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save the date — faulkners

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save the date
best friends secretely see think of the other as the sidekick

Il y a une tendresse douce et une mélancolie collante lorsque Johnny quitte (peu importe où il se trouve) pour rejoindre ses terres — c’est vraiment une expression de vieux, plaisantée d’un vague signe de tête ou dite avec le ton de celui qui part en quête spirituelle, mais toujours avec cette affection réelle. La ferme et le Massachusetts sont la maison, l’été est l’heure des retrouvailles, et l’homme mielleux ne peut qu’aimer ces instants de communion. Même si, parfois, l’un n’est pas rentré à temps. Même si, depuis plus de dix ans maintenant, l’autre ne nous attend plus. Eh bien. Parfois il envie son frère qui peut revenir en arrière, revoir le monde disparu ; souvent il se console de celui qu’il a rencontré, aimé, créé. La table d’été n’est plus habitée des trois frères, mais celle d’hiver trouve toujours manière de s’allonger et ça panse bien des plaies.

Johnny aime aussi rentrer au bercail qu’il aime participer aux travaux de la ferme, superviser sous l’oeil du superviseur attitré, expliquer les grains les feuilles les plantes aux quelques jeunes venu·e·s pour se faire un peu de sous… Il y a du plaisant dans le fait d’être actif, d’avoir ses muscles tirer légèrement le lendemain d’une journée importante. Ça lui rappelle à quel point sa vie est devenue routinière, ça lui rappelle qu’il n’en a pas toujours été ainsi — si ce n’est pas une mauvaise chose, c’est aussi la promesse qu’il peut encore changer d’avis et y repartir, retourner, revenir. Mais il y a aussi, dans la fatigue, cette lassitude qui se mêle de plus en plus à sa solitude. New Blossom n’est pas tout ce qu’il a pu espérer, vouloir, rêver ; mais ça fait bien longtemps que cet état d’espoir est derrière lui.

Il y a les dates, maintenant, pour le faire avancer.
Les moments comme celui-ci.

Il n’a pas besoin d’arrêter le temps qu’il sait que Murphy sera en retard (et clamera que non), aussi en profite-t-il pour préparer un repas long (les carottes seront bien cuites) et refaire la décoration du gateau (Gilda note pour l’année prochaine de préciser que les garçons dont on célèbre l’anniversaire ont dépassé la centaine, ou bien de changer de pâtissier…). Le tourne disque (d’époque) diffuse un peu lointain de la musique des années 20, Johnny se permet d’ouvrir la bouteille de vin en avance (l’autre est en retard !) et de s’en servir un verre, bat la mesure du bout des doigts contre la table en observant la fumée s’échapper par la fenêtre.

Il espère que son nigaud de petit frère viendra, le bon jour, cette année.
(Il ne manquera pas de le fâcher dans sa lettre annuelle, si non.)

ft. @Murphy Faulkner
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Comme à chaque fois qu’il se rend à la maison, la véritable, Murphy voyage d’une porte à l’autre. Il arrive par la porte d’entrée, la referme derrière lui non sans faire tout un boucan et clamer un « Je suis arrivé ! » qui résonne dans la demeure déjà éclairée, vivante, prête à l’accueillir. Les pompes sont enlevées sans qu’il les délace, balancée contre le mur ― dans sa mémoire, Maman râle, Papa dit qu’au moins il a enlevé ses chaussures cette fois-ci et Franky lui dit qu’il n’est pas trop tôt, il s’est presque fait attendre.

À la table, il n’y a que Johnny.

