(laudna) i know the end

21/02/2023

i know the end
@amy armstrong & @laudna dee

"Yo, Amy, I’m heading home, you want me to do the last delivery on my way back? Dakota passe le bout de son nez et de ses mèches graisseuses par la porte. - Nah, don’t worry about it. - You sure? - I got it; be careful on your way— - Wait what? - What? - Why would you say that? - …Fuck you! Go home; I’ll see you tomorrow!" Amy écoute Dakota récupérer son blouson dans le casier grinçant et sortir par la porte de derrière, sûrement pour trafiquer encore il ne sait quoi avant d’aller faire nuit blanche dans il ne sait quel bouge du quartier. Après s’être succinctement essuyé les mains à son tablier pour finir sa bière, il les plonge de nouveau dans l’immense et crapoteuse friteuse qu’il s’évertuait à récurer, allant même jusqu’à transmuter le bout de ses doigts en acier pour faire plus ou moins l’effet d’une éponge métallique (en tout cas, ça en faisait le bruit, désagréable, qui le faisait tant grincer des dents qu’il avait aussi transformé ses molaires en acier pour que ça lui tire moins dans la mâchoire).

A vrai dire, il sait un peu pourquoi il a dit ça. Il ignore pourquoi c’est à Dakota fucking Bowers qu’il l’a dit, mais il sait pourquoi ça lui avait échappé. Dakota n’avait sans doute pas remarqué que, depuis qu’il était arrivé, il ne s’était quasiment jamais occupé des livraisons, et pas seulement parce qu’il était un sale gosse irresponsable qui était capable de renverser du V dans le fish and chips d’un client. Il n’avait donc peut-être pas capté que c’était essentiellement Amy qui se chargeait de faire les livraisons, quand bien même ça lui faisait perdre un temps fou, et autant d’argent qui allait avec. A ce stade, il n’aurait même pas été risqué de supposer que Dakota n’avait pas remarqué que le Red Chips faisait des livraisons tout court.
Depuis quelques années (deux ans, quatre mois et dix-huit jours plus exactement), Amy ne laissait plus personne d’autre que lui se charger des livraisons, aussi express soient-elles. Ça n’était pas par excès de zèle — ça n’était vraiment pas le motto de la maison, le principal (mais pas le seul) excès dont ils faisaient preuve était celui de l’huile de friture, mais plutôt par prudence. Une précaution sortie de nulle part, au premier abord, mais qui, si elle avait l’air d’être sortie de nulle part, n’était bel et bien jamais repartie.

Et, s’il y en avait une qui était également (et littéralement) sortie de nulle part, mais qui elle, était repartie, c’était Laudna, qui avait disparu depuis déjà deux ans (deux ans, quatre mois et dix-huit jours bientôt dix-neuf, plus exactement). Amy ne se l’était jamais vraiment pardonné, parce qu’Amy ne se pardonnait jamais grand-chose. il n’avait pas la maturité émotionnelle pour ça, pour ne pas dire qu’il n’avait même pas conscience que c’était quelque chose de possible, puisqu’en parallèle, personne ne lui avait jamais vraiment pardonné quoi que ce soit (enfin, c’est ce qu’il assumait, déjà lorsqu’il avait fui sa maison, ou quitter sa meuf).
Et, comme toutes ces casseroles auxquelles il avait refusé de faire face, le souvenir de Laudna le hantait. Bon, elle le hantait déjà quand elle était avec lui, alors il aurait été loin de s’imaginer que son absence pouvait peser encore davantage que l’aura cauchemardesque qui coulait de son visage comme du maquillage sous des trombes d’eau. Contrairement à ce qu’on pouvait penser, Amy n’avait jamais fait de cauchemars avec Laudna, mais il en avait fait sans elle.
Il ne sait pas si ça passera, comme rien de son histoire n’avait pu complètement passer, s’accumulant au fond de son estomac comme une boule de plomb (et, pour quelqu’un qui pouvait digérer le métal, c’était quand même assez ironique, anyway).

