Mains dégoulinantes de désespoir ;; Luiza

TW: dépression narrée/imagée, blessure, sang.

Tout s'écroule un peu plus.

Le château de cartes, déjà fragile, perd sa base ; et Zacarias n'a jamais eu cette sensation de flottement ; toujours que de la chute, qui brise les os d'avec sa vitesse, d'avec toute la douleur qu'elle emporte avec elle. Il est en train de tout perdre ; Sylens et son fils ; Sylens ; parfois il songe à Helena, se demande si elle va bien ; puis se referme sur lui-même et le venin est craché d'entre ses lèvres. C'est que Zac est si écorché de l'intérieur qu'il peut plus se protéger qu'ainsi ; qu'avec cette mâchoire élimée qui continue de vouloir mordre, qui même saignante s'acharne.

Qu'une métaphore ; pourtant les lèvres en sang, cette nuit-là.

Le nez a tapé contre la paroi métallique du taureau ; la pogne s'est resserré autour de l'attache et malgré l'air sonné qui lui a valu d'être expulsé encore plus fort quelques secondes après, Zacarias a tenu son pari. C'est les jambes engourdies et la tronche saignante qu'on le traîne à l'infirmerie ; un grognement pour dire de le lâcher, presque inaudible, alors que ses pieds se chahutent entre eux, que son chemin de croix est marqué par le sang qui coule jusqu'à terre, éclate en des bulles qui deviennent traînées la seconde d'après. On salue Flame pour lui (Zac irait bien pour dire qu'il le fait jamais, mais ça serait mentir, juste qu'il le fait à sa manière) et on le pose là où il faut.

Il sent le fer envahir toute sa bouche, se doute que les dents doivent être rouges de sa propre vie échappée ; relève le tête vers l'air alors que ça tourne encore (il ne le sait pas encore, mais son arcade sourcilière a encore éclaté sous le choc de l'impact) et vient se pincer le nez, avant de marmonner un "ça va, j'peux gérer" sanguin, comme s'il était d'avec le poil rebroussé ; mais il s'y prend mal, sent que ça lui coule entre les doigts ; et ça le frustre, alors qu'un oeil est fermé par réflexe, les cils englués dans tout ce bordel. Zac n'est pas beau à voir (il dirait qu'il ne l'est jamais) et après de longues secondes, une fois juste seul avec Flame, se détend un peu ; renonce à tenter d'endiguer le bordel et le tournis ; pose son oeil ouvert sur l'infirmière de fortune.

Il n'a aucune idée de ce qu'elle a pu faire, de la libellule.

C'est qu'il a été occupé, ces deniers temps ; c'était pas encore pris de coup qui avait valu le tour à l'infirmerie. L'imprudence de ce soir vient de sa rage éveillée ; comme un mal de dent, mais qui se situe dans sa tête ; un qui lui scie tout le bon sens. "Doc." Le dos de sa main qui vient lui essuyer le menton ; voilà longtemps qu'il avait pas eu l'air aussi con ; en avait réussi à oublier que la tête, ça saigne beaucoup pour pas grand-chose ; comme si le corps voulait traduire ainsi tout ce qui peut habiter un crâne.

Tout ce mal.
La rage.

Tw: blessures, sang, médical ++

Le rythme est effréné et Flame se demande ce qu’il y a, ce soir particulièrement, pour que tout le monde se fracasse salement la gueule contre les taureaux mécaniques. Il y a toujours des blessés, bien sûr, y’a pas grand monde pour repartir avec une simple égratignure, y’a une bataille entre les égos et les bestioles-machines — mais, diable, ce soir ça enchaîne, et ce soir elle se sent bien seule face aux blessures, et qu’est-ce qu’elle peut faire elle face à une fracture ouverte ?!, et elle n’a pas le temps d’accompagner à la clinique (tout aussi peu légale que ce qu’elle bricole) la plus proche qu’on en ramène un autre, et ça continue comme ça…