« Même pas tu m’attends », se plaint le petit frère horriblement maltraité par son aîné, avisant le verre de vin déjà versé. Ça et l’absence ÉVIDENTE de verre qui lui soit destiné ! « Pour une fois que je suis à l’heure », poursuit-il alors que c’est absolument faux et que tout le monde le sait très bien. La boutade a, il l’espère, l’avantage d’amuser un peu son frère. Même pour faire semblant, pour au moins justifier que Johnny se lève de son siège et vienne l’accueillir convenablement. Murphy l’attrape pour une étreinte solide, de celles sincères qu’il n’accorde pratiquement plus. Il y a lui et… et c’est tout ?
Et c’est tout.
Pour la peine, le câlin fraternel est étiré de quelques secondes avant que le benjamin autorise l’aîné à s’échapper de ses bras. « Ça sent bon », commente-t-il en tendant le nez vers la cuisine et ce qui embaume toute la vieille maison, entretenue bon an mal an avec leurs fonds. Les années à bosser en cuisine ont développé son goût pour les bonnes choses et le frère se débrouille assez bien derrière les fourneaux pour que ce soit agréable. La prochaine fois, se promet Murphy, ce sera à son tour de cuisiner ― c’était sa promesse de l’année précédente et bien sûr, il l’a oubliée quelques minutes après l’avoir pensée. « T’as passé toute la journée à cuisiner, ou.. ? Il retire ses gants, son chapeau, pose tout sur une chaise vide. ... ou je suis si en retard ? » Il ne regardera même pas l’heure : les choses qui fâchent, on les met de côté.
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Le centenaire passé n’a pas rendu le petit frère moins bruyant — une entrée digne de ce nom, bien sûr, le fils prodige rentre à la maison. Un sourire vient naturellement sur les lèvres de Johnny tandis qu’il observe le manège. Il retient toutes les remarques répétées par les membres disparus de leur famille, et ne réclame pas qu’on lui offre son cadeau immédiatement ; chose qu’il a faite jusqu’à bien ses (au moins ?!) 70 ans…

Il se lève tranquillement, lève les yeux au ciel quand Murphy se plaint, pouffe un riant « Es-tu bien sûr, de ça ? » quand au fait qu’il soit à l’heure (quand ??) avant d’attraper le bougre dans ses bras —
De se faire choper dans une étreinte solide, surtout.
N’est-il pas humiliant que le minus soit une chouille (seulement une chouille !!) plus baraqué que lui, et ait déjà l’air plus vieux…

Il pourrait arrêter le temps juste pour en profiter un peu plus, de cette familiarité qui lui manque parfois (souvent) (et, encore, il est ravi qu’ils se voient plus) ; quand il n’en reste qu’un, il y a le manque des autres qui se creuse aussi.
Il ne le fait pas, se contente de ça, gronde son contentement et exagère un baiser bruyant contre une joue avant qu’ils ne se lâchent.

Hôte exemplaire, et pour éviter d’avoir d’autres geignements, Johnny s’affaire à sortir un deuxième verre pour servir Murphy le temps qu’il s’installe. « Non, ça va. » Répond-il, et il ne regardera pas l’heure non plus. « J’ai pris mon temps pour cuisiner. Et j’étais aux champs, ce matin. » Et il a vraiment besoin de ces temps, ces étés, ces moments de pause pour se rappeler de la simplicité des choses, de cet avant, de quand c’était plus simple — moins pressé, surtout, moins connecté de partout, moins dépendant d’un rien.

Il laisse le verre à son frère, avant de se rassoir. « D’où viens-tu ? » La question qui va avec, comme d’habitude : de quand vient-il ?
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Un second verre d’alcool est vite servi et le toast est fait en silence, vers les chaises vides autour de la table, avant qu’il ne trempe les lèvres dans le vin. Très bon, bien sûr : les goûts culinaires de son frère sont partagés et pour leurs anniversaires, ils s’autorisent le meilleur. De toute manière, y a-t-il un seul moment où Murphy ne s’autorise pas tout ? Son commentaire sur la passion (il exagère) de Johnny pour le travail aux champs est un simple et unique reniflement sonore, sceptique ― comme si lui-même n’avait pas à l’occasion trouvé la paix dans ce travail manuel, loin des obligations toujours plus pressantes de la société. Comme si ce qu’il restait des terres familiales n’avaient pas accueilli sa sueur et son sang à quasi égale mesure depuis un siècle.

Une autre gorgée de vin détend ses épaules. Il se dirige vers le salon et s’affale dans le fauteuil qu’il préfère, les paupières à demi closes. Il inspire et expire profondément, le nez rempli des odeurs familières de la maison. Les yeux se rouvrent tout à fait à la question de son frère aîné. L’ombre de son typique sourire malin flotte sur ses lèvres. « Fin des années 50, dit-il d’abord avec un air mystérieux, avant d’aussitôt préciser, histoire d’éviter l’inévitable chute qui suivra cette réponse : Je te prépare tout de suite à la déception : non, je n’ai pas retrouvé le poème. » La quête la plus importante du dernier siècle et de l’actuel, et probablement de toute l’Humanité depuis ses débuts, si on en a croit parfois Johnny. Vraiment, Murphy aurait adoré au moins une fois lire ce damné poème Le Meilleur De Toute Ma Vie MurphyTM avant de se retrouver à fouiller toute la Californie des 60s à sa recherche.

