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L'ombre qui rôde • Judith

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L'ombre qui rôde
R.A.S

Mi-octobre 2025 •


D’un battement de cil, j’accède aux applications de mon téléphone et valide le paiement de la course. Je quitte ensuite le taxi, non sans réprimer un grognement ; drôle dans sensation dans mon thorax. Je ne sens rien mais mes côtes se souviennent de mon dernier passage dans l’Underapple et du « gamin » sous stéroïde. Mains dans les poches de mon blouson, je lève le nez sur l’immeuble que ma frangine a choisi comme logement. J’ai abandonné l’idée de comprendre comment Poppy, l’une des stars blossomiennes les plus en vogue, en soit réduite à ce genre de taudis. Chaque fois que j’ai voulu creuser, je me suis heurtée à un mur. Le problème, c’est qu’elle est maintenant assez grande pour piloter sa vie sans que je mettre mon nez de grande sœur dedans. A son âge, j’étais déjà autonome, avec mon poste à la SPD et sans personne pour me reprocher mes choix parfois douteux. Donc même s’il y a anguille sous roche, je suis obligée de laisser filer…

Bref. La vie a beau être une chienne en ce qui concerne notre relation, je me pointe quand même chez ma cadette pour la mettre en garde. En quelque sorte. L’ascenseur est en panne, je me tape donc les étages à pied ; ça commence bien ! Je cogne à la porte et j’attends. J'attends encore. J'attends trop longtemps. J’écrase la sonnette avec passion et j’entends enfin du bruit à l’intérieur. Y compris du verre brisé et les jurons d’une voix que je reconnais bien. Alléluia, elle est bien là !

Je croise les bras, l’air dubitatif et quand la porte s’ouvre, elle dévoile un type échevelé aux yeux bouffis par le sommeil – ou la drogue… ou les deux. Il s’empresse de se barrer, sans me calculer, alors je m’intéresse à ma sœur dans l’encadrement. Je suis prête à parier qu’elle vient de sortir du lit, à en juger par sa tronche et la pénombre régnant à l’intérieur. Ça va, il n’est que 14h du matin.

- Salut Sunshine, j’ai oublié le fuseau horaire particulier de ta piaule. Il est quelle heure à Poppy city ?

Je la taquine pour le fun mais je ne la blame pas : j’ai eu ma période comme ça aussi – et aujourd’hui encore, il est fréquent que mon appartement recrache des partenaires ébouriffés au petit matin. Tant que c’est consentant…

Je m’avance et m’impose à l’intérieur, sans attendre son invitation. J’oublie que c’est la première fois qu’on se revoit depuis ma dernière opération, elle n’a jamais vu mes yeux violets ni la led circulaire qui brille sur ma tempe. Ce n’est de toute façon pas pour ça que je viens, alors je pose ma question rhétorique en étudiant l’intérieur de son refuge :

- T’as un peu de temps pour causer ou… j’tombe mal ?    

ft. @Judith R. Blair
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23 octobre 2025 | TW : Vulgarité
J'suis en train de danser, d'me déhancher devant une foule en délire, j'vais peut-être enfin pouvoir sauter dans le public comme j'ai déjà vu à la télé, mais y a un putain de bruit qu'arrête pas de se répéter. C'quoi ce délire, d'où ça tape dans le néant. Un son strident m'arrache complètement de mon pieu, ah ouais, c'était qu'un rêve. C'quoi ce bordel, qui vient m'peter les ovaires là, il est même pas... J'attrape mon téléphone, ah. Bon, c'est bon. J'me lève, j'ai la gueule dans l'cul c'est sévère, ma cheville touche le sol en m'arrachant une grimace, mon regard se pose sur l'gars qui dépasse de mes draps. Hey, oh toi là, euh... Comment il s'appelle déjà ? Ouais bref. Bouge toi, rentre chez toi ! Je tire le drap pour ma propre personne en l'entourant autour de mon corps, histoire de m'couvrir un peu.


J'ai la flemme, puis j'sais pas qui ça peut-être. J'ai payé le loyer j'm'en rappelle. Je tire vaguement sur le rideau, laissant passer un rayon de soleil qui me rappelle immédiatement que ma gueule de bois va pas m'lâcher si facilement. Je m'attrape la tempe, que je masse lentement avant d'avancer vers la porte. La sonnerie continue à m'harceler. C'est bon, j'arrive putain ! Mon tibia cogne dans la table basse alors que le type marche sur le drap qui me sert de robe. C'pas possible, nique sa mère, ce putain de meuble de merde ! Ma voix porte, jusqu'au couloir alors que je rattrape ma dignité du bout des doigts pour m'enrouler à nouveau. J'embarque le cendrier qui vient s'éclater au sol dans un déluge de cendre. MAIS VA TE FAIRE FOUTRE !


