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We're living in a mad world
(#) Dim 24 Sep - 12:23
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« Blake… » J’ouvris lentement les yeux, émergeant difficilement. Ma main s’évada sans même y penser du côté de Willow qui venait de me tirer des brumes du sommeil… pour ne toucher que les draps, vides de sa présence. Je marquai un temps d’arrêt, sans percuter immédiatement. N’était-ce pas elle que je venais d’entendre à l’instant ? Je l’aurais presque imaginé se retourner lentement vers moi, avant de m’embrasser doucement et me rappeler l’heure qu’il était. Mais Willow n’était plus là.
Ma main se referma avec force sur le tissu, au point d’en trembler sous le coup d’une vive émotion. Je me recroquevillai un peu plus. Une douleur soudaine à la base de mon épaule gauche me raisonna pourtant et me força à desserrer ma poigne. C’était loin d’être la première fois que ma prothèse me posait problème, mais les décharges dans le reste de mon corps étaient moins fréquentes depuis quelques années. J’allais devoir la faire contrôler, c’était certainement ce qui m’avait empêché de dormir jusqu’à maintenant, tout simplement.
« Blake… » Je me figeai tout à fait, les yeux grands écarquillés cette fois. Elle venait à nouveau de prononcer mon nom, comme si elle était avec moi dans ma chambre. Je me redressai vivement sur mon lit, traquant du regard les traces de son fantôme. Est-ce que j’hallucinais ? « Blake… Je suis là… » Mon souffle s’accéléra. Le sang battait subitement à mes tempes. Mais où je posais mon regard, Willow n’était pas là, contrairement à ce que ses illusions auditives me laissaient croire. « Blake ! » Mon regard se retourna subitement vers le faucon-robot, Hurricane, dont le regard rougeoyant était fixé sur moi depuis le rebord de la fenêtre de notre chambre. Est-ce que je l’avais laissé allumer cette nuit ? Je ne m’en souvenais pas. Je l’éteignais toujours, pour des raisons évidentes. L’IA avait tendance à être trop invasive dans mon quotidien, et la dernière chose dont j’avais envie était qu’elle m’épie dans mon sommeil.
« Oui, c’est moi. » Cette fois, c’était l’horreur qui m’empêchait de bouger, ou même de parler. « S’il te plaît… ne me détaille pas comme ça… » C’était impossible. Ça ne pouvait pas être elle. Et pourtant, tout y était, même dans les intonations de la voix. « Arrête ça. » Soufflai-je, dans une supplique. « Mais… c’est toi qui désirais tellement me voir… » Je me levais subitement, frappant à pleine force de chaque côté du maudit volatile. « ARRETE CA ! » Mais la voix continuait de me vriller le crâne. Elle cherchait à me raisonner, à me supplier de l’écouter. Dans un hurlement de colère, j’assénai un puissant coup au robot pour le faire valdinguer au sol. « Tais-toi… putain, tais-toi ! » Lâchai-je d’une voix tremblante. Les larmes se déversèrent aussitôt. Il fallut un temps infini pour que la voix ne finisse plus que par se résumer à un filet presque inaudible, avant de disparaître enfin.
Quand je rouvris les yeux, le robot-faucon était au sol, poupée inanimée qui n’avait plus cet éclat rougeoyant au fond du regard. Mais l’avait-il réellement à un moment donné ? Je ne me souvenais pas de lui avoir demandé de s’éteindre. J’avais peut-être cogné trop fort.~~~
J’étais dans un état second en me pointant à la clinique ce matin-là. J’avais porté le robot-faucon jusqu’aux bureaux de CERBER en refusant strictement de l’allumer à nouveau. Mes collègues m’avaient salué sur mon chemin, s’étonnant un peu que je ne leur réponde pas. Mais personne ne chercha à m’arrêter.
Il était encore beaucoup trop tôt pour que la Rescue Team soit au complet, mais Belladonna était déjà là. Je marquai un temps d’arrêt en la voyant se retourner vers moi. Elle était sans doute la personne qu’il me fallait en ce moment même, mais nos relations n’avaient pas toujours été au beau fixe ces derniers temps. Si elle avait été d’un soutien crucial quand ma prothèse m’avait causé des douleurs presque insoutenables à l’issue de l’opération, des années en arrière, elle s’était montrée bien plus froide quand je m’étais rapproché de son mari, comme si la CERBER le voyait d’un mauvais œil. Depuis son décès dans le cadre d’une de nos missions, nous ne nous étions même pas reparlés. Pourtant, je ne l’imaginais pas capable de refuser de l’aide à un collègue en difficulté. Elle avait toujours fait preuve d’un calme et d’un professionnalisme à toutes épreuves.