Elle est bien seule mais elle ne perd pas son sang-froid, en a assez vu dans ses années comme paramedic pour vraiment s’affoler ; et elle a pris l’habitude, du bruit de la foule qui augmente dès qu’on ouvre sa porte et qui fait office de sonnette, qui reste en grondement de fond à peine plus fort que celui du frigo (parlez d’une infirmerie…), et y’a quelques paumé·e·s pour l’aider (à surveiller ceux qui sont pas près de s’relever tout de suite et qu’on a mis dans la pièce d’à côté), et elle semble être assez efficace pour ne laisser mourir personne et voir tout le monde (ça mérite une augmentation, sur l’argent qu’elle ne voit pas).

La porte se pousse, on l’appelle encore ; et le visage a beau être méconnaissable il est bien connu, et elle siffle (de dégoût, principalement) quand Castellano se laisse à peine faire et qu’il faut le traîner jusqu’au siège qui fait office de table d’osculation. Elle s’affaire déjà, enfile de nouveaux gants qu’on lui explique (avec un rire un peu gras) qu’le con a tapé tête la première dans le cou de la machine avant d’en tomber trois secondes plus tard (‘eh ça a fait l’pari c’est cool’), y’a un « Touche pas ça comme ça ! » qui cingle à l’intention du (effectivement) grand con en train de se tripoter le nez, et le mec à côté de lui s’occupe pour elle de l’en empêcher, elle rassemble tout ce dont elle a besoin et chasse le monde de trop pour pouvoir se mettre rapidement au travail.

Elle préfère largement lorsqu’il vient la voir pour lui offrir des cadeaux.

Les sourcils sont froncés sous la concentration, elle lui fait relever la tête de gestes délicats mais autoritaires — siffle encore quand il vient s’essuyer, qu’il la laisse donc faire !, mais n’insulte aucun de ses ancêtres et répond à son habituel salut de son tout aussi habituel « Castellano. ». Un premier coup de serviette pour dégager tout le rouge et qu’elle y voit quelque chose dans cette pagaille, et elle compte les blessures et les priorise, et bientôt le con a des mèches dans le nez. « Où est-ce que tu as mal ? » Elle demande, lorsque tout est environ sous contrôle (le pouce fermement pressé sur l’arcade ouverte), se permettant d’aller tâter près des côtes pour vérifier qu’il n’y ait pas d’autres surprises. Lorsque tout semble correct, elle revient sur le visage et reprend les soins.

« Je sais qu’il y en a pour avoir un faible pour les mecs en sang, mais c’est beaucoup là, non ? » Flame espère pour lui qu’ils ont aussi un goût prononcé pour les Frankenstein de pacotille, elle pourra pas faire mieux de sutures ou de stripes — et elle ne va pas commencer à réfléchir que, typiquement, les mecs cassés dans son genre doivent plaire à pas mal de personnes (qui mériteraient de voir un psy, clairement), mais avant de penser à Castellano et du monde à sa porte elle préfère penser à Sara et s’appliquer pour le rendre le moins moche possible.

Il lui faudrait pas grand-chose pour en venir aux mains d'avec le type qui était encore là ; parce que la colère lui fait rougir déjà le nez, qu'elle pourrait lui monter au nez ; tout se décompose et il ne veut pas l'accepter, pas y croire ; pourtant il le faut, alors que ça fait foutrement mal. Mais y'a cette chance que l'autre dégage et ils ne sont plus qu'à eux. Alors ça retombe un peu, comme un soufflé sorti trop tôt du four, même si la force de la peine ne diminue pas juste pour les beaux yeux qui font face. De toute façon, Zacarias les voient même pas, les étoiles qui tournent encore autour de son crâne - perçoit juste le sifflement, désagréable à cause de l'oreille déjà abîmée.

Et la question qui tombe.

