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(roast#1) mansplain, manipulate, manslaughter

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En cette soirée de juillet 2018, la populace ne se presse pas aux portes du Red Chips. Amy n’a pas tardé à se plaindre en mettant ça sur le compte de l’inauguration de New Blossom, et pas sur le piteux service ou la douteuse nourriture de son établissement. Sans compter que la clim a pété un peu plus tôt dans la journée, emportant avec elle l’un des frigos tombé en panne. Et ça, il s’en est fallu de peu pour qu’Amy ne blâme pas NB encore une fois. Il avait bricolé un ventilo pour garder la viande au frais, mais c’était sans compter la visite très prochaine des services de contrôle sanitaire.
D’ailleurs, Amy est affalé de tout son poids sur le comptoir, son nez d’oiseau collé à une épaisse liasse de papiers contenant plus de mots que ce qu’on l’aurait imaginé lire un jour. Enfin "lire" est un grand mot. On peut dire qu’il est plutôt en train de parcourir en diagonale, encore et encore, les innombrables lignes, comme s’il espérait qu’en imprimer la concentration dans son crâne l’aiderait à comprendre quelque chose, au lieu de purement et simplement les déchiffrer comme il faut. Ces papiers comportent trop de rouge et trop de chiffres négatifs à son goût, ça, c’est ce qu’il avait compris, quand Irina, sa serveuse de l’époque (Dakota ne devait pas être encore né lol), était passée derrière lui à plusieurs reprises, jetant un regard concerné sur les papiers, et sifflant entre ses dents.

Amy pensait être passé sous le radar, depuis tout ce temps où il avait filouté, falsifiant les nombres de sa comptabilité, gonflant les profits pour rester à flots auprès de je ne sais quelle administration qui demande ces chiffres, tout en omettant de déclarer ce même chiffre d’affaires ronflant à ce que j’imagine des impôts en cet endroit, à cette époque.
Bref, Amy qui en plus de bouffer à tous les râteliers (d’où cette prise de masse), mentait aussi à tous les râteliers. Et, parmi ce conglomérat de râteliers, il y avait également des bureaux moins officiels et autres escrocs auprès de qui il avait contracté des prêts mirobolants pour maintenir son boui-boui à flots et qui eux n’étaient pas du genre à s’encombrer de lettres de rappels et autres avis de retard.

Une puissante odeur de poissons, en plus de l’habituelle parfum de friture, embaume la salle. Les rares clients mangent précipitamment, pour celleux qui n’avaient pas réussi à enrouler leur fish and chips dans le vieux papier journal graisseux fourragé dans le petit panier en plastique qui faisait office d’assiette, avant de se barrer d’un pas précipité.
Amy, lui, ne peut fuir nulle part, coincé entre son maillot de corps collé à son dos suant, et ses impôts frauduleux, si bien qu’il ne remarque pas tout de suite l’individu qui franchit le pas de sa porte. Il faut qu’Irina vienne lui coller une main discrète au derrière, commençant à lui susurrer de la rejoindre dans le garde-manger (la deuxième fois aujourd’hui, elle a les genoux rouges et il porte encore une trace de dents dans son cou), pour qu’il lève le nez de ses comptes, et aperçoive le nouvel arrivant (Irina trompait son mari, il trompait sa fiancée; rôti de fraude fiscale sur son lit d’adultère, un fumet qui ne manque pas d’attirer le Serpent).
Il la congédie d’un regard fuyant, et s’extirpe lourdement de derrière son comptoir, essuyant ses mains moites sur le minuscule tablier pendouillant autour de ses hanches.

Pendant les quelques mètres qui le séparent de l’autre homme, il évalue d’un rapide coup d’œil à qui il pense avoir à faire. Le type a l’air assez vieux (du genre hot), il est pâle (less hot), porte des lunettes de soleil (simply odd) et un long manteau. Il n’a rien de très remarquable pour les têtes de nœud comme Amy, qui n’assimile pas les traits tirés du bonhomme, ni sa mâchoire taillée à la serpe et encore moins sa mutation. S’il s’amusait à pousser un peu plus la réflexion, Amy se dit qu’il doit s’agir d’un sugar daddy qui vient ici incognito pour retrouver sa maîtresse, ou alors un mari aigri qui a trouvé l’excuse d’une pause clope pour fuir le dîner dégueulasse préparé par belle-maman, ou un mari un peu moins aigri que son épouse a mis au régime et qui venait s’offrir un cheat meal.
Hé, Amy a le temps de se dire tout ça, avant de s’arrêter devant la table, déposant un menu plastifié devant l’homme, y plantant aussitôt un index poisseux: "Welcome to the Red Chips, sir. We’re out of burgers, Caesar salad and pizzas, depuis son ouverture, le Red Chips n’avait jamais servi de salade. The house would recommend the fish and chips, though," achève-t-il d’un ton à la fois monotone et présentant l’application d’un môme qui récite difficilement ses tables de multiplication. Et, comme Amy n'a jamais été un bon élève, il s'empresse d'ajouter avec un certain flegme: "I mean, it's all in the name, right?"
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Les yeux d’Osmond font un tour circonspect du lieu quand il s’enfonce dans le commerce. Tout est très nouveau pour lui et après la marée d’informations qu’il a absorbée tout au long de la journée, ce dernier décor lui paraît à la fois trop banal pour s’y intéresser à la fois trop familier pour le quitter. Il apprécie quelques secondes la tonalité crue des néons, somme toute moins vive que ce qu’il a pu voir à Neo Arcadia, et prend le temps de humer l'atmosphère dans laquelle flotte une forte odeur de poisson et de friture. Son estomac produit un petit gargouillis de circonstance qui le fait ôter ses lunettes de soleil - oui, Osmond avait gardé ses lunettes de soleil même en pleine soirée, cela probablement à cause de la tonalité justement trop vive des néons qu’il a quittés, ou par oubli momentané et fâcheux.

Quelques clients lui lâchent des regards mornes ou inquiets, ou les deux à la fois. Ce qu’Osmond accueille par un petit sourire poli, très blanc et très détaché. Pour tout dire, c’est à peine s’il les considère dans son environnement présent. Bien qu’attentif à leurs mouvements et ce que leurs mouvements peuvent indiquer de leurs intentions, il n’éprouve aucune envie ou intérêt à les détailler davantage. Comparé aux fréquentations qu’il a le plaisir de côtoyer dans ses profondeurs ces individus lui laissent une impression d’insipidité patente qui ne peut, de toute évidence, pas rivaliser avec la perspective de consommer une nourriture autrement plus savoureuse que celle engloutie depuis plus de quinze ans.

Il s’avance donc vers une table, ôte avec calme son manteau et le plie soigneusement avant de le déposer d’un geste paradoxalement négligeant sur le reste de sa banquette. Assis, Osmond appuie ses coudes sur le formica de la table, avant de baisser le nez en sa direction et réaliser combien la surface est sale. Ses mains se croisent pourtant dessus, pèsent d’un poids écrasant, puis il relève les yeux en sentant qu’un autre genre de fumet flotte à présent dans l’atmosphère. Celui-là est un peu plus capiteux, avec des rondeurs molles et languides qui ne le rassasient plus depuis longtemps ; l’adultère. Car oui, l’adultère a un goût ; bien que le résumer ainsi soit réducteur et très peu proche de ce que le mutant ressent pour chaque transgression commise - mais puisqu’il faut vulgariser. Bien que peu nourrissant l’adultère demeure néanmoins agréable à sentir et incite Osmond à s’intéresser un peu plus aux deux individus concernés.

