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où sont les fantômes ?

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Où sont les fantômes ?
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La mission du jour, de la semaine, peut-être même du mois, c’est sortir de cette fichue page blanche. Tout me semble plus intéressant que de me poser derrière mon ordinateur pour écrire et ça commence à être problématique. Je pourrais aussi me remettre à la peinture comme je l’ai évoqué avec Andrea – il paraît que je dois quelques peintures très inspirées à un ami –, ou simplement profiter de cette page blanche pour refaire mon puits de créativité. Mais je dois avouer que ça me manque, tout bêtement. J’aimais la sensation que me procurait l’écriture et me sentir aussi vide qu’un trou noir me fait de la peine. Même si Seeker, mon personnage-auteur publiant des thrillers ésotériques, a trouvé une fin, je n’ai pas envie de me détacher de cet univers-là. Il suffit seulement de trouver un angle d’attaque avec un nouvel enquêteur. C’est dans mes cordes.

J’ai essayé une dizaine de techniques, sans succès (nager, lire, regarder les pigeons, prendre des boissons chaudes dans des cafés huppés…). Alors j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes, et de faire des recherches, espérant trouver quelque chose d’inspirant dans l’empire colonial britannique. Et qui de mieux placé qu’un professeur à l’université pour me renseigner ? J’ai donc envoyé des mails-voyageurs du côté de la Nex’University, et un certain Caleb Altman m’a répondu. Il est disposé à répondre à mes questions. Merveilleux. Je ne suis pas encore très certaine des liens que je veux faire durant l’enquête, alors j’ai besoin qu’un professionnel m’aiguille au sujet de certains points. J’ai toujours promis à mes lecteurs d’être fidèle à l’histoire, et pourquoi pas, de leur apprendre quelques petites choses au passage. Vivre des décennies m’a permis quelques exactitudes historiques, mais j’avoue que ma mémoire a parfois tendance à flancher.

J’ai donc convenu d’un rendez-vous avec le professeur dans son bureau. J’enfile une robe et des collants épais, mes bottines, coiffe rapidement mes cheveux en un chignon lâche et attrape mon sac « de reporter », comme j’aime à l’appeler. Il contient un carnet, un milliard de stylos de couleurs, ma batterie externe, et un livre de poche. Au cas où. Car il ne faut jamais sortir sans un bon livre, ce serait criminel.

Quand je me pointe devant l’université, de légers regrets s’emparent de moi. Voilà une expérience que je n’ai pas pu vivre comme eux. Avec leur insouciance et leur joie de vivre. J’avais déjà presque deux siècles quand j’ai décidé de reprendre des cours, et même si j’ai bien profité des fêtes étudiantes, eh bien… j’imagine que ça n’avait pas la même saveur qu’une jeune femme de vingt ans.

J’arrive finalement dans l’aile des professeurs, même si j’ai dû demander trois fois mon chemin entre temps, espère secrètement que Professeur Altman pourra trouver la réponse à mes questions, devenir mon inspiration divine. Je trouve finalement son bureau, où son nom s’tale en lettres dorées sur la porte. Je frappe quelques petits coups, et après l’avoir entendu m’inviter, j’ouvre.

Je cherchais l’inspiration, hein ?

Il faut croire que je ne vais pas la trouver ici. Car je ne suis pas très inspirée quand je me retrouve devant « Caleb ». « Je suis en train d'halluciner ? » Ce sont les seuls mots qui arrivent à franchir la barrière de mes lèvres, car c’est comme si mon cerveau s’était mis à fondre sous mon crâne. Car Caleb Altman ne m’est pas inconnu.
Pas du tout.