J'respire bien fort, c'est bon, plus j'cris plus ça tambourine dans mon crâne. Faut vraiment qu'j'arrête. J'ouvre la porte, la lumière artificielle me bousillant la tronche alors qu'le gars se tire avec une dégaine de coupable. Je m'habitue un peu, avant de distinguer le visage de Jill, surtout sa voix en fait. Euh, ouah, je t'attendais pas. J'ai un rire nerveux, dans ma tête il est quoi, huit heures du mat. J'ouvre un peu plus la porte d'entrée. Vas-y, rentre. J'essaie de m'creuser la tête pour savoir si j'ai un truc de prévu, aujourd'hui c'est tranquille. J'ai l'temps, tu veux un truc à boire, du café ?


J'ouvre entièrement la porte avant de la refermer derrière elle. Je me frotte les yeux, profitant un instant de l'espace sombre qui s'offrait à mon pauvre crâne pour me diriger vers la machine à café, toujours enroulée dans mon drap. D'ailleurs, j'chope une pince à linge histoire de pas avoir à le tenir constamment. Ça m'surprend que tu viennes jusqu'ici, y a un truc qui va pas ? On pouvait pas en parler au tel ?
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L'ombre qui rôde
Vulgarité, allusions sexuelles

- Vas pour le café, t’en as bien besoin en plus je crois, la taquiné-je encore. C’est qui le gars qui vient de sortir ?

J’avais dit que je ne blâmais pas son mode de vie mais OK : c’est plus fort que moi. J’ai toujours protégé ma petite sœur quand je pouvais, dans le temps ; et même si j’ai pas assuré ces dernières années – voire cette dernière décennie – j’aime pas cette sensation de pénétrer dans son baisodrome. Surtout quand les clients ont des têtes de camé du samedi soir alors qu’on est mercredi après-midi. Mais boarf, c’est ma faute : j’aurais dû la texter et l’inviter à dîner, ça m’aurait éviter ce spectacle. Remarque, elle m’aurait probablement posé un lapin et j’aurais dû venir enfoncer sa porte anyway. Comme quoi, le destin a la peau dure.

- J’ai la chance de connaître une star, j’aurais tort de me priver de la surprendre au saut du lit. J’peux te prendre en photo ? J’ai besoin de likes sur mon argo.

Je vais trop loin dans la moquerie ? Peut-être, peut-être. Le pire, c’est que c’est certainement plus moi qu’elle que j’attaque avec ces piques en réalité. J’aurais dû mieux faire. J’étais l’aînée de la maison, c’était à moi de la sortir de la galère de notre foyer déglingué. Je ne pourrais pas dire ce que j’espérais pour elle mais… mieux que ça, en l’occurrence. J’étais flic autrefois, je sais voir quand on me balance de la poudre aux yeux. Et sa carrière, c’est un putain de canon à paillettes.

- Tu veux pas aller t’habiller pour qu’on cause par contre ?! J’ai déjà surpris ton toy boy, j’aimerais bien causer à ma sœur sans qu’elle soit à poil, si c’est pas trop demander.

ft. @Judith R. Blair
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23 octobre 2025 | TW : Vulgarité, Allusions sexuelles
J'décolle les yeux de la cafetière avec un sourire en coin, on est pas bien différente dans l'fond. Ouais, ça m'fera pas de mal, c'est clair. J'lance de quoi faire deux café avant de me pencher pour récupérer un petit supplément pour le mien, whisky, ça, ça aidera à faire passer l'mal de crâne. La bouteille est pitoyable, quasi vide, mais faudra faire avec. J'réponds distraitement. Lui ? J'sais pas, Larry, Jerry ? Rien d'assez intéressant pour s'en rappeler t'façon. J'me redresse en abandonnant l'alcool sur le plan de travail, le temps qu'le café se fasse.

J'repasse dans la partie salon, jetant un coup d'œil à la lumière qui s'échappe de la tempe de ma frangine. C'est nouveau ça tient, c'est une prise pour te r'charger parce qu'tu dors plus ? Je souffle du nez, très satisfaite de ma réflexion avant d’agripper mes lunettes de soleil que j'enfonce sur mon nez. Poooouah, nan pas d'photos d'ta super canon de sœur, j'finirais dans le pieu virtuel d'tout le monde sinon, déconne pas. Puis rien qu'ma présence magistrale te donnera des likes. C'est une révérence qui accompagne mes mots, un petit tour sur moi-même pour me rapprocher des rideaux du salon que j'ouvre en grimaçant. Le pire il fait beau, mais genre VRAIMENT beau. Un putain d'grand soleil qui me crame la tronche au travers du verre teinté.

