In the eye of the storm...

J’aime pas trop parler de moi. Je suis assez secrète comme fille. Le moins on partage, moins les autres ont des munitions contre nous. C’est un peu mon crédo. Puis, j’ai pas besoin des autres, je suis autonome. J’ai pas eu le choix, mais ça m’a rendu assez tenace comme fille. Super possessive aussi, je veux pas perdre ce que j’ai. C’est rare la loyauté et ça me blase trop de voir comment les gens sont faux. Je supporte pas les mensonges, même si moi j’en use pour garder les gens loin de moi. Ça m’évite des déceptions. De toute manière, je suis assez débrouillarde pour ne me fier qu’à moi. Entêtée comme dix, ça doit aider également. Je suis assez intelligente en tout cas pour m’en sortir depuis un sacré moment.

Génération de pluie, d’orage violent ou de tempête de neige.

— Niveau 1 : Effet d’une durée de 30 mins sur une zone de maximum 10m.
— Niveau 2 : Effet d’une durée de 2 heures sur une zone de maximum 100m.

Génération de différents niveaux de vent : brise de -10km/h, vent conséquent de 40 km/h ou rafales importantes de 80km/h.

— Niveau 1 : Effet d’une durée de 30 mins sur une zone de maximum 10m. ✓

Permet de dégager en partie le ciel pour retrouver le soleil, de faire en sorte que le soleil réchauffe un peu plus la terre comme une belle journée d’été ou même de faire en sorte qu’il soit plus puissant au point de causer l’effet d’une sécheresse comme dans le désert.

Pas de niveau acquis

Los Angeles, 1999 - 2012

J’ai passé le début de mon enfance à Los Angeles avec une mère toxicomane et un père absent. On va se dire les vraies choses : j’ai été négligée, oubliée et abusée par une mère incapable de contrôler son addiction à l’héroïne. Elle n’était pas tellement du genre à me démontrer ce fameux amour maternel dont j’ai si souvent entendu parler. Pourtant, elle ne m’avait pas encore abandonné à cette époque, ce que j’ai toujours trouvé quelque peu ironique. J’étais après tout un boulet à ses pieds, mais elle a quand même fait de son mieux. Même si ce mieux aurait dû depuis longtemps alerter les services sociaux.

Bienvenue aux États-Unis.

Ma mère et moi avons vécu dans une voiture jusqu’à mes 6 ans. C’est tout ce que j’avais connu jusque-là et j’avais du mal à comprendre pourquoi les autres avaient des « maisons ». Que dire quand j’ai commencé la maternelle ? La division entre moi et le reste du monde était encore plus dérangeante, même dans la tête d’une gamine de 6 ans. C’était loin d’être facile d’ailleurs à l’école. J’étais considérée comme la pauvre, la malpropre, la menteuse et tous les défauts du monde parce que j’étais « différente ». Miraculeusement, j’ai fini par me faire des amis.  Des enfants au grand cœur qui m’ont vu moi et pas ma pauvreté, ma maigreur et mes cheveux en bataille… Sales.

On a quand même fini par avoir un appartement. Je ne sais pas vraiment comment. Surtout en fait parce que c’était toujours la galère. Je ne mangeais pas tous les jours, j’avais rarement des vêtements propres à me mettre et ce n’était pas facile d’essayer de faire mes devoirs pendant que ma mère était soit en badtrip ou en train de se faire un de ses boytoy du moment. Je me demande aujourd’hui si elle ne se prostituait pas, peut-être… Il y en a même certains qui la cognaient et ça me terrorisait. Elle partait des fois plusieurs jours aussi en me laissant toute seule…

Une nuit de mes 10 ans, le dealer de ma mère est entré par effraction chez nous. Je suppose qu’elle lui devait de l’argent ou quelque chose du genre… Il a commencé à tout casser en la cherchant et en cherchant de quoi se remplir les poches. Ma mère dans tout ça ? En vadrouille comme bien souvent.  J’étais toute seule, terrorisée. Pour rien arranger, il s’est mis à pleuvoir super fort. Tout ce que j’ai trouvé à faire a été de me cacher sous mon lit et de me boucher les oreilles. Pour ne plus entendre l’inconnu qui criait et jurait, mais aussi par peur d’entendre du tonnerre. À l’époque, j’avais très peur des orages, donc dans ma tête de gamine, c’était simplement la cerise sur le gâteau. Maintenant d’ailleurs, j’ai conscience que c’était mon pouvoir qui venait de se réveiller.

Ce sont des voisins qui ont finalement appelé la police. Je me souviens juste que je tremblais comme une feuille. Qu’ils m’ont donné un chocolat chaud et qu’après j’ai plus vu ma mère. Ce que j’ai appris après, c’est qu’elle avait déjà entamé des démarches pour obtenir une pension alimentaire de la part de mon père bio. C’est comme ça que les services sociaux l’ont trouvé et que c’est lui qui a ensuite obtenu ma garde. Je suis persuadée que ma mère avait commencé ces démarches juste pour avoir plus d’argent pour se doper… mais à l’époque, j’espérais quand même la revoir. Même qu’elle vienne habiter avec nous chez papa.

