Who are you ;; Leo

Le hasard d'une rencontre ; lui a pas laissé beaucoup le choix, d'avec sa bouille et sa manière de lui demander de l'aide. L'hésitation n'avait pas été là, pour une fois ; juste une dame qu'avait besoin d'aide. Casquette vissé sur le crâne, les bras chargés de deux sacs de courses et à discuter un peu avec elle.

Elle le remercie encore pour son aide, au abord de ce qu'il imagine être chez elle.
L'invite à prendre un café, pour le remercier ; là où il hésite.

Mais Odette a ce genre de regard qui dit qu'il ne peut pas dire non. Alors, après une brève grimace, y'a ce "ok" qui parvient à s'échapper de là.

Et sans le savoir, il met les pieds dans ce qui pourrait ressembler à un piège ; juste le destin qui est farceur. C'est juste qu'il pose les courses sur la table, qu'il est un garçon à peu près bien indiqué, Sean ; du moins, juste ce qu'il faut pour proposer son aide pour ranger.

Longtemps, il voulait juste rendre sa mère fière.

Alors il est là, à vider les sacs dans la cuisine, alors qu'Odette prépare une tasse de café pour le grand dadais qu'a bien voulu l'aider.

Et le piège se referme, sur une porte qui s'ouvre et se referme. Sur la douce voix d'Odette pour appeler après celui qui vient de rentrer.

Sur Sean qui se retourne, à demi, pour saluer d'un signe de tête - mal à l'aise déjà de la situation - mais qui s'arrête en cours de route.

L'oiseau est là.

Et dès lors, le froid revient se loger dans sa colonne vertébrale.

Frisson le long de l'échine ; il aurait préféré qu'il ne le reconnaisse pas ; ça aurait été plus simple, limite. Mais forcément, à l'échange de regard, tout se joue.

Les ficelles du destin se sont tirés et les ont reliés.

L'estomac se creuse sous l'appréhension et l'envie de fuir... Mais il ne peut décemment pas partir d'avec le paquet de sucre dans une main et de l'autre, un de biscuit. Alors il se crispe, si bien qu'on pourrait le croire prêt à feuler, tout comme l'autre oiseau chat ; les deux se dévisagent et la tension explose tout en se résorbant quand Odette s'en mêle.

Même Sean se tend, face à celle-ci.

Pince les lèvres, un instant. Et puis, le regard clair passe de l'un à l'autre ; observe la dame qui le regarde aussi à son tour. Il voit bien qu'elle aussi tente de voir ce qui peut bien les relier ; difficile de deviner les caprices du destin d'un simple coup d'oeil.

Prudemment, Sean repose les paquets. "J-j'vais y aller..." Soupçon (marée) de méfiance ; et Odette qui secoue la tête. "Le café est bientôt prêt." Ah, ah...

Les doigts encore accrochés aux paquets ; tente de retrouver tout son calme.
Il n'avait rien à se reprocher ; pas même les plaies qui étaient les siennes, cette nuit-là.

Peut-être avait-il juste tout rêvé ; et avait ramené un bougre trouvé au hasard d'une hallucination dû à sa mutation ; trouvé et ramené chez lui. Après tout, tout déconne déjà chez le Snider ; suffit de voir les cauchemars éveillés qu'il fait trop souvent.

Suffit de voir le sang qu'il verse parfois, à vivre les terreurs des autres.

Les pognes se décrochent ; le regard aussi ; fuit, fuit, parce qu'il faut se reprendre. Parce qu'il pourra juste disparaître après et, et, voilà.

Voilà.
Un café ; et puis au revoir.

Adieu, même, bel oiseau.

"Le sucre est déjà sortie !" Qu'elle fait remarquer, Odette ; et Sean pose le regard sur celui-ci, sans force d'acquiescer ou quoi. "Tu veux aussi d'un café, Leo ?" Et c'est là où celui qui porte la fatalité se rend compte qu'il ne savait pas son prénom, jusque-là, à l'oiseau.

Leo.

Aussi court qu'un souffle ; l'information se pose dans la mémoire, s'y ancre.

Parce qu'il aurait voulu savoir à qui dire merci, cette nuit-là.
Parce qu'il sait à présent à qui dire désolé, aujourd'hui.

Il se demande à quoi il ressemble à cet instant, Sean.
Sans doute un stalker, à être ici alors qu'il est aussi là.

Il sent cette pointe, pernicieuse, le piquer un peu plus à chaque instant.
S'est invité le scorpion aussi.

