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“Intoxicated? The word did not express it by a mile. He was oiled, boiled, fried, plastered, whiffled, sozzled, and blotto.”  @Jeremiah Thompson

Quelle idée de merde.

Enfoncée dans la banquette du lounge VIP d’un établissement très select, Astra – Adara, comme elle se faisait appeler ces temps-ci – était très occupée à remettre en question tous ses choix de vie, une coupe de champagne rosé entre les doigts. Quel maudit raisonnement avait bien pu la pousser à accepter cette invitation ? C’était, sans l’ombre d’un doute, la pire des idées sur sa liste de mauvaises idées. Son premier – et bon – réflexe avait été de refuser catégoriquement, quoiqu’avec le sourire aux lèvres. Elle n’était pas friande de ce genre de soirée, et encore moins quand une partie du gratin d’Icarus risquait d’y être présent. À peu de choses près, elle aurait presque prétendu avoir un mal de tête intolérable. Une fois n’était pas coutume, elle craignait de croiser son paternel par accident. Il était censé être de l’autre côté de l’Atlantique, mais prudence était mère de sûreté. Et puis il y avait les médias. Les équipes d’Omnivox et toutes les autres, prêtes à se jeter sur toutes les occasions d’obtenir le cliché qui ferait vendre, la vidéo qui ferait des millions de vue. En théorie, ça faisait partie du contrat quand on acceptait de fréquenter une idole. L’idole par excellence, en ce qui la concernait. Ça non plus, ce n’était pas sa plus brillante entreprise. Certaines choses étaient hélas irrésistibles, et comme il se plaisait souvent à le rappeler, Hyperion l’était aussi. Il avait fallu moins d’insistance qu’elle l’aurait voulu, stupide question d’ego, pour qu’elle accepte finalement de se traîner hors des entrailles de son penthouse. Astra avait néanmoins insisté pour faire une entrée discrète – hors de question qu’on la voit affichée au bras de Theodore, c’était un coup à faire sauter sa couverture sans qu’elle n’ait aucune sortie de secours. Mais étrangement, ce qui l’ennuyait davantage que l’éventualité de devoir prendre ses jambes à son cou après avoir effacé toute trace de son passage, c’était de se retrouver avec une bande de vautours curieux aux basques. Elle avait eu l’occasion de voir ce que ça donnait de très – trop – près et merci, mais non merci.

Tous les as du cirage de pompes étaient réunis pour l’occasion. Le spectacle avait un je-ne-sais-quoi de pathétique ; c’était un drôle de mélange de zoo et de fête foraine et Hyperion était l’attraction principale. Ils étaient tous réunis autour de lui, prêts à se jeter à ses bottes pour grappiller quelques secondes de son attention. C’était plus ou moins la même chose pour le reste de l’équipe. Elle ne savait plus exactement à quel moment, mais Astra avait vu Bonnie s’éclipser en douce, leurs regards s’étaient croisés et elle lui avait levé son verre avec un petit air envieux. Minuit en vue, elle commençait sérieusement à se dire qu’elle aussi elle allait prendre ses cliques et ses claques avant de prendre racine dans ce foutu divan. C’était bien la peine de dépenser une fortune dans une robe de haute couture, et tout ce qui allait avec, pour rester dans l’ombre toute la soirée. C’était de sa faute. Elle aurait pu faire l’effort de sociabiliser, vendre à la perfection la persona d’Adara, mais ce soir, le cœur n’y était pas. Comme si elle avait brutalement réalisé que peu importait ce qu’elle ressentait pour le héros préféré de tout le monde, c’était voué à l’échec. On ne bâtissait rien sur un mensonge, et encore moins quand il avait cette ampleur-là. Grimace collée aux lèvres, elle termina son verre d’une traite. Au moment exact où elle reposa la coupe en cristal sur la table devant elle, un serveur apparut, si subitement qu’elle se demanda s’il ne s’était pas matérialisé devant elle. C’est tout juste si elle ne sursauta pas ; elle le foudroya du regard avec de grands yeux écarquillés. « Je vous ressers quelque chose, madame ? » « Vous n’auriez pas un cocktail à l’arsenic, par hasard ? » Il y eut un long moment de silence, le temps que l’information soit traitée par l’esprit un brin surmené du serveur, qui changea de couleur quand les fils se connectèrent. « Détendez-vous, c’était une blague. Je ne vais pas me foutre en l’air sur votre carrelage, ça ferait tache. » Astra se leva d’un coup, tapota son épaule avec compassion, et le laissa planté là où il était.

Atteindre Hyperion pour lui dire qu’elle rentrait chez elle promettait de relever du parcours du combattant. Il y avait littéralement une foule entre eux, et Astra était purement et simplement envahie par un sentiment de paresse qui n’avait pour d’égal que son envie de déguerpir au plus vite. Un simple message aurait pu faire l’affaire, mais elle n’était pas sûre qu’il ait son téléphone. Elle haussa un sourcil ; est-ce que son costume avait seulement des poches ? Elle secoua la tête et leva les yeux au ciel. Qu’est-ce que ça pouvait bien faire ? Tout ce qu’elle voulait, c’était imiter Bonnie et trouver la sortie avant de transformer par accident le prochain abruti qui aurait l’idée de génie de piquer du nez dans son décolleté. Elle laisserait un message à l’un des nombreux assistants de Theodore, histoire qu’il ne s’imagine pas qu’elle avait finalement décidé de lui poser un lapin, mais là, elle commençait à chauffer, et ça au sens propre du terme. Le sourire le plus hypocrite de sa vie sur le visage, elle s’excusait auprès des pingouins en costume et des trophy wives de compétition en espérant qu’ils s’écartent vite de son chemin, faute de quoi elle commençait à marmonner des insultes toutes plus imaginatives les unes que les autres jusqu’à ce qu’ils s’exécutent, n’hésitant pas à malencontreusement planter l’aiguille de son talon là où ça faisait mal pour accélérer la cadence. Avec un peu – beaucoup – de chance, elle atteindrait le hall avant que le DJ de la soirée ne relance sa playlist années 80. Sweet dreams were not, in fact, made of this.