Les extrémités métalliques de sa prothèse partielle claquent sur le verre de sa coupe. « La meilleure amie de Susan n’a pas le poème en sa possession, je l’ai très personnellement vérifié. » Il a, comme on dit, mis la main à la pâte, et autres métaphores colorées pour signifier ce que ses recherches de l’année ont entraîné. Le sourire malin est prestement revenu sur sa tronche et qu’importe que Murphy ait l’allure physique d’un quadra bien vivant, la moue lui donne des airs de gamin fier de sa bêtise.

« Si tu veux, la prochaine fois, tu viens chercher avec moi. » S’il réussit à re-séduire Susan, peut-être qu’il pourra plus aisément se retrouver dans ses affaires et trouver ce qu’il a perdu.
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Il y a du naturel dans la manière de Murphy de (re)prendre possession des lieux — à raison qu’il s’agit de chez eux, après tout, et Johnny sera toujours ravi qu’ils aient réussi à garder la maison intacte et presque en état d’origine (des commodités modernes ont été installées, en bon temps). La réflexion s’étire que son petit frère a cette manière de faire de partout où il va chez lui, même lorsqu’il ne l’est pas, et il suppose que c’est le privilège de l’insouciance du petit dernier qu’il jalouse parfois. Plus d’un siècle et le garçon n’ose pas, c’est bien bête, d’autant plus qu’il est capable de littéralement revenir en arrière fut-il qu’il commette une faute irréparable…

Murphy vient des années 50, et Jo fronce les sourcils (il faut ressituer) avant de terminer les calculs ; et ‘!’, dans le sursaut de ses épaules, dans sa manière de se lever et de se rapprocher, dans le souffle déçu que le poème de sa VIE n’ait pas été retrouvé. « Bon sang ! »  

La méthode d’enquête lui tire un rire, et il essaie de se souvenir d’à quoi ressemble… Caroline ? pour l’imaginer avec son frère. Certains diront que, bon, c’étaient les années 50/60, mais quand même. « Quelle dévotion, mon frère. » Mais, Diable, n’a-t-elle pas une vingtaine à peine entamée ?

« Je ne peux pas le risquer. » Décide-t-il à l’invitation. Imaginez, ils se revoient et elle est toujours amoureuse de lui ? Bon, au moins, elle lui redonnerait son poème ; et Johnny a un peu trop confiance en ce qu’il a écrit pour avoir adouci la rupture et son départ pour seulement penser cela.

Il a l’esprit mal tourné, aussi, maintenant qu’il a l’image de Murphy et Caroline en tête ! « Et j’ai l’air un peu plus vieux que la dernière fois que Susan m’a vu… Elle saurait. » Quoi que, Susan n’a pas été la plus brillante de ses conquêtes il faut bien l’avouer — l’une des raisons de son départ précipité, le manque de possibilité de discussions profondes.

Tout au pire, ils pourraient aller la visiter à quelques années plus tard, comme une visite surprise d’anciens amants se re-croisants… Mais il sait qu’elle a retrouvé quelqu’un, quelques années plus tard, et il ne voudrait pas déranger le court du temps. Il y a trop d’inconnu dans ces variations et altérations du passé qui l’inquiètent, et avec lesquelles il n’a pas envie de jouer — ne l’a considéré qu’une seule fois, pour Andrew, et il s’est fait une raison.

Et puis, prendre du temps pour recroiser ses exs (CERTAIN-E-S !) n’est pas exactement un truc qu’il a envie de faire.

« Je suis occupé, aussi... » Il a des projets dans le présent ! Passer l'été, visiter rapidement sa petite-fille en voyage en Europe, rassembler ses gueux d'enfants avant la rentrée pour un repas…

Et il est pré-occupé, par une paire d'yeux bleu-s, qui est aussi un nouveau mystère à résoudre ; quelques mois, (années ?), que cela le tergiverse, il est temps de s'y mettre.
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La prudence honore Johnny autant qu’elle est absente chez Murphy, qui a toujours eu un goût développé pour le risque. Ou juste, un dédain pour la sûreté, le convenu et le convenable. Ainsi, que la demoiselle ait été un peu jeune face à sa stature plus mûre, qu’il risque de troubler une ligne temporelle quelconque avec ses bêtises : très peu lui chaut. « Crois-tu ?, rétorque l’homme, absolument pas convaincu que Susan saurait que le Johnny devant elle n’est pas celui original, qu’il a quelques (mh) années en plus derrière la cravate. Et pas seulement parce qu’elle n’est pas la plus fine des conquêtes de son cher frère. Les humains sont très doués pour se convaincre que rien ne sort de l’ordinaire. » Très doués pour ne pas voir ce qui se trouve juste sous leur nez.

