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Burnin' like a dyin' star — Jezabel

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La raison voudrait qu’elle rentre chez elle, ce soir. Qu’elle profite d’une soirée de libre pour passer du temps avec son petit-fils, qu’iels cuisinent côte à côte, échangent sur leurs journées respectives, allument la télé et zappent jusqu’à trouver un film à critiquer pour passer le temps. Qu’elle joue son rôle, qu’elle s’assure que Gabriel ne manque de rien, que l’absence de sa mère ne finira pas par avoir raison de lui. Qu’elle soit l’adulte responsable que l’on attend d’elle, qu’elle est quotidiennement ; une responsabilité dont l’on ne se décharge pas si aisément. C’est s’acheter du temps seulement, un sursis à dérober au nez et à la barbe de ses obligations. Se soustraire pour un soir à son rôle pour se glisser dans la peau d’une autre, qu’un gamin n’attend pas chez elle. Un message est envoyé pour informer Gabriel de son retard, de ne pas l’attendre pour manger et de profiter de sa soirée avant de pousser la porte d’un bar parmi tant d’autres. Elle a erré un moment dans les rues en s’éloignant peu à peu des locaux d’Icarus Inc. avant de jeter son dévolu sur un bar qui lui sied ; à savoir, un bar qui ne lui filera pas une gueule de bois par avance tant la présence de mutant·es est forte à l’intérieur. Rien de plus facile, il suffit de prendre la direction du Nexus, de s’éloigner de l’épicentre du pouvoir d’Icarus Inc. pour s’offrir un peu de tranquillité.

Indifférente aux visages anonymes qui font légion en ces lieux, sans prendre garde à la silhouette qui l’a suivi jusqu’ici et lui emboite le pas à l’intérieur de l’établissement, elle s’accoude au comptoir, attend patiemment que la barmaid se tourne vers elle en auscultant du regard les alentours. Son whisky commandé, elle se plonge à escient dans la contemplation de son téléphone, fait mine d’être fort occupée seulement pour ne pas avoir à être abordée, profitant d’un rare moment de solitude entre son travail et sa vie personnelle. Quand elle n’a pas à charge son petit-fils, c’est tout un long de super-héros qu’il faut surveiller et materner lors de leurs entrainements. La tranquillité se paie chère.

Sa commande arrivée et son dû payé, une main fait tourner machinalement son verre sur le bois du comptoir, appréciant le mouvement régulier tout en faisant défiler sur son téléphone les informations toute plus inintéressantes les unes que les autres. L’ennui finit par la convaincre de sortir de sa torpeur, commander un second verre et se faufiler jusqu’au fond du bar, où l’on a dressé un billard. Elle fait sa place au sein d’un groupe d’inconnu·es sans plus tergiverser, le sourire aux lèvres, mais pas moins défiante, prête à en découdre sur le tapis de billard. Le brouhaha ambiant finit bien par assourdir l’angoisse toujours tapie dans un coin de son cœur, elle se prête au jeu, la poitrine allégée pendant un moment égoïste, où elle ne finit par penser qu’à elle, tellement centrée sur sa personne qu’elle ne tient compte du regard scrutateur que l’on porte sur elle, de la jeune femme qui n’a pas quitté son ombre depuis sa sortie des locaux d’Icarus Inc.

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I need somethin’ soft, down feathers over rocks. I died and I land with both of my hands in the mud. It felt like a God, how she held me. I was almost pulled apart. Tryin’ to leave this orbit took what’s left of me.



Tu pourrais prétendre que l’obscurité te cache mais à la surface, la lumière est partout. Même à la nuit tombée, les néons artificiels remplacent les lueurs de l’astre doré. A croire que la population de New-Blossom craint les ténèbres comme un monstre dangereux quand elle est monnaie courante dans les souterrains de la ville habités par les plus dangereux des monstres. Il paraît. En réalité, le danger se trouve là où on ne l’attend pas. Visage innocent, sourire candide, regard attendrissant sont autant d’éléments jouant en ta faveur. Il te suffit d’une moue attristée pour t’attirer les faveurs des uns, les délices des autres mais tu n’es pas d’un naturel manipulateur. Tu laisses ce talent à ton père. Sauf ce soir. Ce soir, progéniture sacrée chasse progéniture surprise. Existence récemment découverte. Lien fraîchement considéré. Tu as une soeur. Une moitié. Une rivale. Une concurrence. Un univers. Une possibilité. Un être lié à toi par la chair et le sang. Peut-être même toute une famille ? Il est trop tôt pour le dire ou le souhaiter, encore plus pour en parler à tes parents.

Alors tu gardes le secret, désireuse de mener l’enquête jusqu’au bout avant de leur toucher mot et de provoquer des réactions exacerbées. En effet, tu ne désires pas mettre en danger Yara. Elle s’appelle Yara Sarhan. Elle travaille chez Icarus, la célèbre corporation à l’origine des faux prophètes. Elle marche comme si chaque pas était une urgence et tu la regardes tenter d’échapper à son destin. Lequel ? Aucune idée. La curiosité te brûle l’estomac, avalant les questions sans avoir la moindre réponse à te mettre sous la dent. Ça te fruste. Un peu. Beaucoup. Passionnément. Elle est extrêmement belle et seule, installée au bar depuis quelques minutes, les pupilles rivées sur son téléphone. Il serait si facile de l’accoster. Les excuses se pressent, les accroches se forment mais tu veux encore l’observer. L’espace d’un instant, tu te demandes si vous avez des points communs puis d'un coup la silhouette se lève avec grâce pour se lover au fond de la salle, près du billard. Tu ne joues pas à ce jeu car il manque de saveur à tes yeux. Cependant la voir s’amuser ainsi te procure un sentiment de légèreté.