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@jeremiah thompson & @astra stark
(flashback 2020) Le couple Thompson fait fureur. Chacun a délaissé son costume pour une tenue de soirée assortie et ils habitent l’espace comme les deux grandes stars qu’ils sont. Les photographes se sont d’abord pressés à leurs pieds, s’agenouillant à hauteur confortable pour tirer le meilleur des clichés qui finira demain en couverture de trois grands magasines. Puis il y a eu les quelques journalistes triés sur le volet, les approchant les uns après les autres et sous bonne garde des assistant·e·s et autres subalternes de Sloane, qui veillent à ce que le rythme des interviews ne soit pas totalement étouffant. Les convives virevoltent autour d’eux avec régal, satellites aimantés par un Wolfman des plus charismatiques et une LadyHawk des plus majestueuses.

"J’ai mal aux pieds," lui dit-elle au creux de l’oreille. Tout le monde croit qu’ils se disent des mots d’amour. Il sourit de plus belles à l’attention de leur public formé de tout un tas de métiers et d’intérêts. "Encore un peu," insiste-t-il. Jeremiah sait très bien qu’avoir mal aux pieds est un euphémisme : c’est son code pour dire qu’elle en marre, qu’elle sature, et si cela ne suffit pas, elle tente à plusieurs reprises de se déhancher subtilement pour que la paume de son mari arrête de lui tenir les reins. "On en a bien assez fait pour ce soir," siffle-t-elle, rendant à leurs admirateurs·ices un autre sourire, plus petit et crispé que celui solaire de Jeremiah. "Lâche-moi maintenant." La senestre épaisse traîne par provocation, tentant dans son insolence de capturer encore un peu de sa chaleur. Il finit par retirer son bras. Elle souffle. Ils ne se haïssent pas encore totalement. "Merci…" Les lèvres hispides de l’époux flanchent aux encoignures, où l’amertume et le regret se tassent.

Il adresse un murmure à une assistante, exigeant qu’on les laisse à présent tranquilles. La tête bien faite de la subalterne opine furtivement, plongeant ensuite dans la fosse aux lions qu’elle se met à disperser avec d’autres de ses semblables. Il leur adresse un dernier clin d’œil pour une question qui n’aura pas de réponse ("Wolfman ! à quand un nouveau film avec LadyHawk ?") et un dernier sourire pour une remarque qui se passe de commentaires ("LadyHawk, un mot sur vos tenues ?").

"On parie combien qu’ils vont encore faire une faute de frappe à Bặrks ?" Bonnie souffle malgré elle un rire dans la flûte de champagne qu’elle ravit à un serveur. "Mathson avait mauvaise mine. Je crois qu’il est aussi épuisé que moi." Jeremiah tient un sotch sans glaçons qu’il ôte de ses babines uniquement pour commenter. "Mathson est une hyène ; il a toujours mauvaise mine. Mais s’il pouvait avoir une plume correcte, ça, ça changerait. - Tu exagères. - Tu sais que j’ai raison. - Tu es surtout incorrigible." Ils sont maintenant au bar, où les petites mains de l’ombre continuent de veiller à ce qu’ils ne soient pas dérangés. "Tu vas rentrer ?" Bonnie réfléchit. Jeremiah l’observe en coin, suspendu à ses lèvres - comme toujours, crétin fini qui ne changera jamais. "Oui." Il ne sait pas ce qu’il espérait. Evidemment qu’elle veut rentrer. Il hoche la tête, balancement de boucles qui deviennent déjà grises et seront bientôt blanches. Le verre de scotch tourne machinalement sur le zinc du comptoir de luxe, emporté par ses doigts qui jouent avec le cristal. "… à la maison ?" L’accalmie jusqu’ici conservée se brise dans le soupir exaspéré de Bonnie. Elle repose sa flûte dans un bruit sec. "Ne commence pas." Une tension germe naturellement chez Jeremiah, qui ronge visiblement son frein. "Je t’ai posée une simple question." Il rumine au-dessus de son scotch, levant avec une innocence feinte ses épaules.

Des éclats de rire tonitruent dans l’assistance, provenant de l’autre attroupement regroupé cette fois autour de Theodore. La différence d’ambiance est saisissante. Là-bas, le ronron de la gloire continue de chauffer les corps, ici, le silence du conflit gèle jusqu’aux verres auxquels ils ne touchent plus. "On se voit demain." Bonnie termine sa flûte d’une traite. Jeremiah serre les dents. "Ne t’en fais pas pour la nounou, elle garde Saul tout le week-end." Il trinque à ça, levant brièvement son verre devant son rictus amer. Quel couple merveilleux et libre ils forment. On se facilite même la tâche ; ce sera quartier libre pour chacun, le temps d’une nuit encore à se tromper de lit. Bonnie disparaît dans un mouvement léger, toujours aussi aérien.

