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Daylight, in bad dreams, in a cool world, full of cruel things (Amy)
(#) Jeu 21 Sep - 20:35
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Le cul sur le perron, Dag fume son joint. Le silence la berce. Elle attend que le soleil se couche elle attend que la nuit débute et que tout recommence. L'ennui lui bousille le cœur. Les pensées lui dévorent l'encéphale et les insomnies la traquent. Devant, Ash renifle la terre battue. S'éloigne et revient et repart. Explore son domaine aux tonalités d'absinthe tel le bon clébard qu'il est – il n'a rien d'un foutu clébard. Mi-loup ou mi-monstre. Dag le reluque avec l'attention tendre qu'une mère offre à son môme.
Entre son pouce et son index, le cône négligemment tiré de ses lèvres. Elle souffle son fog. Rance. Puanteur toxique. Elle soupire. Suçote le bout et s'imagine réussir à (re)trouver la recette du Vitae. Des mois, qu'elle s'écorche les neurones sur les mélanges. Qu'elle fouille et dépense des fortunes sur le marché noir.
Qu'importe.
Ses objectifs ne se cognent à aucune limitation.
À son horizon les murs des bâtiments désaffectés. Le rouge des briques et le gris du béton derrière le charnu de la nature agressive. Déclinaisons de vert d'orange de jaune et de rouille. Végétation débordante, asphyxiante. Jungle impossible aux décombres et pourtant.
Elle tend son pied nu, enfonce son orteil dans la poussière. Asphalte éclaté éventré crevé partout. Les racines ondulent et grossissent pour disparaître sous les restes de la civilisation. Coude planté dans sa cuisse. Son articulation ripe sur le vieux jeans. Sa patte blanche récupère son menton et le bout de ses doigts pianote sur ses babines. Elle soupire, encore. Balance d'une pichenette son mégot de moitié carbonisé.
Regard azur regard délavé ; regard évidé sur le temps ondoyant à ses rétines cramées. Le cerveau suffoque légèrement – ça ne dure jamais. Elle est insensible à tout ce qui pourrait lui faire du bien. Elle n'a que sa dinguerie pour lui tenir compagnie. Et Ash. Et Lorcan. Lequel préfère-t-elle. Une grande question. Les deux ont plus de points communs qu'il n'y paraît.
Un sourire lui fend la gueule. Vicieuse petite garce.
Et le sourire s'épanouit davantage lorsqu'une silhouette poignarde son spleen. Champ de vision brouillé. L'intrus happe son attention. Sur sa droite. Les pupilles grelottent jusqu'à le percuter dans son entièreté. Dag l'épingle à sa conscience. Elle le reconnaîtrait entre mille. Silhouette particulière pour une démarche particulière pour un crin en désordre à la blondeur d'ange. Crasseux, l'angelot. Au parfum de désillusion.
Amy devenu cyniquement Love au fil des visites.
Elle attend qu'il approche, pour ouvrir ses mâchoires et susurrer ses corruptions.
Amy s'amène et Dag sitôt remarque sur ses ridules la moue chagrine – elle ne considère pas la colère comme une insulte. Tout juste un triste désagrément. Dag enfonce ses doigts dans ses orbites. Frotte. La vue qu'elle combat. Elle n'arrive pas à focus. La raison menace lui échapper. Dans son poitrail malingre de bête malade, le palpitant lui joue une nouvelle symphonie. De l'excitation. Le plaisir prédateur de planter ses crocs dans la chair de l'agneau. Il pourrait lui écraser le cou à la seule force de sa main. Cette digression l'oblige à se tortiller sur son séant. Dag ramène ses guibolles contre son torse. Les encercle de ses deux bras et son crâne blondin se claque sur ses genoux réunis.
– Qu'est-ce que tu m'veux.
Son bonjour. Un ronronnement.
Elle inspire. Expire. Ses toxines répandues autour d'elle depuis des heures. Virevoltant au rythme des courants d'air. Tournoyant jusqu'au nez jusqu'aux globes oculaires jusqu'aux oreilles léchant peau et viscères et mordant le cerveau. Amy n'a toujours pas compris que se couvrir la truffe lui éviterait quelques désordres. Amy est une charmante créature.
Dag le dévisage. Sa tempe contre sa rotule.
Elle est languissante. Immuablement pourvue de son joli sourire plein de petites dents.
– J'ai des nouveautés.
Elle se redresse. Liane humaine. Ses membres immenses et fragiles sous ses fringues trop grandes. Tout son corps paraît crépiter alors qu'elle s'étire. Bras tendus vers le ciel pas tout à fait ciel.
Dag s'avance, museau penché. Sa crinière répandue. Drap funéraire. Elle l'effleure sans le toucher. Elle joue à le contrarier. Les gros yeux luisants d'Amy à la couleur d'été caniculaire sont tout à elle.
– Tu veux entrer ?
À moins d'un mètre de lui à moins d'un mètre de la double porte aux carreaux dégueulasses. Son domaine, à portée de bouche. À portée de vices. Son entrepôt tout aussi merveilleux et tout aussi défoncé que l'est l'extérieur. L'atmosphère du Bronx inondée par ses relents délirants.
– Tu boudes Love ?
Les questions ah les putain de questions qu'elle jette. Qui assomment.
Dag s'émerveille à l'idée d'une nouvelle fois lui fourrager l'esprit. Et de l'observer lentement se déliter, se noyer. Ses pupilles pareilles à deux éclipses.
(#) Sam 30 Sep - 16:08
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Alors, oui, Amy avait évidemment songé à pécho Billie. Mais ça, c’était avant qu’il se décourage (plutôt vite, hein, Amy est partisan du moindre effort), quand la mutante n’avait pas eu l’air intéressée par ses moves de branleur de la drague. Ou peut-être qu’elle le faisait tourner en bourrique, lui avait-on fait remarquer, ce qui n’était pas non plus une option à mettre à l’écart.
Cependant, ça n’était pas dans l’espoir de la ken entre deux racines qu’Amy ne se décidait pas à changer de dealer pour quelqu’un de plus proche de chez lui et surtout de moins cher.
La came de Billie était bonne; genre très bonne. Même pour un glandu avec des standards aussi bas qu’Amy. Elle proposait des produits maison (et fallait mater l’état de la maison en question), des produits uniques, et presque sur mesure pour les besoins du lascar (elle lui avait parlé, la dernière fois, de lui filer de quoi consommer son quota de protéines sans avoir à ouvrir un seul shaker). Balivernes ou pas, Amy gobait tout ce qu’elle lui proposait, et faisait consciencieusement le trajet jusque chez elle. Et parfois même le trajet d’un point A craignos à un point B encore plus craignos, pour lui rendre divers services tous plus ingrats les uns que les autres.
Amy n’avait toujours pas capté qu’il se faisait manipuler, mettant les vertiges ressentis une fois passé les portes de sa jungle sur le compte du voyage, de l’absence de ciel, ou de ce qu’il avait mangé la veille.
Oh, Billie lui avait certainement expliqué en formules alambiquées ce qu’elle était capable de lui faire traverser du fait de sa mutation, mais Amy n’avait pas l’habitude d’écouter ou de comprendre les mots de plus de trois syllabes qui sortaient ailleurs que de la bouche d’Osmond Rose.
Aussi, en plus de crécher super loin, elle le faisait tourner des heures dans les pires bouges du tieks jusqu’à l’en rendre malade.
Mais ça en valait complètement la peine.
Amy est sorti du métro et s’est enfoncé dans l’intrigante jungle qui entoure son royaume. La verdure n’est pas commune dans l’Underapple, aussi, cet endroit a quelque chose de dérangeant, au même titre qu’un élément qui n’avait aucune raison de survivre ici. Si on commençait à se demander comment autant de végétation pouvaient se suffire d’obscurités et d’eau croupie aux déchets radioactifs, il y avait de quoi s’arrêter complètement de bouffer des légumes, ou de fumer les joints vendus par Billie.
Fort heureusement, Amy consommait surtout de la nourriture transformée.
Il avance prudemment, d’une démarche plus chaloupée que d’habitude, à faire attention aux reliefs vicieux des racines souterraines perçant des trottoirs défoncés comme des veines trop gonflées.
Il y a trop de vie ici, pour un endroit aussi mort.
Amy traverse la forêt zombie jusqu’à trouver Billie entrelacée dans ses propres membres, par terre.
"Qu'est-ce que tu m'veux. - Yo, qu’il articule pour toute réponse, insistant sur son ton flegme pour dissimuler le petit nœud qui se laçait dans ses boyaux à chacune de ses visites, comme s’il n’était pas toujours certain qu’il allait en ressortir en un seul morceau.
"J'ai des nouveautés. Elle se lève, noyée dans des fripes qui dévorent sa silhouette longiligne. Amy paraît visiblement déçu, comme s’il était encore surpris qu’elle porte tant de vêtements. - Cool." Ses minuscules lèvres se permettent un micro-sourire impatient. "Tu veux entrer ?" Il hoche simplement la tête, tandis qu’elle minaude autour de lui, se demandant s’il la trouvait hot parce qu’elle lui rappelait Laudna et si, au passage, c’était correct pour lui de trouver Laudna hot. "Tu boudes Love ? Amy hausse les sourcils: - Hein? Non, non, j’te suis!" se justifie-t-il en s’approchant de la menaçante entrée décrépie. "J’vois qu’t’as fait un ménage de printemps, c’est sympa, s’aventure-t-il à plaisanter, tout en manquant de se prendre les pieds dans des racines aussi entrelacées que des langues embrassées. "T’as cuisiné quoi?" demande-t-il ensuite, ayant hâte de savoir ce qu’elle allait encore lui vendre à un prix exorbitant.
(#) Dim 1 Oct - 15:01
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— Hein? Non, non, j’te suis !
Amy est ailleurs. Amy réfléchit probablement au(x) sens de l’existence ; et trébuche sur les racines boursoufflées sous leurs pieds. Dag observe et Dag se marre. En silence. Son petit rire affreux coincé dans le fond de sa gorge. Retenu brièvement par sa rangée de dents.
Il avance. Connait le chemin. Elle le- piste. Traque. Renifle aussi. Coulée à son dos. Amy et son odeur moribonde de graisse et de poisson. De sueur. De savon. Un savon bon marché qui ne réussit jamais à détacher toutes les nuances de son derme. De ses frusques. Les narines affleurent à la nuque mâle, discrètes. Dag ne touche pas mais Dag savoure. Dag ne supporte que mal les effluves du monde qu’on appelle civilisé. Dag raffole des tonalités incrustées aux chairs et charriant la réalité des subsistances.
