi et c’est moi qui suis encore à côté de la plaque.

Pas que ça me ferait un pli hein, mais bon… Ça me ferait trop chier de me faire filmer même dans mon meilleur jour.

5 novembre 2025 | TW : Vulgarité
J'sais pas pourquoi elle me montre les chiottes. Peut-être qu'elle a peur que j'gerbe partout vu ma gueule ? Ouais, ça doit être ça. J'rigole bêtement à ma propre conclusion. Double espresso, ok, un gros café quoi. C'est une bonne idée. Par contre son toast de hipster là. Mais bon tu veux qu'j'dise quoi, on sait tous qu'y a pas de remède miracle à part en remettre une couche. Ouais ouais, va pour le toast au miel là, avec un sucre l'café. J'attends des minutes interminables jusqu'à ce qu'enfin l'odeur de ma boisson me chatouille les narines. J'attrape la tasse et prend une gorgée à m'en bruler les lèvres. J'avoue qu'son toast éclaté a l'air quand même pas mal du tout. Vous avez p't-être raison, ça a pas l'air dégueu. C'quoi l'expression, pas juger un bouquin à sa couverture?

Je reste là, comme une perche à prendre un croc d'avocat au miel, ça déchire. En vrai, c'est bien mieux que ma demi clope et un fond d'verre habituel. Je lève un doigt vers le plafond et le secoue. C'est qu'vous avez des bonnes idées. Vous devriez peut-être ouvrir un truc qui s'appelle Comment redescendre sur terre en douceur ! Moi j'viendrais. J'déglutis après avoir parler la bouche pleine. Je reprends une gorgée de café en jetant un coup d’œil aux personnes entrain de me filmer. J'me retourne vers mon repas en ajoutant à la femme. Vous en faites pas, j'ai l'habitude. J'vais dire tu, quand j'dis vous, ça t'donne l'image d'une grand-mère là.

J'entends glousser un peu. Mon buste pivote à nouveau. Je fais une petite courbette, un clin d’œil et ajoute avec beaucoup de confiance et une posture différente. Vous voulez un autographe ou une photo c'est ça ? Après mon p'tit dej, d'acc ? Je m'avachis à nouveau sur le comptoir, pas d'autre client en vue. S'tu veux, je bouge sur une table hein.

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J’arque un sourcil quand elle me répond un « ouais, ouais »… Je suis au boulot, donc je ne vais pas m’offusquer ou quoi, mais ce que ça me blase ! Bon après, dans le même état je ne crois pas que je suis la plus polie des nanas non plus, donc vaut mieux que je me concentre sur la commande.

Ça prend quelques minutes, mais je finis par déposer le toast et le café devant la cliente. Elle prend immédiatement une gorgée et je grimace pour elle. C’est super chaud, mais c’est buvable. Elle n’a pas l’air de trop broncher heureusement pour elle.

- Ouais, c’est ce qu’on dit. Que je lui réponds du tac-o-tac, amusée. Et comme je me doutais, le toast est apprécié. Un petit rire m’échappe même quand la brune me dit que je devrais me lancer en affaires. Ah ça, je connais bien les remèdes de gueule de bois ! C’est pas une mauvaise idée tiens. J’en serais presque songeuse l’espace de quelques secondes.

J’ai pas de fric cependant, un mauvais crédit et je saurais pas du tout par où commencer pour ouvrir un business. Ajoutons à ça que je sais pas non plus si techniquement je suis recherchée ou non pour le type que j’ai électrocuté en Californie… Il vaut peut-être mieux que je reste sagement dans le club des incognitos.

Bref.

Apparemment, la nana a l’habitude qu’on la dévisage comme ça, moi je me contente d’hausser les épaules. Elle est peut-être connue dans le coin ? Je suis pas trop les tabloïds de stars pour ma part, donc je saurais pas dire qui elle est ou ce qu’elle a fait.

- Va pour le tu. Ça me plait grave mieux de toute manière. Surtout qu’on doit pas être bien loin niveau âgé elle et moi.

J’ai un genre de confirmation quand elle propose des autographes et qu’elle change complètement de comportement pour parler aux stalkers plus loin.

- Bof, pas obligé. Il n’y a personne et je finis bientôt mon quart de travail. Ce sera le problème de quelqu’un d’autre, autrement dit.

Moi ? Je m’en fiche pas mal. Elle bloque personne. Je m’occupe d’ailleurs de la faire payer, pendant que les stalkers chuchotent entre eux.

- T’es connue ? Tu fais quoi ? Je me prends un café en lui demandant ça. Pas pour être insultante ou quoi, il vaut peut-être mieux que je précise que j’y connais rien. Je regarde pas trop les news ou les nouveaux trucs. Oh et puis, rien à foutre si elle s’offusque. Tant pis si c’est une narcissique mégalo.

5 novembre 2025 | TW : Vulgarité
Ouais j'sais, j'ai des bonnes idées. Jure, je te donne mon contact, tu m'dis qu'c'est la meuf au toast avocat miel et j'te fais de la pub hein ! J'en ai tellement rien à foutre que d'parler comme il faut là, j'ai mal au crâne, la bouche pâteuse, flemme. En tout cas, la serveuse, ou barman, ou j'sais pas s'vexe pas que j'la tutoie et ça c'est cool. Quand elle m'dit qu'j'ai pas besoin de bouger, j'lève le pouce en l'air en continuant à m'cramer avec mon café. C'est une façon comme une autre de se sentir vivante. Je hoche de la tête en frottant mon œil sous ma lunette de soleil. Ouais de fou, c'est marrant que tu saches pas qui j'suis ! En vrai, ça m'fait presque plaisir. Nan, ça m'fait carrément plaisir.