Ça n’a pas été facile au début, mais j’ai fini par accepter de l’appeler comme ça : papa. Il était nouvellement divorcé et père de deux enfants. Il ne savait même pas que j’existais jusqu’à l’appel les services sociaux. C’était un peu la merde pour lui, mais je crois qu’à l’époque il voulait faire la bonne chose. Il avait déjà du mal à payer ses factures avant mon arrivée et c’est donc vite devenu encore plus compliqué. Cependant je ne manquais de rien.

Los Angeles, 2012 - 2017

Les cauchemars – qui avaient commencé depuis la nuit où le dealer de ma mère avait fait irruption chez nous – se sont poursuivis jusque dans mon adolescence. Cet événement m’a fait développer une certaine forme d’anxiété et mon père me disait toujours que c’était dans ma tête. Qu’il fallait que je me parle. Notre relation encore récente en a rapidement souffert. Je ne sais pas si c’était pour compenser l’échec de son mariage ou de l’éducation de ses autres enfants, que je n’ai jamais rencontré d’ailleurs, mais il avait des attentes de fous envers moi. Notes parfaites, comportement parfait, tout devait être parfait. Pas de tares autorisées, pas d’imperfection permise. On rajoute par-dessus ça que je me faisais engueuler après chaque visite supervisée avec ma mère ?

Il devait être grave content quand elle a arrêté de venir…

Durant une de nos engueulades assez violentes d’ailleurs, un énorme orage a éclaté soudainement. Puis, ça s’est répété à quelques reprises jusqu’à ce que mon père un soir m’assoit à la table à manger pour me parler. J’avais 13 ans, tout juste ado. Je ne l’ai pas cru sur le moment, mais… on a eu LA discussion. Celle où il m’a expliqué qu’on était des mutants. Que c’était de famille. Qu’il fallait le dire à personne, qu’il fallait juste pas utiliser nos pouvoirs et j’en passe. Ç’a été un sacré choc… Je me suis jamais sentie aussi perdue de ma vie. Le pire ? Chaque fois que j’ai essayé d’en savoir plus par la suite, d’en apprendre plus, il se fâchait, ne voulait pas en parler, voulait juste qu’on vive une vie la plus normale possible.

J’ai fini par comprendre qu’il vaut mieux lâcher le morceau. Qu’en fait oui, quand on voit ce que certains mutants font ou sont capables de faire… il vaut peut-être mieux être juste un humain normal. Sans génétique complètement dérangée.

C’est à mes 14 ans que l’hôpital m’a appelé un soir. Ma mère avait fait une overdose. Encore. C’est que c’était assez récurent maintenant qu’elle m’avait plus dans les pattes. Une par année environ... Ils l’ont une fois de plus sauvée et encore envoyée en désintox forcée. Ça ne fonctionnera pas, ça n’a jamais fonctionné. Ç’a été la goutte de trop et j’en ai eu marre. J’ai coupé les ponts. C’est pas comme si elle se souciait que je sois en vie ou non de toute façon. C’est à cette période que je me suis offert mes premiers cours de guitare avec l’argent que je gagnais. Un petit job étudiant dans un restaurant qui me permettait d’avoir un peu de fric. Ça me changeait des cours supplémentaires que mon père voulait que je suive les soirs.

J’imagine qu’avec un père complètement contrôl freak et une mère toxicomane, je partais pas avec beaucoup de chance dans la vie, parce qu’à mes 16 ans, j’ai réalisé que j’étais en train de devenir comme ma mère. Oui, celle avec qui j’ai coupé les ponts parce que je supportais plus ses problèmes de dopes ? Ironique, je sais. Mon mal de vivre, mon anxiété et la pression que me fout mon père ont eu raison de moi. Je bois et je prends de la drogue dès que je peux, prétextant que je veux juste avoir du plaisir puisque je suis ado. Je traine de moins en moins avec des gens recommandables et c’est la spirale qui commence, mais je veux rien voir. Surtout, faut que j’oublie que je suis un monstre de la nature avec mon pouvoir à la con. Le moins je l’utilise, le mieux c’est. Sauf que c’est pas toujours facile… j’ai comme… pas de contrôle là-dessus, des fois ça sort quand je suis en colère ou super triste… Je finis par avoir peur de ce que je pourrai faire et… quand je suis pas complètement high, j’essaie de m’entrainer. Si je le contrôle mieux, ce sera plus facile de pas l’utiliser, non ? Il faut croire qu’il me reste quelques neurones intacts.

Par quel miracle j’ai terminé mes études ? Bonne question. J’ai séché le plus possible pour me défoncer le plus possible. Mon dernier petit-ami en date m’a foutu une droite et j’ai un coquard pour notre bal des finissants.