Dirait bien à la con, parce que la réponse est d'une évidence sans nom ; dans ce putain de coeur ; mais parce qu'elle l'est, il n'en dira rien. "Nul part, ça va." Oh bien sûr que l'arcade lui lance, que son nez aussi - et peut-être même un peu les gencives - mais il a vu pire et peut le gérer. Ses côtes vont bien (l'a les os durs ce con) et il sait qu'il aurait juste pu reprendre ses esprits dans un coin de la salle, que y'avait pas besoin de la déranger elle ; qu'il aurait nettoyé au mieux dans la salle de bain de l'appartement et puis laver le sang pour que Sara n'en voit rien.

Mais il peut bien plaquer autant qu'il veut ses mèches sur son front pour cacher un maximum de dégât, elle ne sera pas dupe la gamine.

Et c'est cette pensée, qu'il ignore commune, qui l'empêche de s'agiter et de repartir. "M'fait une belle jambe." Qu'est-ce qu'il s'en fout de ces gens-là ? L'a déjà bien assez de mal à construire une relation humaine tout court, alors des gens qu'en auraient après une gueule parce qu'amoché ? Il peut leur éclater la tronche sur le béton s'ils veulent, ravalement de façade offert par le Castellano ! "Un coup d'eau et on verra plus rien." Ok, peut-être deux ou trois ; peut-être même qu'une bonne douche ne fera pas de mal, et une machine aussi pour virer le sang des fringues.

Léger silence.

Aveu. "J'étais pas vraiment là, ce soir. M'suis laissé surprendre." Ca doit être fascinant à voir, ce changement d'attitude soudain ; comme si l'espace de cet instant, il avait baissé les armes ; que dans le regard, y'avait plus la moindre trace d'hostilité, rien que de la fatigue, beaucoup de fatigue. Les semelles tellement usées que ça se lit dans ces yeux, ce charbon qu'a trop cramé et qui suffoque du manque d'air. "Joder..." La vulgarité qui perce, forcément ; et il ferme les yeux, cette fenêtre sur son état ; et quand il les rouvre, tout a été balayé ; les murs ont été érigés de nouveau.

L'observe, à la place ; d'avec ce froid brûlant. "T'raconte quoi, Flame ?" Une grande première ; qui le perturbe lui-même, au vu de ses sourcils qui se froncent juste après et qui lui arrache un tic de douleur à cause de l'arcade abimée.

Castellano n’est pas très coopérant ; ça va que Flame a l’habitude, des egos mal placés de manière générale, de lui aussi puisque leurs rendez-vous dans son semblant d’infirmerie sont bien réguliers (trop, à son goût). Il n’a mal nul part malgré sa tronche éclatée — une brève inspection et elle veut bien concéder qu’effectivement son visage a l’air d’être le plus urgent à soigner.

Elle s’occupe donc, et comme d’habitude tient aussi la conversation. N’attend pas qu’il réponde, puisqu’il ne le fait que rarement — mais il a l’air bavard ce soir. Un souffle d’un rire moqueur pour se répercuter sur le front blessé, Luiza commente même d’un « A h . » sceptique, laisse quelques secondes pour attraper de quoi essuyer (encore) avant de rajouter un « Bonne chance, alors. » sans pour autant le lâcher.

Un coup d’eau suffirait, après tout.
Elle n'aurait aucune éthique et sympathie pour le bougre qu’elle voudrait presque voir ça.

Flame ne s’agite pas réellement ; s’arrête tout de même pour le regarder. Ça sonne déçu, défaitiste. Fatigué. Il n’était pas vraiment là — où était-il, alors ? Il y a quoi, pour faire s’emmêler les neurones, pour noircir la vue ? Il y a quoi, (encore) ?

Dans l’instant, Castellano a vingt ans.

Elle ne retombe pas à seize pour autant, et elle voit bien le temps qui est passé sur le visage ; mais dans l’instant Castellano a vingt ans, est démuni face à un monde injuste, sur lequel il n’a aucun contrôle, et Luiza n’a qu’une oreille pour écouter à lui offrir. Elle souffle un peu, frotte une joue d’un pouce de sa main libre (diront qu’y’avait une trace de sang, peut-être) (et ça ne doit pas être agréable, vu le latex du gant), marmonne elle aussi. « Ça arrive. » Ça arrive, mais l’important c’est de se relever — et ça, il le fait tout le temps, non ?