Une fille un peu vulgaire et un garçon très trivial. Il ne les trouve ni beaux ni laids ni même singuliers. Leurs gestes pressants, leurs yeux quémandeurs et fuyants, tout comme les stigmates physiques de leur transgression commune sont toutefois plaisants. Osmond espère que leur histoire se terminera mal ; ce sont après tout les plus belles histoires. Osmond se demande même s’il ne va pas y mettre un peu de son grain de sel et précipiter leur aventure vers quelque chose de plus obscène encore, plus pathétique et espérons-le dramatique que ce qu’ils ont construit à l’arrière de ce petit boui-boui bien à l’abri des regards (mais pas du sien). Qui sait. Pour l’heure, en tout cas, il a surtout faim dans le sens biologique et physique du terme et quand le garçon s’avance vers lui Osmond manifeste sa satisfaction d’un nouveau petit sourire, celui-là plus cordial et investi.

"Welcome to the Red Chips, sir. - Why thank you! - We’re out of burgers, Caesar salad and pizzas. The house would recommend the fish and chips, though. I mean, it's all in the name, right?" La tirade est très correctement dictée, selon lui qui fréquente en majeure partie des brutes indisciplinées et ordurières, mais quelque chose semble le faire tiquer. "Yes." Le client paraît réfléchir, comme soudain happé par des réflexions profondes. Ses yeux froids glissent temporairement à quelques millimètres de ceux bleus de son vis-à-vis, se déconnectant et de l’échange social et de ses motivations primaires. "A very peculiar name." Quand il replonge son regard dans celui du serveur (propriétaire ?) il est terriblement dur et hostile. "You're not going to ask me to choose between several reds, are you?" La voix n’a pas grimpé d’une octave mais s’est fendue d’un effarement soudain et très grave.

Bien que brillant et complexe, le cerveau d’Osmond se sent saturer pour aujourd’hui ; le XXIème siècle est celui de la multitude, tant en termes de population que d’éléments et de choix. Depuis son réveil, il n’est remonté à la surface qu’à trois occasions. Pour retrouver Carmen. Pour retrouver ses deux autres enfants restants. Et pour assister à l’enterrement de Carmen. Ces trois évènements, mis bout à bout, n’ont pas dépassé une poignée de jours et Bobby était toujours là pour le téléporter derechef dans ses profondeurs. En quinze ans, l’Underground a évolué à son rythme, avec son nouvel ordre et ses nouveaux genres, sa substance propre et indigène. Ce n’est véritablement qu’aujourd’hui 16 juillet 2018, attiré par le boucan de la surface et ses promesses vicelardes, que le Serpent a découvert l’ère moderne. Et l’ère moderne, bien qu’audacieuse et décadente et donc forcément appréciée, l’a épuisé.

Osmond s’apaise un peu. Il sent sur lui les regards alentours et celui aplati du garçon. Il ne voudrait pas tout de suite les effrayer. Il a vraiment faim. "I'll have the fish and chips, in whatever shade of red you like." Son sourire est un peu plus factice mais sincère dans ses efforts, tout comme sa voix a retrouvé de son feutre envoûtant et calme. "Oh, and," interrompt-il le serveur (propriétaire ?), tandis qu’il tournait déjà les talons - présentant un dos excessivement et absurdement musclé, "a glass of milk, please. Ice-cold."
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Amy s’était attendu à ce que ce nouveau client l’envoie balader, ou ne commande qu’une sommaire bière pisseuse avec impatience, prétextant qu’il attendait quelqu’un, ou au contraire qu’il n’avait pas le temps (dans le scénario du sugar daddy, option pour laquelle il semblait avoir définitivement penché). "Yes. A very peculiar name." Amy n’est pas certain de savoir ce que ça voulait dire et préfère ne réagir que d’un vague haussement d’épaules. Il n’a même pas le temps de l’alimenter d’un trait d’esprit dont il avait le secret (le secret résidant dans une piscine de phrases toutes préparées qu’il émiettait à intervalles réguliers) que son regard bovin se heurte à celui, dur, presque cruel de son vis-à-vis. "You're not going to ask me to choose between several reds, are you?"
Amy ne remarque qu’à ce moment-là que cet homme partage ses yeux bleus. Ils ne sont pas exactement pareils, allégés de l’épaisse paupière qui alourdissait les yeux d’Amy. Même leur teinte de bleu était plus glaçante, moins larmoyante que celle d’Amy, comme si la lumière ne s’y trempait pas autant, repoussée par le cristal cruel de ses iris. Amy se sent mal à l’aise, et il n’aime pas trop ça. Soufflant du nez, les joues cramoisies, il ironise un peu assuré: "There’s no such a thing as several reds anyway…" Affirmation dont il se veut si certain qu’il roule des mécaniques, tandis qu’il se redresse un peu, se réfugiant littéralement derrière ses muscles pectoraux.

Mais le triste sire ne lui laisse pas le temps de pédaler dans sa nervosité, puisque lui-même semble se désamorcer, quand il fait son choix: "I'll have the fish and chips, in whatever shade of red you like. - On it. - Oh, and a glass of milk, please. Ice-cold."
De retour dans l’arrière-cuisine, Amy perd très vite son sang-froid tandis qu’il fouille partout pour trouver du lait, dont l’intégralité des bouteilles avait subi les dégâts dus à la panne de frigo. Il hésite, tourne en rond, puis finit par ouvrir l’une des bouteilles tièdes, renifler son contenu avec appréhension et en verser un peu dans un verre, avant de l’arroser de glaçons.
Fort heureusement, Irina passe à ce moment-là et fronce du nez: "What the fuck are you doing, Amy? - He said ice cold, so I’m putting ice on it. - On sour milk? You’re gonna give him the runs— Elle lève le nez pour jeter un coup d’œil par la petite fenêtre donnant sur le reste de la salle: "Fuck, Amy, he’s hot; don’t fucking poison him?! siffle-t-elle entre ses dents. - What do you want me to do? Jerk off in a glass— - I said no poison; boy, you’re so gross." Les yeux d’Amy roulent dans leurs orbites: "Go get some milk then, imma distract him and stall for time. - Why you’re the one who gets to talk to him? - Because I’m your fucking boss Irina, now go! - Well, "fucking boss" ain’t gonna fuck me no more…" réplique-t-elle en arrachant sa veste et son sac du casier de vestiaire éventré.