Jeremiah continue de boire. Jusqu’à ce qu’il ne boive plus mais picole. Les bouteilles défilent dans les mains du barman, avant d’être carrément laissées sur le zinc un peu humide. "Me regarde pas comme ça," qu’il lance au bout d’un temps interminable à enchaîner les alcools. "J’ai une constitution d’enfer." Wolfman sourit amplement au barman, qui pique un phare et se remet au travail. "Désolé, je ne voulais pas vous déranger…" Une nouvelle épaule se hausse, la plus élégante et stylée de l’assemblée - amputée de sa pièce assortie, partie Dieu seul sait où prendre du bon temps. "Bof. Je suis pas vraiment occupé." De nouveaux rires résonnent dans l’attroupement autour de Theodore. Jeremiah vrille la nuque, observant par-dessus cette même épaule ce qui fait tant se bidonner l’assistance. C’est lui le Sept marrant, d’habitude. "'tain, tout s'perd…" remarque-t-il sans acidité. Il revient à son verre de vodka, le termine cul sec, et puis se lève. Le pourboire monstrueusement généreux qu’il abandonne au barman le plante bouche bée devant la ribambelle de verres vides. "M-Merci monsieur Wolfman !" Une main est agitée mollement dans la nouvelle progression que prend le Super-Héros. "De rien, de rien, 'fait plaisir." Et un fan de plus.

Puis pourquoi qu’on se marrerait sans lui, putain. Tout le monde a décidé de le mettre sur la touche, ce soir… Jeremiah traverse les convives, suivi de plus ou moins loin par les assistant·e·s qui tentent d’anticiper sa prochaine action (challenge s’il en est…), direction ce bon vieux Theodore qu’il a envie de rejoindre dans sa bonne humeur.

Il est stoppé d’un coup par la réapparition de Bonnie.
Ou celle qu’il croit être Bonnie…

La visage se froisse de surprise. "T’es revenue ?" Elle n’a pas tout à fait le même regard, ni tout à fait les mêmes traits, mais la ressemblance est traître. D’autant plus traître que l’esprit du Sept est embué par une alcoolémie à vous tuer un homme normal. Les lippes s’écartent sur un grand sourire idiot, plein de charme aussi. Il brille d’un espoir naïf qui remonte jusqu’à sa paire de noisettes. Puis le sourire s’éteint. "Ecoute, je suis désolé… pour tout à l’heure. Je sais, je suis connard. Laisse-moi me rattraper, s’t’eu-plaît…? Si tu veux je t’invite au Ritz. Ou on va sur les toits. T’adores ça les toits. On prend des burger aux cuisines et on mange ça là-haut… on jettera les tranches de cornichon sur les passants comme avant." Il se marre sous sa moustache du moment (une lubie passagère). Bonnie et lui n’ont pas fait ça depuis des lustres. D’ailleurs, s’il s’agissait vraiment de Bonnie en face, elle l’enverrait déjà paître en lui disant qu’ils ne sont plus des adolescents. "Roh allez…" qu’il la tente, d’une petite moue enjôleuse. "On se fait chier ici, de toute façon… eeet Mathson arrive sur notre droite dans cinq…, quatre…, trois…"
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Le géant qu’Astra trouve sur sa route n’est pas celui qu’elle cherchait à atteindre. Pas de jolies mèches blondes, pas de sourire ravageur, pas d’ego surdimensionné et surtout, pas de foule en délire à ses pieds. Elle a pourtant un hoquet de surprise, il y a son cœur qui loupe un battement et elle porte instinctivement une main à sa poitrine après un sursaut incontrôlé. Wolfman, dans toute sa splendeur ivre. Elle fronça les sourcils, lança un regard par-dessus ses larges épaules. « Revenue ? Je ne suis jamais partie. » Et puis, qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire, à lui ? Depuis qu’elle fréquentait Theodore, ils avaient à peine dû échanger quelques politesses. Il lui semblait que le héros l’avait toujours regardée un peu de travers, mais elle ne s’en était jamais formalisée. Il fallait bien avouer, surtout, qu’elle n’en avait pas grand-chose à faire. Intégrer le cercle très privé – et aseptisé – des Sept ne l’intéressait pas le moins du monde. Sacré challenge étant donné son choix de compagnon, mais ça ne lui semblait pas complètement impossible. « Désolé ? Mais de quoi est-ce que tu parles ? » C’était à peine si elle avait osé hausser le ton pour qu’il puisse l’entendre. Entre la musique, les dizaines de conversations autour d’eux et les flashs qui crépitaient en permanence, il était même compliqué de s’entendre réfléchir. Astra secoua la tête, perplexe, et puis elle ouvrit de grands yeux de façon presque cartoonesque. Oh, bordel de merde. Jeremiah était à ce point alcoolisé qu’il était purement et simplement en train de la confondre avec sa femme. Sa femme, qui avait été bien plus maligne qu’elle et s’était sortie de ce guêpier dès qu’elle en avait eu l’occasion. D’accord, elles se ressemblaient pas mal. Mais de là à ce que Jeremiah ne soit pas foutu de faire la différence entre Bonnie et elle ? Astra ne savait pas si c’était triste, pathétique, ou un savant mélange des deux. Pour ne rien arranger, il lui donnait l’impression d’avoir vidé toutes les bouteilles du bar à lui seul. À elle seule, son haleine menaçait de la rendre saoule, elle aussi.