Et Odette qui file ; il pourrait s'en aller aussi, sans demander son reste ; là, maintenant !
Il pourrait, parce qu'elle ne le connaît pas ; et lui n'en connaît aucun des deux.

Au pire, Leo lui dira son blaze ; elle saura que Sean Snider était un homme bien impoli.

Et le mot est lâché ; là, entre deux silences ; deux bruits de sachet froissés parce qu'il a fini de lui déballer les courses dont il avait eu les sacs à charges.

Monstre, MONSTRE.

Il pourrait en sourire, si seulement il avait encore un coeur pour le faire. "... Tu te souviens de rien, hein ?" C'est terrible de se le dire ; ça fait même un peu mal, étrangement ; comme s'il avait encore un coeur capable de se serrer. "D'nous deux, c'pas vraiment toi l'monstre." Un marmonnement, entre ses dents.

Mais il dit vrai.

Il n'a jamais soigné personne, lui.
Il tue les gens à petit feu, lui.

Il est épuisé, aussi. "Je hais l'idée qu'tu penses que j'ai pu t'faire un truc." Qu'il fini par balancer, pour expliquer pourquoi il le regarde ainsi ; avec cette terreur de devenir réellement un monstre.

Encaisse ; hésite entre un regard fuyant ou bien de confronter l'autre.
Se rappelle ; l'angoisse, la mort qui flottait dans l'air ; le sang, surtout.

Le sang, coulant, imbibant les draps.

Faut-il lui avouer ? Une part de lui a envie de dire non ; celle qui régit toujours ses interactions, en vérité. "Le sang m'angoisse." En dit la moitié, alors. Pas les raisons qui vont avec ; pas le mauvais qui l'accompagne ; juste ce foutu sang qui venait d'un autre ; à revoir ses mains pleines du liquide rouge.

Les terreurs, éveillées ; l'orage, éveillé.

Et à la question, il repense à d'antan ; quand il faisait lui aussi un déni sur sa propre condition. Conscient de celle-ci, mais à la taire absolument, pour ne pas se reconnaître lui-même mutant. Repense à la conversation avec son "ancêtre" ; repense à la mort, toujours, quand il s'agit de mutation.

"Non." Rien de tout ça ; juste un oiseau blanc venu pleurer sur ses plaies, pour les soigner. Et dans un réflexe inconscient, Sean vient à poser ses doigts par-dessus sa joue, pensif ; mais n'en reste aucune trace, de tout ça. "Tu prends du red ?" Qu'il demande, avant d'enfin attraper la tasse et le sucre pour en rajouter un peu dedans ; secouant la cuillère dans le liquide noire.

Attendant la réponse d'avant de lui dire la vérité.
Même si elle sera reçue comme un coup de poignard.

Alors qu'elle est si belle, sa réalité à lui ; elle soigne, la sienne.

Un bref sourire qui se pose, sur ses lèvres ; un de ceux tristes, vilainement cynique. "Qui est heureux, dans c'te ville ?" La question est sincère, en soi ; il lui semble que personne ne l'est réellement. Mais est-ce réellement grave ?

Ca n'a pas vraiment d'importance.

Tout comme les draps. "On s'en fout. J'ai tout jeté et voilà." Et puis, ça avait eu le temps de sécher ; il avait juste eu à ne pas regarder, à mettre de la musique à fond pour s'occuper la tête.

Comme quelqu'un de normal.
Pas comme un monstre à tuer.

Encaisse le coup, sans vraiment que ça l'atteigne. "... Ouais." Cette fois, son regard est planté dans l'autre. "Tu vois, quand j'te disais être le plus monstrueux de nous deux." Vient finalement prendre une gorgée de café ; impoli, à ne pas attendre après Odette pour celle-ci ; ou que lui soit servi.

Une gorgée amère, malgré le sucre.

Repose la tasse, regarde le café dedans. "On décide pas toujours de l'être ou non. Pas de chance, parfois." Se rappelle les cris ; et la vision d'horreur ; l'enfance terminée. Se demande, alors, comment ça avait été pour Leo.

Toi aussi, t'as connu l'horreur ?

Ouais.
Ouais.

Bien sûr qu'il l'est ; jusqu'au plus profond de ses entrailles pourries ; jusqu'à la moindre cellule de ce putain de corps. Il voudrait avoir eu le choix, voudrait avoir été autre chose ; aurait voulu être autre chose qu'un porteur de mort, de terribles nouvelles, de mauvaises augures.

"Ouais."
Ouais.

