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the past is never dead (laudna)

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the past is never dead.
@osmond rose & @laudna dee
tw: sang, mention de rituel.

El pueblo de las Hermanas est un petit village logé à l’orée de la forêt Chiclata. Ses quelques maisons en bois de bambou, torchis et briques reposent calmement sur plusieurs hectares de terre en friche, le tout parcouru par un réseau de chemins tracés qui vont d’un logement à l’autre, traversant ainsi le village du nord au sud, où la Chiclata ouvre ses portes sombres.

La première fois que Bobby s’est téléporté ici c’était il y a quatre jours. Il pleuvait comme vache qui pisse et la pauvre raclure 'trop vieille pour ces conneries' s’est retrouvée les pieds dans la boue argileuse et les vêtements trempés. Bobby ne s’est pas moins félicité d’avoir atterri dans une zone dégagée - ce qui n’était pas gagné, étant donné son ignorance totale sur le point de chute, et la distance parcourue - et avoir trouvé du premier coup ce lieu paumé en ne se fiant qu’à des coordonnées géographiques données par le Serpent et une photo satellite floue (pixelisée) trouvée par Snap. Bobby a fait un tour rapide sans entrer directement dans le village, qui ne lui a rien inspiré de bon malgré ses allures tranquilles et pittoresques, puis, une fois ses repérages faits, il s’est retéléporté.

La deuxième fois que Bobby se téléporte c’est en compagnie du Serpent, quatre jours après sa première visite. Il ne pleut plus, ce qui tire une petite moue rassurée et morne chez Bobby, et le soleil est même plutôt persistant. Bobby retire sa main de l’épaule du Serpent, observant avec lui les parages. "Told you; this place is dead." Derrière ses lunettes de soleil pitch black, Osmond contemple en effet un village fantôme. "So it seems," répond-t-il doucement, presque trop pensivement - et très énigmatiquement, se dit Bobby - tandis qu’il lève son bras et vient visser sur sa tête son Panama. La couleur ivoire de son couvre-chef jure radicalement avec sa chemise et son pantalon noirs, si ce n’est pour le bandeau du Panama qui lui aussi est noir. "You think it’s-- Bobby, please," l’interrompt-il tout aussi doucement, la mine sans doute indulgente - c’est assez difficile de savoir, entre les verres épais et l’ombre que créé le Panama, "don't keep Laudna waiting." La voix s’est fendue d’une sollicitude réelle. Bobby hoche la tête, un rien démotivé à l’idée de se retrouver même quelques secondes seul avec Laudna, puis disparaît.

La troisième fois que Bobby se téléporte c’est donc en compagnie de Laudna. Il retire très rapidement sa main de l’épaule de la jeune-femme en faisant mine de réajuster son lourd manteau en cuir usé. "Alright, need another ride?" Il y a quelque chose de cocasse à l’entendre parler comme un taxi, car, après tout, c’est ce qu’il est. "No, thank you Bobby." Osmond sourit légèrement, avec la politesse d’un client, mais surtout la familiarité d’une vieille connaissance. Il se tourne momentanément vers Laudna, lui dédiant la suite de son sourire et ce dans les mêmes proportions. "It will just be the two of us." La sourire s’étiole doucement tandis qu’il ramène son regard en verre noir sur le village de Las Hermanas.

Osmond a été économe en terme d’informations quand, plusieurs semaines auparavant, il a confié à Laudna vouloir l’emmener avec lui en Amérique du Sud et plus spécifiquement en Equateur. Il lui a simplement dit avoir trouvé la trace d’une mutante aux capacités redoutables et probablement opportunes, en cela qu’elle sait, dit-on, lever des malédictions. Osmond cache peu de choses à Laudna - juste assez, disons, tout comme Laudna lui cache juste assez de choses pour qu’il ne lui fasse jamais entièrement confiance - et sa malédiction est un détail sur lequel il s’exprime certes peu, voire pas, mais connu malgré tout de Laudna.

"Alright," répète plus mollement Bobby, observant lui aussi et une dernière fois en direction du village, avant de se tourner vers les deux plus pâles touristes que le coin ait probablement jamais vus. Il regarde sa montre, puis tire de l’une de ses poches de jean un téléphone satellite plus gros que celui qu’Osmond garde dans l’une de ses propres poches. Bobby l’agite doucement sous le nez d’Osmond et de Laudna. "Give me a call when you want to come back." C’est ce qui est de toute façon convenu. Mais Bobby ne peut pas s’empêcher de bien répéter les choses, parce que ni Osmond, ni Laudna, ne savent très bien utiliser ce type de matériel - n’importe quel matériel, en vérité… - et parce que cette petite sortie, tout comme ce petit village, inquiètent en vérité beaucoup le vétéran. Et après plus de vingt ans passés dans l’Underapple, il commence à avoir du nez pour les situations merdiques. "Don't forget to turn the antenna," précise-t-il, joignant la parole au geste en tournant l’antenne de son téléphone. "Bobby," Osmond sourit à nouveau, avec une confiance tranquille et presque trop détachée, "we got this." Il n’y a rien de moins sûr pour Bobby. Aussi terrifiants que puissent être le Serpent et Banisher, seul.e.s ou ensemble, ils ont, de notoriété publique, l’habilité d’un.e nonagénaire en matière de technologie. Il soupire, résigné. Range son téléphone satellite. Les épingle de son regard lourd et fatigué. "Be careful." L’attention, marmonnée d’une manière bourrue, pudique et honnête, est tout autant dirigée à l’attention d’Osmond que celle de Laudna. Il disparaît dans un craquement extrêmement discret.

Bobby parti, le sourire d’Osmond s’étiole une seconde fois. Une gravité profonde s’est emparée de ses traits. Malgré la présence du soleil, l’air est plutôt frais et secoue paresseusement la flore environnante - les quelques arbres alentours, les buissons et, plus loin, au-delà du village, la masse épaisse de la forêt Chiclata qui oscille comme un seul corps. "It won't take long," commence-t-il, la voix naturellement plus feutrée en surface et sur une étendue aussi ouverte, "but it could get tricky," avoue-t-il sans émotion. Comme lui donnant raison, la silhouette d’un âne très brun traverse soudain le village à un rythme lent, quelque chose qu’ils peuvent voir car, bien qu’il soit sorti de nulle part, il emprunte maintenant l’un des chemins tracés par l’Homme et descend dans leur direction. Osmond observe longuement le phénomène, sans réagir ni rien en dire, avant de tourner le visage vers celui blond en contrebas. "Never leave my side, Laudna." Sa prévenance garde en gravité, et le silence qui s’ensuit donne à sa requête une substance autoritaire. Il hésite à lui prendre la main et cela se voit, dans ce petit mouvement de poignet qui pendouille dans le peu de vide qui les sépare.

Mais n’en fait finalement rien. Amorce plutôt leur marche en direction du village de Las Hermanas. L’âne continue lui aussi sa course quiète, se rapprochant d’eux au fur et à mesure. Quand ils ont tous les deux traversé l’entrée village et que l’âne les a rejoints, ils peuvent remarquer qu’il n’est pas si brun ; sinon que couvert de sang frais. Les rayons du soleil au zénith le font luire comme une sculpture en bronze et abîment visiblement la fraîcheur de la couronne de roses pendue à son cou. Voyant que les visiteurs.ses sont tenté.e.s de le toucher, un petit garçon sort lui aussi de nulle part et avertit, l’air solennel et sérieux. "No lo toques. O se morirá." En short jaune et débardeur blanc, le garçon les toise en se grattant distraitement le dos de ses mains couvertes d’un peu de sang, d’un peu de pétales. Osmond ignore l’âne et se tourne vers lui. "Hola." Il a un petit signe poli de la tête, d’autant plus souligné par son couvre-chef couleur ivoire. "Buscamos a las hermanas Morales." Son accent est celui d’un anglais parlant un castillan lisse voire académique. "¿Las hermanas?" reprend en écho le petit garçon, se fendant soudain d’un sourire sardonique. Il lève ses bras, désignant le village. "Ya las has encontrado." Un petit rire moqueur lui échappe. "Sergio", appelle une voix masculine derrière lui, venant de l’une des maisons. Sergio sursaute, recule de quelques pas en toisant plus longuement Laudna, puis rebrousse chemin en direction de cette même maison dans laquelle il s’engouffre.

"A very warm welcome," remarque Osmond, sans être agacé - même plutôt amusé. Il se tourne vers Laudna, un regard envers l’âne couvert de sang. "Did you touch it?" Le silence qui s’ensuit n’est cette fois pas autoritaire. Il est calme, épais de curiosité. "The boy said it would kill it."
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tw: mention d'attentat et de mort, deuil, dépression, relation parentale abusive, langage cru, sang, mention de rituel

Bobby met toujours un point d'honneur à passer le moins de temps possible en ta présence, surtout en l'absence d'Osmond. Pourtant, il n'insiste pas quand tu prends tout le temps du monde à te relever du fauteuil où tu t'es avachie en l'attendant, les yeux dans le vides, tes mains profondément enfoncées dans la poche centrale de ton hoodie. Il ne fait pas de commentaire quand tu lui adresses un regard lugubre qui ferait pleurer un enfant, n'ose rien dire non plus quand tu traînes tes baskets usées jusqu'à lui, fait mine de rester tranquille quand tu es suffisamment proche pour le toucher.
Malgré tout ça, comme un fine pellicule sur ta peau, tu sens sa peur et son inimité émaner de lui et t'envelopper tout entière. Tu en retires un certain plaisir, coupable, mais un plaisir tout de même. "Ready?" demande-t-il, la bouche sèche, levant déjà la main pour vous téléporter. Tu hausses une épaule. "Is it really warm there?" C'est peut-être ceci que Bobby déteste le plus, à propos de toi. Tu lui fais tellement, tellement peur; tu le mets tellement, tellement mal à l'aise; et tu as ce pouvoir absolument terrible de le démunir complètement quand tu le regardes avec tes grands yeux en lui posant des questions qui seraient presque enfantines si elles ne venaient pas de toi. "Like all Hell," marmonne-t-il en détournant les yeux. Il ne comprend pas quand tu t'esclaffes, un son discordant mais sincère. "Let's go." Il pose sa main sur ton épaule, et vous disparaissez.

Voilà plusieurs semaines que cette escapade a été prévue, autant pour vous éloigner de New Blossom que pour obéir aux sombres dessins de l'homme qui s'appelle désormais Osmond. Tu as attendu la date butoir avec une impatience grandissante, notamment depuis les attentats et la mort de Hush. Si tes humeurs ont eu un pic dangereux quelques heures après ce qui marque désormais le début du reste de ta vie, elles sont redevenues aussi plates que quasi-invisibles, ta personnalité lissant les aspérités de ton deuil et te conférant une fausse indifférence distante et cruelle, presque injuste. Tu as passé beaucoup de temps avec Balast, t'es enfermée du Metaworld, en a été bannie. Après ça, seule l'Underapple a connu tes errances laconiques et sans but, enveloppées d'un silence terrifiant et annihilant le reste autour de toi.
Il faut dire que tu n'as jamais éprouvé tel chagrin. Si tu as pleuré ta mère, et ta vie d'enfant, et ta vie d'adolescente, et ton époux Atticus, et ta fille Mabel, tu l'as toujours fait de loin, avec la distance émotionnelle de celle qui réalisait à peine ce qu'elle avait perdu. Et même si je te manquais tous les jours, tu n'éprouvais ni regret ni tristesse à l'endroit de mon meurtre et de ma disparition de tes côtés. Même si c'était vexant, c'est aussi quelque chose que j'admirais chez toi.

Mais Hush - eh bien, Hush avait été ton premier et seul meilleur ami. Il avait été le premier à t'offrir un éclat d'amitié et d'affection qui n'avait jamais failli ou tremblé. Sa perte était pour toi la perte de toi-même, cette humanité qu'il avait toujours obstinément vu en toi et entretenue, parfois sans le savoir, en ton sein monstrueux qui le devenait plus encore. Et c'était sans compter l'évolution de votre relation les jours précédant sa mort.
Tout ceci était très triste, mais aussi très inintéressant. Je t'avais prévenue, après tout, et t'avais toujours apprise qu'il n'y aurait jamais qu'une seule personne qui serait restée avec toi pour toujours si tu n'avais pas eu la détestable idée de la tuer dans son sommeil. Si seulement tu y étais parvenue entièrement, je n'aurais pas eu à souffrir tes états-d'âmes dignes d'une adolescente et la triste déchéance de ton potentiel. Mais peu importe. Peut-être verrais-tu enfin dans cette excursion avec l'homme désormais appelé Osmond sa véritable nature: celle d'un serpent traître et meurtrier. Je ne peux que me réjouir que tu le considères comme tu m'as considéré un jour; nous savons tous les deux très bien comment ça a fini et je ne peux qu'espérer que tu lui réserves le même sort que tu m'as infligé.

Vous arrivez dans un chuintement sans encombre (un état de fait qui te vexe toujours, quand bien même tu essayes vainement de le cacher à chaque fois) et Bobby ne tarde pas à te relâcher. Il n'a pas menti: tu as déjà très chaud et sens ta nuque se tapisser d'une sueur épaisse et humide. Plissant les yeux face au soleil, tu visses sur ta tête le trucker hat que tu as emprunté à Amy (women want me, fish fear me) et enfiles tes lunettes de soleil qui, à défaut d'être aussi noires que celles d'Osmond, te donnent l'apparence d'une énorme mouche.
D'un regard morne, tu observes les alentours, intéressée mais pas forcément curieuse, trempant le bout de ta Nike blanche dans l'argile pour la regarder changer de couleur. Tu as l'impression d'avoir mis les pieds dans un bain de sang. Tu relèves seulement les lunettes pour regarder celles de Osmond en le sentant se tourner vers toi. "It will just be the two of us." Quel fils de pute. Si je pouvais l'attraper depuis là où je suis et l'enfoncer au plus profond des boyaux de la Montagne Éternelle pour être torturé jusqu'à la fin des temps par les mephits qui y résident, je le ferai sans hésiter. Même à travers ta conscience émoussée du plan astral, tu ressens un vif sentiment de colère et violence à son encontre en l'entendant, et fronce légèrement les sourcils, sans répondre pour autant.

Tu t'éloignes de quelques pas pendant que Bobby et Osmond échangent quelques derniers mots, étudiant le village qui a l'air complètement désert. Tu n'as jamais rien vu de pareil auparavant. Tu n'as jamais été intéressée par les voyages, du moins pas à la Surface: tu ne comprends pas l'attrait d'un paysage qui ressemble à tous les autres à tes yeux, et qui n'a pas la beauté de la Rivière limbique ou des Tours Sans Fin. C'est tellement... terrien.
Avant Bobby ne parte, tu hésites à te séparer de ton hoodie et à le lui donner pour qu'il le ramène en un morceau à New Blossom; mais Bobby ne se fait pas prier et vous laisse tranquille avant que tu aies pu faire ton choix. Tu espères qu'aucun morceau d'argile ne viendra salir le vêtement. Il appartenait à Hush.
Maintenant que vous êtes seuls, tu te permets enfin de te détendre légèrement, et te rapproches sensiblement d'Osmond dont tu attends les instructions. "It won't take long but it could get tricky." Tu n'as rien à lui répondre. Ça prendra le temps que ça prendra, et tu lui voues une confiance sans bornes. Vous suivez d'un regard intrigué l'âne qui apparaît et marche lentement. "Never leave my side, Laudna." Tu hoches la tête, et penses naïvement que, comme moi, Osmond craint simplement avoir besoin d'une échappée rapide au cas où les choses tournent mal. Tu ne vois ni sa main qui se tourne vers toi, ni n'entends la prévenance dans sa voix, n'y vois qu'un ordre. Cela a toujours été une de ses faiblesses que j'ai toujours honnies. Malgré tout, le Serpent a toujours eu une grande affection pour les choses laides et cassées comme lui.

Vous avancez d'un pas lent et précautionneux jusqu'au village non loin, et tu regrettes instantanément de ne pas avoir pris des bottes. Mais il y a quelque chose d'étrangement satisfaisant à sentir tes orteils baigner dans l'argile boueux, tes baskets couinant discrètement à chaque pas; quelque chose de naturel et de terrien, certes, mais qui est loin d'être déplaisant. L'âne vous a rejoint, tu le toises en arrondissant les yeux en voyant qu'il est recouvert de sang. Un jeune garçon vous hèle, tu lui jettes un regard puis l'ignore. Quelque chose se réveille mollement en toi en l'entendant parler avec Osmond, une réminiscence lointaine d'une Écosse plus lointaine encore, et les lèvres de ta mère déposant des baisers-mots d'amour sur la peau douce de ta joue.
"Ain't you lovely," marmonnes-tu à l'âne, le revers de ton index caressant le long de son museau jusqu'à la peau chaude et tendre entre ses narines. Le sang est chaud, même si tu as du mal à déterminer si il l'était avant de retrouver la peau de l'animal. "A very warm welcome." L'âne s'éloigne déjà et tu te tournes vers Osmond en l'entendant s'adresser à toi. "The heat is killing me," réponds-tu très sérieusement, retirant brièvement ta casquette pour faire respirer ton crâne, un geste aussi futile que mécanique. "Did you touch it?" Tu restes silencieuse un instant, coupable. "The boy said it would kill it." Tu lèves la main pour lui montrer ton doigt. "Sorry," marmonnes-tu sans grand émoi. "It just looked like it needed a pet."

Tu étudies ton doigt un instant, jette un regard à Osmond, puis finit par le glisser dans ta bouche alors que vous reprenez votre lente marche dans le village. "Not human." Ton ton est un peu déçu; non pas que tu désires te nourrir de sang humain comme ce cher Darius, mais parce qu'il aurait été plaisant pour toi t'ajouter quelqu'un à ton carnet intérieur de localisation limbique et terrienne. Cela pourrait venir d'un corps mort et tu ne sentirais rien mais, avec le temps, tu as appris à reconnaître le goût du sang humain. Plus ferreux que les autres, à s'en rendre malade.
Ton doigt ressort propre de ta bouche. "That's all a bit disquieting." Il faut dire que le village pourrait tout autant être désertique que ça ne ferait pas grande différence: il n'y a personne dans les rues, juste des bruits lointains de vie et d'activité, un chien qui aboie, une voix qui s'élève. Mais tu sens tout de mêmes les regards rivés sur vous depuis derrière les portes et les fenêtres, le ronron ténu des chuchotements qui se relayent de part et d'autre. Tu essayes de déterminer combien de gens vous entourent, en vain. Tu te rapproches d'Osmond sans t'en rendre compte, vos bras se touchent presque pendant que vous marchez côte à côte. "That lady," lui demandes-tu d'une voix basse, en réajustant nerveusement ta casquette sur tes cheveux blancs. Osmond t'a parlé de la mutante avec le pouvoir potentiel de briser sa malédiction. Tu ne sais pas trop quoi en penser, mais cette histoire et celle de l'âne te plonge dans une profonde incrédulité malaisante. "Do you think she's dangerous? Should we have gotten her a gift?" Tu ne doutes jamais des plans d'Osmond, et ne le penses pas capable de ne pas avoir prévu quelque chose. Mais tu as cette impression désagréable d'être épiée, similaire à mes propres talents divinatoires, et tu sais grâce à moi ce n'est jamais de bon augure.
Ton estomac se tord dans ton ventre, tes muscles se serrant douloureusement autour de ce millilitre de sang que tu as bêtement ingéré. Pour une fois je reconnais un peu de moi en toi: ta conscience occulte n'est peut-être pas aussi émoussée que ça, parce que tu réalises enfin que vous venez de mettre les pieds dans un beau merdier.
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"Sorry. It just looked like it needed a pet." Osmond paraît observer Laudna, mais il fixe en vérité son doigt maculé. Il sent monter en lui, en même temps que le petit peu de sang rougit le derme blafard de Laudna, une satisfaction mauvaise et monstrueuse, semblable à de la poix dans laquelle il coulerait. Son cœur lourd et lent bat soudain plus puissamment mais sans nécessairement aller plus vite, ce qui fait un moment gonfler les veines de son cou, de ses tempes et de son front caché sous le Panama.

