Le deal à ne pas rater :
SSD interne Crucial BX500 2,5″ SATA – 500 Go à 29,99€
29.99 €
Voir le deal



You don't choose your family... So sad

Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
Il aura suffit de quelques jours, quelques semaines tout au plus, pour que déjà, la situation dérape. Quoique déraper est un bien grand mot j’en ai conscience. Le fait est qu’il n’aura pas fallu plus de temps pour que Sage se retrouve confrontée à… sa cousine donc. Ou du moins aux caprices et excentricités de cette dernière.

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. J’aime beaucoup Zoey, seulement… Eh bien, elle est plus américaine qu’anglaise pour commencer, et c’est déjà un sacré handicap pour elle. Elle a beau avoir grandi en Angleterre, elle a malheureusement pris davantage de sa mère que de son père niveau éducation. Qui plus est, et paradoxalement, elle ressemble bien plus à son père qu’elle ne le voudrait. Impulsive, tête brulée et passablement égoïste. J’adore Ollie, mais il est épuisant parfois. Souvent. Et si j’adorais le suivre dans ses frasques étant plus jeune, que j’ai toujours adoré affronter pirates et monstres à ses côtés,  je sais aussi que Sage n’est pas aussi… forte n’est pas le terme le plus approprié, indépendante, résistante aux idioties ? – sans doute un mélange de tout cela – que je ne l’étais. Elle est beaucoup trop douce et naïve pour affronter ce genre de frasques. Et j’ai bien conscience qu’il me faudrait remédier à cela. Pour son bien.

Je me tourne vers la caméra et hausse un sourcil. Ne me fais pas patienter dehors comme une étrangère s’il te plait. La porte s’ouvre et j’entre, mes talons claquant sur le parquet jusqu’à ce que je m’arrête au milieu du salon. J’ai une légère moue. « Ah. C’est toujours là. » Il a nettoyé – aucun risque de contamination à ce sujet, Dieu merci – mais le bol cassé traine toujours là où sa fille l’a brisé. Je comprends le principe d’une guerre d’usure, tout comme je suis consciente de l’obstination des deux parties. Sans doute un trait de famille, même s’il est plutôt mal venu dans le cas présent. « Vous comptez dresser un mausolée autour et attendre qu’une nouvelle civilisation y apparaisse ? »

Je relève la tête pour regarder mon frère, clignant des yeux alors que la myriade de couleurs s’estompe. Au moins suis-je habituée aux siennes, elles ne changent guère, et sans doute devrais-je en profiter pour essayer de les analyser et de les comprendre. Mais j’ai déjà bien assez à gérer dans l’immédiat, et peut-être pas très envie de savoir ce à quoi cela correspond. Cela n’aurait-il pas pu rester dans le thème des ombres ? C’est plutôt sympa, et utile. Plutôt que quelque chose de nouveau qui me donne nausées et frissons.

J’inspire profondément et fais quelques pas supplémentaires vers mon frère. « Bonjour Ollie. » J’effleure sa joue d’un baiser et lui souris en retirant mes gants. « Comment vas-tu par cette belle journée ? » Je hausse un sourcil en le dévisageant. « Tu as une sale tête. Nuit difficile ? » Je laisse filer un léger soupir, avant d’esquisser un sourire. « Ça m’avait manqué de ne pas pouvoir te voir aussi souvent pour te le dire. » Qu’il m’ait manqué n'est que la stricte vérité. Même si la raison de ma présence n’est pas le simple plaisir de pouvoir discuter avec mon petit frère.
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
You don't choose your family... So sad
TW : langage fleuri, alcool

J’ai un profond soupir, alors que je regarde l’horloge du frigo. A quelle heure Mary doit passer ? Je me rappelle plus vraiment.  Je me demande ce qui l’amène et, pour le coup, je suis plutôt soulagé que Zoey passe la soirée chez les Everest. Au moins, on pourra discuter tranquillement, ce qu’on a pas vraiment eu l’occas’ de faire depuis mon installation ici. Oh, on a pu échanger sur les sujets importants, comme la disparition de Moira ou ce qu’on fait tous les deux à New Blossom. Mais rien de personnel. Faut dire que ouais, on parle pas de ce genre de choses dans la famille. Même si avec Mary, ça a toujours été un peu différent. On a toujours eu une relation privilégiée et elle est ma préférée. Je m’en cache même pas de toute façon depuis le temps.

Toujours est-il que je me demande quand même ce qu’elle vient faire ici. Au lieu de me prendre trop la tête sur le sujet, je vais prendre une douche et j’essaie de trouver des fringues pour avoir l’air à peu près présentable pour ma chère sœur, toujours à cheval sur les convenances. Alors ouais, possible que j’évite le vieux t-shirt et le jean élimé même si, fut un temps, c’est exactement ce que j’aurais pu porter rien que pour le plaisir de faire grincer des dents le paternel. Mais j’ai mûri, ou une connerie du genre. Enfin surtout, j’ai appris qu’il fallait se renouveler dans la vie et trouver d’autres moyens de rendre mon aristocrate de famille complètement chèvre.

