Sparring Partners [PV Armando]

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@Armando Lugo-Guerra et @Piper Craven

Piper termina d'attacher ses cheveux, sautillant brièvement sur place. Aujourd'hui, c'était entraînement pour la jeune combattante. La plupart du temps, c'était en solo que Piper devait s'exercer, un punching-ball renforcé recevant ses coups. Mais, pour cette session, c'était spécifiquement sur le contrôle de sa force physique que Piper devait s'entraîner. Et, pour cela, quoi de mieux qu'un partenaire humain ?

Arrivée en avance pour s'échauffer correctement, Piper dépensait sa folle énergie, dont elle ne semblait jamais manquer. Il était rare pour elle de prendre le temps de se reposer, comme une terrible hérésie à ses yeux. Pourquoi ne rien faire, quand il y avait tant à accomplir ? A l'époque où Piper habitait encore Slab City, chaque instant était exploité pour permettre leur survie en communauté, qu'il s'agisse de chasser, faire du troc, apporter un coup de main...

C'était cette vie qui l'avait rendue si débrouillarde et active, et elle continuerait à l'être, y compris dans une ville comme New Blossom, où la technologie pouvait tout faire pour l'humain. Une perspective terrifiante aux yeux de la jeune femme, qui voyait là une forme d'esclavage consentie. Brr... Chassant cette pensée de son crâne, Piper termina ses étirements, juste à temps pour voir son partenaire d'entraînement débarquer.

"J'ai failli t'attendre, dude !"

Et voilà Armando. Un être humain ordinaire, du peu qu'en savait Piper. C'était étrange de se dire que, par mégarde, elle pourrait le briser si facilement. La force de Piper n'était pas une blague, et ceux qui en avaient les frais pouvaient en attester. Ce n'était pas pour rien qu'Armando devait revêtir des protections bien spécifiques pour pouvoir s'entraîner avec elle : c'était risquer sa vie que d'en faire autrement. Au sein du Fight Circle, on n'était pas censé retenir ses coups.

C'était pourtant ce que Piper devait apprendre à faire. Elle n'avait aucune intention de tuer ses adversaires, après tout, et elle doutait que l'organisation du Fight Circle approuverait la chose. Et, bon sang, elle avait vraiment besoin de l'argent qu'elle gagnait ici !

"Hey, Armando, fais gaffe à bien mettre tes protections, hein ? 'Faudrait pas que tu finisses comme ce punching-ball."

Sur ces mots, Piper frappa l'objet de son pied, et le punching-ball se détacha de son support pour aller s'écraser dans le mur d'en face. "Ecraser" était le bon terme puisque, même de loin, Piper pouvait deviner la forme du sac d'entraînement imprimée dans le mur. Oups ? Un peu de mesure, quand même...

Ajustant sa queue de cheval, le souffle légèrement court, Piper revint vers son partenaire d'entraînement, un sourire aux lèvres :

"T'en fais pas, j'ai pas l'intention de te buter tout d'suite. Tu l'as pas encore mérité."

Piper l'aimait bien, Armando. Tous deux étaient on ne peut plus différents, de ce qu'elle comprenait de l'homme, mais on ne pouvait pas se battre aussi régulièrement avec quelqu'un et ne pas l'apprécier, ne serait-ce qu'un petit peu. En tout cas, c'était la conception qu'avait Piper des relations...

"Ca va, dude ? Quoi de neuf ?"

Des politesses, oui, mais Piper était sincèrement intéressée. Elle ne poserait pas la question, si ce n'était pas le cas. Bavarder juste pour bavarder, ce n'était pas son truc.

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@Armando Lugo-Guerra et @Piper Craven

En guise de réponse à sa première phrase, Piper, avec toute la maturité dont elle était capable, lui tira brièvement la langue, sautillant sur place tout en laissant le temps à Armando de se délester de ses affaires. Une telle énergie, ça ne s'évanouissait pas d'un instant à l'autre, et l'impatience de Piper de pouvoir s'opposer à son adversaire et partenaire se traduisait par une agitation constante, un besoin de se dépenser.