Beurk. J'me retiens même pas, à quoi bon. J'pouffe à sa réflexion avant de me traîner vers ma chambre, j'm'en fou de fermer la porte, Jill a qu'à regarder ailleurs si elle est pudique. T'sais, c'pas dramatique entre sœurs, t'aurais pas été si vieille, on se serait probablement battue pour la salle de bain. Le drap retrouve sa place alors que je fouille dans mon placard pour prendre une robe fluide et une veste en jean, presque prête à sortir si j'ai besoin. Manque des godasses et des sous-vêtements, mais c'est un détail. C'est si important qu'mon cul doit être couvert du coup ?

J'repasse dans la pièce principale pour servir les cafés, en agrémentant le mien. T'façon Jill va sûrement me dire qu'elle doit retourner travailler ou j'sais pas quoi pour juste prendre un café normal. Sucre ? Lait ? Bave de crapaud ? dis-je en chopant un restant de bouteille avec un liquide non identifié à l'intérieur. J'finis les tasses, je lui en tends une avant de me laisser glisser dans le canapé entre quelques fringues abandonnées là. Oh fais comme chez toi hein.
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Vulgarité, allusions sexuelles

- Non, c’est un détecteur de bullshit, réponds-je du tac-au-tac. Je l’ai installé spécialement pour toi !

Petite œillade mutine pour appuyer la répartie, tandis que ma cadette navigue dans son désordre. Je serre les dents en la voyant ramasser une flasque que je n’imagine pas remplie d’eau. Je suis sans doute mal placée pour lui faire la morale et en même temps… elle a 26 ans putain ! Elle entre dans la phase où être éclatée h24 n’est plus « cool », c’est simplement être une épave. Et les épaves, elles terminent généralement pliées en cube dans une déchetterie. Ne deviens pas un cube Juju s’il te plait.

Au moins, elle daigne partir se changer… mais ne ferme pas la porte. J’ai le droit de voir sa lune avant de détourner le regard en levant les yeux au ciel. Belle paire de fesses ceci dit ! On voit que c’est de famille. En revanche, sa pique m’arrache une expression offusquée – j’exagère un peu, je reconnais :

- La « vieille » a un cul plus ferme que le tien, Amy Winehouse ! Je dresse un majeur dans sa direction, à l’aveugle. Et si c’est important de couvrir tes miches, c’est parce que la dernière fois que je les ai vues, c’était pour changer tes couches. J’ai un ptsd maintenant.

C’est à peine faux en plus ! Je n’ai aucune idée de la moyenne en matière de numéro 2 chez les bébés mais je peux affirmer que Judith était une chieuse dès sa naissance. Au sens propre. Bref, je me laisse tomber dans le canapé, non sans prendre la peine de pousser ce qui traine dessus – j’ai pas attendu qu’elle me dise de faire « comme chez moi » pour prendre mes aises. Je croise même les jambes en l’observant maintenant qu’elle est de retour – et vêtue.

- Pas de sucre, pas de lait, pas de bave de crapaud, ni rien du tout. Tu devrais faire pareil, ne puis-je m’empêcher de la sermonner quand je la fois saucer son breuvage d’eau de vie, et tu devrais prendre une douche aussi, l’amour sororal est impitoyable… on se refait pas. Mais ça peut attendre, j’ai un truc à te demander, je marque une pause symbolisant que je mets les vannes de côté et l’étudie de mes prunelles violettes. Le type que je protège en ce moment… il m’a dit avoir des emmerdes avec quelqu’un qui se fait appeler « le Moissonneur », ça te dit quelque chose ? Je sais que tu traines dans l’Underapple, précisé-je. C’est juste pour savoir si t’en as entendu parler ; je l’engueulerai plus tard pour ses fréquentations.

ft. @Judith R. Blair
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23 octobre 2025 | TW : Vulgarité, Allusions sexuelles, Trafic de mineur
Oh bah dis donc, avec toute la merde que j'dis, tu vas faire bip bip bip dans ta tête frangine. C'est vrai c'qu'elle dit là ? Parce que je suis un peu dans la merde si c'est vrai. Sur l'coup ça m'arrange bien d'avoir la tête bien profond dans mon cul, comme ça ma grimace passe inaperçue. Faut pas j'y réfléchisse trop de toute façon. Je continue ma vie, j'm'habille comme demander avec délicatesse par Jill, faut pas compter sur moi pour refaire mon lit. Je jette un coup d’œil, juste assez pour voir son doigt levé pendant qu'elle m'cause. Je pouffe. Plus ferme, plus ferme, question de point d'vue ça. Ou du fait que mon seul sport au quotidien ce soit l'sexe. Sûrement ça, mais je vais pas lui faire le plaisir de l'dire.