— T’as cuisiné quoi ?
Pour lui. Elle peut cuisiner- ce qu’il veut quand il veut et où il veut.
La risette fauve écorche son minois. Elle passe devant sa masse. Se coule au labo-planque-serre-bordel illimité. Espace envahi. Jungle urbaine. Les lianes et les feuilles et les branches crevant murs et plafond. Les racines grinçant sous les morceaux de béton et de carrelage du sol miraculeusement rescapé de ses désordres.
Qu’importe.
Elle navigue à l’aveugle. Elle est un fantôme dans un cosmos de morts-vivants.
Silhouette diaphane en contraste au vert et gris et brun liquéfiant les lieux. Sa patte s’égare à la large table trônant en plein milieu. Ses doigts courent le long du bois et des papiers où s’alignent ses dessins et ses gribouillis et ses lignes à l’écriture minuscule et raturée, contournent fioles et brisures de verre et crayons et ustensiles d’acier rutilant jusqu’aux plantes éventrées appendices crevés sur l’autel de ses dérives.
— Tu veux de quoi planer ou tu veux de quoi nourrir ton corps ?
Une réelle question. Très importante.
Nourrir ses muscles. Durcir ses membres. Qu’elle détaille de ses pupilles prédatrices.
Ou planer. Avec ou sans elle. En travers les strates des univers démantibulés par ses délires acidifiés. Dag a fait le tour de la table. Juste assez de secondes pour lui revenir à proximité. Elle frôle elle enveloppe sans toucher jamais jamais sans toucher jamais. Ce serait gâcher le jeu. Le faciliter. Ses toxines lui léchant sitôt les entrailles. Elle préfère les constater lui pénétrer les bronches et le crâne. Alors. Elle effleure les vides qui les séparent, elle trahit l’impatience de le dévorer. À défaut des étreintes organiques, son intérieur feule à la perspective d’ingurgiter souffle et étincelles de vie.
— Oh… Love tu es resplendissant !
Elle surjoue. Dag connait les hommes et les hommes aiment être adulés, brossés dans le sens de leurs poils, admirés par les mirettes femelles. Et elle est si frêle elle est si languide elle est si innocente - ces deux grandes flaques de pluie inondant le bleu d’Amy.
— Tu as travaillé ta musculature n’est-ce pas ?
Vilaine petite salope.
Elle lui sourit. De son joli sourire troué. De son joli sourire d’enfant. Elle fait mine de (le) toucher. Retient ses phalanges à quelques centimètres du biceps gonflé d’Amy.
— Tu es magnifique.
Le début de leur valse peut commencer.
(#) Sam 7 Oct - 13:29
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Restant silencieuse, hormis pour le ricanement grinçant qui écharpe le fond de sa gorge, elle lui passe devant pour rejoindre son chaotique plan de travail. Après quelques visites, Amy a arrêté de la prévenir de faire attention, quand il avait vu avec quelle aisance elle se déplaçait en ses terres, comme si le sol n’était pas défoncé de toute part et que l’air n’était pas aussi chargé qu’un Tchernobyl du futur.
"Tu veux de quoi planer ou tu veux de quoi nourrir ton corps ?"
Amy est toujours à sa suite, autrement plus lent, et attend de se poster de l’autre côté de la table, avant d’essayer de répondre, sans vraiment jamais répondre.
De base, le mutant n’était pas un homme décisionnaire. Mais il semblerait qu’en présence de Billie, il se montrait particulièrement incapable de formuler quoi que ce soit de cohérent, tant et si bien qu’elle pouvait lui refourguer absolument tout ce qu’elle voulait (signe qu’elle faisait tout de même preuve d’une certaine bonne foi, certainement pour le fidéliser, et mieux lui retourner cervelle et tripes sur le plus long terme). "Bof, j’sais pas trop-trop…" bafouille-t-il, le fond de la bouche un peu pâteux.
Oh, sur le trajet, il avait su pertinemment ce dont il avait besoin. Récemment, il avait été sous une incroyable pression, du fait des attentats et, plus récemment encore, du meurtre de son père. Il avait essayé de noyer ce stress en redoublant d’efforts et d’exercices à la salle, en redoublant de shifts dans son restaurant pourri (ce qui voulait dire rester ouvert à des horaires improbables, puisqu’il était déjà, dès le départ, l’un des seuls employés fonctionnels de son établissement). Mais tout cela n’avait pas suffi à vider son crâne pourtant pas bien rempli; aussi, il n’avait pas traîné pour envoyer un message à Billie, lui demandant s’il pouvait lui rendre une petite visite.
Mais, d’un autre côté, il ne disait jamais non à quoi que ce soit qui puisse aider à conserver sa plastique parfaite. Et d’autant plus qu’il sentait que Billie le reluquait (il n’avait pas l’impression de l’avoir vue se déplacer de l’autre côté de la table, sentant juste le peu d’air qu’elle déplaçait en sinuant autour de lui), et qu’elle n’y allait pas de main morte en compliments: "Oh… Love tu es resplendissant ! Amy a un regard au sourcil haussé par-dessus son épaisse épaule, beaucoup trop en retard, puisque Billie s’est déjà défilée ailleurs dans son périmètre. - Ah ouais, tu trouves?" Ses séances intensives, si elles n’étaient pas parvenues à le soulager de la pression, avaient eu au moins le mérite de faire ressortir ses trapèzes et ses triceps qu’il tend un peu et fait rouler sous la peau nue de ses bras. "Tu as travaillé ta musculature n’est-ce pas ? - Ça se voit tant que ça?" rétorque-t-il en se croyant plus malin qu’elle.
C’est qu’il croit bêtement qu’elle réalise enfin à quel point il était bien fichu. Il faut dire qu’en comparaison, Billie était aussi épaisse qu’une seule de ses cuisses. Elle avait ces airs de poupée Barbie qu’on aurait abandonné dans la boue d’un parc, depuis si longtemps que le plastique avait commencé à se décomposer et à fusionner avec les racines du marronnier sous lequel les enfants s’étaient un jour retrouvés pour jouer, des décennies auparavant.
"Tu es magnifique." Le regard d’Amy la rattrape enfin dans ses mouvements sinueux, et tant pis pour lui si elle remarque à quel point il rougit. Il n’avait pas l’habitude qu’on l’apprécie de la sorte, enfin, pas de manière aussi directe, bien que récemment, après la nuit passée avec Osmond, il en avait eu pour son argent en termes de compliments susurrés au creux de son oreille. "Euh m— merci, t’es— t’es pas mal non plus…" bafouille-t-il, pris au dépourvu, même si ses yeux bleus ont cet air coupable et désappointé qu’il ne puisse pas davantage se prononcer que sur les poignets graciles et les joues creuses qu’elle lui laisse apercevoir.
"T’as pas un p’tit truc relaxant, qu’on se mette bien? C’est un peu stressant, ces jours-ci… explique-t-il à mi-mots, se sentant d’humeur à émietter des confessions à l’oreille supposément désintéressée de sa dealeuse, comme si les spores qui émanaient d’elle n’étaient en rien responsable à sa flegme. Enfin, sauf si t’es pas du genre à consommer avec tes hmm— clients…"
(#) Mar 10 Oct - 14:52
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Il rougit, sous les compliments largués comme autant de bonbecs pour Halloween. Ses intentions, finalement, ne sont pas loin des angoisses provoquées par cette putain de nuit. Halloween revêtant une tignasse blonde sous des sapes si larges qu’il devient fantôme, à son tour. Halloween se coule sous la truffe d’Amy. Reluque ses ridules tordues par la gêne et l’extase, d’être. C’est énorme, être. D’autant plus énorme lorsque ça touche non plus l’intérieur mais l’extérieur. Lorsque devenir, et demeurer, éclabousse un autre être. Dag est conciliante. Dag est maternante - quand elle le veut. Dag est douce - quand elle joue avec la dague qu’est sa langue.
— Euh m— merci, t’es— t’es pas mal non plus…
Le rire grelotte dans sa gorge. Remonte ses pommettes et illumine ses prunelles de fauve. Elle n’est pas mal non plus. Elle s’attendait à mieux. Elle s’attend toujours à mieux. Elle aime défoncer ceux qui l’entourent. Elle veut, défoncer ce et ceux qui l’entourent. Dag louvoie contre lui. Autour de lui. Elle mime l’observation attentive de sa silhouette qu’elle connait pour l’avoir trop longuement regardée. Sous divers angles. Diverses postures. Sous une multitude de lumières et de couleurs. Elle se dit, qu’elle devrait le dessiner. Le peindre. Elle se dit, qu’elle devrait l’écorcher. Corps suspendu à une poutre d’acier de son entrepôt. À pendre dans l’espace et le temps, à suinter son rouge et dévoiler les muscles et les nerfs et le réseau sanguin. Les yeux céruléens d’Amy en étoiles brillantes et trempés sur son ciel bétonné.
— T’as pas un p’tit truc relaxant, qu’on se mette bien ? C’est un peu stressant, ces jours-ci…
Dag redescend de ses hauteurs macabres pour réattérir à la réalité de l’instant. Amy coincé dans son quotidien. Fracassé par des trucs dont elle n’entrave quoi que ce soit ; aucun indice ou seulement son malaise lui barbouillant la face. Le minois de la petite enflure se penche. Mèches lunaires dégringolent de ses épaules et recouvrent un sein.
Il y a le “on” dans la demande. Il n’y a jamais de “on” d’eux deux, dans les demandes d’Amy.
— Enfin, sauf si t’es pas du genre à consommer avec tes hmm— clients…
La confirmation.
Amy a cet avantage qu’il ne musse pas ses paroles en sous-entendus foireux et déroutes insignifiantes. Amy mâche ses mots et les crache. Et Dag comprend. Dag comprend enfin pourquoi elle n’a pas fini de fracasser Amy. Elle l’apprécie trop. Trop pour le laisser filer d’entre ses pattes. S’évader, persister au travers le reste de la vermine - sans elle. Elle partout. Elle lui bouffant la cervelle. Elle lui bouffant le cœur.
Halloween coule ses doigts décharnés à l’avant-bras de Love.
Ses toxines pour lui lécher la chair et pourrir l’âme.
— Viens, qu’elle susurre.
Elle n’a pas d’endroit agréable. Elle n’a pas de zone pour prélasser les corps et jouir des désordres propagés par ses saloperies. Tout n’est que dur et violence, dans son antre. Le vert et le brun pour seul rappel de la vie grouillante.