Il n'en tire aucune fierté ; aucune joie ; aucune chaleur. Juste ce vide qui se creuse toujours plus à chaque fois ; ce froid qu'il s'impose depuis toujours ; à nier l'amour, l'amitié, la famille ; à tout nier, pour ne faire de mal à personne.

Parce que les émotions peuvent en amener d'autres.
Il est une bombe armée depuis longtemps.

Un monstre ; a toujours été un monstre.

Mâchoire serrée. "Sans même un putain de sérum dans le sang." Du moins, dilué depuis si longtemps ; des décennies de malheur, chez les Eyre.

Heureusement qu'il est condamné.
Le monde s'en portera mieux.

La situation est si triste ; terriblement triste, même.
L'Humanité se retrouve soufflée, sous les mots ; l'oiseau est devenu ce grand méchant loup, capable de faire s'envoler tout ce qui peut être de pas solide.

Sean ne l'a jamais été.

Sont brisés les os ; s'étiolent sous la respiration ; se retrouvent en poussières.
S'échappent aux bourrasques ; la faute aux mots.

On ne sait plus ce qui reste, sur ses traits ; entre un air grave ou éteint. "Quelle part humaine ?" Ses yeux ne brillent pas, plus ; se sont-ils déjà seulement allumés ?

Et le vent lui répondrait bien ;
celle qui n'aime pas voir du sang,
celle qui hait mourir chaque semaine,
celle qui hait cette solitude éreintante,
celle qui hait sa propre existence.

Chasse les doigts ; comme s'il craignait la chaleur de l'oiseau ; comme s'il l'avait déjà trop connu. "M'touche pas." Qu'il crache presque ; entre peur, dégoût, horreur, tristesse, lassitude. "Et j'tire tout le temps cette tronche." Sur la défensive ; blessé ; par le loup.

Parce que ça fait trop longtemps qu'il se croit déjà mort.
Parce que c'est toujours autre chose quand on lui souhaite de l'être.

Abandonne le café. "Désolé, pour l'autre nuit." Se relève, en même temps ; prend la fuite, encore. "J'voulais pas te faire flipper." Alors il s'était barré. "Fais gaffe à toi, l'moineau." Il ne parle plus vraiment à Leo.

Juste à l'oiseau blanc.
Il ne voudrait pas qu'il meure.
Sous les crocs des prédateurs ;
qu'ils soient loup ou serpent.

Y'a une impression de le sentir naïf.
Lui dirait bien que les monstres ont cette facilité à s'inviter partout.
Même là où le mal ne devrait jamais être ; l'innocence est leur met préféré.

Alors qu'il ne le touche pas ; alors qu'il ne se risque pas à y trouver quoi que ce soit, dans ce corps cassé ; dans cette âme fatiguée ; dans les gravats de ces souffles.

Alors qu'il se moque ; qu'importe ; madame ne sera jamais ; et messieurs ne restent pas. Mais Sean capte quelque chose, soudainement ; une évidence, même. "... T'as pas fouillé mon appartement." Parce qu'il aurait su ; aurait vu l'intérieur impersonnel ; les miroirs planqués, parce que depuis l'éveil de sa dernière déchirure, il ne supporte plus son reflet, y voit cet amas immonde autour de sa gorge, agité et bien trop animé. Il aurait vu l'armoire vide d'une toute autre présence ; de cette seule âme qui vive, dedans ; le manque de photos ; l'impression que personne n'y vit réellement.

Peut-être pour ça qu'il s'excuse de l'avoir fait flippé.
Rendu inconfortable, cette nuit-là ; il avait pas su quoi faire.
Et l'odeur du sang lui avait retourné l'estomac et la tête ; la peur.

"..." Le silence comme seule réponse ; un brin méprisant. "Sur quel genre de connard t'es déjà tombé ?" L'idée le dégoûte ; au plus profond de lui-même. Sean en est un, de connard ; mais pas de ce genre-là ; juste d'avec les mots, l'attitude, l'envie de faire fuir les gens.

Ou la prendre lui-même.
Adieu, moineau.

Mais le boss est rappelé ; heureusement que Sean n'a pas à la craindre. "Ca va, j'la connais pas." Elle ne sait pas qui il est ; juste un type croisé au détour du magasin, qu'avait bien voulu l'aider à porter ses courses. "J'aidais juste à porter ses courses." Hausse les épaules ; vient à terminer le café, non sans une grimace avant.

Voilà, il a été un bon invité.
Voilà, il peut s'en aller.

Dernier signe de tête, avant d'effacer d'un pouce l'humidité du café.