« Écoute, j’adorerais lancer des tranches de cornichon sur les gens avec toi, mais je crois qu’il y a erreur sur la perso… » Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase, la fin de son mot mourut tragiquement, étouffée par le ricanement du lycanthrope. Elle n’avait pas envie de l’envoyer paître franchement – il lui faisait de la peine, pour une raison qu’elle ne s’expliquait pas vraiment – et d’un autre côté… Elle avait beau être bonne actrice, savoir tromper son monde, elle n’avait pas la moindre envie d’endosser le rôle de Bonnie. Jeremiah avait beau ne plus avoir les yeux tout à fait en face des trous, il finirait bien par décuver et elle n’avait pas envie d’être celle qui se serait amusée à le faire tourner en bourrique. Non pas que jouer avec les sentiments des gens soit au-dessus d’elle, mais elle avait en face d’elle un type qui pourrait très certainement la réduire en charpie. Ou l’effrayer suffisamment pour qu’elle perde le contrôle de ses capacités… Et personne n’avait envie de voir New Blossom être rayée de la carte, pas vrai ? Astra fit la moue, tenta de lui échapper en glissant sur le côté, mais une brute épaisse heurta son épaule et manqua de peu de la précipiter droit dans les bras de Wolfman. Elle l’insulta copieusement ; pas assez fort pour qu’il lui accorde ne serait-ce qu’un regard. Tout bien réfléchi, une petite explosion, ce ne serait peut-être pas si terrible que ça.

Jeremiah avait raison sur un point : elle se faisait vraiment chier et les limites de sa patience menaçaient d’être atteintes à chaque seconde qui s’écoulait. Le problème, c’était que plus elle avançait vers la sortie et plus les obstacles sur son chemin s’accumulaient. Comme si le mari ivre et confus n’était pas suffisant, voilà qu’un vautour de journaliste fonçait droit sur eux avec un sourire carnassier. « Oh, et puis merde, hein. » Leur salut vint d’un serveur qui passait par là, le front en sueur, un plateau chargé de coupes en équilibre précaire sur une main. Astra en attrapa une au passage, fit mine de trébucher pile au moment où l’infâme Mathson entra dans leur espace vital déjà réduit. Elle lui envoya tout bonnement le champagne à la figure, se rattrapa au cou de Jeremiah et… Acte I, scène 1. « Oh, mon Dieu ! Mathson, je suis tellement, tellement… » Elle se retint tout juste de lever les yeux au ciel. « Tellement désolée ! J’ai trébuché… Les escarpins sur ce carrelage, vous n’imaginez pas à quel point ça glisse… Votre costume, je suis confuse… ! » Traduction : elle n’en avait absolument rien à foutre et voulait juste qu’il déguerpisse. « Attendez, attendez, quelqu’un va vous aider à vous nettoyer… Vous savez, on ne dirait pas, comme ça, mais le champagne, ça tache… Ah, Emily, vous tombez à merveille ! Venez par ici ! » La pauvre fille, une assistante au bord de la crise de nerfs des Sept, s’exécuta avec un air morose, comme si Astra lui avait demandé de monter à l’échafaud. Pour elle, c’était sans doute un peu le cas. « Veuillez accompagner monsieur nettoyer cette tache, s’il vous plaît… Il ne faudrait pas qu’elle s’incruste dans votre si beau costume… J’aime beaucoup, d’ailleurs. Comment ? Burberry ? Vous avez d’excellents goûts, vraiment… Vite, vite, Emily, ne perdez pas de temps. » D’un geste de la main, elle poussa doucement la pauvre assistante, qui n’eut d’autre choix que d’embarquer le journaliste dans son sillage. Astra nota dans un coin de son esprit qu’il faudrait qu’elle pense à lui envoyer des fleurs. Si tant est qu’elle n’ait pas démissionné ou fait un burn-out d’ici là. Aussi vite qu’elle s’était accrochée à Wolfman, elle le relâcha, s’écarta de quelques pas et se racla la gorge. « Ne me remercie pas, hein. Par contre, vraiment, je me tire avant d’égorger quelqu’un avec une fourchette à escargot. Je vais craquer. » Elle lui tapota l’épaule avec compassion, avec un petit sourire et tourna les talons. Elle fit quelques pas à travers la foule et… Putain, fait chier. Pourquoi fallait-il que là, maintenant, tout de suite, elle ait un sursaut de conscience ? Astra, t’es vraiment trop conne. Elle fit volte-face, mains sur les hanches. « Tu viens ou tu préfères rester planté là à gober les mouches ? »

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(flashback 2020) Jeremiah est peut-être un monstre de réflexes surhumains, ce soir il est surtout un monstre de pathétisme qui confond sa femme avec la copine du pote et se fait emporter sans difficulté dans sa magnifique scène digne d’une pièce de boulevard. La donzelle accrochée à sa nuque, il vacille avec elle vers l’avant, davantage pris par surprise qu’emporté par son poids, la mine coite d’un mec bourré et décidément dépassé par les évènements. Il a cela dit encore assez de neurones en fonction pour vriller la nuque en direction de la hyène de service, qui se fait arroser de champagne comme s’il venait de remporter le Grand Prix - au hasard, celui de l'haleine la plus fétide, catégorie Journalistes Nuls de New Blossom.