Ouais ouais, bah si t'es si traumatisée qu'ça j'attends les histoires où je t'ai chié à la gueule en spray hein... Ouais non en fait, garde les pour toi c'dégueulasse. Je fronce le nez, j'ai des images dans la tête de mioches, quelle angoisse. Bientôt tu vas m'dire que tu veux pas d'enfant par ma faute parce que je t'ai jeté ma bouffe à la tronche ! Bon j'suis sûre qu'elle a de meilleurs excuses, comme moi. J'entends bien la remarque de Jill, mais j'agrémente tout de même mon breuvage, faut pas déconner. J'lui tend sa tasse. T'es pas drôle, d'puis quand t'es devenue si coincée. J'me pose les pieds sur le canapé, à côté d'elle, complètement sur les fringues.

Ouais... ouais, on verra pour la douche, c'est cher l'eau chaude. Je secoue mollement ma main devant ma sœur avant de tremper mes lèvres dans mon café brulant. Ça, ça réveille ! Remarque sa question aussi. Pardon quoi ? Déjà elle sait que j'traine en bas, faut que j'fasse gaffe moi, sinon elle va apprendre pour mes petites modifications surprises et ça va devenir la brune la plus insupportable du monde. Le Moissonneur tu dis, j'crois pas moi... T'es sûre ? C'pas le gars qui kidnappe les gamins avant qu'ils deviennent ado pour les revendre là ? Ah non non ! Comment ils l’appellent, rah, j'sais plus, de toute façon y a tellement d'gamins perdus en bas. J'm'enfonce dans le canap' un peu plus, au moins c'pas pour me rappeler j'suis en roue libre que Jill est là.

Il a quoi ton boss comme problème avec lui, peut-être ça m'aidera à m'rappeler, t'es sûre il a pas un autre nom ou quoi ? C'est space, on dirait un vieux plouc qui ramasse son champ de blé sauf qu'il veut avoir l'air trop stylé. Je choppe un paquet de clopes abandonné avant d'en allumer une, bien entendu, j'en propose une gracieusement à mon invitée. T'en veux une ? Nan ? Bah sinon j'peux me renseigner si tu veux.
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Vulgarité, mention d'enlèvement, mention de tabac

Moi, coincée ? Parce que j’essaye de l’empêcher de se foutre en l’air ? J’ai levé les yeux en l’air sans réagir. Pour l’instant j’ai plus important, mais qu’elle compte sur moi pour revenir lui botter le cul. 5, 10, 18 ou 26 ans, je reste sa grande sœur et je la recadrerai jusqu’à ma mort ! Autant de fois qu’il faudra. Bref. J’ai presque l’espoir qu’elle sache de qui il s’agit quand j’évoque le « Moissonneur » – et j’en suis horrifiée ! – mais… non.

- Tu essayes de me parler du croquemitaine, là ? fais-je, totalement basée.

Judith prend ça comme… « Judith ». Elle s’installe confortablement, attrape son paquet de cancer en tube – je refuse d’une moue ma dose de poison – et vanne ma proie sur son nom. C’est vrai que hors contexte, ça a l’air con. Je m’attendais pas à ce qu’elle me propose de se renseigner en revanche, ce qui est à la fois terriblement lucide de sa part et terriblement inconscient.

- Si ton vieux plouc s’en prend à des gus et des nénettes paumées pour leur voler leurs altérations, alors ta description est correcte. Les chiffres ne remontent pas à la surface, mais on parlerait de 48 personnes en un an, et ce n’est que la face émergée de l’iceberg, et c’est sans compter que chaque fois, on a retrouvé ses victimes mortes.

Le « Moissonneur » n’est donc pas vraiment le nom du coupable mais celui que les gens lui ont donné. Néanmoins, l’Underapple est vaste et nébuleux, difficile d’en tirer plus que des rumeurs. D’autant qu’à la manière d’un Voldemort du monde réel, les plus exposés évitent de prononcer son nom.