Mais soit : Johnny fait ses choix et il continuera de chercher, à chaque anniversaire, pour le Saint Graal de la poésie moderne.

« Oui oui, défile-toi et laisse tout à ton petit frère », dit-il, pas loin d’une nouvelle fois se plaindre d’être traité injustement. Surtout que Johnny prétend être occupé, ce qui laisse Murphy sceptique. La poigne qu’a son frère sur le temps est différente de la sienne, sa propre saveur de mutation, et il sait bien que comme lui… il a tout le temps du monde, ou presque. Qu’est-ce qui peut justifier de ne pas avoir le temps de quoi que ce soit, pour eux ? « Je sais que ce ne sont pas tes cours qui accaparent ton attention à cette période de l’année », dit-il lentement, en prémisse à sa recherche. Il peut tolérer les secrets des autres, mais ceux de son frère ? Non : privilège d’adelphe, na ! Une gorgée de vin alimente sa réflexion. « Un nouveau livre en rédaction ? Est-ce que ça justifierait de se détacher du Poème ? Quand Johnny lui a-t-il fait lire ses derniers écrits ? Impossible de mettre une date sur l’affaire, maudit soit-il. Non, il aurait été plus vocal à ce sujet, plus fanfaron, il en est certain… De nouveaux petits-enfants ? Il a perdu le compte de la marmaille de son frère : qui sait où ils en sont rendus à se reproduire. Des arrières-petits-enfants ? arrière-arrières ?? Une nouvelle flamme ? »

La probabilité de cette dernière option est très forte. L’aîné a le coeur notoirement mou, nombre de mariages et autres unions semblables à son actif, et ça fait déjà longtemps, selon Murphy, que Johnny ne lui a pas présenté de nouvelle belle-sœur, ou de nouveau beau-frère.

Il plisse un peu les yeux, scrutateur et soupçonneux, comme s’il pouvait lire dans le crâne du mutant. Ou juste décrypter son expression, savoir s’il a spécialement réagi aux mots prononcés. Il a un peu souri à la mention de l’amour, si ?? il a bien vu, ou ?? « C’est ça ? » Est-il prêt à parier ? … presque.
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Peut-être qu’un jour, Johnny mettra un peu de lui-même dans cette quête du Poème ; mais pas aujourd’hui, ni demain, puisque son agenda est apparemment chargé, puisqu’il a déjà trop réfléchit à ce qu’il ne faudrait pas faire pour vouloir voir la marge restante de ce qu’il pourrait faire, puisque la mission confiée à son frère est une histoire qui les tiennent de longue haleine et qu’il a déjà hâte de la prochaine stratégie. Il ne commente pas ces ‘humains’ que Murphy aurait tendance à mettre à côté, comme s’il n’en était pas un — il est bien trop tôt et la bouteille de vin est encore trop remplie pour qu’il n’envisage une conversation de ce type, ‘sommes-nous donc pas humains ?’, et sourit à la boutade qu’on lui offre pour achever cette première discussion.

L’un fait volontairement des mystères, l’autre n’attend pas pour lancer le jeu.

« Un nouveau livre en rédaction ? 
Mmpfffh.
— De nouveaux petits-enfants ? 
Diable, non !
— Une nouvelle flamme ?  »

Johnny est presque étonné que ça n’ait pas été posé plus tôt. En même temps, il est assez insupportable lorsqu’il est véritablement amoureux (A-mou-reux !!) pour que vous le sachiez tout de suite : s’il ne vous le dit pas, ça se voit à sa tronche…

L’homme plisse les yeux, comme s’il y réfléchissait, geste écho à l’autre (il se demande s’ils se ressemblent un peu plus, dans ce trait commun) — et il souffle, fort, lorsque Murphy lui demande confirmation.

« Je ne suis pas en amours. » Le ton est certain, sûr, assertif : il n’est pas en amour ! Il n’a pas de nouvelle bague en poche ! Personne à lui présenter ! Pourtant, un rire sot (plutôt un gloussement lui échappe), et la grimace qu’il souhaite faire se transforme en un début de sourire. Il sait, ils savent, que pas en amours mérite d’être entendu comme ‘pas encore en amours’ et qu’il ne faudrait pas grand chose… Quoi que, cela fait assez longtemps qu’il ne l’a pas été, et il se demande parfois s’il n’en a pas fait le tour.