Il jure, ferme les yeux ; et il n’est plus vraiment là, l’enfant de vingt ans.
Et elle reprend son travail, commence à scotcher ce qu’elle peut.

La question ne la surprend pas dans un premier temps, avant que la seconde ne la rattrape et qu’elle se rende compte que ce n’est pas le genre de questions qu’il pose. Il fronce les sourcils (et l’empêche de continuer, ruine son travail, elle doit encore essuyer) et elle souffle un rire ; garde un sourire. « Pas grand chose. Ça va. » Rien de neuf sous le soleil, encore moins sous terre. La routine s’est installée, depuis le temps, et rien n’a l’air d’être menaçant pour la changer dans les prochaines semaines. Elle ne dira pas qu’elle a une vie parfaite. Elle suppose qu’elle a connu pire.

Ça va.
Il y a aussi une part de lassitude, elle suppose, avec le temps — elle n’a plus seize ans.

« Gatito a attaqué Lula ; elle a une aile un peu tordue, elle vole de travers. » Flame tombe dans son habitude de tenir la conversation, pour combler le silence, pour l’ennuyer et le garder calme. Deux bouts de stripes plus tard, elle réfléchit à ce qu’elle a dit ; il ignore peut-être qu’elle a donné un nom au présent offert. « La libellule. » Bon, elle n’a pas cherché plus loin que Libellula pour la nommer ; mais il y a de l’affectif, dedans, promis ! Même si elle a laissé son vil matou jouer avec ; elle n’a pas anticipé, plutôt. Et il ignore qui est Gatito (… elle n’a pas cherché plus loin que Chaton) (ça va qu’elle n’a pas appelé son fils ‘Fils’). « … Mon chat a trouvé le concept exemplaire. » Elle jette un coup d’oeil au regard de Castellano — semble amusée, même si en réalité voir le cyberpet abîmé l’a rendu triste ; elle s’est dit que c’est à l’image de son créateur, après tout.

De la chance, il lui en faudrait ; par tonnes, même. Mais ce monde n'en donne pas ; faut la prendre ; et c'est ce que Zac fait chaque fois qu'il vient ; la provoque, sa chance. Mais ce soir, il était pas là. Ce soir, il était perdu, les pensées qui étaient avec Sylens, avec l'idée de tout arrêter plutôt que de continuer. Mais à croire que c'est pour ça qu'ils ont jamais mis de cigale dans ce groupe, que Zac songe juste à cette fourmi investie et qui en avait payé le prix.

Ils auraient mieux fait d'avoir une cigale.

Flame semble comprendre ; ça arrive ; et il acquiesce en son for intérieur, paralysé un instant par l'ombre du pouce qui flotte encore sur sa joue. Il y a des gestes comme ça qui ne veulent parfois rien dire, mais à qui on cherche un sens ; parait-il si paumé que ça ? Oui, sans doute ; d'ordinaire, il paraît juste déjà crevé.

Triste monde ; le leur.
Ainsi va la vie ; mal.

Il fuit ce qui arrive parfois ; se perd sur un autre terrain. Et il pourrait jurer encore, Zac, mais à la place il se contente de se taire et d'écouter la réponse. Et ça valait le coup de le faire ; on pourrait jurer l'avoir vu brièvement sourire, là, quand il apprend que son cadeau a même gagné un surnom. C'est bête ; ça réchauffe le coeur et le mort un bref instant ; une seconde d'inattention encore ; définitivement, il n'est pas là ce soir. "Sacré chasseur." Un bref instant, il songe qu'on chasse aussi les insectes de l'Underapple - la chaleur est facile à éclipsée, ainsi. "J'avais pas pensé à ça." Faudrait qu'il la reprogramme un peu, pour fuir le vil félin - lui donner du fil à retordre. "Hm." Ce son lui ressemble plus qu'aucun autre - lui et un râle, forcément.