À cette vision, Jeremiah tourne la tête de l’autre côté, camouflant son hilarité loin du vaudeville pour préserver a minima la crédibilité du pseudo accident. Sa gueule tordue sur un sourire compacté, il en profite pour renifler au passage le parfum de pseudo-Bonnie, humant des notes radicalement différentes de celles composant la fragrance de son épouse. S’il avait déjà deviné ne pas vraiment avoir affaire à elle à sa seule odeur corporelle, là, l’évidence est frappante. Littéralement : Jeremiah à l’impression de se prendre un énième uppercut de l'existante dans le pif. Le bras qui s’est levé par réflexe autour de la taille de celle qui n’est définitivement pas sa femme se rabaisse, après avoir délicieusement et tout aussi douloureusement tardé à ce niveau.

Évidemment que ce n’est pas Bonnie. Quel couillon fini. L’avertissement de la donzelle lui revient dans la brume alcoolisée de son crâne : y a erreur sur la personne. Drôle de mantra qu’il pourrait décliner à l’infini : erreur sur le couple, erreur sur le mariage, erreur sur toute la ligne. C’est Adara, bah oui. La doublure ton sur ton de Bonnie que Theodore a eu le bon goût (douteux) de pêcher dans ses filets. La nana qui le rend divinement heureux et double par là-même le cafard du crétin de service qui ne se retrouve plus avec UNE, mais DEUX Bonnies.

La tronche hilare est fendillée d’un peu d’amertume quand Wolfman pivote vers le sketch en direct, Adara se farcissant Mathson jusqu’à l’épousseter gentiment, avant d’alpaguer l’une de leurs… de ses ? … la confusion est totale, à ce stade, bref : l’une des assistantes de service (dont elle se souvient mieux que lui du nom, inquiétant). "Je peux au moins te féliciter ?" lui glisse-t-il d’un ton complice, tandis qu’assistante et hyène s’en vont comme un tandem mal composé essuyer ça plus loin, façon boss final de jeu vaincu en deux-deux (oui, il a un môme) (d’accord, il a surtout acheté la console pour lui… mais il est prévoyant, les mômes, ça grandit). La petite tape d'Adara sur son épaule pourrait en soi être le clou du spectacle. Fait-il à ce point pitié…?

"Tu viens ou tu préfères rester planté là à gober les mouches ?" Il faut croire que oui. Ça ne l’empêche pas de lui emboîter le pas comme un bon ch- (non… pente glissante)… comme tout gentleman qui se respecte, son métabolisme d’enfer commençant déjà à décuver les litrons d’alcool. "Désolé pour le moment gênant, j’avais un coup dans le nez," se justifie-t-il sans vraiment se justifier, accélérant la phase excuses pour s’en débarrasser le plus vite possible. Le mot clé est avais, de toute évidence, rassurant Adara comme il peut (et plutôt sans trop se fouler) que là s’arrêtent ses confusions minables. Enfin… il espère. "Mathson va te taillader dans l'un de ses fameux tweets incendiaires je parie," la prévient-il, se marrant malgré tout sous sa moustache dernier-cri (non) (mais il est parmi celleux qui dictent la mode alors disons que oui). "Remarque, il va peut-être lui aussi te prendre pour Bonnie…" D’une certaine façon, ça le rassurerait. Ils seraient deux imbéciles dans le même cas. Quoi qu'être logé à la même enseigne que la hyène… aurait tendance à le rendre carnassier.

Tandis qu’ils marchent vers il-ne-sait-où, Jeremiah coule un regard mi-appréciateur mi-critique en direction de la robe d’Adara. "Franchement, si en plus vous vous mettez à porter les mêmes tenues… je vais finir par croire que vous vous concertez rien que pour me rendre chèvre." Parce que tout tourne évidemment toujours autour de lui et de sa pauvre petite personne. Il jette quand même un regard en direction des vestiaires, pour s’assurer que les affaires de Bonnie ont bel et bien été embarquées et, la chose assurée, revient à sa conversation avec Adara l’air bougon. Ou morne. Tout simplement morne. Les montagnes russes émotionnelles, c’était clairement l’attraction de trop pour ce soir. Il évite de ruminer sur sa femme, et où est-ce qu’elle peut bien être en ce moment-même et surtout avec qui, s’accroche avec une médiocrité sentie à Adara, à qui au moins il… "J’te fais pitié, hein, avoue…" L’égo surdimensionné (quoi qu’elle en pense) du Sept est froissé… mais pas trop. Là où il aime briller et être le centre de l’attention, de l’idolâtrie, et tout le tintouin très sain digne du narcissique qu’il est, il aime aussi que les femmes lui donnent de leur temps, même si c’est pour papoter. Surtout quand elles ont des airs de Bo- non, rah, il avait dit qu’il arrêterait de les confondre.

"Belle esquive avec Mathson, on dirait que t’as fait ça toute ta vie. Envoyer bouler les emmerdeurs, j’entends." Il attrape une bouteille de champagne des mains d’un serveur, avec petit clin d’œil de vedette au massage qui éteint illico toute protestation. De rien, fait plaisir ; il vient de créer un core memory d’anthologie que le pauvre bougre pourra raconter à ses enfants et petits-enfants. Qu’est-ce qu’il est généreux. "Tu devrais te reconvertir dans la com'" ajoute-t-il très sérieusement, une pensée pour Sloane qui pourfend continuellement ladite race d’emmerdeurs, avec une subtilité cependant autre (hé, c’est un métier qui s’apprend). Jeremiah attrape cette fois deux flutes à la volée, restées bien alignées avec plein d’autres flutes mises à disposition (à moins que ce ne soit les verres utilisés… qu’importe). "Ou alors t’es déjà dans la com' ? Je sais plus très bien." Aveu flagrant qu’il ne s’est jamais intéressé plus que le minimum syndical à la dernière conquête en date de Theodore, sans doute sciemment, la ressemblance avec Bonnie étant suffisamment troublante pour l’encourager à l’ignorer (si ce n’est qu’il s’intéresse rarement aux autres, aussi, et surtout aux poupées de chiffon qui vont et viennent dans leurs vies de Sept).

