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to amends and new beginnings (emma)

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Quitter Crimson Bay pour le Solaris, c'était un changement qu'elle n'aurait jamais vu venir, même si elle avait eu un peu plus de fric. Sanna, elle avait rejoint New Blossom pour son frère, avec la perspective de s'arracher dès que tout se casserait (obligatoirement) la gueule et qu'elle ferait une nouvelle connerie. Mais voilà : un peu plus d’un an et elle n’avait toujours tué personne, ni brûlé d’immeuble, ni condamné son frère à une déchéance certaine et éternelle. Tout allait relativement bien, dans sa vie, et plus elle s’y sentait confortable, moins elle avait envie de passer de temps dans son immeuble délabré de Crimson Bay. Elle voulait de l’eau chaude, un lit confortable, une cuisine où elle n’avait pas à ramener une cuisinière de camping pour faire des nouilles instantanées, et un lieu de vie où elle n’entendait pas les voisins gueuler sur le foot ou sur leurs gamins à longueur de journée. Le choix de cet appartement-là avait été punitif : c’était se rappeler qu’elle ne méritait plus sa grande maison dans la banlieue avec son ex-femme, qu’elle n’avait plus le droit à la vie de famille qu’on lui avait promis, ni à quelque confort. Et accepter le fait qu’elle méritait mieux que sa propre punition, c’était déjà une énorme étape.
Elle n’aurait pas fait le pas, sans Emma pour l’y pousser, même indirectement. Emma l’avait rendue à l’aise, à son échelle, dans cette grande ville qui n’avait jamais été sienne, Emma était devenue une amie qui comptait, et surtout, Emma lui avait rappelée qu’être seule pendant trop longtemps n’était jamais vraiment bon. Qui d’autre, alors, pour partager l’appartement avec elle ? C’avait été aussi logique qu’étrange, de lui proposer à elle, celle qu’elle ne connaissait finalement que si peu - et pourtant, elle ne se voyait faire ça avec personne d’autre.

Elles avaient passé la journée entre les cartons (peu nombreux pour Sanna) et les déballages des espaces de vie, se retrouvent ce soir avec des cartons toujours à ranger, mais une pièce centrale qui commence à ressembler à quelque chose. C'est joli, dehors, avec le balcon et les néons de Solaris ; c'est la même vue qu'il y avait chez Charlotte, et elle se demande distraitement si celle-ci attend de ses nouvelles ou si elle est déjà passée à autre chose. Elle choisit de ne plus contempler l'idée, et se tourne plutôt vers sa nouvelle colocataire, toutes deux étalées KO par une journée de déménagement – bien que Sanna ait un peu moins participé, avec un bras parfaitement inutile. « T'sais quoi ? J'ai ramené du gin avec ça, du bon, pour fêter un peu le truc. Si t'aimes pas, y a de quoi faire des cocktails. » L'envie immédiate d'allumer une clope alors qu'elle sort des verres du placard pour y verser le liquide est bien mal retenue, mais elle s'en convainc malgré tout. Pas de cigarettes, pas pour ce soir, pas déjà. Pas hors de sa chambre, surtout. Putain, ça fait à peine plus d'un an et la Suédoise peine déjà à se souvenir des règles de la vie commune. Elle pose les deux verres sur le comptoir de la cuisine et les remplit, ajoutant des glaçons avec une maladresse évidente avant de pousser le verre d'Emma en sa direction : « À l'emménagement, du coup. » Un clin d'oeil lorsque les verres se rencontrent. Et à la pauvre Emma qui ne sait pas qu'elle s'embarque dans une aventure avec une roommate fantôme, toujours fourrée dans sa caisse à l'autre bout de la ville, à rentrer avec des bleus, des bouts de pare-brise pétés ou à déserter pour finir dans les draps de personnes qu'elle ne reverra jamais. « Et à l'espoir fou que t'aies pas envie de me virer au bout de cinq minutes. » Pour toutes ces raisons et plein d'autres, s'il fallait vraiment faire une liste. « Mais j'suis contente de faire ça avec toi. J'aurais pas pu trouver meilleure coloc, je pense. » Ou peut-être qu'elle ne disait ça que pour la flatter et mettre quelques points de son côté histoire de mettre plus longtemps à dégoûter complètement Emma.
@Emma Lloyd-Cardarelli
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C’est pas si souvent qu’elle sympathise avec un de ses sujets d’études. C’est qu’elle essaie de garder un minimum de professionnalisme, Emma, et c’est pas son genre de mêler travail et vie personnel. Enfin, c’est ce qu’elle se dit, la réalité est pas toujours aussi nette, et il s’avère qu’elle s’est bien entendue avec Sanna. C’était bien parti pour, dès le départ: des personnes comme elle, qui se sont volontairement mutilées pour une altération, c’est pas si souvent qu’elle en croise. Elle est sûre qu’il y en a, un sacré paquet peut-être même, mais pour les faire venir jusqu’à son bureau pour un entretien clinique, c’est une autre paire de manche. Faut déjà réussi à les trouver, et c’est pas tout le monde qui admettrait avoir fait un truc pareil. Par honte, sûrement, par crainte aussi de ce qui pourrait se répéter, et ce même si Emma est tenue à la confidentialité la plus totale. C’est con, parce que ces gens-là l’intéressent beaucoup, sur un plan professionnel, mais aussi plus personnel. C’est évidemment pas un truc qu’elle dirait à voix haute, jamais, mais elle a bien du mal à comprendre ce qui peut motiver qui que ce soit à faire un truc pareil. Désir de puissance, de reconnaissance, d’être vu·e ? Elle en a pas la moindre idée, et ça l’intéresse d’autant plus de le découvrir.