Amy se frotte le front du revers de son énorme avant-bras et retourne dans la salle. Il se met au travail, zyeutant attentivement l’homme tandis qu’il plonge ses ingrédients dans l’huile de friture bouillante, transmutant ses mains à l’abri des regards, se préservant de la chaleur en les recouvrant d’une couche d’acier. Un raclement de gorge signifie qu’il va prendre la parole: "So… you’re from around here? I’ve never seen you before…" hasarde-t-il, comme si son restaurant était le spot le plus en vogue du tieks, ou qu’il en était le propriétaire depuis la nuit des temps, alors qu’il ne parvenait pas à perdre son irrésistible accent texan. "You uh— like what they’ve done with the place?" Amy, lui, ne savait pas trop quoi en penser; il n’avait pas eu un début très prometteur, dans le giron d’un New Blossom sans dessus dessous. Il se dit qu’avec la fin des grands chantiers, il allait lui aussi pouvoir arrêter de passer d’un job crapuleux à un autre. Après tout, il allait être père! Il devait désormais être un adulte responsable! Aussi responsable qu’on puisse l’être quand on traîne ses guêtres dans des puciers, sous prétexte que sa fiancée était trop fatiguée pour coucher avec lui ("yeah, i know the baby is heavy, but girl, i’m lifting more than that at the gym!!), qu’on vend de la came à l’arrière de sa boutique et qu’on fraude les impôts, dont les papiers avaient été aussi vite oublié un peu plus loin sur le comptoir, aspergés de gouttes d’huile bouillante.
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tw: serpent, paranoïa

"So… you’re from around here? I’ve never seen you before…" Osmond ramène son regard sur le serveur - qui s’avère en vérité être le cuisinier. L’odeur de friture est soudain plus forte et la température ambiante a augmenté de quelques degrés. Le crépitement de l’huile rend assez pénible la discussion à distance, si bien qu’Osmond ne répond pas de suite pour éviter de devoir hausser le ton - c’est quelque chose qu’il n’aime pas particulièrement, a fortiori en surface où la voix, sa voix, semble perdre de son épaisseur dans l’espace et se faire par conséquent plus feutrée et sifflante.

Profitant d’un petit laps momentané durant lequel il suppose que le cuisinier tire le poisson de son huile, il répond. "Let's just say I've been here for a while. Well, sort of. I come from the underground; I believe some call it the Underapple." Osmond dit cela de manière très naturelle, avec une honnêteté lisse et décomplexée. Il ne considère pas avoir besoin de mentir à son interlocuteur. C’est sa première discussion avec quelqu’un de la surface de New Blossom, par ailleurs, et l’échange, bien que très peu profitable, reste cependant bienvenu.

"You uh— like what they’ve done with the place?" Nouveaux crépitements. Osmond attend qu’ils s’essoufflent pour répondre, ce qui lui laisse également le temps de méditer sur la question. "No, not really," répond-t-il au bout d’un certain temps. Ses yeux terribles se perdent dans la contemplation machinale des mouvements - occultés à un certain point - que produit le cuisinier, tant pour préméditer le prochains laps, que pour y abandonner un peu de sa concentration sur-sollicitée depuis plusieurs heures. "But that's a very personal opinion," ajoute-t-il d’un petit haussement de sourcils. Une diplomatie composée sur mesure qu’il jette en pâture aux profils qui se sont légèrement tournés vers lui ; un homme sur sa droite, sans doute un ouvrier, et une femme deux tables devant, sans doute une prostituée. Le reste de la clientèle s’en est déjà allée, avec un empressement qu’il serait tenté d’attribuer à la peur mais qu’il devine au fond n’être qu’un mode de vie général typique du XXIème siècle.

"Plus, it's difficult to judge New Blossom as a whole. It's more like several towns in one, if I'm not mistaken?" Quelques nouveaux crépitements l’ont contraint à élever sa voix de quelques décibels sur la fin de sa question, ce qui le contrarie un peu. Un nouveau petit sourire infiniment visible et raide fulgure sur son faciès pâle tandis qu’il réarrange ses mains entre elles. Il sent sur une partie de ses paumes que la crasse de la table s’y imprègne, ce qui le pousse à tirer une serviette du petit distributeur pour essuyer avec méticulosité la tâche un peu plus brune qui s’est formée sur sa peau. Sans s’attarder sur la sensation légèrement collante et grasse qui s’y est cristallisée, il prend cependant soin à ce que plus rien de cette altération ne soit visible.

C’est en récurant la petite tâche qu’il poursuit, l’œil focalisé sur son ouvrage sans pour autant démobiliser une once de son attention du cuisinier - et de l’avancée de sa préparation. "Let me guess; you're not from around here either." Après s’être assuré n’avoir plus aucune marque sur sa peau il froisse la serviette dans son poing et s’en débarrasse dans le fond de sa poche de pantalon. "I heard a slight accent from you," qu’il complète, relevant le nez en direction du cuisinier. Ses traits sont un peu plus joviaux, comme si le fait qu’ils partagent tous les deux la singularité d’un accent avait instantanément créé un lien entre eux, cela même s’ils n’ont de toute évidence rien en commun. "West Texas, right?" s’amuse-t-il à hasarder. "You're not a Dallas guy, obviously. The Yankee influence hasn't got you yet."

Un mouvement chez l’ouvrier lui indique un agacement palpable doublé d’un orgueil probablement froissé. Le sourire d’Osmond s’étire un peu plus, formant sur sa gueule une lame fine et acérée. Toutefois, ce plaisant échange ne lui fait pas oublier qu’il a faim ; il tire donc un peu sur ses cervicales pour vérifier où en est la préparation. Un petit tic facial le saisit alors, croyant voir un reflet métallique luire subrepticement dans ladite zone de préparation, plus intense et criard que celui d’un couteau de cuisine. Sa paire d’yeux quitte l’observation pour glisser contre la nuque épaisse et suintante du cuisinier, de nouveau lourde d’hostilité, chargée d’une paranoïa à la fois ancienne, à la fois nouvelle.

Les mains d’Osmond se dénouent et sa dextre attrape tranquillement son manteau ; il le fait glisser en toute discrétion sous la table, où la longue étoffe devient entre les doigts de l’Originel un taïpan du désert. Il s’enroule docilement contre son bras, puis son genou et sa jambe, dans une position d’attente. "How is my fish and chips going?" dit-il d’un nouveau sourire blanc, couvrant cette fois et avec une force vocale nette le crépitement de l’huile.
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L’autre homme ne répond pas tout de suite, et pendant une poignée de secondes, Amy se demande même s’il va jamais répondre. "Let's just say I've been here for a while. Well, sort of. I come from the underground; I believe some call it the Underapple. Amy s’exclame: "Wait what, you’re shitting me, man?! Il relève la tête pour croiser le regard de l’homme qui n’a pas l’air de se foutre de sa gueule le moins du monde, sa stupéfaction balayant la plus basique des politesses. Shit, sorry, sir. You don’t really look like you’re from the Underapple but what do I know… Don’t judge a book by its title, or whatever—" s’excuse-t-il, un peu confus. Il aurait bien aimé tomber sur des types comme lui, lors de ses escapades dans l’Underapple, plutôt que de croiser la route de truands qui portaient leur moralité douteuse sur leur visage et dans leurs manières. C’est vrai qu’Amy l’aurait plutôt vu en haut de l’une des riches tours, dans un penthouse immense composé de dix-sept salles de bain et autant de salles de sport. Il se demande ce que cet homme peut bien foutre dans l’Underapple, puisqu’à première vue, il n’avait pas non plus la dégaine d’un baron de la drogue, à se déplacer sans escorte (du moins à première vue, il est trop loin pour vérifier qu’aucun gorille ne patrouille devant son établissement, ça ferait fuir la clientèle), pour se rendre dans un établissement aussi miteux (à première vue, là encore).