- Je veux surtout pasque tu t’renseignes et je préfèrerais même que t’évite de descendre tant que ce gars est encore là-dessous, Poppy ou pas, Judith fait clairement partie du profil de personne qui pourrait disparaître – et qui sait si notre cyber-ingénieur fou n’a pas besoin d’un larynx actuellement ? C’était juste pour savoir : mon asset s’inquiète, il voudrait pouvoir le balancer aux flics, c‘est tout, je conclus en haussant les épaules, tu sais que tu pourrais venir habiter chez moi un moment, hein ?

Changement de sujet à 90°, je rebondis à retardement sur cette histoire d’eau chaude trop chère. Mettons de côté le fait qu’une popstar vive dans le quartier le plus craignons de New Blossom, je peux l’aider à remettre le pieds à l’étrier si c’est qu’une question d’argent. Je suis pas riche, mais mon boulot paie bien et j’ai pas grand-chose à faire de ma thune à part l’empiler sur un compte épargne.

ft. @Judith R. Blair
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23 octobre 2025 | TW : Vulgarité, Mention enlèvement, Mention tabac
Mais nooon, je te jure, c'est un vrai gars, ou meuf, j'sais pas ! J'dis gars parce qu'il faut être un mec chelou pour enlever des gosses non ? J'insiste pas trop d'façon, j'sens bien que Jill est pas réceptive, c'est pas grave si elle m'croit pas d'façon, on est plus des gamines on risque pas de se faire embarquer. Par contre, le type dont elle parle vraiment est beaucoup moins drôle, même pour moi. J'grimace en l'écoutant, avant de tirer sur ma clope. S'amuser à tirer les altérations des gens en les tuant au besoin, dans l'Underapple. J'vais peut-être m'accrocher à Rio un peu plus la prochaine fois qu'j'le vois hein. Et puis tenir les gars au courant aussi, histoire qu'il leur arrive pas d'merde. Bon okay, j't'accorde qu'il a pas l'air cool ton moissonneur là, en tout cas, j'en ai pas entendu parler avant aujourd'hui hein !

Une autre gorgée de café, alors que je remet mes lunettes de soleil en place. Ouais, j'irais pas chercher des emmerdes à ton m'sieur qu'agresse les gens. J'veux pas clamser d'façon hein, tu crois quoi. Ok, un peu paradoxale alors que je souffle de la fumée dans la pièce mal aérée. Puis en réalité, j'dois aller voir Nixon demain, donc son truc de faire gaffe et pas descendre et tout, c'est déjà râpé. Toi aussi fais gaffe hein, c'est l'genre d'emmerdes dans lesquels tu sautes à pied joint, tu vas finir par t'rider. Puis, si j'la perds encore un fois, c'est tout mon esprit qui va s'faire la malle avec. J'hausse les épaules. Ouais, bah il est chelou ton employeur aussi, fin j'comprends qu'il s'inquiète mais bon, c'est un peu un autre monde là d'ssous, t'y es d'jà allée non ? Donc tu dois savoir !

J'manque de recracher mon café, j'étais pas prête. Quoiii ?! Vivre avec Jill, j'ai plus l'âge d'faire une coloc avec ma frangine, encore moins pour qu'elle me recadre tout le temps. T'as craqué ma vieille ? Fin j't'aime toussa, mais vivre avec toi à plein temps ? T'as pas l'impression qu'on a un peu des modes de vie genre, incompatible ? J'sais pas ce qui lui prend ou quoi, mais ça sort vraiment de nul part son truc. Ca t'vient d'où cette idée là ?
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Vulgarité, allusions sexuelles, mention de tabac

Faut être un mec chelou pour enlever des gosses ? Certes mais ce serait malheureusement pas le premier, ni le dernier. Enfin bon, Judith ne sait rien, elle me dit qu’elle ne va pas risquer bêtement sa vie, ça me suffit. Pour l’instant. Je n’épilogue pas sur la lubie de mon « employeur » et me contente d’un « hum » trop vague pour être clair. Les meilleurs mensonges sont les plus courts, si-si. Pour le reste, je laisse ma frangine se gausser comme une baleine et finir de chercher de – mauvaises – excuses pour justifier qu’elle n’a pas envie que je la sorte de son marasme.

- Ah bon ? Des modes de vie incompatibles pourquoi ? Parce que tu fumes et que tu t’envoies en l’air ? A mon tour de ricaner, elle est mignonne. Chérie, sur ce chemin-là, je suis tellement devant toi que j’ai dépassé ton horizon.