Une grimace prit place sur son visage spontanément expressif quand Armando ne put que constater les résultats infortunés de sa force incontrôlée. Au moins, ce n'était qu'un punching-ball, et non pas quelqu'un de bien vivant. Piper ne savait trop ce que son pouvoir était en mesure de causer, et la dernière chose qu'elle souhaitait, c'était bien de briser une vie par mégarde. Le fight circle avait au moins le mérite de lui procurer un espace pour apprendre à se contrôler. Et un jour, peut-être, elle n'aurait plus à craindre de broyer une main en voulant simplement la serrer.

"Petit accident de parcours. Promis, juré, je vais faire gaffe avec toi !"

Les protections qu'il portait devraient le protéger, mais elles n'étaient là que pour parer à l'urgence. Se reposer sur elles, ce serait contre-productif, et potentiellement risqué s'il s'avérait que la force de la combattante surpassait leur capacité à préserver Armando. Comme elle le lui avait si bien dit, elle n'avait pas l'intention de le buter "tout de suite", après tout. Non pas qu'elle ait envie de le tuer tout court, bien évidemment, c'était simplement une boutade entre eux.

"Je sais, je sais, je suis grand seigneur. Prosterne-toi devant ta reine, tout ça !"

Aucune crédibilité ? Définitivement. Piper elle-même parvint à peine à finir sa phrase avant de laisser échapper un ricanement. S'il y avait quelqu'un en ce monde qui n'était pas royal, c'était bien elle. Manque de manières, vulgarité, brutalité... L'élégance noble, ce n'était pas vraiment ce qui l'habitait. Mais ce n'était pas non plus quelque chose qu'elle cherchait ou regrettait. Pour elle, tout ça n'était que chichis et manières inutiles. Des façons de cacher la vérité ou de l'embellir artificiellement.

Piper avait demandé des nouvelles d'Armando, et elle fut désolée d'apprendre qu'il avait à nouveau perdu un combat. Ce n'était pas pour rien qu'ils se retrouvaient ainsi à s'entraîner ensemble : chacun avait à apprendre de l'autre. Piper avait le combat dans le sang : dans la vie qui avait été sienne jusqu'à arriver à l'Underapple, c'était une question de survie. Mais entre un manque de technique et une force à maîtriser, c'était pour les autres qu'elle représentait un danger. Et Armando pouvait l'aider à surpasser tout ça. Elle espérait pouvoir lui apporter le même secours, bien que leurs périls soient on ne peut plus différents.

"Désolée de l'apprendre, mec. J'ai gagné le dernier combat, mais on m'a reproché de pas avoir fait durer le spectacle. Et j'ai merdé, le gars ne pourra pas retourner sur le ring avant au moins un mois."

Elle avait juste voulu faire une entrée en matière, Piper ne s'attendait certainement pas à ce que les choses se finissent aussi vite ou douloureusement pour son adversaire. Au moins n'avait-il pas perdu connaissance, ou pire encore. Mais Piper ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir malgré tout. Le pauvre gars voulait juste gagner sa croûte comme elle, et voilà ce qu'il devait subir...

Quand Armando reprit la parole, Piper leva les yeux au ciel, mais le sourire amusé sur ses lèvres était plus parlant que tout le reste. Elle s'empressa de répliquer, laissant bien évidemment son partenaire s'échauffer correctement :

"Et puis quoi encore ? Si tu t'étires pas et que tu te foules un truc, on va encore dire que c'est de ma faute. T'as intérêt à faire tes exercices correctement, Armando. Je t'ai à l’œil !"

La voix était faussement menaçante, manquant une fois de plus totalement de crédibilité. Elle-même en profita pour reprendre quelques petits étirements, ne serait-ce que pour patienter le temps qu'Armando s'échauffe correctement. Ce faisant, elle entra directement dans le vif du sujet, pas du genre à tourner autour du pot :

"Y a un truc que tu veux pratiquer en particulier, aujourd'hui ? C'est pas comme si t'avais à craindre de me faire mal avec des coups vicieux, si c'est c'que tu veux pratiquer, j'ai pas besoin des protections que tu portes pour être en titane."

La résistance de Piper était presque aussi impressionnante que sa force. Mais là aussi, sa maîtrise était loin d'être parfaite. Si elle manquait de concentration, ses défenses s'abaissaient, et elle devenait aussi vulnérable que n'importe qui. Jusqu'à ce que sa propre force puisse même se retourner contre elle.

