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How to become a computer • Layla

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Octobre 2025 •



Tentative d’ouverture des paupières numéro 8. La lumière du plafonnier me déglingue la rétine. Ce n’est pourtant pas faute de l’avoir baissée au minimum. La sensation est étrange, comme si on venait poker mon cerveau à travers mes yeux. Ma tête est lourde, encore bandée. Privée de douleur, j’ai simplement l’impression d’être bourrée ; à moins que ça ne soit l’effet des médicaments ? Je suis incapable de le dire. Je zieute à droite et à gauche. Les salles de réveil des locaux médicaux du personnel sont vraiment austères d’épuration, je vais le signaler aux boss tien.

Coudes plantés dans le matelas, je lève mon crâne de trois tonnes pour me redresser. Après 24 heures dans le noir total puis une nuit de repos, je peux enfin me réapproprier ma vision. Une vague impression de chaleur assèche mes prunelles et j’ai comme un filtre flou qui entache mon acuité habituelle. Machinalement, je tâte l’arrière de ma tête. Mes doigts ne rencontrent que le bandage, mais je devine le travail propre des pyrochirurgiens. Un petit carré de cheveux en moins au niveau du cervelet pour des fonctionnalités très utiles en bonus…

Bon. Je me lève. J’ai grave envie d’un café ! Contrairement à mon premier réveil chez Theseus, je porte un ensemble bleu qui a des airs de pyjama de luxe. Dans les couloirs, mes yeux galèrent avec la mise au point. Les médecins m’avaient prévenue qu’il y aurait quelques jours de conflits entre le fonctionnement des nanorobots et celui de mon implant-scanneur, puis que tout reviendra à la normal. Ou presque : car la vitre que je viens de croiser m’a renvoyé mon reflet et mes prunelles sont maintenant violettes. Dément ! Dans la salle de repos, qui ne vois-je pas aussi en train de récupérer, le crâne enturbanné ?!  

- Miss De Vere ? Quelle surprise ! Laissez-moi deviner : on vous a greffé les codes nucléaires du pays directement dans le crâne ? Elle a l’habitude que je la taquine maintenant, hein ! On se refait pas boss. Vous en voulez un deuxième ? proposé-je en désignant la machine à café.  

ft.  @Layla De Vere
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Chaque battement de coeur envoyait une pulsation des plus douloureux au crâne de la jolie brune. Cela faisait partie du temps de rémission et de la particularité de cet implant expérimental qu’elle avait elle-même développé pour Theseus. Impatiente de pouvoir le mettre en pratique, dès que les tests initiaux avaient été concluants, De Vere voulait expérimenter elle-même sa création.

Un bandage ignoble à la tête, la voilà qui se retrouvait dans une espèce de petite salle cafétéria. Vêtue de son propre pyjama, dédaignant ceux fournis par « l’hospice », c’est tout de noir vêtu que Layla terminait une tasse de thé.

Un petit sourire venait rapidement étirer la commissure de ses lèvres, lorsqu’elle entendit Miss Blair se joindre à elle. Bien entendu, la Psycho Chef savait qu’une de ses mercenaires devait subir une chirurgie elle aussi, elle l’attendait justement.

- Vous n’êtes pas loin Miss Blair. Peut-être serait-elle apte à les obtenir avec le Deep Dive, hmmm, un défi ? Un thé plutôt. Rectifiait la jolie brune en se levant pour se servir. Joli vos nouvelles prunelles.

Des teintes violacées qui allaient bien à Miss Blair, il fallait bien l’avouer. Remettant de l’eau à bouillir, l’Irlandaise s’adossait contre le petit meuble où était posé tout le bric-à-brac bas de gamme pour les patients en réveil. Une entreprise aussi lucrative qui coupait les dépenses sur tout ce qui était jugé… basique.

- Comment vous sentez-vous ? Outre les effets postopératoires.

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Je pourrais rebondir sur le fait qu’elle me dit qu’elle n’est pas loin d’avoir les codes nucléaires du pays entre les deux oreilles – ce qui est une dinguerie en soi – mais mon cerveau bute sur un truc : elle vient de complimenter mes yeux ?! J’affiche un air mi-mutin mi-surpris devant cette remarque que je n’attendais pas de la part de ma supérieure. Ma théorie sur sa sexualité vient de prendre quelques points.

- Merci, répondis-je en papillonnant des paupières avec emphase. Joli pyjama !

Je lui glisse un sourire, calant mon pas sur le sien. J’aime bien cette femme. Au-delà de l’aspect psychorigide et des manigances qu’elle articule certainement, on sent qu’elle ne considère pas ses squads que comme des objets opérationnels. Il y a de l’humain chez elle, presque paradoxalement.