La drogue, elle la vend. Ne la consomme que peu ; à quoi bon. Insensibilisée à tout.
Sauf aux sentiments.
La main enroulée autour du poignet d’Amy, elle le tire vers le fond de l’entrepôt. Dans un bordel incommensurable de plantes grimpantes et de racines craquant murs et sol. L’odeur étouffante d’un sous-bois et son clair-obscur pour les accueillir. C'est une jungle. Indigène. Irréelle. Elle le plante au milieu de tout ça. L’abandonne.
— Reste là, j’reviens.
À la parole balancée, la risette. Adorable petite pute.
Ses longues guibolles grimpent l’escalier d’acier plus loin, dissimulé derrière un fourbi de végétation, immuablement. Son passage fait grincer l’armature. Moins d’une minute plus tard, Dag jette par-dessus la rambarde et le bastingage de l’étage oreillers, coussins et couettes. Elle jappe “attrape” sans en avoir rien à foutre, qu’il le fasse ou non.
Elle redescend - va pour se démantibuler. De l’étage au rez-de-chaussée. Sans l’escalier, sans les marches, sans- Elle se retient. Se souvient qu’elle doit - être humaine. Qu’elle doit - demeurer fragile et douce et maternante et attentive. Pas un putain de monstre excité par l’odeur de la viande fraiche. Ses petons nus tapent frénétiquement les marches qu’elle dévale à une vitesse vertigineuse. Et elle s’accroche à l’extrémité de la rambarde et elle tourne, bras tendu, mouvement de rotation. Et elle lâche et revient, extatique.
Dag lui fiche, en plus des couvertures et coussins, un pochon translucide gros de cachetons de sa confection sous les narines. Ils sont blancs. Ils sont souvent blancs. Parfois les nuances changent : beige, ou anisé, ou corail. Ceux-là sont blancs. Blancs comme neige. Des airs de Paradis.
— Avale…elle hésite.
Dag n’a pas encore mis ça, sur son petit marché. Dag n’en connait pas les effets, dans leur globalité. Un amollissement des membres, d’accord. Un amollissement de la psyché, assurément. Les hallucinations, peut-être. La langue pâteuse et déliée, évidemment. Les neurones comme des bulles de savon, précisément.
— Bah…
Elle doit donner, la dose.
Elle n’a pas envie, de donner la dose.
Elle veut voir, ce que ça fait.
Elle veut voir, le pire dans chaque chose.
Amy, devenu son sujet d’étude.
— Autant que tu voudras !
Et elle le rejoint, cogne sa hanche à sa hanche ; Dag récupère le pochon, l'ouvre, en sort un comprimé qu'elle gobe, de bonne foi. Rassurante. Elle aussi, elle consomme. Elle aussi, elle planera. Rien que trois minutes. Ou moins. Ou plus. Ou pas du tout. Et elle lui fourre dans la bouche, en forçant ses mâchoires closes, le pochon refermé. Et Dag lui prend les couettes des bras et les envoie à terre, avec le reste des coussins et des oreillers.
Dag s’y étale d'emblée, ravie, languide. Prédateur en forme de poupée fracassée. Jambes écartées, buste étiré sur les couches duveteuses. Tout n'est qu'un innocent petit jeu d'enfants prêt à prendre le goûter.
— T’inquiète j’suis là si tu badtrip.
Il devrait s’inquiéter...
— J'suis là rien qu'pour toi.
... oh putain, qu’il devrait.
(#) Sam 14 Oct - 11:36
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"Viens," siffle-t-elle, d’une voix bien trop rauque pour sa gorge étriquée. Amy la suit, bien entendu, il ne se montre jamais aussi docile que lorsqu’il met les pieds chez elle, et le nez dans ses drogues suspendues dans les airs dont il n’a même pas conscience. Il faut dire qu’il se montre soudain plus obéissant, lorsqu’il a quelque chose à y gagner. C’était généralement comme ça qu’il parvenait à pécho, d’ailleurs.
Ils avancent plus loin dans l’antre, reculent toujours plus loin de la pauvre civilisation de l’Underapple. Amy ne s’habituera jamais à toute cette verdure, aussi maudite soit-elle. Amy a grandi dans la campagne cramoisie du Texas, où les arbres n’existent pas, et que ne poussent douloureusement que ces buissons épineux dans lesquels se cachent des lézards. Amy n’a jamais apprécié l’ombre des arbres, il a beaucoup brûlé quand il était petit, à trop jouer dehors. Amy ne connait pas les insectes, seulement les grosses mouches titillant les yeux des chevaux. La nature dans laquelle l’introduit Billie est méconnue et troublante.
Elle lui lâche le poignet (il ne se rappelait même pas qu’elle le lui avait pris) et s’éclipse aussitôt. "Reste là, j’reviens." Il veut protester mais ne bougonne que quelques protestations indicibles, alors qu’elle est déjà loin, et haut, apparemment, de ce qu’il discerne de grincements et de craquements. Amy regarde ses pieds, le bout de ses baskets soulevant un peu de terre humide, puis lève le nez, vers un plafond noir, chargé et feuillu, qui ne semble jamais s’arrêter.
Il frissonne, se demandant combien de créatures et de plantes vivantes hantaient les recoins, et s’il était actuellement observé.
"Attrape." Un coussin atterrit sur sa tête dans un bruit sourd. Il sort de ses pensées confuses et tièdes. Il cherche l’origine des projectiles, et n’en rattrape qu’une poignée, le reste s’écrasant autour de lui, comme dans ces scènes de ménage où l’un se fait mettre à la porte par l’autre, en jetant toutes ses affaires par la fenêtre. A ceci près qu’ici c’est tout l’inverse qui se produit.
Amy était en train de ramasser ce qu’il avait laissé tomber lorsque Billie le rejoint et lui fiche un pochon dans les mains. Il lève le petit sachet à hauteur d’yeux, les cachetons aussi blancs que les cheveux et la peau de Billie, si bien qu’elle aurait pu les découper à-même sa peau que ça ne l’aurait pas surpris plus que ça. "Avale… Il hausse un sourcil, l’observe de derrière le sachet: - Euh genre… combien?" rétorque-t-il aussitôt, en appréciant le poids du pochon dans la paume de sa main calleuse. "Bah… Autant que tu voudras ! Amy a un froncement de sourcils soucieux: - C’est pas courant, ça, comme posologie…" pinaille-t-il.
Mais Billie a la formule magique, elle se colle à lui et lui en prend un. A vrai dire, Amy est distrait et ne voit même pas combien elle en avale. Aussi, il opine et prend tous ceux qui restent, à l’exception d’un qu'il glisse dans la poche de son jogging gris.
Puis il la rejoint au sol, n’ayant même pas l’impression de l’avoir vu s’allonger. Il reste à genoux, les mains sur les cuisses, appréciant malgré lui ses jambes interminables, comme du bois délavé. Il s’affale, sur le côté, beaucoup plus lourdement que sa partenaire.
"T’inquiète j’suis là si tu badtrip. J'suis là rien qu'pour toi." Amy s’installe plus confortablement, la tête posée sur les coussins, et peut-être un peu aussi sur les longs cheveux de Billie, encore plus blonds que les siens. Ils sont si blancs qu’il lui rappelle les siens quand il était petit, et ceux de Junior aussi. "Oh, bah merci…" ronronne-t-il, rassuré.
Quelques minutes passent et Amy sent peu à peu ses membres s’engourdir. Il a l’impression que son visage fond un peu sur sa structure osseuse. La sensation est déroutante mais étrangement apaisante. Sa respiration se fait plus lourde, la croix huguenote pendue à son cou roule sur son torse musclé. "Ouah, c’est…" Il lève la main calée entre eux deux; sa mutation commence à partir à vau-l’eau, des taches d’acier dégoulinant à même sa peau comme une torture médiévale, mais là encore, la sensation reste plutôt agréable, comme s’il se caressait lui-même. "C’est efficace ton truc…" souffle-t-il, impressionné.
Il ne se fait pas prier pour remonter le marcel blanc sur ses abdos, pour constater que l’effet y est similaire. A ce stade, il a parfois même l’impression que de l’acier lui coule sur les yeux, tandis qu’il jette un regard mi-inquiet, mi-défoncé en direction de Billie (ce qui en soi ne change pas tant que ça de son regard habituel, à ceci près qu’il y a encore plus de sang injecté dans celui-ci). Il tend lentement une main vers elle, sur laquelle il n’y a désormais plus que les ongles peints à l’acier: "Tu crois ça va te faire la même à toi aussi? Mais genre, avec tes plantes là?"
(#) Dim 15 Oct - 21:03
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Amy vient s’installer, s’étendre, se détendre. Amy pour lui tirer les cheveux, lorsque ses épaules massives et nerveuses s’enfoncent dans le douillet de la couche. “Oh, bah merci…” répond-il. Et elle sourit, tire ses tiffes sans faire la grimace. S’en arrache au passage. Ne pas effrayer le gibier. Ne pas le faire paniquer avant qu’il ne soit parfaitement maîtrisé.
Dag dodeline de la bouille, satisfaite. Le couve de son attention de cinglée. Son bleu dans son bleu. Qu’il est beau, à se cramer les neurones. Qu’il est mignon, à s’ébouillanter la psyché. Elle voudrait lui ouvrir le front et regarder à l’intérieur de sa cervelle et elle s’interroge, soudain ; est-il possible qu’avec ses sucreries elle lui salope l’âme. Est-il possible de trouer une âme comme on troue un morceau de papier avec le bout incandescent d’une cigarette.
Dag bouge en douceur. Dag soulève son buste et se coule davantage au-dessus de lui. Cherche à travers ses pupilles dilatées les réponses à ses interrogations nauséabondes. Amy sous elle respire comme une vieille bagnole. “Ouah, c’est…” c’est carrément dément, elle sait. Se doute. Imagine. Ça ne lui fait rien, à elle. Pas même un léger picotement. Pas une putain de vibration pour lui irradier les nerfs. Rien qu’un néant. L’ennui le plus misérable. Alors, elle, elle se défonce à le défoncer. Logique imparable. L’excitation de sa nuisance pour lui picorer le visage et la matière grise aussi surement que la trogne d’Amy se décompose.
Sur la peau d’Amy, un patchwork de viande et d’acier. Amy devenu puzzle métaphysique. Les quenottes de Dag se dévoilent. Extatique, ses prunelles parcourent la silhouette ondulante. Ses cuisses insérées sans brusquerie de chaque côté des cuisses d’Amy, elle se penche ; observe son carnage.