Et puis, un parrain de la mafia aurait sans doute eu son mot à dire sur la reconstruction de New Blossom et, de fait, aurait montré un peu plus d’enthousiasme quant à son inauguration. "No, not really. But that's a very personal opinion. Plus, it's difficult to judge New Blossom as a whole. It's more like several towns in one, if I'm not mistaken?" Amy était en train de préparer ses frites, ne lésinant pas sur l’épice mystère qui les rendait aussi rouges que les joues d’un adolescent en émoi. "Yeah, I guess so…" répond-il machinalement, essuyant sa concentration comme ses mains sur son tablier poisseux. Il trépigne, son impatience croissant avec le temps, puisqu’Irina ne revenait toujours pas. Il aurait dû y aller à sa place, il avait l’habitude de faire son jogging dans le quartier et aurait avalé les mètres qui les séparaient de la première supérette en un rien de temps.

"Let me guess; you're not from around here either." L’attention d’Amy se pose de nouveau sur son client observateur. Il hausse un sourcil. "I heard a slight accent from you." Un minuscule sourire écarte la minuscule bouche d’Amy qui, à l’image de son accent justement, fait rouler des borborygmes appréciateurs au fond de sa gorge.
"West Texas, right? You're not a Dallas guy, obviously. The Yankee influence hasn't got you yet. - Nah, fuck Dallas, man; I’m from Odessa." Il serait infichu de préciser si c’était à l’ouest ou l’est, la poussière l’empêchant de regarder trop loin à l’horizon.

Le poisson frit finissait sa course au milieu des frites lorsque la voix de l’étranger s’élève de nouveau en dehors de son champ de vision. "How is my fish and chips going?" Amy garde son sang-froid en continuant de donner des petits coups d’œil discrets en direction de la porte de service. "Comin’ right away." Sa mutation se résorbe dans un gémissement silencieux, puis il fait volte-face avec son plateau au bout du bras et sert la commande (incomplète) d’Osmond. Il reste à côté du client, une main appuyée dangereusement sur la table, l’autre poing sur sa hanche: "Yeah mate, I’m from the middle of fucking nowhere in Odessa: grew up in a ranch, il mime la pancarte renseignant le nom de l’établissement: Armstrong’s mares it was called; more like Armstrong’s nightmares! Il balaye cette douloureuse confession d’une explication bidon: You bet there were more bulls and stupid mules than mares, but you know, it’s business." D’un coup de menton, il désigne le plat: "Come on, try this out, sir; take a bite!" Son enthousiasme soudain lui ferait presque manqué le bruit de la porte de derrière qui grince dans ses gonds, tandis qu’Irina revient discrètement, avec sa brique de lait sous le bras.
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tw: serpent, paranoïa, idéation d'homicide, dissociation / but the food's A+

Le cuisinier arrive enfin avec sa commande (incomplète). Les épaules d’Osmond s’affaissent infiniment, comme si les muscles de ses trapèzes se bandaient sous l’étoffe sombre et de facture commune. Sous la table, son taïpan est descendu complètement jusqu’au sol, enroulé sur lui-même mais la nuque tendue en direction de la jambe masculine, à tout moment prêt à frapper. La paire d’yeux froids descend quant à elle jusqu’au plateau, composé d’un assortiment de papier journal huileux et chiffonné autour du poisson frit et de son étalage de frites rouges. Cependant attentif au moindre mouvement suspect supplémentaire, Osmond détaille la composition avec force curiosité. L’ensemble sent horriblement bon. Réflexion faite, ce serait dommage de devoir tuer le suspicieux cuisinier ; son taïpan n’est guère de cet avis, lui transmet toute son appétence prédatrice comme s’ils ne faisaient qu’un (ils ne font qu’un, le taïpan est lui, cette appétence prédatrice est sienne).

"Yeah mate, I’m from the middle of fucking nowhere in Odessa: grew up in a ranch, Armstrong’s mares it was called; more like Armstrong’s nightmares!" Certains mots ont la capacité d’éveiller l’attention du Serpent, à tout le moins la tirer de ses sombres desseins barbottant dans le doux fumet de friture. Il relève son visage en direction du cuisinier - qui s’appuie de tout son poids sur la table avec une familiarité audacieuse et imbécile. "Catchier, I'd say." Osmond est très curieux de connaître la suite. Son taïpan continue toutefois de réduire la distance, approchant le pantalon large de l’homme avec une lenteur cruelle et déterminée. "You bet there were more bulls and stupid mules than mares, but you know, it’s business. - Oh." C’est un oh un peu déçu, un peu penaud. On lui a promis un cauchemar et on lui sert un tableau fermier des plus banals. Il imagine cependant très bien une figure comme celle de son vis-à-vis naître et grandir dans un cadre pareil ; parce qu’il est en effet très trivial - de près, c’est encore plus flagrant - mais aussi parce qu’il transporte avec lui, dans sa carrure, son physique, ses traits et ses petits yeux réduits, quelque chose de très terrestre, de très robuste. Il faudra bien enfoncer les crocs.

"Come on, try this out, sir; take a bite!" Le parallèle fait brièvement sourire Osmond. Mû par sa faim, et peut-être l’enthousiasme franc du cuisinier, il saisit ses couverts et coupe un premier morceau de poisson qu'il avale. A ce stade, il doute que l’homme soit finalement une menace ; son taïpan s’offusque, réclame son dû, ouvre la gueule et prend de l’élan. "That’s…," le visage blafard et sinistre du client s’est soudain illuminé, "rather good." Le ton est à la surprise. A l’étonnement. A l’implosion gustative. Les yeux glacials se sont écarquillés de plaisir et fixent le plat fumant d’un regard nouveau. Sous la table, le taïpan s’est figé, contrôlé à la respiration près par son créateur. Osmond se sent revivre ; l’ombre de sa paranoïa s’étiole lentement - sans jamais tout à fait le quitter - et son corps entier paraît se détendre sur le bout de banquette en simili usé. La fourchette et le couteau reviennent à l’attaque, coupent, détachent, se plantent dans le poisson et les frites et nourrissent l’homme affamé. La seconde bouchée est encore plus huileuse que la première. Les paupières, lourdes de régal, se ferment un instant. Il y a un soupir d’aise qui fend ses narines. Puis le tout dégringole dans son ventre creux.

"Impressive. Yes, really impressive," dit-il alors que ce ne l’est pas ; mais pour lui qui s’est majoritairement sustenté d’horreurs, de drames, d’abjections et d’obscénités pendant plus d’une décennie sous terre, ce fish and (red) chips est une petite révolution gustative contre son palais cendreux. "Ha! You have golden hands, Mister...", son couteau fait quelques mouvements circulaires, "Armstrong, I presume?" Son taïpan continue d’être douloureusement figé sous table. Osmond a un sourire amusé. "And a name to match!" Cette surprise culinaire l’a rendu tout à fait guilleret. Et puis le bougre n’a par l’air bien méchant ; il s’est probablement inquiété pour rien. Troisième bouchée. Elle est avalée avec un peu plus de précipitation, sans rien défaire de la tenue altière et bizarrement rigide du client. A la fourchette, cette fois, de se tendre, pour indiquer la place libre en face de lui. "Please have a seat. I'm enjoying our little chat." Il y a quelque chose de très simple dans ce geste, de très sympathique - et de très omnipotent, comme si derrière cette apparence joviale se cachait un interrupteur à forte sensibilité capable de basculer dans l’exact contraire à la moindre contrariété.

