These are storms within my seas (ft. Danessa)

05/05/2023

there are storms within my seas
@Danessa Dayan | septembre 2025
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Sous sa peau court le sang d’un cœur qui bat trop vite, qui anticipe cruellement ce qu’il s’apprête à faire. Malédiction pour réparer une bénédiction, un vol pour un don. L’homme qu’il a aidé ne l’a pas remercié, pas vraiment, parce qu’il ignore ce qu’il a fait pour lui. Héros de l’ombre qui s’entache de ses propres démons, mais qui ne sont pas aussi mauvais que le patient sur son lit. Ce détenu responsable de tant d’horreurs qu’il ne devrait pas se sentir coupable de lui voler un peu de sa vie. Pourtant Cory ne peut agir sans ce pincement au palpitant, cette culpabilité qui l’envahit à chaque fois entièrement. Tout va bien monsieur Danver? Je vais m’occuper de vous. Il est là depuis plusieurs jours, une blessure qui peine à se rétablir, dont il pourrait s’occuper pour le délivrer. Seulement il n’en fera rien, préfère l’effet inverse en posant ses doigts sur sa peau quelques instants. Le soin viendra après, pour l’instant, il laisse les minutes s’écouler de l’un à l’autre, pour lâcher un grognement douloureux lorsqu’il cesse, qu’il détache leurs peaux. Sourde douleur qui vient remplacer le temps perdu, pointe contre son poumon quand il respire un peu trop fort. Ca va aller… murmure t’il plus pour lui que pour son patient, qui ne fait que gémir en bougeant un peu.

Les élancements douloureux persistent encore, mais il s’active finalement en prenant son boulot très à coeur, comme pour réparer l’atrocité commise. Zèle maintes fois remarqué, qui lui vaut une pause prématurée quand le médecin décide de le récompenser. Un fin sourire décore le visage du jeune homme, un peu triste, quand il s’imagine hérault du mal plutôt que le gamin investi que son patron voit. Et puis finalement dans un soupir, il quitte l’infirmerie pour s’éloigner un peu, prendre une goulée d’air qui le fait souffrir et grimacer, se courber un peu en deux. Sa respiration est laborieuse un instant mais il ne se relève que lorsque ses yeux avisent des chaussures qui s’arrêtent juste devant lui. Les yeux viennent accrocher leur vis à vis rapidement, qu’il salue dans un large sourire qu’il ne pourrait feindre. Accueil offert à tous, même la face renfrognée de la policière… Lieutenant Dayan! Quel plaisir de vous revoir. Que puis-je faire pour vous? Sincère sollicitude quand il s’abstient de lui demander si sa journée est bonne. Une familiarité qu’il ne se permet pas avec cette femme, qui est bien trop impressionnante à son goût…
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27/08/2023

There are storms
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Les portes s’ouvrent petit à petit. Elle oublie souvent à quel point il y en a, à quel point elles semblent toujours plus nombreuses, ici. Elle passe les portiques de sécurité, le visage toujours fermé. Certain-es gardien-nes lui adressent des salutations, qu’elle ne rend pas. Aujourd’hui n’est pas un bon jour. Peut-être que ça se comprendra. Peut-être pas. Elle n’en a pas grand-chose à faire, tant qu’on ne vient pas l’énerver plus qu’elle ne l’est déjà. Il faut dire que, pour une fois, elle ne vient pas ici par rapport à une enquête. Ce ne sont pas celleux enfermé-es qui l’intéressent, c’est celui qui les soigne.

Elle passe devant les portes de cellules plus sombres que les autres, et un sifflement se fait entendre. Elle lève un majeur sans même regarder d’où l’injure vient. Et elle ne tourne pas la tête, non plus, lorsqu’elle invective l’un de celleux qu’elle a pris plaisir à amener ici, après son « Je vais te faire payer, Dayan ! » si doux.

- Chéri, t’as pas encore compris que t’allais crever là ?

Un sourire s’échappe, et disparaît aussi vite qu’il est apparu. Elle tourne le dernier virage menant au couloir de l’infirmerie. Elle n’aura même pas à faire d’entrée fracassante, parce que le gamin se tient devant elle. Mal en point, qui plus est. Tant mieux. Si le corps est fatigué, l’esprit l’est aussi. Elle approche sans se presser, regarde l’autre reprendre difficilement son souffle. Arrivée à sa hauteur, elle croise les bras. L’air déjà impatiente. Ses yeux s’assombrissent devant le sourire. Et elle grimace face à la bonne humeur si ostensiblement projetée.

- Worgan. Je ne vous retourne pas le compliment.

Elle est déjà à la limite de l’insulte. Elle pose les fondations de la conversation, fait comprendre que sa visite n’est pas de courtoisie. Non, le plaisir n’est pas partagé. Et il est plutôt dans son intérêt de se montrer collaboratif.

- J’ai quelques questions pour vous.

Parce qu’après les recherches, vient l’interrogatoire. Elle n’avait pu s’empêcher de le remarquer lors de ses visites à la prison ; gamin parmi les hommes. Trop sympathique, trop joyeux. Déjà, ça l’avait intriguée. Elle s’attendait plutôt à ce qu’un endroit pareil détruise l’âme. Alors professionnalisme exacerbé ou secrets enfouis ? Ça lui avait suffi, à Danessa, pour se renseigner sur Cory Worgan, 26 ans, arrivé à New Blossom presque en même temps qu’elle, après avoir fui la Philadelphie. Ou s’en être échappé de justesse pour mieux y retourner. Elle ne pensait pas passer autant de temps sur le dossier, à vrai dire. Mais son histoire à lui était beaucoup trop flou. Et le personnage n’était finalement pas aussi parfait qu’il semblait vouloir le faire paraître.

- Vous voulez faire ça dans le couloir ou vous avez un bureau ? Je ne suis pas certaine que vos patrons apprécient le sujet dont j’ai à vous parler, mais c’est à votre convenance.