Osmond sait toujours, au degré d’intensité de sa satisfaction, reconnaître une transgression capitale ; pas pour lui, ou pour quiconque d’autre qui ne se sente pas concerné, mais pour celleux dont cela a une importance fondamentale et absolue. Laudna vient de commettre, pour les habitants de ce village, un terrible impair. Cela leur vaudra sûrement les foudres des villageois·es et un démarrage plus difficile qu’il aurait dû l’être mais, malgré tout, Osmond ne peut pas s’empêcher de savourer la petite et pourtant atroce transgression de Laudna. "Rather reckless of you," dit-il calmement, emportant avec lui un sourire oblique tandis qu’il pivote des épaules.

Ce n’est pas la première fois qu’il se nourrit de Laudna. Depuis qu’ils se connaissent, chaque fois qu’elle lui parle, lui obéit, ou lui montre un modicum de sympathie, Osmond sent qu’elle faute. Il ne sait pas encore contre Quoi, ou contre Qui, mais il est d’une patience infinie et, à sa manière, profondément chtonienne : un jour, il saura.

"Not human," précise Laudna, tandis qu’ils ont repris leur marche. Elle empire son cas - leur cas - elle empire aussi le plaisir profanateur d’Osmond, qui lui adresse un nouveau regard intrigué après qu’elle ai suçoté entièrement son index pour en récurer le sang supposément sacré. Ce genre de geste aberrant et illogique pour l’Homme ne le surprend pas quand il est avec elle, puisqu’ils sont après tout inhumains dans leur nature et essence ; mais il trouve que le cela manque malgré tout de prudence de la part de Laudna Dee.

Depuis que le jeune Hush a péri de la main de cet ersatz de demi-dieu dont ils auront un jour la peau Laudna se montre négligente et périlleuse ce qui, il suppose, est une forme de deuil et sa preuve indéniable qu’il consume la plus proche amie de McKinnon - malgré son silence et son détachement manifestes. Osmond, quant à lui, ne ressent rien de la sorte. Son pragmatisme froid et calculateur le garde de toute culpabilité handicapante, faiblarde et parasite. C’est quelque chose qu’il ne confesse jamais car personne ne semble pouvoir le comprendre ; tout de suite, avec une hâte moralisatrice et stupidement sentimentale, s’empresse-t-on de le juger comme Darla et sa petite clique de suiveurs·es se sont jadis empressé·e·s de le juger. Il ne prend aucun plaisir à perdre des mutant·e·s à qui il a tendu la main, à qui il a donné de son temps, de sa personne et plus souvent qu’on ne le pense de son intime affection. Mais c’est ainsi : c’est la guerre. Pour lui, elle a commencé il y a deux siècles. Laudna, quel que soit son âge - détail troublant au demeurant, autour duquel Osmond tourne encore avec une curiosité irrégulière -, entame à peine sa marche dans ce charnier à ciel ouvert. Elle apprendra. Elle comprendra aussi, peut-être, ou peut-être pas - il ne saurait juger de rien, tout autant qu’il ne saurait juger de rien à l’endroit de sa loyauté, trop facilement et trop rapidement acquise pour être honnête et cela malgré de lourdes confessions.  

"That's all a bit disquieting." Osmond opine en silence, continuant de marcher avec elle, mains dans les poches, mais le regard alerte. "They seem cut off from the world, from society. Which is odd; they're not that far from the city. Archidona is a ten-hour walk away." Il est moins sensible aux chuchotements et la perception d’une pluralité d’yeux les épiant, mais il convient que le village n’est pas aussi abandonné qu’il le pensait. "That lady. Do you think she's dangerous? Should we have gotten her a gift? - What makes you think I didn't bring an offering?" Osmond tourne calmement la tête vers elle, tombant sur sa casquette qu’il a reconnue pour être celle d’Amy - il n’a pas reconnu le hoodie de Hush, pour la raison évidente qu’il ne connaissait pas aussi bien McKinnon. La vision du couvre-chef d’Amy, aussi près de son visage, lui fait détourner le regard pour le ramener devant eux. "Yes, I think she's dangerous," admet-il d’un ton égal. "We wouldn't have made this trip if she wasn't. All great power is inevitably dangerous. And I need great power to lift--"

Il s’arrête, tout autant dans la parole que dans la marche. Impossible de dire s’il n’a pas été capable de terminer sa phrase, ou si ce sont les cris proférés très soudainement qui l’ont interrompu. Ils viennent de derrière eux, ce qui l’oblige à tourner sur ses talons et salir un peu plus le cuir lustré de ses chaussures. Les cris sont ceux de la colère ; celle d’une vieille femme courbée en deux, sertie d’oripeaux crasseux autrefois très colorés, jetant un pas sur deux son poids contre un énorme bâton agrémenté de grelots bruyants et parfois même (mais pas tout le temps) terriblement stridents. Tandis qu’elle gagne du terrain et s’approche maladroitement et très vite d’eux, gît dans son dos et un peu plus en contrebas l’âne qu’a touché Laudna, raide mort.

"¡¿SE ATREVE A MATAR A MI BURRO?!" dégueule-t-elle de rage, à moins de trois mètres deux. Osmond dégage lentement ses mains de ses poches, ne sachant ni à quoi ni à qui ils ont soudain affaire. Il sait néanmoins percevoir, dans le courroux sacral qu’ils reçoivent, un miasme d’offenses réveillé par le seul geste qu’a eu Laudna. Comme un Saint Patron puant, infâme et illégitime protégerait sa brebis galeuse, Osmond se déplace tout aussi lentement qu’il a retiré ses mains de ses poches, se positionnant sans y paraître entre Laudna et la vieille femme. Elle est à présent en face, les traits rincés par l’usure, la peau percluse de furoncles, défigurée par la vieillesse et d’autres choses encore qu’il distingue sans les comprendre - son regard, cependant, est d’un blanc si pur qu’elle semble fantasmagorique, ou tout simplement aveugle.

"¿Señora Morales?" hasarde-t-il, attirant sur lui le regard prétendument aveugle qui fixait jusqu’à présent l’origine de son malheur : Laudna. Le nom de Morales la fait tiquer. Elle approche d’Osmond à pas claudicants, les grelots de son bâton tintinnabulant cette fois plus sobrement. "Morales…," souffle-t-elle, si bas après avoir autant gueulé, que sa voix ne paraît plus être la sienne. Osmond note son haleine putride, et le blanc beaucoup trop blanc de ses globes oculaires pour être autre chose que la preuve d’une activité mutante dans les parages. Une légère déception le traverse en comprenant qu’elle n’est pas celle qu’il cherche ; mais elle porte, veut-il croire, un stigmate de sa 'magie'. "Las Morales no viven aquí," ajoute-t-elle, le regard tordu de trop pencher sa tête sans vouloir quitter l’intrus des yeux. Elle avance d’un iota. Osmond réfléchit à quelle partie d’elle il va transformer en serpent ; pas la tête, cela pourrait lui être encore utile. La vieille femme coule un œil (un seul) en direction de la forêt Chiclata, et la paire de lunettes pitch black suit légèrement le mouvement, sans relâcher une once d’attention sur elle - ce qui est laborieux, attendu qu’elle est sur sa droite, exactement dans son angle mort. "¿Viven en el bosque?", insiste-t-il, la voix un peu morne. Comme c’est original. Une sorcière dans son bois.

Il n’a pas le temps de ramener son attention sur elle que le corps pourtant menu et courbé de la vieille femme le pousse avec une force insoupçonnable, se dégageant un passage jusqu’à Laudna sur qui elle fond et s’arrête à quelques centimètres seulement, son nez frôlant presque celui de la mutante. Osmond s’est imperceptiblement tendu. Il n’apprécie ni qu’on le bouscule, ni qu’on le prenne en traître - ce qui est parfaitement effronté de sa part. Il n’apprécie pas non plus l’aura de menace que la vieille fait soudain peser sur Laudna, mais ne s’inquiète pas outre mesure pour elle ; la vieille ne fait pas le poids. Dans le doute, toutefois, sa main se lève dans le dos voûté et plane au-dessus de sa nuque, prête à transformer sa chair et ses os.

Le doigt de la vieille vient se planter tout en haut du sternum de Laudna. La colère revient, feulée entre chicots. "Puedo sentirla en ti." Elle fait lentement dévaler son doigt le long du sternum, suivant vraisemblablement le parcours de la déglutition contenant le sang avalé. "La sangre de mi sacrificio." Quelques grelots tintinnabulent gravement. Pourtant son bâton ne bouge pas. Et aucun vent ne s’est à nouveau levé. "Me debes un sacrificio, perra, o las Hermanas te matarán a ti, y a tu coño de padre," le fiel se transforme en terreur, ses yeux blancs et vitreux s’écarquillent à l’extrême, "y a todos los de aquí." Osmond interrompt le laïus avec un intérêt ravivé. "¿Hablas de las hermanas Morales?" La complexité sémantique du folklore local commence légèrement à lu courir. Mais il garde son imperturbabilité impérieuse, et sa main tendue au-dessus de la vieille. Les yeux blancs dévient brièvement, se lèvent un peu, comme devinant le geste qui plane et, sans s'en soucier davantage, reviennent contre la figure de Laudna.

"Dame tu ropa," exige-t-elle brutalement, tirant sur le hoodie. "Apesta a pena," se moque-t-elle. "Servirá: la quemaré y las Hermanas se apaciguarán." Elle rit. Elle pleure aussi un peu. D’une détresse peu commune, affreusement dévote, et horriblement apeurée. "Dámela," profère-t-elle, retrouvant de cette voix disgracieuse ayant gueulé plus tôt. La voix calme et feutrée d’Osmond s’insère dans le larmoiement hostile. "She wants your hoodie."
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Cette histoire de sorcellerie t'intrigue, parce que la seule magie que tu as jamais pu observer était la mienne: démoniaque, ritualistique et érudite. Tu as du mal à imaginer à quoi pourrait ressembler un cercle d'invocation tracé dans l'argile boueux dans lequel tu trempes tes baskets (qui n'ont pas arrêter de ponctuer chaque pas d'un couic-couic horripilant). Tu ne sais pas trop encore si tu es prête à observer quelqu'un faire de la sorcellerie, ou quelque chose y ressemblant. Mais tu n'as pas vraiment le choix; comme avec toute affaire, tu t'en remets à Osmond, avec une confiance entière et dangereuse. "What makes you think I didn't bring an offering?" Tu lui jettes un regard en coin, yeux plissés derrière tes lunettes, suspicieuse à l'idée d'être toi-même cet offrande. Tu l'observes de bas en haut, son chapeau blanc élégant et ses vêtements noirs égaux à lui-même, cherches un sac ou une poche d'où dépasserait... que désirerait telle mutante? un poulet mort? Mais non, tu ne vois rien; Osmond est fidèle à lui-même: proche de ses secrets.
"Yes, I think she's dangerous. We wouldn't have made this trip if she wasn't." Tu n'as pas voulu le questionner quand il t'a présenté la mission, mais cela t'a étonnée qu'il veuille se déplacer lui-même: Bobby ou toi auriez pu vous en occuper en un clin d'oeil (probablement plus rapide pour Bobby). "All great power is inevitably dangerous. And I need great power to lift--" Tu t'immobilises toi aussi avec un temps de retard, tous tes muscles se crispant d'un mélange de peur et de méfiance en entendant des cris que tu devines instantanément dirigés vers vous. Vers toi.

Tu as presque un sixième sens pour ce genre de choses, à ce stade. Tu sais quand les gens t'en veuillent, te reprochent leurs cauchemars et leurs paniques; après tout, tu sais aussi que tu en es souvent la cause. C'est donc avec une méfiance patibulaire que tu regardes s'approcher la vieille dame, tes yeux faisant des allers-retours derrière leurs lunettes entre Osmond et ton accusatrice; même sans le contexte des mots proférés, tu comprends qu'on parle bien de l'âne dont le cadavre trône derrière sa maîtresse comme la mise en scène d'un mauvais film.
Tu manques de feuler quand elle s'approche, ses yeux rivés sur toi, et notes avec une pointe de curiosité appréciatrice le mouvement infime d'Osmond pour se placer entre vous deux. Tu suis la conversation sans vraiment la comprendre, tes yeux sautant du visage buriné de la vieille femme, à la nuque d'Osmond, aux fenêtres où des rideaux bruissent, au corps de l'âne qui est tombé raide mort.

Tes yeux se braquent sur la vieille femme quand elle écarte Osmond avec une force formidable, et tu fais un pas en arrière sans pour autant t'enfuir en te sentant littéralement coincée par le regard furieux posé sur toi. Tu essayes de bouger ta jambe, en vain, ton bras, en vain, ton visage, en vain; tu es figée dans une expression d'incompréhension, alors que tu sens une peur primale et terrifiante t'enserrer le coeur. Tes yeux deviennent intégralement noirs, et tu serais déjà en train de te transformer si tes muscles n'étaient pas devenus semblables à du plomb.
Ce n'est pas elle qui est à l'origine de cette immobilité. Tu le réalises quand elle s'approche et détaches son regard du tien, ses yeux se baissant sur ton hoodie avant qu'elle n'y pose le doigt. Tu essayes de bouger les yeux, en vain: ils te donnent l'impression de grossir dans leurs orbites, comme si ils allaient en sortir ou imploser, chaque nerf et muscle de tes paupières immobilisés par la force titanesque que quelqu'un exerce sur toi.

Mais rien n'est plus lourd que le doigt posé sur son sternum. Tes poumons peuvent à peine bouger dans ta cage thoracique immobilisée mais ton coeur, quant à lui, bat la chamade, chaque battement envoyant un éclat de douleur à ton cerveau qui, pour une fois, thank God, fonctionne à plein régime.
Tu ne peux pas bouger le regard pour regarder Osmond, tu ne peux pas te dégager du doigt qui dévale jusqu'à ton plexus, ton ventre, tu ne peux rien faire jusqu'à ce que le doigt de la vieille femme s'accroche à ton hoodie et le tire. Tout d'un coup, on dirait que tout l'air du monde t'es revenu: tu inspires profondément plusieurs grandes goulées d'air, te soustrayant enfin à ce regard trop blanc. Est-ce que les victimes de ton cri horrifique ressentent?
Pour autant, tu ne t'éloignes pas. Tu entends la colère dans son rire, et surtout sa peur. La tienne devrait monter en même temps; mais tu ne ressens qu'une profonde vexation d'avoir ainsi été piégée par tu ne sais quelle déchirure, et de te faire ainsi hurler dessus dans une langue que tu ne parles pas. "He's not my father," balbuties-tu pourtant avec un moment de retard, à notre grande surprise commune d'ailleurs, tes yeux roulant enfin vers Osmond. Mais tu ne vois rien à son regard, caché par ses lunettes opaques, et tu ne sais pas quoi en penser.
Tu vois sa main, prête à s'abattre comme un couperet sur la nuque de la vieille femme.

"Dámela." Tu comprends qu'on te demande quelque chose, continue de regarder Osmond. "She wants your hoodie." C'est immédiat: ton visage se ferme instantanément. Ta peau blême est devenue plus pâle encore, et tu sens une agitation familière monter dans ta poitrine, infester tes gestes et tes pensées. Vous êtes en plein soleil donc il n'y a pas assez d'obscurité pour que ton ombre commence à frémir, impatiente de grandir en même temps que le reste de ton corps.
Par quelque miracle, tu gardes contrôle. Tu visses tes yeux dans ceux de la vieille femme et, quand tu réalises qu'elle ne peut pas les voir, tu retires tes lunettes d'un mouvement rapide.

Yeux noirs dans yeux blancs. Pendant ce très bref instant où vous vous voyez enfin vraiment, toisant la menace commune avec une curiosité stratégique, plusieurs choses se passent.
En découvrant la coloration démoniaque de tes sclères, le visage de la vieille femme se tord dans une expression d'un émoi si soudain et violent qu'il te surprend toi-même. Une terreur panique brusque et terrible, alors qu'elle comprend que tu es le signe contre lequel elle et le reste du village ont été prévenus par les Soeurs. Mais elle n'aura jamais le temps de crier l'alarme.
Quant à toi, de si près, tu peux mieux voir ses yeux que l'instant précédent. Ses iris sont presque effacés sous la consistance laiteuse qui les recouvre, et tu ne ferais pas grand cas de sa vision si tu ne l'avais pas vu se précipiter vers toi quelques instants plus tôt. Mais ce que tu remarques tout particulièrement, c'est le petit réseau de vaisseaux sanguins aux limites de ses paupières. Il est entièrement bleu. Mais tu n'auras pas le temps de le remarquer à Osmond.

À la place, tu lèves la main et l'enroule autour du poignet dont la main a toujours l'index enfoncé sur ton ventre; et sans murmure ni explosion, la vieille femme disparaît dans un frémissement sombre de l'air.