Elle semble heureuse. Était-elle heureuse avec votre père ? Pas le temps de lui imaginer une enfance à ses côtés que le devoir t’appelle. Fondus dans la foule, tu repères des pickpockets en train de se remplir les poches. Ça fait longtemps que tu n’opères plus dans leurs rangs mais on oublie jamais totalement d’où on vient. L’un s’approche de Yara, uniquement préoccupée par la partie en cours alors tu sors de ta torpeur afin d'empêcher le voleur de l'atteindre. Percutant ce dernier précipitamment, tu te retrouves à pousser par mégarde d'autres personnes. Dont elle. Vos regards se croisent et tu restes là, immobile, silencieuse, suspendue à ses pupilles célestes. « Je crois que c'est à vous. » Bon ok t'en as peut-être profité pour te la jouer super-héroïne ayant bravé le danger et tu dévoiles son téléphone au creux de ta paume sans rien trahir de ta combine. « Vous pouvez essayer de rattraper le gars à qui je viens de le récupérer ou vous pouvez me remercier en me payant un verre ? » Les mots glissent sur tes lèvres avec une telle aisance pourtant à l'intérieur de toi, la tempête bat son plein.

@Yara Sarhan
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Le regard rivé sur l’extrémité de la queue du billard, concentrée sur la trajectoire de la balle, elle ne s’en remet plus qu’à la chance, et son talent, sous l’œil scrutateur de ses adversaires qui n’attendent qu’une erreur de sa part pour se réjouir. Le sourire assuré, elle joue d’une arrogance qui ne la rendra pas meilleure pourtant, mais qui lui donne l’impression au moins de profiter un peu plus du moment. Sourire crânement, se prêter au jeu pour de vrai, accepter le challenge sans détour, pour ne surtout pas avoir à penser à autre chose.
Les doigts refermés sur le bois, elle prend son élan en reprenant son souffle, prête à frapper d’un coup sec et décisif. Mais on en décide tout autrement ; brusquement bousculée par quelques personnes, elle manque son coup sous les rires de ses camarades avant de se retourner vers les fautif·ves, le regard incandescent, prête incendier lae responsable de son échec dont se délecte ses adversaires sans pitié, empressés de continuer la partie.

L’œil s’égare près de ce qui semble n’être qu’une adolescente, même pas en âge de se trouver ici. La frustration n’en est pas moins ravageuse, se concentre sur sa prétendue sauveuse en récupérant son téléphone d’un grognement. “Hm, merci.” qu’elle répond machinalement, sans parvenir à quitter cette gamine du regard. L’absence d’une aura signalant une nature de mutante lui assure au moins de ne pas se tromper, qu’il n’y a aucun piège derrière son apparence, quand elle répond d’un haussement de sourcils à sa demande bien assurée pour une personne de son âge. “T’es pas un peu jeune pour boire toi ? Tu t’es dit que j’allais être moins regardante que la barmaid si tu jouais les sauveuses ?” Malgré la certaine rudesse du propos, un sourire étire ses lèvres et elle secoue la tête d’un soupir. “C’est bien un loi débile de toute façon. Si y’en a pour croire que c’est parce que c’est interdit que vous y touchez pas, y se fourrent le doigt dans l’œil.” Elle a bien été la première à les enfreindre, ces lois, et à assurer à sa fille de bons conseils plutôt qu’une interdiction frustrante qui aurait somme toute seulement contribué à la braquer et agir dans son dos de manière irresponsable. “M’enfin c’est pas bien malin de venir te pinter toute seule, la prochaine fois, viens avec des copains plutôt que de taper la discute avec des gens qu’ont trois fois ton âge.” Merde. Ça fait mal de le dire tout haut. “Les vieux cons bien trop heureux de te filer un verre douteux font légion, si tu vois ce que je veux dire.” Ça n’a jamais été une bonne chose d’accepter le verre d’un·e inconnu·e, mais celle-ci s’y essaie sans douter une seule seconde de sa démarche. Une inconscience qui frise l’insolence.

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Elle va te remercier, te payer à boire, te raconter des trucs intéressants sur sa vie (sans importance ou incidence sur la tienne mais tant pis) et tu seras là, les yeux grands ouverts pour ne rien louper de ce moment, de son rire, de son regard, de son intonation. Tu parles d'un moment privilégié. La projection mentale se casse la gueule bien comme il faut car rien ne se passe comme prévu. Yara loupe son coup. Yara s’agace, soupire, se retourne vers toi sans un sourire. L’ombre du rejet plane sur ton beau visage, lequel perd aussi son sourire. Ce n’est pas faute d’avoir traversé les âges pour nourrir ton âme, la rendre plus solide, plus ancrée au fil des décennies mais il t’arrive d’avoir encore le quotient émotionnel d’une enfant de dix ans. Tu te vexes d’une remarque, d’un geste, de n’importe quelle situation te ramenant à ta condition humaine. Et la réaction de ta soeur en est l’exemple parfait.