Elle lui offre le choix. Menace camouflée de gentillesse. Il vaut mieux qu’il en profite, pendant qu’il est encore temps.

ft. @Cory Worgan

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05/05/2023

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@Danessa Dayan | septembre 2025
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Le sourire fond à peine, glisse sur son visage avant de s’y raccrocher plus fortement, mieux. Cette femme sait le destabiliser de quelques répliques assassines et visages grognons. Comme si elle lui en voulait personnellement, comme s’il lui avait fait quelque chose dont il était incapable de se souvenir. Déglutissage difficile, d’autant plus avec cet essoufflement qui peine à partir. Les mots lui manquent pour lui répondre, l’homme ne maîtrise pas l’art de la parole aussi ce n’est qu’une grimace à peine perceptible qu’il lâche d’abord en réponse. Une moue qui rend son visage un peu triste avant qu’il ne se reprenne. Quelques secondes décontenancées qui seront probablement suffisantes pour la policière. Assez pour qu’elle embraye, pour qu’il perde le peu de couleurs encore sur son visage. Comme un criminel il se sent coupable rien qu’avec sa présence et sa mise en bouche qui ne promet rien d’agréable. Et une nouvelle fois il déglutit difficilement avant de s’effacer pour la laisser passer, en indiquant au passage une porte un peu plus loin. Je suppose que nous pouvons aller dans la salle de pause, il n’y a personne actuellement et puis, j’étais censé prendre la mienne de toute façon. Après vous.

Non loin des larmes qu’il retient comme il le peut en emboîtant le pas de l’inspectrice, respirant profondément pour s’offrir une contenance et un visage avenant quand il se retourne sur elle en refermant la porte. Je peux savoir ce dont il est question? Interrogation sincère quand il n’a pas la moindre idée quant à la raison de sa présence en ces murs. Habituellement, ils n’échangent pas plus de quelques mots même s’il a toujours été très impressionné de sa prestance, de sa façon de gérer les prisonniers, bien différente de la sienne. Le gamin face à l’adulte, sans savoir quelle est la bêtise commise, il passe d’un pied sur l’autre, mal à l’aise malgré lui, malgré sa certitude de n’avoir rien fait de mal. Je ne voudrais pas être insistant mais j’ai quelques patients à voir et je ne comptais prendre que quelques minutes de pause. Une façon polie de lui demander d’accélérer, de venir aux faits. Désormais persuadé que ce n’est pas une visite de courtoisie, Cory laisse le stress l’envahir et ses regards se font fuyants. Ses yeux observent tout, trop vite, sans parvenir à rester sur elle.

L’impression d’être transpercé de ses iris dès qu’il s’y risque est trop forte alors il s’avance vers le frigo pour récupérer son smoothie, son repas bienvenue et une façon de s’occuper les mains, quand il ne commence pas à le boire de suite, anxieux de connaître les raisons de sa présence ici.icons @ethereal

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27/08/2023

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Il se décompose et se recompose sous ses yeux. Son sourire s’accentue, il a l’air coupable. Mais aussi surpris. Surtout coupable. Il y a quelques années, l’âge de l’infirmier lui aurait fait prendre quelques gants, le ton en serait adouci. Mais Danessa, comme tous les habitants de la nouvelle ville, a rapidement été marquée à l’indélébile par celle-ci. Sans parler de ce qu'elle était autrefois. Il n’y a plus aucune âme innocente. A part Leta. Toujours Leta. Chacun-e sera présumé-e coupable et devra plaider sa cause avec toutes les trippes de son petit corps. Elle attend la même chose de Cory Worgan. Qu’elle sait coupable. Aucune raison logique à sa présence ici. Et si ça ne tenait qu’à elle, il serait déjà en garde à vue, se cramponnant aux barreaux et jurant qu’il n’a rien fait. Mais Danessa n’a pas assez de preuves et elle aime le travail bien fait. Travail bien fait ne rime tout simplement pas avec amabilité. Il lui indique la salle de pause de la main et elle se dirige vers celle-ci sans un mot de plus. Elle est absolument ravie à l’idée de pourrir son déjeuner.

Elle se tourne à peine vers lui lorsqu’il lui pose sa question. Elle juge du regarde la salle, qui fait office de cuisine également, froide, sans vie. Comme une prison.

- Il est question de vous.

Son sourire a disparu, mais elle rit intérieurement à l’explication qui n’en est pas une. Elle préfère laisser les doutes s’accumuler dans l’esprit de l’autre, elle veut le voir transpirer de peur. Danessa les travaille au corps, ses proies.

Je ne voudrais pas être insistant mais j’ai quelques patients à voir et je ne comptais prendre que quelques minutes de pause.
Cette fois, ses yeux transpercent le corps du gamin. Elle lève un sourcil.

- Vous l’êtes pourtant. Insistant.

Pour qui il se prend ? Alors qu’elle voit bien qu’il n’est pas à l’aise. Elle applaudit son courage, d’oser lui dire de ne pas trainer, alors qu’elle a l’impression que les larmes menacent déjà de couler. Elle attrape une chaise et s’installe, jambes croisées, tandis qu’il récupère son repas dans le frigo.

- Surtout que j’ai libéré mon après-midi pour venir ici.

C’est faux. Son après-midi était déjà libre. Et elle ne comptait certainement pas passer plus de trente minutes ici.

- J’aurais aimé connaître absolument toutes les raisons, et en détails, de votre choix de travailler ici. Dans une prison. De tous les endroits possibles.

Elle croise les mains sur la table, se penche en avant, le fixe toujours. Doucereuse et violente.

- Est-ce que c’est de l’altruisme ? Ou est-ce que ça vous aide à vous sentir proche de votre père ?