ft. @Caleb Altman
Caleb Altman
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Caleb Altman
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Image/Gif : où sont les fantômes ? IzLuIu8L_o
Alias : (the dragon) ça n'a rien de bien original, mais ça a le mérite d'annoncer la couleur.
Genre : (he/him) masculin.
Age : (40/240 ans) l'apparence d'un homme à l'aube de la quarantaine ; deux siècles déjà bien tassés derrière lui.
Dollars : 191
Zone libre : où sont les fantômes ? Targaryen-dragons
Statut : (widower) veuf, le coeur par trois fois brisé.
Occupation : (history teacher) professeur d'histoire et de mythologies à la nex'university.
Habitation : (nexus) un duplex que sa fille et lui partagent avec willow.
Pseudo : valkyrja.
Comptes : belladonna faust, astra stark, evelyn harvey, silke sørensen, zohra caruso.
Genre IRL : (she/her) féminin.
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Date d'inscription : 11/10/2023
FC : henry cavill.
Crédits : harleystuff (avatar), valkyrja (bannière).
Thèmes abordés : pauvreté extrême, mort, deuil, extrémisme, violence, meurtre, nécrophagie, première et seconde guerre mondiale, expériences scientifiques, body horror, isolement.
Thèmes refusés : à déterminer en privé.
Staff : ADMIN I MJ
où sont les fantômes ?
“There are such thing as ghosts. People everywhere have always known that. And we believe in them every bit as much as Homer did. Only now, we call them by different names. Memory.” @Alice Eyre

Les copies s’empilaient sur un coin de son bureau. Et avec elles s’accumulait un certain retard. N’ayons pas peur des mots : s’il y avait bien une chose que Caleb détestait dans son métier, c’était corriger les travaux de ses étudiants. S’il aimait enseigner, transmettre son savoir et son expérience, noter les travaux des uns et des autres n’avait rien d’une partie de plaisir. Mais puisqu’il ne pouvait pas y couper, c’était la mort dans l’âme qu’il s’était attelé à la tâche, de bonne heure ce matin-là. Les examens de fin de semestre arrivaient, il fallait donc qu’il découvre et comble les éventuelles lacunes qui persistaient peut-être chez ses élèves. Des décennies plus tard, Caleb se demandait encore s’il était bien à sa place à l’université. Il se sentait parfois comme un imposteur, lui, qui n’avait jamais oublié qu’il avait un jour été un gamin pauvre des rues insalubres de Londres, tout juste lettré. Si on lui avait dit qu’il finirait par enseigner l’Histoire et les mythologies dans l’une des plus prestigieuses universités des États-Unis, il ne l’aurait pas cru. Il était lui-même le premier surpris par sa reconversion. Il avait été homme à tout faire, mercenaire, soldat… Et désormais, professeur. Autant dire que ce n’était pas ce genre d’avenir là qu’il avait imaginé pour lui. Mais c’était pour le mieux. À bien y réfléchir, les corvées qui lui incombaient en tant que professeur n’en étaient pas vraiment. C’était un univers où la violence était absente, où il n’avait pas besoin de passer son temps à regarder par-dessus son épaule pour éviter d’être poignardé dans le dos. Son quotidien était bien rangé. Il passait quatre jours par semaine à l’université et le reste du temps, il pouvait le consacrer à Emilia et à Willow. Sa fille avait encore un peu de mal à s’acclimater à New Blossom, si différente de son Oslo natale. La nature lui manquait, sa langue maternelle également, mais la petite faisait tous les efforts du monde pour s’intégrer à sa nouvelle école et appréciait de plus en plus de passer du temps en compagnie de Willow. La perte de sa mère l’avait profondément marquée et Caleb la soupçonnait de chercher en son amie une mère de substitution, au moins le temps de panser ses plaies et de faire le deuil de Brynja. Pour lui non plus, ce n’était pas évident. Il se maudissait encore d’avoir eu la naïveté de croire qu’après toutes ces années, il lui serait possible d’effleurer le bonheur.

