Mirror, mirror on the wall | SERINDA

mirror, mirror

Un dossier ouvert sur le bureau ; les informations allongées sur les papiers abimés avaient été payé au prix du sang. Il avait d'ailleurs fallu des mois à l'Originelle pour trouver les réponses aux questions qui la hantait. S’il était d’ailleurs évident qu’elle aurait pu demander le concours d’Hestia ou d’Elijah, elle avait pourtant préféré se lancer seule dans sa quête. Une quête qui lui avait demandé un peu plus de temps et un certain tribut.

Tout cela parce qu’elle s’était persuadée que ses soupçons justifiés méritaient avant tout son silence.  
Car de Darla, Leta avait appris la valeur absolue du secret.  

Inspirant profondément, son regard oscillait entre le bleu céruléen de Leta et le gris glacé de Darla tandis qu'au dedans, l'humeur grondait.  

En son for intérieur, Nemhain avait toujours su que la débâcle qu'ils avaient infligée à Icarus avait été temporaire, un simple pansement sur une plaie béante. Pour autant, elle avait espéré que d'autres ne tomberaient pas dans leurs filets.  

En découvrant les profils des quelques sujets dont elle n'avait pas trouvé la date de sortie, l'Originelle avait désormais la certitude qu'ils ne s'étaient finalement jamais arrêté.  

Et c'était fatalement ainsi que le laboratoire aux ambitions démesurées était devenu un géant implacable.  

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« Laisse-moi gérer cette situation, Leta.. » Souffla Darla, de son timbre aux inclinaisons indubitablement anglaises. Un moment de silence s'en suivit tandis que les doigts effleuraient le dossier et finalement, Leta s'effaçait pour laisser place à sa première incarnation.  

« Bien.. » Se contenta de souffler Darla en se relevant de son bureau. Elle observa la tenue choisie par la mercenaire et attrapa finalement le dossier afin de le sécuriser. Puis, ses affaires en main, elle quitta la Cathédrale pour retourner brièvement chez elle.  

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La nuit tombée, Darla passait désormais les portes de l'Empire State Building. Les talons hauts allongeant sa silhouette habillée d'une robe noire largement fendue sur sa cuisse, elle avait abandonné le style moderne de Leta afin de s’habiller à son aise. Sur sa cuisse dévoilée se dessinait également les contours d’un harnais de cuir retenant deux dagues qui ne la quittait jamais. Que ce soit elle ou Leta ; c'était un impératif.  

Le regard glacé passant sur quelques visages curieux, elle leur adressa un sourire sibyllin avant de continuer sa progression jusqu'aux portes de l'ascenseur.  


Elle était attendue dans les hauteurs.  
Elle s'était assurée que ce soit le cas.  

A l'ouverture des portes métalliques, Darla se glissa dans la cage et entama son ascension tandis que son esprit voguait vers cette colère trouble qui ne l'avait pas quitté depuis la lecture de ses découvertes.  

Serinda.  
Elle l'avait su dès leur première rencontre.  
Quelque chose les assemblait ; quelque chose les faisait entrer en résonnance.  

A cette pensée, son regard vibra d'un éclat irisé tandis que les portes s'ouvraient sur l'ultime étage réhabilité de la tour. Là, elle apercevait Serinda, prête à l'accueillir. Sa double vue offrit à la Banshee un tableau où elle décela les fils de leurs destins entrelacés ; elle s'y attarda un instant avant de finalement battre des paupières.  

L'instant d'après, l'irisé s'effaçait au profit du gris glacial alors qu'elle s'avançait avec un sourire serein aux lèvres.  

Le pas arrêté devant la reine des Deadcrows, elle la salua d'un mouvement du menton.  

« Serinda. Merci de me recevoir. » Amorça Darla en attendant que son hôte la guide vers son salon afin d'y prendre place. «Je crains que nous ayons beaucoup à discuter, ce soir.. »

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Une nuit sombre, comme tous les nombreux soirs, ennuyeuse nuit. Serinda se morfond dans son fauteuil, comme un magnifique trône fait d’un cuir rougeâtre, gras, qui vous colle à la peau, tout comme le statut qu’elle prône sur l’Underapple. Une reine se doit de régir en hauteur tout en ayant son divin fessier posé confortablement. “Mmmh, je n’aime pas ce cuir… ”. Diverses bougies étaient disséminées dans la pièce, Serinda aimait vivre dans un ancien temps, à la lumière tamisé, dans un calme olympien. De l’encens aux embruns de gingembre enivre Serinda, apportant vigueur et stimulant sa faim insatiable du beau. Assise devant sa table, elle disposa délicatement des cartes de tarots devant elle, imaginant diverses possibilités.

Ses doigts fins effleuraient les cartes avec douceur, comme une caresse, comme si elles étaient vivantes. Un sourire énigmatique étira ses lèvres lorsqu’elle commença à retourner les cartes, contemplant, laissant voyager son esprit à travers les conjonctures infinies de destin. La première carte représentait la Justice, une figure féminine aux yeux bandés, tenant une balance, un choix crucial et déterminant, un fil fragile la relie avec cette personne. Il faudra trouver la juste voie et faire preuve de sagesse.

Un homme en cape étoilée, tenant une baguette. Le Mage. Un individu possédant un fort pouvoir de manifester désir et création. Il faudra faire attention à son égo, qu’il ne la consume pas. Tant de destin multiple en retournant toutes les cartes. La Lune, les Amants, Le Diable, Le Pendu… Soufflant après avoir terminé son rituel du soir, elle se leva, attendant patiemment son hôte. Se dirigeant vers le comptoir pour se servir un verre de whisky bourbon. Toute la pièce avait cette aura ésotérique, aux multiples objets dérobés à travers le temps, comme des reliques sacrées que chérissait Serinda.  Ses yeux bleu-gris étaient rivés sur la boule de cristal, qu’elle seule, voyait en ébullition. Sinon, pour le commun des mortels, ce ne serait qu’un vulgaire cailloux.