Et le sourire revient, vicieux, pourtant presque curieux. Elle n’insinue rien, pour l’instant. Danessa veut le regarder patauger encore un peu. S’embourber dans ses mensonges. Parce que ça ne pourra être que ça : des mensonges. Elle en est certaine.

ft. @Cory Worgan

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05/05/2023

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@Danessa Dayan | septembre 2025
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Sourcils froncés face à l’aplomb dont elle fait preuve, face à la phrase balancée entre eux comme un avertissement de la suite. Une discussion qui prend déjà des airs surréalistes alors qu’elle peine à commencer. De moi? Je ne suis pas certain de comprendre. C’est en deça de la réalité. En fait il ne comprend rien. Ignore les raisons de sa venue ici et courbe la tête un instant comme preuve de l'inutilité de cette conversation.

Agressivité qui dessine ce visage dur, quand lui persiste à ne pas démêler les affres de ces accusations sans sens. Et bien vous tournez autour du pot et je n’ai pas la journée. J’en suis désolé cependant. La politesse au détour d’un sourire hasardeux, quand il veut faire bonne figure. Résister à l’assaut de la policière semble difficile, mais il ne compte pas baisser les bras aussi facilement. Proche de… mon père? Quand il veut s’en éloigner le plus possible. Quand il veut détruire chaque once du sang souillé qu’il lui a offert. Quand il refuse d’être associé à lui. Et la surprise vient plus encore marquer son visage décontenancé. Les questions fusent dans son esprit mais aucune ne semble vouloir passer la barrière de ses lippes. Le regard est sur elle, perçant, presque défiant alors qu’elle a osé mentionner le paternel détestable. Le phrasé décousu montre une légère hésitation, qui n’a rien à voir avec une quelconque culpabilité. Juste une surprise. Celle de voir encore l’homme le suivre, même là, même à New Blossom, même dans sa nouvelle vie.

Les prunelles s’ancrent encore dans celles qui lui font face. Désarroi s’y lit quand il peine à ordonner ses pensées, à démêler les affirmations étranges. Je ne suis pas certain que mes raisons vous regardent. Et puis, j’ai le droit de ne pas vous répondre. Bluff incertain, il se souvient de quelques épisodes de série policière quand il ignore entièrement ses droits. Réellement. La fiction comme guide, il croise les bras après avoir déposé son smoothie sur un meuble et redresse le menton fièrement. Il faut bien des gens pour soigner les détenus. Que je m’occupe de ces personnes là ou de celles dans les hôpitaux, il n’y a pas de différences. Il hausse les épaules finalement avant d’attraper son jus pour en boire un peu. L’anxiété pointe son nez et le myocarde s’affole un peu, mais pour l’instant il parvient à ne pas mentir. Après tout, il ne peut pas lui avouer qu’il est là pour voler de la vie sur ces déchets humains, qu’il utilise son pouvoir sur eux parce qu’ils ne sont que ça, des rebuts de la société. Pourquoi vous me demandez ça? La curiosité s’ajoute à l’agacement, alors qu’il continue à boire, plus pour s’occuper les mains que par réelle envie…
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27/08/2023

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Worgan a presque l’air de s’ennuyer alors qu’il répète ses paroles. Une première fois. Elle s’apprête à répondre de quelques insultes avant de se censurer elle-même. C’est qu’il ne faudrait pas se montrer agressive, n’est-ce pas ? Sauf qu’il a désormais des paroles bien trop hypocrites à son goût et Danessa a la langue de vipère au bout des lèvres. Que ce soit simplement parce qu’elle a passé une mauvaise nuit, une mauvaise journée ou parce que Worgan lui sort par les yeux avec son air innocent trop lisse, le filtre commence à s’effriter. Et les dernières miettes s’envolent déjà quand elle évoque à demi-mots les raisons de sa présence ici. Le paternel tant aimé.

Le jeune infirmier répète à nouveau ses paroles et Danessa doit se pincer le nez pour ne pas l’insulter. Lorsqu’elle rouvre les yeux, elle l’observe passer par la surprise, la colère, la (fausse) supériorité et la (vraie) curiosité. Il semble la mettre au défi autant qu’il a l’air perdu. Intéressant. Mais il prend trop ses aises et risque de s’y brûler les ailes. Elle n’oublie pas ses hésitations, elle voit bien ses mains qui ne restent pas en place. Et malgré toute la confiance qu’il essaye de se donner, Danessa n’y voit que de l’incertitude et de la peur.

- Effectivement, vous avez le droit de ne pas me répondre.

Elle sourit, presque gentiment, presque comme une confidence.

- Et vous n’êtes pas en garde à vue, mais ça peut s’arranger si vous préférez ? Vingt-quatre heures ou plus et vous aurez tout le temps d’appeler votre avocat. Vous pourrez vous emmurer dans votre silence, avoir l’air encore plus coupable et nous donner le temps d’avancer sur l’enquête.

Ses yeux s’assombrissent et le coin de ses lèvres s’abaisse légèrement.

- Je vous fais une faveur à venir vous voir directement ici.

Et peut-être qu’elle ment, peut-être qu’elle n’a pas assez de preuves pour pouvoir l’emmener en garde à vue et le voir trembler d’horreur à l’idée de devenir un des prisonniers qu’il apprécie tant soigner. Et peut-être qu’elle ne ment pas. Dans tous les cas, le petit air fier qu’a pris Worgan ne la trompe pas, au contraire. Il ne fait que l’énerver, un peu plus.

- Alors c’est de l’altruisme ? Comme vous avez bon cœur.

Elle se recule sur la chaise, dévisage Worgan quelques secondes. Et l’espace d’un instant elle se dit qu’il pourrait effectivement avoir bon cœur. Qu’il pourrait juste être trop naïf. Mais il y a quelque chose dans ses yeux et sur ses épaules qui pèsent plus lourd que de la naïveté. Et Danessa veut savoir ce que c’est. Que cela confirme ses doutes ou non, Cory Worgan n’est pas innocent et elle trouvera quel est son crime. Parce que tout le monde en a un.

- Votre père est en prison en Philadelphie depuis quoi ? Six ans ? Six ans, c’est long. Six ans sans son père, ça se ressent douze.

