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been waiting for you to call my bluff

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TW : mention de blessures, sang.Ses missions sont un antidote efficace. Être à l’œuvre dans le Nexus, même, lui inspire une exaltation qui tient en respect son ennui et son cynisme. Dans la nuit noire, elle subit soudainement l’agression de flashs colorés qui, l’espace de quelques secondes, lui lèchent les pupilles et court-circuite son implant. Bang bang, et quelque chose vient de lui lacérer la côte ; Taylor s’écarte. Son assaillant à immanquablement profité de son regard momentanément obstrué - intelligent ; pas très sympa. Elle rebrousse rapidement chemin alors que sa prothèse se pose instinctivement en son travers. Elle commence à se sentir mal après moins de treize minutes. Sa brûlure à la rétine la tient en alerte, mais elle décide encore un instant de ne pas lui accorder d’importance. L’inquiétude la gagne seulement quand elle se rend compte qu’elle n’a plus la force de rentrer chez elle, de remonter sur sa moto, ou même de tenir son arme, que son flanc gauche est en sang et en quelques secondes, sa tête devient lourde, l’impression que la luminosité faiblit et bientôt, elle oublie même pourquoi elle est en train de tituber dans la rue. Elle ne sait pas d’où elle puise la force de sortir son téléphone, et le premier numéro qu’elle compose est aussi la dernière personne qu’elle a contacté : Elijah, qui a miraculeusement trouvé quelques secondes de libres pour lui fournir une adresse.

Elle est restée une minute abasourdie devant l’immeuble, ensuite. Il a fallu quatre grandes inspirations pour se forcer à se soulever, ou se hisser contre le mur, peut-être avec l'aide d’une gouttière, quand elle a gravi les marches de l'escalier pour rejoindre l'entrée principale par les rues transversales. Avec la main gauche, la prothèse - celle qui lui assure une prise ferme autour du téléphone, elle compose ensuite un message au numéro qu’elle vient de mémoriser par cœur : hey. Pas de présentation, ni de ça va, ou de fioritures, mais une audace qu’elle suggère dans la suite : je crois que j’arrive devant ta porte, et un emoji bisou-clin-d’oeil, comme ça, pour conclure la missive. Pour dédramatiser aussi. Entre temps, elle a eu l’occasion de s'extraire de sa veste presque avec les dents, de se maintenir tant bien que mal à la rambarde de l’ascenseur où elle a abandonné son arme, expirer, grimacer plusieurs fois, et s’annoncer en trois coups contre la porte du 73. Tant pis pour ce qui se passe dans les abords : être auscultée lui va tout aussi bien, tant que c’est quelques minutes volées à regarder Theo poser les mains sur elle, même de façon clinique. Le reste lui semble entièrement et irrévocablement annexe, et Taylor est prête à savourer la sensation d’agonie sans trop se poser de questions pour l’instant. Le bon sens et les années d’expérience veulent qu’elle lutte contre cette situation. Qu’elle laisse Theo retourner dans les profondeurs de CERBER dont elle a surgi quelques mois plus tôt. Mais elle se souvient clairement de la sensation de la première fois qu’elle l’a vue : celle de manquer d’air. Et maintenant, elle n’est même pas encore là qu’elle suffoque déjà. A moins que ce ne soit la douleur.