- Ça va, ça va, je place ma tasse dans la machine et lance le programme long – un bon café lyophilisé à l’améwicaine, mais vous savez, je ressens plus la douleur. Pour autant que je sache, je suis peut-être en train de faire une hémorragie cérébrale.

J’ai lâché ça avec désinvolture, haussement d’épaules en prime. On sait toutes les deux que si j’étais une fragile qui paniquait à ce genre de risque, je ne serai pas dans son personnel. Café coulé, je récupère mon breuvage et jauge à son fumet blanchâtre qu’il est bien trop chaud. Je souffle dessus, recouvrant mon sérieux pour ajouter :

- Je regrette pas le changement. J’ai un nom sur l’affaire des altérations interdites : le Moissonneur. Tous ces changements, je tapote mon crâne bandé de l’index. Ça va m’aider à le serrer, et à mettre un point final avant que ce soit trop la merde. Vous me parlez de vos nouveautés alors ?  

ft.  @Layla De Vere
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- Merci. Apparaissait un petit sourire en coin fort amusé de ce comportement suite à son compliment, mais aussi face à celui qui lui était offert en retour.

Toutes deux se dirigeaient vers cette espèce de station surmontée des machines nécessaire pour assouvir les envies de caféines de tout un chacun. Le bouton de la bouilloire électrique était rapidement enfoncé et une première question posée quant à l’état d’une membre de ses équipes.

- Certes. Je ne peux qu’admirer votre stoïcisme. Outre la douleur cependant ? Était là plutôt la réelle question, même si Layla connaissait bien maintenant la résilience de Miss Blair.

La bouilloire s’arrêtait et De Vere remarquait à nouveau la couche de calcaire au fond du récipient. Rien d’autre n’était disponible, il faudrait à nouveau ignorer la crasse qu’elle allait ingurgiter. Rapprochant sa tasse, elle écoutait attentivement Jill, tandis qu’elle versait doucement l’eau bouillant pour faire son thé.

- Excellente nouvelle. Avez-vous eu le temps d’en faire part à Mister Porsall ? Sans doute, sinon il n’était pas non plus désagréable d’avoir la primeur.

Ses équipes étaient bien huilées après tout, Layla n’avait aucune raison de douter de leur synergie ou de la confiance qu’elle plaçait en elles.

- Oh un petit ajout pour brouiller et flouter mon image sur toute technologie existante et un nouvel implant de mon cru. Rien de secret pour la Division S+. Deep Dive, un nouvel implant expérimental que j’ai créé. Il permet de "deep dive" dans les profondeurs du net en augmentant considérablement les capacités de hacking du porteur. L'on est moins facile à détecter, l'on passe plus facilement les pare-feux et autres joyeusetés de la sécurité numérique. L'on peut avoir accès à de l'information très privilégiée, très très privilégiée. Insistait Miss De Vere. Il est possible d'obtenir de l'information en grande quantité et à une vitesse assez importante, ce que les implants de bases ne permettent pas. D'où sa petite remarque de tout à l'heure quant aux codes nucléaires.

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- Bien sûr : j’ai prévenu Douggie que son élément préféré serait absente quelques jours, plaisanté-je. Et je vais bien, ne vous en faites pas !
   
Mon principal risque à cet instant, c’est de me cramer la langue sans le savoir sur ma boisson chaude. Soufflant toujours sur le café qui me renvoie à la figure son fumet impersonnel, j’écoute les explications de la grande patronne sur ses améliorations. Le « deep dive », hein ? Mon dieu, c’est la porte ouverte à une infinité de blagues de cul, j’espère qu’elle en a conscience. Je me mords la lèvre pour me retenir et m’efforce d’avoir l’air sérieux ; mais à sa conclusion, je suis quand même obligée de marquer le coup :

- Ça a l’air super pratique pour aller effacer toutes les sex tapes de vous restées sur le PC de votre ex !

Ne pas rire comme une idiote, ne pas rire comme une idiote, ne pas rire comme une idiote. J’observe néanmoins sa réaction : on sait jamais, je pourrais avoir tapé juste – on a tous une vie cachée ! On retourne s’installer toutes les deux. Ma nouvelle vue chie encore, j’évalue mal la distance et me prend ma chaise dans le genou. Aïe. Rapide coup d’œil autour de nous et verdict, il n’y a pas grand monde. Je baisse quand même la voix quand je m’adresse à Miss De Vere :

- Blague à part, vous serez opérationnelle à partir de quand ? Je pourrai me permettre une requête pour étrenner votre nouveau jouet ? Professionnelle, évidemment, précisé-je avec un demi-sourire.