Elle n’en saurait rien, cela dit. Parce que Danessa n’a jamais eu de père. Elle n’a eu qu’un tyran. Un connard qui aurait mérité de crépir ici. Elle en rêve la nuit, parfois. Quand elle n’a pas trop bu, ni trop fumé, quand elle est assez optimiste pour oser en rêver.

- Pourtant vous n’êtes jamais allé le voir, vous ne lui avez même pas téléphoné.

De ça, elle en est certaine.

- Vous vous êtes retournés contre votre père qui vous accusait d’avoir tué avec lui, et vous avez joué l’innocence jusqu’au bout, poussé le dégoût jusqu’à couper tout contact. Et pourtant.

Elle fait un geste vague de la main, montre les murs du regard.

- Un fils de meurtrier qui travaille en prison. Une prison avec quelques grosses similitudes dans les plans de constructions à celle de de votre père.

Ça, c’est faux. Et un test. Parce que s’il le sait alors c’est qu’il s’est renseigné. Et s’il ne le sait pas alors c’est qu’il n’a pas fait de recherches et que peut-être, peut-être, qu’il n’est pas si coupable (de ça).

- Vous en conviendrez, ça fait lever les têtes. Alors dites-moi, Worgan, vous n’avez jamais voulu libérer votre père ? Le revoir ? Est-ce que votre travail n’est réellement que ça ? Ou est-ce que vous avez choisi cette prison avec une idée en tête ?

ft. @Cory Worgan

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@Danessa Dayan | septembre 2025
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Au creux de toutes les incompréhensions, l’infirmier a l’impression de traîner en plein délire. Toutes ces menaces balancées, qui n’ont aucun sens pour lui. Garde à vue… Faveur… Tous ces mots qui n’ont aucun sens à ses yeux, qui le ramènent des années en arrière, lorsque la police ne savait vers qui tourner leurs accusations. Seulement là, il ne comprend pas pourquoi il est accusé de quoi que ce soit. Et puis le couperet se pointe, coupe aussi sûrement son souffle que sa tête serait tombée. Son père Toujours lui. Ombre pressante qui plane sans cesse au-dessus de lui, poids sur ses épaules qui ne cessent de s’alourdir, aujourd’hui plus encore quand il revient sur le devant de la scène. Ne devez vous pas avoir une vraie raison pour me mettre en garde à vue? Remarque un peu piquante, qui ne lui ressemble en rien mais l’agressivité latente de son vis à vis ne le pousse pas à se montrer magnanime et patiente. D’autant plus que les mentions insensées de son père ne cessent d’augmenter son rythme cardiaque, ainsi que sa colère. Sentiment qui n’est pas commun chez lui, qu’il déteste ressentir aussi il se force à souffler, à soupirer pour se donner plus de contenance et maintenir son regard dans le sien.

Le menton remonté en signe de défi, mâchoire serrée, qui se détend doucement lorsqu’il entreprend de lui répondre, d’un ton le plus calme possible, malgré un petit côté acerbe. 6 ans d’absence hein… Et si on tablait plutôt sur 26? Ça donne quoi du coup? 52 ans? Il a jamais voulu de moi. Il n’annonce pas ça pour se faire plaindre, ni pour attirer quelconque sympathie, mais simplement pour lui faire comprendre la stupidité de son raisonnement. La seule fois où il a daigné me porter intérêt, c’est quand j’aurais pu lui servir d’alibi. Jusque là, j’avais jamais compris à quel point je n’étais rien pour lui. Et puis ça a fait tilt. C’est pour ça que j’ai coupé tout contact. C’est pour ça que j’ai déménagé. Faits qu’il annonce finalement d’un ton beaucoup plus calme qu’escompté. Comme si la hargne grognante n’existait pas, comme si elle n’était pas en train de le dévorer vivant.

Mon plus grand souhait concernant mon père, est qu’il reste dans sa cellule, qu’il y reste pendant des années avant de mourir. Je ne veux plus jamais le voir. Et je refuse de le revoir. Jamais. Et puis finalement, il n’existe plus qu’une profonde lassitude. Une curieuse sérénité l’envahit, d’avoir dit tout ça à voix haute. Probablement pour la première fois. Fardeau qu’il a conservé pour lui même toutes ces années, qu’il ne souhaite pas ajouter sur les épaules de Dani en lui en parlant. Et qu’il a partagé si facilement avec cette femme qui n’a aucune sympathie pour lui et qu’il ne connaît pas. Tout simplement parce qu’elle a posé la question… et qu’il a semblé si aisé de lui répondre. Votre raisonnement ne tient pas la route. Cet homme est mon père par le sang, il n’a jamais été mon papa. Et finalement il reprend sa dégustation de smoothie, comme si le sujet était clos pour lui. J’ai choisi cette prison parce que c’est la plus proche de mon lieu de résidence. J’ai choisi de travailler en prison parce que si j’échoue, un innocent n’aura pas à en souffrir. C’est aussi simple que ça. Et finalement il hausse les épaules avant d’enfin se déplacer, pour poser ses fesses sur une chaise non loin. Bien décidé à profiter du reste de sa pause assis, plutôt que debout à attendre les attaques suivantes.
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27/08/2023

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Elle a le sourire mauvais, il faut le dire, à la remarque du jeune Worgan.

- Pour vous garder en garde à vue, oui. Pour vous y mettre… pas vraiment.

La loi est si bien faite. Ça lui ferait presque grincer les dents, et pourtant elle n’hésite pas à en profiter. Vingt-quatre heures, ça lui suffit souvent largement. Elle les travaille au corps, ses suspects. Si elle n’avait pas aussi peu de preuves contre l’infirmier, il y serait déjà.

Peu impressionnée par le menton relevé, elle hausse un sourcil à la réponse, à laquelle elle ne s’attendait pas. D’instinct, elle cherche à voir si ça pourrait être un mensonge, s’il pense pouvoir l’envoyer chier en lui racontant l’opposé de ce dont elle l’accuse. Mais elle ne peut pas ne pas remarquer l’acidité de la sincérité, la haine sifflante que le calme des propos pourtant accusateurs tente d’enfouir. Du moins, c’est ce qu’elle pense que tout ça est. Parce que c’est tout ce qu’elle ressent aussi.