J’entends la sonnette et, quelques instants plus tard, le bruit des talons de ma sœur ainée qui claquent sur le parquet. Je réprime un sourire à la voir, impeccable jusqu’au bout des ongles, bien évidemment. « Evidemment que c’est toujours là. Hors de question que je ramasse. » Et Zoey s’acharne aussi. Je sais pas qui va gagner cette guerre d’usure, mais elle sait pas à quel point je peux être une tête de con quand je m’y mets. Qu’elle ait hérité ça de moi me surprend pas. Sauf qu’elle en a hérité donc. Et que j’ai 24 ans d’avance sur elle. « Pour ça, on aurait dû laisser les céréales. Y aurait probablement déjà de la vie. Ptet même qu’ils auraient inventé la roue. Si ça se trouve, on a foutu en l’air une grande civilisation en nettoyant. » Je secoue la tête, la mine faussement triste, avant de fixer de nouveau mon ainée.

« Salut frangine. » Sourire rendu avant de hausser une épaule à sa question. « Je viens de terminer la rédaction d’un article qui vante les mérites d’Icarus, je suis joie et bonheur. » Et, au reste, je laisse filer un silence avant de répondre, vaguement convaincue. « Ca va. T’en fais pas. » Je sais que j’ai une sale gueule. C’est de pire en pire à mesure que les jours passent. J’en ai parlé à personne, mais je commence à faire des cauchemars. Sur ce qui a pu arriver à Moira. Et ça me réveille toutes les nuits depuis une bonne quinzaine de jours sans que je sois capable de vraiment me rendormir. Alors je tourne au café, au redbull et sur les nerfs. Un très mauvais combo donc. « Je suis content aussi tu sais. Finalement, ça a du bon de rester plus de quelques semaines au même endroit. » Ouais, à force de me le répéter, je finirais par être convaincu. « Tu restes manger ? » Ou alors elle va vouloir rentrer pour passer la soirée avec Sage. Mais j’avoue que ça me déplairait pas de passer du temps avec Mary. Et j’ajoute, d’un ton léger. « Je t’offre un verre ? » Autant bien démarrer non ?  

ft. @Mary Pelhman
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
You don't choose your family... So sad
TW : classisme, alcool

Suis-je surprise de voir que rien n’a bougé ? M’attendais-je vraiment à ce que les vestiges du bol aient subitement disparus ? Comme si l’un des deux avait pu céder face à l’autre ? Evidemment que le bol est toujours là. Ce bol représente davantage qu’une obstination ou une guerre d’usure en vérité, même s’ils n’en ont pas totalement conscience. C’est une parfaite allégorie de l’état de leur relation. Relation quelque peu fragilisée, brisée, mais dont chacun semble espérer qu’elle se remette… Que l’autre la répare. Certes, je pousse sans doute la comparaison un peu loin. Je suis d’accord avec mon frère concernant le bol, toutefois, sa fille ne semble pas encore prête à faire des efforts pour améliorer les choses entre eux, même en dehors de son côté tête de mûle.  « C’est dommage… Mais si tu veux la moisissure, les moucherons et la vermine, il te suffit de descendre au sous-sol de la ville, tu auras l’odeur en sus. Mais je te suis reconnaissante de m’avoir épargné cela. » S’il a pu être habitué ou connaître pire lors de ses voyages, ce n’est pas mon cas et j’aimerais autant que cela ne change pas.

« Il est vrai que tu respires l’allégresse. » J’ai un léger sourire amusé, avant de hausser un sourcil. « Je n’ai jamais remis tes choix en question, mais Icarus ?... Tu vaux bien plus qu’un  flagorneur de bas étage Ollie. » Je sais bien que ce n'est pas aussi simple, mais tout de même, c'est limite, même pour lui. Je l’observe un peu plus attentivement et secoue la tête. « Je ne m’en fais pas. Tu as passé l’âge que je prenne soin de toi comme quand nous étions enfants. Et tu es censé être assez grand pour savoir quand arrêter et prendre soin de toi. » L’hôpital, la charité… Je sais bien que c’est facile à dire et que cela peut paraître hypocrite de ma part. Mais j’étais jeune et naïve à l’époque. Et idiote. Ce que je ne suis assurément plus. Et lui non plus.

Je pose mes mon sac et mes gants sur une des petites tables basses, avant de retirer ma veste que je pose délicatement sur le dossier d’un fauteuil. J’esquisse un sourire alors qu’il parle de s’installer. « Redis-le avec un peu plus de conviction, tu arriveras peut-être à m’en convaincre. » J’ai une moue, même si je finis par acquiescer. « Mais ça a du bon c’est vrai. » Je dois avouer que j’ai pris goût aux voyages ces dernières années, j’aime visiter et découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles traditions. Toutefois, avoir un lieu que l’on peut appeler maison, c’est plutôt agréable. Qui plus est, cela nous permettra effectivement de pouvoir nous voir plus régulièrement. Mais pour lui qui a passé sa vie à passer d’un lieu à l’autre, ce doit être encore plus difficile.