Et je m’arrête-là, parce que dans la liste des personnes avec lesquelles je n’ai pas envie de détailler ma vie sexuelle, il y a mes parents et, juste après, ma petite sœur.

- Sérieusement, tu sais très bien que le « problème », je mime les guillemets, c’est pas que tu boives ou que tu baises. T’aurais toujours le droit de le faire chez moi, tant que tu saccages pas l’appartement et que tu me fais pas profiter de la bande son.

Je zieute machinalement son appartement : mal éclairé, mal rangé, avec ses restes d’alcool et ses odeurs de tabac froid… on se croirait chez les parents. Faire tout ça de kilomètre pour s’éloigner de notre enfance merdique et emporte ce marasme dans ses valises, c’est du gâchis. Et c’est ça qui me chagrine : elle a une mégalopole immense pour elle, où on fait chanter des robots et où les voitures volent… et elle va traîner dans l’Underapple.

- Bref, c’est juste que je… je trouve ça chelou que la grande « Poppy » ne puisse pas habiter ailleurs qu’ici et trouve l’eau « trop chère », avoué-je dans un haussement d’épaules. Si t’as besoin d’un coup de main, n’hésite pas putain, je suis là, c’est promis cette fois, le Moissonneur ne m’aura pas, je peux t’aider à te trouver un autre appart’ sinon. Me porter garante, tout ça…

Ce que je ferais pas pour qu’elle sorte la tête du trou franchement…

ft. @Judith R. Blair
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23 octobre 2025 | TW : Vulgarité, Allusions sexuelles, Mention de tabac, Défaitisme

Maaaais non, c'est pas ça ! C'est juste que toi, t'as une vie normale quoi, tu vas bosser tous les jours et tout. Moi, c'est moi. J'vis dans mon monde, c'pas le même. Ouais c'est bien résumé. Et puis, j'sais pas si j'veux qu'elle me demande où j'me casse quand j'vais faire un tour à l'Underapple par exemple. Ou que j'ramène des gens qu'elle aimera peut-être pas. J'm'enfonce dans le siège, en prenant une gorgée plus grande de mon café, d'un côté elle a pas trop, on sait qu'c'est pas ça le problème. C'quoi le problème alors tu penses ? Est-ce qu'elle va oser m'répondre ? Bonne question, est-ce que je serais sincère aussi, j'sais pas. Après j'peux rien garantir qu'en au volume de ma vie hein, j'aime bien faire du bruit, c'pas pour rien qu'j'fais des concerts. Ouais c'est de la provoc', mais c'est un truc entre nous.

Bref, un mot bien adapté dans notre famille pour éviter les sujets sensibles, j'comprend. Elle marque un point en disant que c'est chelou, Jord abuse de fou avec son contrat, mais j'suis dedans depuis plusieurs années et je l'ai signé volontairement, donc j'pense pas que j'puisse faire quelque chose. Et puis, il risquerait de me jeter sous le bus en parlant de mes modif' pas tout à fait légales. Ouais, j'avoue c'chelou. Tu veux la vérité ? J'dépense tout en fait, déjà ça fait pas grand chose, du coup, j'paie Jord et j'dépense le reste. C'est pas dur de voir que c'est pas toute la vérité, mais une partie. J'dépense tout ce que je gagne oui, mais la paie de Jord est assez conséquente. Ouais, je sais que t'es là maintenant, mais j'ai appris à m'débrouiller seule et si tu disparais encore, bah j'serais toute seule. Un peu moins vulgaire, un peu moins drôle et pétillant, complètement véridique.

Si j'me débrouille pour qu'elle m'sorte du contrat avec Jord et qu'elle disparait, qui m'dit que j'vais pas me retrouver dans la merde ? Puis vu qu'elle travaille pour Theseus, j'sais pas si elle aimerait connaître ma prothèse modifiée. On me l'a bien fait comprendre, j'peux pas me faire réparer ou installer d'autres modifications à des endroits contrôlés par Theseus, sinon j'risque des gros ennuis. Je soupire et j'fini mon café d'un coup. Ma clope s'est consommée presque entièrement, je tire dessus une dernière fois avant de l'écraser dans le cendar. J'sais que tu veux bien faire Jill, j'suis plus une gamine. J'sais que j'suis un navire à la dérive, mais j'veux pas reprendre un cap normal. C'pas contre toi hein. J'aime ma vie comme elle est.  J'aimerais bien virer Jord d'ma vie, mais ça j'verrais avec les potes que je me fais à l'Underapple et après, ça ira bien mieux. Je sais que j'déconne, mais c'est trop tard maintenant.
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Vulgarité, mention drogue

- J’te crois pas, répliqué-je du tac-au-tac.