Parfois tu oublies ton apparence trompeuse, laquelle trompe le public sur ton existence entière. Il t’imagine à peine adolescente, à peine amoureuse, tout juste en capacité de prendre une décision. Souvent, tu l’utilises à ton avantage mais ce soir, l’inverse se produit. T’as pas envie de te jouer d’elle ni de jouer avec elle, construire une relation basée sur de fausses notes quand vous avez déjà tellement d’instruments à accorder ensemble. Alors tu tentes de calmer l’ardeur de la mexicaine. « Tu te méprends sur moi. » Que tu commences à souffler dans le vent. Yara n’écoute pas. Yara est lancée sur son idée. Yara semble vouloir te donner une leçon. Si elle savait les bars que tu as fréquenté, les alcools que tu as dégusté, les interdits que tu as bravé. C’est bien là le problème, son ignorance. Et tu pourras avoir une réaction adaptée et adulte et tenter une nouvelle approche pleine de promesse.

Mais faut croire que tu ne seras définitivement jamais une adulte digne de ce nom. « La proxima vez, dejaré este cabron robar tus cosas. »« La prochaine fois, je laisserai ce connard voler tes affaires. » La langue maternelle remplace rapidement la langue adoptée, trahissant ta contrariété exagérée. Elle pourrait s’arrêter à ce cri du coeur. Elle ne s'arrête pas à ce cri du coeur. Les rires étouffés des gens autour, ces gens qui ne valent rien, ces gens qui s’amusent d’un tout, de ton nez rebroussé à ton front plissé, ces gens-là te contrarient encore plus. Alors tu sors de sous ta veste la main zombifiée qui t’aide au travail, passée experte dans la maîtrise des aiguilles, afin d’effacer leurs rires grotesques au rythme des boules lancées sur eux. « N’en loupe pas un seul. » Et tu laisses pistache (oui c’est vraiment son nom) taper sa meilleure partie de billard avant de filer au bar te payer ton propre coup à boire sans avoir rien d’intéressant à écouter d’autre que le marasme de tes pensées.


@Yara Sarhan
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La réaction de la jeune fille est prévisible. Aucune adolescente n’aime se faire rappeler son âge, encore moins dans un bar où elle tente d’obtenir un verre d’alcool en profitant de la possible coopération d’adulte. Mais la protestation a un petit quelque chose de différent, qu’elle ne relève pas du premier coup pour autant, lancée dans son élan. Ce n’est qu’une fois l’espagnol utilisé qu’elle fronce les sourcils ; croit-elle vraiment qu’elle ne l’entend pas, ne comprend pas ? Si, éloignée du domicile paternel pendant longtemps, son espagnol n’est pas parfait, elle le comprend tout à fait et adresse un haussement de sourcil suspicieux à celle-ci. Définitivement une enfant susceptible.

Mais là où elle ne voyait qu’une jeune fille qu’elle oublierait dans l’heure passée, elle s’assure de marquer les esprits en dégainant ce qui ressemble… tout juste à une main, orpheline, et vivante. “Putain !” Le juron lui échappe ; pas qu’elle n’ait jamais rien vu d’étrange ou de dérangeant, mais la chose a de quoi surprendre. Et est d’autant plus inquiétante qu’elle répond aux moindres caprices de la gamine, obéit à son ordre ravageur en s’attaquant aussitôt à l’assistance, attrapant des boules de billard pour les lancer sur les personnes attroupées. La disparition de la jeune fille inquiète moins Yara que les dégâts occasionnés et l’instinct veut qu’elle tente d’attraper la main responsable des dommages. (lancer de dés) L’échec est cuisant, la chose est bien plus difficile et insaisissable qu’elle n’en a l’air et le comble du ridicule est atteint quand elle se prend de plein fouet une boule jetée en direction d’une autre personne en tentant d’attraper cette satanée main. Fort heureusement, il ne reste bientôt plus de boules avec lesquelles faire plus de dégâts qu’elle n’en a déjà fait, mais c’est quand même assez pour éveiller chez Yara une violente contrariété, exacerbée par la douleur de son visage percuté par la boule de billard. Elle n’aurait jamais cru qu’une main comme celle-ci aurait autant de puissance, mais force est de constater que ça fait fichtrement mal, et qu’elle écopera bien d’un coquard.

La responsable de ses maux est avisée au comptoir, et elle se dirige vers elle sans plus tergiverser, s’installe sur le tabouret voisin en attirant l’attention de la barmaid. “De la glace et un torchon, s’il vous plait. Je me suis cognée.” Mais le regard adressé à sa voisine de comptoir est lourd de sens. Elle ne s’est pas cognée, a seulement écopé de la sale humeur d’une gamine incapable d’entendre un refus. Cette fois-ci, en lui adressant la parole, elle s’empare du même ton, de la même langue, pour lui faire comprendre que ses commentaires en espagnol ne sont pas tombés dans l’oreille d’une sourde. Et la prochaine fois, t’éviteras de faire pire que ce type en agressant ces gens. Qui faut-il être pour attaquer ainsi des gens dans un bar ? “Si t’es vexé que j’ai pointé le simple fait que t’es trop jeune aux yeux de la loi pour boire, réfléchis peut-être à y répondre de manière plus posée et constructive.” Elle ne doute pas une seule fois d’avoir été aussi agressive, parfois méchante à escient, à son âge, mais l’adulte qu’elle est aujourd’hui a pris de la distance avec l’adolescente malheureuse et emplie de colère qu’elle a été. “Ça pourrait t’épargner bien des situations désagréables.” Si elle ne compte pas se venger de cette jeune fille, elle ne doute pas qu’elle trouvera un jour sur son chemin plus susceptible qu’elle, et finira bien par en pâtir.