"Fucking brat…" marmonne-t-il à propos de Dakota, ou peut-être à propos de la friteuse, puisqu’il laisse tomber pour ce soir. Il arrache le tablier de sa taille et quitte l’arrière-cuisine pour aller récupérer ses affaires. C’est à ce moment-là, dans le silence relatif de la ville jamais complètement endormie, qu’il entend un froissement, le crissement d’une chaise, comme si quelqu’un avait trébuché dedans, provenant de la salle de restauration. Amy fait volte-face, les poings en acier serrés, et sans prendre beaucoup de précautions, déboule dans la pièce, les poings armés devant son visage. "Who the fuck is here??? Show yourself!"

20/07/2023

i know the end
@amy armstrong & @laudna dee

tw: psychophobie

Des fois, un mauvais pressentiment te prenait quand tu passais le pas entre la Surface et les Limbes. Tu essayais, vainement, de te retourner au dernier moment pour ne pas quitter le monde - mais le disque d'ombre finissait toujours par se refermer derrière toi dans un chuintement et la délicate odeur de soufre qui te collait aux vêtements.

Tu avais su, il y a deux ans, que tu faisais une grossière erreur. Tu venais de déposer le fish and chips chez le client après t'y être téléportée - le trajet limbique n'avait duré que cinq minutes. Tu te répétais souvent ce que j'avais essayé de t'apprendre, que l'entraînement te rendrait meilleure, que ton abomination était comme un muscle qu'il fallait plier et tendre pour le rendre plus fort. Et c'était vrai, ton travail commençait à porter ses fruits. Tu te perdais de moins en moins dans notre Royaume, parvenait à peaufiner de plus en plus ta relation avec l'amulette te permettant de ne pas te retrouver à des époques complètement différentes. Tu étais de plus en plus utile, de plus en plus efficace, de plus en plus précise: soumise aux ordres de l'homme désormais appelé Osmond Rose, enroulée autour de lui comme un serpent en mal d'amour, comme si il avait jamais pu un jour m'arriver à la cheville.
Une fois la commande déposée et le pourboire, plutôt généreux, empoché, les portes des Limbes s'étaient rouvertes sur toi et t'avaient happées. Et le mauvais pressentiment t'avait fait comme un coup de poing dans le ventre, qui ne s'était pas délogé pendant dix ans.

Il est difficile d'expliquer les Limbes à celleux qui n'y sont jamais allé.es. Tu n'as jamais essayé, certes, mais tu y as souvent pensé. On pourrait penser que c'est l'esthétique horrifique de la chose qui se bute contre la description, mais tu as toujours eu plus de mal à conceptualiser la société limbique, ses strates et ses seigneurs et ses machinations politiques. Tu m'avais même perdu moi, dans tes élucubration confuses; et je t'ai toujours dit que personne ne te comprendrait comme moi.
Peut-être que c'était pour ça que tu n'avais jamais rien dit à personne. Tu avais fini par croire à cette idée que tu étais une imbécile. Et comme toutes mes idées, elle faisait office pour toi de foi.

Ta traversée des Limbes avait pris fin au terme d'un long périple dont nous passerons les détails. Il y avait une seule constante à tes aventures dans les Limbes: elles avaient toujours, toujours une fin. Il n'y avait rien de plus cruel que de quitter cet endroit en sachant pertinemment qu'on finirait par y revenir, invariablement, par nécessité ou envie, et que le même schéma se répéterait. Quand enfin l'espace liminal entre Limbes et Surface se fit assez fin, un disque d'ombre vint te happer toute entière, et te recracher dans l'entrée du restaurant d'Amy.
Ta forme horrifique te forçait dans un physique semblait tiré tout droit d'un film d'horreur et te confinait, en parallèle, dans un état d'esprit tranquille et sans remous. Les choses t'arrivaient comme à une étrangère, lors que tu habitais les ombres, et tu ne t'émouvais de rien. Pas même des dix années perdues dans les Limbes; ni du temps perdu à la Surface; ni de rien.

Pendant un instant, monstrueuse, tu restes là sous les néons de la salle de restauration, sans comprendre. La première chose que le monstre pense: Amy a changé le menu. La deuxième: de toutes façons, personne prenait jamais la salade. La troisième: elle est tellement désolée.
Le cou tendu de la créature craque quand la porte de la cuisine s'ouvre à la volée, laissant place au propriétaire des lieux. "Who the fuck is here??? Show yourself!" Pendant un bref instant, forme horrifique et mutant se font fasse, poings en acier contre visage pâle. Et puis, elle lui fonce dessus dans un saut brusque et soudain qui ne laisse que penser à la violence.