Quand la porte s’ouvre elle est soudainement très consciente d’être là : clandestine et vulnérable, et décidément, dernièrement, les pas de portes lui dérobent toute son allure. L’idée que Theo puisse avoir de la compagnie se forme vaguement dans son esprit et, sans en déchiffrer la raison, la décontenance et lui donne envie de se mettre la tête dans le four. Elle est donc bien décidée à donner l’impression de vouloir garder un peu de distance, mais jamais suffisamment, quand elle s'écarte de la porte pour se poster sous le néon du couloir pour observer l'entaille sur son crop top, blanc et moulant, promo du Mod-M XTREM, parcourant la sensibilité de sa peau, avec ses cheveux mi-longs désormais déstructurés qui - selon elle - accentuent la pureté de son visage anguleux. Elle va la chérir, cette marque, comme à chaque fois qu'elle sait aller au-delà de ses limites et s'en sortir quand même. “Pardon, je sais qu’il est tard, j’étais dans le coin.” La main droite compressant fermement la blessure heureusement superficielle, la gauche qui tremble un peu - signe caractéristique de sa nervosité, appesantie d'un sourire. Et maintenant qu'elle a relevé le visage vers elle, son regard teste Theo, la sonde sans pudeur. “N’appelle pas la Rescue Team… s’il te plait ?” d'une voix qui aurait tout aussi bien pu être un ronronnement, et bon sang, comme elle regrette que son implant cramé ne puisse enregistrer cet instant où elle découvre que Theo est sensiblement cent fois plus belle qu'avant.
@Theodosia Velez
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La notification retentit, à plein volume, en plein milieu d’un film d’horreur; Theo sursaute, le popcorn suit le mouvement et recouvre le canapé et le plancher alors qu’elle se plaque une main sur la poitrine, comme de vouloir retenir son pauvre coeur qui veut rejoindre le popcorn au sol. Une deuxième notification se fait entendre à la suite, et la pauvre Theo se maudit d’avoir complètement oublié de remettre l’appareil sur mute après sa séance de sport. Elle passe par-dessus le dossier du canapé, récupère le téléphone sur le comptoir de la cuisine pour couper le son, pensant répondre une fois le film terminé. Mais le coup d’oeil rapide à l’écran révèle le nom de Taylor; Taylor qui n’écrit jamais; Taylor qui se croit arrivée à la porte. Et puis Theo ouvre les messages et fixe, un peu perplexe, dans l’idée que la jeune femme se soit trompée de destinataire. Sûrement, elle n’a pas traversé la ville pour atterrir ici ? Sûrement, elle a une autre Theo dans ses contacts et le message lui était destiné ?

Ça doit être ça.
Le contraire serait étonnant; et puis a-t-elle même donné son adresse à Taylor ?

Non, elle ne croit pas. Et elle s’apprête à retourner s’asseoir au milieu de son étang de popcorn lorsque trois coups se font entendre. C’est un hasard, c’est sûr.
Elle hésite quelques secondes, regarde les messages de nouveau, le petit clin d’oeil bisou, puis la porte. L’appareil glisse de nouveau sur le comptoir, lancé d’un geste nonchalant, et Theo franchit les quelques pas qui la séparent de la porte pour l’ouvrir de quelques centimètres à peine, juste le temps de voir qui se trouve de l’autre côté. Et malgré les SMS qu’elle vient de lire, elle ne s’attend pas vraiment à ce que Taylor soit là.
Alors quand la silhouette se précise, que le visage se dessine sous ses yeux, elle reste bouche-bée. Le numéro lui a été donné parce que… Elle ne sait plus. Pas parce qu’elle avait besoin d’aide; la carte de l’organisme caritatif aurait suffit. Parce qu’elle a aimé l’attitude désinvolte de Taylor, parce que son sourire lui inspirait confiance (et rien de plus), parce que Taylor a cet air de ceux qui attirent le danger et qui aiment ça. L’épaule se loge contre la porte, et Theo cligne des yeux une fois, puis deux; et le regard est instantanément attiré vers la main bardée de rouge, le sang qui coule le long de la hanche jusque sur le pantalon. L’inquiétude arrive d’un coup, lui fait inconsciemment faire un pas vers l’avant pour mieux voir.  « Taylor… À la fois question, incertitude et remontrance. Entre. Je promets rien. » Parce qu’elle n’est pas médecin, parce qu’elle n’a pas tout ce qu’il faut dans l’appartement pour traiter toutes les blessures, parce qu’elle n’est pas supposée faire de telles choses; mais elle s’imagine qu’il n’y a pas de mal à regarder, à offrir les premiers soins si c’est tout ce qui est nécessaire.