Les petits coups frappés à la porte de son bureau le firent sortir brusquement de sa réflexion. Sourcils froncés, il jeta un rapide coup d’œil à sa montre. Était-ce déjà l’heure de son rendez-vous ? Il n’avait pas vu les heures passer. Il mit un peu d’ordre sur son bureau avant de se lever, rajuster sa chemise et inviter la personne à entrer. Il avait répondu positivement à la demande d’une écrivaine en quête de renseignement sur l’Empire colonial britannique. Il était certain qu’elle ne pouvait imaginer avoir affaire à quelqu’un qui l’avait en partie vécu. Non pas que Caleb ait eu quoi que ce soit à voir avec ces choses-là ; servir de cobaye à Icarus et combattre ensuite aux côtés des Nightbringers l’avait bien assez occupé. Quoi qu’il en soit, il s’attendait à une rencontre et une conversation banales, comme il en avait déjà eu quelques-unes avec des doctorants et autres auteurs. Pour la banalité, il faudrait repasser. En même temps que la jeune femme qui entra lâcha une exclamation de surprise, Caleb ouvrit de grands yeux ébahis. « … Alice ? » Le prénom avait été prononcé dans un murmure étouffé, presque étranglé. L’espace d’une poignée de secondes, Caleb remit en question le bon fonctionnement de ses deux yeux. Faire face à l’un des fantômes de son passé était toujours déconcertant ; à plus forte raison lorsque ledit spectre avait été son premier amour. Il battit des paupières, incrédule, droit comme un piquet derrière son bureau, avant d’être traversé des pieds à la tête par un frisson. Quelques grandes enjambées plus tard, il avait fermé la porte derrière Alice. Alice. Il reste un long moment silencieux, à la regarder dans les moindres détails, comme pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un mirage, d’un maléfice ou d’une hallucination. Caleb avait beau être un homme de peu de mots, il était rare qu’il se retrouve le bec ainsi cloué. « Qu’est-ce que… Comment ? » Ce furent les seuls mots qu’il parvint difficilement à articuler, la gorge serrée, nouée par une émotion qu’il ne s’attendait pas à ressentir. Il était, après tout, juste venu corriger des copies.

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don't pray for me ✧ when does a comet become a meteor ? when does a candle become a blaze ? when does a man become a monster ?
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Où sont les fantômes ?
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« Alice ? » Le rauque de sa voix. La couleur de ses mots. Cinq petites lettres pour tout venir pulvériser dans mon esprit, tout balayer plus efficacement qu’une rafale d’un ouragan. Je ne sais pas si je rêve, si j’hallucine, si l’homme devant moi est vraiment celui qui a emporté un bout de mon âme avec son départ.

Il s’approche de moi, et je suis prête à esquisser un geste de recul, de peur, parce que tous ceux qui ont essayé de reprendre contact avec moi ces derniers temps ont été particulièrement désagréables. Petite pensée émue pour Ivy, qui a manqué de me tuer. Et pour ma mère qui partage son corps avec une autre entité. Mais je suis trop choquée, et je ne bouge tout simplement pas, comme statufiée sur place. Alexander referme sobrement la porte derrière moi, comme si c’était la première chose qui lui passait par la tête.

On se contemple, si longtemps et si peu de temps à la fois. Une éternité et deux années-lumières nous séparent, deux mondes et deux galaxies qui entrent subitement en collision. « Qu’est-ce que… comment ? — Toi, comment ? C’est toi qui es mort. » Et à ces mots j’ai l’impression que tous mes sentiments vont s’amonceler derrière mes paupières pour s’échapper sous forme de larmes. Ou que mon cœur va cesser de battre dans ma poitrine. J’ai l’impression de mourir et renaître à la fois, et j’ouvre la bouche… la referme…

Me contente de me jeter dans ses bras.

Qu’importe, s’il désire me planter un couteau dans le dos. Me kidnapper, m’assassiner, me dépecer. Qu’importe s’il est devenu comme Ivy à ce sujet.

Je veux bien mourir de sa main.

Si cela me permet de le sentir une dernière fois contre moi.

De toute façon, on a déjà conclu que je ne pouvais pas mourir…

Son parfum m’enveloppe et me cajole, sa présence est comme un baume que je n’attendais plus sur mes plaies. J’ai envie de lui poser un milliard de questions et de l’insulter, aussi, de pleurer et de rire, alors que je me noie dans l’incompréhension qui nimbe son aura. Sa surprise glisse sur ma langue et tapisse mon palais. Nous ne comprenons pas, mais si Dieu veut bien nous donner une ultime chance, une dernière rencontre, alors…