Des secondes, de silence.

Pas si longues ; juste du silence. "Tu voudras que je la lui redresse ?" Il se fait vieux, Zac ; tellement vieux, même.

Et le pire, c'est qu'il redressera les mêmes barrières qu'il baisse à cet instant.

Cw: actes médicaux ;

Zac semble s’amuser des bêtises de son chat, ça se voit qu’il n’a pas rencontre le monstre. Mais Luiza sourit, car c’était un peu l’effet recherché, et non seulement il se détend mais en plus il répond — elle doit être particulièrement chanceuse, elle, ce soir, ou alors il n'est effectivement pas du tout dans son assiette. Ça semble le laisser pensif, le tout, et elle ne prétendra pas comprendre à quoi il réfléchit ou comment fonctionne son cadeau. Elle s’affaire plutôt à terminer les stripes, attrape d’autre matériel en prévenant « Il faut que je fasse un point de suture. » et pour le reste : juste du silence.

Qu’elle n’interrompt qu’une fois, pour lui rappeler de respirer.
Ce serait mentir de dire qu’il n’est pas familier à l’exercice.

La question lui tire un « Mmmh- » pensif, lui aussi ; ou elle réfléchit à quoi soigner ensuite, ou les deux, probablement les deux. Elle lui fait lever légèrement la tête, d’une pression sous le menton — les regards ne se croisent quelques secondes, la proximité forcée par les soins et celle nouvelle dans la discussion ne permettant pas plus. « Je ne veux pas t’embêter. J’aimais bien la voir voler, ça avait quelque chose de calme, mais… » Elle ne va pas pouvoir faire grand chose, pour le nez, de la glace, attendre que ça dégonfle, elle n’arrive pas à savoir de quand date la fracture ; s’il ne s’est pas évanoui… ? « Ce n’est pas bien grave. » Elle ne sait plus de quoi elle parle.

Luiza s’éloigne de quelques pas, sort une poche de gel du frigo et la lui tend ; elle l’a déjà assez embêté, ce soir. « Bon, ce sera plus compliqué pour la revendre au marché noir, mais je saurais trouver une histoire la rendant exceptionnelle. 'Lula la vaillante’. » S’amuse-t-elle à fabuler en attrapant un tabouret pour s’asseoir en face de lui ; attrape encore de quoi l’essuyer, qu’elle n’a fait que le plus gros dans un premier temps pour pouvoir opérer, maintenant elle essaie de le rendre présentable. « Non qu’elle ne le soit pas déjà, exceptionnelle. » Elle ignore s’il en a fait d’autres, mais il y a ce petit fantasme que celle-ci ait été faite juste pour elle.

« Ailleurs, où ça fait mal ? »  

Un point de suture ; et en toute réponse, un bref acquiescement ; comme s'il s'était résolu à son sort, comme si elle était la seule qui pouvait avoir ce privilège alors qu'au fond, il le fait juste pour la petiote, juste pour éviter de finir avec une cicatrice de plus sur la tronche, juste parce qu'il se fait vieux et que c'est plus comme avant - surtout la faute à l'alcool. Et il ne pourrait pas même l'accuser cette fois, à proposer de porter assistance à Lula ; ou bien blâmera en interne le manque de celui-ci, que c'est parce qu'il avait pas noyé l'Humanité qu'elle s'était faite la malle, que faut toujours tout noyer pour espérer tenir debout encore et encore. L'expression reste au mieux neutre - par respect pour le point - mais il a envie de froncer les sourcils, ou de claquer la langue contre son palais ; quelque chose qu'exprime son mécontentement. Mais il évite de lui râler dessus, pour cette fois.

Il s'est déjà trop montré.

