Le long du fil rouge • Vico

Le long du fil rougeTW : R.A.S

Juillet 2025 •

- J’te refais le topo.

Pas de véhicule volant pour la mission : discrétion oblige. On est assis à l’arrière du pseudo taxi conduit par Jo pour l’occasion. Je manipule rapidement l’écran tactile d’une tablette qui projette en 3D une série de photos d’un homme massif, crâne rasé et tatouage de chouette dans le cou. Il a une telle stature qu’on devine l’armure de muscle planquée sous la graisse et, soyons honnête, il a un peu une gueule de taulard.

- Kevin Greakford, barman et co-gérant du Tramp. Du peu que j’ai pu déterrer sur lui, c’était une bête de MMA y’a 15 ans. Un monstre, on l’appelait Hullbreaker, mais il préférait les dollars à l’honneur. Il a plusieurs fois accepté de se coucher pour de l’argent, ça s’est su et ça a torpillé sa carrière officielle, je mouline de la main pour symboliser le fait que j’accélère les étapes : blablabla, il a fait de la prison pour association de malfaiteur, à sa sortie il disparait des années et on le retrouve à servir des pintes en 2022. D’après une info qu’on m’a donné, il pourrait avoir rencardé ce gars avec notre ingénieur fou.

Je swipe vers les clichés d’un cadavre au visage carbonisé et à la mâchoire disloquée, laissant entrapercevoir un travail d’orfèvre en termes d’altération au niveau de la gorge. Tel que révélé par les analyses, il s’agit d’une copie entièrement clandestine du Dragonbreathe militaire ; une version bien plus dangereuse que l’originale, elle-même déjà interdite pour des raisons d’instabilité. La victime tatouée a visiblement eu la face grillée par sa propre arme, mais ça n’est rien à côté de l’état des corps qui l’entouraient.

- Ou en tout cas, il pourrait connaître quelqu’un qui connaît notre cible numéro 1. Rien de certain, mais faute de mieux, on va le faire causer, je check ma montre : bientôt 2h, le bar va fermer ; le moment idéal pour une descente surprise. Tiens, prends ça, je file à Vico un badge de l’unité CERBER plus vrai que nature. J’ai l’habitude de me faire passer pour eux quand j’enquête, expliqué-je avec un haussement d’épaule.

A défaut de m’ouvrir des portes, ça me permet de tuer dans l’œuf toute suspicion quant à l'identité de mon employeur. Et puis, en réalité, ne serait-ce pas aussi le job de CERBER d’investir sur l'homme qu'on recherche ? Cette couverture passe crème. On arrive à destination. Je remballe la tablette et vérifie le semi-automatique que je porte contre mes côtes. Chargeur OK. Je chambre la première de mes 18 balles, remet la sécurité et replace le jouet sous mon blouson. Matraque télescopique à la ceinture, j’ai privilégié la légèreté – je ne pense pas qu’on soit là pour une guerre, alors le reste de l'attirail est resté au QG. Avant d’ouvrir la portière, je cale derrière mon oreille le petit bijou de communication qui me permettra de rester en lien avec tout le monde – et notamment Jo. La caisse s’immobilise en face de l’établissement d’où sortent les derniers amateurs de ce genre de bouge.

- Si t’as des questions, c’est maintenant !

Je suis pas la cheffe – oh que non ! – mais cette mission est un peu « la mienne », dans le sens où j’ai fait les premiers pas en solo. Alors…  


ft. @Vico Caruso

Un regard sur le badge CERBER ; c'est que pour peu, il pourrait y être allergique ; la dernière fois qu'il avait eu à faire à eux, il s'était retrouvé dans le noir quasi une année ; qu'il n'avait pas tant aimé le séjour qu'ils lui avaient pourtant offert gracieusement. Mais Jill est Jill ; alors Vico attrape le badge dans ce même silence qu'il a depuis le départ, à écouter tout le topo que la brune peut lui faire, parce que c'est important pour saisir tout les aboutissants ; et surtout, savoir sous quelle amorce ils allaient prendre le tout. L'affaire se présente assez simplement finalement ; trouver le type, l'interroger, faire un rapport plus tard sur la situation et puis s'aventurer sur des nouvelles pistes à explorer par rapport à ce que cet interrogatoire donnera.