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“La Banshee… ” — une mutante puissante, Serinda était intriguée de son souhait de s’entretenir avec elle. Les fils du destin se rapprochent inexorablement, il sera bientôt temps, le temps de la confrontation, le temps des vérités. Son cœur battait d’une excitation peu ordinaire, mêlant envie et refus. Ajustant les derniers détails de sa tenue, portant porte-jarretelle et une longue robe fait de dentelle, laissant apparaitre rondeur, poitrine, le tout dans une légère transparence. Puis, elle choisit d’accompagner cela d’une robe pourpre de soie, légère, courte au décolleté plongeant. Satisfaite de son apparence, elle prit place sur le canapé en attendant sa convive.

Quelle femme, un regard glaçant, une tenue sobre, laissant apparaitre de redoutables armes. Prenant un air mélodramatique à son interlocutrice. “Mon Dieu, que vous en avez de la chance d’être aussi belle… Je vous envie Leta.” — L'attitude de la Banshee resta modérée. Visiblement, une longue soirée s’annonça. “Je vous en prie, prenez vos aises, vous désirez boire quelque chose ?” — La Moire prit la peine de se lever en la présence de Leta, caressant d’un geste élégant le canapé. Serinda se dirigea vers le comptoir pour proposer divers alcools. “Vous êtes plutôt cocktails, je me trompe ? Peut-être un Manhattan… La sophistication du bourbon se mêlant au vermouth vous adoucira le palais, assurément. Laissez-moi prendre le temps de, vous le préparer, tout en vous écoutant.”. Inclinant sa tête, elle exécuta sa préparation. Il ne faudra que cinq minutes de préparation. “Un choix populaire, je vous l’accorde, que de choisir ce cocktail, mais je puis vous assurer, que c’est excellent.” — Puis, Serinda s’arrêta. Prenant un air confus : “Mais, vous n’aimez peut-être pas l’alcool ?”

Une attitude dédaigneuse, quelque peu naturel chez Serinda. Ce n’est pas un manque de respect, ce n’est qu’un simple ressenti de supériorité. Un brin de désinvolture suivit par de la nonchalance. Une marque d’insouciance, tout en ne regardant pas son interlocutrice dans les yeux, les yeux rivés sur le cocktail. Décrochant un sourire à elle-même dans le reflet du verre, une doux sourire qui la satisfait de son propre jeu. Car, Serinda adore titiller l’esprit pour découvrir leur nature… Mais, la Banshee n’est pas n’importe qui et elle le sait.

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Le regard glacé porté sur Serinda, Darla s'avançait jusqu'à un des fauteuils de son antre afin de s'y installer tranquillement. Les jambes aussitôt croisées, elle se faisait oreille attentive face aux mots de son hôte. Assez rapidement, les présomptions de Serinda concernant ses goûts en matière d’alcool lui firent hausser un sourcil ; et encore, cela ne fut rien en comparaison de la petite méprise concernant son identité.  

Mais qui pouvait l'en blâmer ?  
La frontière des âmes était trouble. Terriblement trouble entre elle et Leta.  
Et finalement, tout n'était qu'une question de détails.  

Un accent plus anglais qu'américain, un regard plus gris que bleu et enfin, une allure opposée à celle de la réincarnation.  
C'était tous ces éléments qui creusaient la distance entre l’une et l’autre ; qui créait la dissociation.. Comme pour illustrer le fossé existant entre la Banshee originelle et sa réincarnation.

« Darla. » Corrigea ainsi l'Originelle avec calme. « Leta a pris congé aujourd'hui. » Justifia-t-elle sans pour autant s'avancer davantage sur le terrain de son explication.  

Observant Serinda préparer le cocktail, Darla laissa un sourire ourler la commissure de ses lèvres tandis qu'elle se décidait à lever le mystère sur ses goûts.  

« Les cocktails sont pour les enfants, Serinda. » C'était dans ce genre de verbes que le poids des siècles se ressentait. Immanquablement. « Je préfère un bon bourbon, sans glace. » C'était bien plus puissant ; et surtout, elle en appréciait la saveur ambrée. « .. Mais je suis certaine que votre cocktail sera tout à fait à mon goût, également. »  

Parce qu'elle ne voulait pas arrêter la Lewden dans sa lancée.  
Parce que finalement, elle n'était pas venue pour cela.  

« Quoiqu'il en soit.. » Enchaina-t-elle après un moment de silence gonflé de pensées. « Je sais, Serinda. » Il y avait quelque chose d'énigmatique dans les mots de Darla, et c'était totalement volontaire tandis qu'elle observait fixement la mutante. « Vous et votre famille.. Vous avez été des sujets d'Icarus, n'est-ce pas ? » Lança-t-elle enfin en se relevant lentement tandis qu'une main lissait le tissu de sa robe.  

« Avant que vous ne craigniez pour les vôtres, sachez que votre secret est sauf avec moi. »   Elle s'avança d'un pas vers elle, avec cette même décontraction auréolée de tranquillité. « Je connais mieux que quiconque la valeur de ce genre de secret. » Et au-delà de cela, Darla était prête à effectuer un échange de bon procédé pour prouver sa bonne foi.  

Néanmoins, sur l'instant, elle préférait jauger la réaction de Serinda.  
Elle préférait la comprendre, elle ; avant de lui offrir une autre vérité qui pourrait se changer en arme.  
Après tout, la paranoïa forgée à travers les vies de Darla ne pouvait se gommer aussi simplement.. Pas même dans le besoin de prouver ses bonnes intentions.