"Tentée par les toits, alors…?" hasarde-t-il finalement, à mesure qu’ils se rapprochent du hall d’entrée et de la petite porte de secours camouflée derrière rideaux. Il ne veut pas croire qu’elle a accepté de se le farcir pour le lâcher en plein milieu… elle n’est pas à ce point la copie conforme de Bonnie. …?
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“Intoxicated? The word did not express it by a mile. He was oiled, boiled, fried, plastered, whiffled, sozzled, and blotto.”  @Jeremiah Thompson

Est-ce qu’elle aurait mieux fait de laisser Jeremiah planté là où il était, à décuver tranquillement ? Probablement. Elle ne savait pas trop pourquoi elle l’avait invité à lui emboîter le pas ; à croire qu’elle était incapable de résister à la moindre trace de détresse, même quand il ne s’agissait pas de ses affaires. Le loup de la bande, elle ne le connaissait pas, pas vraiment. Elle n’avait jamais fait attention à lui, pas plus qu’il n’avait fait attention à elle au-delà de son étrange ressemblance avec son épouse. Mais ce soir-là, ils étaient comme deux âmes en peine abandonnées par leurs moitiés respectives. De là à les rapprocher ? L’avenir le dirait, mais Astra se serait sentie mal de le laisser sur le bord de la route alors qu’il avait visiblement un peu de mal à raccorder tous les fils entre eux. « Juste un coup ? » Elle lui lança un regard amusé. Astra était observatrice ; elle l’avait vu enchaîner les verres – pour ne pas dire les bouteilles – toute la soirée pour passer le temps. Une chance pour lui, son organisme évacuait l’alcool bien plus vite que la normale. Le tolérait, aussi. À sa place, Astra serait tombée raide morte. À la mention du pseudo-journaliste et son éventuelle vengeance, elle se contenta d’un haussement d’épaules. « Il peut bien faire ce qui lui chante, je t’avoue que je n’en ai pas grand-chose à foutre. Remarque, ce serait drôle qu’il nous confonde, lui aussi. J’adorerais voir votre fanbase le descendre en flammes. » Rancunière, Astra ? Juste un brin. Elle préférerait de loin que le journaliste s’abstienne, peu désireuse de voir son visage être affiché sur les réseaux sociaux. Mais ça faisait partie des risques, quand on fréquentait un célèbre membre des Sept. Risques qu’il aurait été préférable d’éviter, étant donnée sa situation, mais puisque le cœur avait ses raisons et autres conneries du genre…

La remarque de Jeremiah quant à sa tenue lui fit hausser un sourcil en même temps que lâcher un petit rire. « D’accord, j’avoue tout, on s’est concertées pour le plaisir de voir ta gueule. » Son rire se transforma en un petit ricanement moqueur, mais pas cruel. « Ou peut-être que le rouge, c’est juste notre couleur. » Astra devait bien l’avouer, elle n’avait pas fait un gros effort d’imagination. C’était une couleur qu’elle affectionnait particulièrement, qui lui seyait, ça n’allait pas bien plus loin. Avoir un autre point commun avec Bonnie l’amusait, au moins autant que ça troublait le pauvre époux de cette dernière. Elle marqua un temps d’arrêt, fronça les sourcils et étudia un peu bêtement le héros des pieds à la tête quand il lui demanda à demi-mots si elle avait pitié de lui. Elle était loin d’être la mieux placée les juger, lui et son mariage. Parce qu’elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’il pouvait bien se passer et… Étrangement, ça ne lui ressemblait pas. Un soupir lui échappa, accompagné d’une expression compatissante. « Lequel de nous deux fait le plus pitié, à ton avis ? Celui qui a été planté par sa femme au comptoir du bar, ou la copine d’Hyperion lâchement abandonnée sur une banquette le temps qu’il fasse la tournée de ses groupies ? » Elle ne lui en voulait pas. Ça faisait partie du jeu, et c’était bien moins désagréable que tout ce qui pouvait bien secouer l’union de Wolfman et Ladyhawk. « Pulvériser des egos masculins, c’est ma passion dans la vie. » Petite pique gratuite ? Peut-être bien, mais le sourire qui l’accompagnait se voulait taquin. Elle roula des yeux en le voyant attraper une bouteille de champagne sur la route – de toute évidence, la partie beuverie de la soirée n’était pas terminée. « Je suis restauratrice. Je travaille au Met et j’ai une galerie d’art. » Non pas qu’elle pense qu’il en ait sincèrement quelque chose à faire, mais plus elle pouvait semer de vrais-faux indices quant à son identité du moment, mieux c’était. Question de crédibilité, si quelqu’un décidait de mettre le nez dans ses affaires. Comme, au hasard, un vautour arrosé de champagne.

