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boom, crash, the sound of my heart

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ça tire, ça pousse, ça pince partout dans son corps. ça donne envie d’hurler, ça donne envie de rester plus longtemps dans son lit parce que ça fait trop mal pour être vrai, parce que quand il va se lever, ça ne loupera pas, il y aura quelqu’un dans son reflet qui le regardera avec cette espèce de pitié qu’il ne supporte plus, avec cette rage qu’il n’a pas.

il ne peut pas être en colère de vouloir la voir, ne peut pas s’en vouloir d’avoir accepté l’invitation. elle est là, elle ne l’a pas laissé derrière, donc il ne peut pas faire pareil, hein, il ne peut pas la laisser derrière, juste parce qu’il est triste, juste parce qu’il se sent seul, juste parce qu’il a un carnet presque plein de chansons qui ne seront jamais mises en musique, des chansons qui sont allergiques aux partitions, des chansons qui sont autant de pensées sans point ni virgules parce qu’il n’arrive plus à faire la part des choses parce qu’il n’arrive plus à mettre des vrais verbes après ses paroles pour elle elle jolie douce elle crash boom elle coeur soulevé coeur qui bat coeur qui explose elle vivante lui mort dedans plus de verbe plus de sujet plus rien plus rien plus rien.

silence.

silence.

flatline.

ça rit, ça rit parce qu’il est bête de se lever, ça rit dans le reflet.

bouteille qui vole vers le miroir.

dans le silence déchirant qui suit les éclats, il n’ose même pas bouger. il ne voudrait pas rompre la paralysie qui s’est emparée du monde, pendant un instant. il ne veut pas se souvenir du bruit dehors, il ne veut pas se souvenir de son fil de pensée, la locomotive qui file à toute vitesse vers la fin des rails, vers le mur.

pourtant il doit se lever.

pourtant il doit la voir, parce qu’il ne peut pas la laisser derrière. il ne peut pas être comme eux, il ne peut pas faire tant plaisir au reflet multiple dans la glace.

il ramasse les morceaux de verre et si on lui demande, il dira que son miroir est juste un pari avec lui-même pour se prouver que les superstitions ne sont là que pour le paralyser.

sept ans de malheur, c’est ce qui lui arrivera si elle disparaît.

enfin, qui sait. il n’aurait jamais le temps de voir l’aube de la septième année. s’il la perd, il sait qu’il se videra de toute sa substance, hémorrhagie identitaire.

elle a besoin de lui, elle a besoin de s’appuyer sur lui. elle a besoin de lui pour ne pas être aussi paralysée que marlow dans son lit, alors il passe un t-shirt, un jean, il passe les mêmes pompes depuis qu’il a fini de grandir, il passe les mêmes bracelets depuis qu’il est monté sur la scène pour la première fois et il se met en route.

cerveau éteint.

il se laisse pousser par la masse, ne réagit pas aux gens qui gueulent, aux gens qui crient, aux gens qui se pressent, à la foule, ni à la lumière du soleil, ni à quoi que ce soit. il se glisse dans le magasin avec pas plus de mots qu’un signe de tête. se cale entre deux cartons de vinyles, les mains dans les poches et les yeux qui errent, errent, errent et le carnet qui se remplit d’anticipation. il sait qu’il va la voir et qu’il voudra à nouveau faire de la musique, juste pour que quelqu’un écrive sur elle, juste pour que des mots jolis s’élèvent dans les airs en son hommage. des mots jolis et doux des mots en colère aussi, parce que ce’ sont tous ces connards qui l’ont éloignée de lui, qui ont failli la lui prendre.

la colère revient.

elle finit toujours par revenir — il n’a pas le choix, elle court dans ses veines. elle tire les ficelles de son sourire, qu’il le veuille ou non, elle effondre un peu sa position pour une attitude nonchalante qui donne aux gens envie de le frapper. pas elle. pas elle, jamais, et il s’illumine quand il la voit.