« Sage est avec Jackson ce soir, je resterai diner avec toi avec plaisir. » Je ne sais pas de quand date notre dernier repas en tête à tête. En avons-nous déjà fait ? Si c’est le cas, cela remonte à beaucoup trop longtemps. En même temps, ce n’est pas forcément dans nos habitudes, celles de notre famille, que d’avoir des échanges et d’être… proches. Bien que cela ait toujours été différent avec Oliver. Je m’installe sur le canapé, croisant les jambes en réajustant ma robe. « Tu as du gin ? Si oui, je prendrais un gin tonic. Un scotch fera l’affaire dans le cas contraire. »

J’observe le salon plus attentivement. « Alors tu t’installes définitivement ? … Définitivement pour le moment ? » Je reporte mon attention sur lui et esquisse un sourire. « C’est une bonne chose. Zoey en a besoin. » C’est le moindre que l’on puisse dire. Qu’il cesse cette fuite en avant et qu’il fasse des efforts pour elle ne m’étonne pas, mais connaissant le caractère revêche de sa fille, il n’est pas au bout de ses peines.« Tu lui as parlé dernièrement ? »

ft. @Oliver Pelhman
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
You don't choose your family... So sad
TW : langage fleuri, alcool

Parfois, quand je vois Mary, je me rends bien compte à quel point je suis en décalage avec le reste de ma fratrie. Bon, elle est la seule que je continue réellement de côtoyer, si on omet les appels hebdomadaires à ma mère. Et à grand-père, quand il était encore vivant. Mais lui, c’était encore différent, il me disait souvent que je lui ressemblais. En tout cas, plus ça va, plus le côté vilain petit canard de la famille ressort. Pour autant, je reste british jusqu’au bout des ongles. Comme quoi, je suis peut-être pas totalement hors du moule Pelhman, quoi que j’en dise.

Une ombre de sourire à sa répartie, même si je peux voir son froncement de nez dédaigneux en voyant les morceaux de bol au sol. « On va éviter hein. J’aime autant que ma fille chope pas une maladie au nom imprononçable. » Et mon regard se perd un instant à fixer les dégâts. Parfois, j’ai envie de laisser tomber et tout ramasser. Je sais même pas pourquoi je m’obstine. C’est pas comme si j’allais vraiment y gagner quelque chose. Ou comme si Zoey s’inquiétait vraiment de m’écouter. J’ai un soupir silencieux avant de grimacer à la remarque de ma sœur. « Tu crois ? Si on écoute papa, je ne vaux guère mieux non. » Soufflé avec un sarcasme que je cherche même pas à dissimuler avant de reprendre, me faisant un peu plus sérieux. « Je sais que ça me ressemble pas. Mais… et je sais que c’est stupide, je me suis dit que ce serait le meilleur moyen de prouver à Zoey que j’ai envie de rester là pour elle. Pas parce que j’ai le boulot de mes rêves ou autre chose. Juste… pour elle. » Vu le résultat, j’aurais pu m’abstenir. « Je sais quand prendre soin de moi en effet. » Et j’ai pas envie de partir sur ce terrain-là, sans top savoir pourquoi.

Cette fois, c’est un rire qui répond à sa réplique. « J’avoue, j’ai encore du mal à voir les bienfaits de la vie de sédentaire. Mais si autant de monde aime ça, c’est qu’il doit bien y avoir une raison non ? » Un bref hochement de tête quand elle continue. « Comment ça va… avec eux ? » Sage comme Jackson. Je sais que les choses sont pas simples pour ma grande soeur. Oh, elles le sont pour personne, mais Mary a tendance à tellement tout garder pour elle que je sais pas à quel point ça peut la toucher. Enfin, ça c’est bien un truc de famille dont j’ai malheureusement hérité. « Tu sais, je crois qu’à part une pizza qu’on a partagé quand t’étais venue me voir durant mon stage, on a jamais mangé que tous les deux ? Tu crois qu’on survivra ? » Soufflé d’un ton léger, avant de faire glisser vers elle la brochure du traiteur de luxe chez qui je commande de temps à autre. Je sais que ça, ça devrait être à la hauteur de ses attentes. « Gin tonic pour miss Pelhman. » Un salut militaire vaguement mimé alors que je m’écarte un peu pour préparer sa boisson et pour me faire un whisky.

J’ai un froncement de sourcils à sa question. Et je souffle, à mi-voix. « J’ai signé un contrat de trois ans. Donc je vais rester un petit moment dans le coin. Sauf si je me fais virer avant. » Un sourire sans joie, avant de grimacer à l’évocation de ma fille. « Je suis pas sûr que ce soit une bonne chose pour elle. » Et je pose le verre devant ma sœur avant de continuer, fixant le vide un instant. « J’ai parfois l’impression que c’est le mauvais parent qui a disparu. » Et encore, si c’était que parfois, ça m’arrangerait. « Et je suis incapable d’affronter toute sa colère. J’ai juste l’impression de me noyer. » Mon verre est vidé d’une traite. « Ah, c’était quoi la question ? Si je lui ai parlé ? J’essaie. Tous les jours. Mais je parle souvent dans le vide. » Je sais même pas ce que j’attends de Mary en lui racontant tout ça. Peut-être une formule magique pour m’aider à gérer une situation qui est totalement foireuse.

ft. @Mary Pelhman
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
You don't choose your family... So sad
TW : alcool

Je me suis parfois demandée pourquoi, en quoi, il me tolérait davantage moi que les autres. Tolérer est peut-être un bien grand mot, mais quand on sait à quel point il a, par tous les moyens, cherché à se défaire et s’éloigner de la psychorigidité de la famille, c’est étrange. Etrange que ce soit moi, l’archétype même de ce qu’il semble honnir, la seule à jamais avoir été, et à rester, aussi proche de lui. Si l’on omet mère et grand-père évidemment. L’inverse est également vrai. Mais si je tiens évidemment à Andrew et Charles, le fait est qu’il y a toujours eu un lien particulier entre Ollie et moi, et j’ai toujours pu aller plus loin grâce à lui. Je n’ai jamais eu à faire semblant avec lui. Si l’on omet les années de mon premier mariage.