Je rumine. Ce qu’elle m’a dit, ce qu’elle m’a balancé à la figure. Le coup de la disparition ? Pas cool Judith, pas cool. Mais disons que c’est de bonne guerre ; j’ai pas été très présente, hein ? Je suis cette ombre qui se prétend protectrice mais qui a toujours mieux à faire que de veiller sur sa frangine. A sa place, j’aurais fait pareil : j’aurais pris le contrôle du véhicule de ma vie, j’aurais verrouillé les portes de l’intérieur et je l’aurais envoyé droit dans le mur. Juste parce que me détruire moi-même, ce serait ma revanche sur la destruction que m’ont imposé les autres. Pas besoin d’implants pour la lire comme un putain de livre ouvert. Je soupire et m’enfonce un peu plus dans son vieux sofa ; pas de chance, je capitulerai pas cette fois.

- Aimer l’indépendance, baiser toutes les nuits et se lever à 15h, je peux comprendre le délire. Mais vivre dans un appart’ pourri, sans eau chaude et avec de la tequila de merde ? Je désigne l’une des bouteilles qui traîne dans sa tanière, me dis pas que c’est un choix. Et clairement, tu claques pas tout dans une vie de château – ce qui serait cohérent. Du coup, quelles options on a…

Je me lève, zieutant machinalement l’environnement velouté par une lumière crayonneuse. Déformation professionnelle : lors des interrogatoires, ça peut déstabiliser les suspects d’avoir un agent mouvant dans leur champ de vision. Je ne me rends pas vraiment compte que j’agis de même avec Judith ; et le pire, c’est que je suis à deux doigts de scanner ses altérations pour voir si je découvre un truc louche.  

- Soit tu lâches le flouze dans une came illégale, soit… combien il prend ton Jord sur tes revenus ? C’est l’inconnue de l’équation.

ft. @Judith R. Blair
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23 octobre 2025 | TW : Vulgarité, Alcool, Tabac, Drogue
Bien sûr qu'tu me crois pas ! J'm'étale dans le siège en agitant ma main. J'sens bien que la vérité elle passe pas bien, mais c'est pas non plus ma faute. Même si c'est vrai qu'si j'avais rien à cacher, j'aurais sûrement pas balancé ça. Je rétorque comme j'peux. Eh, il est pas pourri mon appart', j'ai des voisins cool, y a l'UnderApple a porté et qui t'dit que j'kiffe pas la vodka d'merde hein ? Je secoue un peu plus mes doigts. On nous a pas élever comme des princesses m'dame, si tu t'rappelles. Je doute franchement que ça passe, mais qu'est-ce que j'y peux hein ? Jill aime trop s'inquiéter et essayer de comprendre, de trouver la vérité. Qu'est-ce que c'est chiant quand elle le fait sur moi. Le pire c'est qu'elle continue, elle cherche les options, quelle merde. J'fini mon café d'un coup, pour l'jeter au fond de mon gosier et je prends une autre clope.

Allez Jill, c'est bon, j'suis pas malheureuse, ça m'va très bien. Fais chier. De la came illégale ou Jord qui prend ma thune. Elle me casse les couilles à être bonne à son job. Jord qu'est-ce qu'il vient foutre là ? Détourner l'sujet. J'sais pas l'chiffre exact, c'est l'comptable qui gère tout. Une semi vérité. Nonchalante, sois une ratée Ju', vas-y. Après, j'ai accepté un contrat d'pub là, ils prennent un paquet, mais d'ici quelques mois ce sera fini. Je hausse les épaules. Après, moi j'suis généreuse, pas comme les vieux hein, j'partage quand je m'achète des trucs, genre d'la drogue oui. J'pose ma tasse et je lève les mains au ciel. Tu m'as percé à jour, bouuuh, ça coûte la blinde, surtout quand j'fais tourner aux afters. Tu t'attendais à quoi ?