La mutation du blond part en vrille, et sans doute que lui aussi. Elle lui avait dit de prendre ce qu’il voulait, elle n’avait pas imaginé que cet adorable génie boufferait tout le paquet.
“C’est efficace ton truc…” qu’il lâche entre deux soupirs. Entre deux gémissements. Entre deux miaulements. Bien sûr, que c’est efficace. Dag est une professionnelle. Dag est une passionnée. Dag a avalé des livres et des livres, sur les propriétés des saloperies qu’elle mélange et qu’elle modifie. La Terre nourricière et ses entrailles à elle pour faire germer les pires insanités. Pas de limite ou seulement son imagination et le chienlit nocif de son organisme en mensonge d’humanité.
Et bercé et porté par son délire, Amy commence à se désaper. Son marcel qu’il soulève sur ses abdominaux. Les billes de Dag descendent en même temps que celles d’Amy. Ils observent les effets de la dope. S’il est incrédule, Dag est ravie. Elle sait, désormais, qu’elle pourra commercialiser cette petite merde et s’en mettre plein les poches. Augmenter la dose d’un seul cacheton pour en démultiplier les effets. Donner des posologies à la tronche du client, pour le plaisir de foutre un peu plus le bordel dans chaque existence présupposément déjà pourrie.
Et elle voit, sur l’acier et la viande hâlée d’Amy le bijou. Son minois se froisse, s’approche, se recule. Son nez remonte à hauteur du nez d’Amy. L’intérêt piqué autant que son incrédulité. “J’savais pas que t’étais un mormon ou j’sais pas quoi-” Est-ce qu’il est en train de péché, en sa présence ? Est-ce qu’il sent son dieu et sa menace, le lorgner. Est-ce qu’il pense qu’il ira directement en enfer, son cul bronzé pour cuir à l’éternité sur un quelconque bucher ? La risette s’élargit, les yeux écarquillés d’un bonheur fêlé. Amy toutefois casse l’ambiance en gerbant : “Tu crois ça va te faire la même à toi aussi ? Mais genre, avec tes plantes là ?” Le sourire s’efface.
Amy est chargé. Elle n’est même pas sûre qu’Amy sache encore l’écouter. Sa patte agrippe sa mandibule. Elle l’attire vers la sienne. Lui souffle son haleine empuantie par la weed tranquillement fumée des minutes plus tôt. “Tu m’entends ?” et elle secoue sa petite gueule d’ange, de droite à gauche. Puis lui renfonce les cervicales dans le moelleux d’un coussin. Et elle presse sur l'articulation, pour lui desserrer les mâchoires. Lui ouvrir la bouche. Et à ses doigts de s’enfoncer et câliner la langue tandis que son regard investit le gosier, cherche à déceler une quelconque coloration anormale maculant palais ou papilles. Il n’y a que le métal et le rose tendre de sa barbaque en vue. Dag soupire. “Évidemment, Love, évidemment.” Sa mutation et sa folle végétation etc. Ses doigts restent dans la bouche d’Amy. Dag tripote pensivement les contours des gencives et glisse sur le lisse de l’ivoire. “Tu vois pas que ça commence déjà ?” Non, rien ne se passe. Mais puisqu’il délire, tout est possible. Dag remue la figure et fait virevoler sa crinière de lune. Se mordille la lippe et sourit. “J’me sens comme dans un putain de rêve !”
Elle abandonne le gosier d’Amy, s'allonge sur la masse sous elle, plante ses coudes dans les muscles. Tapote son petit pif, songeuse. Si elle n’avait pas promis à un homme qu’il serait son premier et son dernier, elle aurait probablement baisé Amy sur le sol. Histoire de le niquer des tripes au cortex. Mais. Ce genre de promesse est importante, dans son petit monde glauque et morne. Alors, elle se retient. Et décide de retirer le marcel à l’odeur de graillon et de sueur. Tire sur les bretelles et étouffe durant quelques secondes la face d’Amy avec. Le jette plus loin. Ses coudes reprennent leurs emplacements et ses longs doigts pianotent sur les bosses et les creux. Son ongle s'arrête sur le brun et rugueux d'un téton. Joue avec. Sa paume libre pour lui recueillir son menton. Elle l’observe sans le voir, absorbée par ses tergiversations : est-ce que sucer c’est tromper ? D’accord, peut-être un peu. Est-ce que tripoter c’est tromper ? À la pensée se rive le geste. Le mamelon d’Amy, Dag le tire d’un coup sec. Frustration et vengeance entremêlées. Elle ne peut pas planer, elle. Elle ne peut rien faire que le surveiller, admirer sa métamorphose et le supposer jouir d’une existence pleine de couleurs et de rêves.
“Amy-” tout à coup très sérieuse. Le prénom revenu des tréfonds de sa cervelle. “Pourquoi-” toujours et encore, ses pourquoi. “Pourquoi tu voulais te défoncer avec moi-” ça n’est jamais arrivé. “Pourquoi aujourd’hui précisément ?” Et pas avant.
(#) Dim 15 Oct - 23:07
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"J’savais pas que t’étais un mormon ou j’sais pas quoi-" Le regard d’Amy vadrouille entre sa main et le terrifiant plafond qui a l’air de prendre de la hauteur, de la profondeur sous les effets de la drogue. Il a encore cette pensée qu’il faudrait pas qu’il abuse, et les parois de ses vaisseaux sanguins de son estomac s’imprègnent çà et là d’acier pour diluer un tant soit peu les effets de la drogue, si tant est que les produits de Billie fonctionnent comme ça.
Il a un peu peur qu’un arbre leur tombe dessus.
"Nan, c’est pas mormon, c’est hmm— protestant." Un court silence, sa main s’alourdit comme s’il soulevait des briques d’acier. Puis, d’une voix plus ronronnante: "C’est un cadeau qu’on m’a fait."
Derrière son sourire et ses paupières mi-closes, il voit l’image d’Osmond exploser, à l’instar du noir de sa pupille venant soudainement dévorer le bleu presque transparent de son iris, pulsant comme l’ombre d’un cœur.
Si le souvenir est encore clair dans sa tête, rendu encore plus extatique par les taches de couleurs qui percent sa vision et son crâne, peut-être que son charabia ne l’a pas été pour autant. Ou peut-être que Billie lui a demandé autre chose, peut-être qu’il répond seulement ce dont il a envie de parler.
"Tu m’entends ?" Elle est juste au-dessus de lui, mais elle pourrait aussi bien être suspendue au plafond, en descendre comme d’une toile. Amy a vraiment l’impression que des créatures mi-plantes, mi-zombies vont lui tomber dessus, que des lianes vivantes vont se saisir de lui, le soulever comme s’il ne pesait rien, lui non plus. Lui qui a tant peur de peser si lourd qu’il s’écraserait lui-même, voilà que la peur inverse lui est instiguée par les manigances de Billie. Et ces lianes de l’envelopper, l’immobiliser, l’écraser et l’écarteler en même temps—
Les crochets de Billie s’agrippe à sa figure, enclavent son menton pour lui faire ouvrir la bouche. "Hun-hun," gargarise-t-il tandis que les doigts s’insèrent dans sa bouche, lui donnant la désagréable impression de rouler un patin à une araignée géante.
Sa langue tournicote entre les phalanges de Billie et soudain, il ressent l’illusion que ses doigts s’allongent trop loin dans sa gorge, descendant son œsophage pour venir lui caresser la flore intestinale.
Sous le poids plume de Billie, Amy commence à se tortiller comme un gros vermisseau.
"Tu vois pas que ça commence déjà ? J’me sens comme dans un putain de rêve !" La voix de Billie résonne au loin, comme si elle était au plafond, ou au-dessus de sa bouche, et que c’était lui, Amy, qui était tombé tout au fond de son corps. Il ne veut pas tomber sous son corps, ça lui est déjà arrivé, et il a beaucoup souffert.
Il relève sa tête lourde, de concert avec les doigts qui s’expulsent de sa bouche. Billie s’allonge sur lui, si légère qu’il la sent à peine, si ce n’est pour ses longs cheveux maigres chatouillant ses flancs. Il ne se souvient pas s’être déshabillé; il n’en tient pas plus rigueur que ça, au vu du commun de la chose.
Billie, elle, est encore habillée, qu’il constate, sans trop savoir quoi faire de cette pensée. Il garde les bras de part et d’autres d’eux, roulant simplement le bout de ses longs tifs blancs entre ses doigts. Elle a tellement peu d’épaisseur qu’il se demande s’il pourrait lui arracher les cheveux sans douleur s’il tirait un peu plus, comme on désherberait une pelouse abandonnée.
Il s’abstient, lorsque la mutante, moins scrupuleuse que lui, lui pince la poitrine. Un râle ennuyé remonte le long de sa gorge comme des doigts d’araignée, du sang pulse dans ses joues, et pulserait plus bas aussi, si les drogues qu’elle lui avait refilées n’avaient pas pour effet de le ramollir.
Bah, un petit coup d’acier et c’était réglé— Ses paupières papillonnent: non, il n’était pas là pour ça. "Amy-" Mais pourquoi était-il là d’ailleurs? "Pourquoi-" Hein? "Pourquoi tu voulais te défoncer avec moi- Pourquoi aujourd’hui précisément ?"
Amy range un peu ses bras, une main massant son téton endolori. Il a le visage froissé des enfants qu’on réveille trop tôt le dimanche matin pour aller à la messe, sa couronne blonde comme un bouquet autour de son visage. "J’sais pas… Il se doute bien, même avec le cerveau lourd, que Billie se contentera pas de cette simple réponse. J’sais pas pourquoi aujourd’hui mais… j’avais— envie d’me défoncer, mais genre— avec quelqu’un en qui j’peux faire confiance, t’vois…" Il ne la connaissait pas, mais il connaissait son business (ou du moins une petite partie), et ne voyait pas plus experte qu’elle. Et puis, accessoirement, elle était hot, dans son genre.
Et de fait, il rabat ses bras vers l’arrière, coinçant ses mains sous sa tête, les biceps gonflés, lui laissant de nouveau son torse pour terrain de jeux de mains, jeux de vilain.
"Dis, B, oui, il a le droit, il est drogué, ça t’est déjà arrivé de— de devoir être triste, mais en fait t’arrives pas à te sentir totalement triste?"
