until i found u. (elias)

main droite pendouille dans le vide. corps menace de glisser d’un matelas hors de prix tandis que le bruit d’une respiration lente et sereine se fait entendre. tic-tac interminable provient d’une splendide horloge en bois au-dessus du lit à baldaquin dont les rideaux sont tirés dans l’unique but de repousser la lumière le plus longtemps possible bien que cela soit futile, puisqu’il est incapable de voir. depuis son arrivée à new-blossom, balthazar dort sur ses deux oreilles. n’a pourtant pas mis en place grande sécurité. est simplement prêt à accepter les choses telles qu’elles doivent se passer. longue vie d’errance lui a finalement appris qu’il ne sert à rien de se parer à toutes les éventualités. destin farceur et tragique n’a eu de cesses de le mettre genoux à terre, après tout. bougre grogne en émergeant doucement. se tourne sur le côté pour se rouler en boule, serrant contre lui le second oreiller n’ayant que rarement le parfum d’une inconnue depuis qu’il s’est installé ici. grand appartement lui semble bien vide malgré les nombreux meubles ayant été installés par des employés engagés dans l’unique but de lui facilité la tâche. soupire en y pensant bien que la solitude soit devenue - avec le temps, sa plus grande alliée.

frotte ses yeux avant de se relever en douceur. balthazar s’étire en grimaçant avant de faire craquer sa nuque par simple habitude. silence règne en maître dans la pièce tandis qu’il se glisse hors des draps pour rejoindre la salle de bain. frissonne sous la fraîcheur du carrelage contre ses pieds. a bien du mal à se réhabituer aux températures américaines après avoir passé la dernière année sur une île à la chaleur éternelle. traîne son corps jusqu’à la douche. profite du jet chaud pour détendre ses muscles tandis qu’il se savonne, yeux clos. balthazar a toujours eu besoin d’un peu de temps le matin. esprit peinant à émerger de ses doux rêves. cauchemars se font plus rares ces temps-ci. souvenirs de son ancienne vie remontent à la surface et le font sourire dans son sommeil. il la revoit. celle qu’il a aimé. celle qui a fini par disparaître d’une maladie. soupire longuement en y pensant tandis qu’il se sèche. vêtements qu’il choisit minutieusement pour une fois. étrange lettre qu’on lui a remis au penrose. rendez-vous à l’hypérion auprès d’un inconnu. aucun détails hormis la date, l’heure et le lieu du rendez-vous.

chemise blanche dont les manches remontent désormais sur ses avants bras a été glissé à l’intérieur d’un pantalon noir accordé à ses chaussures. ne sait pas pourquoi il doit se rendre dans cet hôtel, mais compte bien faire bonne figure. avisera ensuite en fonction de qui l’a demandé. il ne connaît pas grand-monde ici. évite les problèmes. esquive les âmes tourmentées. n’a même pas usé de ses pouvoirs en dehors de sa vision du corbeau depuis qu’il a emménagé à new-blossom. regard devient doré tandis qu’il glisse ses lunettes de soleil sur le haut de son nez. récupère sa canne pour faire bonne figure, bien qu’il n’en n’ai pas vraiment besoin pour se déplacer. ne veut pas attirer de trop l’attention sur lui.

carcasse se traîne jusque dans la rue où il récupère un taxi. pied droit tapote contre le tapis de sol de manière anxieuse tandis qu’il vient mordiller le pouce de sa main droite par habitude. trajet se fait rapide, plongé dans le noir. malgré les années, balthazar doit admettre qu’il regrette toujours le temps où il voyait encore sans problème le monde l’entourant. pousse finalement la porte de l’hypérion quelques minutes plus tard avant de suivre les indications du personnel. rejoint  le lounge de l’hôtel à l'ambiance feutrée. douce odeur de menthe poivrée vient titiller ses narines et il se laisse finalement tomber sur un fauteuil confortable avant de ranger sa canne pliante contre le mur à sa droite. lève ensuite la main gauche pour faire signe à un serveur. « un café noir, sans sucre, s’il vous plaît. » voix rauque s’échappe de ses lèvres et il offre un sourire au gamin avant de se redresser. plus qu’à attendre patiemment de savoir qui désirait tant le rencontrer.