"Oh, but, wait. My glass of milk…" Osmond a immobilisé ses bras, ses poignets, ses mains. Même sa nuque s’est rigidifiée. Son regard parcoure le plateau avec un temps de réaction excessivement long, toute lueur affadie par la désillusion soudaine. Son esprit s’échappe un temps supplémentaire, absorbé par ses propres petits cauchemars embastillés dans sa mémoire en friche et la géhenne tranquille qui pulse par lésions radiques dans tout son corps. Il ne se réanime que pour notifier, d’une voix blanche, désincarnée, morne. "You forgot it, Mr. Armstrong."
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tw: langage grossier

Amy est suspendu à son visage, lorsque le client prend sa première bouchée. Ses énormes yeux bleus ne clignent plus, collés comme deux grosses bulles sur les pommettes de l’autre homme, à la recherche de la moindre ride d’expression qui trahirait en avance sa réponse. Et à vrai dire, l’homme a l’air surpris lui-même d’aimer ce qu’il mange: "That’s… rather good." Amy qui, une fois n’est pas coutume, s’était totalement immobilisé, si bien qu’il ressemblait au Penseur de Rodin revisité, se remet en branle, tapant joyeusement du poing sur la table, avec autant d’enthousiasme que s’il venait de gagner au loto: "Fuck, yeah, right?" C’est que, depuis qu’il avait pris les rênes du restaurant, Amy avait lu des critiques très divisées quant à la qualité de ses plats et, pour être honnête, n’avait jamais su quoi faire pour contenter tout le monde. Il avait bien quelques habitué.e.s, mais typiquement, ces habitué.e.s n’étaient pas du genre à répandre l’info, ni à rédiger de brûlantes éloges sur les applis d’évaluation de restaurants. De fait, malheureusement, c’était souvent des constats du genre: "food could be ok if it wasn’t for the owner’s bad temper and awful jokes", qui avait refroidi Amy considérablement, puisqu’il s’était efforcé de ne plus tant faire la causette à sa clientèle que ça, se rendant plus taciturne et de fait, pas plus amical que ce qu’on attendait de lui.

"Impressive. Yes, really impressive, Amy a ce mouvement de victoire qu’on retrouverait davantage chez un footballeur vainqueur de la coupe du monde, serrant ses poings huileux. Il est à ça de lui demander s’il n’était pas critique culinaire par hasard, parce que ça n’est pas tous les jours qu’il entend le mot impressive. Ha! You have golden hands, Mister… Armstrong, I presume? And a name to match! - I know, right?" glapit Amy en contractant ses deux énormes biceps qui n’ont des reflets dorés que parce qu’il meurt de chaud. Il ressemble à un golden retriever (see what i did there) et se roulerait sur le lino si ça lui était permis. Et comme Osmond allait vite le comprendre, Amy adorait qu’on lui dise quoi faire: "Please have a seat. I'm enjoying our little chat. - Yes, su— - Oh, but, wait. My glass of milk… Amy s’était interrompu dans son mouvement prompt, en équilibre, penché au-dessus de la table (avec ses gros pectoraux à ça de la surface de la table), une fesse presque déjà assise sur la banquette. Son sang quitte momentanément son visage, comme une marée qui se retire pour mieux revenir d’un coup, accompagné d’un coup de chaleur, à l’idée qu’Irina ne soit pas de retour, et que ce fichu verre de lait ruine l’expérience gastronomique de son nouveau client favori. You forgot it, Mr. Armstrong."

Comme monté sur des ressorts, Mr. Armstrong bondit de sa place et retourne vers l’arrière-cuisine: "Oh fuck me! yeah, shit, sorry, sir. I’ll get it!" Il se voit déjà en train de devoir sprinter jusqu’à la supérette la plus proche, déchirant son marcel au vent, mais c’est sans compter Irina, sa sauveuse, qui brandit le carton de lait sous son nez, à peine a-t-il fait un pas dans le garde-manger. "You know I heard that adults who still drink milk for dinner are fucking perv’… - You’re just saying that because you’re jealous. - I’m just saying that so you don’t end up dressed as a schoolboy with a baseball bat up your ass— - What the fuck, Irina, I thought you liked him?? - That was ten minutes ago!! - Fuck you!" conclue Amy en lui arrachant la brique de lait des mains pour en remplir un verre. Il hésite encore une fois avant de mettre des glaçons et se ravise au dernier moment.

"Here you go, sir. siffle-t-il en revenant promptement à la table d’Osmond, déposant le verre de lait rehaussé d’une affreuse petite ombrelle en papier de mauvais goût, et s’installant enfin en face de lui, les yeux grand ouverts, comme s’il attendait que l’inconnu lui dicte la suite des événements. Sorry for the trouble, sir; that’s on the house." Il entend de là Irina grincer des dents, alors qu’il n’avait plus de quoi la payer depuis trois jours. "We uh— have minor issues with electricity and maintenance, you know, so we have to be like, quick on our feet or else we’ll close down," confie-t-il dans un regain d’angoisse qu’il essuie à l’instar de ses paluches sur les cuisses de son jogging. "But you were saying… you know Texas, sir?"
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cw: idéation d'homicide, serpent, inconfort, ptsd

Osmond est très contrarié. Ce n’est pas tant la faute du cuisinier sinon celle des douleurs inattendues revenant par vagues dans plusieurs parcelles de son corps. Mais il pourrait tuer d’être aussi contrarié, oui. Comme un système organique s’adaptant virulemment à son nouvel environnement en phagocytant chaque élément qui lui est de près ou de loin hostile. Il a besoin de lait. De lait très froid. C’est la seule chose qu’il requiert jamais dans les profondeurs et qu’on lui trouve toujours. L’habitude se distort ici, contrainte par un monde où ne l’attend pas et où ses désirs ne sont pas exaucés sur-le-champ. Du lait. Simplement du lait. Du lait très froid. En demande-t-il tant que ça ? "No, I don't think so..." siffle-t-il tout bas, coincé sur sa banquette et dans sa crispation soudaine. Le taïpan est défigé, roule sur lui-même pour rassurer la jambe gauche, puis la jambe droite. Osmond repose ses couverts, posant dès lors ses mains à plat sur la table. La sensation de gras et de texture collante revient aussitôt contre ses paumes. Il fixe la porte battante par laquelle le cuisinier a disparu.

L’ouvrier se lève, quitte les lieux. La prostituée lance des regards inquiets par-dessus son épaule, ce qu’Osmond capture sans difficulté dans son champ de vision. Elle s’est tétanisée, avant de rassembler ses affaires dans un petit sac à main et de quitter elle aussi les lieux. En passant, son parfum acide et de piètre qualité taquine les narines du dernier client. Quand le carillon sonne, Osmond se sent peiné de l’avoir inquiétée. Il n’a aucune considération pour l’ouvrier, en revanche. Une déglutition. La chaleur moite du commerce commence à lui chauffer la peau et pénibiliser la sensation d’étroitesse qu’il ressent dans ses vêtements et sa carcasse toute entière. Il se sent transpirer. Appuie davantage ses mains contre le formica, provoquant un petit craquement net somme toute peu semblable au fracas sourd provoqué quelques secondes plus tôt par le poing ravi du cuisinier. Le cuisinier revient, d’ailleurs, une main occupée par un verre de lait. Le client se détend infiniment à la vue de la boisson. Quand le verre est posé, l’ombrelle roule un peu sur son coin, roule aussi dans le regard maniaque et décontenancé du client.