Il s’est échappé, comme elle. Il veut que son paternel crève en cellule, elle aimerait réussir à y mettre le sien. Les similitudes la frappent tels de coups de poignards. Et Danessa se dit qu’elle a peut-être bien fait fausse route. Elle le sait, qu’elle réagit parfois trop à chaud. C’est aussi pour ça qu’elle préfère être sous couverture. Etudier les comportements et s’insinuer dans les esprits petit à petit. Ça laisse moins de marge à l’erreur. En plus d’être beaucoup plus amusant, à son sens.

Et il n’y a presque rien d’amusant à cette conversation. Mais Danessa trouve toujours quelque chose.

- Vous avez déjà l’échec en tête ?

Sourire presque sincère qui flotte sur les lèvres à la question incisive. Parce que la logique, elle l’apprécie. Parce que les âmes entre ces murs sont certaines des pires. Parce qu’elle aussi a connu l’échec, et qu’elle aurait tout donné pour qu’un de ces connards en cellule remplace l’innocence perdue.

Sourire qui s’envole doucement, alors qu’elle n’a plus rien de joueur. Danessa n’est pas désolée. Mais elle commence à comprendre que Worgan n’est peut-être pas le coupable qu’elle venait chercher. Elle n'est pas encore totalement prête à admettre à quel point l'histoire du plus jeune la touche.

- Si c'que vous dites est vrai, alors vous avez eu raison. Mais la fuite ressemble souvent à un aveu.

Le ton n’est plus aussi agressif qu’avant, presque bienveillant (à son insu) alors qu’elle explique pourquoi il a tant l’air suspect à s’être éloigné si vite de son père. Pourquoi d’autres personnes qu’elle pourraient revenir à la charge un jour.

- Et travailler ici ne vous rappelle pas votre père ? Ça aurait pu être n’importe quoi d’autre, mais vous avez choisi cet endroit pour ce métier. Vous avez si peur de l'échec ? Si peu confiance en vous ?

Ça la dépasse, Danessa. Qu'il ne croit si peu en lui-même autant qu'il veuille travailler dans un endroit qui puisse lui rappeler son géniteur d'une quelconque façon. Et puis, elle se rappelle que son paternel aussi était flic. Le pire flic de New-York sans doute, mais flic quand même. Elle a choisi son métier pour Leta et par petite vengeance contre lui, pour lui prouver et se prouver qu’elle serait meilleure. Pourtant, ça la rapproche involontairement de lui, dans un sens. Et ça leur fait sans doute un autre point commun, avec Worgan.

- Vous n'avez même pas envie d'admirer à quel point il croupit bien en prison ?

Elle penche doucement la tête, réellement curieuse cette fois. Parce que si son « père » y était, elle viendrait tous les jours s’assurer qu’il crève à petit feu.

ft. @Cory Worgan

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05/05/2023

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Ses propos semblent faire mouche. Peut-être est-ce l'acidité de ses propos. Ou bien tout autre chose. Seulement le gamin capte bien qu’elle semble considérer les choses autrement. Au moins un instant. L’homme aux secrets bien enfouis, ne fait que dire la vérité quand il s’agit de son père. Là dessus, il n’a rien à cacher. Là dessus, il raconte ce qu’il s’est passé sans détour, sans faux-semblants. Et même dans cette écrasante sincérité, elle trouve quelque chose à dire, elle trouve une moquerie à asséner. Cory n’est pas du genre à se laisser attaquer quand les raisons sont aussi injustes, mais il y a quelque chose chez elle qui l’empêche d’être aussi incisif qu’il pourrait l’être. Probablement parce qu’elle l’effraie un peu, qu’elle pourrait l’arrêter pour n’importe quel prétexte et lui faire passer un mauvais moment. Toutes ces choses qu’il ne veut pas subir… et qui calment l’incision de ce qu’il pourrait dire. Je préfère avoir peur de l’échec que d’avoir l’arrogance de ne pas le craindre. Gorgée de son smoothie avalée dès la fin de sa phrase, il regarde ailleurs pendant quelques secondes.

Son attention est brutalement ramenée sur elle, elle reparle de son père, déclenchant une réaction épidermique, un long frisson le long de sa colonne vertébrale. Toujours ces mêmes réactions, quand il s’agit de son paternel. Un aveu? Si vous voulez oui. J’avoue avoir eu besoin de m’éloigner, pour ne pas continuer à souffrir des conséquences de ses actes. Et puis il pouvait retrouver sa meilleure amie. Il pouvait se faire une nouvelle vie. Il pouvait s’éloigner un peu, de cette ombre qui ne faisait que l’embourber dans une vie qui ne lui ressemblait pas. Oui… Pour toutes les questions. Et il ne développera pas plus. Elle n’a pas besoin de connaître les détails. Et il ne sait pas s’il a la force de le faire de toute façon. Il garde donc le silence ensuite, avant de l’observer avec des yeux ronds. Ces yeux qui se demandent si elle blague ou pas. Ces yeux qui se demandent si c’est une façon détournée d’obtenir des réponses qu’il n’a pas conscience de donner.

Quelques secondes de réflexion, avant de finalement détourner le regard de nouveau. Fuyant la dureté de ses traits, de son regard, de peur de voir le mépris s’y installer. Je n’en aurais pas la force. Il pourrait présenter des excuses, il pourrait prétendre qu’il ne le pensait pas. Et je pourrais le pardonner. Ce qu’il refuse de faire. Il ne peut lui pardonner. Il ne peut se laisser manipuler pour le faire. Mais n’est pas certain d’être assez fort face à lui. C’est son père après tout… Même s’ils ne sont guère plus que des étrangers désormais. Je ne suis pas assez fort pour l’affronter. Car c’est ça pour lui… Un combat à venir. Un combat qu’il est certain de perdre. Et il n’a pas peur d’assumer ses faiblesses face à la flic qui lui cherche des noises. Après tout, il ne s’agit que de la vérité.
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27/08/2023

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L’arrogance de ne pas craindre l’échec. L’assertion la fait sourire. Elle aurait pu trouver ça d’une belle intelligence. Sauf que gâcher son propre potentiel parce qu’on s’emprisonne dans une peur insidieuse, qui ne disparaîtra jamais réellement, c’est déjà ce qu’elle considère être un échec.