Retourne dans sa cape ; sous le masque ; dans son propre monde où pourtant il y perd cent fois son sang froid par jour. "Quoi, tu pense toujours à la revendre ?" Pour le coup, l'idée l'amuse assez - juste parce qu'il sait que ça ne vaudrait sans doute pas grand-chose, parce que la fameuse Lula ne représente pas grand intérêt en dehors de sa beauté ; son peu de fonctionnalités a été pensé pour la rendre utile, mais... Et bien, Zacarias se dit que cette création aurait du mal à trouver autre acquéreur... Mais y'a des collectionneurs de tout, après tout ; alors sait-on jamais. "En tout cas, elle est unique. Soit tu peux tenter l'coup de poker et la revendre une fortune... Soit c'est un flop." Et à nouveau un rictus d'amusement, face à l'idée - un peu moqueur, mais plus pour son propre travail. Sans doute qu'il s'est trop habitué à faire des cyberpets qui n'ont des valeurs que par ce dont ils sont capables.

La question de Luiza pourrait trouver bien des réponses.

Mais il n'en donnera aucune, comme toujours. "Non." Rajouterait bien qu'il est solide, mais ça serait un mensonge - et pas du genre joli. Ni crédible, d'ailleurs ; alors autant la fermer plutôt que de la ramener pour rien ; et puis Zac a toujours été pour l'économie de mots.

Et il arrive au bout de son forfait, pour ce soir - encore, toujours. "Tu sais... Si je proposais, c'est que ça me dérangeais pas." Ah, fallait tout de même qu'il la ramène ; c'est que ça restait sur le bout de la langue, flirtait d'avec les lèvres ; et que pour une fois, l'amas de mots jamais prononcés dans sa gorge n'ont pas su retenir ceux-là aussi ; alors se sont échappés, d'avec sa gueule défaite et ce reste de contrariété. Parce que Zac se force déjà à vivre, qu'il va pas se faire chier à, en prime, proposer des trucs qui le font chier.

Regard sur l'ailleurs. "J'peux t'emprunter le lavabo avant d'partir ?" Juste pour se nettoyer au mieux le sang ; juste pour remonter à la surface sans risquer de se faire alpaguer par quelqu'un pour celui-ci. Et une fois chez lui, il pourra se laver, en tentant de pas foutre en l'air le travail de l'infirmière - mais ça sera un risque tout de même, parce que Zacarias ne connaît pas la délicatesse lorsqu'il s'agit de lui-même.

Le sourire semble bien difficile pour Zacarias de manière générale : vraiment, Luiza n’est pas certaine d’avoir jamais vu plus grand que le rictus qu’il affiche à l’instant (et qu'elle pourrait sans doute compter les fois). Mais elle est ravie, car décidément elle doit être un maître de l’humour pour avoir un tel effet. De ce qu’il manque à l’homme elle décide d’y mettre au bout dans son sien de sourire. Les lèvres s’étirent, montrent les dents, il y a un son rieur pour faire vibrer sa gorge. Bien sûr qu’elle pense toujours à la revendre, si ça peut l’amuser lui, et voilà qu’elle s’imagine à bluffer une histoire mirobolante pour vendre son petit monstre une somme plus que correcte. Parviendrait-elle à ses desseins… ? Elle ose croire que oui ; et secoue fermement la tête, convaincue de ses fabulations. « Promis, je te partagerai une partie de la somme… 12%, ça te va ? » Ils pourraient faire de grandes affaires, ensemble !

Des, peut-être, moins dangereuses que celles qui les rassemble ici aujourd’hui.
Car il n’y a pas du sérieux dans un éclat d’humour — plutôt l’inverse.

L’infirmière n’oublie jamais son véritable rôle, et ce qu’elle sait faire. Se dégage un peu de son patient maintenant qu’elle est plus rassurée de son état, et parce qu’elle sait à quel point il déteste tout ça. Demande, tout de même, s’il y a d’autre chose ; ne s’étonne pas de la réponse, qu’elle suppose aurait été la même si oui. Elle appuie un regard, juste pour être sûre — scrute les orbes marrons, de l’une à l’autre, lève le menton dans un semblant de défi, bat des paupières, balaie le visage avant de décider de ne rien rajouter.