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Accoudée au bar comme un navire en plein naufrage tu observes ton verre sans y toucher. Les effluves du cocktail charment tes sens sans grande difficulté, seulement la rumination t'empêche d'en apprécier les notes sucrées.
Tu aurais voulu que les choses se passent autrement, se passent bien. Mais qu'est-ce le bien dans ton monde ? Un cauchemar. Une malédiction. Un tourment éternel.
Ton monde est bercé par le ronronnement de la mort depuis aussi longtemps que tu t'en souviennes, la mort comme ennemie, rivale, compagne, alliée, gardienne. La mort est ta rédemption et ta chute.
Elle sera ta plus belle danse.
Mais beaucoup de gens ne connaissent pas sa rythmique, son refrain, croient en vain qu'il faut l'éviter pour y survivre. Quand il te semble que la plus redoutable des deux soit finalement la vie.
La vie et ses contraintes, ses devoirs, ses stéréotypes.
La vie est un cadeau, un poison.
Un cocktail que certains lèvres goûtent à peine.

« Peut-être que j'aime les situations désagréables. » Et tu tournes la tête vers Yara, avises la blessure au niveau de son arcade sourcilière, devines l’ecchymose à venir dès le lendemain matin. Ce sera certainement douloureux et moche mais à la fois beau et authentique. « Pas toi ? »
D'un coup d'oeil tu avises l'état des autres joueurs de billard.
Pistache s'en est bien sortie.
Tu te demandes où elle est passée. Surement en train de voler des cacahuètes à une table pour les ramener à sa bouche qui se trouve sur son corps à des centaines de km d'ici. Dévouée petite main. Fidèle petite main. Dangereuse petite main.
D'habitude tu l'utilises pour t'aider à la couture, ses dix doigts expertes te permettent d'avancer ton travail beaucoup plus rapidement mais tu ne te prives pas d'une soirée entre filles. Surtout quand celle-ci t'amène à fricoter avec les mortels.
Tu supposes que Yara n'appartient pas à cette catégorie. Yara est spéciale, comme toi.
Forcément, vous êtes sœurs.

Et au-delà du lien de sang et de chair, il y a les informations récoltées. Yara est un instrument au service d'un orchestre multinational. Elle doit forcément valoir le détour pour entraîner les marionnettes de sa majesté des monstres depuis si longtemps.
« Et peut-être que tu ne devrais pas juger les gens d'après leurs apparences. » La langue claque, encore. S'enroule avec douceur, toujours. Se suspend un instant puis de nouveau, lui cède la parole. « N'est-ce pas ? » Tes questions semblent réclamer des réponses et tes questions semblent s'en passer.
L'index se soulève.
« Et... »
S'abaisse.
« Non je crois que c'est tout. » Oui, tu as fini de lui faire la morale quand elle devrait être la seule personne légitime à pouvoir s'octroyer ce rôle, ce droit. Si vous aviez grandi ensemble, peut-être. Si vous aviez partagé des souvenirs, des rires, des pleurs, peut-être. Si vous aviez été plus qu'un peut-être.
Vous êtes seulement deux inconnues dans un bar.
L'une le visage amoché. L'autre le cœur égratigné. Sans vouloir monopoliser l'attention, son œil guérira en quelques jours, ton organe ce n'est pas certain qu'il s'en remette.

@Yara Sarhan
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Un sourcil relevé, l’œil scrutateur, elle ne la quitte pas du regard, sans pour autant savoir qu’en penser, malgré le temps qui passe. Joue-t-elle sciemment les mystérieuses pour se donner un genre, paraître plus importante qu’elle ne l’est ? Elle ne serait pas la première adolescente à jouer à ce jeu. Et Yara est trop lasse pour courir après des explications, plonger droit dans le piège et danser encore longtemps pour elle. Il lui semble avoir déjà assez pâti de la situation. Un roulement d’yeux accompagne les propos de la jeune fille, qui s’étale encore, l’air mystérieux, son petit nez relevé avec mépris, presque hautaine, à ne pas se poser de questions et seulement se heurter au sens commun d’autres humbles mortels. De quoi lui donner un sacré mal de crâne et achever de la convaincre de la laisser crever la gueule ouverte, sans une goutte d’alcool à se mettre sous la dent.