Tu te permets enfin de respirer posément. Tu recules d'un pas, darde Osmond de tes yeux noirs, puis les laisse balayer le village immobile. Cette fois, plus de bruit, plus de chuchotements, plus rien - vous pourriez tout aussi bien être seuls au monde. Tu réprimes, très difficilement, l'envie de te mettre en chasse de cellui qui t'a immobilisée; la créature te supplierait presque de sortir, ce qui n'est pas commun, et tu es à deux doigts de l'exaucer. Mais tes yeux retombent plutôt sur Osmond, et tu conserves visage humain, le blanc revenant colorer tes yeux jusqu'à paraître presque normale.
Dans un geste lent et méticuleux, tu plies tes lunettes de soleil et les range dans la poche de ton pull.
Il ne t'a pas donné d'ordre. Il ne t'a pas demandé de lui donner ton hoodie, il t'a juste dit ce qu'elle voulait. Il a observé ce que tu allais faire, a certainement compris ce que tu allais faire, t'as laissée faire ce que tu allais faire. C'est comme ça que le Serpent agit, comme ça qu'il s'immisce dans la conscience des Humain, comme ça qu'il s'en nourrit. Toujours les mains propres, ce Cecil. Toujours observateur et cachotier, avec son regard que tu cherches désespérément derrière ses lunettes noires.
Tu gardes les tiennes dans ta poche. Tu veux qu'il te voit. Plus particulièrement, tu veux voir la question dans ton regard, qui a presque des allures de défi. Tu attends qu'il dise quelque chose. Il te regarde.

"So. To the woods, then?" demandes-tu d'un ton sec, imitant d'un geste du cou la vieille femme pour pointer du menton les bois en question. Ton regard, en revanche, ne quitte pas Osmond. Ton estomac se met à faire des sauts périlleux. Tu as chaud, tellement chaud, as une envie irrépressible de retirer et de remettre ta casquette, ou de disparaître dans un disque d'ombre jusqu'à notre Royaume. À la place, ta bouche s'étire dans un rictus où pointe une lueur désolée. "I'll keep my hands to myself."
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Grelots et vieille femme disparaissent dans un même temps, absorbés par la seule volonté de Laudna. Ne reste que sa silhouette longiligne et malingre, longue comme un saule pleureur couvert d’un feuillage blanc. Le bras d’Osmond se rétracte lentement, tandis que ses doigts, avec une finesse austère, se frottent légèrement à mesure que sa main se referme. Le choix de Laudna ne le surprend certes pas, mais sa réaction lui semble disproportionnée ; de toute évidence, le troc imposé a réveillé une colère et avec cette colère la forme épouvantable de Laudna.

La vieille a parlé de peine, contenue sur ce seul vêtement de piètre facture. La paire de lunettes se baisse pianissimo en direction du hoodie, que Osmond comprend, ou plutôt devine, être celui du jeune McKinnon. Il tique imperceptiblement. Il a manqué de discernement et de rapidité analytique, ce qui est rare, et ne lui inspire rien de plus qu’un sentiment de mépris sévère à son endroit. C'était évident. Du moins ç'aurait du l'être s’il n’avait pas négligé la profondeur du lien unissant Laudna et Usher. Il s’est tellement appliqué à braconner les secrets de la fille de Luther qu’il a oublié d’accorder une attention quelconque aux détails secondaires.

Quelques semaines auparavant, Laudna confiait à son compagnon d’infortune des secrets jamais révélés, mentionnant un plan liminal voire parallèle et des entités le peuplant. Des données nouvelles concernant ses capacités de téléportation - il conviendrait mieux de dire de voyage, maintenant - et certaines autres subtilités perdues dans la traduction que lui en ont faite ses créatures les ayant espionné.e.s. De toute évidence, et à l’aulne de ces révélations dérobées, les sentiments partagés entre les deux Orphans semblaient alors parfaitement subsidiaires pour Osmond. Pourquoi se serait-il concentré sur leur idylle sans intérêt quand à côté de ça se révélaient les arcanes Lockheed, dissimulés même du temps de Luther ?

Laudna replie ses lunettes et sans doute que, dans ce grand regard d’onyx hérité de sa forme sous-jacente, luisent des reproches. Le silence soudain, dépourvu de la hargne vocale de la vieille, s’épaissit entre eux et sous le soleil à son zénith. C’est elle qui le rompt. "So. To the woods, then?" Une compréhension du castillan plus pointue qu’il ne le pensait et qu’elle lui a laissé croire. Suffisant en tout cas pour se repérer dans les informations reçues ; et refuser qu’on le prenne pour son père. Si Laudna est un monstre, c’est surtout celui du mystère.
Il devrait lui en vouloir. Mais ce n’est pas le cas. Jamais sa confiance à son égard n’a été aussi basse ; pourtant il continue d’apprécier la sonder et leur trouver des points si ce n’est communs, similaires - à ce point similaires qu’ils en deviennent familiers. Il opine. Elle ajoute. "I'll keep my hands to myself." Et il ne répond rien à cela. Plutôt quoi il se retourne et reprend leur marche.

La traversée du village se fait dans un calme culpabilisant et anxieux. Partout, les maisons habitées se taisent et les laissent passer sans plus oser recracher petit garçon ou vieille aînée pour interrompre leur progression.

Quand ils arrivent en lisière de forêt, la température a légèrement chuté grâce à l’ombrage des arbres mais l’humidité empire. Osmond retire alors seulement sa paire de lunettes et la range dans sa poche avant de chemise, dont il déboutonne les manches avant de les relever sur plusieurs ourlets. Sans plus de sentiers drainés par des gravillons de pierre, le chemin devient un peu plus laborieux à arpenter, sans être entièrement spongieux puisque les dernières pluies diluviennes se sont précipitées quatre jours auparavant. Les chaussures noires tapissées de glaise contournent régulièrement des petites flaques persistantes, puis s’immobilisent après une quinzaine de minutes de marche.

La forêt équatoriale y est déjà particulièrement dense, étouffante et bruyante de sa faune sauvage. "Let's take a breather," prévient-il à l’attention de Laudna. Il se tourne vers du feuillage qu’il effleure d’un geste ample. Plusieurs branches et ramures se détachent et tombent au sol dans un agrégat de serpents. Pour la plupart des couleuvres, ils ondulent et se dispersent dans plusieurs directions avant de disparaître totalement. "We'll soon know which way to go."

Osmond se retourne vers Laudna, sa pupille gauche infiniment plus verticale que sa pupille droite. Un torrent télépathique envahit son crâne et tandis que, partout à la fois ses yeux et corps ophidiens se répandent, celui d’aspect humain s’appuie calmement contre un rocher assez grand pour s’installer à deux. Les mains se croisent et se reposent sur son hypogastre, l’attitude au repos. "Are you all right, Laudna?" commence-t-il doucement. "The heat seems to be taking its toll on you," remarque-t-il, prenant pour preuve la sueur sur son visage qu’il observe platement. "Why don't you want to take off your hoodie?" C’est plutôt cruel. Mais au contraire de certains de ses jeux méchants, Osmond ne l’est pas ici pour la blesser intentionnellement. Il semble cependant que Laudna se soit murée dans un silence différent de celui de d’habitude, et que le seul moyen de parvenir à lui faire régurgiter ce qu’elle garde en elle dans un temps court et imparti, soit d’appuyer là où ça fait mal.
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Vous reprenez votre marche dans un silence aussi plombant que le soleil. Tu es en nage, ton coeur battant trop vite et trop fort dans ta poitrine - un mélange de fébrilité et d'embarras, deux choses que tu ressens rarement. Cela fait quelques jours maintenant que de nombreux nouveaux sentiments se sont réveillés en toi, alors que tu pensais t'être débarrassée de toute considérations humaines il y a bien longtemps. Ah! Il y a presque quelque chose de rassurant à l'idée que tu aies peut-être gardé un peu de ton humanité malgré ta lente transformation monstrueuse; c'est simplement dommage que ce soit dans des circonstances si douloureuses que tu trouves ton absolution.

Discrètement, à plusieurs reprises, tu baisses le bas de ton visage dans le col baillant du hoodie, autant pour te débarrasser de la pellicule de transpiration qui recouvre ta mâchoire que pour inspirer un peu de l'odeur qui est cachée dans le tissu beaucoup trop épais pour la météo. Il n'y a rien de rassurant à la fragrance que tu y retrouves: comme tous tes vêtements, le vieil hoodie de Hush sent le soufre et le sang. Mais le geste te rassure tout de même, tout comme ta manie de retirer puis de remettre ta casquette humide ou de repousser tes longs cheveux blancs derrière tes oreilles.

Personne ne vous arrête alors que vous sortez du village. Les paysages qui s'offrent à vous sont inédits et extraordinaires et pourtant, tu gardes les yeux vissés sur tes chaussures qui changeant de couleur. Tu attends, comme un couperet, les remontrances d'Osmond. Je t'ai tellement habituée à cette épaule froide et ce comportement distant, cela te semble donc logique que le Serpent attende le moment idéal pour te faire ses reproches. Ils ne viennent pas. Tu sais qu'ils ne sauraient tarder, et tu ronges ton frein en silence, tes épaules serrées, ton menton disparu dans le col de ton pull.
L'orée de la forêt tire une ombre bienvenue sur vos deux silhouettes, et te recouvre presqu'intégralement d'une couche plus épaisse encore de transpiration. Une transpiration épaisse et poisseuse, qui t'alourdit toute entière. Ton visage si pâle habituellement est devenu rouge, parce que le pull te garde bien trop chaud et que toute la chaleur remonte par ce foutu col trop grand pour toi. Vous devez rapidement vous faire acrobates, entre gravillons et flaques et pentes glissantes et racines traîtresses. Tu ne te plains pas, mais tu luttes. Tu sais qu'une remarque à mon égard aurait mené à une critique sèche voire violente; tu n'estimes pas assez Osmond, malgré toutes ces années passées à son contact, pour espérer une autre réaction de sa part. C'est étrange, de faire aveuglément confiance à quelqu'un qu'on méprise tout aussi aveuglément; de lui faire confiance pour les mauvaises raisons, de le haïr pour les mauvaises raisons. Tu cherches trop mon ombre dans la sienne. Tu ignores encore qu'il est bien pire. Tu apprendras.

Osmond s'arrête et tu le rattrapes péniblement. Ton jean est déchiré et couvert de glaise, de boue et de sueur: tu as dérapé et failli tomber plusieurs fois, comme l'indiquent aussi tes paumes rouges, même si tu n'as pas un seul instant pensé à lui demander de ralentir le rythme. "Let's take a breather." Tu accueilles la nouvelle avec une pointe de soulagement, sans pour autant t'asseoir ou te détendre; plutôt, tu suis d'un regard prudent ses gestes méthodiques. Tu réprimes un léger frisson d'inconfort en voyant les serpents qui apparaissent à ses pieds et filent aux quatre coins de la forêt; et grogne un peu quand l'un passe un peu trop près de ta basket et que tu dois réprimer l'envie de lui foutre un coup de pied. Ton amour de Jo n'a jamais été que factice; les animaux-messagers d'Osmond te mettent profondément mal à l'aise.

Tu enfonces les poings dans la poche centrale de ton hoodie et rend au Serpent son regard quand il se tourne vers toi. L'absence de ses lunettes te gêne, de la même manière qu'on peut être gêné quand on croise quelqu'un de nu et qu'on ne comprend pas son manque de pudeur. Comme toujours, cet imbécile prend la pause, se détend, t'invite sans t'inviter à t'asseoir près de lui; et tes jambes tremblent, l'envie de le rejoindre, de te laisser aller et de fermer les yeux, de lui faire confiance. Mais tu calcules que si tu t'approches de lui pour t'asseoir, tu seras aussi suffisamment prêt pour qu'il te frappe. Comme quoi, tes vieux calculs ont la peau dure. "Are you all right, Laudna?" Sa voix est douce, séductrice, traînante; un véritable Serpent. Et toi, toujours trop conne, tu t'émerveilles - parce qu'il n'y a jamais eu que les Orphans pour te poser cette question.
Évidemment que tu vas bien, Frances. Évidemment. Ça aurait été t'insulter que de te poser la question. Tu n'as jamais été faible, ou vulnérable - juste stupide et dépendante. Et alors? J'étais là pour toi, pour te protéger, jamais pour te poser ces questions idiotes. Tu vaux mieux que ça.

Mais malgré tout, comme toujours, tu te sens légèrement touchée par son attention; et comme à chaque fois, tu te réchauffes à son contact et, dans un éclat de brilliance, te rappelles qu'il n'est pas moi. "I'm fine," rétorques-tu toutefois, d'une toute petite voix, un filet maladroit et misérable, parce qu'il reste ton boss et que tu restes son outil, et jamais rien de plus. Tu remets ton visage dans le col de ton hoodie. "The heat seems to be taking its toll on you. Why don't you want to take off your hoodie? - I said I'm fine." Tu te détournes du regard asymétrique d'Osmond pour faire mine de t'occuper d'autre chose. En désespoir de cause, tu envoies un coup de pied dans un petit caillou qui disparaît entre les arbres. Tu penses rester silencieuse, te contenter de ça; mais tu es poussée par quelque chose à répondre. Peut-être est-ce le talent manifeste du Serpent d'extraire la vérité; peut-être est-ce le fait qu'on se soit enquéri de ton état si peu de fois dans ta vie; peut-être qu'enfin t'être soustraite de son regard te donner un grain de courage. Peut-être, peut-être, peut-être. Je ne te comprends plus, je crois. Même les plus beaux enfants finissent par grandir.
C'est en faisant face à la forêt que tu réponds. Avec un peu de chances, les feuilles avaleront tes mots et en garderont le secret. "It belonged to Hush." Il y a une fatalité incompréhensible à cette phrase, qui veut tout et rien dire à la fois. Hush était ton premier meilleur ami. Si Osmond avait donné à ta vie déconnectée un but et un sens, si il avait été - et était encore - ton phare, ton berger, ton messie et ton sauveur, Hush avait simplement été le soleil prodigue. Il t'avait offert quelque chose que tu n'avais jamais eu et n'avais jamais eu la stupidité d'attendre - son amitié.

Et tellement plus de choses encore, évidemment. Ton coeur balançait encore entre les non-dits et ce qui avait été dit, et ce qui aurait pu être ou devenir. Mais tout cela importait peu. Ce qui t'importait était la marque indélébile de son amitié, offerte sans arrières-pensées ni attentes, qui t'avait marquée comme un fer chauffé à blanc pressé contre ton coeur. Ton hoodie puait seulement le deuil parce qu'il symbolisait pour toi une connexion puissante et importante à une humanité de laquelle tu avais été bannie à un très jeune âge.
Ce lien était désormais brisé. Il n'y aurait ni absolution, ni humanité, ni regret, ni bonheur. Il y aurait la destruction d'Icarus, et le retour à notre Royaume, et rien d'autre; tes espoirs de garder pied à la Surface s'étaient éteints avec lui. Tu commences enfin à embrasser ta nature-propre.

À la forêt qui garde tes secrets, tu offres une grimace embêtée; et puis, tout d'un coup, tu te tournes vers Osmond. Il y a quelque chose de dérangeant à ce mouvement trop rapide, la manière qu'a ton ombre d'hésiter sous tes pieds avant de te suivre. Un arrêt sur image stressant sur ton visage qui oscille entre humain et monstre, alors que tu es tout d'un coup régie par un élan de rage. Tu avances vers Osmond en saccades, grands pas qui tremblent, et ta nuque craque alors que ta silhouette veut s'agrandir; ce n'est pas vraiment une menace ou une tentative d'intimidation, mais un éclat rare de colère, qui n'est pas dirigé contre lui. "I'm not giving that hoodie to anybody, I'm not giving that hoodie to you, I'm not giving that hoodie nobody, and I'm not taking it off, and I'm not damaging it, and no one is touching it, and if you want me to take it off, you'll have to fight me for it, and rip it away from me, and I won't let you win, and I don't want that. I'll do anything you ask. But not this." Tu n'as jamais posé de limite à ta dévotion avant cela. Tu te sens sale, infidèle.
Alors tu décides de lui donner quelque chose en échange. Tu t'es approchée, mais garde toujours une distance raisonnable d'Osmond (quand bien même tu sais que cette illusion de sécurité n'est que ça: une illusion). Tu tends soudainement le bras sur le côté et la lumière se réfracte autour de ta main. L'instant suivant, la vieille dame apparaît, son cou coincé dans le creux cruel de ta paume.

Ses yeux aveugles sont révulsés d'horreurs ressenties à défaut d'avoir pu être observées; son visage raviné et baigné de larmes, alors que sur ses lèvres se jettent des prières muettes. Les Limbes ne sont pas clémentes, même dans la poche protectrice au-dessus de la Rivière où tu envoies tes prisonnier.ères. Certain.es reviennent non-affecté.es. D'autres ne connaissent plus jamais un jour de répit jusqu'à la fin de leur vie.
Tu serres avec une force insoupçonnée la gorge de la femme jusqu'à ce qu'un couac sonore lui échappe, et puis tu la jettes aux pieds d'Osmond comme une offrande. Elle se met à pleurer en sentant la boue et l'argile et la chaleur de la Surface, ses doigts sinueux s'enfoncent dans le sol. Tu as glissé ton regard noir sur elle et ressens à son égard un mélange de jalousie et de mépris. Toi aussi tu aimerais trouver un quelconque réconfort dans ce monde. "I don't mind the heat," souffles-tu à l'adresse d'Osmond. "Plenty of that where I come from,", rajoutes-tu sotto voce, avant de t'éloigner à grands pas pour t'asseoir d'un air résolu sur une racine enfoncée plus loin. Tu tournes ostensiblement le dos à ton boss comme à ta victime, tes yeux cherchant encore des formes reconnaissables dans les arbres et leurs feuilles.
Mais tu es en terres inconnues; le monde ne t'a jamais semblé si solitaire et froid.
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cw: serpents, body-horror, mention de deuil, manipulation émotionnelle.

"It belonged to Hush." Osmond garde le silence. C’est à peine le début de l’aveu qu’il veut entendre, tout juste ses prémices. La mâchoire bascule un peu vers le bas, dans un signe manifeste d’attente, tandis que son regard ne se détache pas de Laudna. Elle lui tourne le dos, ce que ses ennemis ont parfois la stupidité de faire. La fille de Luther l’est-elle devenue ? stupide et ennemie ? Beaucoup de choses sont à clarifier.

Sa volte-face est troublante en cela qu’elle est unique dans le tableau. Laudna ressemble à une poupée désarticulée sur fond de verdure moite et stagnante. En dehors de cela, il n’y a rien de troublant pour lui. Les Orphans ont raison de prêter à Banisher des intentions néfastes et malhonnêtes en se fiant au petit peu qu’iels comprennent de son idiosyncrasie énigmatique et sa complexion monstrueuse. Mais Osmond n’est pas impressionnable. Ce qui effraie chez Laudna, il le difflue partout autour de lui depuis des siècles.
Sa nuque ne bouge pas de sa position, si bien que son orbe oculaire tire sur ses muscles pour suivre la progression saccadée de Laudna qui se précipite jusqu’à lui. "I'm not giving that hoodie to anybody, I'm not giving that hoodie to you, I'm not giving that hoodie nobody, and I'm not taking it off, and I'm not damaging it, and no one is touching it, and if you want me to take it off, you'll have to fight me for it, and rip it away from me, and I won't let you win, and I don't want that. I'll do anything you ask. But not this." La mâchoire finit par se relever. Pas de reproches, donc ? Pas de grandes accusations émues sur combien, lui, leader des Orphans, et responsable de cette disparition et de certaines autres ?
Non.
Voilà qui est inattendu.
Apprécié, mais inattendu - ses suspicions baissent, sans se retirer pour autant.
La protestation de Laudna s’est fendue uniquement de désespoir. Et dans ce désespoir presque trop incohérent l’affirmation féroce et flageolante des sentiments éprouvés pour le jeune Usher. Le tout, cristallisé sur cette pièce de tissu qu’elle défend comme si c’était sa vie elle-même qu’elle défendait, qu’elle porte à s’en étouffer comme les enfants le font avec leurs chiffons usés et crades de morve où l’odeur de la mère persiste sereinement. Il glisse un regard lent vers la casquette d’Amy, avant de rebasculer sur le visage strié de colère de Laudna.