c’est avec un peu d’avance que balthazar laisse tomber son corps sur un fauteuil confortable au sein du splendide lounge de l’hyperion. carcasse qu’il traîne avec aisance malgré son handicape, usant de sa vision du corbeau pour arpenter les rues. si certains regards se posant sur lui sont emplis de pitié, d’autres le fixent parfois avec dégoûts. rares sont ceux capables de comprendre, d’analyser son comportement. moins maladroit qu’un humain normal, balthazar remercie tout de même sa seconde déchirure de lui permettre de voir lorsque le besoin s’en fait ressentir. signe de main à l’encontre d’un serveur passant par-là. vieillard aux allures de jeune homme se redresse et offre un sourire à l’employé après lui avoir passé sa commande. politesse est de mise comme toujours simple café noir sans sucre suffira. il est encore bien trop tôt pour se plonger dans l’alcool. et lorsqu’il le fait, balthazar préfère de loin être entre les murs du penrose. dans sa seconde demeure. jambes viennent se croiser naturellement avant qu’il ne parcourt la grande salle du regard discrètement. regard s’anime de nouveau d’un splendide doré - caché par ses lunettes aux verres noirs comme les enfers. remarque finalement l’âme l’ayant fait venir ici. entité identique physiquement. il n’aurait jamais pensé le rencontrer un jour, après toutes ces années.

café lui est apporté au moment même où l’inconnu avec lequel il a partagé un voyage il y a de cela bien des années le rejoint. « bonjour. » réponse est cordiale, voix est douce. il ne sent aucune menace émaner de ce dernier. saurait se défendre s’il le fallait. du moins, c’est ce que balthazar ose espérer. frère jumeau semble bien plus puissant que lui. mauvais choix fait par odin, visiblement. faible sourire narquois étire ses lèvres en y pensant et il se reprend bien rapidement pour garder un visage impassible. « c’est trop aimable de ta part. j’aurais pu payer mon café. » soupire s’échappe de ses lèvres. il n’a nullement l’envie de lui devoir quoi que ce soit. « tu imagines plutôt bien, effet. » doigts de la main droite viennent s’enrouler autour de sa tasse fumante. l’odeur du café venant rapidement chatouiller ses narines avant qu’il n’en prenne une gorgée. visage identique au sien lui paraît pourtant plus dur. marqué par la vie malgré qu’il semble avoir arrêté de vieillir dans les mêmes années que lui. étrange quand on y pense. mais pas si étonnant mûrement réfléchi.

balthazar détaille l’être lui faisant face avec plus de minutie. nombreuses ressemblances sont éloignées par bien trop de détails les rendant faciles à distinguer. tout du moins, aux yeux du second corbeau. « je suis navré de t’informer que je n’ai aucune idée de comment tu te nommes. ce qui nous servait de géniteur s’est amusé à me mettre des bâtons dans les roues à l’instant même où il m’a annoncé ton existence. » ne cherche pas à mentir ni à cacher quoi que ce soit. persuadé qu’odin est mort il y a des années de cela. préfère nier qu’il pourrait être encore en vie. vieux fou a toujours eu plus d’un tour dans son sac, après tout, mais balthazar ose espérer que ce dernier a finalement été effacé de la surface de la terre pour de bon. tasse est finalement reposée sur la table en bois avec douceur et balthazar vient se masser la nuque. obscurité l’accueille à bras ouvert et il se concentre alors uniquement sur les bruits l’entourant. « tu n’as pas l’air ravi de ma présence ici. si ça peut te rassurer, je ne cherche aucunement les ennuis. seulement la tranquillité que m’offre le penrose. » renchérit le second né dans un sourire franc, haussant ensuite machinalement des épaules.