C'est par je ne sais quel miracle que tu évites de justesse le poing d'Amy et fonds dans ses bras à la vitesse de l'éclair, redevenue humaine le temps d'un battement de coeur. Tes bras se referment autour de son torse avec une force jamais vue auparavant, et c'est de peu que tes jambes n'essayent pas d'en faire de même. Ton corps bat fort dans ta poitrine et tes oreilles, et tu découvres sans honte que ton visage est déjà baigné de larmes. Pendant un long moment, tu ne peux rien dire et simplement pleurer, d'angoisse et de soulagement, peut-être, à sentir le mélange de sueur et de friture qui émane, comme toujours, pour toujours, d'Amy Armstrong. "A-A-Amy," essayes-tu d'articuler entre deux rasades de tes anime tears. "Y-Y-You..." Mais tu ne parviens pas à finir ta phrase, et te résolus donc simplement à continuer de pleurer, tes bras toujours serrés autour de lui comme un étau de fer - tu pourrais presque lui envier son nom ou son don à cet instant précis.

Tu te souviens alors de l'homme désormais nommé Osmond Rose, et te détache à regret d'Amy pour le regarder dans les yeux, tes grandes mirettes animées d'une lueur terrifiées. Tu as peur de la réponse, que tu imagines déjà en mois, même si tu notes déjà tout un tas de détails qui te font tiquer (le menu qui a changé, les rides légères autour de ses yeux, ses cheveux trop longs, le nouveau tatouage sur son avant-bras, sa prise de poids et de muscles et surtout de pectoraux) et qui referment sur ton coeur une poigne d'acier. "A-Amy, what day is it today?"

21/02/2023

i know the end
@amy armstrong & @laudna dee

Si Laudna lui a parlé de sa mutation et de sa forme limbique, Amy ne pensait pas l’avoir encore vue. Il était cependant persuadé de l’avoir aperçue, de temps en temps: quand Laudna se tenait debout dans le coin de son champ de vision, il avait parfois l’impression que sa forme shiftait et, quand il tournait la tête, ça avait disparu. Parfois, quand il tournait la tête, c’était elle qui avait l’air d’avoir disparu, et peut-être même qu’elle ne s’était jamais trouvée là en premier lieu, mais qu’il l’y avait projetée, parce qu’à ce moment-là, son cerveau avait eu besoin de compléter l'image, de lui trouver une place dans son tableau. Amy pensait avoir vu la forme horrifique de Laudna comme on ne peut plus ignorer le faux raccord d’un film, après en avoir lu le top 10 sur l’équivalent topito du futur.
Et puis, de temps en temps, il n’avait pas tant eu l’impression de voir la forme horrifique de Laudna que de la sentir; quand il lui semblait, en posant la main sur son épaule, qu’elle était plus grande que d’habitude, quand le blanc de ses cheveux était plus crayeux encore que d’accoutumée, ou ses yeux trop noirs pour qu’ils puissent encore donner l’impression que ses iris n’étaient pas tout simplement du vide, élargissant ses pupilles, dévorant ses sclères.

Aussi, Amy ne comprend pas tout de suite ce qui lui fait face. Son cerveau tambourine entre la peur et l’incompréhension. C’est cette indécision qui relâche pendant un très court instant la tension dans ses poings, donnant à la créature le temps de se jeter sur lui. Amy reste figé, interdit d’abord, quand il constate que la forme qui s’est jetée sur lui n’est pas aussi grande qu’elle en avait l’air, alors qu’elle n’avait été qu’à quelques mètres de lui.
Il n’y a pas de fureur, ni de violence, dans les bras qui se referment autour de lui, mais plutôt une détresse désespérée. L’impact ne l’a pas ébranlé, mais il a l’impression que son cœur, lui, a été projeté au fond de sa poitrine, rebondissant contre sa cage thoracique; il se surprend à le changer partiellement en acier, pour en calmer les battements, quand il reconnaît la voix qui s’échappe de la silhouette longiligne enroulée autour de lui. "A-A-Amy, y-y-you…" Les longs cils blonds d’Amy battent compulsivement, chassant la moiteur qui monte à ses yeux qui se résolvent enfin à se poser sur: "Laudna…?" coasse-t-il à mi-voix, refermant ses bras épais autour d’elle, rentrant les épaules autour d’elle tant elle était frêle. Il a peu de considération pour la fragilité de son gabarit, et la serre contre lui avec une hargne malheureuse. Son menton épousant la ligne de son front, il colle un long baiser sur son crâne, murmurant des: "I can’t believe you’re back. Where the fuck have you been?" qu’on entend à peine.