Pourquoi ? Bonne question ; la part peste de Sean aurait fouillé sans doute ; juste pour déterrer le secret de sa présence dans un lieu inconnu... Et en même temps, pour les rares fois où il a eu un amant d'une nuit, il est juste reparti le plus vite possible après ; sans promesse de lendemain.

N'a jamais été son genre de promettre quoi que ce soit.

Ouais ; ouais. Drôle d'écho. "J'sais pas." Peut-être une tendance à toujours imaginer le pire ; le sordide ; l'envie de creuser celui-ci pour se donner raison de fuir.

Et au final, Sean se sent pas vraiment le courage de combattre le déni de l'autre.
De lui dire que ce n'est pas des insomnies ou de la drogue prise à son insu.

Pas des gens malfamés ; juste son sang qui est vicié depuis avant même lui.

Sean sait ce qu'il en est, des héritages dont on ne voudrait pas ; y a gagné des regrets, pourtant ; tout au fond, il ne souhaite ça à personne. Et ça l'agace ; et ça lui fout toujours plus la haine ; il en a assez de souffrir seul.


Un contact ; empreintes qui s'impriment sur sa peau, pour le retenir ; lui jette un regard un brin paniqué, de prime abord ; ou bien est-ce juste l'envie de lui hurler de ne plus le toucher, jamais ! Parce qu'il s'épuise, à toucher les gens ! Qu'il lèche peut-être aussi les plaies mentales, Leo ; et que Sean ne veut plus qu'il se fasse mal pour ses blessures.

Mais le vide ne bouge pas.
Il peut rester froid.

Il peut le faire. "Pourquoi ?" Même si c'est l'oiseau blanc, en face. "Pourquoi tu tiens à le faire ?" Même s'il a eu peur de le voir mourir contre lui.

Même si ça pourrit, tout à l'intérieur, de l'imaginer un jour mourir du sang d'un autre.

Pourquoi il s'accroche ; pourquoi il le laisse pas se barrer ; disparaître juste de là, à jamais.
Qu'il jette tout ! Qu'il foute à la poubelle les souvenirs de cette nuit ! Qu'il comprenne de lui-même !

Mais la réponse est si bêtement pragmatique qu'il peut que lui reconnaître qu'elle est logique.
Il a envie de lui grogner dessus ; pour le chasser ; parce qu'il est frustré.

Et Leo l'achève ; il a envie de lui hurler la vérité à la tronche.
Pour se venger ; pour qu'il ouvre les yeux ; pour que l'oiseau se protège.

Pour qu'il se protège des gens ; ne se posent plus contre leur poitrail.

Dégage finalement son bras de la prise, mais sans plus bouger de là. "Non." Toujours aussi expansif, Sean. "Commence pas à flipper sur ça." Incisif ; froid.

Un soupir. "Fais chier..." Marmonne contre lui-même ; se déteste ; et la situation, aussi.

Darde à nouveau son regard dans l'autre. Pioche un peu de courage, dans sa réserve personnelle ; les quelques grammes perdus encore là. "J'ai juste... Pas l'habitude. Des gens. Des contacts." Se confie ; crache son venin ; sauf qu'il tombe en cascade sur son coeur. "Maîtriser mes émotions... Ne jamais m'emporter, ce genre de conneries... Ca m'aide à tenir en laisse ma putain de mutation." Le langage ordurier, comme d'ordinaire ; se cacher derrière ; des défenses efficaces pour les plus puritains.

Inspiration. "Et puis, t'es apparu, là." Il lui en veut presque, Sean, finalement. "Putain, n'importe qui aurait pu te faire du mal !" S'emporte, finalement ; rien qu'un peu. "J'ai flippé que tu crèves !" Parce qu'il lui avait volé ce mal.

Les conséquences des visions morbides.

Et la voix se casse, soudainement. "J'ai flippé..." Et c'est une émotion, ça.

Ca fait peur, les ressentis.

Sean ne sait pas s'il est réellement dangereux.
Il n'a que sa mutation, après tout, comme moyen de défense.

Mais celle-ci l'use ; le tue à petit feu ; l'emportera assurément un jour.
Il en garde les cicatrices, de quand c'était trop ; de quand il pensait réellement mourir.

Alors, la réponse est toute trouvée. "Elle l'est pour moi." De son point de vue ; de celui qui crache de la terre, de l'eau, du sang ; qui se retrouve avec des angoisses et des cauchemars à tour de bras ; qui se fait grignoter sa santé mentale, qui le rend d'autant plus parano et l'aide de moins en moins à ne pas s'emporter.