“hey, m’lady.”
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Elle a le coeur qui galope, Kyoka, alors que ses bottes écrasent le sol de la cité, alors qu’elle foule le bitume, hermès sous les talons et une batterie dans le ventre, qui marque le rythme d’une course effrénée qui trouvera bientôt sa fin. Presque un mois sans Marlow, un mois à se cacher, un mois à ne pas oser sortir, un mois à se demander si Icarus va finir par débarquer. Un mois et un seul message envoyé, juste avant de couper son téléphone, code absurde, morse, presque, XXXj→ 90 ↑ et l’espoir que Marlow comprenne, parce que Marlow comprend tout, parce que Marlow l’a toujours comprise. Elle retient son souffle, quand elle marche, voudrait courir sans pouvoir, parce qu’elle ne peut pas attirer l’attention, parce qu’elle refuse de le faire, parce qu’elle ne peut pas le mettre en danger, pas comme ça, surtout pas. Elle l’aime trop pour le mettre en première ligne devant les ogres qui dominent le monde ; égoïste, elle l’aime aussi trop pour se passer de lui.

Elle est à bout de souffle quand le magasin entre dans son champ de vision, et elle foule en grandes enjambées les derniers mètres qui l’en séparent. Elle attend une seconde, la main sur la porte, incapable de savoir si elle pourra se remettre de ne pas le trouver là, déglutit doucement, essaye de calmer les tremblements au fond de ses doigts. Si Marlow n’est pas là, elle prendra son courage à deux mains et descendra. Si Marlow n’est pas là, quelque chose a pu lui arriver. Si Marlow n’est pas là, elle se transformera en bombe et rasera la ville entière. Si Marlow n’est pas là… Elle inspire. Elle inspire, pour mieux se rappeler qu’elle a fait les bons choix, pour mieux se rassurer sur le fait qu’elle a fait les seuls choix qui comptaient. Elle n’aurait jamais abandonné Suni. Elle ne peut pas le faire. Elle n’aurait jamais laissé derrière qui que ce soit. Ce ne serait pas elle, et elle ne peut pas se résoudre à ça.

Marlow comprendra forcément.
Marlow ne lui en voudra pas.
Marlow ne lui en voudra pas ?
Elle ne sait pas.
Elle n’a pas le choix.

Ses doigts poussent la porte avant que son cerveau ne le comprenne et elle se retrouve propulsée dans le magasin, les oreilles pleines de musique et le coeur qui menace de s’arrêter, quand la voix familière de Marlow l’accueille, quand elle comprend qu’il est là, qu’il a compris, qu’il est là, là, là, qu’elle peut finalement le retrouver. Elle ne réfléchit même pas, quand elle se jette dans ses bras, quand elle s’accroche à son cou, serre trop fort, maladroite et nerveuse, mais surtout incroyablement émue, l’odeur de la veste de Marlow dans le nez et le son habituel de sa respiration dans les oreilles, la fabuleuse symphonie d’un être qu’elle aime à s’en briser les os.

T’es là, elle finit par articuler, doucement. T’es trop fort.

Elle a le coeur qui bat à s’en rompre, trop de choses à dire, tous les mots qui se bloquent dans sa gorge, l’impression d’être une grenade prête à exploser.

J’ai trop de choses à te raconter, tu veux bien juste me tenir dans tes bras ?

Juste un peu. Elle parlera après. Elle a besoin de le sentir en vie, d’abord.

Tu peux me dire que personne t’as fait du mal ?

Elle l’imagine aux griffes d’Icarus. Elle pourrait en crever.
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elle dit t’es là, elle le dit comme si c’était quelque chose qui était autre chose qu’évident, comme si pendant l’ombre d’un instant il y avait eu le moindre doute qui aurait plané sur ça, comme si marlow n’était pas toujours là. son reflet dans la vitre arque un sourcil et il n’a pas besoin de voir ses lèvres bouger pour imaginer tout à fait ce qu’il dit. kyoka a des doutes et lui est incapable de résister à l’appel. il sera toujours là quand elle l’appellera, même quand elle disparaît pendant des jours, même quand elle lui lance des énigmes sans donner suite à tous ses appels.

marlow chien battu, marlow qui attendra toujours sur le quai de la gare, jusqu’à ce que ses os ne le portent plus, jusqu’à ce qu’il tombe sur les rails.