« Suis-moi. » Derrière elle, le film joue toujours, une symphonie de cris et de tronçonneuses, et Theo lance un « fait pas gaffe » par-dessus son épaule avant de se poster de l’autre côté de la porte de la salle de bains, faisant signe à l’importune d’y prendre place. Bientôt, c’est l’hôpital de fortune qui règne sur le large comptoir: la trousse de premiers soins dans sa valise rouge et blanche, l’assortiment de bandages et de pansements, le lavage minutieux des mains et les gants. « Laisse-moi voir… Elle décolle doucement le tissu de la plaie, l’examine soigneusement avant d’y faire quoi que ce soit. Qu’est-ce qui s’est passé ? » Elle n’est pas née de la dernière pluie, Theo. Elle voit, tous les jours, différents types de blessures, sait reconnaître et différencier les marques de violence des accidents – elle se doute qu’il y a anguille sous roche, parce que Taylor est chez elle et pas aux urgences, parce que la coupure est placée de telle sorte qu’un accident aurait été compliqué, parce que ça ressemble fort à un coup de couteau. Mais elle ne veut pas la mettre mal à l’aise, alors elle poursuit, sans ciller: « Y’a pas de débris dans la plaie, mais tu devrais demander une piqûre pour le tétanos si tes vaccins sont pas à jour. Elle dit tout ça sans lever les yeux de son ouvrage, alors qu’elle nettoie avec des gestes doux mais assurés. C’est pas très cher. » Et puis, d’un oeil amusé à la collection qui jonche le comptoir: « Crois-le ou non, j’ai pas ce qu’il faut ici. » Heureusement pour Taylor, la Rescue Team n’a pas besoin d’être appelée; et Theo fait même un effort pour utiliser un pansement qui devrait tenir la plaie et lui éviter des sutures. « Essaie de limiter le… sport, pendant une petite semaine, au moins. » Quelles que soient les activités nocturnes de Taylor, il faudra laisser un peu de repos à son corps si elle veut guérir rapidement.

Et… c’est tout. D’un coup, l’urgence est terminée, l’adrénaline retombe et il n’y a plus que Taylor et elle dans la salle de bains à une heure indue. Theo jette les emballages, utilise les lingettes désinfectantes pour nettoyer les surfaces qu’elle a touchées, et Taylor… Taylor est là, le regard noir qui suit tous ses mouvements. La pièce a-t-elle toujours été si petite ? « Tu peux utiliser la douche pour te laver, si tu veux. Ou juste… les serviettes. L’incongruité de la situation revient au grand galop, la fait hésiter. T’as besoin d’aide pour… ? » Pour quoi, Theo ?  « Je vais te chercher un t-shirt. » La phrase terminée à toute allure, alors qu’elle se dépêche de sortir pour aller fouiner dans ses tiroirs pour échapper à la chaleur qui s’empare de ses joues.
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TW : mention de blessures, sang.Elle se sent pâlir au souvenir de la balle qui est venue s’abattre un instant contre sa côte avant d'aller percuter le mur derrière elle. Ses rétines brûlent toujours mais la seconde où elle pénètre dans l’appartement, Taylor se laisse guider en ricanant bêtement au bruit de tronçonneuse, fascinée par le cocasse de la situation et son besoin de le partager ; le film l’aidant à se détendre mais la gêne est palpable. “Je te dérange pas trop j’espère.” Elle regarde autour d’elle pour voir par quel chemin rentrer si elle doit s’éclipser. Ce qui s’est passé ? “Oh ça ? Pas grand chose, je faisais une course.” Ce qui s’est passé c’est que ses occupations transforment son quotidien en mensonge permanent où son seul mérite consiste à jongler avec trois comptes bancaires où déposer régulièrement des billets en petite quantités, et rester en vie. Elle hésite encore entre se taire lâchement, bégayer une réponse qui ne serait certainement pas à la hauteur des attentes de Theo ou lancer une offensive en mettant les pieds dans le plat. Pour quelle issue, de toute façon, hormis se voir entendre qu’il faut changer de métier ? Corpo déchue qui se cherche encore, si l’on en juge par la férocité avec laquelle elle prétend pouvoir se débrouiller toute seule. Il n’est pas nécessaire de lui gratter longtemps l’inconscient pour s’apercevoir qu’elle en veut encore à ses parents de lui avoir infligé la vie et son éternel complexe d’abandon. Dans de telles circonstances, sa superbe ne tient qu’à ses poings, son flingue. Qu’on lui retire les Riders et Taylor deviendrait légume. Ce qui la sauve, au final, c’est sa propension à ruminer une vengeance qui sera censée étonner le monde.