Il concentre son regard sur elle, sans trop la voir, pour ne pas avoir à affronter la jungle diabolique pendouillant au-dessus de leurs têtes blondes. "J’ai perdu un hmm— proche dans ma famille, mais j’crois qu’son départ m’a comme… allégé d’un poids, t’sais…" explique-t-il succinctement, sentant à peine le poids de Billie.
Le décès de Jupiter avait certes été un fardeau en moins sur le dos d’Amy, mais ce dernier s’était empressé de le remplacer par un autre, autrement plus étouffant, en se jetant dans les bras d’Osmond Rose; et on ne remontait pas de ces abysses-là.
(#) Lun 16 Oct - 0:03
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Amy se masse le téton et Dag lui vire les doigts, sans ménagement. Ce téton-là, lui appartient. “J’sais pas…” Il ne sait pas. Il ne sait pas quoi, au juste. L’index et le pouce pressent fort, le prisonnier de guerre. Mais Amy ne réagit plus vraiment. Amy est perdu dans son univers de- De quoi d’ailleurs. Dag l’imagine chevauchant taureau ou cheval, torse nu comme à cet instant, brillant de sueur, le crin en vrac et le rouge aux joues - en soit, Amy dès à présent mais sur un bestiau tout aussi musculeux que lui. Elle bat des paupières, ouvre la bouche. Cherche à lui avaler l’âme. “J’sais pas” bien sûr que si, il sait. On ne vient pas se défoncer dans son antre sans une bonne explication et une bonne dose d’idées suicidaires. “… pourquoi aujourd’hui mais… j’avais” mais il avait ? “envie d’me défoncer, mais genre” mais encore ? “avec quelqu’un en qui j’peux faire confiance, t’vois…” Oh, oui, elle voit. Elle y voit beaucoup plus clair. Non, elle n’y comprend rien du tout. Amy et elle n’ont de relation que le business et la manipulation (qu’il ignore, suppose-t-elle). Amy et elle ne sont que donnant-donné, jamais un sens pour revenir sur l’autre. Amy en bon clébard lui assurant quelques billets dans les poches et une obéissance sans borne. Obéissance sur laquelle Dag ne peut évidemment pas cracher.
“Dis, B,” elle cille. Hausse les sourcils. Suppute que la drogue commence à lui démolir la conscience. Dag lui offre un sourire radieux. Dépose son menton à côté du téton qu’elle n’a pas lâché, qu’elle continue de triturer. Allant et venant sur l’ovale, dégringolant sur la bute, pour revenir en martyriser le grain. “ça t’ait déjà arrivé de” putain que c’est insupportable, ces paroles hachurées. Et la remise en question qui devrait lui gicler dessus est proprement évincée. “de devoir être triste, mais en fait t’arrives pas à te sentir totalement triste ?” demande-t-il. Et Dag se tortille sur son torse, brutalement nerveuse. Atrocement mal à l’aise. Amy et ses questions de merde, Amy et ses paroles sans détours. Sa franchise pour lui juter entre les deux yeux. Dag glisse une main sous sa joue qu’elle dépose finalement sur le pectoral d’Amy. Elle gratouille nerveusement la peau chaude et soudain froide et de nouveau chaude du mutant. Sa barbaque et son acier pour lui masser les doigts et lui faire grincer les ongles. “J’ai perdu un hmm…” mais lâche le morceau, mollarde la sauce. “-proche dans ma famille, mais j’crois qu’son départ m’a comme… allégé d’un poids, t’sais…”
Dag se redresse imperceptiblement. Et son bleu clapote dans son bleu. L’été caniculaire d’Amy n’est plus si caniculaire que ça, remarque-t-elle enfin. Sitôt, elle s'arcque au-dessus de lui et lui enfonce les extrémités dans l’œil. Tire sur les paupières à l’énucléer et s’approche à l’aveugler. Elle et elle seule pour tout horizon. Sa pupille a dévoré l’azur. Sa pupille ronde comme une obole, rendons grâce à Dieu. “Ça a l’air de grave te niquer la tête.” Une appréciation plus qu’une inquiétude. Dag n’est jamais inquiète. Dag se fout de tout, et surtout de tout le monde. À moins que- “Sinon ouais j'sais.” Voilà une demi-vérité. Une demi-molle. “J’ai tué mon frère.” Voix blanche, timbre plat. Ça lui fait tout drôle, de l’articuler. De le prononcer. De l’avouer. Après. Après combien de temps murée dans le silence. Vingt ans. Soixante-dix ans. Un siècle ? Peut-être deux. L’a-t-elle seulement jamais avoué à voix haute. Hormis dans le confort de sa serre entre les bras de l’homme qu’elle aime. Qu’importe, Amy plane si haut qu’il oubliera. “Je l’ai empoisonné,” explicite-t-elle. Sans rien expliquer du tout. “J’étais encore novice,” croit-elle bon d’ajouter. Ce qui est totalement faux. Mais Amy n’a pas réclamé de grandes vérités. Amy a demandé un peu de compassion, qu’elle lui largue dans un méli-mélo de pensées aveux esquives et pirouettes.
Les phalanges de Dag relâchent l’œil d’Amy et se perdent sur son front puis dans ses boucles grasses. Elle sinue sur son cuir chevelu et elle soupire, à ses lèvres. “J’aurai voulu qu’il survive mais…” mais quoi. “- mais tu sais, l’orgueil des mecs, leur égo surdimensionné et tout ça…” Stew n'a pas voulu prendre le remède. Stew lui a sobrement dit d'aller se faire mettre. Dag plonge le museau contre celui d’Amy. Sa joue collée à sa joue. Puis à sa gorge. Son nez contre sa glotte. Elle tangue, se laisse glisser contre son flanc. Moitié sur lui moitié sur leur couche. Elle se dit qu’elle pourrait le mordre et goûter son sang. Elle se dit qu’il doit avoir une saveur extrêmement ferreuse. Elle se dit qu’il pourrait potentiellement lui péter les dents en usant de son acier pour contrer sa morsure. Elle se dit que ce serait follement amusant. “J’ai cru que le monde s’effondrait et puis j’ai appris à vivre dedans et maintenant-” Et maintenant elle n’en a globalement plus rien à branler.
Sa patte diaphane retourne jouer avec les contours et les creux d’Amy. Son majeur tendu pour lui dégringoler du thorax jusqu’au nombril dans lequel elle s’enfonce. Puis elle ressort et c’est au bas-ventre de se modifier sous sa caresse. Suivant la pulpe de son doigt avec une synchronicité merveilleuse. Le métal et l'organique dansent sous ses yeux. Le majeur bute contre la ceinture de son pantalon. “Te sens pas désolé si tu l’es pas.” Voilà une bien sage parole, pour ce petit bouddha blondin et maigrelet. “De toute façon, les sociétés changent…” Dag se perd, et quand Dag se perd Dag glaviote des choses qu’elle ne devrait pas. “… elles vont elle viennent et elles partent et elles s’effondrent et puis tout recommence.” Son visage revient vers celui d'Amy. Sa silhouette retrouve celle d’Amy. Dag s’assoit sur son ventre. Elle écrase ses paumes, doigts écartés, sur son estomac. Cajole puis griffe. “Ne te pourris pas la vie avec des mensonges, Love, tu vas mourir bientôt… alors profite.” Le quand, suspendu entre eux. Le quand peut être dans l’heure peut être dans le mois ou l’année ou- “Profite de la baise de la bouffe et de la télévision !” Ah la télévision, “sans déconner, est-ce qu’il y a plus merveilleuse invention que la télévision ?” Assurément pas. “Et la baise, Love, putain la baise, c'est primordial ne l'oublie pas. ”
(#) Sam 21 Oct - 17:44
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Il l’a sentie sans la sentir s’agiter sur lui pendant son pénible récit, il l’a vue sans la voir souffler et s’impatienter avant chaque nouveau mot bavant de sa bouche pâteuse. Mais Amy n’a jamais vraiment su satisfaire qui que ce soit, alors il n’assimile pas les signes évidents que Billie n’est pas là pour lui faire de la thérapie de comptoir.
Le fait est qu’Amy n’a aucune idée, de ce dans quoi il s’est empêtré, à l’instar d’une mouche se dandinant joyeusement dans la toile d’une araignée, agréablement surprise de la souplesse de ce plumard collant.
Une fois de plus, les doigts martyrisant de Billie attaquent son visage, lui ouvrent les yeux si grand que Billie aurait la place d’y couler son propre visage. "Ça a l’air de grave te niquer la tête." La sensation est très désagréable, Amy sent littéralement ses yeux sécher sous l’haleine tiède de Billie. "Lâche-moi…" gémit-il sous ses doigts torture. "J’ai tué mon frère." Amy clignerait des yeux de stupeur si ses paupières étaient libres et s’il ne planait pas autant. Un rire nerveux roule hors de sa gorge comme une pierre. "Quoi?" Il pense qu’elle raconte n’importe quoi; mais d’un autre côté, il ne devrait pas s’en étonner. "Je l’ai empoisonné. J’étais encore novice. - Ah bah super, se sent-il malin de commenter. L’absence d’émotion dans le récit de Billie rend l’histoire aussi anodine que si elle racontait qu’elle avait raté un gâteau d’anniversaire. Amy se demande si elle a empoisonné son frère pour son anniversaire. Il se demande si son frère lui ressemblait et s’ils s’étaient drogués ensemble.
Bien entendu, ça lui fait aussi penser au meurtre de son père; pas de poison dans cette histoire, juste une paire de cornes mal logées, qui avaient manqué réapparaître si Billie avait insisté. Il se demande s’il s’agissait d’un accident, pour Billie aussi. De ses yeux écartelés une larme suinte. Billie lâche prise et aussitôt, il s’essuie les paupières, grommelant un: "Putain, t’es une ouf, toi!" tandis qu’elle conclue: "J’aurai voulu qu’il survive mais… mais tu sais, l’orgueil des mecs, leur égo surdimensionné et tout ça… - Ouais, ouais, c’est ça… plutôt crever que de demander d’l’aide…" On ignore s’il est ironique ou sincère, s’il a lui-même conscience de la toxicité de sa propre masculinité, pire poison encore que les drogues de Billie.
Elle se rallonge à côté de lui, Amy interrompt un mouvement de son bras qui allait pour se rabattre sur elle, laisse sa main en suspens. Il ne sait pas s’il hésite autant à la toucher de peur de la casser ou par peur que ce soit elle qui le casse. "J’ai cru que le monde s’effondrait et puis j’ai appris à vivre dedans et maintenant-" Amy écoute et comprend. Il se dit que c’est dommage de vivre dans un monde en ruines; mais il comprend désormais pourquoi la cachette de Billie ressemble à ça, à un monde en ruines dans un autre monde en ruines. C’est comme vivre en suspens. Mais d’un autre côté, une fois crevé dans l’Underapple, on ne pouvait pas s’effondrer plus bas. Amy, lui, était incassable, alors il ignore s’il parviendrait à vivre dans un monde qui s’effondre.