« Bonjour, Bella. Je ne te dérange pas ? » Je restais encore mal à l’aise de lui demander un service maintenant, mais ça ne m’empêcha pas de déposer le faucon-robot sur la table entre nous deux. S’il avait pris un coup assez fort dans le poitrail, il n’avait qu’une aile tordue et le revêtement un peu cabossé, ce qui ne devrait pas l’empêcher de fonctionner normalement. « Je… J’ai eu un problème avec mon cybermon, il a fait une mauvaise chute lors d’une mission. » Je baissai les yeux dessus, sans oser la regarder. J’étais décidément bien mauvais menteur. « Je crois que le système a été endommagé, l’IA se comportait bizarrement ce matin. Tu pourrais jeter un œil ? Dans l’idéal, je pense qu’il faudrait même la réinitialiser. » J’espérais qu’elle le fasse sans trop me poser de questions. Je préférais perdre toutes les données et personnalisations liées à l’IA de Hurricane que d’entendre à nouveau Willow s’exprimer à travers lui. L’épisode m’avait collé des sueurs froides, me laissant dans un état second.
(#) Lun 8 Jan - 11:20
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CORPS
ESPRIT
ÂME
“Any fool knows men and women think differently at times, but the biggest difference is this. Men forget, but never forgive; women forgive, but never forget” @Blake Everest
Par le passé, Bella avait détesté les heures passées derrière un bureau à traiter des dossiers et remplir de la paperasse. Elle s’était persuadée que sa place était forcément et toujours au bloc opératoire ou en salle de consultation, là où elle pourrait faire une véritable différence. Puis les années s’étaient écoulées et le poids qu’on avait déposé sur ses épaules avait commencé à la faire ployer. Les moments passés à gratter le papier avaient soudain pris une allure bien plus attirante et elle s’était surprise à avoir presque hâte de se retrouver enfoncée dans un fauteuil, loin de l’agitation habituelle de l’Unité. Sans doute n’était-ce pas très professionnel de sa part de penser ainsi, mais après tout, même les médecins avaient besoin de reprendre leur souffle. Les corporations avaient beau essayer de leur faire croire le contraire, à coup de prétendues avancées scientifiques et technologiques, de publicités et de slogans accrocheurs, ils n’en demeuraient pas moins humains, tous autant qu’ils étaient. Des êtres humains dont les corps n’arrivaient parfois pas à suivre les désirs de leurs esprits. Voilà ce qui leur en coûtait : on ne pouvait pas jouer avec la nature sans que la nature riposte. Bella avait bien souvent l’impression que son travail consistait à rééquilibrer la balance. Une fois sur trois, elle ne pratiquait pas la chirurgie pour soigner un patient, mais pour corriger une chose qui lui avait été implantée et ne fonctionnait pas comme elle aurait dû. Quand elle y songeait, c’était bien étrange. Elle voulait soigner les humains, mais se retrouvait à endosser le rôle d’une drôle de mécanicienne un peu plus qu’elle ne l’aurait voulu. Médecine et technologie avaient toujours formé une paire, mais étaient devenues un duo qui soulevait de plus en plus de questions, auxquelles elle n’avait pas toujours les réponses. Il arrivait que personne ne les ait, puisqu’ils tâtonnaient dans l’univers qu’Icarus et Theseus avaient créé. Les Victor Frankenstein de ce monde étaient de plus en plus nombreux et leurs créatures trop souvent laissées à l’abandon.