Pourtant, elle ne dit rien. Parce qu’elle apprécie le répondant tout de même. C’est moins ennuyant que tout le reste. Plus amusant aussi. Plus intriguant, c’est certain. Même quand il dit avoir mis de la distance entre son père et lui pour se protéger. Mais elle penche la tête un instant.

- Les conséquences de ses actes ? Avec la justice, vous voulez dire ? La réputation qu’il vous a faite ?

C’est apparemment raté.

- Ou avec ses ami-es à lui ?

Parce que s’il craint pour sa vie, alors oui cela fait sens. De venir s’enterrer à New Blossom. Peut-être même dans une prison, où personne n’a réellement envie d’entrer. Où tout le monde cherche constamment à s’échapper.

La réponse à ses questions suivantes la fait légèrement lever les yeux au ciel, mais elle lève un sourcil devant l’air choqué que Worgan affiche ensuite. Jusqu’au regard fuyant qui s’échappe du sien. La déception se lit sur les traits de Danessa. Déception envers l’infirmier qui pense pouvoir pardonner son géniteur. Déception de le voir se penser si faible. Et fureur envers ce père qu’elle ne connaît pas, connaît pourtant trop bien. Parce qu’il est le même que le sien. Celui qui vous rabaisse plus bas que terre, vous enfonce jusqu’à vous faire croire que vous n’êtes qu’une petite merde incapable de penser par vous-même, prête à tout pour lui.

Elle le hait. Elle les hait. Mais elle ne déteste pas Worgan. Il l’exaspère tout au plus. Et sans doute qu’au fond, elle aimerait pouvoir lui faire comprendre à quel point il est fort. Parce qu’il a survécu. Parce qu’il a su se protéger. D’une façon qu’elle trouve bancale. Mais quand même. Ils ont survécu.

- Si vous pensez ne pas être assez fort, alors c’est qu’il a déjà gagné.

Les mots sont durs, ne veulent pas l’être foncièrement. Danessa n’a simplement jamais pris de pincettes pour dire ce qu’elle pense. N’est certainement pas la plus douce. Ne s’est jamais vantée de l’être.

- Rien ne vous oblige à aller le voir, évidemment. Mais vous ne planifiez pas toute votre vie en fonction de la sienne, j'espère ?

Légèrement hypocrite, alors qu’elle ne pense qu’à tuer ce qui lui a servi de paternel. Alors qu’elle n’a jamais réellement vécu pour elle. Ne voulait que retrouver Leta. Ne veut plus que le tuer. Et sa femme aussi. Et après ? Pas d’après.

- Vous êtes plus fort que vous le pensez, Cory Worgan. Regardez, vous me faites la conversation sans vous pisser dessus. Vous n’imaginez pas combien d’hommes n’auraient pas tenu.

Elle rit légèrement. D’un éclat qu’il est impossible à définir, entre réel humour et éloge funeste. Un peu de moquerie aussi, pour ceux qu’elle a adoré torturer psychologiquement.

Danessa reprend cependant son sérieux. Parce que l’idée que le père de Worgan puisse avoir autant d’emprise ce qu’il pense de lui-même la met dans une rage folle. Une de celles dont elle sort rarement sans quelques coups envoyés ou quelques verres bus. Rien qui ne change trop de d’habitude, on pourrait croire. Et pourtant. Tellement. Rage qui réveille sa mutation, celle qu’elle hait.

- Les hommes comme votre géniteur, je les connais. Ils jubilent parce qu’ils pensent pouvoir nous contrôler. C’est la seule satisfaction qu’il peuvent avoir : nous voir nous rabaisser et penser exactement toutes les conneries qu’ils nous jettent à la gueule. Je ne vous pense pas idiot, Worgan. Ne le soyez pas en le rendant heureux. En vous pensant plus faible qu’il ne l’est, lui.

Elle le coule sous les conseils, sans presque s’en rendre compte. Avec la colère au fond de la gorge, qui transperce dans les mots. Avec un « nous » employé qu’il est trop tard pour refouler. Elle garde un fond de suspicion pour Worgan. Le gardera sans doute encore plusieurs semaines. Parce que ses doutes ne s’envolent jamais grâce à une seule conversation. Mais ce n’est plus le sentiment prépondérant désormais. Non. Elle veut que son géniteur à lui s’en morde les doigts. Elle veut que tous ces connards qui se pensent être des pères pleurent la nuit dans leurs cellules de béton. Ou s’éteignent sous ses mains.

ft. @Cory Worgan

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05/05/2023

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@Danessa Dayan | septembre 2025
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Il ne voulait pas parler du vieux, qui est désormais au centre de leur conversation, sans qu’il ne sache vraiment comment ils en sont arrivés là. L’ennuyante agent de police, qui l’accusait encore quelques minutes plus tôt, devient autre chose. Comme une confidente qu’il n’avait pas demandé, qui balance des mots étrangement rassurants. Tout… Regardez vous, là, vous êtes là à m’interroger parce que je porte son nom. Jamais vous ne vous seriez intéressé à moi autrement. Cet… interrogatoire n’en est qu’une de plus c’est tout. Je ne pourrais jamais courir assez loin de lui. De son influence, de ces pensées qu’il éveille en lui, rien qu’en existant dans le même monde que lui. Cette ombre qui le suit depuis tant d’années qu’elle est indissociable de lui. Une part qu’il traîne comme un boulet à son pied, obstacle à son bonheur qu’il feint de ses sourires chaleureux.