Les doigts de Billie butant sur sa ceinture le tire de ses pensées. "Te sens pas désolé si tu l’es pas. De toute façon, les sociétés changent…" Amy ricane bêtement parce qu’il trouve qu’elle parle comme un vieux. "Elles vont elle viennent et elles partent et elles s’effondrent et puis tout recommence. - Amen, singe-t-il, en accusant de nouveau son poids sur son ventre. Les ongles griffant de Billie grincent contre l’acier qui le protège. "Ne te pourris pas la vie avec des mensonges, Love, tu vas mourir bientôt… alors profite. Cette fois-ci, Amy se marre, alors même qu’un frisson glaçant descend dans son échine. Il ne comprend pas parce qu’il pense bien entendu que Billie a le même âge que lui, à quelques années près. Il ne mesure pas l'immensité de sa vie et de ses démons.
"Profite de la baise de la bouffe et de la télévision ! Sans déconner, est-ce qu’il y a plus merveilleuse invention que la télévision ? - Hein? - Et la baise, Love, putain la baise, c'est primordial ne l'oublie pas. - Nan mais meuf, tu t’entends quand tu parles? On dirait ma grand-mère!" S’il savait.
Sauf qu’il ne sait pas; et c’est bien là tout le danger.
La mouche continue de danser, et Amy d’épingler un sourire mutin sur sa figure. "Et hmm— toi, ça bouffe et ça baise bien dans ton jardin là? ça vient butiner?"
(#) Ven 27 Oct - 21:03
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“Nan mais meuf, tu t’entends quand tu parles ? On dirait ma grand-mère !” évidemment qu’elle s’entend parler. Lui par contre est tellement défoncé qu’il flirte probablement avec le plafond et s’y encastre la gueule à répétition. Pas que ça lui déplaise. Le spectacle est plutôt sympathique. À ceci près que l’ennui toujours ce connard cet insupportable ennui la guette. Alors Dag reprend ses circonvolutions sur le torse d’Amy et elle s’interroge - encore - sur la possibilité d’écorcher un homme qui de toute évidence n’est pas tout à fait un homme. Un homme dans la forme et un quoi, dans les faits. Un outil, sans aucun doute. Car Amy ne peut décemment pas se muscler et se taper une mutation pareille avec seulement quelques idées bringuebalantes d’avenir devant les mirettes. Impossible putain d’impossible. Amy comme quoi alors. Amy comme- Comme un marteau qu’on enfonce dans les tempes, à l’occasion. Comme un marteau qu’on fait taper sur les rotules, en cas de défiance. Comme un marteau avec lequel on broie les doigts, à chaque petite mésentente.
Un programme qui la laisse ailleurs et rêveuse, assez pour qu’elle oublie qu’il est humain avant d’être outil. Assez pour qu’elle omette de répondre à son affirmation de plouc en la traitant de vieille peau. Ce qu’elle est, au fond. Mais elle s'espère assez bien conservée pour son âge et puis surtout, venant d’un homme - Amy n’est pas un homme, pas vraiment. Amy est un garçon. Un adorable et terrible garçon. Amy allume les envies sales dans les corps car Amy a les yeux gigantesques et bleus et un sourire timide et doux et des attitudes de gosse mal embouché.
Et Dag s’est paumée à trop fixer la toupie de ses songes.
”Et hmm—” bafouille-t-il sous elle. Dag hausse un sourcil. Rabaisse son petit minois sur le thorax d’Amy. Le penche délicatement et le mire de ses yeux tout aussi gigantesques et bleus et lui balance un sourire - qui, lui, n’a rien de très timide ni de très doux. Un sourire de carnivore sur le retour. “Oui ? — toi, ça bouffe et ça baise bien dans ton jardin là ? ça vient butiner ?” La bouille se tord et elle se redresse violemment. Les bras tendus sur le torse d’Amy, derechef. Et elle éclate de rire. Un rire de cristal qu’on fracasse contre les murs. Gorge déployée vers l’empyrée. Elle se marre et tout son corps vibrionne et la sylve autour grossit et grandit et craque et menace de les engloutir. “Merde alors,” dégobille Dag en basculant sa face vers sa proie. “T’as la prose digne d’un Verlaine,” et elle imagine qu’il ne sait même pas qui est Verlaine et qu’il pensera que c’est un acteur du moment ou une marque de lessive. “Est-ce que je baise, c’est ça que tu veux savoir ?” et elle ondoie comme une vague. L’épine dorsale en courbe. Dag le renifle. Son petit pif à proximité de son front et de ses cheveux. Les odeurs lui montent dans le crâne et dégringolent dans ses bronches. Elle adore ce qui n’est pas dans la norme, ce qui ne suppure pas le modernisme ; elle adore ceux qui ne se cachent pas. Alors, Dag continue d’adorer Amy après avoir eu la soudaine envie de lui exploser le nez à coups de poing - Dag a la rancune tenace.
”Oui évidemment que oui sinon ma vie serait triste à mourir,” elle ment. Son existence est d’un ennui mortel scindé d’irrésistibles dépravations meurtrières. “Et si tu veux tout savoir,” elle s’approche. Souffle plus qu’elle ne parle. Apte aux confidences ; Amy est défoncé n’est-ce pas et Amy ne se souviendra de rien n’est-ce pas. N’est-ce pas ? Dag se mordille l’intérieur de la joue et ses phalanges caressent le pourtour de la mandibule d’Amy. “Je suis amoureuse vraiment amoureuse et je ne sais même pas si j’avais arrêté de l’être un jour,” c’est d’un compliqué, l’amour. C’est un sac de nœuds foutu au milieu du cerveau dont on ne parvient ni à trouver un début ni à trouver une fin. C’est un bordel sidéral qui dans son monde s’étend et s’étale sur des siècles passés en siècles à venir. “T’es amoureux Amy j’veux dire amoureux vraiment amoureux ou tu te contentes de rougir devant toutes les filles qui passent en espérant que l'une d'entre elles soit assez sympa pour baisser la culotte ?” et brusquement, elle cogite et elle se fige. Sa bouche ouverte sur un oh silencieux avant d'écrabouiller le Marteau plus intensément sur elle. Dag se dandine, Dag adore la chaleur d’Amy entre ses cuisses. “Ou alors t’es plutôt de l’autre bord ?” Elle ne se l’était jamais figuré. Elle lui trouvait le charme désastreux des hétéros typés, un peu basiques, un peu niais ; l’homme-garçon dans toute sa splendeur méphitique ; celle ravissant les cœurs des jeunes filles en fleurs.
(#) Mer 15 Nov - 22:30
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Billie éclate de rire si fort qu’on dirait que son corps éclate. Le regard d’Amy remonte le long de son corps qui manque d’éclater et plus au-delà encore, au plafond, toujours le plafond, où la forêt a l’air de se marrer aussi. Il a l’impression que le bois qui grince et les feuillages qui bruissent sont des rires moqueurs. Amy se sent jugé alors qu’il n’y a personne, comme s’il y avait toute une foule tapie dans les recoins de la planque, prête à lui sauter dessus, une toile faite d’araignées. "Merde alors, t’as la prose digne d’un Verlaine." Amy ricane aussi, mais parce qu’il ne sait pas quoi faire d’autre, et surtout, il ne sait pas qui est ce Verlaine. Il se demande si c’est un mec de la Révolution française, comme Lamartine. C’est bizarre que tout le monde cite ces types, ils sont même pas d’ici. "Est-ce que je baise, c’est ça que tu veux savoir ?" A voir comment elle gigote sur lui, asticot s’enjaillant d’anticipation sur la carcasse, Amy se demande s’il est trop défoncé pour capter qu’ils sont actuellement en train de baiser. Mais il sent définitivement trop de vêtements sur son cul et sur celui de Billie. Aussi, il hoche la tête.
"Oui évidemment que oui sinon ma vie serait triste à mourir." Les yeux d’Amy roulent dans leurs orbites, il pense un instant qu’ils vont rouler trop loin et ne jamais se remettre à leur place, singeant son évidemment. "Et si tu veux tout savoir." Amy a passé les mains derrière sa tête, pour s’empêcher de toucher Billie, et pour se montrer plus attentive, alors qu’elle s’est de nouveau allongée sur lui et lui caresse la mâchoire. "Je suis amoureuse, putain merde, vraiment amoureuse et je ne sais même pas si j’avais arrêté de l’être un jour." Amy hausse les sourcils, sa bouche se pince: "Ah ouais? Putain, j’t’aurais pas pris pour le genre romantique…" Il la taquine mais on voit bien qu’il est désappointé, parce que c’est toujours plus difficile de pécho les gens amoureux.
"T’es amoureux Amy j’veux dire amoureux vraiment amoureux ou tu te contentes de rougir devant toutes les filles qui passent en espérant que l'une d'entre elles soit assez sympa pour baisser la culotte ?" Amy rougit devant Billie (on sait jamais, sur un malentendu, ça pouvait marcher). "Ou alors t’es plutôt de l’autre bord ?" Heureusement qu’il rougissait déjà, alors son embarras ne se voit pas. Il fronce les sourcils et crache très rapidement (trop rapidement, comme un réflexe ignorant): "Quoi? Nan, j’suis pas pédé." Son poitrail s’est momentanément refroidi, figé dans un acier qui repart aussi vite qu’il était venu. Billie n’est pas la première à lui poser la question, et c’est bien parce que c’est Billie, sa dealeuse favorite, qu'Amy ne lui pas envoyé son poing en acier dans la figure. Amy détestait qu’on le prenne pour ce qu’il n’était pas, se préférant largement misogyne qu’homosexuel.
"Nan, j’ai personne en ce moment… Il ne répond pas à la question; à vrai dire, il ne réalise pas qu’il ne sait même pas ce qu’être amoureux veut dire. J’ai été genre presque fiancé une fois… on a eu un môme ensemble, mais elle s’est barrée, comme toutes les autres, peste-t-il avec affront. Depuis, j’m’engage dans rien d’sérieux. Les meufs, elles savent pas ce qu’elles veulent, ou alors elles veulent tout trop vite."