Le sourire est moins grand mais plus sincère, moins joueur, à ce qu’il lui raconte ensuite.
C’est important.
Et elle acquiesce juste. Ne voudrait pas dire de mots de trop.

Luiza désigne vaguement le lavabo qu’on lui demande, « Tant que tu ne casses pas mon travail. », s’occupe à trier et ranger. « Voudrais-tu que je te raccompagne ? » La question à ce ton du hasard, alors qu’elle fait semblant de ne pas le regarder et d’être vraiment concentrée à la tâche — la question a aussi plus d’inquiétude qu’il ne devrait y avoir, dedans, sans doute, mais ça elle ne peut pas tant s’en empêcher.

Comment ça, douze pourcents ? Ça flaire la mauvaise affaire tout ça. Mais le souligner serait rentrer plus encore dans ce moment fait d'un peu d'intimité, de celle qu'une plaisanterie offre entre deux individus - remplie d'humanité et saupoudré d'un fond de tendresse. "J'ai l'impression que t'essaye de me plumer, là." Rebondit sans le faire ? Offre une expression faussement suspicieuse ; parce qu'en vérité, c'est toujours ainsi dans l'Underapple ; que chacun veut au mieux le profit, d'avec le peu qu'ils possèdent pourtant.

Ou c'est le propre de l'Homme tout court.

Et c'est l'un d'entre eux qui pense déjà à fuir ; jette un coup d'oeil au lavabo avant de glisser les pieds à terre, d'affronter la seconde de vertige avant de se sentir à nouveau stable ; mais se retrouver faucher par la question qu'on vient de lui poser ; pose alors ses yeux sur la silhouette de l'infirmière. Le premier réflexe serait de cracher un peu de venin ; d'être satyrique et de feuler ensuite ; mais quelque chose retient le "naturel" - construit par la force des choses.

Juste de la fatigue. "À la surface ?" Qu'il demande, dans un premier lieu ; ça frôle sa langue, toutes les horreurs qu'il balancerait d'ordinaire. "C'est pas la première fois que je finis abîmé." Alors il connaît la route, même d'avec des bleus et des cocards - et même avec des os brisés.

Se détourne ; va au lavabo, vient à se laver les mains de tout ses crimes. Essuie au mieux le bas de son visage, vire le sang dans les poils, contre sa peau ; évite au mieux la zone soignée par Flame, par respect pour le travail - surtout pour pas qu'elle veuille recommencer encore.

Et les mains froides, il arrête l'eau - s'essuie dans le creux de sa manche.

Avise à nouveau Flame. "Tu veux être raccompagnée ?" S'est fait la réflexion en se lavant la tronche que si elle avait demandé, c'était plus pour elle-même ; peut-être des emmerdes qui guettent sa sortie ? Zac n'en sait rien, mais n'imagine pas qu'on pourrait s'en faire pour lui si on ne s'appelle pas Sara Castellano.

Sa vie a jamais eu beaucoup de valeur.

Flame a bien l’impression de dépasser quelques limites, ou que les lignes sont de plus en plus floues. Elle suppose qu’elle se permet, plus que de raison, à faire cette proposition à Castellano. Elle sait aussi qu’elle s’en fiche un peu, qu’elle est capable de vivre quelque soit la réponse.

Elle s’efforce de soutenir le regard qu’on lui prête, ne bouge pas d’un cil, reste campée sur sa position, ça fait :

« À la surface ?
— Oui.
— C’est pas la première fois que je finis abîmé.
— Et alors ? » 

Elle le ressent, plus qu’elle ne le voit vraiment, qu’il se contient. L’effort tort les traits plus que d’habitude, ou bien est-ce la fatigue, ou la lumière… ?