longues années à se poser bien trop de questions sur un frère qu'il n'a jamais connu. et voilà qu'après tout ce temps, tête identique à la sienne apparaît sans crier gare. s'il ne laisse rien paraître, balthazar est tout de même heureux de rencontrer ce jumeau avec lequel il a été séparé bien trop tôt. pourtant, aussi étrange cela puisse paraître, l'aveugle sent qu'il ne doit pas baisser sa garde. type lui faisant face lui semble bien trop différent de lui. regard ressemble bien plus à celui de leur père qu'il ne l'aurait voulu. lui rappelle toutes ces années d'horreurs aux côtés d'odin. plaisir de lui offrir un café qu'il sent hypocrite sans pour autant le relever. balthazar préfère laisser le bénéfice du doute au blond né avec les mêmes traits que lui. relâche finalement la pression, retrouvant l'obscurité au moment même où ses yeux se colorent de nouveau d'un bleu clair assez commun. balthazar ne cherche pas à mentir, ni même à cacher quoi que ce soit. langue se délie et il lui avoue finalement qu'il n'est pas venu ici dans le but de le rencontrer. n'avait aucune idée que son jumeau se trouvait en ville. cherche simplement à vivre sa vie tranquillement en attendant un miracle. corps figé dans le temps qu'il traîne depuis toutes ces années. âme fatigue pourtant, vie est devenue moins agréable depuis la mort de sa femme. « je suppose qu'il n'avait pas envie de s'embêter à me trouver un nouveau prénom. » rétorque simplement balthazar dans un haussement d'épaules. ce n'est qu'une idée, mais cela serait amplement digne de leur géniteur. ce dernier n'a jamais pris soin de lui, après tout. du moins, pas à proprement parlé. il veillait sur lui à sa manière, certainement.

tasse glisse entre ses doigts, réchauffe la paume de ses mains. sourire quelque peu narquois vient étirer ses lèvres. il parle comme lui. ne s’embête avec aucun filtre. et étrangement, balthazar sent son coeur se serrer douloureusement à mesure qu’il comprend qu’il n’est pas vraiment là pour lui. ni même pour le mettre en garde. il pourrait lui attirer des ennuis de par sa présence.  si le cadet des deux jumeaux ne montrent rien, il n’en n’est pas moins blessé. derniers espoirs s’évaporent et il repose finalement sa tasse sur la table en bois. « ne t’excuses pas pour ce genre de choses. la vie et la mort sont identiques à mes yeux. perdre la vie ne m’effraie pas. alors si tu penses que je vais prendre la fuite, tu te trompes. » a fuit durant bien trop longtemps. est épuisé de devoir toujours se trouver un nouveau lieu de vie pour fuir ses démons. paternel n’est plus de ce monde et il a passé bien trop d’années à éviter l’ombre de ce dernier pour recommencer aujourd’hui. il est bien trop vieux pour ce genre de choses.

balthazar termine finalement son café et fronce le nez quand le serveur le ressert. regard s'anime à nouveau et il remonte ses lunettes sur le haut de son nez. toc qu'il a fini par prendre avec les années. « très perspicace. je peux tout de même voir mais uniquement durant un temps limité. » s'amuse l'aveugle dans un sourire. il hausse des épaules à son tour, miroir de son jumeau et vient finalement ajouter du sucre dans le liquide noir fumant. se redresse pour croiser ses jambes de l'autre côté tout en penchant la tête. munnin. il ne lui donne même pas son véritable nom. yeux se baissent sur les doigts accrochés à sa tasse avant qu'il n'abandonne la vision une nouvelle fois. « je n'ai aucunement besoin de ces documents, tu sais. est-ce que je dois prendre ça comme des menaces ? je sais. je sens que tu es plus puissant que moi, mais si notre père n'a jamais su me façonner à sa manière, tu n'y arriveras pas non plus, muninn. et appelle-moi balthazar. je n'utilise plus vraiment hugin depuis des années. » accentue sur ses derniers mots, surnom d'un frère dont il ne connaît rien. « il n'est plus en vie non plus. mais te rencontrer aurait sûrement été grande fierté pour lui. il avait sûrement raison quand il disait s'être trompé de gamin. » secoue la tête dans un faible rire avant qu'il ne boive une gorgée de son café.