D’un soupir, elle signe sa reddition, peu décidée à se creuser l’esprit dix ans encore pour trouver une explication plausible. Elle en a déjà assez de danser sous les doigts fins de la manipulatrice. “Allé, dis-moi ce que ton apparence cache et je réfléchirai p’t’être à te payer un verre, si t’es assez convaincante.” Encore faudrait-il qu’elle le soit, mais leurs interactions ne lui donnent aucunement envie de lui faire confiance ou de lui accorder le bénéfice du doute, étrangement. “Tu brûles d’envie de me le dire. Tu fais la maline depuis le début.” Elle n’a loupé aucun des sous-entendus dispersés, a seulement préféré ne pas y accorder d’attention, ne pas lui offrir pile ce qu’elle voulait. Et maintenant qu’elle lui offre une chance, c’est à se demander ce qu’elle va bien tenté de lui faire avaler. Le mensonge sera simple à déceler, si elle s’essaie à lui faire croire être une mutante dissimulant bien son âge par quelque déchirure étrange. La vérité, c’est qu’elle l’attend pertinemment sur ce terrain, l’observe avec un demi sourire, presque sûre que la jeune fille ne résistera pas à une tentative de l’enfumer.

Les glaçons enroulés dans un torchon qu’on lui apporte ne tarde pas à être déposés contre l’hématome qui commence à se former, soulage un pan de la douleur sans toutefois la dérober à l’attention de cette fille. “De quelle superbe manière tu m’as roulé dans la farine et me fait passer pour une idiote finie ?” La flatterie est à vomir, mais le ton presque défiant, à lui offrir un challenge autant qu’une chance de s’expliquer rend le tout plus digeste. Elle ne dévie pas, le regard planté dans le sien, l’attente lasse et fatiguée.

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Contres toutes attentes, Yara revient vers toi. Yara tente la carte de la coopération. Yara propose de t'offrir (tout) ce que tu désires. Une relation basée sur la confiance ? Non. Juste un verre payé dans un bar au milieu d'une foule insignifiante.
Littéralement un rêve éveillé. Et tu ne peux t'empêcher d'en rire.
« Oh arrête tu vas m'émouvoir. »
La tête pivote dans sa direction, louche un peu sur la blessure causée par son geste héroïque. Elle passe définitivement trop de temps avec ces pantins d'Icarus qui se prennent pour ce qu'ils ne sont pas : des pansements à poser sur la face de la réalité.
« Tu ne m'as pas vraiment laissée le choix à te montrer aussi... » un air (faussement) pensif se pose sur les traits de ton visage paralysé depuis des années maintenant « quel est le mot en anglais déjà... » hautaine désagréable insultante orgueilleuse fière, tellement de possibilités et de nuances « méprisante ? » Oui voilà, ce mot là.
A te traiter comme une gamine sans rien savoir de toi. A se baser sur ta frêle apparence pour tirer des conclusions hâtives. A refuser de laisser son imaginaire bousculer les contours de son monde pourtant rempli de miracles et de monstres. Est-ce que tous les adultes deviennent aussi chiants avec l'âge ?
Seulement les plus usés par la vie penses-tu.

Y'a une sorte de lassitude dans la façon d'être de ta sœur. Las de sa routine peut-être, de son existence monotone qui ne lui apporte plus la saveur d'antan, la fièvre d'autrefois. Car toi non plus tu ne perçois pas ce qui se trame derrière son apparence.
Et c'est bien dommage.
« Tu ne vas même pas faire l'effort de deviner ? » A peine vexant. Un soupir t'échappe sans déployer le moindre effort pour le retenir. « Tu es d'un ennui mortel Yara. » Et le prénom aussi t'échappe comme une quinte de toux remontant le long de ton oesophage, longeant la courbe de ton palais et glissant depuis tes lèvres enrobées d'éternité.
Tu ne t'en rends pas compte.
Les yeux dérivent sur le verre commandé par dépit, loupent l'expression qui gagne et guette le sang de ton sang, la chair de ta chair. « C'est simplement de la magie » que tu expliques « un peu de vaudou, un peu de tricherie, des gens prêts à troquer leurs années de vie contre... » les demandes sont si nombreuses, les dettes également « à peu près tout. »
Et tu reviens finalement couler ton regard dans le sien.
« Ce sont elles qui me permettent de rester jeune. »
Jeune, belle, fraîche, en parfaite santé. Ou presque.

Ni tout à fait vivante. Ni tout à fait morte.
Un état d'entre eux. « Et tu veux savoir le plus drôle ? » Parce que cette histoire possède une chute, évidemment. « Ce n'est même pas moi qui lance les sorts. » Aucun pouvoir ne t'incombe. Aucune responsabilité.
Ton seul mérite étant de bénéficier de l'amour inconditionnel de tes parents. Lesquels se montrent plutôt généreux te concernant.
Tes erreurs sont pardonnées.
Tes désirs sont exécutés.
Tes caprices sont satisfaits.
Et pourtant... pourtant tu présentes ta conclusion avec un soupçon de réserve. « J'en suis juste l'heureuse élue j'imagine ? » Dans ta voix, il y a tout ce que tu ne dis pas. La sensation d'étouffer parfois sous les attentes, de ne pas être à la hauteur de ces privilèges qui te submergent, de vouloir plus aussi ou moins, vouloir ce que les autres ont.
Une personne. Ta personne. Pour construire avec elle une existence entière. Mais tu as beau t'acharner à la trouver, tes tentatives se soldent toutes par des échecs, des ruptures. En grande partie à cause de cette famille un peu trop présente, dont tu ne peux te détacher.