— je suis toujours là. tu appelles et je réponds.

et il ne prendra pas le temps de s’apesantir sur le fait qu’elle ne devrait pas avoir de doute, laissera ça le ronger plus tard, lorsqu’il rentrera et que son reflet aura tous les traits du visage de son père, de sa mère, où il se demandera si c’est son nez, ou son regard, ou la couleur de ses cheveux qui le fait ressembler à quelqu’un qui pourrait partir. il se contorsionnera, il étirera la peau, essaiera de regarder jusqu’au fond de ses pores pour trouver une réponse, pour essayer de comprendre ce qu’il a fait mal. est-ce que c’est parce qu’il n’est pas allé à la ferme ? est-ce que c’est parce qu’il n’a pas essayé d’appeler ? est-ce que c’est parce qu’il s’est laissé dépérir ?

il enfoncera ses doigts dans les boutons, dans les coupures qu’il s’est fait en se rasant, et peut-être qu’il finira avec du sang sous les ongles — pour une fois que c’est le sien, peut-être que c’est ça grandir, peut-être que c’est ça se ranger.

aucune envie de se ranger, alors il enroule ses bras plus fort autour d’elle, respire son parfum et laisse son coeur se synchroniser sur le sien.

le reflet disparaît enfin, parce que tout ce qu’il peut voir dedans c’est elle. elle qui reprend sa place au centre du système solaire, elle qui marche et qui laisse des notes et des mots dans chacun de ses pas, et qui rit comme on baise et qui frappe comme on restaure et et et. kyoka, toujours, kyoka, encore, kyoka pour toujours et les initiales gravées dans sa peau. kyoka et les baguettes dans sa poche arrière et sa place sur la scène et les paroles qui grattent pour réussir à s’enfuir, qui creusent lentement un trou vers la sortie depuis son coeur, et les mains qui tremblent de se jeter dans la foule et les plaies finalement cicatrisées qui grattent d’être réouvertes sur sa batterie.

— personne m’a approché, je suis pas beaucoup sorti non plus. j’ai juste un peu aidé mon vieux, mais rien de très intéressant. personne m’approche, moi, tu sais. personne m’approche s’il veut pas risquer de se retrouver la gueule ensanglantée dans le caniveau.

peut-être que c’est trop. kyoka les aime délicats, élégants, funambules;

— on reste comme ça autant que tu veux, babe. tu veux qu’on s’asseye par terre ?

il n’attend pas la réponse, se contorsionne pour la ramener avec lui au sol, se fait plus petit pour la recouvrir entièrement, la protéger des yeux des autres dont elle semble étrangement terrifiée.

— tu rentres pas tout de suite, hein. c’est ça ?

et c’est dur de ne pas être amer, c’est dur de ne pas sortir les crocs pour empêcher l’inévitable d’arriver, c’est dur de rester calme, de garder son coeur synchronisé sur le sien, c’est dur de ne pas enfoncer les griffes pour la garder, quitte à tout déchiqueter — mais c’est pas sa faute, c’est juste un mauvais réflexe, c’est comme boire dans les verres des autres sans se préoccuper des conséquences, ou mettre dans sa bouche le premier cachet qui vient.
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Il y a quelque chose de friable dans le sourire de Marlow qui lui crève le coeur, pointe de couteau entre les côtes alors qu’elle se laisse glisser au sol, collée contre lui, calée entre ses cuisses, le visage pressé contre son épaule. Elle sait qu’elle lui a fait de la peine. Elle sait que ça recommencera peut-être. Elle sait qu’elle n’a pas été assez là, pas téléphoné assez, pas assez rappelé qu’elle ne partait pas. Elle sait. Elle sait et elle se sent coupable, et ses doigts s’enfoncent dans les vêtements de Marlow, et elle voudrait rentrer à la maison, se glisser dans son pieu, ne pas en sortir, ne plus en sortir, fermer les yeux. Elle voudrait jouer de la musique et elle voudrait chanter et elle voudrait crier et elle voudrait courir et elle voudrait aimer tous les gens qu’elle aime et pouvoir les garder en sécurité, ne plus jamais avoir peur que quelqu’un puisse les blesser. Elle voudrait, mais elle voudrait tant de choses, Kyoka, tant de morceaux de désirs qui s’amoncellent pour ne former qu’un magma informe et flou, de volontés inabouties. Personne n’a approché Marlow, mais peut-être que ça arrivera, personne n’a approché Marlow, mais Kyoka ne peut pas être effrayée éternellement.