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Bien, comme la Chef le présumait tout avait été bien coordonné dans l’équipe en vue de l’absence de Miss Blair. Il était agréable d’avoir ces professionnels à gérer. Il ne s’agissait pas d’une garderie remplie d’immatures adultes incapables d’user de leur neurone atrophié.

Le sourire quittait momentanément le visage de l’Irlandaise et ce dernier optait plutôt pour une expression fort marmoréenne lorsque la mercenaire se permit une blague déplacée.

- Pourquoi pensez-vous que j’ai désormais un implant pour flouter ma personne sur tout appareil apte à enregistrer et transmettre mon image ? Demandait la jolie brune avec tout le sérieux du monde.

Le masque tombait légèrement, laissant voir une étincelle de malice dans les vairons de Miss De Vere. Un sourire un peu plus franc venait bien rapidement accompagner ce regard rieur, pour rassurer sa vis-à-vis. Le moins que l’on pouvait dire, c’était que Miss Blair aimait vivre dangereusement. Un aplomb que Layla se découvrait d’apprécier. Bien entendu, le moment et l’endroit avaient été bien choisis pour se permettre de dépasser certaines limites, ici. Tant que la brune le comprenait et ne faisait pas l’erreur de se permettre ce genre de comportement sur les heures de travail…

- Normalement d’ici une semaine. Reprenait Layla en approchant sa tasse de thé à ses lèvres. Dites m’en plus ? C’était bien sûr une invitation à détailler davantage cette future requête.

En rapport avec les missions actuelles ou peut-être par rapport à l’attaque qui avait mené Miss Blair tout droit à la Division S+ ?


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Attends : elle a renchéri à ma vanne ET elle a souri ?! Miss De Vere cache bien son jeu ! Petite coquine. J’ai envie de creuser maintenant, de voir la femme qu’elle est quand on quitte l’enceintre de Theseus et qu’on lui met une rivière de shot entre les pattes. Je vais peut-être vraiment réussir à la pécho finalement ; ne jamais abandonner ! Une belle leçon de vie.

Mon regard se promène vaguement sur la pièce où vont et viennent quelques membres du personnel médical. Je vois encore trop flou pour être capable d’identifier leurs visages respectifs. Imitant ma n+2 et portant le café à mes lèvres – si je me brûle, c’est de sa faute ! – je m’explique :

- L’affaire du charcudoc’ surdoué, j’ai un nom : Le Moissonneur. Ce serait un complice, chargé de désosser des altérés pour récupérer du matos, drôle de sensation sur la langue, je crois que je me suis cramé. Du boulot de pro et planqué dans l’Underapple, il est insaisissable.

J’ai déjà cherché avant l’opération, ce type est un fantôme. Aucun document officiel – ou en tout cas, aucun accessible – ne le mentionne. Ce nom remonte des tréfonds des ruines de l’ancienne Pomme au gré de rumeurs, drapé de mystère et de mystique. Un croquemitaine pour adulte modifié. Le genre de proie qui ajoute une petite saveur à la traque.

- Je me demandais si… si vous pourriez tenter votre chance dans les dossiers de CERBER par exemple, histoire de savoir s’ils sont sur le coup, j’appuie ma requête d’une petite moue désinvolte, comme si je ne lui demandais que de me prêter un stylo. Idem dans le dark web…, merveilleuses occasions d’étrenner ses nouvelles facultés, non ?  

ft.  @Layla De Vere
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Il s’agissait donc bien du dossier en cours et de ce suspect au nom si banal et dérangeant à la fois : le Moissonneur. Il semblait que tout cela était une entreprise sur plusieurs niveaux, le contraire aurait été fort surprenant… et décevant.

Le vol d’implants, de mods et de prothèses était malheureusement chose courante. Les désosseurs n’étaient pas rares, bien qu’assez tabou même dans les sphères plus douteuses de la société. Ce dossier précis cependant prenait une ampleur non négligeable. Quand l’on était trop gourmand, l’on attirait forcément grandement l’attention.

- Avec de la préparation et quelques cibles tests… je suppose que je pourrais tenter. Le tout était de ne surtout pas laisser une piste à Cerber. Pour le dark web… il fallait faire attention aux AI sauvages et aux hackeurs un peu trop chevronnés. Il faudrait prendre certaines précautions.

Les bains glacés n’étaient pas du tout tentants, mais le jeu en vaudrait peut-être la chandelle.