Je le fixe, regard plein de jugement, et secoue doucement la tête. « Ce n’est pas stupide, c’est même tout le contraire. Je ne suis pas sûre qu’elle voit tout cela actuellement, mais ça reste la meilleure raison qui soit d’accepter ce genre de travail. » Mon regard s’attarde sur lui et je reprends l’air de rien. « Tu sais que maman se débrouille pour obtenir tous les journaux dans lequel un de tes articles apparaît ? Et qu’elle les découpe soigneusement ? Etrangement, c’est dans le bureau de papa que j’ai trouvé, par hasard, l’album où ils sont tous méticuleusement rangés. » Je hausse les épaules. « Peut-être maman n’a-t-elle pas d’autres endroits où le stocker. » Ou peut-être devrait-il arrêter de s’imaginer être un enfant mal-aimé. « Pour en revenir à Zoey, elle comprendra quand il le faudra et elle se rendra compte de tout ce que cela implique. » J’ai tout de même un doute concernant sa dernière réplique, mais je n’ai pas plus envie que lui de m’y appesantir, de peur de me retrouver prise en défaut.  

J’ai un sourire amusé. « Le confort, la sécurité et la routine. C’est là le secret de la plupart des gens… Il n’y a que le dernier point qui me pose vraiment problème. Toi c’est l’ensemble. Mais ça se résume en un mot très simple : un foyer. » Je cligne des yeux à sa question, envisageant plus que sérieusement d’éluder la question, comme d’habitude. « Dans l’ensemble, ça va. » Il va bien falloir lui dire, il l’apprendra forcément. Et ce n’est pas lui qui s’en montrera choqué ou offensé. Les parents par contre… Si de leur côté, ils savent déjà pour les pouvoirs de Sage, ils n’apprécieront pas vraiment que ça devienne ‘public’.  « Sage… a demandé à entrer au MII. C’est la raison principale de notre retour en ville si tu veux tout savoir. » A quel point n’ai-je jamais parlé de tout ça avec lui ? « Quant à Jackson, il… » Je secoue la tête en souriant. « Et bien, tout comme toi, il fait de son mieux pour se rattraper et montrer qu’il est vraiment là pour elle. » Pour moi ? Pour nous ? Peut-être, je n’en sais rien et je ne sais pas. Ce que je sais, c’est qu’il a beaucoup à faire vis-à-vis de Sage.« Nous faisons tout ce que nous pouvons pour nos enfants, n’est-ce pas ? » Ce que je me suis toujours efforcée de faire, refusant de prendre des risques qui pourraient blesser davantage Sage. Mais pour eux, pour lui, c’est encore tout nouveau, même si je n’ai jamais douté de l’amour que mon frère pouvait éprouver pour sa fille.  

J’ai un temps d’arrêt quand il confirme que nous n’avons pas souvent mangé rien que tous les deux. « Tu oublies tous les petits déjeuners dans les arbres et les goûters en bord de rivière… Cette pizza n’était pas très bonne de mémoire, mais je m’étais bien amusée. » Je lui adresse un clin d’oeil. « Si nous survivons, nous pourrions renouveler l’exploit. Pour être certains que ce n’était pas le hasard. » J’attrape la brochure, faisant mon choix pendant qu’il prépare les boissons.

Je fronce les sourcils en l’entendant, attrapant mon verre quand il le dépose devant moi. Je fais claquer ma langue contre mon palais. Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre !Je le laisse poursuivre, sirotant mon verre alors qu’il finit le sien, et je secoue la tête en le dévisageant. « Oliver Pelhman ! Ne dis pas de sottises ! Depuis quand t’apitoies-tu autant sur son sort ? » Je soupire, me pince l’arrête du nez, inspire, le regarde à nouveau. « Pensais-tu que ce serait facile ? Evidemment qu’elle est en colère et qu’elle est perdue. Sa mère a disparue. » … Et elle est probablement morte depuis un moment. « Et évidemment qu’elle te teste. Elle veut savoir jusqu’où elle peut aller avant que tu ne décides d’abandonner. Elle peut t’en vouloir de ne pas avoir été assez présent ces dernières années, elle peut te reprocher d’avoir préféré ton travail à une vie de famille classique. Elle peut t’en tenir rigueur. A raison. » C’est malheureusement la vérité.

Je soupire de nouveau et reprends d’une voix plus douce. « Mais Ollie, quand elle t’a appelé, tu es venu sans poser la moindre question. Tu essuies ses colères et ses caprices, sans jamais lui tourner le dos. C’est exactement ce dont elle a besoin. Tu es là pour elle, maintenant. C’est tout ce qui importe. » Une ombre de sourire ourle mes lèvres. « Tu es son père. Tu l’aimes. Tu ferais tout pour la protéger. Etre parent n’empêche pas d’être maladroit ou de faire des erreurs. Il s’agit de faire de son mieux avec ce qu’on a et de… les aider à devenir les adultes qu’ils sont censés être… ou qu’ils veulent être, je ne sais pas trop. » Je me passe la langue sur les lèvres. « Mais tu dois poser des limites malgré tout. Sinon non seulement tu vas te noyer pour de bon, mais elle va finir par dériver elle aussi. Tu sais qu’elle a demandé de l’argent à Sage ? Pour retrouver Moira, et autre chose que Sage n’a pas voulu me dire. Et ma fille me cache rarement des choses Ollie. »