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@Armando Lugo-Guerra et @Piper Craven
TW : allusions sexuelles

La blague crasse d'Armando tira un rire à Piper. La jeune femme était habituée à ce type d'humour : avec les énergumènes de Slab City, il ne valait mieux pas s'attendre à autre chose. Elle avait appris à s'en accommoder, et à y répondre lorsque l'on tentait de lui diriger directement ce type de blagues. Des allusions, c'était une chose. Du harcèlement, c'en était une autre. Mais ce n'était pas le cas d'Armando, clairement.

"Petite nature. Je plains tes partenaires..."

Elle lui adressa un clin d’œil, avant d'ajouter avec un sourire mitigé, entre plaisanterie et lassitude :

" 'Fin j'imagine qu'il vaut mieux avoir un partenaire aux genoux fatigués que quelqu'un qui peut te casser les reins avec un mouvement un peu brusque."

Le peu d'expérience que Piper pouvait avoir lui avait clairement indiqué qu'il valait mieux éviter pour elle ce genre d'activités avec qui que ce soit (hormis si elle trouvait un.e mutant.e avec une résistance similaire à la sienne). Elle se rappelait encore des hurlements de son petit-ami lorsque, à seize ans, elle avait tenté de passer à l'acte pour la première fois. La jeune femme se doutait bien que l'expérience ne serait pas optimale, mais à ce point ?

En attendant qu'elle puisse être certaine de se contrôler à chaque minute, l'abstinence semblait la meilleure solution. Ce n'était pas comme si la chose l'intéressait plus que ça, mais elle devait avouer que le fait de passer à côté d'une énième expérience de la vie, à cause de sa force, était des plus décourageants.

Une force qui avait valu à un pauvre type, qui avait eu la malchance d'être son adversaire au mauvais moment, de se retrouver incapable de remonter sur le ring pendant près d'un mois. Piper le savait : si elle continuait de la sorte, elle finirait par être exclue du Fight Circle, non seulement pour éviter de briser ses combattants, mais également par inaptitude à assurer un spectacle. Un combat, ça devait être haletant. S'il se finissait dans la première minute, où était l'intérêt pour le public et les parieurs ?

"Faut que j'progresse plus vite que ça, ou ils vont finir par manquer d'patience avec moi. J'ai vraiment besoin d'cette thune, je peux pas me le permettre."

Cet argent, c'était ce qui payait les frais de santé de son père d'adoption, ce qui leur permettait d'espérer avoir quelques années de plus ensemble, plutôt qu'une paire de mois. Piper ne pouvait pas perdre ce revenu, encore moins après s'être prouvée à maintes reprises qu'elle était incapable d'obtenir et de garder un emploi ordinaire, avec son caractère et ses pouvoirs. Perdre ce revenu, c'était ce qui l'obligerait à se tourner vers le crime, pour sauver le vieux. Et elle ne voulait vraiment pas en arriver là...

Piper laissa Armando s'échauffer à loisir, gérant son impatience comme elle le pouvait, reprenant elle-même quelques étirements. De l'énergie à dépenser, elle n'en manquait pas ! La combattante étira un sourire sarcastique sur ses lèvres lorsqu'Armando répliqua à sa pique, un petit échange taquin qui faisait tout le sel de leur partenariat, mais le sérieux revint prendre place, et Piper acquiesça à la proposition d'Armando. Rien de mieux qu'une mise en situation pour détecter de potentielles failles !

Piper était prête et aux aguets : c'était la raison pour laquelle elle ne broncha pas lorsque le gant d'Armando s'écrasa sur ses côtes, le coup lui faisant autant d'effet qu'une coccinelle atterrissant sur son épiderme. Le surnom lui fit lever les yeux au ciel, et elle se prépara également de son côté à frapper, signalant à Armando :

"Faut que tu sois un peu plus imprévisible que ça, mon gars. C'est mon p'tit secret, mais ma résistance, elle est pas toujours optimale. Si tu m'prends par surprise, ton coup, j'vais le sentir."

Cette faille, elle ne l'avouait pas à n'importe qui. Mais Armando faisait partie de ses adversaires préférés, et elle voulait le motiver à diversifier ses attaques. Que leurs combats puissent être réellement haletants.