Laudna peut être très immature. Dans ses réactions, dans son appréhension du monde, et sa compréhension des êtres. Osmond s’est toujours demandé pourquoi. Pourquoi la fille de Luther, âgée de plus d’un siècle, agissait avec son environnement comme si elle venait de le découvrir. Pourquoi la mort d’un ami, de toute évidence plus qu’un ami, la laisse dans un état de profond désarroi comme si elle venait de découvrir que, oui, la mort fauche aussi celleux qu’on aime. Une enfant n’aurait pas mieux réagi. Une enfant aurait sans doute elle aussi proféré une clameur malheureuse et choquée en réalisant ce qui venait de lui être arraché. Une enfant aurait, en conséquence, gardé un pièce de tissu de ce qu’on lui avait arraché, dans l’espoir vain mais un peu consolateur de se dire que tout ne lui avait pas totalement été arraché.
Quel âge à Laudna ? Cent ans ? Vingt ans ? Cinq ans ?

Tandis qu’elle s’anime et tend le bras, Osmond continue de l’observer sans exprimer la moindre émotion. Sa perte ne le touche pas. C’est la vie. C’est comme ça. Sa détresse, en revanche, vibrionne en lui comme si elle était capable et sans le savoir de tirer sur des cordes d’une extrême finesse mais profondément enfouies en lui.
Un éclat de lumière.
La vieille femme qui réapparaît.
La gueule flegmatique se déplace à peine, suivant le mouvement de son regard mort-vivant. Laudna la tient à bout de bras sans efforts. Quel âge peut avoir un individu de la sorte ? qui voyage dans des plans chthoniens, porte une forme pas même illusoire mais carrément double de créature horrifique, se dote d’une force infâme et inhumaine ? Qui sait. Quel âge a-t-il, lui ? qui corrompt les âmes, plonge le monde dans les ténèbres et se désagrège dans des chuintements crades ? Qui sait. Il boit encore du lait comme si la mamelle nourricière lui manquait et accomplit des farces de petit garçon cruel. Sans doute que lui aussi on lui a arraché des choses et qu’il a besoin de se consoler. Même les fléaux ont leur part de ridicule.

Le corps de l’aïeule tombe à ses pieds, se tordant dans la terre qu’elle abreuve de sanglots. Elle est terrifiée, note-t-il. Il sait qu’il peut faire cet effet - tout à fait recherché - mais elle est terrifiée d’autre chose. De cet espace d’où elle revient, il suppose. Celui-là même dont les démons de Luther étaient natifs, c’est certain. Depuis qu’il en sait plus, il ne fait aucun doute pour Osmond que les enfers du père sont ce bad place dans lequel voyage la fille - dans lequel elle envoie les bannis. "I don't mind the heat. Plenty of that where I come from." Osmond continue de regarder la vieille dame. Il accompagne la réplique de Laudna d’un hochement de tête léger, comme s’il était d’accord avec elle. Un silence s’abat à la suite de cet acte quasi sacrificatoire. Laudna est repartie vers son mur végétal moite et stagnant, et la vieille dame souffle suppliques mutiques sur exhalaisons inaudibles. Osmond finit par lever le regard, jeter un coup d’œil au cimes des arbres qui les entoure comme s’il pouvait y déceler un ou des sentinelles espionnant la scène. Il aurait préféré que Laudna garde la vieille cachée dans quelque poche limbique qui soit. Ce cadeau est empoissonné pour la simple raison qu’il ne sait qu’en foutre. Tuer la villageoise peut alourdir leur tribut auprès de la 'sorcière', ne pas la tuer peut devenir un problème si via sa conscience ressurgie cette même 'sorcière' appréhende la pleine capacité de Laudna.
Un rictus. Tant pis pour l’effet de surprise. Il devra redoubler de vigilance ; s’il était celle qu’il vient chercher, il tuerait Laudna en premier.

Osmond finit par se redresser. Il se penche vers la vieille femme qui a commencé à ramper et, tout près de son visage, l’enjoint de cette manière toujours aussi douce : "No te muevas, por favor." D’un doigt délicat, le bras gauche, puis la jambe droite, sont tour à tout transformés en serpents épais, qu’il oblige à ne pas se détacher de la chair comme il le commande parfois pour certaines tortures. La vieille femme, encombrée par ses animaux-membres, s’effraie toute seule et s’occupe dans son coin en attendant de savoir quoi faire d’elle.

La grande silhouette noire approche de la racine sur laquelle est assise Laudna, détaille le peu de place qu’il lui reste dans un agacement morne mais subtilement caché, puis s’assoit à son tour. La roche aurait été autrement plus confortable. Mais qui serait-il s’il ne savait pas s’adapter à tout. "I wasn't suggesting you give me your hoodie. Just that you take it off." Osmond pose ses bras sur ses genoux pliés, au bout desquels il recroise à nouveau ses mains. Quand il tourne son profil vers Laudna, leur racine craque un peu sous son poids ajouté. "You could keep it around your waist," propose-t-il avec une patience compréhensive, avant que le Panama ne marque un petit signe, "or, of course, keep it as is. The choice is yours." Il ramène son regard sur la végétation, marquant une pause nécessaire.

Puis, aussi simplement qu’il s’est tu, reprend. "Grief can be so inconsistent with reality. A sudden and abnormal amputation that leaves so little structure to live with and to rest on." Le flegme d’Osmond est un peu plus resserré et pesant. Il continue de jeter à la flore ses yeux inégaux mais ne la regarde plus vraiment. "I remember my first bereavement very well. By a cruel coincidence, it was also my first love. As you can imagine, I learnt a lot from her," il a un inspiration tranquille, "discovering the joy of being loved and loving in return with nothing to fear being one of those things." Il se perd momentanément dans ses souvenirs. Un sourire subtil traverse ses lèvres. "We were very naive. Very new at everything." Il s’anime soudain un peu plus, transporté par son récit ; le visage se penche sur le côté, vers Laudna, et une main, détachée de l’autre, produit quelques gestes en pinçant les doigts comme pour illustrer les propos. "I'd got into the absurd habit of collecting all the little things that belonged to her. Even the insignificant ones!" Une moue pleine de sourcils froncés et de lèvres plissées. "Oh, it was almost embarrassing; I kept every little ribbon, every draft of a drawing, even some of her empty vials of poison - yes, she had a peculiar hobby," termine-t-il sur le ton de la confession, toujours autant animé par son récit et ce que son récit lui inspire comme effervescence.

Cela lui passe. Son corps massif à côté de celui longiligne de Laudna retourne à ses raideurs marmoréennes. Il reprend la même position, l’expression de ses traits presque plus figée encore maintenant qu’il s’est cruellement rappelé ce passé-là. "And then all of a sudden: nothing." La voix est bizarrement blanche d’émotion. "She died," ment-il intentionnellement (il n’a pas l’impression de mentir), "and everything disappeared with her." Quelques gémissements derrière eux, agrémentés de sifflements ophidiens faisant taire la vieille femme. "I've never felt more misunderstood and alone than after that," reprend la voix calme et feutrée. "No matter how surrounded I was." Il tait les méchancetés vicelardes et un peu tristes que cette 'disparition' lui évoque, en plus de ce qui lui évoque ce dit entourage. Le profil se tourne vers Laudna, la nuque quelque peu penchée pour réduire le peu de différence de hauteur qu’ont leur visage. Il y a un silence interrogatif. Qu’il rompt tranquillement. "Is that how you feel right now?"
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tw: deuil, manipulation émotionnelle

Comme à un Dieu à qui on vient de sacrificiel son seul enfant, tu penses être sortie d'affaires et ne plus jamais avoir à offrir quoique ce soit à Osmond - tu viens après tout de tout lui donner, ton deuil et ton otage sur un plateau d'argent, et que voudrait-il de plus de ta part? Vos élans d'intimité ne sont que ça: des élans, précipités et rares, perdus entre de longs silences confortables et machinations cruelles. Vous vous entendez bien, mais tu n'as jamais eu la stupidité de penser qu'il aurait le moindre intérêt pour ta personne si ce n'est professionnel. Tu as toujours apprécié cela, chez Osmond.
Tu ne sais pas quand tu t'es mise à espérer pour plus.

Peut-être la première fois qu'Amy t'a prise dans ses bras en riant. Ou alors quand Hush t'a offert un double des clefs de chez lui, quand Balast et Fury t'ont aidée à configurer ton headset, quand Mal t'a envoyé une recette étrange qu'il avait trouvé sur Argo, quand Cam t'a invité dans son construct secret dans le Metaworld. Quand es-tu devenue humaine? Quand t'es-tu aventurée à penser qu'Osmond l'était aussi? Nous connaissons tous les deux ta forme véritable. Depuis quand la crains-tu?
Tu sais mieux que personne ce qui advient quand on chasse le naturel.

Tes longues jambes repliées contre toi, tu tends le doigt et commences à dessiner dans l'argile rouge entre tes pieds. Un sourire, une vague, ou une tombe, ou un serpent qui se mord la queue. Difficile à dire. Tu n'as jamais été du genre créative, ou expressive.
Tu suspends ton geste en entendant les pas d'Osmond s'approcher, et ta main revient sur ton genoux osseux alors que tu rebondis mollement sur la branche lorsqu'il y prend place.
Sa proximité est chaude et étouffante, dérangeante. Tu enfonces ton nez dans ton hoodie sans te tourner vers lui. "I wasn't suggesting you give me your hoodie. Just that you take it off." Tes doigts se resserrent un peu sur les manches effilés du pull, tu t'y enfonces profondément comme si il était en train de te menacer de te l'arracher du corps, en secouant légèrement la tête. "You could keep it around your waist or, of course, keep it as is. The choice is yours." Le choix est toujours le tien, dans la bouche du Serpent, mais tu as l'impression d'entendre tout de même ce qu'il aimerait que tu fasses. Que tu te débarrasses de ce deuil, que tu cesses de le porter comme un long manteau, que tu redeviennes la même qu'avant, celle qui était venue le trouver dans les boyaux de l'Underapple et qui avait accompli tous ces actes horribles en son nom, sans protester ni se plaindre. N'aimerais-tu pas redevenir cette personne, après tout? Oublier cette douleur?
Frances - tu mérites tellement mieux.

Tu ne réponds pas à ce que dit Osmond, parce que ce n'est pas une question. Tu ne réponds pas non plus quand il fait étalage de sa vie, même si tes yeux s'agrandissent sous le coup de la surprise dans un silence éteint. Tu regardes les mains d'Osmond, puisque son visage te semble être une épreuve insupportable, jusqu'à ce qu'elles retombent.
Tu penses à la plante que Hush t'a laissée, ou ses couteaux, ou son pull, ou les t-shirts que tu lui as volé au fil des ans, la paire de pompes de gym qui a traîné pendant des mois dans l'entrée de chez Amy, le nombre insupportable de post-it roses qu'Hush a laissé dans tes poches quand il pensait que tu ne regardais pas. Malgré tout ça, tu aurais aimé garder une mèche de cheveux. Tu essayes de mettre un visage à l'amour perdu d'Osmond. Tu l'imagines avec des yeux fendus de serpent.

"And then all of a sudden: nothing." Cette fois, lentement, tu tournes la tête vers Osmond, pour étudier son profil sculptural et sa voix aussi égale que d'habitude. "I've never felt more misunderstood and alone than after that. No matter how surrounded I was." Osmond parle de solitude. Tu l'as toujours vu sans une ombre ou une autre, que ce soit Bobby ou sa copine de l'Arcana ou une Harper aux yeux brillants ou un Amy aux yeux brûlants. Et puis, égoïstement, comme beaucoup d'endeuillé.es, tu penses que tu es la première personne à ressentir le chagrin que tu ressens avec telle intensité. Cette absence et cette douleur sont tellement insupportables. Comment pourraient-elles exister ailleurs? "Is that how you feel right now?" Tu détournes le regard et fais de nouveau face à l'épais rideau de végétation face à vous. "Yes." Il y a une note amère dans ta voix, un peu humide, qui disparaît tout aussi vite qu'elle est apparue dans la suite: "I've always felt like that. But he made me feel different. So adapting back is hard." Tu tournes de nouveau la tête vers lui, ton menton enfoncé contre ton épaule, comme pour cacher la moitié de ton visage à sa vue. "He was my best friend."

Tu as d'autres ami.es. D'autres meilleur.es ami.es, aussi absurde cela puisse te paraître. Mais personne n'a été le premier avant Hush. "And now I feel empty. I don't know why I care." Tu retournes à ton dessin, entre tes jambes, tends de nouveau le doigt pour le reprendre. Un nuage, la racine d'un arbre, la curvature d'une rivière, les crocs d'un loup. "They're all going to die anyway." Il y a un they, et un us; une force immuable et un object immobile. Comme le monde qui tourbillonne autour d'eux, la vie qui n'attend personne - et leur existence immobile et immuable à la fois, plurielle, qui s'étire et s'étire et a une fin tellement lointaine qu'elle semble impossible. "How do you deal with it?" Tu dessines le reste du visage du loup. Tu enfonces ton index dans ses yeux, l'un après l'autre. "The alone-ness."
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"Yes. I've always felt like that. But he made me feel different. So adapting back is hard." Après s’être dérobés à sa vue, les yeux noirs de Laudna redeviennent de nouveau visibles, deux billes luisantes que la visière de sa casquette n’arrive pas tout à fait à dissimuler. Osmond hoche doucement la tête, signifiant qu’il écoute et comprend. Le retour à la normale, quand bien même il s’agisse justement de la normale, peut avoir la saveur d’une régression amère. "He was my best friend." Les lippes sont descellées. "I know." Le ton est compatissant pour différentes raisons. La première est d’affirmer son rôle de leader proche de ses séides, attentif aux liens qui les unissent et sensible aux peines qui en découlent. C’est une raison froide et calculatrice qui s’exécute avec une dextérité machinale. La seconde est de soulager Laudna dans ses aveux, qu’il sent être difficiles et écrasants, tandis qu’elle lui apparaît pour la première fois depuis qu’ils se connaissent véritablement chagrine. C’est une raison humaine, qui s’installe entre eux qui ne le sont pas comme s’il fallait malgré tout un peu de cela aussi dans leur monde monstrueux.

"And now I feel empty. I don't know why I care." Laudna retourne à ses arabesques, attirant l’œil curieux d'Osmond qui absorbe chacun de ses gestes quand il ne dévore pas chacune de ses moues. "They're all going to die anyway." Le regard mort-vivant se laisse aller à la contemplation du dessin avant de remonter le long de son bras, jusqu’à recouvrir l’entièreté de son profil. Mourir dans les décennies qui viendront ? mourir demain ? Impossible de savoir à quoi pense cette tête pleine de cafard. Sans doute parle-t-elle du grand drame des immortel·le·s. Celui qui les condamne à une vie précisément éternelle quand les êtres tout autour, aimés ou détestés, s’effondrent dans leur tombe à la vitesse d’un cri. Osmond n’est pas immortel. Il ne pense pas que Laudna le soit non plus. Mais la tragédie est à peu près le même, sinon qu’il y a la certitude, à peine consolante, que ce long chemin bordé de stèles arrivera un jour à sa fin. Osmond repense à la croix que porte désormais Amy, symbole qu’il voulait affectif, ironiquement transformé en le rappel cuisant que viendra tôt ou tard le moment où il devra la reprendre sur son corps froid.

"How do you deal with it?" Le profil altier est tiré de ses pensées. Il s’en extirpe difficilement, une partie de lui restée dans cet imaginaire douloureusement réel, plein de sépultures. Le doigt de Laudna se plante dans la terre humide sans savoir à quel point il est crédible dans son rôle d’allégorie. "The alone-ness," précise-t-elle. Osmond redevient songeur. La moiteur qui les entoure lui paraît très lointaine, tout comme la racine sur laquelle ils siègent lui paraît perdre de sa substance. Les petits mouvements de Laudna accaparent ses billes, qui flottent à présent dans une certaine torpeur. "Well, I dealt with it in very different ways over time," concède-t-il après un moment.

Son faciès quitte les gesticulations de Laudna. Il regarde la flore sans vraiment la regarder. Dans son crâne, ses serpents communiquent tout ce qu’ils voient, entendent et sentent. Certains ont repéré des caméras dans les branches et des nœuds de câbles électriques au sol, ce qui n’a proprement aucun sens dans le fin fond de la forêt équatoriale. Ces données nouvelles sont momentanément mises de côté, tandis qu’il poursuit. "First, it was unbearable. So I convinced myself that I deserved it, and the more I convinced myself of it the more horrid I had to become so that this logic didn't break down." Le flegme est strié d’un léger mouvement de lippe. Il n’y a pas l’ombre d’une fierté dans son timbre tranquille. Pas l’ombre d’un remord non plus. "Then I found Sophie, and the aloneness, as you call it, subsided. For a while." Il ne mentionne pas Carmen, Helmina, Angelo et Izak. Ses autres enfants adopté·e·s étaient là aussi, à cette même période, et il s’est tout autant occupé d’elleux, mais la réalité cruelle de cette attention qu’il leur portait subsistera toujours : elle était parfaitement moindre que celle totale portée à sa chère Sophie. Le regard mort-vivant se déplace lentement dans le décor, portant la tête dans son chavirement. Il semble vouloir se reposer sur Laudna, qui lui rappelle parfois Sophie, mais les vertèbres se figent, reviennent dans leur axe. "Now… I just accept it. I came back to finish something I started; how I feel is irrelevant."