Il n’écoute pas les mots qui lui sont adressés ; plutôt quoi une main rugueuse, épaisse et blême ôte délicatement l’ombrelle, puis saisit et apporte, dans un tremblement léger, le cristal mal lavé à ses lèvres. Il boit. Il boit, et il boit, et il boit. Et il finit tout. Ponctuant son cul sec d’un claquement de langue et de bouche satisfait. Osmond prend le temps d’apprécier la sensation de fraîcheur apportée par sa consommation et s’imagine (plutôt à tort) le lait venir tapisser les parois internes et brûlées de son estomac. Le verre est reposé ; alors seulement il écoute le cuisinier. "(…) issues with electricity and maintenance, you know, so we have to be like, quick on our feet or else we’ll close down." Osmond, qui est maintenant rassasié, soulagé et serein, relève son regard glacial vers son interlocuteur qui a pris place face à lui.

"Sorry to hear that…" L’homme lui est sympathique. Il est passé par un tel échantillon d’émotions et défaveurs le concernant qu’il n’y a à présent plus rien à éplucher de ses impressions. Si ce n’est une pointe de gratitude aussi simple que sincère pour sa diligence et les efforts essuyés dans l’obtention de ce verre de lait ; un lait particulièrement mauvais en bouche, mais cela n’a proprement aucune importance pour Osmond. "Here, perhaps I can…," il fouille dans sa poche de pantalon, se penchant légèrement sur le côté. Pendant ce temps, Mr. Armstrong a l’amabilité de poursuivre leur petite conversation. "But you were saying… you know Texas, sir? - Ha! do I know Texas…" La main d’Osmond ressort et produit une série de chutes de papier froissé de couleur orange, rouge et bleu, des billets de 10$, 50$ et 100$ qui font défiler Hamilton, Grant et Franklin avec une générosité obscène et matériellement détachée. "For your service," tient-il à préciser, souhaitant par là-même dégager toute gêne possible quant à l’appréciation d’un pourboire. "I hope that's enough. I'm not very sure of the present money value; I have the strong impression that the dollar has never been so low…" regrette-t-il d’une petite négation supplée d’un haussement de sourcils.

Il reprend ses couverts et continue sa délicieuse dégustation. "Yes! I do know Texas. Houston, in particular. I had investments in the canal and in certain shipping companies. It's not a very charming city, but the port industry is flourishing! Well, I suppose it still is." Haussement d’épaules. Le poisson est croustillant et doré à souhait. Osmond fait durer le plaisir d’une nouvelle bouchée. "Dear God, I could eat this every day…" Il finit de mâcher, après avoir presque grogné de plaisir au-dessus de son plateau. "But tell me, Mr. Armstrong, what made you leave your ranch for a town like (il cherche le nom dans sa mémoire) New Blossom? Quite a radical change of scenery… Sorry if that sounds a bit intrusive, I'm just curious." Les yeux terribles du client expriment en effet un intérêt sincère, presque crédule, agrémenté de petit battements de paupières qu’un nouvel haussement de sourcils couronne. En bas, le taïpan siffle une dernière fois son hostilité insatisfaite au niveau des chaussures blanches du cuisinier, puis se retransforme en manteau.
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Amy n’est pas quelqu’un de très observateur. Il n’a même pas remarqué qu’à son retour, ses deux autres clients étaient partis. A vrai dire, il n’avait rien vu d’autre que l’étranger engloutir d’une traite son verre de lait. Il n’avait pas eu le réflexe de détourner le regard par politesse, et avait fixé tour à tour le cul du verre derrière lequel le visage tiré se dissimulait, puis la gorge de l’homme, dont la pomme d’Adam faisait des bonds à chaque gorgée. Le spectacle l’avait troublé, tandis qu’il se répétait en boucle les remarques salaces d’Irina: fucking perv’. Il y avait quelque chose d’indécent dans la fièvre avec laquelle il avait fini son verre, qu’on retrouvait habituellement chez les addicts; Amy en avait croisé beaucoup dans sa carrière décousue, à force de traîner avec des malfrats dont beaucoup faisaient du trafic de drogues, mutantes ou pas. Mais, jusqu’à présent, il n’avait jamais vu quelqu’un addict au lait… si ça n’était pour les bébés… Un tableau un peu dérangeant défile derrière ses yeux transparents qui papillonnent pour chasser ces images. Il ne reste que la vision concentrée de toutes petites taches de lait aux commissures de ses lèvres; Amy humidifie sa bouche par mimétisme, et remonte enfin ses troublants yeux d’eau dans ceux de son interlocuteur.

"Sorry to hear that…" Sa voix tire définitivement Amy de ses pensées, ou plutôt de son absence forcée de pensées. Il observe, incrédule, ses mains extirper des billets froissés de ses poches et de les jeter sur la table comme s’il s’agissait de vulgaires récépissés. "Here, perhaps I can… Amy plisse les yeux, puisqu’il venait de lui dire qu’il n’avait pas besoin de payer, réalisant, lentement mais sûrement, qu’il ne l’avait pas écouté avant d’avoir pu descendre son verre de lait. I should have brought the bottle. - Sir, that’s alri—" Il avait tendu sa main, paume face à lui, pour stopper son geste, mais très vite, ses doigts viennent pincer les billets avec embarras, pour les glisser vers lui. "For your service. I hope that's enough. I'm not very sure of the present money value; I have the strong impression that the dollar has never been so low… - Yeah, it’s plenty enough… thanks," bafouille-t-il, un peu frustré qu’il n’ait pas accepté son offre, parce qu’il ne l’avait pas écouté, et d’avoir pu lui faire pitié aussi rapidement.

Amy glisse les billets dans la poche de son tablier (il avait failli les coincer dans l’élastique de son jogging, mais la dernière fois qu’il avait fait ça, Irina lui avait confié qu’il ressemblait à un strip-teaser), et continue d’écouter son désormais bienfaiteur. Amy ne comprend pas exactement pourquoi il se sent autant en position de faiblesse, à avoir accepté de l’argent, si bien qu’il se sent maintenant obligé de lui faire la conversation, comme s’il avait été payé pour ça: boo, you whore! D’un autre côté, il était peut-être aussi désarçonné d’être parvenu à se faire du fric aussi facilement, lui qui avait plutôt des facilités à galérer à gagner des sous. Il ose se demander jusqu’où ça pourrait aller, ou bien s’il pouvait davantage solliciter l’aide de cet homme qui n’avait pas l’air de se soucier de son argent le moins du monde. C’est qu’à l’écouter parler de sa vie à Houston, il devait sûrement avoir beaucoup de thunes, ce qui réduirait les scrupules d’Amy de le lui en avoir lâchement tiré. "I couldn’t say, sir, I’ve never been to Houston. We were up in the desert, not far from those military areas, where they’d shoot aliens with A-bombs or something."