« Tu préfères que je t’appelle Alex ou Caleb ? chouiné-je tout contre son cou. » Tant pis s’il me rejette, s’il me repousse, je prends le risque. Je n’ai plus rien à perdre, depuis bien longtemps. Mais je ne promets pas de ne pas pleurer. Je suis restée sensible comme fille, quand même…

ft. @Caleb Altman
Caleb Altman
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Les miracles n’existaient pas dans la vie de Caleb. Ou du moins, ils n’y avaient jamais eu leur place. Catastrophes et malédictions s’étaient succédé, si bien qu’il avait fini par se dire que certaines choses ne devaient pas être faites pour lui, à commencer par le droit au bonheur. Il avait vu plus de morts que de nouveau-nés, avait eu le cœur brisé plus de fois qu’il n’avait battu de joie. Alors, Alice, en vie ? Ça lui semblait impossible. Absurde, même. Il avait fait le deuil de sa disparition des décennies plus tôt, avait essayé de se convaincre qu’il avait fait ce qu’il fallait pour elle, pour qu’elle ait une chance. Puis il avait perdu sa trace, entre deux guerres, avait abandonné l’humanité – à commencer par la sienne – et n’avait consenti à retourner parmi les vivants que des décennies plus tard. Il lui était pourtant impossible d’ignorer ce qu’il avait sous les yeux : ce petit bout de femme qu’il avait aimé de tout son cœur, qu’il avait protégé envers et contre tout et tous et pour laquelle il aurait fait n’importe quoi. Il eut l’impression que le sol se dérobait sous ses pieds et aurait probablement perdu l’équilibre s’il n’était pas comme cloué sur place. Lui, mort ? Caleb manqua d’avoir un petit rire nerveux. Oh, il aurait préféré. Mais la mort n’était jamais venue, même quand il l’avait appelée, provoquée, même quand il avait prié pour qu’elle vienne le faucher. À cela non plus, il n’avait pas le droit. Que ce soit une bonne ou une mauvaise chose, Brynja avait pour habitude de lui dire que ce n’était pas à lui de décider. Il lui avait souvent répondu que c’était plutôt ironique, puisque c’était de sa vie qu’il s’agissait. Mais elle n’en démordait pas ; aussi cartésienne qu’elle ait été, elle semblait convaincue qu’il n’était pas là sans raison. Il la taquinait en affirmant que c’était elle sa raison. Et puis, elle aussi, était morte.

Caleb sembla reprendre ses esprits quand Alice se jeta dans ses bras. Il lui fallut une petite éternité pour lui rendre son étreinte, la serrer contre lui. Ce n’était pas une illusion, c’était bien elle. Comment, pourquoi, ça n’avait pour le moment aucune importance. C’était si inattendu qu’il ne savait pas ce qu’il ressentait ; un millier d’émotions se bousculaient et il n’aurait pas su par où commencer pour les démêler. La question qu’elle lui posa lui arracha une exclamation mi-amusée, mi-dépitée. « Alexander est mort il y a longtemps. » Quelque part en Europe, sur un champ de bataille ou un autre, entre deux transformations monstrueuses. Alexander n’était plus qu’un lointain souvenir, vestige de l’homme qu’il avait un jour été et qu’il ne reconnaîtrait plus s’il le revoyait dans le reflet du miroir. Bon gré mal gré, il finit par attraper Alice par les épaules, pour la repousser doucement, sans rompre le contact, pour mieux la regarder – comme pour en avoir le cœur net. « Je ne savais pas… Je t’ai perdue. Je croyais que tu étais… » Il secoua la tête. Morte. Il pensait qu’elle était morte. Ça aurait été logique – naturel. Il ignorait, après tout, combien ils étaient à être comme lui, affligés par l’immortalité. Caleb ne comprenait pas que l’on puisse se languir d’une vie sans fin. Une vie comme la sienne n’était pas une bénédiction, c’était un véritable fardeau. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Elle vivait, sans doute. Vivre, Alice avait toujours su le faire, là où lui s’était toujours débattu pour parvenir à mettre un pied devant l’autre et avancer.