"I should have spoken to you earlier. I was wrong to let you grieve alone." Le Panama pivote derechef dans la direction de Laudna. Osmond sent monter une tendresse inique pour la fille de Luther, cela même s’il continue de la soupçonner d’il-ne-sait-quoi. "Yes, I know, you're not exactly alone." La vieille femme derrière eux pousse un râle aigu, sans parvenir le moins du monde à ravir à Laudna l’attention exacerbée d’Osmond. "But you are. Alone, and feeling empty," reprend-t-il ses mots. "And it was my role to be by your side. Not as a leader: but as a friend." Laudna était là bien avant les Orphans, toujours coulée dans son ombre, toujours disposée à l’épauler, infiniment obéissante - l’amitié n’est pas tout à fait ce qui les lie, mais puisque ce qui les lie n’est pas qualifiable, il opte pour ce qui s’en rapproche le plus. Sa main se dénoue à l’autre et vient retirer son chapeau. Il transpire lui aussi, ramasse ses mèches grises en arrière dans un mouvement lent et absent.

"I want you to know that I'm here. That I understand; and if I cannot understand what you're going through, because it's your own personal experience, I can understand why it's hard." Il garde son Panama dans sa dextre, revenant à Laudna. "I've never let you down. Not even when you told me the whole truth about you." Not the whole truth. "I won't let you down this time either." C’est une déclaration calme mais solennelle, on ne peut plus franche. Laudna mérite sa loyauté. Et s’il s’avère qu’elle ne la mérite pas, il la tuera. Il n’y aura jamais d’entre-deux où l’indifférence s’installe avec son lot de perfidies. Magnet pourrait en témoigner. Il ne fait pas dans la demi-mesure avec celles et ceux qui lui brisent le cœur. "And Laudna, I promise you this: we will avenge Usher." La tête de loup n'est pas regardée, mais elle est tout aussi bien désignée.
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Tu n'as jamais été très portée sur les sémantiques - ou les langues en général - mais ce que tu viens de dire est, pour une fois, d'une grande justesse. Ce n'est pas la loneliness, l'isolation, qui te hante; mais bien l'aloneness (que tu prononces comme si ce n'était pas un vrai mot, ignorant jusqu'à son existence), la solitude, la vacuité énorme et terrassante de ton existence toute entière, vouée à finir dans notre Royaume, isolée de toustes. Si la misère aime être accompagnée, les démons ont rarement droit à cet égard.
Tu écoutes attentivement le récit d'Osmond, et essayes de t'imaginer un peu l'ampleur de sa vie, que tu sais bien plus riche que la tienne. Tu l'envies. C'est la première fois que cela t'arrive. Tu as toujours respecté Osmond, presqu'autant que tu l'as craint. Évidemment, tu l'apprécies, et l'admires, le reliquat des récits que je te faisais de Cecil quand tu étais plus jeune; et tout aussi évidemment, tu le crains et tu le méprises, le ressentiment que j'ai pu ressentir à son égard ayant progressivement déteint sur toi. Mais au milieu de tout ça, tu ne lui as jamais envié son pouvoir, sa maîtrise de ses capacités, sa prestance: c'était autant de choses qui semblaient chez Osmond aussi naturelles que respirer.

Étonnamment, aujourd'hui, tu lui envies quelque chose que personne n'aurait jamais pu soupçonner chez le Serpent: tu lui envies ses amours, que ce soit d'avoir aimé, ou d'avoir été aimé en retour. Tu pensais avoir connu ceci au contact d'Atticus et, peut-être, lors des premiers jours de l'existence de Mabel. Mais ces souvenirs sont bien loin maintenant, ont été rendus confus par le temps et tout ce qui est advenu ensuite. Quand tu penses à l'amour, tu penses à quelque chose de plus lointain encore: l'image faussée dans ton esprit de moi-même rentrant à la maison et prenant Margaret par la taille pour l'embrasser. Existait-il une image plus réconfortante à tes yeux?
Tu te feras d'autres ami.es, tu auras d'autres allié.es, et peut-être que tu connaîtras l'amour. Ce désespoir intense ne te ressemble pas, mais il passera; parce qu'après tout, tout nous passe dessus, le temps, les ères, les autres. C'est un sacrilège pour moi que tu te sentes amoindrie par rapport au Serpent parce qu'il a connu quelque chose que tu penses impossible pour toi. J'oublie souvent que tu es encore jeune, quoiqu'en disent les horloges limbiques.

"I should have spoken to you earlier. I was wrong to let you grieve alone." Ma stupeur résonne à travers toi, et tu tournes la tête vers Osmond d'un air interloqué, soudainement tirée de tes pensées. Difficile à dire ce qui te choque le plus: l'admission (fausse) de sa faute, ou l'idée qu'il ait le moindre devoir envers toi. Quand tu ouvres la bouche pour répondre, il se corrige d'une manière encore plus inattendue: "Yes, I know, you're not exactly alone." Et tu la refermes sans mot dire, stupéfiée. "But you are. Alone, and feeling empty. And it was my role to be by your side. Not as a leader: but as a friend." Le Serpent ment. Je reconnais sa langue et son visage: Cecil n'a jamais eu un.e ami.e qu'il n'a pas poignardé.e dans le dos, n'a jamais fait une alliance qu'il briserait sans la moindre hésitation. Cela en faisait un précieux allié, et un mauvais ami.
Le monde change lentement d'axe, alors que tu approches cette vérité dont tu ignorais l'existence: Osmond ton ami. Tu le regardes enlever son chapeau, passer une main dans ses cheveux. Il y a quelque chose de tellement humain à ce geste, à son front luisant de transpiration, à ses cheveux gris qui bouclent à cause de l'humidité. Cela te rappelle à ton propre inconfort thermale, et cela te rappelle aussi que le Serpent est un Homme - évidemment que le moindre de ses gestes est calculé pour endormir tes sens et tes perceptions de sa monstruosité, évidemment que tu es trop conne pour le voir, évidemment que tu te fourvoies. Peu importe, en cet instant précis.

L'intensité du regard du Serpent est dérangeante, et à la fois tellement appréciable: il y a peu de choses comme accaparer l'attention d'un être comme lui, puissant et magnétique. Ce n'est pas sans raison qu'Harper et toi ne vous entendez pas très bien. "I want you to know that I'm here. That I understand; and if I cannot understand what you're going through, because it's your own personal experience, I can understand why it's hard. I've never let you down. Not even when you told me the whole truth about you." Ta bouche se plisse imperceptiblement, pauvre conne, et je sais qu'il le voit immédiatement; à son regard, j'imagine qu'il a deviné que tu lui as caché les détails les plus minutieux de ton histoire et à ta réaction, je sais qu'il va confirmer ses doutes. "I won't let you down this time either. And Laudna, I promise you this: we will avenge Usher." Quelque chose passe sur ton visage: un tremblement qui te prend la colonne vertébrale, descend le long de ton dos dans un séisme horrifique et monstrueux. Il y a un bruit guttural qui s'échappe d'entre tes lèvres, une pulsion fantasmagorique dans les ombres moites de ton visage; si tu le pouvais, tu te transformerais immédiatement, pour préserver la sombre pulsion qui te vient soudain de te réfugier dans les Limbes.
Tu as été incohérente dans ta rage pendant plusieurs jours; maintenant, tu es cohérente dans ta rage, et tu sais que tu n'as plus qu'à attendre ton heure.

Tu ne réponds pas à sa promesse. Osmond sait mieux que quiconque ta quête aveuglée de vengeance sous toutes ses formes; il n'a jamais fait doute dans ton esprit que tu te vengerais de Wolfman. Tu hoches sèchement la tête, et la créature s'abaisse, s'éloigne de toi.
Tu te rappelles soudainement pourquoi tu as transféré ta loyauté envers moi à lui; tu te rappelles aussi pourquoi tu n'as pas de pulsions meurtrières pour lui comme tu en avais pour moi. Tu te dis qu'il est peut-être méritant de ta confiance. Que toi aussi tu es son amie. "I forgive you," lui dis-tu, même si tu ne penses pas réellement qu'il a fauté. C'est, quelque part, des mots vides de sens: il est ton maître et ton berger, il n'a pas besoin de ton pardon. Mais c'est peut-être parce qu'ils sont vides de sens qu'ils sont aussi importants pour toi; tu espères qu'il comprendra. "You are worthy of my trust, although I don't know that I am worthy of yours. There is... more to my past that what I have shared with you." Tu es embarrassée, mais gardes ton regard planté dans le sien, ta bouche se plissant de nouveau d'une expression pincée. "More than can be shared safely right now. But when we're back in New Blossom, if it is of any interest, then perhaps I could tell you. As a friend," rajoutes-tu, le mot prenant une mélodie affectueuse, si ce n'est maladroite, dans ta bouche. Le Serpent vient de te faire un cadeau rare, et de le recevoir en retour. Même si tous les Orphans connaissent ton tempérament, lui-seul comprend à quel point tu aimes punir celleux qui t'ont fait du tort; ainsi penses-tu naïvement qu'il ne compte pas sur l'idée de te trahir à son tour.
C'est une mathématique simpliste et rassurante. Je pense que tu la regretteras.

"I apologize," tu baisses les yeux cette fois, penaude, ploies un peu de ta nuque: regret et soumission tout à la fois. "These things are hard to share, and my father forbade me from doing so. With good reason." Tes lèvres se plissent, relent de misère. "The last person I told died shortly after." Toujours ce fantôme de Hush dans tes mots pesants, tes secrets plus lourds encore. Tu porterais la croix du Christ et le monde d'Atlas sur les épaules si tu le pouvais, toujours apitoyée, toujours lamentable. Il est grand temps que ta misère molle et constante soit transformée en arme. Peut-être que je peux accorder ça à Osmond.
D'un geste lent, presque repentant, tu passes tes bras dans les trous du hoodie. Ils disparaissent contre ton corps et, combattant contre la moiteur qui colle le coton à ta peau, tu enlèves lentement le pull comme on se séparerait d'une seconde peau. C'est un long procédé, gênant et maladroit, et la chaleur environnant est à peine amoindrie quand tu t'es enfin dévêtue; mais elle devient gérable, toujours aussi étouffante, mais moins handicapante. Heureusement pour toi, les moustiques ne t'approchent pas, t'évitent même, indifférents à tes épaules dénudées par ton débardeur blanc.
Il y a beaucoup dans ce geste, construit sous les yeux d'Osmond. Obéissance et acceptation, confiance et dévotion. Un peu de regret.

Tu gardes le pull de Hush sur tes jambes et en triture les manches élimées d'un air triste. Tu n'arrive pas à croire que quelqu'un ayant eu une vie aussi grande et intense que Hush en soit réduite à ces quelques reliques qu'il a laissées derrière lui, beaucoup trop peu à ton goût. Tu regrettes d'en avoir donné la majorité à son entourage; et à la fois, tu n'aurais pas pu leur donner une meilleure seconde vie. "Can I ask you a question?" Tu repousses d'une main lente tes cheveux blancs collés à la peau moite de ton cou et de ta tempe, te tourne vers Osmond d'un air songeur. Du même geste, tu ajustes ta casquette, puis finis par l'enlever, le temps de laisser à ton corps l'opportunité de se réguler. "Do you believe in God?" Tu ne comptes plus les mutant.es qui s'en sont détourné.es sous tes yeux incompréhensibles, l'athéisme sous-jacent à cette nouvelle Amérique moderne dont la face a changé comme ses pièces de monnaie en moins d'un siècle. Tu es loin d'être puritaine et pour autant, ne peux que regretter ce changement des moeurs. "Or in Heaven? I think," dis-tu en désignant d'une main nerveuse vos environs, toujours aussi insondables pour toi. "that I'd like to pray if we are to be meeting with a witch."
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D’entre les lippes sages de Laudna, un bruit guttural attire les yeux d’Osmond, qui fixent le petit peu d’ouverture comme s’il regardait directement dans l’œil du monstre. Sa forme horrifique menace mais n’arrive pas, se tait finalement dans un supplément de silence. "I forgive you." Le regard mort-vivant remonte là où la conscience humaine demeure. Certaines formules ont le pouvoir de concilier ce qui ne se concilie pas ; il accueille ces quatre syllabes comme si elles l'avaient débarrassé d’un poids, les épaules un rien plus détendues, le menton hochant doucement. "You are worthy of my trust, although I don't know that I am worthy of yours. There is... more to my past that what I have shared with you." Les cervicales se sont figées, donnant à l’écoute d’Osmond une intensité dédoublée. "More than can be shared safely right now. But when we're back in New Blossom, if it is of any interest, then perhaps I could tell you. As a friend. - I would like that Laudna," admet-t-il dans un nouveau petit signe de tête. Il s’est radoucit le temps de cette promesse qu’ils se font, de ce futur qu’ils préméditent, et de cette loyauté qu’ils renouvellent. Quoiqu’il s’en satisfasse de la plus froide des façons, il est aussi à noter que sa paranoïa se retire, tant de ses suspicions que de ses épaules, cette fois véritablement détendues.

"I apologize. These things are hard to share, and my father forbade me from doing so. With good reason." La mention de Luther fait traîner derrière elle une odeur âcre dans l’humidité sylvestre des parages. Il lui paraît toujours aussi incroyable que Laudna soit sa fille et qu’elle les relie dans le Temps comme un fil rouge, fin mais incassable. Laudna n’a jamais été très bavarde au sujet de son père, si ce n’est pour lui expliquer la quête exténuante dans laquelle elle et lui se sont lancés lorsqu’il a fallu le retrouver. Il a toujours trouvé incongru et inapproprié que Luther ait à ce point cristallisé tous ses espoirs sur lui, qu’il avait connu contesté et peu puissant du temps des Nightbringers, sans bien évidemment jamais remettre en question la cohérence de sa foi sous le nez de Laudna. Parce que cette croyance familiale lui est tout à fait utile. Et parce que la fille semble porter au père une estime inaltérable. Manifeste jusque dans le ton recueilli qu’elle emploie quand elle parle de lui, et les postures sages, respectueuses, qu’elle prend ce faisant. Cela pourrait aussi être de la peur, ou de l’amertume. Mais Luther était un homme respectable, si l’on ne tient pas compte du fait qu’il invoquait aussi des démons. Osmond ne peut pas l’imaginer en père indigne. Sans doute parce qu’ils se sont justement connus jeunes et que toutes leurs pires erreurs restaient encore à faire. "An unfortunate coincidence, I'm sure," répond-t-il à la mention d’Usher, qui a bien vite remplacé celle de Luther. "Your father would have agreed to you confiding in me." Il n’imagine pas toute la colère qu’il déchaînera sans doute en prononçant ce seul avis orienté. Avec la tranquillité du Juste, il remet son Panama sur sa tête.

Le mouvement est ralenti en voyant que Laudna retire, plus ou moins adroitement, le hoodie de Usher, signant sa capitulation dans une profusion de plis et de mèches blondes entortillées dans le textile. Le bras d’Osmond se baisse lentement. Il retient un sourire, satisfait il est vrai, malgré lui désolé aussi. Rien n’a changé dans la compréhension aigüe (presque viscérale) qu’il a de sa détresse, surtout pas après les confessions qu’il a recueillies d’elle, dans le fond tristes, malheureuses. Elle est âgée, jeune, un peu tout à la fois et rien en même temps, et ses secrets lui graillonnent l'esprit où gît, latente et impatiente, une conscience horrifique. Il ne peut qu’avoir de la compassion pour elle.

"Can I ask you a question?" Les épaules d’Osmond se tournent un peu plus vers elle, un coude posé sur l’une de ses cuisses, manifestant son attention plus que son accord. "Do you believe in God?" Un flottement. "Or in Heaven? I think, that I'd like to pray if we are to be meeting with a witch." Il réfléchit à la proposition, comme si elle ne lui paraissait pas absurde au possible, avant d’opiner. "Then let's pray." Une réponse qui se suffit. Il la laisse prendre les devants, procéder comme elle le souhaite, avec une réserve respectueuse de ses pratiques, qui pourraient tout aussi bien différer des siennes même s’il croyait en son Dieu. Dextre et senestre finissent par se joindre, l’une plus menue que l’autre, toutes deux lugubrement blafardes dans leur sobre union. Que la prière soit faite à voix haute, à voix basse, ou rentrée dans le mutisme de leurs esprits, il suit, accommodant par intérêt, l’attitude humble.

Ainsi et pendant que Laudna parle à son Dieu, lui parle à ses serpents, leur communique ses questions sous forme absconse et primitive pour qu’ils lui retournent des indices supplémentaires quant à leur exploration. Après plusieurs échanges parcellaires, desquels il faut trier impressions sous-jacentes et pressentiments immanents, il déduit le circuit à emprunter et les quelques petits dangers possibles qu’il leur faudra éviter. Entre temps, ses doigts ne bougent pas contre ceux de Laudna. Pourtant il y fait chaud, entre ces deux paumes brûlantes et scellées, et c’est peut-être la première fois qu’elles entrent en contact, à tout le moins aussi longtemps. Quand ils retirent leurs mains, Osmond ne le fait pas avec la précipitation de la gêne ; il y a même dans le léger temps de latence l’aveu discret d’avoir apprécié garder Laudna contre lui, aussi fallacieuse qu'ait été sa participation à la prière.

"We have a long way to go," rappelle-t-il après un moment. Ils se sont levés et observent côte à côte la vieille femme pourvue de ses membres-ophidiens. "It's about an hour's walk, if our lack of equipment doesn't slow us down." Un petit pli contrarié apparaît entre ses sourcils. "We should have prepared better," confie-t-il à Laudna, le ton détaché signifiant qu’il n’y a là rien de grave. D’autant que d’eux deux, il est celui le moins bien équipé pour marcher une heure entière dans la forêt équatoriale. Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Il aurait pu passer se changer à la fermeture de l’Arcana avant d’aller rejoindre Bobby et Laudna à la palanque. Si ce n'est pour son chapeau gracieusement ramené par son vieux compère, rien n'est adéquat dans sa tenue. "I would like you to tp her back to where you brought her from," dit-il, utilisant son lexique avec une maladresse certaine, ne serait-ce que parce que cette bouche, et ce visage, semblent déjà incohérents avec tout vocabulaire moderne. Il n’entre pas non plus dans les détails de cet "ailleurs", veillant à rester ignorant. "The witch mustn't know that we’ve got her. We don't know what her value is, or her use…," réfléchit-il à voix haute, la tête légèrement penchée, dans la posture d’un enquêteur analysant une scène de crime.

Il laisse à Laudna le soin la renvoyer dans ses cet endroit mystérieux qu’elle lui présentera, il l'espère, plus tard, et tandis qu’elle s’exécute, continue, échangeant avec elle de la plus simple des manières, avec une facilité déconcertante qui trahit malgré tout leurs vingt années de connivence. "I detected cameras in the forest and a network of electrical cables. It makes absolutely no sense, so we're going to have to be extra vigilant. There could also be altered people hiding here…" Son regard se déplace vers le sentier qu’ils vont devoir emprunter. "Or perhaps this territory is not as cut off from modern world as we thought…" Il s’arrache à ses pensées en voyant Laudna revenir vers lui, puis entame leur longue marche.
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Osmond est impie, un danger parmi les Hommes; il pense savoir que Dieu n'existe pas, ou alors il sait qu'Il est détourné de lui il y a bien longtemps pour tous ses pêchés. Peu importe, il ne répond pas à ta question, ce que tu remarques sans commenter, glissant plutôt ta main dans la sienne pour prier. Il y a quelque chose de rassurant à sa présence et à l'obligeance placide à laquelle il se plie pour satisfaire ton envie. Tu te dis, naïvement, qu'il a peut-être raison, et que tu peux te confier à lui.
Tu lui en as déjà trop dit. Tu apprendras.