Lorsque Laudna relève la tête, laissant une trace humide sur le marcel blanc d’Amy, il lâche un peu de leste, ses doigts verrouillés dans son dos. "A-Amy, what day is it today?" Il ne répond pas tout de suite, prenant le temps de regarder son visage hanté, pour se souvenir d’à quel point elle lui avait manqué. Il bafouille, cherche des yeux un indice, alors qu’il sait pertinemment la réponse, puisqu’aujourd’hui, comme chaque semaine, c’est red fish and chips. "It— it’s Saturday— I mean, it’s the middle of May— you… it’s been two years, Laudna… Deux ans, quatre mois et dix-neuf jours. I thought… I thought you— Il lui paraît soudain stupide d’avoir pensé qu’elle s’était faite enlevée par Icarus; mais disons qu’il n’avait pas eu de chance, et que plus ou moins en même temps que Laudna s’était perdue dans les Limbes après sa livraison, une autre mutante s’était faite alpaguée par Icarus et il n’en avait pas fallu plus à Amy pour faire un amalgame, alors que Laudna n’avait pas besoin d’un conglomérat politico-médiatique superpuissant pour se faire effacer de la surface de la Terre. Are you okay? Where have you been?"

20/07/2023

i know the end
@amy armstrong & @laudna dee

Tu as toujours beaucoup apprécié Amy, dont la vacuité chill faisait écho à la tienne et dont l'intensité de sa gentillesse t'éblouissait comme un soleil. Tu ne peux plus compter le nombre de soirées que tu as passé dans le restaurant à le regarder silencieusement travailler en jetant des regards à la télé défoncée montrant des rediffs d'émissions stupides; tu ne peux pas expliquer à quel point l'amitié, la patience et la prévenance d'Amy ont pu te réchauffer le coeur quand tu pensais que New Blossom allait s'écrouler autour de toi; tu ne peux pas rationaliser à quel point il t'a manqué.
Il t'a manqué: l'intensité de son regard, ses cheveux incroyables que tu envies maladivement, l'odeur suspecte de son t-shirt, la solidité quasi-inhumaine de son physique. Il t'a manqué et quand tu vois les émotions humides qui se sont emparées de son regard eau claire, tu t'en veux d'en être la cause. Vous ne vous tenez plus mais vous êtes encore tellement proches l'un de l'autre, prêts à rattraper l'autre si il faisait mine de s'enfuir. Ton instinct te dit que tu devrais aller trouver le Serpent, mais tu as presque peur de quitter le regard-ancre qu'Amy pose sur toi.

"It— it’s Saturday—" Tu te sens déjà devenir pâle et malade, ton coeur chutant dans ta poitrine en attendant la suite: "I mean, it’s the middle of May— you… it’s been two years, Laudna…" Deux ans. Ça fait deux ans.
Le monde devient obscur et ta vision devient un tunnel: tu te retrouves à ciller, ton regard perdu dans un lointain inaccessible. Deux ans. Ce n'est rien par rapport à certaines de tes aventures; et pourtant, c'est énorme. Si, auparavant, tu pouvais te permettre de disparaître et de réapparaître au gré des caprices des Limbes, c'est désormais un problème. Pour la première fois de ta vie, des gens comptent sur toi. Tu as des ami.es. Qu'on fait Fury, Hush et Amy pendant deux ans? T'ont-iels pensée morte? Lâche et disparue? "I thought… I thought you— - I'm- I'm so sorry, Amy... - Are you okay? Where have you been? - I got lost." Tu n'as pas le droit d'en dire plus, souviens-toi.
C'est l'histoire du père qui va chercher des clopes et qui revient vingt ans plus tard, avec les clopes. C'est injuste et cruel. En trois petits mots, tu résumes l'horreur de ta situation d'une manière absurde qu'Amy ne comprendra jamais, parce que tu ne pourras jamais lui expliquer.