Elle déteste trop cela. Elle déteste la façon dont ça gèle tout son ventre, la façon dont elle se met à penser en froid plutôt qu’en chaud, en terreur plutôt qu’en colère, inversion totale de son être, immobile plutôt que lancée à pleine vitesse sur la vie, pétrifiée, plutôt qu’animée. Elle ne peut pas faire ça. Elle ne veut pas faire ça. Elle inspire, fort, enroule ses bras autour de la taille de Marlow, collecte comme les cailloux du petit poucet toutes les choses qu’elle voudrait lui raconter. Tout bas, elle murmure :

Icarus en a après Suni.

Ou en tout cas, ils finiront par le faire, quand ils auront compris qu’elle ne reviendra pas, qu’elle ne leur appartiendra plus. Elle n’en a parlé à personne d’autres, jusque là, parce qu’elle n’a une confiance aveugle qu’en une poignée de gens, parce qu’elle ne peut pas mentir à Marlow, parce qu’elle ne veut pas le faire. Elle le regarde, à la recherche d’une réaction, tend une main, un peu tremblante, pour caresser son visage. Ca fait une éternité qu’elle ne l’a pas vu et il lui manque comme un poumon, une éternité sans lui et elle voudrait lui dire des choses douces et joyeuses et lui faire à manger, et pester sur son père, parce qu’elle le déteste, le père Jeffries, et lui tenir la main, et remonter sur scène. Une éternité sans lui et elle sait qu’elle va devoir le lâcher, et la pensée la fait frémir, la ramène contre lui, farouchement.

Je veux rentrer chez toi, elle dit, et elle ne sait pas s’il voudra, mais elle le dit quand même. Mais je veux pas la laisser derrière.

Elle veut pas l’abandonner. Elle veut pas lâcher sa main. Elle veut tout, tout le monde, au chaud et heureux et en sécurité et elle sait que pour l’instant, elle ne peut pas, et ça lui déchire le coeur.

Tu me manques trop, Marlow, ça me rend barge, je voudrais juste pouvoir-

Être avec toi, être contre toi, que tu me tiennes dans tes bras, que tu me serres jusqu’à ce que le monde entier s’efface, jusqu’à ce que plus rien ne laisse de traces, jusqu’à ce que tout ce qui m’inquiète s’envole.

Je voudrais juste pouvoir rentrer à la maison.

La main de Marlow dans la sienne et Gigi tout contre elle, Tiny appuyé contre la porte et son père au bout du fil, Suni et ses jolis cheveux, qui marche devant eux.
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il aurait voulu que cette conversation puisse se passer sans qu’il ait l’impression d’être n nouvel ouragan qui ravage sa meilleure amie. il aimerait pouvoir être normal, pas cassé, prendre son visage entre ses mains et lui dire que c’est pas grave, qu’il sait qu’elle l’aime, qu’il n’a pas besoin qu’elle soit là tout le temps, qu’il peut se passer de la scène, lui dire que non il est pas amoureux d’elle sans que ce soit un mensonge, lui dire qu’il survit très bien depuis tout ce temps parce qu’il est certain qu’elle va revenir. il aimerait pouvoir dire tout ça sans que ce soit des mensonges, il aimerait vivre comme ça pour de vrai, pouvoir vivre sans le poids permanent d’un futur départ qui pèse sur ses épaules, sans avoir l’impression que tout son monde s’est effondré au moment où kyoka a arrêté de donner signe de vie pendant plusieurs jours.