Tu fermes les yeux en te concentrant sur les mots qui sortent de ta bouche, qui me sont familiers. C'est moi qui te les ai appris. Il y a eu un temps où nous étions incapables de passer par les Limbes sans les dire, la prière faisant partie intrinsèque de ta déchirure; la pratique s'était érodée avec les ans, et avec l'urgence parfois de nos déplacements. En t'entendant prier sous ta respiration, tes mots trouvant écho dans la bouche du Serpent, je réalise seulement à quel point tu as changé presqu'autant que le monde a changé. "Lord God, heavenly Father, you know that we are set in the midst of so many and great dangers..." Les mots te viennent facilement, et glissent autour de ton coeur et de ton esprit une protection apaisée et sereine. La présence d'Osmond te rassure; son contact te galvanise. Tu te sais privilégiée de cette position.
"Amen." Tu presses momentanément les doigts d'Osmond entre les siens avant de rouvrir les yeux et de le relâcher. Tu n'arrives pas à lire l'expression qu'il porte sur le visage, mais tu ne te poses pas la question non plus; pour l'instant, tu le considères avec un profond et sincère respect, et une appréciation nouvelle. "Thank you." Tu relâches son regard après un instant de trop, le baisses plutôt sur le pull de Hush sur tes jambes, dont tu tritures encore les coutures. Après un dernier moment de réflexion interne, qui ressemble là aussi à une prière, tu finis par déplier tes longues jambes pour te relever, et passes le hoodie autour de ta taille.

Tu attaches précautionneusement tes longs cheveux blancs avant de remettre ta casquette, spectatrice distraite du malheur de la vielle femme qui se tortille toujours d'inconfort et de douleur sous vos deux paires d'yeux inhumains. "We have a long way to go. It's about an hour's walk, if our lack of equipment doesn't slow us down." Tu te passes une main nerveuse sur la nuque, redoutant qu'il te demande de vous amener là-bas à l'aveugle. "We should have prepared better." Tu ne réponds pas. Ce n'est pas vraiment de ton apanage; ta seule véritable préparation a été la casquette, parce que Balast t'avait dit qu'il y aurait du soleil. "I would like you to tp her back to where you brought her from. The witch mustn't know that we’ve got her. We don't know what her value is, or her use… - Very well." Tu t'approches d'un pas vif, puis plus lent, de la vieille femme. Ta bouche se plisse d'une expression dégoûtée quand l'un des serpents se tortille en direction de tes chevilles. Mais même toi a possède un modicum de fierté, et tu ne demandes pas à Osmond de les faire disparaître. "I detected cameras in the forest and a network of electrical cables. It makes absolutely no sense, so we're going to have to be extra vigilant. There could also be altered people hiding here… - Hm." Tu restes concentrée sur les serpents et, étonnamment gracieusement, fais des pas de danseuse pour les éviter. Tu t'accroupis à côté de la vieille femme afin d'attraper son mollet et, dans un fractionnement soudain de la lumière, elle disparaît.

"Or perhaps this territory is not as cut off from modern world as we thought…" Tu te relèves et t'approches d'Osmond. Tu n'as jamais été du genre bavarde, et tu sais qu'il ne s'attend pas à la moindre réponse ou idée perspicace de ta part (ce serait mal te connaître). La conversation, si on peut appeler ça ainsi, reste pourtant confortable, sans gêne. Tu aimes bien l'écouter parler. "Apologies for taking her out so soon." Tu es tentée de t'excuser pour un peu plus que ça, mais tu te mords la langue et, après un hochement de tête sérieux comme un soldat face à son officier, tu lui emboîtes le pas dans les méandres de la forêt équatoriale.
Il ne fait pas plus frais, sans ton pull, qui commence d'ailleurs à te réchauffer les fesses et les jambes. Ta peau est toujours recouverte de cette fine pellicule de sueur, et la chaleur environnante t'abrutit lentement d'une lenteur affectée: chaque mouvement te coûte et te demande de plus en plus de volonté pour continuer. Tu persévères en silence, celui-ci seulement troublé par le frémissement des feuilles et le sifflement des moustiques qui vous entourent. Ils ne t'approchent pas, sentant sans doute l'horreur dans ton sang, mais tu te retrouves souvent à essayer de les claquer entre tes mains. Quand tu y parviens, tu regardes alors le sang d'Osmond entre tes paumes avec une fascination incompréhensible, avant de rapidement les essuyer sur les côtés de ton jean.

Le temps passe. Lentement. Rapidement. Vous progressez selon les informations d'Osmond, relayées par ses serpents, et tu es donc la seule surprise quand vous débouchez, plutôt soudainement, sur une route.
Pas vraiment une route. Un chemin dans la forêt; mais un chemin sommairement défriché, une colonne au milieu de la forêt dense où il n'y a plus ni arbres ni broussailles. Le ciel est bleu au-dessus de vous; et sous vos pas, l'argile rouge du sol est façonnée en basso rilievo par les pneus des trucks qui sont passés par là. La nature a un peu repris ses droits, les angles des marques de pneus ont été arrondis, piétinés, remodelés par le temps. Malgré cela, il y a toujours cette délimitation surnaturelle entre route et forêt.
Il ne te faut que quelques secondes pour repérer les fils électriques dont parlait Osmond, soigneusement cachés sur le bord du chemin. Un frémissement étrange s'empare de toi, mi-excitation, mi-crainte. Tu te tournes vers le Serpent, étudies soigneusement son visage. "Are they like us?" Et puis, réalisant que tu n'as pas formulé le début de ta pensée à haute voix: "The blue bloods." Tu n'as jamais rien véritablement compris à l'idée précise de mutation, n'en ayant qu'une conscience vague et lacunaire, et surtout désintéressée. "That lady's eyes were tinted blue. But it's supposed to fade after a while, isn't it?" Tu avais écouté avec un mépris évident certains Orphans parler de leurs problèmes avec leur inoculations ou leurs addictions. Tu ne te cachais pas de les considérer comme inférieur.es à toi et autres True Bloods, comme iels vous appelaient; tu trouvais l'appellation dérangeante, même toi trouvant la fierté d'être déçue d'être réduite à notre relation filiale. "Do you think the witch is truly a witch?" Non pas que ça change ta crainte ou ton envie de prier à l'idée de la confronter; mais tu serais rassurée de savoir qu'elle ait un jour eu le sang bleu, ça te donnerait une bonne raison de l'écraser comme un insecte.
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Un sentier est apparu et avec lui la certitude que cette impression d’escroquerie n’était pas qu’une impression. Les semelles d’Osmond marchent calmement sur la route abandonnée, pesant de tout leur poids sur cette terre artificiellement retournée et tassée. Le réseau de câbles est bien là, tel que ses créatures le lui ont communiqué ; il déploie son regard au-delà, cherchant un début et une fin à la route.

Are they like us?” La voix discrète de Laudna ne lui apparaît pas de suite importante. Elle parle peu et souvent de manière basse, comme une onde sous-jacente assez peu perceptible et qui n'attire pas nécessairement l'intêret. “The blue bloods.” La phrase complétée, Osmond ramène son regard mort-vivant sur elle. Le silence qu’il lui rétorque signe une brève et vague confusion qui ne l’émeut pas au-delà de la surprise. Pourquoi parle-t-elle des Blue Bloods ? Elle répond bien assez vite à cette interrogations tue, sans doute sensible aux mutismes austères qu’Osmond lui retourne quand elle choisit de ne pas être claire. “That lady's eyes were tinted blue. But it's supposed to fade after a while, isn't it?” Il réfléchit. “Were they?” C’est quelque chose qu’il n’a pas remarqué. Il apprécie que Laudna ait a contrario noté ce détail. “Yes, I think so.” Il n’est guère plus éclairé qu’elle et pour à peu près les mêmes raisons ; le cas des Blue Blood et autres Carbon Copies, toxicomanes facilement manipulables et paradoxalement imprévisibles, l’a toujours laissé indifférent. Quoi qu’il serait plus juste de dire qu’il les méprise à raison, les utilise à tort, et laisse à l’ironie le soin de lui rappeler les quelques similitudes qu’ils partagent avec lui et les autres Originels. Il ne pense pas nécessaire de répondre à Laudna car il sait qu’elle partage cette opinion pour avoir vu là ses rictus, là son froid dédain poindre à l’ombre des discussions. Il pourrait la réconforter et lui assurer qu’ils pensent pareil, mais il ne veut pas que cela se sache ; elle pourrait, dans un accès de colère ou d’aversion, répéter aux dits Blue Blood et autres Carbon Copies composant les Orphans ce qu'il pense d’elleux. C’est une chose chez elle dont il a horreur ; elle ne sait pas correctement déguiser ses émotions. Et il en a d’autant plus horreur qu’elle sait en revanche très bien cacher sa part horrifique. C’est une déception de mentor.

Do you think the witch is truly a witch?” Ils ont repris leur marche, cette fois sur le sentier et dans la direction qu’il sait être juste. “No. But she certainly thinks she is one, which makes her, in a way, a real witch.” Osmond lève légèrement le nez en direction des cimes d’arbres bordant le chemin, repérant en effet quelques caméras de surveillance qui paraissent, du peu qu’il puisse voir, inactives. “I've come across a lot of mutants who thought they were special. Great and powerful. Unique. Having met thousands of them, I always knew that they were never the greatest, the mightiest, or even unique. But while I've always been indifferent to their pretentiousness, I've never underestimated the power of their autosuggestion.” Il glisse un regard à Laudna, appuyant une seconde supplémentaire en direction de son ombre. Puis il ramène son regard droit devant eux, le couvrant à nouveau de ses lunettes de soleil qui le gardent de la forte luminosité permise par le dégagement de la forêt. “If she thinks she's a witch, she will act like one.

Ils approchent peu à peu d’une zone murée où les barbelés se sont emmêlés à des racines montantes. Un portail en fer se dresse sur leur chemin, rouillé jusque dans ses gonds. “But remember: we come as friends. What I have to ask of her requires her full and willing cooperation. I can't afford to waste this opportunity by making her upset.” Il s’est arrêté devant le portail, marquant une pause interminable en examinant la matière avant de la toucher. “Having said that, and if all the options are reduced to nothing, I'd like you to take charge of motivating her.” Sa dextre se place au-dessus du fer, parallèle au portail sans encore le toucher, testant de possibles pièges qui pourraient lui être associés. “Just do what you did with the old lady earlier.” La main se déplace, constamment en parallèle, avant que son index se forme et touche du bout de l’ongle les épais cadenas fermant le portail. Ils deviennent à leur tour de lourds serpents qui tombent de l’autre côté, allégeant le portail qui craque et qui cède sous le poids cette fois décisif de la paume d’Osmond.

Les créatures en éclaireuses ondoient devant eux, ouvrant un chemin qu’il suit scrupuleusement tout en invitant Laudna à faire pareil. “Hola?”, hasarde-t-il à tue-tête, sans élever la voix plus que nécessaire. Le secteur est celui d’un complexe où trois bâtiments de style brutaliste s’élèvent au milieu de zones autrefois dégagées, aujourd’hui pleines d’une Nature qui a repris ses droits. “¿Hay alguien aquí?” Osmond retire ses lunettes et les replie avant de les insérer dans la poche avant de sa chemise, humectée de sueur et d’humidité. Les ombres immenses des bâtiments leur couvrent si bien la silhouette qu’on dirait que le soir est tombé. La lumière diurne, de toute évidence, est devenue plus sombre, plus pâle, plus opaque. A mesure qu’ils marchent, un smog anormal se met à les envelopper. “Witchy things…,” murmure-t-il à Laudna, l’œil luisant d’un amusement cynique mais la gueule scellée sur une expression fermée. Il lui indique plus manifestement de rester près de lui, d’un signe de la main qui frôle l’une des manches pliées de son hoodie. “Buscamos a Las Hermanas. Sólo queremos hablar con ellas.” L’accent se fait un peu pâteux, comme si le smog surnaturel lui grimpait dans le bouche et lui cisaillait les gencives. Un inconfort passager qu’il manifeste d’un petit froncement de sourcils avant de questionner silencieusement Laudna pour savoir si elle ressent la même chose.

Tout juste a-t-il le temps de trouver ses grands yeux globuleux que la nuit tombe, brutale et implacable. Le bâtiment à côté d’eux est le seul dont les fenêtres s’illuminent, crevant la noirceur épaissie par le smog de faisceaux aveuglants. Sans être impressionné, Osmond se tend perceptiblement, soudain plongé dans un silence profond. Il répète avec cette même longueur l’attente effectuée devant le portail, étudiant le bâtiment et l’étage éclairé comme s’il considérait la confection d’un piège à ciel ouvert. [lancer de dé] Après un temps interminable à attendre un accueil potentiellement hostile, Osmond se remet en branle, adressant un regard en coin à Laudna qu’il s’assure d’avoir toujours près de lui.

Ils pénètrent dans un hall qui servait manifestement de station d’accueil, dépassent les comptoirs semi-circulaires, les portiques en verre qu’il suffit de contourner, et s’avancent jusqu’aux escaliers massifs aux pieds desquels gisent des ascenseurs qu’ils ne prennent même pas le temps d’ausculter. De toute évidence, l’électricité, s’il s’agit bien d’électricité, n’est revenue qu’au dernier étage du bâtiment. L’ascension se fait en silence, dans une procession de pas qui résonnent entre eux, au-dessus, et en dessous à mesure qu’ils ascensionnent les six étages.

En haut, Osmond a besoin de reprendre son souffle. S’il fait bien moins chaud que dehors et si l’humidité s’est raréfiée pour ne laisser qu’une température sèche, la montée l’a cependant épuisé. La senestre posée contre le chambranle de la double porte ouverte, il vrille la nuque vers Laudna. “Remember…” Son signe de tête l’invite à finir sa propre phrase, dite et redite, et répétée autant qu’il le faudra pour s’assurer de sa coopération et bonne conduite - le temps qu’il faudra, disons. Le smog, présent par particules réduites en intérieur, finit par grelotter des sons abscons, sortes de murmures grotesques sensés les guider à destination. Osmond ramène son bras et entraîne derechef Laudna à sa suite, acceptant bon an mal an de jouer au jeu qui leur est imposé, ou, du point de vu des intéressées, ce qui sans doute est un mécanisme fondamental à leur univers.

Ils débarquent dans une salle de réunion absurdement bien rangée. Là où le reste du bâtiment est à l’abandon, et parfois même vandalisé par une force indéfinissable, cette pièce ovale aux grandes baies vitrées dans laquelle ils entrent pourrait avoir accueilli une réunion quelques minutes plus tôt. Deux femmes les y attendent, l’une assise, l’autre debout, à ses côtés, une main appuyée sur son épaule. Elles portent des blouses blanches caractéristiques et leurs longs cheveux bruns sont tirés en arrière, là en une queue de cheval inerte, là en un chignon épais. Osmond ne cache pas sa surprise. Il s’attendait davantage à voir apparaître des femmes versant dans l’occultisme, avec tout l’attirail de scène requis. Il réalise, sans beaucoup d’inquiétude mais avec une pointe aiguë de curiosité, avoir sous-estimé Las Hermanas. “Mis respetos-” Celle assise lève le menton. “Don't bother. We speak English.” Sa voix est crystalline. La seconde leur propose de prendre un siège en face d’eux, au bout de cette immense table ovale et blanche qui les sépare d’elles. Délibérément docile, il tire un dossier à lui et s’assoit.

Thank you for seeing us.” Bien que la seconde garde son regard d’un bleu vitrifié sur Laudna, la première, assise à la même hauteur que lui, le fixe sans la moindre expression. “I came here because I heard about Las Hermanas. One of them is said to have the power to lift curses. Was I told the right thing?” Les bras d’Osmond sont restés alignés sur la table, dans une posture sage et quelque peu rigide. “It's something I do, yes. Among other things.” L’orgueil s’est pointé en milieu de phrase. Il tire chez Osmond un sourire infime qui ne se voit pas. “Then I'm very glad to be here.” La seconde renifle. “Don't be so sure of yourself.” Les rides d’Osmond manquent cette fois véritablement montrer son sourire. “You've caused quite a stir in the village.” Le regard mort-vivant revient vers la première Sœur. “I'm sorry if we've disturbed your customs. It was not our intention. - Their customs.” Elles échangent un regard rapide et entendu. La curiosité d’Osmond grossit, trouve un moyen de déborder jusque dans son seul œil vivant. “Our village.” L’intonation ne manque pas de dédain. Il y a aussi du dégoût, et, plus en deçà encore, une anxiété palpable.

Osmond prend le temps de considérer le sibyllin de leur parole. Puis il regarde autour, illustrant ses propos. “What is this? Who are you?” Son pouvoir corruptif s’enroule dans son verbe [lancer de dé] mais ne prend pas. Qui qu’elles soient, qui qu’elles servent, ou quoi que soit la cause pour laquelle elles agissent ; rien de tout cela n’a plus vraiment d’importance. Le délabrement semble avoir tout gagné, allégeance comprise. Ignorant ses questions, elles enchaînent. “Let me guess; you're the one who's cursed. Did you bring anything to satisfy your demand?” Osmond inspire, les bras toujours allongés devant lui. Il tourne son faciès vers Laudna. “I did.” Le glauque de sa bille et le vitreux de son autre plongent dans les yeux globulaires de Banisher, laissant un silence équivoque planer. “We did.” Il hoche la tête. “Bring Magnet, please.
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No.” Bien malgré toi, tu soupires d'un brin de soulagement, tes épaules se détendant d'un poids et d'une tension que tu avais à peine décelés jusque là. Il y a peu de choses ou de gens que tu craignes en ce monde et dans l'autre, et un.e mutant.e avec des pouvoirs occultes n'en fait pas partie. Mais il y a toujours cet éclat de superstition qui existe sous tes habitudes de plus en plus modernes, des croyances qui ont la peau dure malgré les siècles qui se sont écoulés depuis ta naissance. “But she certainly thinks she is one, which makes her, in a way, a real witch.” Mais tu ne crois pas à ces histoires d'autosuggestions, et c'est donc d'un pas plus léger que tu suis Osmond, recueillant ses mises en garde d'une oreille distraite et d'un regard fuyant, plus occupé à étudier le monde autour de vous que son oeil de Serpent.
Il apprendra bien vite que tu n'as jamais été très obéissante.