@Yara Sarhan
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Le cirque n’en finit pas, mené d’une main de maître par celle qui a toute l’apparence d’une enfant mais se permet une suffisance et une arrogance que l’on aurait préféré ne pas voir sur minois aussi jeune. Le blâme retombe sur Yara sans lui extorquer plus qu’un sourire amusé ; elle ne pense pas avoir été bien méchante, quand cette jeune femme s’est permise d’agresser trop de gens dans ce bar pour s’en sortir aussi facilement. Mais elle ne s’essaiera à aucun argument pour contre la mauvaise foi de son interlocutrice, décidée à l’enfumer plutôt que de parler clairement. Elle avait signé pour une soirée loin de ses embrouilles et n’avait pas prévu de se retrouvée confronter à une effrontée décidée à lui chercher les poux. “C’est ça quand on vieillit, on devient chiante.” La langue claque avec une moue désabusée. Elle n’a pas besoin de contrer les insultes, accepte les faits. Si elle avait encore envie de se montrer aimable au début de leurs échanges, plus le temps passe, et plus elle fatigue. Elle aurait préféré aller droit au but, mais ça n’a pas l’air d’être dans les manières de faire de cette inconnue.

Elle aurait aimé dire qu’une réponse pouvait lui suffire, qu’elle s’en accommoderait et passerait son chemin. Mais le prénom s’est agrippé à son oreille, ne la lâche pas, lui souffle qu’il y a bien anguille sous roche. Merde. L’impression de s’être faite avoir sur toute la ligne est d’autant moins plaisante, la rend maussade. “Va falloir me mettre en contact avec ton lanceur de sort alors, l’horloge tourne pour certaines d’entre nous. Je vais pas tarder à être toute vieille et ridée.” En plus d’être ennuyeuse et méprisante. A croire que l’âge rend les gens aigri. Mais elle n’est pas sûre que l’apparence physique suffise à la sauvegarder de ces dérives.

Les explications manquent de lui faire rouler des yeux, mais ont au moins un petit quelque chose d’original qui lui tire un sourire moqueur. “Du vaudou, hein ?” Qu’est-ce que les gens vont pas inventer. “Y’a vraiment des gens qui aiment mystifier leur mutation, putain.” Pas besoin de chercher bien loin pour comprendre l’origine des phénomènes inexpliquées qui pullulent à New Blossom. Ils ont bien tous la même cause : les mutations qui se sont déclarées au sein de la population et qui prospèrent comme jamais depuis la commercialisation du V et du Red. “C’est quoi, la prochaine étape ? Ton type est un putain de gourou qui se permet de prendre des années de vies de ses fidèles pour les refiler à des gamines pour qu’elles vieillissent jamais ? Tout ça sans que personne capte l’arnaque ?” Ce ne sera pas le premier, ni le dernier, à se mettre sur un piédestal par amour des foules ; les super-héros d’Icarus Inc. en sont le parfait exemple. “Et du coup, quoi, tu viens impressionner des inconnues dans des bars par ton tour de passe-passe et ton âge véritable ?” A moins de les choisir à escient. Fait-elle si vieille que ça, pour qu’on la pense intéressée ? “Si c’est pour me convaincre d’avoir recours à ta solution miracle ou je ne sais quoi, tu peux passer ton chemin.” A-t-elle fait ses recherches, identifier sa cible, dénicher son identité, pour tenter de lui faire miroiter une jeunesse éternelle ? Si elle avait mieux fait son travail, pourtant, elle aurai su que si Yara a beau voir la retraite s’approcher d’un œil inquiet, ça ne suffira jamais à lui faire accorder sa confiance à un quelconque hurluberlu.

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Burnin' like a dyin' starTRIGGER WARNINGS RELIGION, CULTE, SECTE, FANATISME, VIOLENCE, MORT, MEURTRE, HALLUCINOGÈNES, SACRIFICES HUMAINS, REPTILES EN CAPTIVITÉ, SEXE, DROGUE, ALCOOL
I need somethin’ soft, down feathers over rocks. I died and I land with both of my hands in the mud. It felt like a God, how she held me. I was almost pulled apart. Tryin’ to leave this orbit took what’s left of me.



“ C’est ça quand on vieillit on devient chiante. “ Ah oui ? Étrange. Toi tu trouves que tu t’améliores avec l’âge, accordant beaucoup moins d’importance à des détails insignifiants - comme les conflits armés dans le monde - pour en consacrer davantage aux véritables causes de ton existence - comme tes romances sur fond de poésie - mais peut-être cela te rend-il plus détachée ou sournoise ou froide. Peut-être deviens-tu la pire version de toi-même.
“Va falloir me mettre en contact avec ton lanceur de sort alors… “ tu t’amuses de sa façon de le décrire, ton père, ton héros, ton négociateur préféré car personne ne négocie le prix d'une vie comme lui et si tu essaies d'appliquer ses conseils, tu es encore loin de son niveau. " Je vais pas tarder à être toute vieille et ridée. ” Le destin n'est pas clément avec tout le monde, faut-il croire. « Moi je te trouve magnifique » et tu lui dis, sans le moindre filtre « chiante oui » mentir c'est mal « mais ça n'enlève rien à ta beauté naturelle. »
Yara n'est pas très sensible à ton compliment. Yara ne semble pas du genre sensible. La sensibilité de Yara semble en proie au tourment de l'âge adulte quand de l'âge adulte tu ne retiens que les aspects positifs. “ Y’a vraiment des gens qui aiment mystifier leur mutation, putain. ” Tu fronces les sourcils, pas certaine de comprendre pourquoi elle réagit de cette façon, incapable de voir le mal caché derrière. « Oh il est né comme ça » à toi de justifier le comportement totalement abusé et abusif de ton guide vers les ténèbres.