Ses réponses sont brèves et veulent toutes dire la même chose : quel est le rapport, et ce ne sont pas des réponses. Lui faut-il une raison pour vouloir le raccompagner et s’assurer qu’il rentre en un morceau (même si recollé comme on peut) ?

Rien de concret ne vient, et elle termine de ranger pendant qu’il se nettoie.
Ça lui va que le sujet se termine ici ; elle suppose qu’il la saluera d’un ‘Doc’ et s’en ira, et que ce sera jusqu’à la prochaine. Peut-être avant si elle trouve le moyen de lui apporter Lula.

Elle retient comme elle peut une vilaine remarque quand il s’essuie sur lui-même plutôt qu’avec un linge approprié, (elle déteste quand Rafa fait ça, la réprimande est une déformation maternelle à ce stade) et se tient prête aux au-revoir.

Fronce les sourcils à ce qu’on lui retourne.

Le premier réflexe serait de se vexer, quoi elle n’est donc pas capable de rentrer seule ?! parce que c’est une femme ?! ; l’ego est repoussé d’un haussement d’épaules, et maintenant elle aimerait saluer qu’il ne l’ait pas envoyé promener quand elle lui a proposé de le raccompagner.

Elle finit par répondre, sans perdre trop de temps. « Pas spécialement. » Ou elle ne lui demanderait pas forcément, à lui, (elle essaie de savoir pourquoi mais y réfléchira plus tard, quand elle n’arrivera pas à s’endormir sans doute) ; et clairement pas dans cet état.

Luiza persiste à croire que des deux, ce sera bien elle qui aura l’air plus menaçante si on venait à les croiser et à envisager de les agresser.

Et puis elle décide — car ce n’était pas une proposition de sa part, non plus, et que ni l’un ni l’autre n’a l’air assez maniable pour céder. « Tu peux m’attendre devant. Je devrais pouvoir sortir d’ici une quinzaine de minutes. » Et, tout au pire, il n’a qu’à cingler son ‘Doc’ et tracer ; ils n’en parleront même pas la prochaine fois.

TW : envie d'alcool, cigarettes.

L'impression d'être pris dans une fin de conversation qui tournerait en boucle. Définitivement, Zacarias ne comprend pas ; depuis quand ils font des ronds ainsi, à revenir au point de départ sans juste claquer la porte et puis bye ? Alors qu'il allait le faire, Luiza trouve comment y mettre un terme dans son habituel doc et le départ qui se signe à chaque fois trop vite. L'observe un instant avant d'acquiescer calmement, se disant que ça lui laisse le temps pour récupérer ses gains et même fumer une clope. "Ok." Et ne pas attendre son reste pour simplement sortir ensuite ; retourner vers la foule qui reste encore présente - avance plutôt vers Vlad de son côté. Et après quelques minutes à causer, repart avec son salaire au fond d'une poche de son manteau ; celle à l'intérieur, pour s'éviter les mains chapardeuses de l'Underapple.

Et puis, plus qu'à attendre ; tirant sur sa cigarette, en observant les gens qui s'en vont.
L'envie d'alcool s'éveille ; toujours dans la solitude.

Sous le talon, le mégot se retrouve écrasé ; les pognes dans des poches ; et le regard finit par s'aligner sur la silhouette qu'il attendait. Se décroche alors du bout de mur qu'il avait décidé de squatter et se retrouve alors aux côtés de Flame. "T'as un détour à faire ?" Qu'il demande ; savoir si le métro sera fait d'une traite ou non ; s'arrêter au marché noir le dérangerait même pas, sait juste pas qui serait présent à cette heure-là. Pour sa part, il n'a rien à faire ; juste à rentrer, boire et grapiller une heure de sommeil peut-être, avant de se mouvoir pour reprendre vie et face humaine ; et aller chercher Sara.

Hésite ; et puis sort à nouveau son paquet de clopes, parce que fuck it. "T'en veux une ?" N'a aucune idée de si elle fume ; mais politesse oblige ; et pour une fois qu'il en fait preuve, c'est pas si mal.