Los Angeles, 2017 - 2024

Tout s’enchaine trop vite par la suite. Les jours, les semaines, les mois, les années. Sans trop que je vois les choses venir, je fais une overdose très grave lors de mes 20 ans. Bon, soyons honnêtes, j’étais sur la même lancée que ma mère, tout le monde aurait pu le prédire. Je finis à l’hôpital où c’était une question de minutes avant qu’il ne soit trop tard, apparemment. Mon temps était compté et j’ai eu besoin d’une transplantation de cœur d’urgence. Ça a couté moins cher qu’un cœur artificiel, mais ça a pris plus de temps. C’est que ni moi ni mon père on avait les moyens pour de la super technologie. Les jours ont passé et je me dis que mourir c’est peut-être pas si mal… Mais on m’a finalement trouvé un cœur.

J’ai plus jamais touché de dope de ma vie. Bon, sauf la weed.

Avec cette seconde chance à la vie, j’ai enchainé les petits boulots, pas plus rencardée que ça sur ce que je peux ou voudrait faire de ma vie. Mon père me répète et me gueule dessus que je suis en train de cracher sur ma vie, que je vaux pas plus que ma mère, que je gâche tout. En parallèle, faut croire que j’ai un type de mec : les abuseurs. Je réussis par contre en m’en sortir, à ne pas retomber dans la dope. C’est déjà ça non ? J’ai fini par comprendre aussi quand je suis avec un putain de narcissique ou un violent. J’ai pas été épargné et si par moment je me sens vieille comme le monde, par d’autres, j’ai encore l’impression d’être une gamine. Sauf que je vois la lumière au bout du tunnel pour la première fois de ma vie. Donc, je continue d’avancer. De bosser. De m’entrainer pour pas un jour tuer quelqu’un avec mon pouvoir. Pour continuer de pouvoir le camoufler pour que jamais personne ne découvre que je suis une erreur de la nature. Je prends d’ailleurs mon premier appartement lors de mes 24 ans. J’en peux plus de vivre avec mon père. Ça lui montrera aussi que je suis pas une loque humaine comme il croit. Je sais pas pourquoi je cherche encore à… l’impressionner ou je sais pas quoi. Je me dis que je fais ça pour moi.

C’est à peine la nuit et je ferme le petit magasin où je bosse depuis quelques mois. On est jamais plus d’un employé sur place et c’est aussi cool qu’angoissant par moment. J’ai à peine le temps de passer quelques rues pour me rendre à l’arrêt de bus que je suis face à face avec type cagoulé qui tient un couteau... Je sais pas exactement ce qui s’est passé, juste que j’ai eu la peur de ma vie. Que… c’est comme l’instinct qui a parlé et que… que… J’ai encore du mal à tout comprendre, à tout réaliser. Seule dans la ruelle, je me suis mise à courir à appeler à l’aide. Je n’ai pas eu le temps d’arriver à la rue qu’il m’a rattrapé et ma poser la main sur la bouche, couteau lui sous la gorge. Il m’a forcé à revenir sur nos pas, cachés dans la ruelle.

La pluie s’est mise à tomber dans la ruelle, puis le tonnerre à fait tout trembler. Les éclairs se sont mis à éclairer la scène par flashs angoissants, alors que ce cinglé essaye de me retirer mes vêtements. J’essaie de le repousser, de crier, mais c’est finalement un éclair qui le fait sursauter et reculer un peu pour voir ce qu’il se passe. C’est pas normal, même lui le remarque. J’en profite pour utiliser toute ma petite force et le repousser une bonne fois pour toutes. Et là… Aucune idée de comment, mais un éclair vient le frapper. Son corps tombe mollement au sol et… moi je fuis. Je demande pas mon reste. Je suis sur le pilote auto. Il faut que je rentre chez moi. Que… que…

Mais je l’ai tué, le type qui me voulait du mal. Par accident ou parce que je contrôle plus mon pouvoir que je pensais … j’ai… je sais pas. Juste, c’est sûr qu’il est mort. J’ai pas eu la force de rentrer à pied, vidée, choquée. Un taxi m’a ramené chez moi et… j’ai dormi deux jours. Quand je me suis réveillée, je savais qu’il fallait que je parte. Mon père veut pas de moi. Ma mère m’a jamais voulu et je viens de tuer un type.


Underapple, 2024 - présent

J’ai pas trop cherché, j’ai décidé de partir à l’autre bout du pays. Le plus loin possible avec mes… moyens presque inexistants. J’ai débarqué à New Blossom un peu par hasard et sans un sou dans les poches. J’ai squatté Crimson Bay un temps. J’ai fait des petits boulots ici et là, jusqu’à attirer la sympathie de deux trois personnes qui m’ont hébergé dans l’Underapple. J’y suis depuis, en colocation avec une amie. Mon chez-moi, ma vie. Je fais des crises d’angoisses de temps en temps, mais je veux juste… me faire oublier, me créer une nouvelle vie. Avancer pour une fois et pas stagner sur place. Même si… j’ai aucune idée par où commencer. Même si mon mal de vivre est loin de m’avoir quitté. Une journée à la fois qu’on dit… pas vrai ?