Le souvenir de la nuit passée avec Osmond dans le motel miteux est confortablement lové derrière ses paupières. Il n’a aucune idée de ce que tout cela avait signifié, et surtout comment on pouvait qualifier ça. Amy s’extirpait difficilement des carcans sociétaux dans lequel son éducation machiste l’avait fourré, n’en faisant ni un garçon ouvert d’esprit, ni un grand romantique. A tel point qu’il s’agaçait contre la gente féminine entière, alors même qu’il en avait une représentante inquiétante et ancestrale sur l’abdomen. "J’pense, la vie est trop courte pour s’emprisonner dans des relations, tu vois?" Non, Billie ne devait sûrement pas comprendre, du simple fait que sa vie à elle n’était pas trop courte.
Amy se dit que s’il arrive à lui faire changer d’avis, ils pourraient peut-être tuer l’ennui. "Et avec ton amoureux, vous êtes genre… Il cherche un instant le terme que l’une de ses ex avait utilisé: en relation libre, ou un truc comme ça?" L’évidence de sa question qu’il croit pourtant détournée le fait ricaner. "J’arrive pas à croire que t’as réussi à pécho dans ton trou, là. C’est pas un de tes clients, quand même? ‘Faut pas mélanger business et sentiments, hein?" Il a pris soin de ne pas dire à la place business et plaisir, auquel cas il se tirait une balle dans le pied.
(#) Ven 1 Déc - 14:54
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“Quoi ? Nan, j’suis pas pédé.” Amy soudain plus rouge que rouge sous son blond sale. Amy qu’elle reluque avec l’appétit d’un petit prédateur s’amusant follement. Souris ou oisillon qu’elle pousse et repousse entre ses griffes. Des coussinets s’écrasant à l’occasion sur le squelette étonnamment résistant. “Nan, j’ai personne en ce moment…” En ce moment Amy est célibataire. Mais Amy peut bien sauter des jolies fleurs tout en étant célibataire, là n’est fatalement pas la grande question. Est-ce qu'Amy se tape des fleurs en ribambelle et des cactus à l’occasion. Dag se questionne Dag aimerait en savoir plus et Dag se passionne pour le spécimen en dessous d’elle. Soudain ouvert en deux, les entrailles dans lesquelles elle fourrage pour en ressortir des bouts d’histoire et de semi-vérités puisque les vérités font trop mal et Dag ne veut pas le sentir s’évader ni le voir chialer - ce serait, suppose-t-elle, le comble de l’ennui le plus absolu.
“J’ai été genre presque fiancé une fois… on a eu un môme ensemble, mais elle s’est barrée, comme toutes les autres. Depuis, j’m’engage dans rien d’sérieux. Les meufs, elles savent pas ce qu’elles veulent, ou alors elles veulent tout trop vite. — J’te trouve vachement pessimiste pour ton âge et j’espère qu’au moins tu t’en occupes de ton môme.” Quel âge a-t-il, d’ailleurs.
Dag n’en sait foutrement rien. Imaginer Amy avec un gosse la surprend néanmoins. Assez pour qu’elle n’épilogue pas, assez pour qu’elle le laisse cracher ce qu’il a sur le cœur. Ou dans la gorge. Ou dans le ventre. De la bile et un peu de désespoir sous la grosse pellicule de blase.
“J’pense, la vie est trop courte pour s’emprisonner dans des relations, tu vois ? — Ouais.” Non elle ne voit pas. Chaque relation en possession pathologique et destruction quasi totale. Son amour est une apocalypse. Mais elle a appris, avec le temps, à faire comme si. “Et avec ton amoureux, vous êtes genre…” Dag retourne à la contemplation du visage d’Amy. Carcasse filandreuse redressée, minois cherchant à capter la plus infime torsion de bouille sous lui. Ses deux flaques d’acide à la recherche d’une faille où s’engouffrer. “… en relation libre, ou un truc comme ça ?” Une relation libre fondée sur le partage la communication la plus profonde et totale, sans mensonge faux-semblant et jalousie ; dépourvue de la moindre possessivité (à sens unique, évidemment - son sens à elle de préférence) et sous la règle d’or du essaye pour voir (et je te défonce).
“J’arrive pas à croire que t’as réussi à pécho dans ton trou, là. C’est pas un de tes clients, quand même ? ‘Faut pas mélanger business et sentiments, hein ?” Dag a le sourire. Un doux sourire qui lui vogue amoureusement et paresseusement sur les lèvres. Elle rêvasse au-dessus d’Amy. Son azur perdu dans la contemplation du mur derrière le crâne d’Amy et puis les feuilles vertes qui s’y prélassent.
“J’crois que-” elle n’est sûre de rien mais une chose demeure : “tu vois, j’crois qu’il sait même pas ce que ça veut dire relation libre et j’compte pas lui apprendre.” Non elle ne compte clairement pas lui expliquer et détailler le concept. Ce serait se tirer une balle (ou une grenade) dans le pied. Et Dag souhaite garder ses deux pieds autant que sa relative sanité.
“J’veux dire, un mec qui s’appelle Osmond j’suis désolée mais ça peut clairement pas savoir ce genre de truc.” C’est une évidence. “Non mais sans déconner quoi… Osmond. Rien qu’avec ça j’suis sûre que tu peux deviner son âge.” Elle n’en revient toujours pas de ce prénom de vieux. “J’sais pas comment il a pu-” non ce n’est pas lui qui a choisi son prénom car Osmond n’est pas un originel et car Osmond en Cecil n’est donc pas le créateur de ce pseudonyme. “… comment sa mère a pu appeler son fils Osmond putain mais elle devait le détester nan ?” Assurément. “Moi j’voudrais l’appeler Cec-” Osmond ne s’appelle pas Cecil car Osmond n’est pas Cecil car Cecil n’existe pas ou plus, car Cecil est un être-souvenir perdu dans les siècles passés (mais pas pour elle, juste le commun des mortels). “Cédric, ou Cyril, pour dire de lui donner une seconde jeunesse.” Ce qui est presque comme Cecil, et carrément plus actuel et moins pompeux qu’Osmond. “Quand j’dis Osmond j’ai l’impression d’avoir des patates brulantes dans la bouche.”
Et elle répète le prénom encore et encore, afin d’être sûre de bien le prononcer et surtout de montrer à Amy le problème des patates chaudes.
“Mais sinon-” oui car elle n’a toujours pas répondu à la question. “Non j’l’ai rencontré y a longtemps quand on faisait partie d’un groupe d’anarchistes.” D’accord la réalité se déforme mais il est nécessaire de la tordre au présent au risque d’exploser son identité actuelle. Et, elle en est certaine, Amy ne peut trouver ça étrange que Billie soit une ancienne anarchiste. Il n’y a effectivement qu’à voir dans quel trou elle vit.
“Enfin voilà.” Enfin voilà.
“Du coup t’es rouge parce que t’assumes pas d’être un peu pédé sur les bords…” elle s’approche, son nez quasiment collé au sien. “... non parce que moi j’trouve ça excitant j’t’avoue de t’imaginer avec un autre mec.” Dag trouve de toute façon excitant à peu près tout, pourvu qu’il y ait des membres qui s’entrecroisent dans un bruit de viande qu'on claque et des giclées sanglantes et des cris rauques. “Ou alors t’es rouge juste parce que…” et Dag recommence à se dandiner sur Amy.
Son petit cul osseux tortillant sur ses abdominaux trop durs et trop froids. Puis glissant jusqu’à son bas-ventre sur lequel elle écarte davantage les cuisses et les resserrent, risette fauve aux babines. “... t’aimerais bien me visiter…” elle badine, tente de se souvenir des bons et beaux mots. “Ah ouais !” elle se rappelle : “mon jardin.”
C’est presque poétique, percute-t-elle. Presque aussi poétique finalement que les conneries fantasmatiques de Verlaine.
(#) Dim 3 Déc - 17:22
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"J’te trouve vachement pessimiste pour ton âge et j’espère qu’au moins tu t’en occupes de ton môme." Le regard d’Amy est défoncé mais quand même un peu doux quand il pense à son fils: "Bah ouais carrément que j’m’occupe du tipeu. J’suis même en train d’voir pour récup’ la garde." C’est faux mais c’est vrai; il est bien sur le point de l’obtenir, cette fameuse garde, mais ce, sans n’avoir entrepris aucune démarche, et sans même qu’il ne s’y attende.
La conversation complètement décousue suit son cours malgré tout. Amy veut en savoir plus sur ce mystérieux amant, bien que, dans son état, il n’est pas certain qu’il se rappelle de tout. Et pourtant, il n’était pas au bout de ses surprises. Tout ce qu’il sait pour l’instant, au regard tendre dans le vague de Billie, c’est qu’elle doit être sacrément amoureuse. "J’crois que tu vois, j’crois qu’il sait même pas ce que ça veut dire relation libre et j’compte pas lui apprendre. - Ah ouais? Pourtant c’est genre super à la mode, qu’il grommelle, parce que, bien que le concept ait pu l’intéresser au départ, il avait été très vite pris de court par la complexité de la définition même de liberté dans une relation. "J’veux dire, un mec qui s’appelle Osmond j’suis désolée mais ça peut clairement pas savoir ce genre de truc. - Ahah, c’est drôle, moi aussi j’connais un— - Non mais sans déconner quoi… Osmond. Rien qu’avec ça j’suis sûre que tu peux deviner son âge." Par réflexe, Amy a dégainé ses doigts dont il fait le décompte sans trop savoir où s’arrêter, puisqu’il est toujours en train de traiter l’information qu’il a désormais conscience de l’existence de deux Osmonds. "Et c’est un ieuv en plus?" stipule-t-il, sans qu’elle ne l’écoute, continuant de déblatérer sur le mauvais goût de ce prénom. "… Comment sa mère a pu appeler son fils Osmond putain mais elle devait le détester nan ? Amy ne se souvient plus présentement si Osmond lui a parlé de sa mère; il lui a davantage parlé de son père, mais Amy ne veut pas y penser. Moi j’voudrais l’appeler Cec- Cédric, ou Cyril, pour dire de lui donner une seconde jeunesse. - Cecédric? C’est même pas un vrai nom, qu’il commente, pensivement, essayant de s’imaginer en train d’appeler Osmond Cyril, alors qu’il commençait à peine à l’appeler simplement Osmond. - Quand j’dis Osmond j’ai l’impression d’avoir des patates brulantes dans la bouche. Amy se marre —oui, il va la sortir: "Ouais des patates, ouais, ou autre chose, hein??" La blague grivoise le fait rougir plus qu’elle.
