Love me when I don't (Dani)

21/12/2022

Love me when I don’t
@Dani Duarte | avril 2025
TW : blessure, sang, mention de meurtres, crise de panique, mention de défiguration

Course effrénée dans les rues de New Blossom, il court à l'aveugle, sans trop savoir où il va. Il n'a pourtant qu'une seule destination en tête. Chez Dani. Le sang ne coule plus de son visage depuis bien longtemps, mais il a l'impression de sentir le liquide carmin ne cesser de quitter son corps. La blessure le heurte, du moins il le croit, quand ce ne sont plus que des relents fantômes de la douleur ressentie. Rien n'a de sens. Ni ces flashblacks qui l'assaillent sans cesser depuis qu'il a quitté l’hôpital. Ni l'attitude de son père. Ni la blessure qui orne son faciès désormais. Rien du tout. Alors il court. A bout de souffles mais ses jambes ne s'arrêtent pas, il court. Il court tant et si bien qu'un moment il s'écroule au sol. Quelques minutes, peut être plus longtemps. Tout n'est qu'un brouillard depuis qu'il a quitté le chevet de son paternel biologique. Et c'est le cerveau encore dans le flou qu'il frappe bientôt à la porte de l'appartement de Dani. Celle de l'immeuble, il l'a passé en usant de sa déchirure, qui est devenue si aléatoire qu'il peine à la contrôler.

Il frappe. Une fois, deux fois, trois fois et passe à travers finalement. Il voulait attendre qu'elle lui ouvre cette fois. Il ne voulait pas s'imposer entre ces murs pour terroriser encore le volatile ou rencontrer par erreur son colocataire. Seulement, l'utilisation trop intense de ses capacités le rend intangible sans qu'il ne le veuille et c'est au sol qu'il s'éclate brutalement. Le visage couvert de son sang, les vêtements plein de liquide carmin et la tronche complètement éventrée. C'est comme ça qu'il s'imagine et c'est complètement paniqué qu'il aperçoit finalement le visage de Dani.

Qu'elle est belle... C'est sa première pensée. C'est toujours sa première pensée quand il pose les yeux sur elle. Même là, dans l'inconscience de ce qui vient de se dérouler, il prend la peine de le remarquer. Avant de commencer à parler sans discontinuer. C'est un discours de mots qui se suivent, ininterrompus, sans grand sens. J'ai un père. Tu sais que j'ai un père? Mon père est à l'hôpital. Sauf que c'est pas juste mon père. C'est genre... Le neveu d'Ana. C'est son grand neveu de je sais pas quoi. Elle est vieille, super vieille. Elle vieillit pas. Et comme elle vieillit pas, elle meurt pas. Sauf qu'elle veut que son neveu meurt. Et sa famille avec. Sauf que moi je suis sa famille. Et elle veut me faire mourir. Regarde ce qu'elle m'a fait! Je suis un monstre. Je suis un monstre. Dani je suis un monstre hideux et informe maintenant. Regarde ce qu'elle a fait... Dégueulis infâme de tous ces ressentis, tout ce qu'il entendu et ce qu'il a compris. Quand tout raconté comme ça n'a aucun sens. Surtout avec son accent anglais qui ressort aussi fortement. Surtout alors qu'il avale la moitié des mots et qu'il parle si vite. La panique au bord des lèvres comme ligne directrice. La douleur au creux du palpitant, d'avoir été attaqué par cette femme qu'il pensait son amie...icons @ethereal

17/12/2022

LOVE ME
WHEN
I DON’T
/

It hurts to fall back again. It hurts to fall back so low And you'll be fine, there is an end.

(Billie Marten) (icons. inkmarrows)