" C’est quoi, la prochaine étape ? " elle ne saisit pas le bien fondé motivant les actions douteuses du très respecté et respectable Baron Samedi quand tu es focalisée dessus, quand tu ne vois que ça, les miracles et les malédictions jetés par le divin lui-même sur le commun des mortels. « C’est pas une arnaque, plutôt une affaire qui convient à tout le monde. » Personne de votre communauté ne s'en plaint et qui irait se plaindre de ce cher Saint-Denis avec ses doigts magiques et ses paroles dangereuses et ses pensées biscornues ? Personne.
« Si je cherchais à t’impressionner Yara, tu aurais déjà les yeux qui pétillent d’excitation » ce n’est pas le cas « je souhaite simplement discuter avec toi » apprendre à la connaître. Mais tu te rends compte des limites de ta démarche, tu te rends compte qu’elle ne peut pas fonctionner sans lui révéler la véritable raison de ta présence. « En réalité, je crois que tu es ma solution miracle » ça semble à peine exagéré après le baratin sur ton putain de gourou utilisant des années de vie pour conserver jeunesse.
Pourtant tu ne te décourages pas, forte de tes croyances, lesquelles t’amènent toujours à te dépasser et dépasser les frontières des mondes aux alentours. Parce qu’il existe autant de mondes que d’individus, autant d’aventures que de rencontres, autant d’épreuves que de victoires. Il te faut simplement lui présenter ton point de vue sans totalement dilapider le sien. Yara n’est pas une cible à convaincre ni une victime à contraindre, encore moins une enfant perdue à ramener vers le droit chemin, le chemin obscur.

Yara est ta sœur. Et cette vérité compte plus que tout. Yara n’est pas au courant de votre lien. Et cette lacune change absolument tout. Puisqu’il te revient la lourde tâche de bousculer son univers, bousculer son existence, la bousculer corps et âme. Comment faire ? Tu sais te montrer douce au besoin. Tu sais aussi que ton approche en l’état ne peut aboutir à une suite. Alors tu sais ce qu’il te reste à faire.
Tu avales une gorgée de ton verre avant de finalement lui révéler le thème de la soirée. « Je n’avais jamais eu de soeur avant de te rencontrer » et tu ne pensais pas l’apprendre, des années plus tard « enfin si j’en ai deux » Ebony et Ivory « mais elles sont dans l’au-delà » leurs enveloppes charnelles retournées à la terre « du coup on a une relation un peu particulière. » C’est le moins que l’on puisse dire. Elles te sont venues en aide quand tu en avais le plus besoin et pour cela tu leur seras toujours éternellement reconnaissante cependant tu ne peux pas les serrer dans tes bras.
Pour autant elles continuent de veiller sur toi, à leurs manières. Et vous avez établi des moyens de communication ensemble, inventé votre propre langage, votre planche ouija te permettant de leur parler sans passer par ta mère. Tu leur as justement demandé de ne pas ébruiter ta mission du soir, désireuse de pouvoir apprivoiser ta nouvelle variable en toute tranquillité.

@Yara Sarhan
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Y’a pas à dire, la soirée est divertissante, et a le mérite de lui changer les idées. Elle n’avait pas pensé endurer une conversation sans queue ni tête avec une jeune fille pas si jeune que ça (à ce qu’il parait), encore moins se faire frapper par une main orpheline, mais il faut croire que le destin réserve toujours des tours curieux à celleux qui ne s’y attendent pas. Elle ne manque pas d’air, c’est le cas de le dire, mais elle a au moins le mérite d’être distrayante, en serait presque agréable quand quelques compliments se glissent dans la conversation. A force, elle ne sait plus bien si elle essaie de la vexer ou de s’attirer ses bonnes grâces, à la voir badiner, les yeux brillants et le menton arrogant. Et cette fille a beau prétendre le contraire, Yara lui prête trop facilement des allures et réflexes d’adolescentes avide de faire ses preuves, et trop vite mise à mal par l’indifférence des adultes.

Une énergie étonnante se dégage d’elle, le genre d’énergie à tout calciner sur son passage si seulement elle le voulait. Elle ne se suffit que de son avis, ignore tout autre jugement que le sien, et chaque nouvelle parole qui ferait presque s’étouffer Yara est scandée avec toujours autant d’assurance. Peut-être est-ce une bonne chose qu’elle ait délaissé son verre pour tenir le torchon de glaces sur son crâne, au risque d’avoir avalé de travers. Qu’essaie-t-elle encore de lui faire avaler ? “Ah ouais ? Et tu sors ça d’où, qu’on est sœurs ?” L’amusement perce, sourcil haussé et œil défiant. Elle est incapable d’y prêter une quelconque valeur, à ces paroles, y voit une énième farce, une métaphore obscure, peut-être, sans comprendre la vérité que cette jeune femme énonce pour de vrai. “J’aimerais bien savoir ce qui fait de nous des sœurs, parce que là, c’est un peu le néant, tu vois.” Elle rentre dans son jeu comme elle entre dans le jeu de Gabriel quand il s’empresse de raconter le quotidien époustouflant du Metaworld, par facilité, par habitude, sourire aux lèvres, mais désabusée. Elle ne comprendra jamais.