Et rappelle-toi que personne ne pourra jamais comprendre. Et qu'à vrai dire, tu n'as pas envie qu'ils comprennent. Parce que si tes proches comprenaient exactement la teneur de tes pouvoirs, ils te craindraient plus qu'ils le font déjà. Ils te haïraient. Et probablement, ils te chasseraient. Réfléchis-y, Laudna.
Certains ont bien compris que tu allais quelque part pendant tes téléportations, mais personne n'a encore touché la vérité du bout du doigt. Pas même les Orphans... oh, il va falloir que tu rappelles tout le monde. Que tu t'expliques à l'homme qui se fait appeler Osmond. Que tu t'excuses auprès de Fury. Que tu parles à Hush. Te pardonneront-ils?
Tes larmes se remettent à monter et coulent silencieusement d'abord, puis à grands fracas, full anime style. Tes bras se referment autour de toi-même, dans une parodie de l'étreinte écrasante d'Amy que tu n'oses pas lui demander de te donner. Tu restes là, plantée devant lui, misérable et pathétique, à pleurer. "I'm so sorry, Amy, I got lost, I tried to find my way back but I couldn't, I tried, I t-tried really hard but I got... it was... it was horrible, and I'm so sorry," tu balbuties, les mots vomis entre quelques larmes, incompréhensibles pour la plupart. Tu sais que je te déteste quand tu fais ça...
Mais tu n'arrives pas à sortir de cet état. Au final, tu t'abandonnes tout à fait à ta vulnérabilité, et te laisse littéralement tomber en avant jusqu'à ce que ton front se pose sur sa poitrine. "I missed you... I missed you so bad... Amy, I'm so sorry... I'm sorry if I scared you, too, you weren't supposed to see that... I tried my best but..." Mais il n'était pas assez bien. "Sometimes I get trapped... out there. And I can't really control when I get back."

21/02/2023

i know the end
@amy armstrong & @laudna dee

"I got lost." Amy voit le désarroi qui fait rage derrière le visage de Laudna. Dans son souvenir, Laudna avait toujours l’air de vrombir, même si elle avait l’émotion discrète, le visage dévoré par ses cheveux trop longs et ses traits trop émaciés. Il y a un univers terrible, un cosmos cauchemardesque derrière les yeux de Laudna, dont Amy n’embrasse qu’une infime surface, à l’abri de l’autre côté de ses yeux. Il ne réalise pas ce à quoi il fait face, il ne réalise pas ce dans quoi elle vit, ce dans quoi elle s’abrite, s’il s’agit d’un espace, d’un temps ou d’une entité, trop vaste, trop ancien.

Ce qu’il réalise, cependant, c’est que Laudna s’est remise à pleurer, recroquevillée sur elle-même comme une araignée à demi-morte, des larmes plus grosses que ses yeux trempant les creux de ses joues. "I'm so sorry, Amy, I got lost, I tried to find my way back but I couldn't, I tried, I t-tried really hard but I got... it was... it was horrible, and I'm so sorry." Amy secoue la tête, tendant les bras vers elle en même temps qu’elle se laisse tomber contre lui. Ses doigts se referment sur ses épaules, dans son cou, pinçant affectueusement sa nuque, balayant les cheveux trop fins et presque transparents. Leurs deux épidermes jurant l’une avec l’autre, comme si celle d’Amy avait aspiré tout le sang de celle de Laudna. "No, no, it’s ok, Laudna, it’s fine; you’re back now, you did it, you’re back, and that’s what matters," répète-t-il consciencieusement.
Amy ne comprenait pas tout, en ce qui concernait la déroutante déchirure de Laudna; cette incompréhension le frustrait, bien évidemment, d’autant plus que personne d’autre que Laudna n’avait l’air de comprendre ce qui lui arrivait, et qu’en cela, Amy savait à quel point elle devait se sentir seule, qu’elle n’y pouvait rien, et qu’il n’y pouvait rien non plus. Et, l’impuissance, quand on peut soulever de sacrés kilos à la salle, c’est insupportable.