Astra fit la moue, fronça le nez. Était-elle tentée par les toits ? Par la bouteille de champagne subtilisée par Jeremiah ? Ou est-ce qu’elle préférait se contenter de rentrer chez elle, pour ruminer sa soirée ratée et l’absence de Theodore à ses côtés ? « Mais… Tu m’avais promis des cornichons, non ? » Elle afficha la mine boudeuse d’une enfant avant de hocher la tête en signe d’assentiment. « Attends-moi là, je reviens dans cinq minutes. » Elle lui donna un petit coup sur l’épaule avant de disparaître par la sortie de secours… cachée derrière les rideaux ? De quoi assurer un charmant drame s’il venait à y avoir un quelconque problème. Enfin, non, bien sûr que non, les Sept étaient là pour sauver tout le monde… Astra prit une profonde inspiration ; l’air pollué de New Blossom lui paraissait tout à coup incroyable. Avec l’allure et l’assurance d’un top model tout juste descendu d’un podium Victoria’s Secret, elle traversa la rue, pour atterrir dans un autre établissement populaire – autrement dit, le fast-food bondé d’en face. Elle détonnait un peu, dans sa robe Armani Privé, sur ses escarpins de douze centimètres et ses diamants autour du cou, mais elle fit comme si de rien n’était, malgré les regards appuyés de la clientèle et les bafouilles de l’employé qui prit sa commande après être devenu rouge comme une pivoine. Les cinq minutes se transformèrent hélas en quinze, si bien qu’elle se demanda si Jeremiah l’attendait toujours derrière la porte où si elle avait se retrouver comme une parfaite imbécile avec son sac de nourriture aussi grasse que mauvaise pour la santé dans les mains. Mais non, miracle, quand elle ouvrit la porte d’un – vaguement – élégant coup de hanche, il était toujours là. « Quatre cheeseburgers, double ration de steaks, extra dose de cornichons. Mais je te préviens, je garde les frites, je suis végétarienne. Je partagerai peut-être, si t’es sage. » Elle ponctua sa phrase en aspirant bruyamment une gorgée de son milkshake vanille-fraise. « On prend l’ascenseur ? J’ai beau être sportive, hors de question de me taper trente étages sur ces chaussures. Puis au prix qu’elles m’ont coûté, je ne vais pas les ruiner dans la cage d’escalier. » Elle lui fourra le sac de fast-food dans les bras, récupéra la bouteille de champagne de sa main libre. De son point de vue, c’était un juste échange. « Je te préviens, si tu commences à avoir les pattes baladeuses, je fous le feu à ton poil luisant. En toute amitié, bien sûr. »

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@jeremiah thompson & @astra stark
(flashback 2020) Le rouge : leur couleur. Dans cette évidence indubitable, ce notre qui traîne, pareil à celui de sœurs jumelles. Jeremiah pousse un petit soupir, façon de dire qu’il approuve, tant pour la couleur, que pour cette ressemblance qui la pousse à parler d’elles comme d’une unité. La douce contrariété s’éteint un peu à la mention d’Hypérion, qui l’aurait abandonnée sur sa banquette pour faire la tournée des groupies. Ça lui ressemble bien, mais Jeremiah ne peut pas s’empêcher d’être compréhensif et lancer au susnommé un regard en biais. “Quand le devoir appelle…” Petit haussement de sourcils sur une moue conciliante. On ne fera pas dire à Jeremiah Thompson que Theodore Newman est un puits sans fond de mégalomanie. D’autant qu’ils sont véritablement là pour ça, ce soir, la promotion d’il ne sait plus quoi - une grande et belle cause, sans nul doute.

Quand Jeremiah tourne le visage vers Adara, il peut sentir, en même temps qu’il peut le voir clairement, tout l’ennui que son rôle de figurante lui inspire. Il ne sait pas à quoi d’autre elle pouvait bien s’attendre en accompagnant un Sept à ce genre d’évènement. Un rire lui échappe cependant quand il est question d’égos masculins à pulvériser. Caillasse plastronnée sous son poitrail de mâle, qui finit en ronron réellement amusé. “Une vocation, j’en doute pas…” Qu’elle partage encore une fois avec Bonnie. “Oh, je vois, madame à du goût,” commente-t-il de suite après, enchaînant aussi vite qu’il le peut pour ne pas rester sur l’amer sentiment de Bonnie, revenu aussi vite qu’il a été chassé. Une risette tranquille lui fend les babines. “Pas trop en contact avec le public, donc…,” qu’il relève, d’un timbre de voix taquin tandis qu’il hasarde un regard dans sa direction. Il ne donne pas très cher de sa relation avec Theodore. Fréquenter un Sept, le leader de surcroît, c’est se livrer h24 aux feux de la rampe et aux milliers d’yeux les épiant pour un rien. Jeremiah espère quand même que ça roulera ; Theodore n’a jamais paru d’aussi bonne humeur et bien dans ses bottes.

Leur progression s’arrête quand Adara réclame les cornichons promis. Le Super-Héros, immobilisé par l’interruption soudaine, plante sur elle un regard mi-surpris mi-ravi, la bouteille de champagne dans une main et ses deux flûtes dans l’autre, tintinnabulant doucement alors qu’un léger rire le secoue derechef. Il la regarde s’éloigner, puis sortir du bâtiment, curieux de comprendre quel est son plan. Adara traverse la rue et s’enfonce dans un fast-food où il peut la voir, de vitre à vitre, commander au milieu de la plèbe ce qu’il devine être des burgers avec un double supplément de cornichons. Il se marre, une épaule appliquée contre la baie vitrée du hall, observant la scène sans en rater une miette. Elle a de l’audace, il faut bien l’avouer. De l’audace et un sacré panache. La ressemblance avec Bonnie s’étrécit encore plus, fine pellicule qui à tout moment peut céder ; mais elle est si loin, et le flou sentimental est si facile. Son pouce caresse pensivement le bouchon de la bouteille alors que ses rires discrets s’étiolent pour certains dans un bourdonnement nostalgique. Ses grandes billes suintent, émues. Puis Adara retraverse la rue et ce n’est plus qu’Adara.