- Laissez-moi tester un peu l’implant d’abord et prendre certaines précautions. Autrement dit, De Vere acceptait bien entendu. Le but de ce nouveau jouet était de l’utiliser à bon escient après tout. S’il vous est possible entre temps de me fournir un rapport détaillé de tout ce que vous possédez au sujet de ce Moissonneur. J’étudierai le tout avant de lancer mes recherches.

Être fin préparé était non négociable, spécialement pour ce genre d’hacking. Un mot clé pouvait aisément être raté, résultant en un échec agaçant.

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- Considérez le dossier comme déjà sur votre bureau, promets-je très sérieusement.

Paradoxe indécrottable, je suis aussi légère dans la vie qu’obstinée au travail et, le petit bonus, c’est je peux switcher de l’un à l’autre en un claquement de doigt. Je laisse filer un silence, sirotant mon café en détaillant la femme qui me fait face – les traits que je peux distinguer avec ma vue dégradée en tout cas. Que cache-t-elle derrière ces yeux ? C’est la question que je me pose souvent. J’ai la sensation que Layla est le genre de personne à toujours avoir trois coups d’avance mais en même temps, j’ai du mal à imaginer ce qu’elle projette. Je veux dire : on ne s’impose pas une telle modification pour simplement fouiner la merde de quelques cyberpsychos de bas étage. C’est un requin en pyjama haut-de-gamme, mais quels poissons veut-elle dévorer ?

- Je peux vous poser une question ? Deux en réalité, demande rhétorique, parce que je ne m’arrête pas. C’est quoi l’affaire la plus foireuse que vous ayez eu à régler depuis que vous êtes à la psycho-squad ? Et…, un demi-sourire fleurit sur mes lèvres, vous sortiriez boire un verre avec quelqu’un du travail un de ces quatre ? Je veux dire… si vous n’avez pas de red flag « passer un moment privé avec une employée » et que vous n’avez pas peur des questions personnelles, deux critères indispensables pour survivre à une soirée en ma compagnie !

ft.  @Layla De Vere
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Un simple signe de tête était offert à Miss Blair pour toute réponse, mais par celui-ci il était aisé de comprendre que Miss De Vere était fort satisfaite de ce qu’elle entendait.

Déjà, la jolie brune se perdait mentalement dans les préparatifs nécessaires pour son premier Deep Dive. Il faudrait tenter quelque chose de simple. Pourquoi pas certains dossiers de la Division S+ ? Il faudrait simplement aviser ses supérieurs, mais il s’agirait ici d’un test intéressant à faire. Ne serait-ce parce qu’il serait dans un cadre contrôlé, mais aussi car cela leur donnerait quelques indices sur la qualité de la sécurité actuelle.

Le regard à les des lieux de là, Layla revenait à sa vis-à-vis lorsque celle-ci lui disait avoir deux questions pour elle.

- Je vous écoute. Le ton était poli, comme à son habitude, mais il y avait bien une lueur curieuse dans le regard vairon de la Psycho Chef. La suite fit irrémédiablement apparaitre ce petit sourire sobre, mais fort parlant. Oui, tout cela l’amusait fortement.

Détournant le regard un instant afin de fouiller sa mémoire, Layla faisait visiblement le tri des différentes situations qu’elle avait dû gérer jusqu’ici, depuis la prise de ses fonctions.

- Bien des choses sont classifiées et très confidentielles. Décevant, n’est-ce pas ? Sachez seulement que nous ne sommes pas à l’abri des traites et des taupes. Encore moins de l’imbécilité. N’ayez aucun scrupule à faire le ménage. Vous êtes après tout… la crème de la crème. Les équipes de mercenaires étaient tout simplement indispensables. Plus informées, elles agissaient partout, contrairement aux autres branches de la Division qui elles étaient tenues dans l’ignorance. Quant à ce verre, n’attendez simplement aucun traitement de faveur par la suite.

Bon, cela n’était pas tout à fait vrai, car Miss Blair bénéficiait déjà d’un certain traitement fort différent de d’autres. Il fallait dire qu’elle osait. En tout. Repousser, tester, voir quelles étaient les limites, mais toujours avec un certain respect qui démontrait qu’elle n’était pas une sombre idiote qui ne connaissait pas sa place non plus. Et oui, Miss De Vere devait bien avouer apprécier Hyena, qu’elle trouvait parfois fort rafraichissante dans ce monde protocolaire.

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- Ouais…

« Décevant » en effet. J’aurais aimé un peu de potin ou un bon gros drama. Je suis bien placée pour connaître quel genre d’énormité la corporation est capable de planquer. D’énormes squelettes dans les plus gros placards du pays. Mais évidemment, affaires classées, confidentielles, blabla. Pas de traitement de faveur, hein ? C’est d’ailleurs ce qu’elle vient de dire. Ceci dit, ce que je retiens de sa réponse, c’est qu’elle n’a pas dit « non » !