Mais étrangement, Amy sait que tout ça n’est pas à propos de lui. Alors il enveloppe ses pensées dans du métal et les épaules de Laudna dans ses bras, la ramassant contre lui et ses odeurs de friture. "I missed you... I missed you too, sugar. I missed you so bad... Amy, I'm so sorry... I'm sorry if I scared you, too, you weren't supposed to see that... I tried my best but... - Sssh, it’s alright, D, don’t worry, répète-t-il en caressant ses cheveux, les yeux un peu dans le vague tandis qu’il se souvient inévitablement de l’engeance sous la forme de laquelle elle avait fait irruption dans son restaurant, comme expulsée des backrooms. "Sometimes I get trapped... out there. And I can't really control when I get back." La main d’Amy se referme complètement autour de la nuque de Laudna avec une facilité déconcertante, et il tire deux chaises sur l’une desquelles il la fait s’asseoir. Il lui lâche le cou, et prend ses mains dans les siennes. "The most important thing is that you did it anyway, D. Il s’accroupit à ses pieds. It doesn’t matter if you gave me the heebie-jeebies in the process, explique-t-il en forçant une mine déconfite. Promise me you won’t tell anyone, ok? I’m supposed to be a manly-man, y’know…"

Il jette un coup d’œil par-dessus son épaule pour observer la cuisine endormie. "Are you hungry, D? You need anything? Imma get a little something ready for you." Sans appel, il se relève, et tire la chaise (et Laudna dessus) juste à côté du comptoir derrière lequel il retrouve sa place. Il ne s’éclaire qu’à la lumière de la hotte qui vibre doucement, tandis qu’il se met à cuisiner un cheeseburger pour Laudna, l’odeur de viande grillée grimpant dans l’air, grasse et réconfortante. "How… how does this work? when you’re back, I mean. Do you still have a place to stay? Do you need to contact somebody else? Hush is gonna be so fucking happy… respire-t-il en visualisant déjà la réaction de Hush, ayant senti sa souffrance dans leurs silences. You know what? We should throw a party for you; you know, like, reverse retirement party!" Amy s’anime derrière ses fourneaux, se voyant déjà accrocher une vieille guirlande épelant avec force coquilles welcome back, baby girl ou congrats on the comeback, D, des petits fours surgelés et surtout de l’alcool à ne plus savoir quoi en faire. Hush pourrait s’occuper de la playlist, il sait ce que les filles aiment comme musique. What d’you think?"

20/07/2023

i know the end
@amy armstrong & @laudna dee

La main épaisse et musclée d'Amy se referme autour de ta nuque, t'emprisonnant dans une étreinte tant affolante que réconfortante; comme ces petits lionceaux qui se font balader par leurs mères sans résister, tu te laisses te faire asseoir sur une chaise grinçante en réprimant difficilement tes larmes. Tu as mal partout dans la poitrine, autant tes poumons qui crient au supplice de ne pas avoir assez d'air, que tes côtes qui luttent contre la peau fine de tes flancs pour leur laisser de la place. Tu as surtout mal au coeur: de t'être perdue, d'être de retour, de la solicitude tendre avec laquelle t'accueille Amy et que tu penses ne pas mériter.

"I'm sorry, Amy, I'm so sorry." Tu restes coincées sur ces quelques mots quand il te relâche, lève les mains pour les plaquer sur ton visage déformé par le chagrin mais il les attrape au vol. Il y a toujours quelque chose d'étrangement réconfortant à cette vision: ses mains pleines de cicatrices et veineuses, tes mains osseuses et pâles comme celles d'un cadavre. "The most important thing is that you did it anyway, D." Il s'accroupit devant toi et tu serres ses mains dans les siennes, en reniflant à grande caisse et en posant vos mains sur tes jambes. "It doesn’t matter if you gave me the heebie-jeebies in the process. Promise me you won’t tell anyone, ok? I’m supposed to be a manly-man, y’know…" D'une manière pas du tout caractéristique, tu te surprends à rire légèrement. "You're the manliest man I know, Amy." Tu le penses véritablement.