Je finis mon verre avant de reprendre. « Et plutôt que de te noyer, tu peux demander de l’aide. Je sais, c’est surprenant, mais tu as aussi des gens qui t’aiment et qui peuvent t’aider tu sais. Et oui, je sais, mon discours fait très moralisateur… Ce n’était pas le but, j’en suis désolée. »
ft. @"Oliver  Pelhman"
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
You don't choose your family... So sad
TW : langage fleuri, alcool

Mary reste paradoxalement la personne à qui je me confie le plus – si on omet Ishan qui lui, a droit à toutes mes humeurs et mes interrogations. Pire qu’un vieux couple. Pour autant, je me suis toujours demandé si on aurait pu être amis si on avait pas été du même sang. Sachant ma capacité à foutre en l’air le vernis policé que nos parents s’acharnaient à passer sur nous, difficile à dire. Mais c’est pas un souci, dans la mesure où, aujourd’hui, ma sœur est devenue quelqu’un de particulièrement précieux à mes yeux. Et j’avoue que oui, la savoir à New Blossom m’aide à accepter un peu plus ma propre présence dans cette foutue ville.

J’ai un bref soupir quand on parle de mon boulot, laissant filer une grimace avant de souffler, à mi-voix. « Vu mon profil, si je me fais pas virer d’ici la fin de l’année, ce sera déjà un bon début. » j’ai déjà vu et entendu trop de choses pour rester indifférent. Et je sais qu’à un moment, ça va déraper. Que ce soit les projets que j’ai avec Cara, mes propres articles que j’arrive pour le moment à faire dans l’esprit Omnivox avec quelques difficultés, ou encore le mail qu’on a reçu avec cette liste, il y aura forcément quelque chose de trop. En espérant que, d’ici là, Zoey aura compris que je fais tout ça pour elle. « J’attire les problèmes de toute façon. Ou plutôt, je les cherche. » Sourcil arqué, avant de fixer ma sœur d’un air passablement dubitatif. « Dans le bureau de papa… vraiment ? Venant du gars qui arrête pas de clamer que les journalistes sont des colporteurs de bas étage, ça m’étonne. » Autant je sais que notre mère m’a toujours soutenu, mais lui, c’est une autre histoire. « Je me dis qu’il espère encore que je vais faire un métier honorable tôt ou tard. » Je finis par froncer les sourcils, me rappelant mes prises de tête avec notre cher paternel, avant de soupirer à l’évocation de Zoey. « En vrai, je me moque qu’elle s’en rende compte ou pas. Je veux juste… être là. » C’est le moins que je puisse faire après tout.

Du reste, je lui rends son sourire, même si ses paroles me rendent curieux. « Je t’avoue que ouais… j’ai aucun de ces termes qui m’est vraiment… familier. » Ou attractif. Probablement parce que j’ai jamais eu besoin de tout ça, difficile à dire. « On a essayé. Avec Moira. De se construire un foyer. » Il y a des années lumières de ça. Avant qu’elle pète un câble à la mort de ses parents. Ca avait presque marché. Ouais, tout est dans le presque. Je secoue la tête, me focalisant sur ma sœur qui me donne quelques nouvelles de sa propre famille. « Le MII ? Et t’en penses quoi toi ? » Un temps, alors que je regarde Mary avec plus d’attention, laissant filer quelques secondes de silence. Je sais que sa relation avec Jackson n’a pas été simple, mais j’étais persuadé que ça allait vraiment durer. J’ai jamais su pourquoi ils se sont séparés. Faut dire qu’on parle pas de ces choses-là dans la famille. Et d’un paquet d’autres choses. « Et… il essaie d’être là pour toi aussi ? » Soufflé d’un ton plus hésitant. Je sais pas si elle a envie de s’aventurer sur ce terrain ou pas après tout. En ce qui me concerne, c’est le calme plat, alors je risque pas grand-chose vu que j’ai laissé tomber mon histoire du moment pour m’installer ici sans même un regard en arrière. Pourtant, je suis presque sûr que ça aurait pu donner quelque chose de sympa. Elle continue de m’envoyer des messages de temps à autre. Auxquels je sais pas quoi répondre.

Un sourire en réponse au reste avant de tousser un rire à l’évocation de nos repas d’enfance. « Tu marques un point. Et je suis sûr qu’on devrait survivre à ça. Et au reste. Si tant est que tu supportes ma présence au même endroit plus de quelques jours. » Sourire complice, alors que je suis parfaitement conscient que ce sera le plus dur pour moi en vérité.

Forcément, j’ai droit à un sermon. Et je suis sage, je lève même pas les yeux au ciel quand elle m’engueule – comme quoi, je gagnerais presque en maturité. Je sirote mon verre avant de prendre une grande inspiration. « J’ai jamais pensé que ce serait facile. Mais tu m’ôteras quand même pas de la tête qu’elle aurait préféré que ce soit moi et pas sa mère qui disparaisse. Ca aurait pas changé grand-chose pour elle. » Une semaine de vacances par an, quelques weekends çà et là. Elle aurait vite fait son deuil. Pour autant, je sais aussi que je dois composer avec ça. Avec la mort quasi certaine de Moira que personne n’ose prononcer à voix haute. Avec ce deuil qu’elle va devoir accepter. Moi aussi d’ailleurs. Quoi qu’on en dise, c’est pas par manque d’amour qu’on s’est séparés avec sa mère. « J’ai l’impression de choisir à chaque fois la mauvaise option, la mauvaise réponse. Tu vois l’idée ? » Autant dire que ça me rend dingue.

