the artist | ARLOW

Vêtue d'une robe de soirée sombre et élégante et de petits talons, Ailís essaye de se fondre dans le décor comme si elle faisait partie des meubles somptueux. Il est difficile de ne pas se sentir scrutée dans les moindres détails, comme les divers objets et chefs d’œuvres exposés dans le hall de l'Hyperion. Sa présence est uniquement due à une vente aux enchères à but caritatif, jamais elle ne pourrait se payer une chambre ici. Les prix sont fixés par une valeur symbolique puis s'envoleront au gré des envies des acheteurs. C'est à la fois un lieu d'échange entre passionnés et un concours d'ego. La plupart de ceux qui voudraient vraiment repartir avec quelque chose rentreront les mains vides et les riches magnats pourront exposer des trésors à la vue de leurs invités car leur portefeuilles sont à la hauteur de l'estime qu'ils ont pour eux même. Ce qui n'est pas sans rendre la blonde jalouse. Si sa présence est légitime et justifiée - elle souhaite rapporter quelque chose de beau et précieux à Llewhelyn - elle n'a jamais précisé comment elle ferait pour se le procurer. Le voler manque de panache et ce serait risquer sa nouvelle identité ainsi que l'honneur de l'homme qui lui a fait confiance.
Non, elle a une petite idée derrière la tête. De l'astuce.

Elle s'est prit d'affection pour son charmant patron et propriétaire de la boutique d'antiquité qui l'emploie légalement et lui offre un cadre de vie bien plain sain. En plus de continuer à suivre des classes en criminologie, lorsqu'elle s'introduit à l'université, Ailís en profite pour suivre des cours d'histoire de l'art. Law la laisse vagabonder, tant qu'elle respecte ses horaires. Elle voudrait vraiment lui faire un cadeau à la hauteur de ce qu'il a pu lui offrir.
Une nouvelle vie, ça n'a pas de prix.

Elle s'arrête devant une magnifique esquisse attribuée à Renoir. Si c'est vrai, il y a une petite fortune ici. Les gens de Solaris ont de l'argent à dépenser. Elle devine des actionnaires d'Icarus majoritairement, des investisseurs qui ont fait fortune dans le bâtiment à la construction de la ville. Un autre homme est positionné à sa droite. Elle se demande de quel camp il est. Il est plus jeune que la moyenne d'âge de l'assemblée. Ce qui est rassurant. Elle craignait qu'on la prenne pour une novice. « Vous êtes venu faire des emplettes également, ou êtes vous un véritable amateur d'art ? Peut-être les deux. Le son de sa voix est toujours éraillé par le silence. Ailís parle peu. Si elle veut se faire bien voir, il faudra au moins prétendre qu'elle est à sa place ici et sympathiser. Allons-nous nous affronter pour ce croquis ? Ou quelque chose d'autre vous a tapé dans l'oeil. Ailís est réaliste, elle ne partira pas avec le Renoir. Il faudra taper plus bas, plus modeste. Une babiole.
C'est excitant d'être là, toutefois. C'est la première fois que je participe à ce genre d'évènements, j'ignore si la conversation fait partie de l'étiquette ou si nous sommes sensés nous ignorer, respecter un vœux de silence ou que sais-je. » Au moins, elle ne ment pas. C'est bien la première fois qu'elle assiste à une scène pareille.