Tentant d'avoir pleine conscience de ses mouvements et de la force qu'elle injectait dans ses coups, Piper prit une profonde inspiration, et s'essaya à un coup de pied, au niveau du torse d'Armando. Les protections remplirent leur fonction : non seulement elles permettaient de préserver Armando d'une grande partie de la force de Piper, mais elles indiquaient également à la jeune fille la puissance de son coup, au travers d'un système de lumières.

Vert, trop faible, jaune, pile dans la bonne tranche, et rouge, des os cassés en perspective. Et là, c'était un... Vert. Merde, Armando devait à peine l'avoir senti passer. C'était le problème des précautions que Piper s'efforçait de prendre : à trop se braquer devant la perspective de blesser son adversaire, elle pouvait se retrouver à manquer cruellement de force.

"Si t'as senti des chatouillis après ça, c'est un miracle. Tss..."

Piper était frustrée. Frustrée par ce pouvoir qu'elle ne maîtrisait pas, frustrée par ses propres incapacités, et par la sensation que le temps lui échappait inexorablement. Si elle ne se contrôlait pas prochainement, tout s'effondrerait. Piper ne s'inquiétait généralement pas du futur : lorsqu'elle le faisait, c'était donc très mauvais signe. Prenant une profonde inspiration, elle se remit en position, se focalisant sur l'instant présent et leur combat :

"On reprend ! Fais comme si le premier coup n'était pas parti, hein ?"

Un coup de poing au niveau des côtes. Jaune. Parfait ! Ca, il devait l'avoir senti...

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TW : aucun

La remarque d'Armando lui tira un sourire, mais l'expression n'était pas dénuée d'amertume. Ce n'était qu'une chose de plus à laquelle elle devait renoncer, en raison de sa force. Piper, en dépit de son caractère impulsif, devait vivre dans l'anticipation du pire, à penser chaque geste, pour éviter de briser le reste du monde. Tant de personnes à qui elle avait fait du mal sans le vouloir, y compris ceux et celles qu'elle aimait...

Son père d'adoption ne faisait pas exception, même si cela faisait bien longtemps qu'elle ne l'avait pas blessé. Un autre que lui aurait probablement abandonné Piper ou l'aurait confiée aux autorités. Mais il était resté pour elle. Il l'avait élevée. Aimée. Et c'était à son tour de lui rendre la pareille, en finançant ce foutu traitement à vie. C'était pour cela que, outre le fait qu'elle était trop fière pour accepter la charité d'Armando, elle ne pouvait pas se plier à sa proposition.

Ce n'était pas une dette d'une fois à rembourser, ou quoi que ce soit dans le genre, c'était quelque chose qu'elle devait réussir à financer aussi longtemps que possible. Et, pour ça, elle avait besoin de ce qu'elle gagnait au Fight Circle. C'était ce qu'elle avait trouvé de plus "honnête" pour payer les traitements de son vieux... Sans ça, Piper n'aurait pas d'autre choix que de se tourner vers des moyens beaucoup plus sinistres. Et elle ne le souhaitait pas.

"C'est sympa, mec, mais je vais pas te demander d'être mon Sugar Daddy. Je vais pas rentrer dans les détails, mais ce fric, c'est pas pour une dette que je peux quantifier. Et j'en ai foutrement besoin."

Ce traitement, c'était la différence entre la vie et la mort pour son père d'adoption. Sans ça, Piper ne lui donnait pas plus que quelques mois, dans un état et une agonie qu'elle ne souhaiterait pas même à son pire ennemi. Et ça elle ne le laisserait jamais se produire. Peu importe les sacrifices, les efforts, et ce qu'elle devrait compromettre pour y parvenir. Piper était déterminée, plus que jamais.

Mais elle n'avait pas le désir de s'attarder là-dessus avec qui que ce soit. Pas même Armando, malgré la complicité qu'ils avaient développé. Piper ne voulait pas être plainte. Et moins elle en révélait à qui que ce soit sur son histoire au Fight Circle ou ailleurs, plus elle pouvait continuer à protéger leur quotidien et son anonymat. Plus que tout, Piper tenait à éviter qu'Icarus et ses représentants viennent à avoir connaissance de son existence et de ses capacités de naissance...