Tout en parlant, j’attrape la tablette pour commander le diner et j’ai une grimace, à l’évocation de Sage. « Ah. Je sais à qui je dois l’argent alors. Je me suis demandé où elle avait trouvé le fric. Je sais pas si ta fille a eu toutes les infos mais elle a embauché une mercenaire… enfin… elle a essayé. Pour trouver les responsables et les tuer. » Posé d’une voix neutre, comme si je parlais de la pluie et du beau temps. « Elle a insulté ladite mercenaire qui a rendu le fric. Et je l’ai embauchée pour faire des recherches donc. » Un soupir avant de continuer, comme si de rien était. « Tu veux le fric en liquide ou un virement ? » J’essaie même pas de chercher à excuser Zoey. Même si je souffle, jouant avec le rebord de la tablette. « Au moins, j’ai plus à m’inquiéter de comment elle a fait. Elle est allée voir sa famille. C’est déjà… mieux que rien. » Je me frotte le visage à deux mains, clairement largué par tout ça. « Je suis pas habitué. A demander de l’aide. Sans compter que vous avez tous vos problèmes à gérer. » C’est même pas une question d’orgueil, à ce niveau-là, j’en ai plus vraiment. Et j’agite la main quand elle parle de son discours moralisateur. « T’en fais pas va, venant de toi, ça passe toujours mieux que d’autres. » Accompagné d’un sourire en coin, même s’il ne gagne pas mes yeux. Tiens, si j’allais de nouveau remplir nos verres ?

ft. @Mary Pelhman
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
You don't choose your family... So sad
TW : alcool

Je continue de l’observer, arquant un sourcil à ses remarques. Je le connais assez bien pour savoir qu’il y a effectivement un risque que cela arrive. Outre le fait qu’il est plutôt difficile de devenir employé lorsque l’on a été presque toute sa vie un électron libre, je me doute bien que ce poste en particulier est loin de satisfaire ce besoin qu’il a toujours eu de faire éclater la vérité au grand jour. « C’est un fait que je pourrais difficilement nier. Si cela devait arriver, fais en sorte que ce soit pour quelque chose qui en vaille la peine… Et que cela ne rende pas Zoey orpheline. » Si je parle d’une voix tranquille, je n’en suis pas moins sérieuse. Car oui, j’ai bien conscience de sa capacité à creuser là où il ne faut pas. « Et s’il y a besoin… N’oublie pas que tu as des gens qui t’aiment et qui t’aideront s’ils le peuvent. » Que ce soit moi ou d’autres. Je ne peux empêcher un léger sourire moqueur d’éclairer mon visage. « Tu as quarante ans passés, je doute qu’il ait encore ce genre d’espoir. Qui sait, peut-être que certains de tes articles ont trouvés grâce à ses yeux. » Si Ollie fait dans le sensationnel, c’est davantage à cause des sujets trop sensibles auxquels il s’attaque, et non parce qu’il est un de ces paparazzis sans âme. J’acquiesce concernant Zoey, comprenant parfaitement son souhait. Être là est en général suffisant, même si dans son cas, la situation est plus compliquée que la mienne. J’ai fait nombre d’erreurs dans ma vie, laisser ma fille n’en fait heureusement pas partie.

Et si je me suis surprise à aimer voyager autant que lui, le confort et la sécurité n’ont jamais été accessoires de mon côté. Un coup d’œil assorti d’une légère moue, presque désolée, alors qu’il parle de Moira. « Ce n’est pas toujours évident… Et parfois, ce n’est pas la bonne personne tout simplement. » Henry en étant le parfait exemple… tout comme Moira malheureusement. « Tu essaies d’en construire un, avec Zoey. C’est tout ce qui compte. » Quant à Sage et sa décision… « Elle est perdue et je suis… incapable de l’aider. L’apparition de sa première déchirure a été plutôt violente. Pour elle et d’autres... » J’inspire profondément. « Elle est persuadée d’en avoir besoin et si ça peut l’aider ne serait-ce qu’un peu, alors vive le MII ! Je ferais tout ce que je peux pour elle. Oh, tu savais que Wolfe y travaille ? » Je me tais et le dévisage, hésitant à mon tour, avant de secouer la tête. Après tout, si nous voulons que les choses évoluent, il faut bien faire en sorte de les changer. Et cela vaut aussi pour ma relation avec mon frère. « Jackson a toujours été adorable avec moi, ça n’a jamais été le souci. Il a eu quelques difficultés à accepter la mutation de Sage et je m’étais promis de ne plus jamais lui faire courir de risques. Vivre avec quelqu’un ayant peur des mutants n’était plus envisageable, alors j’ai pris les devants. » Beaucoup trop de confessions et aveux en quelques secondes. J’esquisse un sourire. « Mais il fait des efforts. Pour Sage. » Comme dit, c’est elle qui importe, pas moi, ou notre relation à Jackson et moi. « Et de ton côté ? Une nouvelle future-ex relation qui alimentera les discussions du cercle de grandes dames de maman ? »

Je lui retourne son sourire. « Rassure-toi, je ne compte pas venir te voir tous les jours. Malgré toute l’affection que j’ai pour toi. Mais tu es toujours le bienvenu à la maison. Ou au club. » Je n’ajoute rien pour ce dernier, ce ne serait guère subtil, et il doit bien savoir que j’y ai des oreilles partout depuis des années.