il est pathétique, pas vrai ? c’est pathétique, tout cette situation, cette incapacité à communiquer, cette façon de se tenir toujours aussi maladroitement dans l’espace, d’être abrasif sans faire exprès, d’être confiant qu’en façade, comme s’il avait toujours quinze ans, comme si rien ne s’était passé depuis, comme s’il n‘avait toujours rien compris à la vie.

il devrait savoir depuis le temps, que les gens finissent par partir et que c’est pas grave.

pourtant il est toujours le dernier debout à la fin de la fête, il est toujours celui qui récupère les cadavres de bouteilles dans ses mains en trébuchant à moitié, en essayant d’éviter les gens qui dorment à même le sol. il est celui qui fume sa dernière cigarette en regardant la vie passer et en se disant qu’il n’existe que quand les autres le regardent.

si plus personne ne le regarde, est-ce qu’il est encore quelqu’un ?

— je me suis douté que c’était un truc dans ce genre là quand tu m’as envoyé le message. elle va bien ? je peux faire un truc ?

la vérité c’est qu’il serait prêt à tout juste pour sortir de l’inaction qui le ronge, qui lui retourne le ventre, qui lui donne envie de hurler tous les matins où il se réveille tout seul, sans les derniers échos de la scène qui pulsent dans ses jambes, sous ses tempes ou dans le bas de son dos.

la vérité c’est qu’il ferait n’importe quoi pour garder son amie et tous ses proches en sécurité, s’assurer que personne ne viendra les lui prendre. qu’ils partent de leur propre volonté est assez difficilement supportable.

qu’on les lui prenne est insupportable.

et puis soudainement la misère égocentrée disparaît et il ne reste que la colère, parce que quelqu’un a touché à ses proches, à sa famille, parce que des gens en veulent aux personnes les plus précieuses dont il ait jamais entendu parler et c’est hors de question. chien sans laisse, bave aux lèvres, rage aux dents.

— on les laissera pas faire, kyo, je te promets, je te jure. t’as besoin d’un truc ? vous êtes en sécurité ? dis-moi si je peux faire quoi que ce soit, même si il faut que je demande un service à mon daron je le ferai.

après tout, ça fait depuis que kyoka est à la ferme que marlow lui rend service régulièrement. il peut bien lu rendre la pareille une fois de temps en temps.

— personne touche aux nôtres et s’en sort et s’il faut que j’aille foutre le feu à leurs putains de bâtiments et faire le tour des états-unis pour ça, je le ferai, je te jure.

il s’en fout. il s’en fout, il n’a rien à perdre, il peut être leur homme de l’extérieur, il sera volontiers tout ce que kyoka voudra, du moment qu’il peut exister dans le même univers qu’elle.

— ta maison elle est là où t’es en sécurité, kyoka. (il se radoucit, tout doucement pour essayer de ne pas lui faire peur) c’est pas grave si tu peux pas rentrer tout de suite. hey, c’est pas comme si tu partiras définitivement, je sais. (menteur menteur menteur) nous on est là. on est tous là et on est tous en sécurité.

il passe ses doigts le long de la joue de kyoka, lui sourit timidement, un élan de courage au creux du coeur.