Une noirceur qui s’enroule autour de son cœur, à laquelle il répond d’un haussement d’épaule. Bien sûr qu’il a déjà gagné. Ce n’était pas un combat. Tout simplement parce que Cory n’a jamais eu la force de s’opposer à son père. A l’unique exception de ce mensonge qu’il n’a voulu prononcer. Cet alibi qu’il a refusé de donner. Et c’est tout de même lui qui se sent coupable maintenant. Lui qui souffre encore. Lui qui subit des conséquences qu’il ne mérite pas. Son père enfermé ne s’encombre pas de ces états d’âme, il en est certain. Le gamin est le seul à perdre dans l’histoire. Je n’irais jamais le voir. Même sur son lit de mort. C’est probablement un mensonge. Il le ressent au moment même où ces mots sont prononcés. Une froideur qu’il n’est pas capable de ressentir et ça le blesse de ressentir ça. Défait soudain, par cette conversation, il a juste envie de s’enfuir, de rentrer chez lui et s’enrouler dans sa couette. Seulement pour l’instant il doit rester là et relever le menton pour l’écouter… Vous n’êtes pas si impressionnante. Un peu effrayante j’en conviens et je suis ravi de n’avoir rien à me reprocher. Vous n’êtes pas la pire personne que j’ai pu rencontrer. … et tiquer à l’utilisation de ce nous intempestif.

Vous avez eu le même genre de père… La conclusion est logique, il soupire et secoue la tête, peu ravi d’avoir prononcé ces mots à voix haute. Elle n’est peut être pas la pire personne qu’il ait jamais rencontré, mais il n’est pas certain que cette proximité nouvelle soit au coup de cette femme qui l’impressionne plus qu’il ne le prétend. C’est pour ça que vous êtes si précise, au courant de ces sentiments que je possède. L’imprudent continue pourtant avance toutes ses théories les unes après les autres, sans broncher toutefois. Tout plutôt que d’écouter les sages conseils qu’elle prodigue… et qui sont beaucoup trop vrais pour ne pas lui lacérer le palpitant au passage.
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27/08/2023

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Ça ne la touche pas particulièrement de faire partie des conséquences des actes du père Worgan. Selon elle, elle ne fait que son job. Pas avec délicatesse, pas avec tact. Avec des erreurs, aussi. Mais seulement son job. Ce qui la touche, par contre, plus qu’elle ne le laisse paraître sur son visage impassible, c’est le défaitisme de la dernière phrase. Parce qu’elle aussi a toujours voulu s’éloigner le plus possible de son paternel. Autant physiquement que psychologiquement. Avant d’avoir envie de le retrouver pour pouvoir le tuer.

Elle soupire lorsque le délinquant est annoncé vainqueur par son fils. Enervée malgré elle parce qu’il ne semble pas vouloir se battre. Elle qui ne connaît que ça. Furieuse contre les deux Worgan. L’un pour n’être qu’un moins que rien, l’autre pour ne pas arriver à se voir comme le combattant qu’il est déjà.

C’est au tour de Danessa, ensuite, d’hausser les épaules. Elle ne peut pas l’obliger à aller voir son géniteur. Une part d’elle-même comprend qu’il ne le veuille pas, en réalité. C’est la simple idée de voir l’homme derrière les barreaux s’en mordre les doigts qui la réjouirait. Lui étaler son bonheur à la face pour qu’il comprenne, enfin, qu’il n’est plus qu’un vers de terre odorant dont elle n’aura plus à se soucier. Mais son paternel à elle n’est pas derrière les barreaux. Et elle n’est pas si heureuse que ça. Sans doute qu’elle aurait voulu vivre cette petite victoire à travers Worgan, en sachant très bien qu’elle ne la vivrait jamais elle-même. Mais elle comprend petit à petit que Worgan n’est sans doute pas si heureux que ça non plus. Et, surtout, pas le coupable qu’elle le pensait être.

La lieutenant rit doucement à la remarque qui suit. Un rire autant sincère qu’il sonne légèrement ténébreux.

- Certains vous diraient même que je suis la meilleure.

Le clin d’œil appuie l’affirmation. Fierté qui renforce un ego bancal. Danessa préfère laisser ses trop nombreux défauts et échecs de côté. Se concentre sur les qualités et les victoires pour ne pas sombrer. Jusque-là, ça a suffi. Et comparé aux personnes que le jeune Worgan doit côtoyer en prison, pour y en avoir envoyé plusieurs, elle sait qu’elle est loin de leur arriver à la cheville. Ou l’espère.

Mais son visage redevient sérieux devant ce qui semble être des accusations. Parce que l’infirmier a vu juste, évidemment. Elle ne devrait pas être aussi surprise, après tous les indices qu’elle a laissé tomber plus ou moins malgré elle, mais elle l’est. Agréablement impressionnée aussi.

- Comme quoi, j’avais au moins raison sur une chose. Vous n’êtes pas idiot.

Le compliment n’est pourtant pas souriant, au contraire. Danessa n’est pas venue parler d’elle, à la base. Et discuter de ses parents la met rarement en joie, même s’ils sont loin d’être un tabou. Parce qu’elle ne veut leur donner aucun pouvoir. Les ridiculiser jusque dans les mots donnés à autrui. Elle soupire à son tour.

- J’imagine que oui. Ils ne sont pas si rares que ça, vous seriez étonné.

Selon elle, c’est même plutôt l’inverse. Des parents aimants ? Il lui faudrait bien une heure pour arriver à en citer au moins une paire. Son travail n’aidant certainement pas à se faire des connaissances exemples en la matière.

Elle regarde Worgan un instant, silencieuse. Se demande si lui aussi, a réellement vécu la même enfance que la sienne. A certains niveaux, peut-être. A d’autres, elle espère sincèrement que non. Des violences qu’elle ne souhaiterait pas à son pire ennemi, en réalité. Sauf à son père et sa mère.

- J’aimerais bien vous dire que ça va mieux avec le temps, mais je n’ai plus très envie de vous mentir.