Sean se meurt, littéralement, à grands coups de visions d'horreurs.
Usé des terreurs des gens ; usé de les vivre avec elleux.

Alors ouais, il a eu peur ; parce que pour une fois dans sa vie, on a pris soin de lui ; parce que pour une fois, on l'a soigné sans rien lui imposer de terrible derrière ; pour une fois, il n'y avait pas de prix à payer... Si ce n'est de se rendre compte que l'oiseau était fait d'un homme qui veut tout ignorer de sa condition.

Mais il va bien ; lui réaffirme, même.
Le regarde ; observe le geste qui se suspend.

"... Tant mieux." Doit-il se sentir soulagé, pour autant ? Il a pu présenter ses excuses ; mais n'arrive à rien dire sur sa mutation, sur l'oiseau, sur tout le reste.

Une part de lui, destructrice, a envie de murmurer que c'est son problème à l'autre ; pas le sien.
Une autre lui murmure qu'il n'y a rien de pire que d'être seul face à tout ça.

Allez ; juste un pas, envers un autre être humain ; rien qu'un, ça ne tuera personne. "Donc... T'as encore mes fringues ?" Mal à l'aise de le faire ; n'aime pas paraître... Familier ; humain.

Il n'a pas envie de lui raconter ; pas envie de lui avouer les morts qu'il est capable d'infliger aux gens ; parce qu'il trouve ça affreux Sean, parce qu'il se déteste déjà assez ainsi pour imposer à quelqu'un d'autre tout ça... Et il ne souhaite pas parler des contrecoups ; il n'aurait pas envie que l'oiseau s'éveille et le cherche à l'avenir ; parce qu'il ignore tout de la mutation de l'autre, si ce n'est qu'elle est belle.

"Et encore, j'suis causant là." Qu'il dit presque avec provocation ; mais c'est la pure vérité ; parce que Sean n'en parle strictement jamais, que quand il est obligé de le faire ; même d'avec ses anciens entraîneurs, quand ils avaient sous les yeux les traces de sa mutation, il y avait ce silence et les résultats des prises de sang se trouvaient cachés parmi les autres. Après tout, ça influencait pas ses performances sportives, il n'avait aucun avantage sur les autres joueurs.

Alors il a appris à le taire.

Poignet rattrapé ; et Sean en soupirerait presque s'il n'avait pas compris qu'il était face à quelqu'un de tactile ; grimace un peu au cri, récupère en vitesse sa casquette qu'il remet sur son crâne et suit sans avoir l'énergie de lutter ; après tout, c'est lui qui a initié ça en remettant le sujet des fringues sur la table. "Bonne journée m'dame." Qu'il laisse partir d'entre ses lèvres avant de disparaitre de là.

La tasse de café comme preuve de sa venue.

L'aveu est donné au détour d'une rue. "... Tu te souviens d'mon nom, au moins ?" En soi, y'a pas vraiment de bonne ou mauvaise reponse ; lui redonnera son prénom si ca l'intéresse ; autrement, non.

Et le naturel revient au galop ; celui où il emmerde tout le monde, pour le plaisir. "T'as peur que j'm'enfuis, pour me tenir aussi fort ? Ou c'est un kink, peut-être." Non parce qu'aux dernières nouvelles, il sait marcher seul ; même s'il traine volontairement de la patte du coup.

Suffit de voir son petit sourire en coin pour le comprendre.

John.

Il a vraiment une tête de John ? " Alors va pour John." Il irait bien pour lui dire que ça lui va pas du tout ; mais ainsi il a été surnommé.

Au moins ce n'était pas Jack.

Et la tête de con se réinvite alors ; sous les traits d'un fameux John. Il n'aurait juste pas cru que ce pauvre Leo allait tomber autant dedans ; alors il peut pas s'empêcher d'en rire un peu...

Mais ça a pas l'air de faire beaucoup rire le concerné. Alors Sean reprend son air sérieux. "Respire. J'voulais juste récupérer mon autonomie." En témoigne les pognes qui s'en vont trouver les poches pour s'y fourrer.

Et puis... "Pi ça aurait pas été bien grave. Y'a pire." Hausse les épaules avec nonchalance ; il va juste éviter de lui en dresser la liste, voudrait pas que l'oiseau se retrouve tout déplumé face à tant d'indécence.

Se racle la gorge. "Fais gaffe à pas rater ton adresse." C'est qu'il l'a peut-être pris trop à rebrousse poils, cette fois ci.