Il essaye soudain de se redresser sur les coudes: "Nan mais attends, parce que moi aussi j’connais un Osmond, genre ieuv qui sait pas c’que c’est un sms et encore moins une relation libre! Billie ne tarde pas à le ré-épingler aussi sec au sol. On parle quand même pas du même??" Ils parlent complètement du même, Amy ne veut pas en douter une seule seconde. "Nan parce que ça veut dire que ton mec c’est mon proprio!" Il avait instinctivement relégué son patron au rang de propriétaire, habitude qu’il avait prise depuis son entrée chez les Orphans, en guise de couverture. L’appellation pouvait paraître réductrice, et pour autant, elle était en soi pertinente, du fait qu’il possède son restaurant, mais aussi ses économies, ses muscles, sa loyauté et à peu près tout ce qui fait qu’il n’était pas encore en prison.
Amy se demande pourquoi Osmond ne lui a jamais parlé de Billie. Au vu de l’âge de la mutante (ou du moins de l’âge estimé), Osmond ne pouvait pas l’avoir rencontré il y a si longtemps que ça! Peut-être qu’il avait eu honte de la différence d’âge justement? Mais à quel moment Osmond Rose s’embarrassait de ce genre de détails? Lui, qui de son temps, devait date des gamines de quinze ans qui étaient ses cousines, or whatever was happening in the Middle Age.
Peut-être qu’Osmond ne lui en avait pas parlé parce que ça n’était pas important, mais Amy est certain qu’au contraire, Osmond ne lui avait jamais parlé de Billie parce que leur histoire était trop importante.
"Non j’l’ai rencontré y a longtemps quand on faisait partie d’un groupe d’anarchistes. - Quoi?? Amy coasse; il ne se rappelle définitivement pas avoir vu Billie chez les Orphans. Ou bien y avait-il eu des Orphans avant les Orphans? "T'sais quoi, ouais ça a l'air d'être bien son genre, les anar. Il paye pas de mine, Cyril, mais j'étais sûr qu'il avait fait des conneries dans sa jeunesse." Jeunesse que laquelle Billie n’avait logiquement pas pu connaitre. Elle n'avait pas l'air d'avoir cinquante ans, et encore mois deux cents ans!!! L'hypothèse que Billie ait le même âge qu’Osmond lui traverse l'esprit mais l'idée ne s'y arrête pas. Amy se demande si l'anarchie existait déjà il y a deux cents ans.
"Du coup t’es rouge parce que t’assumes pas d’être un peu pédé sur les bords... non parce que moi j’trouve ça excitant j’t’avoue de t’imaginer avec un autre mec." Amy lui souffle dans le pif, excédé et encore plus rouge si c'était possible, cette fois-ci d’un agacement suspicieux. "Mais c'est quoi ton problème, en fait? Pourquoi tu dis des trucs comme ça?" Il a décollé son bras, pointant un index accusateur dans sa direction. "J’t'interdis d'imaginer que j’su— Billie bouge sur lui, lui coupant le sifflet, mais certes pas sa circulation sanguine. - Ou alors t’es rouge juste parce que… Le regard d’Amy suit son mouvement, se glue comme une mouche prisonnière à la jonction entre ses cuisses et son bassin. Il en perd sa loquacité, voit flou, à cause de l’excitation et de l’effet de la drogue qui lui fait tour à tour voir Billie comme une très vieille femme, puis comme un monstre plante. "... t’aimerais bien me visiter… Ah ouais ! mon jardin."
La vision trouble Amy, dont le crâne retombe lourdement au sol, comme s’il lui était difficilement supportable de la voir se dandiner ainsi. Ou peut-être parce que ne pas la voir lui faisait la sentir encore plus, les reliefs de son corps tour à tour épousant puis écrasant les siens. Un sourire flotte sur son visage bouffi de plaisir tenté. "Bah après, j'sais pas si j’ai envie de visiter un jardin qui s'fait labourer par un ieuv… Le ton se veut provoquant, alors même qu’il imagine sans vergogne Billie et Osmond baiser. Si j'te baise, tu risquerais de pas tenir le coup, j’suis plus vigoureux que ton mec." Il fait le malin, un rictus goguenard perçant sa figure rougeaude. Médire sur Osmond et sur son savoir-faire dans l’intimité finit de le faire bander paresseusement sous Billie. "Nan parce que lui, j’sais pas, il doit genre planter des tomates, moi j’me fais des jardins luxuriants, genre c’est la nature sauvage, la jungle, comme ton salon, là, tu risques d’t’y perdre, tellement ça va t’changer!" Il continue de tisser exagérément la toile de cette grotesque métaphore, ses mains épaisses longeant les jambes serrées autour de lui, racines rigides et moites palpant une plante autrement plus carnivore que ce qu’il se vante lui-même d’être.
(#) Mer 27 Déc - 17:19
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Il gigote sous elle, se décompose – lentement mais sûrement. Et l'indifférence lui crevasse la poitrine. Les émois d'Amy comme des piqûres d'insectes qui lui grattent la peau et lui donnent envie de se mordre, de le mordre, et de gémir et se tortiller. Un sourire tranche son faciès d'angelot et elle observe, mutique, l'étrange phénomène. Un sourire tordu, de biais, un sourire de mec défoncé et porté par quelques instincts primaires.
– Bah après, j'sais pas si j’ai envie de visiter un jardin qui s'fait labourer par un ieuv…
– Grande classe Love vraiment la grande classe tu sais parler aux femmes.
L'ironie lui peinturlure les lèvres. Ses lèvres qu'elle étire sur sa jolie risette de poupée fracassée, démente, de poupée qui lui enverrait avec plaisir et délectation son front ou son poing en plein dans les dents. Mais l'idée même de s'y briser les os la contraint. Le présage de les entendre craquer en horreur soudaine.
– Si j'te baise, tu risquerais de pas tenir le coup, j’suis plus vigoureux que ton mec.
– Oh d'accord.
Il se prend pour un étalon – ce dont elle ne doute pas. Le corps d'Amy et la réputation d'Amy ne sont un secret pour personne qui s’intéresse à Amy. Et ça lui dérobe un éclat de rire. Sec, brisé, cassant ; tige de roseau pétée à côté d'un tympan. Elle s'imagine lui enfourcher sa queue et la lui arracher d'un coup sec, sans prévenir. Elle s'imagine le mettre en pièces à la force de ses griffes et de ses branches et de sa myriade de saloperies internes et ne lui laisser que la langue et la gorge intactes pour supplier qu'elle l'achève. Des élans macabres et merveilleux lui badigeonnent l'encéphale.
Elle chavire sans cesser, elle délire avec enthousiasme. Elle est malade d'amour et d'obscénité. Elle est désenchantée et parfaitement idiote – car Amy bande, sous elle. Pas assez pour lui faire monter une chaleur démesurée au bas-ventre, ni même provoquer le jaillissement du miel d'entre ses cuisses. Assez néanmoins pour lui hausser les sourcils et l'immobiliser.
– Nan parce que lui, j’sais pas, il doit genre planter des tomates, moi j’me fais des jardins luxuriants, genre c’est la nature sauvage, la jungle, comme ton salon, là, tu risques d’t’y perdre, tellement ça va t’changer!
Amy touche et Amy explore et Amy palpe sa chair, ses galbes. Ses gros doigts longent ses flancs.
– C'est magnifique ce que tu dis.
Elle opine, comme pour confirmer ses propres mots.
Dag attrape les mains baladeuses d'Amy et les lui bloque. Les écarte de sa viande et minaude.
– T'as l'air si membru.
Elle se souvient avoir lu cette réplique (ou presque) dans un de ses romans à l'eau de rose. Après ça, il faut astiquer l'homme pour l'encourager à devenir fort et puissant et lui brosser l'ego afin qu'il ne manque pas à sa tâche : laquelle ? Celle qui est d'ensemencer sa femelle dans un rodéo magistral plein de stupre et de cris. Dag va et vient sur Amy. Son entrecuisse balance sur le sexe paresseux d'Amy, et son museau se dresse vers les cieux de béton et de végétation. Elle est tout à son œuvre. Dag expire même quelques gémissements en miaulements de chatte amoureuse.
Elle abandonne les battoirs d'Amy, plante ses doigts-tiges dans les cuisses musculeuses sous elle et tend et tord le buste et projette sa juvénile poitrine en avant. Trachée exposée, elle ronronne : Amy tu m'excites tellement.
Car elle suit le scénario qu'elle se remémore. L'agrémente d'un peu de fantaisie propre à ses délires en dérives. Se mordille la lèvre inférieure et puis-
Et puis Dag repousse Amy une nouvelle fois. L'épingle sur leur couche de fortune. Rive ses billes dans les siennes.
– Mais c'est pas suffisant.
Et elle le laisse là, avec sa demi-molle et ses fantasmes.
Dag se redresse nonchalante, éthérée au milieu de sa jungle urbaine. Toujours au-dessus d'Amy mais désormais debout, ses longues guibolles pour le surplomber, ses pattes sur les hanches comme pour le juger et jauger. Menton baissé, minois figé ; trop-plein de neutralité.
– Parce que si tu dis que Cyril c'est ton proprio et que tu le connais bien et qu'en plus tu le trouves vieux et mou du gland, j'suis pas d'accord Love. C'est pas gentil. C'est pas correct. Tu dois avoir du respect pour tes aînés et surtout du respect pour les vieux même s'ils sont mous du gland alors j'ai pas dit qu'il était mou du gland-
Buste arqué au-dessus d'Amy, la dextre pendante et l'index accusateur, Dag se stoppe. Fait mine de réfléchir. Fronce les sourcils. Moue placardée sur son minois de sainte.
– Non Love il est pas mou du gland et il ne plante pas que des tomates ou alors il plante des tomates mais sous la pluie voire carrément l'orage et il enfonce ses mains dans la boue et il racle la terre toujours et il s'obstine et il s'enfonce encore et encore et encore-
Et le doigt de Dag tourne en même temps que ses paroles et ses pensées. Et elle soupire et elle s'extasie et elle savoure les souvenirs qui lentement lui inondent le cortex.
– Et encore et encore.
Son attention chavire de nouveau vers Amy toujours entre ses jambes. Dag s'arc-boute davantage. Corps en angle droit. Dag scrute Amy.
– Est-ce que toi t'es capable de planter des tomates sous l'orage, hein ?!
Voilà une grande et belle question. La plus importante de toute.
– C'est pas donné à tout le monde, ce talent.
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