Un semblant de sérieux se reprend d’un soupir, en reposant le chiffon maintenant humide sur le comptoir. Elle ne sait pas par où commencer, quel fil tirer pour amener un peu de logique dans cette conversion - une adulte recadrant une enfant. “Ecoute, c’est pas que j’ai pas envie de comprendre, ou de t’aider, quoi que t’essaie de me dire.” Elle a pourtant l’impression d’avoir donné, niveau bonne volonté, depuis le début de cette conversation. “Mais depuis le début, tu tiens un discours très confus et… je sais pas, être franche et honnête, m’expliquer un peu ce que tu veux vraiment, ce serait vraiment un bon point de départ, tu crois pas ?” Sans passer par des sous-entendus brumeux, une myriade de mystères. Il lui semble qu’elle se fait un malin plaisir de la pousser dans un labyrinthe pour la voir se débattre et chercher la sortie les yeux bandés. “Parce que là, vraiment, tu m’as perdu.” Et ça, depuis longtemps.

Peut-être aurait-il mieux valu l’ignorer et sortir du bar sans demander son reste, continuer sa soirée ailleurs (en croisant les doigts pour que cette étrange fille ne l’ait pas suivi). Mais il lui semble qu’il est bien trop tard pour faire machine arrière, maintenant. “J’ai le droit d’avoir ton prénom, au moins, pour qu’on parte sur un pied d’égalité ? Ou ça, c’est comme ton âge, je vais devoir le deviner avec tes supers indices ?” Sourcil haussé, la moue presque boudeuse, elle lui tend une perche en priant pour qu’elle la saisisse enfin, plutôt que de se réfugier dans ses airs mystérieux et nébuleux.

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Comme tu le présages, Yara doute de tes paroles même si la vérité et seulement la vérité roule sur ta langue. C'est justement le problème. Cette dernière se révèle souvent plus dure à entendre que le mensonge. Par (mal)chance tu aimes relever les défis les plus coriaces.
Humaine se jouant des médisances du temps.
Alors tu comptes bien la convaincre d’ici ce soir. Ou demain. Tout dépend si ta frangine quitte le bar précipitamment pour tenter de s’enfuir le plus loin de toi. Tenter oui car tu sais où elle réside, où elle travaille, où elle aime se changer les idées. Et non, tu ne considères pas cela flippant, après tout c’est du simple renseignement basique.
« Nous avons en commun notre père… ce bon à rien. » Confession du cœur se mêle à la conversation. Tu ne portes pas en grande estime ton géniteur et ne te prives pas de le clamer. Une ordure reste une ordure peu importe l’avis de tu hermana le concernant.
« J’ai retrouvé sa trace grâce à mes parents adoptifs y’a quelques années » l’avantage de pouvoir compter sur des sorciers et leur communauté ésotérique remplie de merveilleux dévots prêts à exécuter toutes les missions données « mais les retrouvailles ne sont pas très bien passées » une rencontre plutôt houleuse.
Tu lui en as voulu pendant très longtemps « du coup je l’ai maudit pour le punir » non seulement de t’avoir abandonnée enfant, également d’avoir reproduit cette erreur adulte. Ce n'est pas forcément le meilleur moment de lui annoncer néanmoins tu te veux entièrement franche avec ta soeur « donc je ne pensais pas le revoir à New-York. »
Les souterrains de la ville sont remplis de surprises plus inattendues les unes que les autres. Celle-ci se hisse tout en haut du rang et tu ne t’es pas privée de le suivre en douce avant de découvrir l’existence d’une autre progéniture, plus âgée que toi, dans son existence.  
« Je veux juste apprendre à te connaître » quoi d’autre ? Et tu penches la tête de côté quand elle te demande ton identité, s’intéressant à ta personne. Un délicat sourire carnivore s’installe sur tes lippes. Tu dévores chaque seconde passée en sa compagnie.
Évidemment, tu aurais préféré ne pas être responsable de blessures à son encontre bien qu’en théorie c’est la main zombifiée la véritable coupable. « Je m’appelle Jezabel » Jezz pour les intimes, Marvis pour les étrangers « Jezabel Laveau » un nom rendu populaire, un nom parfois associé au mal absolu ou au miracle mystique.
Un indice sur le comment tu altères ton vieillissement, sur le pourquoi tu es aussi étrange. Les Laveau ont la réputation de sillonner les dédales du royaume sombre où les âmes errent et reposent. Comme ta chère mère, Louise.
« A mon tour, est-ce que tu as des enfants ? » Tu aimerais bien te découvrir tata d’une ribambelle de nièces et neveux à qui présenter tes reptiles les plus dangereux. « Ou des petits enfants ? » Tes prunelles scintillent à l’idée de cette famille dont tu ne connais rien mais qu’il te semble déjà, si facile à imaginer.
Une nouvelle aventure en terrain inconnu.

@Yara Sarhan
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