Journée de repos. Journée en partie passée à ne rien faire. Et comme pour compenser, Dani s’est traînée à la salle de sport. Une heure là-bas, à reprendre un peu la boxe, à enchaîner les exercices sur les appareils. Douche nécessaire à son retour. Une complète pour se débarrasser des relents de la salle et de la sueur. Un sourire s’esquisse à la pensée du repas qui l’attend. Pizza dans le congélateur, prête à être mise au four, en récompense à ces quelques minutes consacrées à sa santé physique. Dans son bonheur de l’instant présent, Dani n’attend personne. Alors, au premier coup contre la porte, elle n’ouvre pas. Se contente d’enfiler son jogging préféré et un tee-shirt trop large. Le sourire a disparu. Deuxième coup. Les gestes se suspendent. L’attention s’éveille plus fort. Le coup est rapproché. Il a ce je-ne-sais-quoi de précipité. Elle s’avance à pas de loup dans le salon. Serviette à la main, celle qui entourait ses cheveux encore humides. Avancée discrète afin de ne pas être entendue par l’autre derrière la porte. Troisième coup. Et une silhouette informe déboule à travers la porte. Silhouette informe s’éclate par terre. Elle sursaute. Le cœur s’emporte, élan de panique. L’instinct de survie lui crie de trouver une arme, mais son corps ne bouge pas. Sidéré. Ça pourrait bien être une des personnes que Cory aide. Ou quelqu’un d’autre. Cependant, il n’y a qu’une personne qu’elle connaisse qui puisse passer à travers les portes. Bientôt, elle voit les yeux. Ses yeux. Ceux d’Archie. Envahis par une peur panique, par un affolement. Elle ne les a jamais vus ainsi. Ça les rend effrayants. Ils ressortent violemment. Le champ de vision s’élargit et elle réalise. Le sang. Partout. Sur le visage. Sur les vêtements. Prunelles s’écarquillent. La première pensée est qu’il est blessé. Mais il est ici, paniqué, pas affaibli, pas meurtri. La deuxième pensée est plus terrible. Se dessine à mesure qu’il parle. Un flot ininterrompu de paroles, dont elle ne capte pas tout. L’accent, le débit, la prononciation. Difficultés à suivre, à tout comprendre.

J'ai un père…
… pas juste mon père…
… neveu d'Ana…
… Elle vieillit pas…
… son neveu meurt…
… me faire mourir…
… ce qu'elle m'a fait…
… monstre…
… hideux…
Regarde ce qu'elle a fait.

Le palpitant tambourine fort, si fort, sous le coup des bribes saisies. Obligée de combler les trous. D’assembler les pièces une à une. Les raccourcis sont faits. L’irréparable est soupçonné. Ana… S’il a tué Ana… non. Non. Elle ne veut pas y penser. Archie n’aurait pas fait ça. Sauf s’il était désespéré. Sauf s’il a réagi par réflexe. L’être humain peut parfois être surprenant. Jusqu’à devenir un monstre. Peut-être… oui, peut-être qu’il l’a fait. Une boule apparaît dans la gorge. Coincée par la peur de perdre cette mère de substitution. Celle qui s’est avérée être un pilier. Celle qui a su la protéger et la couver. Celle qui est réapparue dans sa vie récemment. “Archie… ?” Que dire ? Elle n’en sait rien. Les mots disparaissent avant qu’elle parvienne à les attraper. Dani s’avance enfin. Pas lents, mesurés. Pas envie d’effrayer celui qui est déjà sur les nerfs. Mais il a besoin d’elle. Et elle a besoin qu’il se calme. Pour comprendre. Pour qu’il explique. Pour qu’il rassure. Alors, le ton est doux, le visage s'oblige à un calme exacerbé.

Distance finalement avalée. Genoux posés à terre. Noisettes sur Archie. Son visage est défiguré, hideux, oui, sous le coup des émotions trop vives, trop fortes. Il n’a plus ses traits tantôt rassurants, tantôt snobs, tantôt taquins. Il n’est plus tout ça. Il n’est que panique et effroi. “On devrait…” On devrait quoi ? Les yeux s’égarent, en quête de quelque chose. Rien dans l’appartement ne lui dit quoi faire. On ne devrait rien faire. Le regard revient sur lui. Sur celui qui chahute de plus en plus son cœur, qui perturbe toutes ses convictions. Sur celui qu’elle aime de plus en plus. Et qui rend le cœur douloureux de le voir ainsi. “Est-ce que… ?” Les sourcils se froncent. Analysent le corps d’Archie. Il doit y avoir une blessure, une plaie. Quelque chose qui explique tout ce sang. Trop de sang. Beaucoup trop de sang. Il doit venir de lui, pas d'Ana. Il le faut. Par pitié. L’hémoglobine sur son visage a séché. Ça lui fait un masque étrange. Glauque. L’estomac se contracte à cette idée. Un vertige l'attrape, la fait tanguer. Jamais vu autant de carmin de toute sa vie. Même pas pour Anton. Les doigts, eux, s’avancent vers le visage d'Archie, s’arrêtent en cours de chemin, finissent par repousser une mèche de ses cheveux toujours si parfaitement contrôlés, si parfaitement coiffés. Il est toujours si parfait. Que s’est-il passé ? “... tu vas bien ? Tu es blessé ?” L’inquiétude au cœur de ses paroles. Elle a peur. Pour lui. Pour Ana. Pour ce que l’hémoglobine signifie. Terrifiée à l’idée qu’il ait commis l’irréparable. Terrifiée à la pensée qu’il puisse être gravement blessé. Et qu’il soit là au lieu d’être aux Urgences. Et qu’il se vide de son sang ici, loin de tout soin possible. Elle ne peut pas le perdre. Pas lui.