Le menu est à saliver. Il récupère les sacs en kraft dégoulinants de gras en veillant à ne pas encrasser son magnifique costard, la bave presque aux lippes. “Je suis désolé de te dire ça mais t’es bonne à marier Adara.” Il ponctue sa mauvaise nouvelle d’un nouveau rire, celui-là mutique, qui remonte jusqu’à ses rides pattes d’oie. “Oh bordel, j’ai si faim tout à coup.” Et de planter son nez au milieu d’un des paquets, reniflant la pitance sans gêne ni plus vraiment de charisme. “Mh ? Ah oui, oui. L’ascenseur. Allons-y,” la suit-elle, requinqué et à l’idée de s’enfiler quatre cheeseburgers avec double ration de steaks - et une extra dose de cornichons, certes -, et à celle de ne pas finir sa soirée seul comme un abruti. “Les pattes baladeuses !” qu’il renchérit, sous un nouveau ronron amusé. “Je suis un homme marié je te rappelle.” Illusion à laquelle nombre croient encore. “Et puis j’ai un principe : je ne touche pas aux copines des potes.” Ils s’engouffrent dans l’ascenseur, dont la délicieuse odeur des cheeseburgers envahit bientôt l’habitacle. “Sans compter que les végétariennes, c’est vraiment pas mon type,” assure-t-il enfin, l’œil amusé alors qu’il glisse un regard à Adara et son milkshake qu’elle sirote.

Attends… T’as prévenu Theodore ?” La gueule est soudain inquiète. Percluse de tout un tas de sentiments concernés trahissant le caractère quasi sacré de leur brotp. “J’voudrais pas qu’il croit que tu t’es tirée…” Parce que le transfert est là aussi facile. Theodore et lui. Adara et Bonnie. Une juxtaposition en miroir qui le laisse un peu pantois, ses sacs de bouffe dans les bras, planté au milieu de l’ascenseur comme s’il avait une crise existentielle. “Envoie lui un message, non ?” La sonnerie de l’ascenseur retentit, les portes en acier s’ouvrant sur le dernier pallier de l’escalier. Ils avancent et il pousse la lourde porte anti-incendie d’un coup d’épaule puissant qui casse le système. Il le remarque à peine. Sa masse laisse Adara passer, puis il la suit jusqu’à l’un des rebords où le muret est quelque peu bas.

Phew, oulà, j’avais oublié comme c’était haut…,” remarque-t-il, hasardant un œil par-dessus le muret, vue plongeante sur les vingt étages les séparant de la terre ferme. Conscient d’avoir l’air apeuré comme un pauvre petit chiot, il se râcle la gorge et se réarme de charisme, la tête basculant un peu sur le côté, une moue indifférée lui chiffonnant les traits. “Ce qui m’est parfaitement égal. Parce que Wolfman n’a pas le vertige.” Et ce disant de poser ses fesses sur le muret, répartissant - quelque peu prudemment - leurs mets respectifs. L’odeur de bouffe, et de viande tout particulièrement, le ramène à des préoccupations plus joviales. “Les quatre burgers par ici, et les frites par là.” Frites dont il en pique d’ores et déjà trois, de cet air mutin qui s’amuse à la taquiner. “Roh, ça va, j’suis sage. Regarde : bas les pattes.” Il les lève en guise de bonne foi, avant d’attraper un burger à qui il arrache sans douceur le papier, avant de l’engouffrer de moitié dans sa grande gueule. Un vrai goinfre. Il mâche. Lâche un soupir d’extase. Avale. “Merci… tu me réinvites quand tu veux madame la restauratrice. J’avoue ; j’ai d’abord cru que tu tenais un restaurant,” avoue-t-il en effet, en baissant le ton comme pour un aparté de la plus haute importance. Puis il se marre à nouveau, ayant décidément retrouvé un peu de patate.

Bon, les cornichons… C’était un truc stupide qu’on faisait avec Bonnie,” reprend-t-il d’un ton un peu plus neutre. Il enfonce ses doigts au milieu du burger et en sort trois lamelles vertes. “Celui qui touche le plus de passants a le droit de donner un gage à l’autre. Attention,” relève-t-il d’un doigt huileux et plein de sauce, “si le passant réagit et nous insulte ; ça compte double ! Dix points à atteindre.” Pas peu fier de ces règles immatures établies jadis par deux adolescents, il suce son doigt et bascule un peu de côté pour observer la ligne des passants, à cette heure, il faut le dire, un peu moins active. Vingt étages, oui. Il avait oublié. Décidément, tout surpuissant et invincible que soit Wolfman ; il appartient à la terre ferme. Une tête apparaît, sur laquelle Jeremiah lance son projectile. [lancer de dé] Un petit splash arrive jusque dans son ouïe surhumaine, annonçant le raté en plus de l'indifférence flagrante du passant. “Pfff… t'as de la chance, j'ai une petite forme. Mais attends que j'aie mangé tout mon menu…
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