Mais voilà, Sanna est devenue plus qu’un objet de curiosité ou un sujet d’étude. Sanna est une personne qui va partager son appartement. Il aurait été difficile de prédire que ça aurait pu en arriver là. Mais voilà, Emma l’aime bien, et c’est pas si souvent qu’elle se met à éprouver de l’amitié pour quelqu’un qu’au fond elle connait depuis si peu de temps. L’inviter à venir vivre avec elle c’est clairement pas ce qu’elle a pu faire de plus éthique, mais il s’avère que ça se goupillait bien. Elle avait besoin d’une colocataire assez urgemment, la Suédoise de sortir de Crimson Bay. Très honnêtement, elle a pas trop cherché à savoir si la jeune femme a de quoi payer sa part du loyer, ou même comment elle la paierait. Elle estime que ça la regarde pas, et puis elle pourra toujours compter sur ses parents (comprendre, surtout Lenny) si y a besoin de compenser.

« Du gin c’est parfait ! Je dois avoir d’autres trucs dans la cuisine, y a des bières dans le frigo aussi. » En réalité, elle est si crevée qu’elle a bien du mal à se rappeler son propre prénom. Il lui faut bien ça pour se rappeler à quel point elle déteste les déménagements. Elle se traine jusqu’au plan de travail tout en étirant ses bras endoloris. On pourrait croire que la boxe ça lui éviterait ce genre de courbature, mais non. Elle récupère son verre et le heurte à celui de Sanna. « A l’emménagement. » Sourire esquissé, verre en parti avalé presque aussi sec. Elle en avait bien besoin après autant d’effort. « T’inquiète, je t’aurais pas proposé ça si je pensais pas que ça allait coller. » Emma se flatte (peut-être à tort) d’arriver à cerner les gens rapidement. Et en matière de coloc, elle a ses critères, assez clairs: quelqu’un de cool, qui fasse sa part des corvées sans laisser un bordel constant et l’emmerde pas sur ses horaires. Ca peut paraitre simple, mais ça l’est vraiment pas en fait. « Je suis contente aussi. Je crois que j’aime pas tellement habiter toute seule, ça va me changer d’avoir quelqu’un. Et attends un peu, si ça se trouve c’est toi qui voudra te tirer. » Elle laisse échapper un petit rire amusé avant de terminer son verre, qu’elle repose ensuite sur le plan de travail, puis le fait glisser en direction de Sanna pour une deuxième rasade. « T’avais raison, il est vraiment bon. »

Emma s’offre quelques instants de réflexion. « Je crois que je t’ai presque tout dit. J’ai fait faire un double des clefs, elles sont sur la table dans l’entrée. Ah oui, y a deux extincteurs dans l’appartement, faut que je te montre où ils sont. C’est assez rare qu’il y ait des accidents ici mais on sait jamais. » Pas la peine de préciser que les accidents, c’est elle. « Et parfois y a mon père qui vient squatter sur le canapé quand ça lui prend. Mais is ça te dérange, tu me dis. »

@Sanna Hellqvist