Elle faisait néanmoins suffisamment confiance à Armando pour lui dévoiler sa petite faiblesse. Oh, ce n'était pas simplement pour le favoriser dans son entraînement : c'était aussi une manière pour elle de se préparer à l'imprévisible, et de continuer à s'améliorer. Cette résistance, c'était ce qu'elle avait de plus précieux, mais aussi de plus fragile. Et elle ne put que le constater amèrement, lorsqu'elle se laissa surprendre par un coup d'Armando.

Ça avait déjà mal commencé, avec une première tentative de sa part ayant cruellement manqué de force. Mais voilà que sa résistance volait aux éclats, et c'était sans sa protection que Piper encaissa le coup de son adversaire, posant le genou à terre malgré elle, ses mains venant se crisper sur la source de sa douleur.

La souffrance... Depuis combien de temps ne l'avait-elle pas ressentie ? Ce fut la honte qui l'assaillit lorsqu'elle réalisa que ses yeux s'étaient remplis de larmes, et elle s'empressa de les essuyer pour encaisser la douleur, jouant les dures à cuire, se redressant pour faire face à Armando. Elle pouvait toujours sentir la souffrance pulser, alors que le coup n'avait pas été si violent. Sa propre faiblesse la déstabilisait, mais Piper se refusait à le laisser voir cette faille.

"Pfeuh, c'était un cadeau de ma part, voilà tout ! A mon tour !"

Le premier coup manqua sa cible, mais le deuxième la frappa, trop fort : un coup de poing au niveau du torse, et voilà la zone qui s'illuminait d'un rouge écarlate. Merde. Sans l'armure, il était certain qu'Armando aurait eu des os brisés. Focus, Piper, focus ! La jeune femme prit une profonde inspiration, ses doigts s'aventurant inconsciemment au niveau de sa propre douleur, lâchant en direction d'Armando :

"Hey, ça va, dude ? Désolée, ce coup-là était définitivement trop fort."

Si elle se laissait déconcentrer par la plus petite douleur, Piper était dans un sacré pétrin. Et plus encore ses adversaires...

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Le rire d'Armando lui tira un sursaut, Piper ne s'étant attendu pas à cette réaction de la part de son adversaire. Elle n'avait pas su se maîtriser et, sans la protection de son armure, Armando en aurait sérieusement souffert. Ce n'était pas quelque chose de particulièrement hilarant à ses yeux... Apprivoisant sa propre douleur, Piper se rapprocha d'Armando, son visage exprimant sans filtre la honte qu'elle éprouvait face à son manque de contrôle :

"J'suis vraiment désolée. J't'ai promis de faire gaffe, mais..."

Mais elle avait manqué de prudence. De contrôle de soi. Une petite souffrance, et voilà qu'elle réagissait comme si le monde lui était tombé dessus. Piper se mordilla la lèvre inférieure, partagée entre embarras et inquiétude. Sa gêne ne fit que s'accroître lorsqu'Armando remarqua sa douleur, et le rouge lui monta aux joues, alors que son premier réflexe fut tenter de nier l'évidence :

"Non, non ! Enfin... Ouais. Si. J'suppose."

Piper n'aimait pas mentir, même pour protéger sa fierté. A quoi bon nier ? Sa résistance l'avait trahie un bref instant et, prise de court, elle avait expérimenté le coup comme n'importe qui d'autre, avec toute la douleur que cela pouvait engendrer. Et Piper n'en avait pas l'habitude, elle qui vivait avec cette armure naturelle depuis de nombreuses années, elle qui ne se laissait que rarement prendre de court, forgée à une existence qui l'obligeait à une vigilance constante.

Une pause fut décidée, et Piper l'accueillit avec reconnaissance, tout comme la gourde qu'il lui tendit. La combattante prit quelques gorgées pour soulager sa soif, ses doigts libres continuant à tâter malgré elle la zone touchée. Elle était incapable de déterminer si la souffrance qu'elle éprouvait était "normale", ou si elle amplifiait malgré elle la sensation par manque d'habitude. Quoi qu'il en soit, cela ne justifiait pas sa perte de maîtrise.