Sourire en coin, amusé bien que triste. Elle n’avouera pas où étaient ses mensonges. Comme elle ne peut pas dire que tout s’arrange miraculeusement. A bien des égards, c’est une sorte de deuil d’une enfance inexistante. Qui fait aussi mal que n’importe quel adieu.

- Mais même si vous pensez qu’il a gagné, il peut encore perdre. Suffit que vous profitiez de la vie que vous avez choisie.

Plus facile à dire qu’à faire, elle en convient. C’est pourtant la meilleure des revanches, à son sens. La première en tout cas. Les paroles de l’infirmier, prononcées plus tôt, lui reviennent alors. Comment profiter de la vie si on revient tout vous balancer à la figure dès que ça va mieux ?

- Est-ce que vous accepteriez de l’aide ?

Le revirement est violent, et ça fait même grimacer Danessa, qui décroise et recroise les jambes, mais fixe toujours Worgan. Qu'une part d'elle ne peut s'empêcher de suspecter. Et dont elle vérifiera chaque dire avant d'agir.

- Je peux tirer quelques ficelles, pour qu’on ne vienne plus vous emmerder. Vous questionner sur votre géniteur. Au moins du côté de la NBPD. Je n'peux pas contrôler les chiens de CERBER, ni les éléments solitaires, mais ce sera déjà un bon début.

Ça la fait grincer des dents. Alors qu’elle pense chacun de ses mots.

- C’est le moins que je puisse faire, si vous êtes réellement innocent.

Accepter l’erreur et la réparer autant que possible. Son Chef serait fier d’elle. S’il était encore là. Elle se dira qu’elle le fait en son honneur. Au fond, elle en a envie. Parce que si Worgan a vécu un centième que ce qu’a été son enfance, alors il ne mérite pas des inquisitions comme celle qu’elle vient de lui faire subir.

ft. @Cory Worgan

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05/05/2023

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Soupir au bord des lèvres alors que la conversation dérive vers des choses plus personnelles. Vers ces évidences qu'il ne veut pas s'avouer. Cory est bloqué derrière l'influence de son père, incapable de s'en défaire malgré les années qui défilent, malgré la sagesse qu'il prend chaque jour un peu plus. Bloqué et à bout de souffle d'essayer d'exister par lui même. Tout simplement parce que c'est impossible. Juste parce qu'il ne peut exister sans cette ombre qui plane au dessus de lui. De ça, il est persuadé et ça le touche plus qu'il ne peut l'avouer au monde. Pourtant il meurt d'envie de le lui crier, à elle, cette inconnue venue le trouver avec des intentions détestables, qui se montre désormais plus alliée qu'elle ne l'imagine probablement. Le rire résonne, le fait rouler des yeux face à l'arrogance qu'elle montre. Peut être qu'elle est effectivement la meilleure, mais le besoin qu'elle éprouve de le dire à voix haute le dépasse. Lui plus humble, se contente d'offrir la victoire au paternel, de se montrer moins bon qu'il ne l'est réellement. Deux côtés bien opposés qui les rapproche plus qu'il ne saurait se l'avouer. J'ose croire qu'ils sont moins nombreux que vous le pensez. Il l'espère en vérité. Il veut être l'exception pour que tous les autres n'aient pas à souffrir comme il souffre. Pour que les autres ne soient pas aussi durs que peut l'être son interlocutrice. Pour que les autres puissent être plus heureux qu'ils ne peuvent l'être.

Extrapolation face à ses propres sentiments quand il interprète au passage ceux de la femme de loi. Ah oui? Et quand avez vous menti? Il en profite le gamin, pour la décortiquer, pour savoir quand elle lui a balancé des mensonges pour obtenir ce qu'elle désirait. Pourtant il ne lui en veut pas. Il lui offre même un petit sourire au passage. Un peu timide toujours. Il n'est pas encore tout à fait à l'aise en sa présence. Toujours trop impressionné, toujours persuadé qu'elle saura l'accuser de quelque chose, même s'il n'est coupable que de peu. Je ne vous aurais pas cru de toute façon... Si vous m'aviez dit que ça s'arrange avec le temps. Je ne l'aurais pas cru. Vous l'avez dit, je ne suis pas un idiot. Il ne croit plus aux miracles depuis longtemps, même il a des capacités qui peuvent être nommées comme telle.

Et puis finalement, elle l'attaque sans en avoir l'air. En se montrant bienveillante à son encontre, en tentant de le rassurer de quelques mots, elle se montre plus agressive qu'elle ne l'a jamais été. Simplement en pensant qu'il peut être heureux. Vraiment heureux. Sans ombre au tableau. De ça, il a fait son deuil depuis longtemps, car il sait qu'il en est incapable. Il ne peut vivre sans se soucier de ce que son père a fait. Il ne peut vivre sans penser qu'il fera de même un jour... De l'aide pour faire quoi? Profiter de la vie? Vivre sans son aura? Etre heureux? Toutes ces suppositions qui lui passent par la tête et qui semblent stupides. Tellement stupides. Tellement bêtes qu'il ricane un peu d'un rire jaune, désagréable à ses tympans. Tout ça ne peut arriver et il relève vers elle un regard triste, blessé même. Heurté dans son cœur et attendri en même temps.

Cette inconnue qui veut essayer de l'aider et lui qui semble incapable de l'accepter. Bien sûr que je suis innocent. De ça en tout cas. Les mots dépassent sa pensée et il grimace finalement dans un soupir. Et puis jusqu'à ce que vous veniez, j'étais bien tranquille. Jamais personne ne s'est demandé pourquoi je bossais ici. Ni le directeur de la prison, ni aucun de mes collègues, personne. Pourquoi vous êtes aller jusqu'à imaginer tout ça? La lassitude et la fatigue le font rétorquer plus violemment qu'il ne le voudrait. Jamais agressif avec personne, il se montre plus mordant avec elle. Juste parce qu'elle veut l'aider... Il n'est peut être pas idiot, mais sa réaction elle, est bien idiote...
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