- Vous venez d’accepter là, on est d’accord ?! Un sourire espiègle coupe mon visage en deux, je savais que vous n’étiez pas insensible à mon charme.

Un clin d’œil, une moue exagérément enjôleuse, puis je me fend d’un rire bon enfant. Cette légèreté qui tranche avec l’image que renvoie ma boss et avec le poids de nos responsabilités à la division S+ ; mais un grand sage a dit une fois – je crois qu’il était français : ne prenez pas la vie au sérieux, de toute façon, vous n’en sortirez pas vivant. J’espère qu’il a été enterré à côté d’Aristote, il le mérite. Un soupir file entre mes lèvres, je me pince l’arête du nez et me masse les yeux.

- Dire qu’à une époque, je m’étais promise de ne jamais m’altérer… j’imagine que vous le savez déjà ceci dit, suis-je bête, elle est l’alpha et l’omega de notre département, elle doit me connaître mieux que moi-même. C’était quoi votre première modification ? Oh, non attendez, je la coupe avant qu’elle n’ait eu le temps de répondre, ne dites rien, gardez ça pour quand on ira boire un verre toutes les deux. Je vous laisse choisir le bar, proposé-je avec malice ; après tout, elle a dit oui.

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Il semble que Miss Blair avait besoin d’une confirmation plus directe et cela fit rire l’Irlandaise. Un petit rire cristallin quittait sa gorge spécialement lorsqu’il était question de charme. La mercenaire était fort théâtrale comme à son habitude et il est vrai que cela avait un certain charme, mais pas celui réellement espéré sans doute.

- Oui, j’ai bien accepté un verre. Reprenait la Psycho chef dans un sourire.

Ils étaient rares ceux qui pouvaient voir au-delà du masque, mais il y en avait. Petit à petit, c’est bien ce qu’il s’était passé avec Miss Blair. La relation professionnelle avait sans aucun doute contribué à tout cela, le fait de se côtoyer régulièrement et de voir le réel tempérament des membres de ses équipes. Pas seulement les écrits. Ils se comptaient néanmoins sur les doigts d’une main, les individus avec qui Layla « fraternisait ». Bien que le mot fût encore trop fort pour la chose.

- Oui, mais il est plus agréable de l’entendre que de le lire. Il y avait plus de nuance dans les paroles, dans les émotions que sur le papier. Si elle préférait ce dernier pour avoir des faits, l’échange humain n’était pourtant pas du tout à négliger.

L’humain et sa psyché étaient des plus complexes et il aurait été fort idiot de tenter de les simplifier en quelques mots. Un nouveau rire élégant quittait les lèvres de la jolie brune, alors qu’une question était rapidement avortée au profit de ce verre qui avait été proposé.

- Je connais bien quelques endroits. Marquant une petite pause pour jauger sa vis-à-vis et ce qu’elle connaissait déjà d’elle, Layla reprenait avec une étincelle de malice dans le regard. Vous vous sentez plutôt Whisky, rhum ou vin ?

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Un truc est en train de se passer là. Avec la boss. Je n’irai pas jusqu’à prétendre qu’elle finira sa convalescence dans mon pieu, mais elle laisse clairement voir ce qu’elle cache d’ordinaire. Son regard est incroyable quand il brille de malice comme ça et elle a un charme à se damner. Rien que pour ce moment privilégié, ça valait le coup de se faire percer le crâne et mutiler le système nerveux !

- Oh, bonne question ! Je me redresse face à elle, comme si la réponse allait résoudre le sort du réchauffement climatique, pas « vin », je suis désolée. J’aime quand c’est fort, encore plus maintenant que j’ai perdu mes sensations, la brûlure de l’éthanol qui me dégringole le gosier, ou oublie, mais alors entre rhum et whisky…, peut-être que quand mon ordinateur sera en marche, il pourra calculer le résultat en fonction de la fréquence de mes consos, je dirais « rhum » quand même.

J’ai la moue faussement soulagée de l’adolescente qui vient de rendre sa copie d’examen… si on met de côté le fait que je n’étais pas la plus assidue au cours, ni la plus habile au contrôle. J’ai commencé à vraiment bossé à l’école de police, c’est dire !

- Bon… dernière question avant que je retourne me coucher, je sens que ma tête recommence à tourner sévèrement. Je vais avoir besoin de votre aide pour ne pas repartir bredouille : quelle information personnelle vous concernant n’est pas confidentielle ? Je veux savoir !


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