— et si tu veux avoir un bout de moi pour quand je te manque, tiens. ça te fera de la lecture.

et dans les mains tendues vers elle,le carnet avec tous les brouillons de ses chansons.
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Kyoka est égoïste, assise sur le sol de la boutique, égoïste et vorace. Marlow lui donne un peu, et elle voudrait plus, le carnet serré entre ses doigts et des mots dans les oreilles. Kyoka est terrible, Kyoka a la tête qui tourne. Elle voudrait qu’il l’embrasse. Elle voudrait qu’il lui demande de venir. Elle voudrait qu’il la sort plus fort contre lui. Elle voudrait trop de choses, mais son amour par-dessus tout, quelque chose de dit, quelque chose d’acté, quelque chose d’autres qu’un mi-mot au milieu du brouillard, que quelque chose qu’elle devine, que quelque chose dont elle n’est même pas sûre d’avoir le droit de se saisir. Elle voudrait trop de choses, mais elle voudrait quelque chose de concret, quelque chose qui lui donne envie d’arrêter de respirer, qui mette sur pause toutes les saloperies qui se pressent contre son cerveau. Elle voudrait trop de choses, mais elle voudrait qu’il parle, qu’il arrête de s’effacer, qu’il arrête de se tenir en retrait. Elle voudrait trop de choses, et elle sait bien qu’elle devrait tendre la main, sait bien qu’elle l’aurait fait, avec n’importe qui d’autres, et dans n’importe quelle circonstance. Elle sait bien, mais la dernière fois, elle a failli perdre Tiny. Elle sait bien, mais il y a un gouffre à l’intérieur de son ventre.

On est en sécurité, elle articule, tout doucement. Si tu trouves un téléphone... Il y a des noeuds dans sa gorge, par centaines. Je veux juste pouvoir te parler. Je veux pas que tu te mettes en danger. Je voudrais qu'on puisse répliquer.

Elle parle, mais c'est pas à ça qu'elle pense. Elle pense à tous les gens qui ont eu la chance d'être aimé de Marlow, à tout ceux qui ont eu la chance d'expérimenter la façon dont il se préoccupe des gens. Elle a rencontré, certains de ses partenaires, les a vus, du coin de l’oeil, figures floues et vagues, pointe aigre parfois au fond de son ventre ; tant de visages et aucun qui soit le sien, aucun même qui lui ressemble, condamnée à se tenir à distance de lui, toujours, séparés d’une main, ou de moins, mais jamais l’un contre l’autre, jamais comme ça. Elle a rencontré, certaines de personnes que Marlow a embrassé, certaines nuits, certains jours, les a enviés, parfois, de pouvoir profiter de la chaleur de quelqu’un qui l’aime, mais pas comme ça.

C’est hypocrite de sa part, probablement, c’est sale, c’est terrible, et elle déglutit, doucement, essaye de ravaler tout ce qui la chamboule, d’enterrer tout ce qu’elle ne pourra jamais demander, tout ce qu’elle ne pourra jamais toucher. Elle déglutit, serre plus fort entre ses doigts le calepin. Marlow mérite mieux. Marlow lui donne un morceau de lui, et elle en demande plus, enfonce son visage contre son épaule, parce qu’elle voudrait le mordre, dire au monde entier qu’elle l’aime tellement qu’elle le veut à ses côtés tous les jours de sa vie. Un par un, elle relâche ses doigts.

Elle hésite, une seconde, remonte les mains, pour détacher de son oreille une de ses boucles, de celles qu’elle n’enlève jamais, de celles que sa mère lui a laissées, minuscules anneaux sertis de vert.

Un pour chacun de nous, elle murmure, tout bas, avant de lui tendre.

Mais ce n’est pas assez, pas assez honnête, pas assez complet, pas assez, jamais assez, et la bouche de Kyoka s’assèche, avant de s’ouvrir, raide, presque, parce que le courage la fait trembler, parce qu’elle a besoin de tout ce qu’elle peut convoquer.

Je suis amoureuse de toi.

Ca déborde, ça dégueule, c’est affreux, c’est égoïste, de faire ça, assise sur le sol sale d’un lieu public, alors qu’ils savent tous les deux qu’ils ne pourront pas rentrer ensemble après tout ça.

Si je peux pas repartir avec toi, tu peux repartir avec ça.

Il n’y a rien de plus viscéral qu’elle puisse lui offrir, son coeur sur un plateau.

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