[Elijah] Dance for me

13/07/2023

Dance for me
La bataille était enfin terminée. Après trois jours passés sur ses machines, à utiliser ses implants autant qu’elle le pouvait pour aider ses camarades, à risquer un peu plus la cyberpsychose parce qu’elle ne pouvait pas laisser tomber ceux qui lui avaient accordé leur vie, le calme était enfin revenu. Seule dans son bureau, protégée dans sa Cathédrale, elle avait à sa façon elle aussi risqué sa vie pour permettre aux mercenaires de prendre l’hôtel d’assaut, pour leur permettre de gagner la bataille qui suivit le refus de ceux qui étaient désormais les anciens propriétaires. Et pourtant, elle ne le voyait pas. Elle ne voyait pas que tout ce qu’elle avait pour briser les sécurités de l’hôtel, pour renforcer celle des altérés, pour retourner contre les technologies contre leurs ennemis auraient pu avoir un coût bien plus élevé pour elle. Elle voyait simplement, entre les larmes, tous ceux qui étaient morts, tous ceux qu’elle n’avait su protéger de cette barbarie. Tous ceux qui s’étaient battus, qui avaient saigné, alors qu’elle n’était même pas sortie de la Cathédrale, alors qu’elle était restée dans une sécurité et un confort qu’elle ne se voyait pas mériter. Le fait qu’ils aient insisté pour qu’elle reste ici, pour qu’elle ne se mêle pas aux combats, parce que ses atouts étaient utiles ici, ne changeait rien à la culpabilité qui commençait à la ronger. Et alors qu’ils commençaient certainement à compter leurs pertes, elle était là à pleurer comme une enfant, indigne du rang qu’elle possédait au sein de l’organisation. Parce qu’elle était responsable, pour certains d’entre eux, de leur mort, comme elle était responsable de la mort de sa mère.

Un message la sortit cependant de l’état dans lequel elle s’enfonçait de plus en plus. Elle devait monter à la surface, commencer à travailler sur les défenses de l’hôtel pour éviter qu’un nouvel assaut comme celui qu’eux-mêmes avaient lancé ne vienne mettre un peu plus à mal leur projet d’installation dans le monde d’en-haut. Et l’angoisse qui tentait encore de s’emparer d’elle quelques secondes plus tôt s’évanouit aussitôt, son esprit bloqué sur son nouvel objectif. Si elle n’avait réussi à protéger ceux qui s’étaient battus, elle parviendrait à préserver les survivants, à empêcher leurs rivaux de les attaquer, comme elle l’avait fait pour la Cathédrale. L’hôtel deviendrait son hôtel, comme la Cathédrale était devenue sa cathédrale. Les fléaux prêtés par les cavaliers avaient déjà commencé à discrètement remonter le matériel dont elle avait besoin vers la surface quand elle quitta l’édifice en direction de la sortie de l’Underapple. Pendant une fraction de seconde, sa détermination s’ébranla, alors qu’elle voyait le monde d’en-haut se rapprocher d’elle. Cinq ans déjà qu’elle avait disparu de ce monde, cinq ans déjà qu’elle était considérée comme morte par Theseus. Et durant ces cinq années, elle ne s’était jamais vraiment rendu compte à quel point remonter l’effrayait. Comme si elle craignait que tout ce qu’elle avait fait, tout ce stratagème mis en place pour ne pas être poursuivie par la corporation, allait s’effondrer à la minute où elle ferait de nouveau face à son ancienne vie. Crimson Bay, cependant, était loin du regard de la corporation et de ses têtes pensantes. Elle savait que son père ne la cherchait pas, et que même si c’était le cas, il ne regarderait sans doute pas de ce côté, pas après toutes ces années.

Ils avaient déjà installé des points de contrôle quand elle arriva devant l’hôtel. Forcée de s’identifier pour pouvoir y pénétrer, elle ne s’imaginait pas voir une telle scène dès son entrée dans le bâtiment. Si les fléaux tentaient tant bien que mal de nettoyer rapidement, le cauchemar était toujours visible. Les corps étaient traînés par des fléaux dans des pièces plus éloignées, sans doute triés pour séparer leurs martyrs des ennemis, tandis que d’autres commençaient déjà à retirer le sang présent sur le sol et les murs. Elle resta figée pendant de longues minutes, presque incapable de respirer, la main devant la bouche pour empêcher le reflux de terminer sa course sur le sol, et les larmes de nouveau au coin des yeux. Elle en avait ressenti la culpabilité, mais elle ne s’était pas rendu compte de la chance qu’elle avait à être restée en retrait, loin de tout ça, à naviguer d’un réseau à l’autre, pendant qu’eux affrontèrent la véritable violence, la barbarie la plus pure, la plus brutale. Paralysée, l’image de ce corps traîné désormais coincée sur sa rétine, elle n’entendit pas immédiatement la voix qui l’appelait. Elle ne sentit pas immédiatement la main qui lui agrippa le bras, la secoua dans l’espoir de la sortir de sa torpeur. Il lui fallut quelques longues secondes pour ça, pour réaliser que Famine était à côté d’elle, le regard inquiet. « C’est… » Mais elle ne put terminer sa phrase, interrompue par ses pleurs. Honteuse de ses propres émotions, l’Hydre se plaqua contre son camarade, dans l’espoir de stopper les larmes sinon de les cacher.

ft. @Elijah Thorpe

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Thought I couldn't breathe without you, I'm inhaling. Thought I couldn't see without you, perfect vision. Thought I couldn't last without you, but I'm lastin'. Thought that I would die without you, but I'm livin'. Thought that I would fail without you, but I'm on top.