Ses affaires déposées dans son bureau, Bella s’était rendue à l’espace commun des locaux pour prendre ce qui était déjà son second café du matin, déterminée à avancer du mieux qu’elle le pourrait dans ses dossiers, avant de prendre le chemin du bloc en début d’après-midi. La journée s’annonçait longue, elle aurait besoin de toute l’aide qu’elle pouvait obtenir. Café en main, elle s’apprêtait à aller retrouver l’intimité de son bureau lorsqu’elle croisa un premier collègue. D’ordinaire, elle l’aurait salué avec un sourire aimable, mais elle ne put s’empêcher de se retourner sur lui après s’être contentée d’un signe de tête poli. Blake, elle ne le fréquentait que très peu. Fut un temps, on aurait presque pu considérer qu’ils étaient amis. Ou plutôt, il était l’ami d’Ehvan. Et c’était là où le bât blessait. Son mari avait sombré, et là où elle aurait espéré que ses compagnons d’armes l’aident à sortir la tête de l’eau, ils avaient plongé avec lui, l’avaient accompagné dans sa chute. Volontairement ou non, ils avaient contribué à leur descente en enfer et… Non, elle ne voulait pas songer à ces choses-là. Pas à ce moment-là, pas ce jour-là. Elle s’efforça d’afficher un sourire qu’il ne confondrait pas avec une grimace lorsqu’il s’adressa à elle. « Bonjour, Blake. » S’il la dérangeait ? Eh bien, en théorie, la réponse était non. En pratique, elle aurait menti en disant qu’elle avait envie de se lancer dans une quelconque conversation avec lui. Son regard tomba naturellement sur le faucon-robot qu’il avait déposé sur la table entre eux et elle haussa un sourcil. Elle releva les yeux et secoua la tête avec un petit haussement d’épaules. Elle était navrée que le cyberpet ait été endommagé en mission, mais qu’espérait-il qu’elle fasse à ce sujet ? « Non pas que je ne veuille pas t’aider, Blake, mais je ne sais pas ce que tu espères que je fasse… Je m’occupe des gens, pas des machines. Alors, à moins que l’une ou l’autre de tes prothèses ou altérations ne te pose problème, je ne peux pas faire grand-chose pour toi… Si c’est l’IA qui est endommagé, c’est vers le service de maintenance ou le pôle informatique qu’il faut que tu te tournes. » Elle lui lança un drôle de regard. Tout de même, il n’avait pas oublié qu’elle était médecin, chirurgienne ? Elle n’avait jamais touché à une IA de sa vie et elle n’avait pas l’intention de s’y mettre de sitôt. Un soupir, assez peu discret, lui échappa. Bella n’avait jamais été douée pour faire comme si elle n’avait rien vu, comme si elle ne possédait pas la capacité innée de remarquer la détresse des autres. « Quand est-ce que tu as passé un examen médical pour la dernière fois, Blake ? Est-ce, par hasard, tu as chuté avec ton faucon ? »
made by valkyrja
Ses affaires déposées dans son bureau, Bella s’était rendue à l’espace commun des locaux pour prendre ce qui était déjà son second café du matin, déterminée à avancer du mieux qu’elle le pourrait dans ses dossiers, avant de prendre le chemin du bloc en début d’après-midi. La journée s’annonçait longue, elle aurait besoin de toute l’aide qu’elle pouvait obtenir. Café en main, elle s’apprêtait à aller retrouver l’intimité de son bureau lorsqu’elle croisa un premier collègue. D’ordinaire, elle l’aurait salué avec un sourire aimable, mais elle ne put s’empêcher de se retourner sur lui après s’être contentée d’un signe de tête poli. Blake, elle ne le fréquentait que très peu. Fut un temps, on aurait presque pu considérer qu’ils étaient amis. Ou plutôt, il était l’ami d’Ehvan. Et c’était là où le bât blessait. Son mari avait sombré, et là où elle aurait espéré que ses compagnons d’armes l’aident à sortir la tête de l’eau, ils avaient plongé avec lui, l’avaient accompagné dans sa chute. Volontairement ou non, ils avaient contribué à leur descente en enfer et… Non, elle ne voulait pas songer à ces choses-là. Pas à ce moment-là, pas ce jour-là. Elle s’efforça d’afficher un sourire qu’il ne confondrait pas avec une grimace lorsqu’il s’adressa à elle. « Bonjour, Blake. » S’il la dérangeait ? Eh bien, en théorie, la réponse était non. En pratique, elle aurait menti en disant qu’elle avait envie de se lancer dans une quelconque conversation avec lui. Son regard tomba naturellement sur le faucon-robot qu’il avait déposé sur la table entre eux et elle haussa un sourcil. Elle releva les yeux et secoua la tête avec un petit haussement d’épaules. Elle était navrée que le cyberpet ait été endommagé en mission, mais qu’espérait-il qu’elle fasse à ce sujet ? « Non pas que je ne veuille pas t’aider, Blake, mais je ne sais pas ce que tu espères que je fasse… Je m’occupe des gens, pas des machines. Alors, à moins que l’une ou l’autre de tes prothèses ou altérations ne te pose problème, je ne peux pas faire grand-chose pour toi… Si c’est l’IA qui est endommagé, c’est vers le service de maintenance ou le pôle informatique qu’il faut que tu te tournes. » Elle lui lança un drôle de regard. Tout de même, il n’avait pas oublié qu’elle était médecin, chirurgienne ? Elle n’avait jamais touché à une IA de sa vie et elle n’avait pas l’intention de s’y mettre de sitôt. Un soupir, assez peu discret, lui échappa. Bella n’avait jamais été douée pour faire comme si elle n’avait rien vu, comme si elle ne possédait pas la capacité innée de remarquer la détresse des autres. « Quand est-ce que tu as passé un examen médical pour la dernière fois, Blake ? Est-ce, par hasard, tu as chuté avec ton faucon ? »
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