"J'aime bien ta salle de bain." En lui jetant un regard en biais, un demi-sourire signature, de temps à autre, et un tremblement léger, mais perceptible. Theo doit le ressentir contre elle, et son visage est si proche que Taylor ne voit rien d’autre ; elle se contente de deviner l'antiseptique, les pansements. Avec une infinie précaution à ne rien dévoiler, la mercenaire réunit ses doigts métalliques contre sa paume et il semble un instant qu’elle tient leur moment dans son poing, comme un privilège, précieux et délicat. Lorsque les doigts de Theo eux, effleurent ses côtes, Taylor se déporte d’un soubresaut, sans pour autant chercher à fuir, contracte à nouveau son poing et cette fois, elle laisse son bras trembler, et ce n’est qu’à l’instant où Theo s'écarte et qu’elle regarde totalement le visage en face du sien que Taylor cherche à s’écarter par une contorsion maladroite. “Euh… pardon. Merci.” Comme elle a en face d’elle ce qu’elle désire, ce qu’elle redoute aussi, elle a comme un pressentiment de batailles prochaines. Sans même en être consciente, elle se débat avec ce paradoxe et essaie de se durcir elle aussi, de secondes en secondes. Et habituellement, c'est ainsi qu'on la perd. Un truc de distance – l'attitude ou la phrase qui fait fuir Taylor, qu'elle ne retrouve pas chez Theo et qui rend leur proximité soudainement plus tolérable. La solennité avec laquelle la paramedic nettoie le lavabo ajoute encore à un sentiment méconnu, semblable à un malaise : toujours ce tremblement dans le bras, des fourmillements dans le ventre, et surtout un état second qui la fait languir. Un malaise, quoi d’autre. Taylor n’a d’autre choix que de s’accrocher à cette idée, et un peu plus à sa prothèse, se réaffirmer à travers elle. Elle sait que cette scène va demeurer gravée dans l’encombrement de sa mémoire pendant plusieurs jours.

Aussi, elle attend que Theo ait quitté la pièce avec un mélange de respect et de curiosité. Le silence se prolonge et la douleur est presque bienvenue lorsqu’elle soulève son haut mais soudain c’est une autre sensation, semblable, qui surgit, le manque, la chaleur qui s’envole. Elle tend les doigts jusqu’à relever son tee-shirt mais sa main n'atteint rien et Taylor finit par se laisser tomber contre le rebord de la baignoire avant de replonger dans une sorte d’agonie surréaliste de laquelle il n’y aurait que le visage de Theo pour la soutirer. “Je veux bien de ton aide, en fait.” Qu’elle interpelle, et sa voix se contraint immédiatement quand Theo revient : “tu sais, t’es pas la pire CERBER.”. Alors, Taylor sent qu’elle va se mettre à parler d’un ton qui va rester monocorde pendant dix minutes en s’interrompant toutes les trois blagues pour reprendre du courage et pas une fois elle ne va lever les yeux vers elle. Elle est surprise, tressaillit à sa propre réalisation, à ses réactions face à elle, et par réflexe, vient agripper le bras de Theo en appliquant une pression contre elle, avec douceur mais fermeté. Elle la regarde intensément, jusqu’à ce que sa main glisse le long de son bras et s’arrête contre sa main. L’instant d’après, Taylor la relâche pour la regarder dans les yeux. Et pour la première fois depuis longtemps, complètement vulnérable, sans t-shirt dans la salle de bain de Theodosia Velez, elle se sent vivante, et murmure : “merci de pas m'avoir laissée me vider de mon sang.” Intrinsèquement et irrévocablement humaine, finalement. Cette énième aberration achève de faire voler en éclats de qu’elle croyait sous contrôle. Elle donnerait cher pour que dans quelques heures, quand la nuit doit s’achever et le déluge habituel de la Cathédrale la traverser, Theo soit toujours là, mais quoi qu’elle en veuille, le jour viendra toujours chasser la nuit qui ne s’attarde jamais pour le seul plaisir de Taylor. “Je crois que ton film est fini...” Et ça y'est, la chaleur lui revient, elle secoue la tête et la regarde, désemparée : “je devrais rentrer. Enfin...” Elle regarde systématiquement la porte à l’opposé de la pièce. Enfin quoi ? Et où allait-elle déjà avec cette phrase ? “Alors c'est comme ça que tu passes tes soirées...” Si elle avait pu disparaître sous l’immeuble pour se planquer, creuser un souterrain à la cuillère à café avec la certitude de rejoindre l’Underapple et bien au-delà, elle l’aurait fait.
@Theodosia Velez
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