fast & furious (ludvig)

Curtis n'est pas confortable dans le siège passager, un bras sur l'accoudoir, se forcant à ne pas agripper le siège de toutes ses forces. Il s'inquiète à moitié pour sa sécurité, l'autre moitié pour son véhicule. S'il calculait en terme de pourcentages, il accorderait facilement la majorité au véhicule. Ce qui peut paraître ridicule, mais il s'agit de l'investissement de sa vie dont il continue de rembourser le prêt. Le crime payait à une époque. Maintenant qu'il a décidé de se racheter, il ne roule plus autant sur l'or.

« Bon c'est pas compliqué. T'as pas le vertige j'espère. » La question est posée sous forme d'affirmation qui n'appelle à aucune réponse. Curtis ne préfère pas savoir dans quel galère il s'est engagé, lui qui souhaite rendre service à la famille. On lui a dit que Ludvig voulait apprendre et ce serait surement plus pratique pour son boulot, alors soit. Curtis ne prétend pas être le meilleur moniteur, il est le moins cher. C'est un argument suffisant.
Il adore sa voiture.
Il adore conduire dans les airs.

Cette liberté, une des rares qu'il possède. Pouvoir surplomber la plèbe et faire un doigt d'honneur à tous ceux qui lui ont dit qu'il n'y arriverait pas. Il n'a pas fait grand chose de sa vie, il a tué quelques personnes au passage, il a fait couleur beaucoup de sang, moins d'encres sur ses fiches de paie. Beaucoup de liquide dans ses poches également, du cash pour mettre ses parents à l'abri et d'autres enfants dans l'Underapple. Aujourd'hui c'est lui qui conduit la bagnole. Il imagine que ces pauvres riches n'ont jamais tenu un volant de leur vie, ils sont bien content d'avoir des chauffeurs, des valets, des petites mains pour faire leurs lacets ou laver leurs slips.
Son personnage préféré dans Cendrillon c'était la souris de toute façon.

Il est content que Ludvig s'en soit bien sorti. « Quand tu es prêt à décoller tu le dis, c'est le même principe qu'une boite de vitesse. Tu vérifies bien qu'il y a personne, les gens sont assez con pour pas regarder devant eux. Il siffle, prêt à déverser son venin sur les autres usages du ciel. Les pigeons sont plus respectueux des priorités. « Si tu dois te crasher tu vises le sol ça fait moins de dégât et on souffrira pas longtemps. »

Il est difficile de ne pas se laisser contaminer par la joie de Ludvig qui transpire par tous les pores de son être. Curtis essaye de maintenir un certain professionnalisme, sans être capable de contenir un sourire franc en voyant son cousin aussi enjoué. Comme quoi, il en faut peu pour être heureux. "Peu", c'est tout de même sa voiture volante hors de prix pour laquelle il s'est fortement endetté et pour qui il a du tuer beaucoup de gens afin de rembourser les mensualités. Sa fierté. « Yeah, it's awesome. Une certaine froideur dans la voix, typique du personnage. You can warm the seats, it's nice during winter. Une option superflue dans il tend à abuser. Curtis aime la chaleur, sans doute en rapport à sa mutation. Des petits plaisirs comme celui-ci qu'il s'autorise. Un peu de sympathie qui apparaît, comme ça, l'air de rien et qu'il cache en détournant le visage. « People are stupid. » Curtis ricane et le pense vraiment. Son frère ne l'est pas, contrairement à ce que Lisa a dit.

Curtis s'accroche littéralement à son siège, surprit par la voiture qui s'emballe. Arraché à un mauvais souvenir. « I told you. Be careful. » Il est dur, mais de sa part ce n'est rien de personnel. Et oui, ils volent, mais ça n'a rien d'extraordinaire, si ? Peut-être un peu. L'estomac se décolle lui aussi, toujours un léger inconfort avant que la sensation grisante de la liberté le rattrape. C'est juste incroyable, incomparable. L'homme a toujours cherché à voler, certains y parviennent grâce à une pilule ou une dose de sérum. Ou les bons gênes. Voilà l'avenir de l'humanité. Curtis a besoin de sa voiture, les sensations sont toujours aussi bonnes. C'est pour ça qu'il aime son job, qu'il continue même si les gens sont stupides.
Il vole. Il est tranquille dans le ciel. Tout paraît plus petit, plus insignifiant.

« Speed limit is the same, but I don't really pay attention. As long as they don't catch you, you're fine. » Curtis reste raisonnable pour ne pas tuer quelqu'un par accident ou rencontrer la façade d'un immeuble. « Don't. thank me, he means.
Il n'y a pas de quoi. « One day I'll show you how to fly upside down »

Les voitures sont délicates. Quand il a commencé à conduire avec d'autres chaffeurs et patienter sur les parkings, devant les grands édifices ou même à la sortie d'une soirée, Curtis a été forcé de porter attention à ce qu'ils avaient à dire. Physiquement, ils sont tous indissociable, une rangée de type en costard propre et bien repassé, récupéré au pressing juste avant de venir. Les chaussures vernies, la même dégaine polie. Mentalement, le niveau ne vole pas haut. Ça plane dans le ciel sans être des lueurs. Juste des types bouffis d'égocentrisme. Curtis fume parfois avant de prendre le volant, ça le détend. Ca lui permet de supporter les conneries grasses qui s'échangent avant de décoller. Les voitures c'est comme les femmes, délicates. Nan, les voitures c'est comme les égo de ces fils de riches et de ces machos à la con. « I know right. But don't be scared, the car will always obey you in the end, it's a mean to an end. » Curtis aime sa voiture, mais pas au point de lui accorder plus d'humanité qu'à un vrai être humain, ni au point de commencer à lui trouver un petit nom. Et puis quoi encore ? Il en prend soin parce que c'est un investissement, celui de sa vie (au lieu de s'acheter un toit pour se couvrir la tête). Curtis tenait tant que ça à voler. Un outil primordial à son activité très lucrative.