J'croque à nouveau. Oh t'inquiète paupiette ! J'suis pas l'centre du monde hein, t'imagine toi ? Y a des gens dans ma vie à moi qu'suis censée connaître j'sais pas qui sait, alors des inconnus ? C'est vrai qu'c'est bon la connerie qu'elle m'a servie. J'regarde son nom accroché à son tablier, puis j'relève la tête. Poppy, la super pop star qui déchaine les foules, whoooouuu.... ! J'm'étouffe presque de rire, franchement. Je me prends pas trop au sérieux. Regarde, attend... Mon regard glisse dehors, jusqu'à ce qu'un bus passe. Là, regarde, c'moi. dis-je en désignant une grosse affiche publicitaire pour mon prochain concert.

Je me retourne de nouveau vers la femme. Sinon, j'suis Judith, ça claque moins hein ? Ouais j'suis d'accord. J'désigne le tag sur sa poitrine. Et ça c'est ton vrai nom ? Franchement sympa d'pas tomber sur une coincée de si bon matin. Enfin... Matin, tout est relatif.

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Je pouffe de rire quand elle me propose qu’on échange nos contacts pour me faire de la pub si j’ouvre mon truc. Ça fait plaisir de rencontrer quelqu’un qui… n’en a rien à foutre ! Enfin, c’est l’impression que j’ai et ça résonne grave chez moi. Tous ces gens qui sont que dans le paraitre et qui sont que des putains de snobs, ça fait du bien quelqu’un de plus… brut ? En tout cas, aujourd’hui j’en avais besoin.

Ça n’a pas l’air de la froisser non plus quand je lui dis que je la connais pas. Il y en a qui ont la grosse tête, ça semble pas être son cas. Elle m’arrache un nouveau rire avant de dévoiler son pseudo de célébrité : Poppy. Une pop star. C’est pas mon genre de musique, mais to each their own comme on dit.

- Ah ouais… la vie est toujours de ton côté comme ça ? Que je demande en arquant un sourcil avant de sourire. Le bus qui passe au moment où elle veut me montrer une de ses affiches. C’est pas moi qui aie cette chance hein ! Enchantée Judith, je préfère la rencontrer elle que Poppy. Je lui fait un petit clin d’œil ce disant.

La vraie personne, pas le personnage, voilà ce qu’elle pourra comprendre si la gueule de bois lui à pas trop grillé le cerveau. Je connais bien… Sans rancune hein.

- Yup. Je pointe le petit tag que j’ai d’accrocher à mon tablier. J’imagine que mes parents voulaient un truc… exotique ? Plutôt que de m’appeler Stéphanie. Je me serais moins fait chier avec Stéphanie, soyons honnêtes. Quoi de prévu aujourd’hui Judith ? Outre les autographes qu’ils attendent ? D’un signe de tête, je fais référence aux gens à la table un peu plus loin qui patientent difficilement que Poppy finisse son café.

5 novembre 2025 | TW : Vulgarité
Est-ce qu'on peut dire que la vie est d'mon côté à part des petites interventions d'merde comme ça ? Pas sûre, tout c'que j'ai, j'suis allée l'chercher à mes risques et périls... Puis j'le fais encore en fait. Mais j'avoue qu'on dirait pas, j'esquisse un sourire en coin. Ouais, j'suis un aimant à bon plan, c'pour ça qu'j'te croise toi ! J'sais pas comment elle va réagir, elle est canon, ça m'dérange pas d'la chahuter un peu. Ravie quelle utilise mon prénom, toujours compliqué d'pas entacher l'image de star. Judith, Avelina donc, aucune lettre en commun, c'est rare ça ! J'fini d'enfourner le toast dans mon gosier, j'me lèche les doigts, j'suis pas l'image de l'élégance. C'est pas mal comme prénom, t'imagine ils seraient partis dans des délires chelous, t'aurais pu t'appeler Pamplemousse ! Ouais, c'est le premier nom qui m'est venu pour pas sortir un pseudo d'stripteaseuse.

J'jette un coup d'oeil aux personnes toujours assisses, étonnamment patientes avant d'revirer mon regard vers la fille. J'sais pas, j'sors d'un concert, j'pensais m'détendre. Ou aller voir des potes. T'as l'air sympa, tu veux t'faire embarquer dans une super aventure ? Genre m'tirer avec toi dans ta life ? Culotté, comme moi. J'ai rien à foutre, j'pourrais envoyer un message et chercher à chill, mais j'suis pas pressée. Au pire j'risque quoi ? D'me faire chier probablement, mais ça a pas l'air d'une chieuse. Ouais. Regarde, j'les gère et on s'tire ? Ca passe non ? T'as bientôt fini t'as dit. Si tu fumes j't'offre une clope en prime. Le café rejoint l'fond d'mon bide à son tour, bien trop chaud pour réaliser de telles prouesses. J'me redresse, j'remet mes cheveux en place. J'commence à blablater avec une intonation bien plus aiguë, plus fausse. Ils sont sûrement pas méchant, mais c'est qu'des gens que j'croise comme ça, avec leur p'tite vie rangée. J'suis pas du genre à arrêter une star, j'l'ai jamais été. Deux autographes. J'fais signe à la barman que j'vouvoie temporairement. Eh, ça vous dérangerait de prendre la photo ? lançai-je en tendant l'téléphone d'une des personnes.