Bien assez vite, il retire son gant qui protège son altération et avise les caches vides pour n'importe quel poison qu'il pourrait mettre là. "Il doit nous dire tout ce qu'il sait, donc." Bout de sourire ; et finalement Vico sort une petite sacoche du sac qu'il avait apporté ; et quand il la déploie, toutes les fioles qui sont ses propres armes à lui se retrouvent ainsi exposés. Jill a l'habitude, à présent ; sait que c'est l'atout principal de Vico, qu'il peut injecter dans l'ardeur d'un combat n'importe quoi à leurs cibles ; et pour cette fois encore, il choisit ce qui pourrait s'apparenter dans une autre vie au liquide lacrymogène ; mais un cousin dérivé, qui paralyse les muscles jusqu'à pouvant les atrophier si trop injecté... Un des chouchous de Vico, en toute sincérité.

Sa main alimentée, il remet son gant pour éviter d'éveiller les soupçons (après tout, un membre de CERBER n'aurait pas de toute évidence une prothèse interdite) et tourne à nouveau la tête vers Jill, alors qu'il range la petite sacoche dans sa veste, dans une poche intérieure qui saura encaisser quelques coups avant que les liquides dedans ne pète s'ils prennent un trop gros impact. "Tu as été parfaitement claire." Sourire charmeur ; et il se glisse hors du véhicule, allant chercher après ses lunettes de soleil pour les mettre, activant les capteurs pour se retrouver en communication sur le canal réservé à l'équipe ; et si on se demande pourquoi un type se balade ainsi en pleine nuit... Et bien, sans doute que la personne est nouvelle à New Blossom.

Dernier regard vers Jill, croisant les bras au départ, attendant quelques minutes avant de voir que plus personne ne sort du bar ; et que la devanture coupe son néon. Alors après le signal de la brune, Vico avance avec elle, suivant celle-ci avec à peine un pas qui les séparent ; forcément, on se tourne même pas vers eux quand la porte du bar se referme, que la voix du fameux Kevin Greakford résonne, puissamment. "On sert plus." Ils n'auraient jamais deviné, tiens. "Ca tombe bien, on ne vient pas pour boire." Rétorque Vico, déjà affublé de son éternel sourire de bonimenteur. Le colosse qu'ils viennent voir se redresse et les observe, l'air méfiant au possible ; ce qui semble plutôt naturel quand deux inconnus se présentent ainsi à son boulot. "Vous venez pour quoi, alors ?" Et parce que c'est l'enquête de Jill avant tout, Vico lui laisse le prime honneur de se présenter, pour voir comment elle souhaite la jouer pour le moment.

Le long du fil rougeTW : menaces/chantage

On sort de la bagnole et un frisson me descend le long de la colonne vertébrale. Show time. Inutile d’être une experte pour savoir que la partie ne va pas être simple. Quand on pénètre les lieux, l’ex Hullbreaker est occupé à finaliser son rangement. Il tente de nous dégager sans se retourner, je referme la porte et… tourne le verrou. Enfermés avec la bête. On va vite voir si c’était une bonne idée…

- Et bien ça, ça dépend de toi en fait ! Je prends le relais sur mon collègue qui a fait une introduction de type 20/20, on peut juste discuter, on est plutôt de bonne compagnie pour ça, V. et moi. On peut aussi être un peu plus vilains, c’est un autre truc qu’on fait bien, et je ne suis pas en train de te proposer un threesome.

Je m’approche du comptoir et m’y accoude avec désinvolture. De l’autre côté, Kevin n’est pas intimidé pour un sou. Je n’en attendais pas moins de la part d’un type qu’on appelait littéralement « le briseur de carapace ». Mauvaises fréquentations, prison, il a la peau épaisse ; et si on s’en tient strictement au gabarit, il est aussi large que moi et mon partenaire réunis. J’espère que le Vautour a chargé une dose pour éléphant dans son gant magique. Voire pour brontosaure, on ne sait jamais. Je sors mon badge de CERBER et lui colle sous le nez. Ses jointures blanchissent et ses mâchoires se contractent ; pas un amateur de poulet apparemment. Vegan peut-être ?