"Dear God, I could eat this every day… Un sourire pince la minuscule bouche d’Amy: - Yeah, seems like it… Irina! Elle passe la tête par la porte. Could you bring the rest of the milk, please?" L’employée s’exécute, n’ayant pas loupé le moment où Osmond avait lâché les biffetons, et va même jusqu’à le servir, profitant d’être dans l’angle mort du client pour articuler en silence à l’attention d’Amy: fucking perv, ponctué d’un sourire mutin. But tell me, Mr. Armstrong, what made you leave your ranch for a town like New Blossom? Quite a radical change of scenery… Sorry if that sounds a bit intrusive, I'm just curious." Amy balaye l’indiscrétion d’un revers de main qui vient se blottir sous son biceps quand il croise les bras et s’affale au fond de la banquette, manspreadant the hell out of his sweatpants. "That’s ok, sir. It’s nothing big, really. I uh— wanted to do something else with my life, you know? Ses doigts épais ont pensivement saisi la base de la brique de lait, pour en remonter lentement les arêtes. Don’t get me wrong, I loved the shitty old horses and the bulls’ company, but I needed something different. Il tapote doucement l’annonce de personne disparue sur l’une des faces de la brique de lait, dans des tons holographiques. So I joined the army for a while… and then I quitted, and, you know… well, maybe you don’t know, but at that time, all roads were leading to this place, il joue avec le rebord du bouchon, jobs, money, future plans… Une goutte de lait se dépose sur son doigt qu’il fout dans sa bouche: it was kinda sexy so I moved here," conclue-t-il promptement en relâchant la brique de lait.

Son pied glisse de quelques centimètres sur le sol et il sent le poids du manteau contre sa chaussure. Il se penche sur le côté pour récupérer le vêtement assez lourd. "But what about you, sir? You’re asking me about my stupid little fastfood owner life when you told me you come from the Underapple? But before that you were all into Houston business? Did you happen to go through the fall of New York?" demande-t-il en tendant le bras alourdi du manteau par-dessus la table pour le lui rendre.
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"That’s ok, sir. It’s nothing big, really. I uh— wanted to do something else with my life, you know?" Osmond opine doucement, continuant de fixer Mr. Armstrong tout en mangeant sans discontinuer son fish and chips. Il dévie un instant ses yeux en direction du geste qu’effectuent les doigts rugueux et étonnamment exempts de petites coupures - ce doit être un cuisinier très habile - avant d’être quelque peu troublé quand il remarque l’hologramme sur la brique de lait. "Don’t get me wrong, I loved the shitty old horses and the bulls’ company, but I needed something different. - Understandable," souligne-t-il en revenant à son interlocuteur.

Il a l’air plutôt jeune, ce que son fin visage, presque trop poupon pour un corps aussi massif, accentue davantage. C’est une période où on se cherche, il suppose, où on lorgne avec un intérêt obnubilant l’horizon qui se présente devant le perron familial. "So I joined the army for a while…" Osmond marque sa surprise, bien qu’il ne le soit pas tant. Il continue de manger et de détailler l’ancien cow-boy, devenu soldat, devenu cuisinier. Une histoire en trois actes probablement peu passionnante, vue et revue, mais dont le client, par distraction ou réelle attention, tente de deviner les différentes scènes au fil du temps. "and then I quitted, and, you know… well, maybe you don’t know, but at that time, all roads were leading to this place, jobs, money, future plans… it was kinda sexy so I moved here." Osmond a suivi le nouveau geste de Mr. Armstrong, qui est venu déposer une goutte de lait directement dans sa bouche. Il n’en pense rien de bien intéressant si ce n’est qu’il l’a trouvé sensuel. "And… the promised land turned out to be less than ideal," en conclue-t-il, eu égard aux récentes informations qu’il a entendues à propos des finances de son commerce. Entre deux bouchées et quelques commentaires épars, Osmond continue de s’imaginer la vie de Mr. Armstrong. Ses journées harassantes à trimer derrière le comptoir, ses longues nuits à servir une poignée de client·e·s, tout ça pour se saigner une fois les factures venues, et rentrer chez soi l’échine baissée.

Il s’imagine tout cela et détaille le corps de l’ancien soldat, littéralement taillé pour mener des combats. Les Etats-Unis ont toujours été ingrats avec leurs bidasses. Il se remémore sans peine les pauvres hères qui traînaient dans les rues de Miami, quémandant pièces et faveurs au retour du Vietnam ; Carmen était particulièrement attristée et fascinée par leur déchéance, mais aussi terrifiée par le rideau mortuaire qu’elle sentait flotter devant eux à chaque fois qu’elle s’en approchait. Osmond se demande si Mr. Armstrong est lui aussi hanté par ses crimes de guerre. Carmen n’aurait eu aucun mal à le lui dire ; mais Carmen n’est plus vraiment là. Alors il doit se contenter d’examiner le bleu des yeux qu’il a en face, certes trouble, mais résigné aussi.

"But what about you, sir? You’re asking me about my stupid little fastfood owner life when you told me you come from the Underapple? - Your life is not stupid, don’t say that. - But before that you were all into Houston business? - Mhmh. Among other investments. - Did you happen to go through the fall of New York?" La déglutition est pénible. "I--" Sa main droite fait rouler un peu la fourchette entre ses doigts. "Yes." Une gêne désagréable et imprévue s’est emparée du client. Il se redresse un peu sur son coin de banquette, esquivant les petits yeux du cuisinier, relâchant cette fois son attention intense sur le manteau ramassé. "In a way." Ce qui gêne particulièrement Osmond, dans cette histoire qu’on lui demande implicitement de livrer, c’est qu’elle raconte combien il a été faible. Peut-être que s’il avait été plus strict avec Helmina, elle ne se serait pas trompée dans son calcul et il n’aurait pas passé quarante ans à croupir dans un noyau noir et cuisant. Peut-être qu’Angelo ne serait pas mort. "Rather intensely."

Osmond se remet à manger, les yeux sur son plateau. "I think your girlfriend dislikes me. She keeps spying on me from behind the porthole of the door." Celle que Mr. Armstrong a nommée Irina l’épie en effet depuis qu’elle leur a amené la brique de lait. "Don't worry, I don't mind," ajoute-t-il, sentant un mouvement de la part du cuisinier. "I'm the first Underapple customer to come here?" Il finit son poisson. Laisse quelques frites rouges dans leur papier huileux. "You know, your place would be a hit down there. I do believe it's more crowded than the surface... Something to think about. Imagine if, one day, all these fine people came out from under the ground." Ce serait terrible. Le choc de deux mondes. La mine pensive, il se ressert un peu de lait et boit. Le regard figé cette fois sur la figure d'Irina, puis le hublot derrière lequel elle se tapit une fois qu'elle s'en est rapidement écartée.
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Lorsque New York est tombé, Amy n’était pas sur place. Lui et sa famille avaient suivi ça comme un terrifiant feuilleton, empilés sur le canapé. Les petits avaient même fait des cauchemars la nuit suivante; et, si Amy n’en avait pas fait, c’est parce qu’il n’avait pas dormi cette nuit-là, suivant les retranscriptions de nouvelles en direct non stop, suspendu avec une fascination morbide aux images troubles et explosives qui illuminaient l’écran de son téléphone, baignant d’un bleu digital le bleu de ses yeux.
"I— Yes. In a way. Et c’est avec cette même fascination statique, troublante pour un type nerveux comme lui, puisqu’elle l’immobilise totalement, si bien qu’on pourrait croire que sa mutation fait des siennes, qu’il écoute son client égrainer avec une frustrante parcimonie son vécu de la chute de New York. Amy a l’impression que s’il détachait son regard de lui à ce moment-là, il perdrait tout un tas de secrets et de traumatismes que l’autre homme devrait sans peine lui partager. Rather intensely." Il ne comprend qu’à ce moment-là, après ne pas l’avoir lâché pendant de si longues minutes, jusqu’à ce qu’il crache le morceau, que ça n’était pas une question à poser aussi nonchalamment et qu’il y avait des histoires qu’on ne pouvait pas raconter au milieu d’un fastfood, au-dessus d’un fish and chips (somme toute bien entamé), avec un inconnu. Amy se fustige en cet instant de ne lui être qu’un inconnu, se voyant de fait ôter le pain de la bouche.