Spoiler:

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Où sont les fantômes ?
tw : mort


La seule chose dont je suis foncièrement convaincue, c’est de la sincérité de l’homme qui se tient devant moi. Car je peux sentir son incompréhension tapisser ma langue, ouater mon ouïe, colmater les blessures qu’il a ouvert rien qu’en ouvrant cette porte à l’instant. J’ai l’impression qu’un torrent de l’ancienne Alice se répand dans mes veines tandis que je me noie dans ce que ressent l’Alexandre du présent. S’il s’appelle encore comme ça. S’il garde encore une once de ce qu’il était à l’époque.

La surprise continue de palpiter sous ma peau, provenant de son esprit à lui mais aussi du mien, parce que je n’arrive pas à percuter, pas vraiment, on dirait un prank ou un fantôme, je ne sais pas, je ne sais plus, en fait, les mots me sont arrachés un à un comme un corbeau se déplume sans délicatesse.

Mes mots diluent ses émotions à mesure qu’ils s’échappent d’entre mes lèvres. La mention de la mort, notamment, fait fleurir des parterres dont je ne connais pas les émotions. En tout cas, il referma ses bras autour d’elle, lui octroyant une étreinte qui n’avait rien de naturelle, mais qui était bien meilleure que tout ce que j’aurais pu imaginer. Il est là, en chair et en os. Hérésie. Et pourtant, cette ville semblait avoir la fâcheuse tendance de ramener les morts à la vie. Les émotions continuent de s’entortiller autour de nous comme le témoin de nos retrouvailles. Incompréhensibles. Inadéquates, peut-être, un peu, aussi. « Alexander est mort, il y a longtemps. Je m’éloigne un peu de lui, tente de lire sur son visage ce qu’il ne peut me dire en quelques mots. J’ai un demi-milliard de questions qui se précipitent sur le bout de ma langue, mais je ne saurais même pas par laquelle commencer. « Alors comment dois-je t’appeler, désormais ? Caleb, c’est ça ? » Oui, je restais une femme pragmatique. C’était lui, toujours lui, quel que soit son patronyme. Je me retiens de ne pas l’effleurer du bout des doigts. Je meurs d’envie de suivre la ligne de sa mâchoire, m’assurer que… Stop. Nous ne sommes plus que des inconnus, désormais. Peut-être qu’il a raison, au final ; lui est mort, et moi aussi.

Littéralement.

Je peux goûter sa peine et ses inquiétudes, comme si elles étaient miennes. Je connais si bien le cheminement de son esprit, que c’en est flippant. Il pose ses mains sur mes épaules, me scrute de tout son soûl, pas encore certain que je sois bien… moi. « Je ne savais pas… Je t’ai perdue. Je croyais que tu étais… » Oui, moi aussi. « Ça n’a pas d’importance. Je sais. » J’aimerais pouvoir effacer tout d’un coup de balai, mais je sais que nous allons devoir parler. Nous expliquer. Mais je ne suis pour le moment que joie, qui éclate comme des paillettes dans mes prunelles. « Il était plus logique que je sois morte. Mais je crois qu’il n’y a rien de logique, dans tout ça. » Je l’avais compris il y a bien longtemps.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? — Je… eh bien je venais rencontrer un professeur pour obtenir de plus amples informations, mais j’imagine que ce n’était pas vraiment ça, le sens de ta question ? » Mais je n’ai rien de mieux à lui offrir. Je ne sais pas ce que je fais là, Alexandre, ou Caleb, ou qui que tu sois. La vie est tellement étrange ces derniers temps… « J’ai besoin de savoir, comprendre, je… bon sang, j’ai tellement de questions pour toi. Et j’imagine que toi aussi. Allons ailleurs. Si tu as le temps, bien sûr. » Je sais qu’il l’a, puisqu’il m’avait réservé ce créneau pour discuter. Mais il pourrait ne pas avoir envie. Ne pas vouloir creuser. Peut-être veut-il me fuir ? Soudainement, l’idée s’entortille sous mon crâne ; et s’il m’avait fui après la guerre ? Si ça avait été son choix ? Non, non, cela ne se peut. « Je suis contente de te revoir. Tellement contente. » Je lui livre le contenu de mes pensées sans filtre et sans fard, comme d’habitude. Comme avant. Comme toujours.

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