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i am not a martyr, i'm a problem (phare #1)

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every day I've got a smile where my frown goes
a couple bodies in the garden where the grass grows
i take 'em with me to the grave in a suitcase


Le fond de café dans la carafe est froid depuis longtemps; celui entre les mains d’Arden est encore chaud, par la grâce d’un trio de tours au micro-onde. Elle examine le plafond d’un air soucieux, sa tasse posée sur son sternum, les pieds posés sur la table. L’air soucieux n’a aucun rapport avec le dossier qui illumine la surface de sa tablette; non, c’est plutôt routinier, ce qui y figure. Elle s’inquiète plutôt de la drôle de tache qui orne les panneaux jaunis: est-ce un nuage ? un chapeau ? une robe ? Miri n’a pas daigné tenter de déchiffrer les signaux envoyés par l’humidité et a simplement quitté la pièce, probablement pour “ne pas perdre plus de temps et faire quelque chose d’utile”. Iel n’a rien dit, mais le soupir poussé en se levant de sa chaise parlait pour ellui.

Et Arden en profite pour contempler le plafond; pour contempler le bout de ses bottes; pour contempler l’existence. Un moment de paix, de relaxation entre le bruit incessant de la ville et le bruit incessant de ses collègues de travail. Elle a les yeux fermés lorsque la porte s’ouvre, l’image rémanente du néon grésillant dansant toujours derrière ses paupières. « Je leur ai dit que le chili d’hier soir était trop épicé, et que t’avais fait un carnage de ta salle de bains. Un oeil s’ouvre, fait état du nouvel arrivant. Ils ont décidé de ne pas t’attendre. » Vérité ou mensonge, qu’importe; le fait est qu’ils ont véritablement décidé de ne pas attendre. Miri n’a pas que leur petite équipe à gérer, d’abord; et puis les jeunes ont cette incapacité à faire preuve de patience, de toute façon. Il ne reste donc qu’elle et le retardataire dans la salle étroite à l’effluve de café trop infusé. « Brad Spitfire, scientifique de jour, artiste de l’évasion de nuit. » Les yeux toujours clos, elle prend une gorgée de café, puis grimace; ouvre ses mirettes pour jeter un regard dégoûté au fond de la tasse, qu’elle dépose sur la table. « Il n’est pas rentré travailler, aucune absence maladie posée, pas de famille à proprement dire. Sa femme vit à San Francisco et dit ne pas lui avoir parlé depuis deux ans. »

Les bottes retrouvent le sol, les bras s’élancent vers le ciel, et elle prend le temps de s’étirer avant de se redresser et de s’asseoir confortablement, les coudes posés sur les genoux. « Miri nous a été assigné pour cette mission; les vérifications préliminaires indiquent une activité suspecte sur certains de ses comptes. Iel va nous tenir au courant si quelque chose d'autre se présente. » Elle fait glisser la tablette vers elle, et de quelques taps fait apparaître des photos d’un bloc d’appartements, qu’elle tend à son collègue. « Notre premier arrêt sera son domicile, évidemment. Si tu veux bien nous faire l’honneur… » Ce sera bien plus simple de s’y introduire sans éveiller les soupçons, et sans apparaître sur les caméras de surveillance.

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C’est avec le pas léger et élastique d’un homme absolument pas gêné de son retard que le Faulkner entre dans la salle où il ne reste, désormais, qu’une seule personne et un parfum de café un peu brûlé. Le rebord du chapeau est légèrement soulevé en salutation à sa charmante collègue dès qu’elle ouvre un œil pour le jauger. Collègue qui a même eu la grâce de l’excuser auprès de celleux déjà repartis à d’autres occupations : si ce n’est pas un réel don de soi ! Un exemplaire esprit d’équipe ! « Charmant », commente-t-il sans être plus troublé de la justification fort peu digne, et encore moins de l’idée que peuvent avoir leurs dirigeants de lui. Ça ne les importe pas vraiment, tant qu’il fasse le boulot… et de ce qu’il sait, ils n’ont rien eu à redire de son boulot depuis qu’il a été engagé. Même ses retards sont devenus monnaie courante et une preuve, s’il en est une, que c’est le bon énergumène qui est devant eux.
On n’a jamais connu Murphy Faulkner ponctuel, ou pas depuis six décennies.

Le cas est exposé en quelques informations lacunaires ― s’il avait été présent, en saurait davantage sur l’échappé (en tous cas, le momentanément disparu, il est un peu tôt pour tout de suite décider du statut de l’homme), mais c’est le poids de ne pas l’avoir été. « Oh, Miri, la voix ne porte pas d’affection particulière, si ce n’est un brin de moquerie, iel doit être ravi », et surtout ne pas râler d’être calé·e avec les dinosaures quasi anti technos. Il ne doute pas qu’il a été attendu jusqu’au bout de la patience de leur jeune collègue.

Il échange la tablette contre le gobelet de café qu’il tient dans sa main droite, un A écrit au marqueur sur son côté. La case du lait est cochée sur le carton qui indique que le breuvage, juste à la bonne température, a été acheté dans l’un des meilleurs cafés de cette ville. Un clin d'œil, puis Murphy porte son attention sur l’écran de la tablette. Il détaille les photos du bloc appartement ciblé sous toutes les coutures, à l’affût des emplacements des caméras de sécurité. D’être si souvent entré dans ce genre d’endroit, il déduit à peu près où est situé l’appartement du Spitfire ― zoome à outrance sur les rideaux de ce qui apparaît être un salon, à travers le voilage léger. Il fronce le nez et visualise la pièce, avise ce qui est probablement un guéridon, près de la fenêtre, dans lequel il n’a pas très envie de voyager (ou d’y entraîner Arden, ce qui serait un tout autre problème). Le reste… comme toujours, c’est au talent, et a priori, cette assignation devrait en demander juste assez.

La tablette est délaissée et il s’assure que les notifications de sa montre sont actives et sonores, et son assistante virtuelle, éteinte, afin de ne pas interférer avec les potentielles informations transmises par Miri. Ça, et que son téléphone aussi est allumé et prêt à recevoir les appels de leur collègue, et que l’oreillette qui lui est destinée est chargée, et… « J’espérais qu’ils abandonnent tout ça », qu’il commente avec un soupir avant d’enfiler l’oreillette, la mine sensiblement ennuyée. Les cheveux sont replacés, le chapeau aussi. Il tend la main gauche à Arden, en rituel. En invitation. « Darling. »