Cela a eu le mérite de t'arrêter dans tes larmes et tes chouineries; tu te calmes difficilement après plusieurs longues et profondes respirations, et hoche la tête quand il te demande si tu as faim. "Are you hungry, D? You need anything? Imma get a little something ready for you." Tu n'as pas du tout faim, à vrai dire, mais tu as envie de - quelque chose. De t'occuper les mains, ou la bouche, ou l'esprit. De regarder Amy cuisiner, aussi, quelque chose qui t'a toujours remplie d'un étrange réconfort.
Tu ne cilles même pas quand il te traîne, toujours assise sur la chaise, jusqu'à la cuisine. Lentement, tu te détends alors qu'il commence à préparer la nourriture. Tu pourrais le regarder faire pendant des heures (tu l'as déjà fait, d'ailleurs, l'accompagnant à de nombreux shifts sans jamais proposer de mettre la main à la pâte; il n'a jamais demandé).

Le silence est rassurant, seulement rompu par les bruits des sachets plastiques qui sont déchirés, le grésillement de la viande, et tes reniflements à outrance. Tu t'essuies le visage et le nez dans la manche de ton pull. Tu devrais vraiment récupérer ton téléphone au fond de la poche de ton jean, envoyer au moins un message à Bobby et à Hush, mais tu ne bouges pas. Tu n'en as pas la force pour l'instant. "How… how does this work?" Tu te tends en entendant la question, déjà prête à sortir l'explication toute écrite que tu offres aux Orphans qui te questionne sur tes déchirures, mais tu fais fausse route sur les intentions d'Amy: "When you’re back, I mean. Do you still have a place to stay? - Oh... - Do you need to contact somebody else? Hush is gonna be so fucking happy…" Tu renifles un peu en posant une main coupable sur la poche de ton jean déformée par ton téléphone. "He's going to be so mad at me," gémis-tu à mi-voix en imaginant la réaction tant exubérante que rassurante de ton meilleur ami.

Tu n'oses pas poser à Amy plus de questions. Tu devrais, sans le moindre doute. Mais il y a toujours ce quelque chose qui t'empêche de le faire, parfois. Ce n'est pas vraiment de la fierté, mais presque. Tu as vite appris que poser des questions ne faisaient qu'en apporter dans ta direction; alors tu restes mutique, raisonnant que tu en apprendras plus toi-même plus tard. Tu espères que personne ne sera trop exaspéré de te revoir... "You know what? We should throw a party for you; you know, like, reverse retirement party! - A... reverse retirement... what? - What d’you think? - Oh, Amy, I don't know..." commences-tu déjà à hésiter avec de grands yeux humides écarquillés. "Isn't everyone going to be very mad at me for... for not being here?" Tu n'as pas peur de te faire virer des Orphans, tout de même, mais tu sais que Osmond est aussi indulgent et tolérant que toi, et qu'il y aura nécessairement des retombées désagréables. "You really think Hush is going to be happy to see me?" Toujours assise sur la chaise, tu croises les bras pour les poser sur le plan de travail à côté de toi, et y pose ton visage. Tu regardes Amy entre deux mèches de cheveux blancs et gras. "Do you think you could... give me a recap... of stuff?" demandes-tu timidement, d'un mince filet de voix qui disparait presque sous le grésillement de l'air climatisé.

21/02/2023

i know the end
@amy armstrong & @laudna dee

Il est difficile pour Amy de distinguer dans la pénombre et de sous les larges vêtements de Laudna si sa silhouette se détend. Elle porte des fringues si larges qu’elle aurait pu s’y caser elle et son double démoniaque en même temps. Amy l’épie avec attention, de derrière sa plaque de cuisson, d’où s’élève une fumée un peu âcre et graisseuse, tant pour voir si l’idée lui plaît que surveiller qu’elle ne disparaisse pas une nouvelle fois, avalée par ses propres ténèbres.
"Oh, Amy, I don't know… Isn't everyone going to be very mad at me for... for not being here?" Amy chasse cette idée saugrenue d’un mouvement de main, une spatule coincée entre ses doigts qui projettent des gouttes de gras sur son marcel blanc. "You fucking kiddin me, D? Everyone’s gonna be so fucking happy you’re back!"