J'lâche un gros rire condescendant. J'ai pas b'soin d'être sauvée et j'ai l'eau chaude hein, j'ai juste dit qu'c'était cher. Si vraiment tu t'inquiètes tant que ça, j'peux pisser dans un gobelet et t'faire une liste de tout ce que je me suis tirée hein. Si elle commence à se poser autant de question, va falloir que je revois sérieusement mon accord avec Jord... Ce qui va être très compliqué, peut-être le faire disparaitre ? Faut que je change de sujet. Allez ma vieille, soit pas rabat-joie, si c'est qu'ça, je trouverai un autre appart' et voilà. Je la repousse totalement par ce flux d'informations, ça m'fait chier franchement, mais là, y a pas le choix. Je peux pas la mettre elle, qui a sa vie bien rangée, dans la merde de mon altération interdite et de mes contacts plus que douteux.
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L'ombre qui rôde
R.A.S

Je fixe ma cadette avec un air blasé. Ses excuses sont à l’image de son appart’ : bordéliques as fuck. Y’a un truc pas net là-dedans, c’est clair ; et ça pue tellement fort que je ne sais pas par où commencer. Judith déploie beaucoup d’énergie pour me dégouter de l’aider. Elle se marre avec condescendance, j’expire mon scepticisme, dépitée par son obstination. Malheureusement, c’est un trait qu’on a en commun, je serai bien hypocrite de la blâmer.

- Si t’as pas envie d’mon aide, contente-toi d’le dire. Parce que me croire assez conne pour gober ton baratin, c’est un peu vexant.

Bien sûr que je ne suis pas vexée, mais c’est très con pour elle, ça vend la mèche. Et la cerise sur le gâteau, c’est son « contrat de pub qui pompe un max ». Ah bon ? Avec sa notoriété, c’est ELLE qu’on devrait payer pour de la pub, pas l’inverse. Et si jamais elle parle d’une campagne de promotion, avec son succès, j’ai du mal à croire qu’elle n’ait pas une structure pour prendre le risque financier à sa place. Donc soit elle ment, soit sa situation est plus que foireuse.

- Bref.

J’arrache mon cul au sofa en soupirant. Le climat n’est plus au badinage, j’ai pas envie de faire semblant en parlant de la météo ou des chiffres stratosphériques de son dernier single. De toute façon, j’ai d’autres chats à fouetter. Je me pince néanmoins les lèvres et lui lâche avant de me tourer vers la porte :

- On est dans la même ville, Ju’. Je sais que t’as déjà entendu ça, mais si t’as des emmerdes, tu peux venir me voir. Quelles que soient les emmerdes, insisté-je.

Je la fixe intensément pour lui faire comprendre que je ne parle pas seulement de déplacer son canapé au prochain déménagement. Je ne suis plus de la police depuis longtemps, mon sens de la justice est bien plus relatif depuis.

- Je vais pas t’embêter plus longtemps. Tu m’appelles si t’entends des choses sur le Moissonneur, je tapote machinalement ma tempe de l’index – c’est là que je capte mon téléphone désormais. Et essaye pas de te mêler de ça, parce que je la connais quand même : aussi curieuse et tête brûlée que sa grande sœur.

ft. @Judith R. Blair
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23 octobre 2025 | TW : Vulgarité
J'sens que je l'ai vexé. J'veux pas la foutre dans la merde, j'suis consciente d'ma vie et ça m'va, mais j'vais pas trainer celle qu'à réussi à s'en sortir avec moi. Allez Jill, excuse okay. C'est qu'elle décolle déjà du canapé pour se tirer. J'crois que j'en ai trop fais. Peut-être trop d'fierté chez nous deux. J'vais me sortir du deal avec Jord et après, ce sera un peu plus simple ouais. Je l'entends tenter de me faire comprendre qu'elle est là, quel que soit l'problème, mais dans l'fond, je sais que le jugement sera là. J'soupire. J'retiens. Mon mal de crâne a laissé place à du dégoût. Pour mes mensonges envers ma frangine, pour le fait qu'va falloir que j’réfléchisse à une solution.

Jill, attends. J'me lève et m'approche alors qu'elle s'apprête à passer la porte. Tu m'embêtes pas. J'vais bien, j'te promets. J'te prends pas pour une conne okay ? Bon, j'ai lâché la blinde de conneries, mais c'était pas pour la mépriser du tout. En vrai, j'ai qu'du respect pour elle. J'suis adulte, j'gère ma vie comme j'veux et toute seule au max. Tu peux comprendre ça. Si j'suis trop dans la merde, promis, je viendrais te chercher. Je masse ma tempe. On peut s'faire un ciné la prochaine fois, ce sera plus sympa... Un truc de sœur quoi. J'vais pas la retenir, je la presse contre moi, j'sais que j'empeste l'alcool, l'tabac froid et probablement la sueur, mais j'm'en fou. J'vais aller prendre une douche bien chaude, tu vois ? Ca m'fera du bien.
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