La forêt laisse place à une industrialisation étrange, un portail en fer au bout de la route, dont le métal rouillé et branlant semble ployer sous le poids des années et de la météo; un contraste là où chaîne et cadenas sont comme neufs, réveillant un frisson d'appréhension le long de ton échine. “But remember: we come as friends. What I have to ask of her requires her full and willing cooperation. I can't afford to waste this opportunity by making her upset. Having said that, and if all the options are reduced to nothing, I'd like you to take charge of motivating her.” Cela explique un peu mieux ta venue, parce que tu n'as jamais été très forte en interactions sociales ou en capital sympathie. “Just do what you did with the old lady earlier.” Tu hoches la tête, quand bien mêle Osmond ne te voit pas, et l'étudies silencieusement alors qu'il vous ouvre le chemin en transformant les chaînes en serpents, t'arrachant cette fois un frisson de dégoût. "Noted," réponds-tu d'une voix basse, en le suivant le long du chemin jusqu'à un ensemble de trois bâtiments absurdement géométriques se dressant au milieu de cette enceinte hautement sécurisée.

Il n'y a personne. Pas un bruit, pas un souffle, pas un battement de coeur. Tu réprimes l'envie de t'enfuir en courant en te renfrognant un peu, même si l'absence de ton pull sur tes épaules te donne l'effet inverse du réconfort; tu attrapes à la place le tissu noué autour de ta taille et commence à jouer avec du bout des doigts, te faisant violence pour rester sur le chemin derrière Osmond sans en dévier.
Quand une fumée surnaturelle vous entoure, un frisson t'agite toute entière et tes yeux s'agrandissent, deviennent d'un noir luisant; ce n'est que la main d'Osmond qui effleure la manche du hoodie et son regard qui coule vers toi qui t'empêchent de soudainement t'enfuir. "Witchy things..." commente-t-il, et tu lui réponds d'un visage fermé, tes yeux reprenant leur teinte habituelle. Tu ne réponds pas.
Les frissons d'inconfort et de peur se succèdent à la surface de ta peau, te donnant une silhouette tremblante et des ombres frémissantes, qui hésitent entre deux formes. Tu te rapproches inconsciemment d'Osmond, ton ancre et ton phare à la fois, en te sentant lentement être tirée vers notre Royaume - un réflexe de préservation, tandis que le smog épais envahit tes narines et ta gorge, t'enserre de l'intérieur de son étreinte mortifère.

"B-Boss--" Mais tout se relâche d'un coup; la pression sur tes poumons et ta tension artérielle, tout comme la lumière éparse qui filtrait à travers l'épaisse purée de poix vous entourant. Il fait nuit, tout d'un coup, et tu trouves étrangement un certain réconfort dans cette soudaine obscurité, ton corps s'alanguissant et se complaisant dans ces ombres sécurisantes. Tu attends avec Osmond, aux aguets comme lui, avant de le suivre diligemment à l'intérieur du bâtiment devant vous. Si tu avais pris de la distance pendant votre longue marche à travers la forêt, tu lui restes désormais dans les jambes comme un enfant qui a peur d'être laissé.e en arrière, ou un chien de garde protégeant son maître avec adoration. Cette endroit réveille en toi une crainte profondément enfouie, celle de la gamine qui restait éveillée toute la nuit pour observer silencieusement le paysage du Sud des États-Unis lors des longues nuits d'orage. Plus vous grimpiez les étages, plus tu étais enserrée de cette peur primale qui t'enserrait le coeur quand tu me voyais m'appliquer à mes oeuvres occultes.
Perhaps a true witch after all.

Vous finissez votre escalade difficile, et tu restes en alerte aux côtés d'Osmond qui reprend ton souffle. Tu es moins affectée par l'exercice, fondue comme tu es dans les ombres, dans un état hybride entre ta forme véritable et ta forme humaine; tu es indistincte des ombres, alanguie dans un recoin, tes grands yeux de plus en plus envahis de noir. “Remember… - Yes. I'll be good." Ta voix est grave, mais n'a pas encore la texture limbique de ta forme horrifique.
Tu ne penses pas mentir, parce que tu es toujours bien décidée à obéir à ton maître, quel qu'il soit; et tu n'as jamais ouvertement désobéi à Osmond par le passé, encore docile et pliable sous son attention. Mais ta laisse est très courte, et les limites de son autorité sur toi sont plus proches que vous ne le pensez tous les deux.

Vous continuez votre longue progression, et tu retrouves forme humaine à mesure que vous vous approchez de la porte. Mais maintenant que tu as flirté avec ta forme horrifique, tu sens une agitation nerveuse monter en toi, désireuse d'une transformation plus franche et conclusive; tu sais que bientôt, ce sentiment d'anxiété et de panique se répandra autour de toi comme le smog qui vous étouffe, que ces sentiments négatifs atteindront Osmond tout comme la sorcière et sa soeur, ou les deux sorcières, ou les deux soeurs (à ce stade, tu n'es plus trop sûre de ce qui vous attend). Tu es frissonnante, aux côtés d'Osmond, quand vous atteignez la salle de réunion.
Vous devez faire un portrait au moins aussi absurde que celui qui vous accueille dans cette pièce: tapissés de sueur, toi avec tes grands yeux noirs globuleux écarquillés d'incompréhension, ton visage pâle et ta forme complètement humaine maintenant que vous êtes parfaitement éclairés par un halogène qui ronronne suspicieusement.

Tu restes debout pendant qu'Osmond s'assoit, imitant délibérément les deux femmes face à vous, et restes résolument silencieuse pendant qu'ils discutent. Tu soutiens le regard bleu vrillé sur toi, sent quelque chose se tendre vers toi, t'envelopper toute entière. Ce n'est pas sans te rappeler l'épais smog qui vous a entouré dans le terrain au-dessus des bâtiments: cette impression que quelque chose te rendre dans les narines et la gorge, t'explore lentement, t'enlace de l'intérieur. Cela fait fourmiller ta peau de frissons désagréables, qui se sentent menacés. Personne n'aime un animal sauvage qui se sent menacé.
Heureusement, les yeux bleus se détournent, et le regard cimetière du Serpent se pose sur toi, t'arrachant aux contemplations de meurtre que tu es déjà en train d'entretenir. Tu as l'air ahurie pendant quelques battements de coeur, le regarde comme si tu n'as aucune idée de ce qu'il est en train de te demander.
Il n'en faut pas plus que la mention de Magnet pour que ton bras se lève, dans un mouvement rapide et inhumain qui fait sursauter vos deux interlocutrices. Quand ta main réapparaît, elle serre la gorge de Magnet avec une force et une cruauté que tu n'as pas ainsi montrées à la vieille dame du village qui a connu le même sort. Dans un geste brutal, où il est impossible de ne pas reconnaître toute l'animosité que tu ressens pour ta victime, tu plaques le corps inconscient de Magnet sur la table face à toi.

Tes yeux sont devenus intégralement noirs sous l'impulsion de ton coup de sang, tout comme l'extrémité de tes doigts tordus par des griffes qui manquent de percer le cou de Magnet. [lancer de dés] Tu sens son pouls rebondir mollement contre ta paume, ce qui est plutôt rassurant parce que le reste de son corps est immobile et qu'Osmond t'avait demandé de la garder précieusement en vie. Malheureusement, tu n'as aucun véritable contrôle sur comment les gens réagissent à tes poches limbiques, et des accidents arrivent, quoiqu'ils soient de plus en plus espacés avec le temps.

Le visage de Magne est recouvert de griffures, infligées par elle-même, qui descendent de son front à ses pommettes. Ses oreilles sont rouges, griffées elle aussi, tordues, comme si elle avait essayé de se soustraire à la musique terrible des Limbes. Ses yeux sont creux, tout comme ses joues, tout comme le reste de son corps. Tu la secoues sans ménagement mais elle ne reprend pas conscience, ses yeux révulsés quand tu ouvres ses paupières de deux doigts brusques et violents, inquisiteurs. Elle a été soumise au paysage intangible des Limbes, préservée de leurs blessures physiques, mais pas du reste. Tu ouvres sa bouche ensuite, là où elle s'est mordue la langue à s'étouffer sur son propre sang; tu tournes sans délicatesse sa tête sur le côté, pour ne pas qu'elle finisse véritablement étouffée sous vos yeux.
Ton visage est tordu d'un sourire cruel, et tu relèves tes yeux entièrement noirs vers Osmond. Déjà ton corps s'est agrandi, tes membres se sont alanguis eux aussi, pliée en deux que tu es devenue au-dessus du corps de Magnet. Si tu ne te nourris pas du désespoir comme on pourrait le croire, tu sembles pourtant te régaler de l'infortune de celle que tu as toujours considérée comme une ennemie au sein des Orphans. "Š̵̳̲h̸̼̓̌e̷̥̚'̵̼́s̶̫̏̊ ̶̧̇a̸̯̎l̷̡̲̏̒i̶̛̞̘v̶̢̲͘̚e̶̡̾͝,̷̠͐͐," dis-tu d'une voix basse, crissante et profondément sinistre, tournant ensuite ton oeil intégralement noir en direction des deux soeurs.

Ce que tu y vois est comme sustenance pour toi. Si elles pensaient à quoi s'attendre, les deux soeurs sont désormais plus tendues qu'à votre arrivée, le visage pâle de la femme aux yeux bleus tournés vers toi avec une expression mi-craintive, mi-horrifiée; et tu reconnais là quelque chose de rare, un courage qui n'a pas de faille ni de fond. Tout son corps est animé d'une tension d'où émane une hostilité et une aggression rares. Elle ne s'enfuira pas face à toi. Tu laisses passer une langue noire sur tes lèvres, et fais craquer ta nuque en te concentrant, jusqu'à retrouver forme humaine.
L'air est soudainement moins palpable et moins épais autour de toi, tes yeux reprenant une apparence humaine et ton corps une forme longiligne qui n'a plus rien d'affolante si ce n'est que ta maigreur habituelle. Tu gardes une main sur la table près de Magnet, mais elle ne bouge pas dans son inconscience, sa poitrine se soulevant par à-coups saccadés dans un souffle ténu et douloureux. "Is it all kind of curses that you break?" demandes-tu à l'autre femme, qui t'a à peine adressé un regard jusqu'à maintenant. Ta question est intéressée, bien sûr, même si tu ne sais pas exactement ce que tu attends comme réponse. Tu n'en as pas touché mot à Osmond.

La mutante se tourne vers toi et te regarde - mais ses yeux sont vrillés quelques centimètres au-dessus de ton crâne, d'une manière dérangeante et surnaturelle. Tu penses pendant un instant qu'elle ne voit que ton apparence horrifique, qu'elle se souvient de la taille que tu as prise en te laissant être transformée; mais le regard de la sorcière est fiché bien plus loin, bien ailleurs, là où il est impossible qu'il aille.
Et pourtant - elle me regard.

Elle jure sous sa respiration en espagnol, puis son regard revient sur Osmond; et dedans brille un éclat soudain de crainte ou de méfiance, difficile à dire. Elle ignore ta question. "I cannot help you," dit-elle en espagnol et, comprenant qu'on te parle désormais au-dessus du crâne, ta main se crispe sur la table et tes griffes monstrueuses s'y enfoncent en quatre profondes rayures crissantes. "I will not help you," se corrige-t-elle, et tu grognes, l'interrompant brusquement: "What is she saying?" Ta voix, étrangement autoritaire, tranche soudainement la conversation; tu regardes Osmond d'un air énervé, mise mal à l'aise par la soudaine tension qui anime les deux femmes face à vous. Il y a quelque chose chez elles qui réveille en toi une méfiance profonde et violente, et tu te sens agitée, sur les nerfs, prête à exploser. "Not with this meager gift. Your curse runs deeper than you think," reprend-t-elle, alors que Laudna a les yeux qui s'exorbitent, sa main qui continue de se crisper sur la table. "Offer them both to me, and I might consider. This is my final offer."
Il y a un ton définitif à la voix de la femme, même dans une langue que tu ne comprends pas, et tu jettes un regard en coin à Osmond, sans comprendre. Tu sens la tension qui anime les deux autres mutantes, tu sens aussi qu'un affrontement est sur le point de se dégoupiller; mais pour l'instant encore, tu restes sage et docile, et attend son ordre. "B̶̨̕͘o̸͕̟̎̅ș̶̉s̴͕̆͛?" demandes-tu tout de même dans un souffle rauque et fétide, impatient.
Ton obéissance ne durera pas longtemps.

- She's alive.
- Boss?
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Magnet est ramenée aussitôt que son prénom est articulé. Un corps chaud pourtant doté de peu de vie, qui pend dans la main monstrueuse de Laudna comme un poulet tué ; et certainement pas comme une offrande appétissante. Osmond a un rictus contrarié, le profil tourné vers cette apparition qui le laisse sinon indifférant en proie à un mécontentement sévère. Il avait demandé à ce que Magnet reste précieusement en vie, gageant que Laudna comprendrait les nuances de ton insérées dans sa requête. L’état lamentable de son présent lui rappelle combien la fille de Luther n’a ni sa rigueur ni sa discipline dans le domaine qu’ils semblent pourtant partager, si bien que les énergies mauvaises de l'aura horrifique de Laudna ne lui donnent envie que de la gifler.

La nuque recraque, revenant dans son axe en même temps que ses chairs souffrent d’un frisson simulé uniquement par la présence monstrueuse à ses côtés. Osmond n’est pas une exception dans l’épouvantable paysage de la créature et sent, comme les deux sœurs en face d’eux, tous les frissons que sa présence inspire. A la différence près qu’il ne cède pas à ces pressentiments physiologiques courant sur ses membres et soulevant ses petits cheveux à la base de sa nuque suintante. L’esprit demeure hermétique à toute panique, protégé par ses propres pouvoirs.

Š̵̳̲h̸̼̓̌e̷̥̚'̵̼́s̶̫̏̊ ̶̧̇a̸̯̎l̷̡̲̏̒i̶̛̞̘v̶̢̲͘̚e̶̡̾͝,̷̠͐͐,” Une remarque qu’Osmond accueille par le silence. Il ne regarde plus Laudna, dont l’ombre s’est étendue au-delà de leur tablée, fermé derrière son désappointement qu’il ne peut pas formuler à l’instant t. Les sœurs, en revanche, ont toute son attention. Elles brillent par leur faiblesse en levant sur la créature des regards affolés, le corps tendu et les doigts crispés autour de le chaise. Osmond espère que cet effet-là leur passera l’envie d’avoir quoi que ce soit à redire à propos de l’offrande, qu’elles ne sont pas aussi rodées qu’elles s’en donnent l’air, et qu’à leurs balbutiements craintifs suivra un acquiescement sans condition.

Is it all kind of curses that you break?” Les sourcils d’Osmond se tordent faiblement sur la surprise. Son regard inégal se déplace sur le côté sans atteindre ne serait-ce que l’ombre réduite de Laudna, attiré cependant par sa voix et ce que sa voix vient de proférer. La mâchoire se serre. Les mains, toujours calmement posées sur la surface de la table, replient peu à peu leurs phalanges entre elles. Elle n’a pas à parler. Ce n’est pas ce qu’il lui a demandé. Les entorses s’accumulent, révèlent une insubordination qu'il lui connaît peu ; et le nourrissent, une frasque après l’autre, le gorgeant d’une énergie noire qui gonfle subtilement les veines de son cou. Son œil gauche gagne en vivacité. Les articulations de sa main se détendent. Son sang froid lui ravale pianissimo la gueule pour ne laisser qu’une implacabilité lisse façonner ses airs.

I cannot help you.” Et pourquoi regarde-t-elle au-dessus de Laudna. Et pourquoi Laudna serait-elle elle aussi maudite, puisqu’elle ne lui a jamais rien confié de la sorte. L’index d’Osmond se lève et se met à taper silencieusement sur la table, tout à la fois ennuyé par le délai imprévu de l’échange, et son manque total de visibilité sur le présent sujet. Si les impairs successifs de Laudna ne l’avaient pas restauré, sans doute serait-il déjà dans une colère noire. “will not help you.” Et c’est bien dommage. Ils avaient pourtant si bien commencé. Le regard mort-vivant reste figé sur la figure atterrée de la Sorcière, l’observant avec une intensité univoque, cherchant à comprendre le sens de cette interaction dont les enjeux lui échappent complètement. “What is she saying?” L’index interrompt son martèlement assourdi. Aussi autoritaire cherche-t-elle à se rendre, Laudna n’a pas d’emprise sur lui. Elle ne lui fait l’effet que d’être une petite insolente découvrant son jeu à l’instant le plus crucial, cela même s’ils avaient un plan et qu’ils ont étudié ce plan ensemble. Néanmoins, l'énervement palpable de Laudna est un éclat rouge dans l’obscurité grossière de son attitude. Un éclat vers lequel se ramène instantanément l'attention d’Osmond, tournant autour comme un prédateur reniflant la faille - comme un protecteur s’en souciant malgré tout. Laudna est à bout de nerfs. Et parce qu’il ignore de ce qui l’agite et la tourmente, Osmond se tend derechef, méfiant, concerné, décidément excédé d’être autant désarmé quand il pensait savoir ce qu’il faut pour contrôler la situation.

Not with this meager gift.” Un nouveau rictus, moins à l’attention de la Sorcière que de Laudna. Certes. Il ne pensait pas non plus que le produit réapparaîtrait aussi peu frais. Et dire que fut un temps, Magnet avait toute sa confiance. Sombre conne. “Your curse runs deeper than you think.” Et de ne plus savoir si elle lui parle à lui, ou à celle qui se tient à ses côtés. Laudna renchérit en mouvements fébriles et nerveux tandis qu’Osmond garde un calme apparent. “Offer them both to me, and I might consider. This is my final offer.” La tension monte d’un cran supplémentaire. “B̶̨̕͘o̸͕̟̎̅ș̶̉s̴͕̆͛?” L’un des bras immobiles remue le temps d’une torsion de poignet, au bout duquel index et majeur, collés l’un à l’autre, se plantent brutalement contre la table dans un geste, lui, bien sonore. Le claquement pourrait être celui de sa langue, s’il n’était pas aussi grave. “Stay put.” Les doigts écrasent une seconde supplémentaire le matériau, déversant dans cette crispation une pulsion momentanée d’agressivité, avant de se relaxer, le poignet se rescellant à la table.