Oh, la vérité est plus complexe, Laudna en a bien conscience et, si Amy joue à l’imbécile heureux, il se doute bien, au fond de son esprit, que son retour ne se fera pas aussi simplement. Peu d’Orphans comprenaient la déchirure de Laudna et, si Osmond Rose savait certainement qu’elle pouvait être sujette à ces "perditions limbiques", iels seraient plusieurs à ne pas y croire, voyant plutôt là un genre de désertion. Amy, lui, l’avait crue morte, aussi, cette pensée parasite ne lui avait jamais traversée l’esprit. Il ignore s’il aurait été de celleux-là, dans le cas contraire, et si, de fait, il lui en aurait voulu.
Peut-être même que dans son chagrin, il lui en avait voulu d’être morte.

"You really think Hush is going to be happy to see me?" Amy souffle du nez bruyamment, tandis qu’il retourne le steak et entasse sur sa surface une pile généreuses de tranches de cheddar d’un orange presque fluorescent. "You bet! coasse-t-il d’évidence. He’s about to be so insufferable about it! Be ready to have him glued to your tiny ass for the rest of your life!" promet-il avec une certitude réconfortante, omettant le fait qu’elle était déjà bien plus vieille qu’eux deux et leur survivraient très certainement.
Le steak croulant sous le fromage fondu est retiré d’un geste expert de la plaque, et écrasé entre deux pains, recouvert de tout un tas de sauce aux couleurs différentes mais au goût très certainement similaires. Amy appuie un peu dessus du bout de sa spatule, histoire de bien faire dégorger le fromage qui éclate en petites bulles sur la mie de pain. "Do you think you could... give me a recap... of stuff?" Il essuie son front luisant. "Yes, sure! But first, you gotta try this… Il dispose le cheeseburger gras et stuffy sur une assiette qu’il amène à la manière d’un serveur chic jusque sous le nez de Laudna. Et voilà!"

Il lui laisse quelques secondes pour observer, sentir et apprécier l’exact même cheeseburger qu’il lui avait tout le temps cuisiné avant qu’elle disparaisse. "I finally got a name for it, avoue-t-il, après une conversation badine qu’ils avaient eue avant tout ça. What d’you think of… the limburger? Ses gros yeux bleus sont fichés sur son visage, dans l’attente de la moindre réaction. You know, limbo, burger, because limbo is kinda your stuff…" explique-t-il avec impatience.
Satisfait de son petit effet de spectacle, il s’essuie les mains dans un torchon crapoteux qu’il jette sur son épaule, et tire une chaise à lui sur laquelle il s’assoit à califourchon, ses bras épais appuyés sur le dossier devant lui. So you want a recap of stuff? Man, I don’t really know where to start… I mean, except for your disappearance, nothing much out of the ordinary… We got a bunch of gigs, especially last summer; it was pretty busy. We got a new guy right after you left but he died like the week after? That was nasty, dude." Son visage grimace à mesure qu’il démêle son récit à une lenteur presque pénible.
But then, we found a new place in the Underapple, that’s pretty nice, if you like mutant rats and mold. But at least, the floor isn’t breaking under your feet like the previous one, remember?" Il ricane en se rappelant cette fois où pendant un meeting, Hush avait littéralement disparu d’un coup, s’étalant à l’étage d’en dessous où survivait une petite vieille qui l’avait chassé à coups de balai.

"And I changed my menu for a while! but it was too difficult so I had to change it back… You know how Rose likes his fish and chips…" maugrée-t-il, les yeux roulant dans leurs orbites. A ce moment-là, son téléphone vibre dans sa poche arrière. "Well, speaking of the devil… il s’interrompt quelques instants, le temps de déchiffrer l’énigmatique message de son patron. Ugh, I think he texted me with his butt again. Well, that’s also part of the hot news: Osmond Rose learnt how to text!" Il montre succinctement l’écran où une bulle de conversation est apparue, remplie de lettres aléatoires. "To be honest, I kinda freaked out the first time he sent me an emoji…"
Une nouvelle fois, son regard s’illumine. "Oh! D’you want me to take a picture of you and I can send it to the guys?? Like guess who’s back? They’re so gonna freak out!!"