@Archer Williams

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HAUNTED
BY THE
GHOST
OF YOU /

Take me back to the night we met. And then I can tell myself Not to ride along with you.

21/12/2022

Love me when I don’t
@Dani Duarte | avril 2025
TW : blessure, sang, mention de meurtres, crise de panique, mention de défiguration

Les mots filent et défilent sans grand sens. Phrases décousues et accent à couper au couteau. Comme s’il avait vécu toute sa vie en Angleterre et qu’il venait d’arriver. Il parle, parle encore et encore jusqu’à ce qu’il n’ait plus rien à lui dire. Et le sol devient son principal intérêt. Il n’ose pas la regarder elle, il n’ose pas chercher ce regard qui serait si réconfortant pour son coeur malmené. Ce n’est que lorsqu’elle échappe son prénom qu’il lève de nouveau les yeux vers elle. Ils sont maintenant sombres, presque noirs. Hystérie un peu calmée, la mutation ne se manifeste plus aléatoirement, mais ses yeux ne parviennent pas à retrouver leur clarté habituelle. Même en se posant sur elle. Même quand elle s’approche. Même quand elle pose genou à terre pour se mettre à sa hauteur. Même quand elle essaie de lui parler. Dans son esprit ressasse sans cesse ce qu’il vient de se passer. Et pourtant il n’arrive plus à prononcer un mot.

Sa main s’approche et il a un léger mouvement de recul. Juste un peu avant qu’il ne s’approche de lui-même. Peur éphémère qu’il regrette aussitôt. Et puis il ferme les paupières quand elle remet cette mèche en place. Juste une seconde. Sa main vient se poser sur son bras, le serre gentiment pour lui montrer qu’il apprécie sa présence, qu’elle le rassure. Juste un peu. Pas beaucoup. Mais assez. Je… Mais oui. Bien sûr que je suis blessé. Regarde… Son autre main pointe son visage, le sang couvre probablement la blessure pour qu’elle ne la voit pas. Pour qu’elle ne remarque pas la déformation horrible qui l’orne maintenant. Bien sûr que je suis blessé. Elle m’a blessé. Elle voulait récupérer mon sang je sais plus trop. Pour lancer une malédiction sur moi. Mais regarde! Tout ce sang ne peut prouver qu’une chose, ne peut que montrer qu’il est blessé.

Pas une seconde il ne s’imagine qu’elle le pense avoir commis le pire. Loin de penser à un meurtre qu’il n’a pas commis quand il est l’unique victime ici. Le seul à s’être fait cruellement charcuter par une personne qu’il admirait. Une personne dont il s’imaginait proche. Désillusion plus douloureuse encore que la balafre sanglante que la douce ne voit pas. Archer ne sait pas qu’une nouvelle déchirure s’est déclenchée. Il ne sait pas que le médaillon qu’il tient toujours au creux de sa main, celle qui pointe du doigt son faciès désespérément, détient désormais la blessure. Il ne sait pas non plus qu’il ne vieillira désormais plus. Tout comme il ignore que Dani ne peut rien voir. Tout ce qu’il remarque, c’est l’incompréhension qui règne entre eux. Qu’il tente d’expliquer comme il le peut. Ana veut ma mort. Alors moi j’ai couru après qu’elle m’ait attaqué. Ohhh… Je dois regarder dans un miroir. Je dois regarder. Si moche. Moche. Je dois être moche. Sa superficialité remplace doucement sa panique. Il gère comme il peut, cherche à calmer les battements critiques de son cœur qui s’agite aléatoirement. Elle ne m’aimera plus si je suis moche…icons @ethereal