"Désolée, vraiment. J'ai... J'ai pas l'habitude d'être prise par surprise comme ça. J'te l'ai dit, mais j'pensais pas que t'arriverais à me prendre de court. Ça arrive pas souvent."

Piper ne pouvait plus se rappeler de la dernière fois où elle avait eu réellement mal. En-dehors de tous ces instants où elle avait trop forcé sur ses pouvoirs, en tout cas. Les larmes lui remontèrent aux yeux malgré elle, et Piper les essuya rageusement, de plus en plus gênée. Elle ne voulait pas qu'Armando la voit dans cet état, c'était... c'était vraiment pathétique de sa part.

"Mais ça excuse rien. Cette force, 'faut que je la contrôle. Si t'avais pas eu tes protections, j'aurais pu t'faire sérieusement mal. Et c'était pas mon intention."

Si elle était fière de ce que son pouvoir lui permettait d'accomplir, Piper n'en restait pas moins horrifiée par les conséquences potentielles et concrètes de son don mal maîtrisé. De la douleur, elle en avait déjà infligé trop, généralement par mégarde. Ce n'était peut-être que justice karmique qu'elle souffre à son tour...

"Elle est toujours là, cette putain d'force. Si j'fais pas gaffe, elle est là. Ta gourde, j'aurais pu l'écraser, la broyer entre mes doigts. Si tu savais le nombre de trucs que j'ai pété..."

Des objets, c'était une chose. Mais des humains ? Piper frissonna malgré elle, tandis que des souvenirs indésirables remontaient. De la souffrance, elle en avait causé, trop de fois. Y compris à son vieux, qui n'avait jamais cessé de l'aimer malgré ce qu'elle avait pu lui faire subir. Merde...

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Prise par surprise, Piper ne put s'empêcher de lâcher une brève exclamation lorsque Armando l'entraîna dans une étreinte. C'était bien la dernière chose à laquelle elle s'attendait, dans ce moment de détresse, une preuve d'affection aux antipodes des coups qu'ils pouvaient s'échanger l'un l'autre, de cette violence qui les unissait habituellement.

Piper ne savait comment réagir : elle ne pouvait qu'écouter, figée, les mots remplis d'affection d'Armando. Cette proposition si simple et qui, pourtant, voulait tout dire... Vas-y, serre. C'était ce qu'il lui offrait, à cet instant précis. Une étreinte, sans restriction, sans réflexion, qu'elle pourrait se contenter d'apprécier.

"Je..."

Elle avait peur de lui faire du mal. Malgré la protection. De serrer trop fort et de tout gâcher. De briser ce qui avait encore été préservé jusqu'alors. Mais cette crainte allait au-delà de ça. Piper, aussi loin qu'elle puisse s'en souvenir, ne s'était jamais accordée ce genre d'intimité avec qui que ce soit, si ce n'était son père d'adoption. Et même avec lui, Piper s'était souvent contentée d'accueillir l'étreinte sans la rendre, par crainte de blesser. Bras ballants, incapables de rendre un amour qu'on lui donnait.

Le pouvait-elle ? Pouvait-elle réellement étreindre Armando ? Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, et ce fut avec fébrilité qu'elle trouva enfin le courage de rendre la pareille à son adversaire, levant ses bras, les refermant maladroitement autour d'Armando. Dans un premier temps, elle n'osa pas serrer, touchant à peine l'homme, se convainquant tant bien que mal que c'était bien une étreinte qu'elle lui offrait.

Mais la sensation de l'embrassade qu'il lui offrait finit par vaincre ses doutes, et Piper se laissa finalement aller, serrant Armando dans ses bras avec toute l'affection qu'elle n'avait jamais pu donner aux personnes qu'elle aimait tant. Aux parents qui l'avaient abandonné pour la protéger. A son père d'adoption qui l'avait recueillie au péril de sa propre vie. Aux amis qu'elle avait aimé et quitté au fil des années. A Armando, son adversaire préféré.

Piper était incapable de dire combien de temps elle était restée ainsi, à enlacer Armando de tout son soûl, aveugle à la lumière rouge émanant des protections qui le préservaient d'elle. Une éternité entière aurait pu s'écouler qu'elle ne l'aurait pas réalisé. Sa pudeur finit pourtant par reprendre le dessus, et elle se détacha progressivement, souffle irrégulier, yeux brillants.