Il va pour demander pardon, la bouche bâillant aux corneilles, prête à bafouiller des excuses, qu’Osmond redirige le flot de la conversation: "I think your girlfriend dislikes me. She keeps spying on me from behind the porthole of the door. - Oh shit! sorry for that—" Pris au dépourvu, son excuse bondit hors de sa bouche, mais malheureusement un peu trop tard. Il n’avait pas l’habitude que ce soit son employée qui ait un comportement problématique: d’habitude, elle avait plus de bagou et c’était plutôt lui qu’on excusait, puis de le renvoyer en cuisine avant qu’il ne cause un scandale. Déjà, Amy a appuyé ses mains sur la table, prêt à se lever. "Don't worry, I don't mind. - Yeah, but I do, ronchonne-t-il en se rasseyant, diligent. - I'm the first Underapple customer to come here? - You know what? I don’t think so, Amy chasse Irina de loin d’un revers de main, ses sourcils blonds écrasant ses grands yeux bleus. You’re certainly the first Underapple customer who actually admit he’s from the Underapple. Most of the time, we can’t say if we’re serving criminals or politics…" Amy n’est toujours pas sûr de savoir à quelle catégorie cet homme appartenait, bien qu’il doute que beaucoup de politicien.ne.s viennent de l’Underapple.

"You know, your place would be a hit down there. I do believe it's more crowded than the surface... Something to think about. Imagine if, one day, all these fine people came out from under the ground. Un adorable sourire malicieux creuse des fossettes dans le visage d’Amy: "Is that a job offer, sir?" minaude-t-il en plaisantant.
Amy était déjà allé dans l’Underapple pour des boulots mais ne s’y est jamais trop attardé, claustrophobique. "I don’t know, sir, I’d feel a bit cramped eventually." Il mime l’étroitesse en se recroquevillant sur lui-même, tout en profitant pour accentuer ses trapèzes et ses épaules contractés. Son pouvoir l’enfermait suffisamment dans la carapace de son corps d’acier pour qu’il veuille, en plus de ça, s’enfermer sous terre. Et, contrairement à cet homme, New York ne pouvait pas lui manquer, puisqu’il ne l’avait pas connue. "However, if you could bring your friends from the Underapple here, as you said, I’d have them here anytime! concède-t-il, grand seigneur; l’argent n’a pas d’odeur, peu importe ce que ça pouvait sentir dans l’Underapple.
Dans son élan, Amy a baissé le regard vers l’assiette de son invité: "Damn, sir, you did quite a good job at cleaning your plate. I assume you enjoyed it, right? Il se lève, embarquant plats et couverts. Imma leave the milk here; lemme know if I can do anything else, récite-t-il doucement en passant un coup de torchon si poisseux sur la table qu’il étale plus la crasse qu’autre chose.
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"Is that a job offer, sir?" C’est une drôle de question. A entendre Mr. Armstrong on croirait qu’il détient tout droit sur l’Underapple, de celleux qui y vivent, à celleux qui y bossent, en passant par celleux qui y crèvent. Osmond a un faible sourire, qui n’a l’air de rien démentir. "I don’t know, sir, I’d feel a bit cramped eventually." Un hochement de tête. Il imagine en effet très mal son interlocuteur dans les profondeurs de la ville engloutie, quand bien même ces profondeurs soient pour la plus grande majorité devenues vivables (hélas). Pour autant, Osmond embrasse le commerce d’un regard calme, légèrement critique. "You know, it's no narrower than here…" Le carrelage blanc mais plus si blanc des murs et du sol rejette la lueur des néons avec une telle paresse qu’on croirait la salle obstruée par un flou constant et blafard. Même Mr. Armstrong et son corps d’athlète est altéré par le phénomène, comme si un filtre cru s’était placé sur lui - d’une certaine manière, cette allure lui sied, il ressemble à quelque chose de mort et d’évanescent hantant sa portion de terre un pas lourd après l’autre. Osmond est sensible à cette esthétique. Bien plus qu’à tous les muscles protéinés qui chargent la carrure du cuisiner.

"However, if you could bring your friends from the Underapple here, as you said, I’d have them here anytime! - I think I will." Un petit sourire sympathique s’est glissé sur ses lèvres. Il n’en pense pas un mot. Pour l’heure, cet endroit lui est devenu trop précieux pour qu’il le partage avec quiconque ; il lui rappelle Hambourg et Katharina, et il lui a fallu engloutir un repas gras et bizarrement rouge pour s’en rendre compte. "Damn, sir, you did quite a good job at cleaning your plate. I assume you enjoyed it, right? - Very much, Mr. Armstrong. You're quite a cook. - Imma leave the milk here; lemme know if I can do anything else. - Actually," commence-t-il, attendant que son interlocuteur rompe son élan et se retourne, "I'm going to leave, now." Un air un peu penaud vient adoucir ses traits implacables. Il soupire très lourdement, avec une légèreté cependant ressentie jusqu’en dedans de son poitrail, et après avoir égaré son regard usé sur le bout de table débarrassé, il le relève en direction du cuisinier. "You see, it has been a long day for me." Osmond ne s’en cache pas. Il se sent étrangement à l’aise avec son interlocuteur, car il ne représente ni une menace, ni un intérêt quelconque pour lui.

"But I want to thank you for your hospitality and your cuisine. I will come back, you can count on me." Le visage du client s’est illuminée un bref instant d’une jovialité sincère, picorée ici et là par l’épuisement et l’impression constante que ces traits et cette peau ne sont pas humains. Les lèvres pincées sur un nouveau sourire, il se relève et se penche pour récupérer son manteau préalablement ramassé par Mr. Armstrong. "I’m Osmond, by the way." Il ne s’en équipe pas, au vu de la chaleur du lieu qui s’est installée sur tout son corps. Plutôt quoi il range sa main droite dans une poche de pantalon, passe son manteau sur son avant-bras, et procède de la même manière pour sa main gauche. Il aurait bien serré l’une des pinces de Mr. Armstrong, mais l’homme les a pleines. "Mr. Rose, if you ever want to come and see me down there. Just say the name and you'll be shown the way." Les yeux pétillent d’un peu d’excitation à l’idée seule que Mr. Armstrong se laisse un jour tenter par la descente aux enfers. Sans plus un mot à ce sujet, il effectue un petit signe de tête en guise de salutation, tourne les talons et s’en va.

Mais s’immobilise au dernier moment. Fait volte-face. "Oh, yes, I'd like to ask you a favour: can you get some very cold and fresh milk for next time? This one was lukewarm and bad. I think you should have a word with your employee Irina; I'm sure she misunderstood my order," balaie-t-il d’un mouvement de menton, joignant à son jugement sévère un petit air débonnaire. De toute évidence, Mr. Armstrong n’y est pour rien. Il lui est bien trop sympathique ; au contraire de cette Irina qui l’a, quoi qu’il en dise, bien trop épié à son goût. Un nouveau petit signe du chef. Et un dernier sourire. "Thanks again, Mr. Armstrong."
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