17/12/2022

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(Billie Marten) (icons. inkmarrows)

Le recul pour fuir sa main. Ça heurte le myocarde. Alors que ce n’est pas contre elle. Elle s’en doute. Mais il a reculé. Mais il revient. Se rapproche. Se laisse faire. Mèche remise à sa place avec cette douceur qu’elle espère apaisante. Ça ne marche pas. Il a trop à dire. Il a trop à extérioriser. Le regard glisse. D’un œil à l'œil. Dans chacun, un océan tourmenté, tempétueux. S’étend jusqu’à l’âme. À trop y regarder, la tempête pourrait contaminer le regard de Dani. Pour l’heure, elle la combat. Cherche la lueur d’un phare, de l’espoir, au fond des iris. N’y trouve qu’un peu plus de peur, un peu plus de panique. Les mots, eux, continuent à s’écouler. Assassinés par l’accent, par l’empressement. Contraignant Dani à reformuler, à interroger. Au final, ce qui l’intéresse, ce qui l’inquiète, c’est de savoir s’il va bien. La réponse est non. Archie ne va pas bien. Archie est blessé. C’est ce qu’il dit. C’est ce qu’il montre. Le sang, elle le voit. La douleur, elle la ressent. Reste la blessure. Invisible. Les épaules s’affaissent, les lèvres s’entrouvrent. Comment lui dire qu’il n’y a rien ? Il persiste, insiste. Ana l’aurait blessé. Pour récupérer son sang. Pour lancer une malédiction. Il délire. Elle ne l’a jamais vu ainsi. Elle aurait aimé ne jamais le voir ainsi. “Je suis désolée, Archie, je…” Pas la force de lui dire qu’il n’y a rien, qu’il a perdu la tête, qu’il faudrait sûrement aller à l’hôpital. Tout de suite. Pas pour soigner sa blessure.

Elle l’observe s’enfoncer dans sa croyance, ressasser encore qu’Ana a essayé de lui faire du mal. Dani s’assoit à même le sol. Dépassée par la situation. Dépassée par les mots. Comme une vague qui la submerge. Le regard suppliant. Ce qu’il raconte n’a aucun sens. Ana lui en vouloir, au point de chercher à le tuer. Lui qui doit s’enfuir et qui est blessé. Et qui veut voir sa blessure dans le miroir. Ça sort Dani de son immobilité. Elle attrape son bras, avant qu’il ne se lève. Quand il verra son reflet, il n’y aura rien à voir. Il comprendra qu’il est parti loin, trop loin. Il ne peut pas avoir ce choc émotionnel, là. “Il n’y a rien, Archie. Tu n’as rien.” Elle secoue la tête. Tente d’être la plus douce, la plus claire possible. Prête à le lui répéter sans relâche jusqu’à ce qu’il comprenne. Il faut qu’il retrouve le chemin de la rationalité. Le plus vite possible. “Je… je vois bien du sang, mais il n’y a pas de blessure.” Du sang. Il y en a plein. Il y en a trop. C’est le seul élément qui pourrait appuyer les propos d’Archie. Mais rien ne justifie cette quantité. “Tu vas parfaitement bien. Et tu es en sécurité. Personne ne te veut du mal.” Ça l’inquiète. Il l’inquiète. Mais ça, elle ne peut le lui dire. Elle veut être son roc. Celle qui le soutient dans toutes les épreuves, qui l’écoute quand il va mal, qui le protège quand il en a besoin, qui veille sur lui quand il est malade. Quand il a des hallucinations. Parce que c’est ce qu’il mérite. Parce que le voir ainsi lui brise le cœur. Parce qu’elle l’aime.

“Je sais ce qu’on va faire.” Nouvelle assurance qui la fait se mettre debout. Elle tend la main à Archie pour qu’il se lève lui aussi. Et elle la garde entre ses doigts. Elle ne veut plus la lâcher. Arrimée à lui pour ne plus le laisser dériver. “On va appeler Ana, d’accord ? On va mettre tout ça au clair.” Et découvrir que c’est un mauvais cauchemar d’Archie, qu’Ana n’a jamais rien tenté, que rien n’a changé.

@Archer Williams

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