Un problème après l’autre, les orbes inégaux de l’Originel passent du point d’impact au visage de la Sorcière. “I won't sacrifice her.” Il y a dans son timbre de voix monocorde et strict un filet d’émotion qu’il trouve instantanément pitoyable. Pourtant la colère, qui monte depuis un certain moment déjà, vient d’atteindre son paroxysme ; et ce n’est pas Laudna, qui en est responsable, mais bien la Sorcière. “Not with such mediocre guarantees.” Car c’est bien ça qui fait monter la sauce. Qu’on lui demande d’échanger Laudna Dee, disciple, sbire et, aussi absurde que cette vérité lui paraisse, amie, avec aussi peu de garanties qu’un peut-être. Si son sacrifice lui avait permis de lever sa malédiction pour abattre une bonne fois pour toutes son fléau sur Icarus et tout ce qui opprime leur race, il l’aurait fait. Rien, ni personne, ne doit l’arrêter ; c’est ce qu’il se tue à répéter, quitte à s’en bousiller le cœur - un peu plus, ou un peu moins, quelle différence. Avant l’assassinat de Sophie, son monde était moins opaque, il était fait de dégradés où le gris pouvait être étonnamment lumineux, il était fait d’un brin d’espoir que cinq jeunes têtes rallumaient chaque jour malgré la force de ses noirceurs et leur influence immuable. Après Sophie : plus rien. Plus rien sinon que la promesse d’une vengeance qui ne connaîtrait aucun répit.

Mais cette garce prétentieuse n'en fait visiblement qu'à sa tête. Elle ne lèvera rien, aussi lourd soit son sacrifice. Elle ne veut que l'amputer de sa seule alliée ; judicieux, hautement exaspérant, mais judicieux. Il ne voulait pas en venir là mais l'état de Magnet a déjà tout gâché, sans mentionner la tension qui croît, aggravée par la nervosité de Laudna. “If that's your final offer, I guess that's the end of our negotiation.” La négociation oui, mais pas le plan. Si tant est que Laudna s’en souvienne encore. Il reste un dernier recours pour arriver à ses fins ; obliger la Sorcière à s’exécuter. Pas une mince affaire, et plutôt très risquée considérant ses pouvoirs, mais ils n’ont pas fait tout ce chemin pour prendre poliment congé de leurs interlocutrices. “It's time to motivate her, Laudna,” s’adresse-t-il à la silhouette contractée à ses côtés, tandis que les deux sœurs en face amorcent un début de mouvements pour s’écarter de la table.

Le temps des pourparlers est semble-t-il passé. Osmond reporte son attention sur la seconde adelphe qui se tient débout près de la première, le corps sensiblement plus contracturé lui aussi. “Attack her.” Ordre coercitif qu’il formule sans effort et qui vient trouver la sœur, s’enlisant dans son crâne puis dans son cœur où la loyauté a fait sa demeure ; la lui éclate, la lui ruine, pulvérise jusqu’à la dernière fondation pour l’assujettir à ses desseins. Pantin de chair réarticulé sous ses fils invisibles, elle pivote sur elle-même et toise sa bien-aimée, bougeant ses bras dans des mouvements synchrones et vifs qui propulsent la cible contre le mur. Des pouvoirs télékinétiques. Osmond note sans s’y intéresser davantage.

Il s’est redressé rapidement, le plat des mains écrasé contre la table, la chaise dégringolant en arrière. “Focus on the witch.” Un grognement adressé à Laudna, qu’il espère aux prises avec la Sorcière, tandis qu’il se déplace vers le bord opposé de la salle. La propulsion télékinétique a repoussé des tables qui rendent difficile l’accès jusqu’aux sœurs. Il y progresse avec sa lenteur archaïque, dépassant les chaises et passant par-dessus les tables tandis que son invocation débute et fait trembler le bâtiment. Jo a du mal à passer ; le périmètre est enduit par un revêtement tel qu’il les déteste. Et plus Jo s’agace, plus les bâtiments tremblent, maltraités par la rage souterraine qui ondoie sous eux. Des morceaux de plafond s’écroulent, des murs se fendent, l’électricité glaviote et se coupe à plusieurs reprises, provoquant un effet de surprise qui permet à Osmond de réduire la distance jusqu’à la sœur.

[lancer de dé] Sonnée par son geste regrettable qui plaque sur sa figure un air ahuri, elle se retourne sur elle-même en sentant qu’on l’approche. Le bras se tend avant qu’Osmond ait pu lui dicter un autre ordre, le propulsant à son tour contre un mur où il s’écrase brutalement. Un râle lui est arraché. Goût de fer dans la bouche. Puis un cri de douleur quand les doigts oblongs de la Blue Blood s’agitent devant sa figure pleine de larmes de colère. Le bras masculin a été levé par une force invisible, avant d’être cassé à plusieurs endroits. Les craquements ricochent dans l’oreille gauche d’Osmond, les traits tordus par le supplice. Au tour de l’autre bras, que la mutante fait se lever dans l’intention de répéter la torture. Une explosion de verre la détourne de son œuvre aussitôt suivie par l’entrée fracassante de l’entité chthonienne, libérée des profondeurs après un petit détour - un rien trop long, si l’on devait demander son avis au maître suspendu dans les airs.

La sœur est emportée par la férocité de Jo qui la foudroie à l'horizontale, traversant toute la salle, défonçant le mur et continuant sa course au-delà de l’étage. Des hurlements de douleur éclatent par là-bas, où Jo écrase et démantibule la mutante, toutes rênes lâchées. Son maître est retombé lourdement sur la moquette grasse, crachant du sang derrière d’autres torsions de rides, celles-là méchantes, satisfaites aussi, sentant la furia de Jo gronder dans ses membres. Il se redresse péniblement, la douleur de son bras en charpie lui tirant des rictus fulgurants. Quelques côtes cassées aussi. Et cette hémoglobine qu’il n’arrête pas de gerber. Il tire sur ses cervicales pour chercher du regard Laudna derrière un rideau de poussière et de sueur qui lui macule les cils.
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Ton maître parle et ta colonne est agitée d'un lent et profond frisson, d'inconfort comme d'appréciation, et ton crâne tourne sur son axe dans un simili d'hochement respectueux: “Stay put.” Par quelque miracle que je ne comprendrai jamais, tu obéis. Si j'avais su que l'autorité était aussi efficace, peut-être t'aurais-je survécue...
Pour l'instant, tu jettes un regard en biais à Osmond, avant de lentement le tirer vers les deux soeurs, que tu dardes désormais mue d'une immobilité menaçante. Tout ce qui était mal à l'aise et agité chez toi, tes tics nerveux, tes mouvements agités, les clignements intempestifs de tes yeux, les frissons de chaleur humide sur ta peau - tout ça s'immobilise brusquement, et ta rigidité a quelque chose de foncièrement terrifiant parce qu'elle focalise toute ton attention visuelle sur tes cibles, et toute ton attention auditive sur Osmond. Tu peux presque déjà goûter le goût de son prochain ordre: destroy.
Ou alors c'est l'espoir qui parle.

D'autres mots sont échangés. Tu remarques à peine que la conversation revient à l'anglais, et pivote simplement tes yeux vers Osmond en entendant ton prénom dans sa voix.
Le premier ordre ne t'est pas donné, mais tu l'écoutes tout de même avec attention; si bien que la créature a déjà pris ta place quand tu te jettes sur la Sorcière dans un râle d'outre-tombe, ses longues griffes noires et pointues tendues vers elle.
Le choc d'avoir été attaquée par sa propre soeur, et de manière si violente, l'a laissée confuse. Et pourtant elle est bien prête à te recevoir quand tu lui sautes, littéralement, dessus, en faisant peu de cas des meubles entre vous qui pourraient tout aussi bien ne pas exister à tes yeux. Un mot impie est hurlé en espagnol et tes griffes se referment sur du vide. Tu te mets à rire quand la Sorcière se met à courir, et te jette à sa suite dans un couloir, alors que le bâtiment tout entier se met à vacciller et à danser à l'arrivée de Jo.
Tu mens à tout le monde quand tu parles de l'invocation d'Osmond, en prétendant lui faire la cour depuis des mois: en réalité, tu en est tout bonnement terrifiée, et est donc modérément soulagée de le savoir dans la direction opposée, avec son maître et votre ennemie.

"Ț̷̂h̷̤̐o̴̖̚u̶͖͑ ̴͆ͅá̸͚ȑ̶̺t̵̻̉ ̶͉̓n̶̲͌o̵͖͒ẗ̴̫́ ̷̧̀ś̷̗ẁ̶͇ȋ̸͈f̴̜̈́t̶̖͝ ̸̦͛e̷̺͛n̶͖̿o̶͉̐u̶͈̓ġ̴̗h̵̜̉," souffles-tu dans le dédale de couloir que tu sais faux; même si tu n'as jamais eu un seul os de manipuation occulte, tu reconnais dans l'air la saveur d'une magie ancienne qui n'est pas sans te rappeler la mienne, alors qu'elle t'enfonce dans un labyrinthe illusoire de sa propre composition.
Tous les murs se ressemblent, les mètres s'agrandissent, l'espace devient impossible. Mais tu ne ralentis pas une seule seconde ta courte-poursuite, même quand la Sorcière ne devient plus que des vivaces petites ombres qui disparaissent au coin de chaque embranchement. Tu n'es pas inquiète; à vrai dire, la chasse réveille quelque chose de sombre et d'amusé en toi. "A̷̹͋ņ̶͝d̷̍͜ ̴̗́Ị̴͆ ̵̯̍c̷̙͝á̷͔n̸̤̅ ̵̺͐ǵ̶͕u̶̡̇s̷͘͜ṫ̶̮ ̶̟̔t̶̺̔h̶̙͠ỹ̶̺ ̴͍͆f̶͖̈́e̶̞͛a̵̻͠r̶̥͛.̸̥̓" Si bien qu'en se cachant derrière un pan illusoire de mur, tu l'attrapes comme si il n'existait pas d'une grande main crochue, enfonçant tes ongles noires dans la peau maigrelette de son biceps.

Les murs de l'illusion s'affaissent immédiatement; tu as l'impression d'avoir accouru pendant de longues minutes, mais vous êtes en réalité juste en dehors de la pièce que vous venez de quitter. Tu jettes la Sorcière à terre avec force, puis recouvre son visage de ta main blanche, enfonçant trois doigts alanguis et pointus dans sa bouche avant qu'elle ait la chambre de dire quoique ce soit. Ses yeux noirs, petits et brillants comme des insectes, sont écarquillés d'une peur abjecte alors que tu te penches au-dessus d'elle, ta nuque craquant d'un pop sonore et désagréable dans sa direction. "H̶̪̿u̵͎͛s̴̻͒h̷̬̎ ̸̠̏ṇ̷͘ȍ̴͜ẁ̵̨." Tu maintiens cruellement sa langue et sa mâchoire immobiles, forçant sa bouche à rester ouverte, en t'asseyant sur sa poitrine. "T̴̛̫h̴̯̋e̴̤͛r̶̝̕ḙ̴̄ ̸͙̆ĭ̸͍s̸̠̃ ̸̟͋n̴̟͐a̷̪̿y̴̳͛ ̶̠͆d̷̺́e̷͈͘a̶̺̚t̶͍̐h̶̖̓ ̶͙̈́f̷̲̈́o̶̼̓ŕ̵̠ ̸͎̿t̵̡̄ḣ̸̪e̸͎͐ę̵̆ ̶̳̿j̵͍̏u̷̜͑s̷͍̋ṭ̸̕ ̸̟͛y̶̺̽ë̸̺́t̸͔̾.̴̫̉"
C'est ainsi qu'Osmond vous trouve: elle avec des yeux plein de larmes terrifiées, bouche ouverte et écumante autour de ta main monstrueuse, et toi penchée au-dessus d'elle en train d'observer avec un intérêt distant et clinique sa perdition. Tu redresses la tête en pressentant ton leader et ami s'approcher; et ne vois donc pas l'éclat de la lame, magiquement cachée jusque là, jusqu'à ce qu'il s'enfonce sournoisement dans ton flanc.

Ce coup serait dangereux et douloureux pour n'importe qui. La Sorcière vient te chercher jusque dans les tripes, enfonce la lame jusqu'à la manche: de quoi tuer n'importe qui. Aucun couteau n'est jamais parvenu à entailler ta peau d'une manière pérenne, et encore moins ces derniers temps depuis que tes déchirures se sont intensifiées autour de toi comme le lourd manteau du deuil; sauf que cette lame est faite d'argente.
La douleur est soudaine et horrible, une brûlure comme personne n'en a jamais ressenti investissant immédiatement ton coeur. Un instant tu es sur elle, et le suivant tu es roulée en position foetale, toujours sous ta forme horrifique, le souffle coupé et t'empêchant de l'immobiliser d'un cri terrifiant; la Sorcière n'attend pas son dû et s'enfuit en courant à toute vitesse. Tes mains te reviennent noire d'un ichor luisant quand tu les regardes: ton propre sang horrifique, limbique, terrible, qui coule et qui coule et qui coule.
Tu ne t'attends pas à ce qu'Osmond s'arrête et s'inquiète pour toi. Toi-même est bien loin de ces considérations: la seule chose à laquelle tu penses, c'est la douleur, et la honte, et la colère. Si bien que tous les angles de ta forme horrifiquent se recroquevillent sur eux-mêmes, une boule de nerfs et de muscles noirs, tes ongles crissant sur le sol alors que tu te préfères à sauter à la suite de la Sorcière. Tu ne penses plus à Osmond, ni à ses ordres: aveuglée par la douleur, ce monstre d'instinct qu'est la créature ne pense plus qu'à se venger, et saute déjà en avant pour achever la personne impie qui a osé la blesser.

- Thou art not swift enough.
- And I can gust thy fear.
- Hush now.
- There is nay death for thee just yet.
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Il ne lui est guère difficile de retrouver Laudna ; sa forme horrifique hante le panorama comme le monstre prostré sur sa victime qu’elle est. Osmond se relève difficilement, la douleur physique rendue cependant abstraite par son but obsessif de mettre la main sur la Sorcière et la forcer à coopérer. Debout, il rejoint d’un pas lourd la scène, la silhouette d’habitude si altière cassée par sa tenue. Son bras brisé à plusieurs endroits est maintenu par son autre main tandis que derrière son faciès luisant perce un regard méchant, insensible à ce qui l’entoure.

Le pas désorganisé mais résolu est très proche de la créature et de sa proie quand le relief d’une lame sort et frappe le corps monstrueux. Un arrêt est marqué par l’Originel, comme s’il avait lui-même pris le couteau entre ses côtes, et sous son regard ébahi la Sorcière prend la fuite. Un ordre est claqué, doublé de postillons rouges qui lui engluent la gorge et le font tousser. Un ordre qui tombe dans le vide, cet espace pas si grand et pourtant immense qui le sépare de la forme horrifique. Un sentiment de colère le frappe, enlaidit la sévérité de ses traits, car il ne comprend pas que Laudna ne s’en remette pas déjà pour se lancer à la poursuite de la Sorcière : et l’arrêter.

Dans un mouvement brusque de nuque, Osmond voit le sang limbique de la créature s’étaler, et avec lui l’obéissante détermination de Laudna. Un frisson le glace au niveau de la nuque où la sueur s’est cristallisée. Il réalise avec effroi qu’elle est neutralisée et rendue incapable. Qu’elle est blessée, aussi, et peut-être mortellement. Les semelles se tournent spontanément vers la masse allongée, tandis que son regard épingle la silhouette fugitive sur qui il somme Jo d’une torsion de poignet discrète. “Silver?” demande-t-il, la voix comme enrouée par la glaire de l’inquiétude. Le visage se ramène sur la créature qu’il pourra bientôt toucher ; mais un mouvement et une forte odeur de soufre passent sous son nez au moment où elle s’élance.

Les yeux d’Osmond s’écarquillent, le corps engourdi, comme scellé sur le carrelage du bâtiment. Il réalise presque aussi rapidement qu’elle s’est élancée que la créature ne chasse plus pour blesser. Elle chasse pour tuer. “NO. DON’T-,” éructe-t-il, un effort qui lui vaut des grimaces endolories. Son regard devient noir, affolé, furieux, et ses pas s’élancent à la suite de la forme horrifique, toujours moins rapide que l’amble disproportionné du monstre limbique. L’invocateur tend à présent son bras valide, comme tirant brutalement sur les courroies occultes obligeant son entité ; Jo est encore dehors, festoyant avec la carcasse de la sœur — il a pris en force et sa manipulation demande des ressources conséquentes à Osmond. Il est très rapidement essoufflé, ralentit sa course, observant, pour l’instant impuissant, le prédateur se jeter sur sa proie. Il ne fait plus aucun doute que c’est pour l’achever. Le prénom de Laudna reste coincé dans sa gorge. Ce n’est pas totalement elle, quand elle est comme ça. C’est une entité au même titre que Jo, pour qui Osmond n’a aucune affection. “I FORBID YOU,” gueule-t-il, le désarroi presque aussi palpable que sa colère.

L’entité invoquée revient et se jette cette fois sur la créature limbique, qu’elle projette avec elle dans les airs pour la retenir entre ses anneaux fuligineux. En sueur et visiblement en effort intensif, Osmond rejoint la Sorcière dont le corps allongé par terre gicle du sang chaud. Il se précipite sur elle, tente d’une main tremblante d’arrêter l’hémorragie, mais il n’y a rien à faire ; ses habits sont bientôt moites de toute l’hémoglobine arrachée à la Sorcière. Sa solution crève entre ses mains, des hallucinations distordues et nauséeuses dansant une dernière fois autour de la mutante. “You… stupid cunt.” Les postillons s’étalent sur le visage pétrifié du cadavre, tandis que le regard inégal d’Osmond, ahuri, le verre presque exorbité, se tourne vers le monstre limbique. Il se redresse en titubant, le bras gauche pendu au reste de sa carcasse ; le droit ordonne à l’entité de redescendre avec sa prise, à hauteur d’Osmond et de sa grimace pleine de fiel.

Why is it so difficult for you to obey me?” Jo resserre ses anneaux autour du cou de la créature pour la stranguler, ses bras écartelés par des excroissances de ténèbres qui poussent de la substance principale. A chaque fois qu’Osmond appuie sur ses mots, la pression et les tensions s’intensifient de conserve. S’il tient difficilement debout, l’Originel reste pourtant sur ses deux jambes, les épaules basses et le profil penché, lourd, mu par l’énergie vitale ironiquement absorbée sur le crime commis.

Les fines lippes se tordent. Il jette son bras valide, dont les doigts s’enfoncent dans la plaie de la créature. “And why, Laudna, are you hiding things from me?” Les doigts tournent cruellement dans la matière organique. La paranoïa transperce l’œil d’Osmond, jette une lueur effroyable à son regard. Il retient Jo d’écarteler le monstre à la seule force de sa volonté ; qui chancèle, qui fatigue, qui hésite. Les différentes mauvaises surprises essuyées pendant la négociation éclatent dans son crâne. D’une voix redevenue calme, affreusement calme, un sifflement demande. “Are you betraying me?” Il peut sentir les tissus horrifiques adhérer à sa peau, être arrachés par ses ongles. “What was your aim with the witch? What kind of curse do you need to break?
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