Tout en parlant, je me rends compte que je ressemble un peu trop à ma mère, et pour le coup, cela n’a rien de flatteur. D’un autre côté, qu’aurais-je pu faire ou dire d’autre, surtout à l’entendre parler de la sorte ? « Zoey t’aime Ollie. Elle le cache, et tu peux semblant de ne pas le savoir, mais elle aurait été tout autant dévastée par ta disparition. » C’est pourtant assez flagrant malgré son comportement et le reste. « Je comprends très bien. Mais comme dirait papa, il n’y a pas forcément de bonne ou mauvaise option, tout dépend de ce que tu fais des cartes que tu as en main. Mais tu n’as jamais porté grande attention à ses leçons. »

Ma main stoppe alors que je reposais mon verre et je le dévisage. « Je vois. » C’est donc ça que Sage voulait que j’ignore. Embaucher quelqu’un pour retrouver sa mère est une chose, le faire pour tuer les responsables de sa mort en est une autre. J’ai une moue et me redresse, levant le menton en inspirant profondément. « Je dois reconnaître que ta fille sait ce qu’elle veut. La façon de faire est sans doute à revoir, tout comme sa façon de parler aux gens, surtout à ceux dont elle a besoin, mais on ne peut nier la volonté et la débrouillardise dont elle fait preuve. J’aurais préféré qu’elle laisse Sage en dehors de ça. » Un silence infime. « D’un autre côté, tu as raison. Il est bon de savoir qu’elle se tourne vers sa famille en premier lieu. » Je soupire et fais un geste de la main quand il parle de l’argent. Peu importe dans l’immédiat… « Tu as embauché la même mercenaire ?… Pour retrouver les responsables et les tuer ? » Je doute qu’il ait aussi peu de morale que son américaine de fille en colère, mais je suis plutôt mal placée pour juger ce genre de réactions après tout.  « Concernant l’argent, Sage avait prévenue Zoey que je serais rapidement au courant. J’ai presque envie d’essayer de lui faire comprendre que ce n’est pas acceptable, histoire de voir si elle est capable d’autant rouler des yeux que toi. » Même si je lui suis reconnaissant de s’en être abstenu avec moi jusqu’à présent. « Mais peut-être que ce serait bien qu’elle sache qu’elle peut me parler aussi. Si elle le désire. »

Quant au reste, les réserves et sagesse de notre éducation anglaise ne sont pas toujours les meilleurs préceptes qui soient. « Pas plus que je ne le suis. Ou que je ne suis habituée à parler de moi. Mais j’essaie. Pour montrer que je suis plus grande et plus intelligente que ce que l’on imagine. » Je hausse un sourcil amusé, puis une épaule. « Et ne t’en fais pas pour nos problèmes, je suis tout à fait à même de m’en occuper. Je l’ai toujours fait. Avoir un point de vue extérieur est parfois utile. Et au pire, j’ai aussi d’excellentes bouteilles. » Je lui tends mon verre alors qu’il se lève. « Parce que je suis la grande sœur parfaite Ollie. A tes yeux au moins. »
ft. @"Oliver  Pelhman"
[/color]
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
You don't choose your family... So sad
TW : langage fleuri, alcool

Je la connais assez pour voir qu’elle m’observe sous toutes les coutures. Et je suis vaguement tenté de lui demander ce qu’elle peut en conclure, même si j’ai aucun doute sur le fait que, si elle a un truc à redire, elle hésitera pas. Depuis le temps, elle sait qu’avec moi, il y a pas besoin de mettre les formes, quelle qu’ait pu être notre éducation.

Je sais pas si je dois sourire ou non à sa répartie, alors je me contente de loucher un instant sur mon verre, non sans un soupir. « La vérité en vaut toujours la peine. Surtout quand elle impacte des dizaines de milliers de personnes. » Comme c’est le cas avec les quelques trucs que je commence déjà à voir, même si elles sont bien cachées sous le tapis pour le moment. Mais c’est surtout le reste qui me fait tilter. « J’ai pas envie de faire d’elle une orpheline. » Même si elle se retrouve pas avec le meilleur des deux parents, c’est toujours mieux que rien. Je suppose. Je lui rends son sourire, une lueur amusée brillant dans mon regard au reste de ses propos. « Granpa me faisait marrer. Il arrêtait pas de me dire que si j’insupportais autant Père, c’est parce que je lui ressemblais bien plus que lui ou moi serions prêts à le reconnaitre. T’en penses quoi, ô grande sœur pleine de sagesse ? » J’ajoute, du même ton léger. « Je suis tout de même curieux des articles qu’il aurait pu aimer, j’avoue. Je vais devoir soudoyer notre mère pour avoir des réponses j’imagine. » Parler à mon père en direct ? Jamais de la vie.