« Never. Non pas que ça lui a traversé l'esprit. Voir un de ses connard de passage traverser la vitre, s'exploser quelques mètres plus bas dans un fracas de métal. Curtis tient à sa vie. Few scratches maybe, it's always annoying when it happens. » La facture du carrossier est toujours faramineuse. Curtis est prêt à mettre le prix, c'est son gagne pain, l'apparence de sa voiture doit toujours être parfaite. Il doit toujours être parfait. La question de Ludvig le surprend et le prend de court. Il se gratte la joue comme si la réponse se trouvait quelque part dans sa barbe. Cutis ne fait plus attention à ses clients pour qu'ils payent. Difficile de savoir leurs moyens réels, tant certaines jouent des apparences alors que la richesse s'amenuise. « I don't care about who they are. I couldn't tell you, but I guess I remember one in particular, with a pretty face like yours. Un véritablement charmeur de serpent et Curtis s'est fait charmer, il doit l'admettre. He used to live on the Aerium so I guess he's as rich as I'm poor. They say and do stuff you can't imagine » Tout le monde essaye de combler l'ennui. Quand on a l'argent, forcément, les possibilités sont aussi infinies que la stupidité et les méthodes questionnables. « You know, drugs, booze, sex, cheating...Tried to seduce me. »

Curtis lui assène un regard plus noir par dessus ses lunettes de soleil. Pas de looping pour l'heure, son estomac n'est pas suffisamment attaché. « I could show you, but we won't do it now. You're not ready. » Lulu doit encore s'habituer au véhicule. Encore un peu, puis Curtis pour s'estimer assez confiant. Déjà, il sourit en coin, fier de son cousin. « It's nice, you know. Spending time with you. »

Curtis ricane en imaginant Ludvig avec ses clients. Ce n'est pas de la moquerie, ça ne lui viendrait pas à l'idée. Ce qui l'amuse, c'est les réactions des clients et des idiots dans les soirées. Luvig est plutôt imposant et dénote dans le paysage. Il doit lui aussi avoir envie de s'arracher les cheveux s'il doit supporter les conneries. Pourquoi les gens comme eux sont autant attirés par ce genre de boulots ? Curtis aurait pu faire un milliard de chose et il a choisi de rendre un service. Pour Ludvig, ça fait presque sens. C'est un engagement qui lui va bien, prendre soin des autres. Pour lui, ça n'a pas toujours été une évidence. Curtis a commencé son activité pour se faire de l'argent facilement et espionner la haute société. Il n'avait pas prévu d'être prit dans les mailles du filet. Tout comme il n'avait pas prévu d'être amadoué par une offre alléchante.

Dit it work ? Le sourire de Curtis s'étire sur ses lèvres. Ironique. Devrait-il se confier à son cousin ? Il n'en parle à personne, même à demi-mot. Un secret bien gardé, celui de sa plus grande honte personnelle. It happened once. Il admet la gorge serrée, encore honteux d'être tombé dans le piège. Curtis n'est pas à la recherche de l'amour, celui qu'on écrit avec un grand A. Il n'est pas demandeur de contacts physiques, cependant il voit bien dans le regard des autres que un élément qui a son importance. Il a pensé que... Il s'est imaginé... C'est stupide. Quand il veut l'exprimer, c'est encore plus débile. Don't fall in that trap, don't listen to their pretty words. There's no love up there. No friendship. It's all lies. Il a du mal à se pardonner cet écart. Au final, ça ne lui a rien apporté de bon. Curtis se sent toujours aussi seul et incompris. Sauf que maintenant, il a encore moins envie de laisser quelqu'un rentrer dans sa vie. Être vulnérable. Plus jamais.

Curtis retrouve son rire et son semblant de bonne humeur, toujours enveloppé dans le brouillard de ses émotions étranges, altérées par le red. Il ne lui fait pas de remarque pour la conduite "sportive". Lulu doit faire ses preuves et il doit aussi trouver son propre chemin, son style. Let's do that. Then we can grab something to eat. After the looping. Find the roof of a high building to park, we won't stay long. What do you want to eat ? Il préfère que ses sièges restent intact au cas où les sensations seraient trop fortes. We're lucky to have this family. I'm proud you're a White. Curtis est toujours fier de sa famille, même si parfois il est exigeant et ne montre pas ses émotions. Elles sont cloisonnées, à l'intérieur. Il voudrait s'ouvrir quelques fois, puis chaque fois qu'il le fait, la vie lui rappelle que ce n'est pas une bonne idée. Pour le bien de tout le monde, il préfère ne rien laisser transparaître. Est-ce qu'il souhaite pour les autres ? Curtis devrait montrer l'exemple en tant qu'ainé. Pousser les autres à s'exprimer. Il n'est vraiment pas doué pour ça. Heureusement qu'il y a Robin, pour ça. Robin is the best. Il ricane. Ca a toujours été le cas.