- On a deux-trois questions et on a vraiment besoin des réponses, je sors de ma poche une série de petits cadres semblables à des polaroïds, à la dfférence qu'elles projettent des photos en 3D : celles que j’ai montrées à Vico, sous plusieurs angles, on veut savoir qui lui a monté ça avant que ça lui explose à la gueule. Et j’te propose de sauter le passage où tu me dis que tu le connais pas, enchainé-je en chassant cette éventualité de la main. Je sais qu’il est venu ici, je sais que tu le connais et je sais que t’as essayé de le rencarder avec une grosse tête qui a refusé.

Il a un self control de moine tibétain, je lui accorde ça. Pendant quelques secondes, je lis clairement dans son regard qu’il a envie de me tordre le cou. Il se penche même vers moi, sa stature occupant tout mon champ de vision, mais il ne me touche pas. Sa voix est même plutôt calme quand il lâche :

- Vous avez quelque chose contre moi ? Je suis en état d’arrestation ?
- Non, pas encore en tout cas.
- Alors dégagez et ne revenez que quand c’est le cas. La porte est là, nous désigne-t-il de l’index.

ft. @Vico Caruso

TW : violence, injection, abus de pouvoir simulé

Jill n'y va pas par quatre chemins ; va droit au but, rentre dans l'arène et arrache le début de la jugulaire de l'adversaire. Les cartes ont été mises sur la table et le molosse a intérêt à y répondre. C'est qu'elle dégage ce "te fous pas de moi" qui plaît si fort à Vico ; et alors qu'il devrait rester parfaitement sérieux, il sourit de l'échange, parce que finalement le type joue les gros bras mais use de la justice qu'il méprise pourtant pour les envoyer chier. Ah, quelle douce ironie ; les meilleurs à connaître leurs droits, pour sûr. Mais le seul souci... Et bien, c'est qu'ils ne sont pas la police justement ; malheureusement pour lui, sans doute. "On est de CERBER, chéri." Qu'il dit, presque trop joyeusement ; et sa pogne s'élance pour se saisir de l'avant-bras du baraqué, l'enserre d'avec toute cette force mécanique ; et déjà les griffes commencent à percer le tissu à peine resserré (c'est qu'à force on abandonne vite la couture parfaite dans cette vie passionnante) pour, bientôt il l'espère, trouver une chair à mordre. "Les mandats et ces conneries, c'est pour la police." Sourire carnassier alors que le type est piqué à vif ; pas même par le poison, non non ! Juste parce que Vico le touche (et le surnom "chéri" passe mal auprès du grand gaillard) ; puis il aime pas son regard ; et on peut le comprendre. "Alors ?" Qu'il relance.

Et la relance se fera par, vu qu'il peut plus dégager son avant-bras, l'autre qui se lève, prêt à asséner un coup de poing sans doute monumental... Mais ah, quel tristesse ; son expression change du tout au tout, quand finalement le vautour se décide à finir de déployer ses serres ; et les plante dans sa peau. Le bras, c'est traître ; y'a des veines un peu partout... Alors ça atteint directement l'autre, le frappe de plein fouet ; le liquide paralysant agit à toute vitesse, aidé par la pression que les pistons aident à mettre. Un bref rire cynique face à l'explosion de douleur que l'autre ressent ; et la fierté s'est faite la malle immédiatement, chez le barman qui tremble face à la violence qu'il se prend en pleine face. Vico le relâche, gardant la moitié de la dose pour la suite, si cette première injection n'a pas suffit au colosse qui l'encaisse mieux que beaucoup d'autres gens ; c'est pas que des muscles, alors, derrière ce visage crispé ! "Tu pourras toujours porter plainte auprès de la police, par contre." Qu'il termine de provoquer, croisant à nouveau les bras. "Écoute mieux les questions, maintenant." Et son sourire s'éteint, laissant cette aura de mercenaire émaner à nouveau ; et qui va tout aussi bien à un chien du gouvernement ; c'est ça de donner encore plus de pouvoirs qu'à des poulets.