Mon regard se perd un instant dans le vide à l’évocation de ce foyer que j’ai tenté en vain de construire avec mon ex-femme. « Parce que même quand c’est la bonne personne, c’est toujours pas évident ? » Pas comme si j’avais quelqu’un en tête. Pas vraiment en tout cas. Pas de façon rationnelle plutôt. « J’essaie ouais. Je pense que je vais me casser les dents, mais j’essaie quand même. » Du reste, je me fais plus attentif quand elle parle de Sage. Et j’ai une grimace compatissante à l’évocation de sa déchirure, seul sujet dont j’ai pu parler ouvertement avec notre père quand c’est arrivé soit dit en passant. « J’ai aucun doute sur le fait que tu feras tout pour elle. Et elle le sait aussi. Si cet endroit peut la rassurer, c’est une bonne chose non ? Mais elle doit te manquer j’imagine. » Je l’observe quelques instants, avant d’arquer un sourcil, surpris. « Sans blague ? J’avoue, j’ai pas pris le temps de le recontacter depuis que je suis revenu. C’est dans ma liste de trucs à faire. Mais là j’ai une raison de plus du coup. Vous vous êtes vus ? » Je laisse filer un silence quand elle m’explique pour Jackson, avant de reprendre, d’une voix plus douce. « Et… avec les efforts pour Sage, ça donne quoi pour vous deux ? » On sait jamais, des fois que ça s’arrange entre eux. J’ai rarement vu ma sœur aussi heureuse que lorsqu’elle était avec lui, alors, si ça peut recommencer, je vais pas m’en plaindre.

Si je me contente de grimacer à sa question sur mes propres relations, je me fends d’un sourire coupable au reste, surtout quand elle parle du club. « Je me demandais si t’en parlerais un jour tiens… il y a eu cette fille en effet. Je… » Le sourire disparait alors que je fronce les sourcils. « Je l’ai beaucoup appréciée. On se connaissait d’un article que j’ai fait il y a quelques années. Elle est… étonnante. Et y a quelque chose chez elle qui m’a plu dès la seconde où je l’ai vue. Je saurais pas dire quoi mais… » Un bref soupir, alors que je secoue la tête. « Enfin, c’est pas important. Elle a visiblement pigé que j’étais un bon à rien ou quelque chose du genre vu que, après avoir promis qu’on se reverrait à mon retour de voyage, elle a coupé les ponts sans jamais me rappeler. » Encore donc. Et ça m’emmerde, bien plus que je serais prêt à l’avouer. Même si ça se voit sur mon visage. « Bref. Personne dans ma vie et c’est pas plus mal. Maman et ses copines vont être déçues j’imagine. Je peux quand même trouver une anecdote qui les fera glousser et cancaner pendant une ou deux heures. » Je fais mine de réfléchir, avant de laisser couler, focalisé sur ma fille et notre relation désastreuse.

« J’aimerais en être aussi persuadé que toi. Elle m’a dit qu’elle m’aimait. Mais qu’elle me détestait davantage. » Quant au reste, je pense pas qu’elle serait aussi dévastée qu’elle l’imagine. Elle a fait sa vie sans moi, alors ça changerait pas grand-chose au fond. Au moins, elle arrêterait d’attendre de mes nouvelles. Une nouvelle grimace quand elle enchaine. « Je plaide coupable. Mais je sais pas, c’est genre une maladie ! Quand il me parle, ça fait blablablaaaa di-rect. » Je secoue la tête, vaguement embêté. « J’ai tout de même tendance à me dire qu’il y a des meilleures options que d’autres soeurette, quoi qu’on en dise. » Sans compter que, si je suis leur raisonnement, j’ai un jeu de cartes tellement foireux que je sais pas quoi en faire.

Quant au reste, j’ai un profond soupir. « Ouais bah j’aimerais autant qu’elle sache un peu moins ce qu’elle veut. Et qu’elle soit un peu moins débrouillarde surtout. Et ouais, elle a une façon de parler aux gens… ça, elle le tient pas de moi. Mais combiné au bagout familial, ça fait un combo explosif. » Mary sait que j’ai toujours eu un don pour obtenir ce que je voulais en baratinant les gens, j’ai même exploité ça pour mon boulot. Et clairement, Zoey en a hérité, la diplomatie en moins. Heureusement quelque part, ça la limite encore. Mais le jour où elle pigera qu’elle peut agir autrement, on sera dans la merde. « J’ai embauché la mercenaire. Pour avoir d’autres pistes, de celles que je pourrais pas forcément trouver de moi-même. » Et, évidemment, je réponds pas à sa question. Parce que j’ai pas la moindre idée de ce que je ferais si je tombe sur les responsables de ça. Et selon ce qui sera réellement arrivé à Moira. « Elle est encore plus douée que moi pour rouler des yeux. Mais tu peux toujours essayer. »

J’ai un vague sourire au reste, attrapant son verre alors que je vais les remplir tous les deux. « Tu es déjà bien trop grande et intelligente pour notre bien à tous. Et même si je suis pas sûr d’être de meilleure compagnie que les bouteilles, je pense que je peux être de meilleur conseil. Autant en profiter non ? Avoir ton petit frère a-do-ré à domicile. » Et j’ajoute, posant son verre plein devant elle. « Et puis, il serait temps d’accepter le fait que je suis ton préféré. Depuis le temps. » Large sourire pour ponctuer mes propos, alors que je fais tinter mon verre contre le sien.

ft. @Mary Pelhman
Contenu sponsorisé
CORPS
ESPRIT
ÂME