Essuyant ses larmes, elle marmonna d'une voix gênée, se servant de l'humour comme d'une protection :

"Pas très régulier, comme entraînement, ça."

Un rire embarrassé s'extirpa de ses lèvres, avant qu'elle ne reprenne son sérieux, soufflant d'un ton concerné :

"Ca va ? Je ne t'ai pas cassé quelque chose, hein ?"

Piper ne pourrait jamais se le pardonner, si c'était le cas. Pas après qu'Armando ait fait preuve d'une telle gentillesse à son égard...

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Piper ne se rappelait pas de la dernière fois où elle avait pu montrer son affection pour quelqu'un aussi librement, sans devoir réfléchir constamment à la pression qu'elle exerçait ou aux risques que cela représentait pour la personne qu'elle se permettait d'enlacer. Les rares fois où elle s'était égarée à ce genre de gestes s'étaient généralement mal finies, ce pourquoi Piper avait dû apprendre à se restreindre et à retenir cette affection qui lui était pourtant si naturelle.

Elle avait serré, serré, serré, consciente que le voyant avait viré au "rouge" depuis un long moment déjà, mais se repaissant de ce contact qui guérissait des blessures invisibles, des regrets d'antan, un manque toujours croissant de ce type d'attentions qu'elle s'était refusé trop longtemps. Quand elle avait fini par lâcher Armand, sa première pensée avait été de s'inquiéter pour lui, et, elle le voyait bien, l'expérience n'avait pas été de tout repos pour lui.

Néanmoins, elle voulait bien le croire lorsqu'il affirmait que cette embrassade improvisée lui avait été également positive. Piper n'était pas une fine observatrice, mais même elle pouvait voir que le sourire qu'il lui avait adressé respirait la vérité et une forme de bien-être. La jeune femme avait eu un petit rire face aux tentatives d'humour de son partenaire de combat. Elle avait failli se laisser aller à une pichenette, avant de se rappeler juste à temps qu'Armand venait de retirer ses protections.

Piper suspendit son geste dans l'air, et ramena son bras vers elle, esquissant un sourire embarrassé et désolé. Ce n'était pas le moment de lui déchausser une dent par mégarde ou de lui casser quelque chose en voulant simplement taquiner l'homme et répondre à ses plaisanteries.

"Et toi, t'es le premier gars que je câline depuis des années, j'espère que tu réalises ta chance."

Elle lui fit un clin d'oeil, mais Piper savait bien que, d'eux deux, c'était elle, la chanceuse, à cet instant. Ce geste affectueux l'avait remplie d'énergie pour les semaines, voire les mois à venir, et elle pourrait se rappeler bien longtemps de cette sensation, dès lors que les doutes viendraient la submerger. Laissant à Armand le temps de récupérer son souffle, elle haussa les épaules face à sa dernière affirmation, tout en lui offrant une réponse :

"Ouais, j'sais pas, j'suppose que ça peut aider. Pas qu'avec ça. J'en parle pas souvent, mais mon pouvoir, c'est pas juste ma force. C'est aussi que j'connais pas ou peu la peur."

Une combinaison dangereuse, avec une aptitude comme la sienne. Cette impulsivité compulsive lui avait valu tant de problèmes par le passé, et elle savait que cela n'était pas prêt de s'arrêter. Encore moins dans les contextes au sein desquels elle évoluait.

"J'peux pas ignorer le danger. Genre, s'il y a un feu et qu'il y a des gens en péril, j'vais me jeter dedans. Et j'vais probablement prendre des décisions stupides et avoir des réactions débiles. Un danger public, j'te dis !"

Piper eut un petit rire, mais il n'avait rien de très joyeux. Ajustant sa position, prête à reprendre le combat dès qu'Armand lui donnerait le feu vert, elle ajouta dans sa direction :

"Un câlin et des révélations inédites, décidément, tu sais me tirer les vers du nez. T'es sûr d'être tout à fait humain, toi ?"

Piper plaisantait, évidemment. Autant que faire se peut, elle s'efforçait d'évacuer ses émotions les plus intenses, pour ne garder que le plus plaisant. Armand l'avait beaucoup aidé en cela.