Il y a que cette fois, c’est différent. Cela part d’une question (son collègue est-il… ?), d’un lointain souvenir, et de la possibilité d’un quelque chose de peut-être moins éphémère ? « Seulement… Intrigué. » Il secoue la tête, avant de se perdre dans des pensées qu’il n’a pas osé avoir pour le moment.

« As-tu déjà croisé un archéologue aux yeux bleus, ou gris, peut-être verts parfois ?, répondant au nom de Maddox Threepwood ? » Le nom lui semble bien moderne, probablement inventé — Johnny a rarement différé de Jonathan, même s’il avait le luxe d’être n’importe qui à chaque nouvelle identité. Il n’a de mieux qu’une description à offrir à son frère, même s'il pourrait bien s’essayer à trouver une photo du bougre pour le lui montrer. Il y a un détail, cependant, qui mérite une pause avant d’être précisé : « Sur ces 100 dernières années ? » Car voilà le noeud du problème, pour Johnny : a-t-il déjà rencontré cet homme, lui, comme il le soupçonne ? Il en a vu, du monde. Murphy aussi, et peut-être plus que lui — c’est bien pour ça qu’il le lui demande, si jamais il pourrait confirmer ses soupçons… Et l’aider dans cette nouvelle quête ?
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Ils se regardent en chiens de faïence, chacun les yeux plissés. Moment où ils se ressemblent un peu plus, où les années qui ont marqué le visage de Murphy sans s’attarder à celui de Johnny laissent place aux moues de gamins. « Je ne suis pas en amour. Mais ? » Il y a bien un mais ! Il voit bien le sourire idiot de son frère, et ah, ce gloussement niais ! Johnny n’est pas en amour pour le moment et c’est écrit dans le ciel, les étoiles, que c’est ainsi que le monde tourne. Pour le moment, son grand frère est intrigué, mais dans le futur… Il a une série de tut tut tut claqués de la langue, ainsi qu’un hochement de tête. Murphy fouille dans ses poches et attrape son portefeuille, d’où il tire un billet de 5 USD. Le papier usé est secoué dans les airs et déposé sur la table entre eux. « On en reparlera dans quelques mois, veux-tu ? » Prêt à parier et prêt à gagner le pari.

Son aîné accepte de lui en révéler un peu plus sur sa situation non-amoureuse. Rien de très intéressant à se mettre sous la dent, de prime abord, mais… « Ça ne peut pas être son vrai nom », déclare Murphy après quelques secondes de réflexion, une fois la dernière information cruciale révélée par son frère. Le nom sonne presque trop bien, souligne le nom choisi, l’identité nouvelle adoptée après quelques années de vagabondage et le besoin de se faire oublier. Eux (les frères Fischer-Faulkner) ont toujours été… peut-être vieux jeu et trop attachés à leurs racines, n’ont jamais trop divergé. Et écoutez, à son âge, il est sûr et certain qu’il ne réagirait pas si on devait l’appeler autrement !

Le plissement d’yeux est devenu un froncement franc des sourcils. « Et sinon… un type avec des yeux bleus, ou verts, un gris, c’est tout le monde, Jo. » Il souffle, soupire, accuse dans le reproche qu’il ne lui donne pratiquement aucun véritable indice. Même s’il a un nom, un métier et un indice de longévité qui peut pointer dans une direction précise. « Je peux chercher auprès d’amis, s’ils n’en auraient pas entendu parler. » Il pense entre autres à Llewhelyn, dont le visage suspicieusement frais depuis qu’ils se connaissent ne peut pas entièrement être attribué à une incroyable skincare routine d’algues de mer. « Ou juste… attends. Gilda : trouve-moi une photo de Maddox Threepwood, archéologue. D’accord. Les résultats seront affichés sur votre téléphone. »

Le téléphone vibre ― « ah ! » Au tour de l’appareil intelligent d’être dégainé et ouvert, sur toute une page de photos téléchargées (sources et liens inclus, bien sûr, Gilda sait y faire). Un signe de la main pour Johnny : maintenant, à eux de voir si la moindre de ces photos vaut quelque chose.
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Il y a un petit son hautain devant la figure de Murphy qui sait, et à la théâtralité mise dans le pari. Un côté joueur aurait envie de surenchérir, mais il faudrait qu’ils parlent de combien de mois et Johnny se connaît aussi : parfois, cela peut suffire. Et puis, il est véritablement intrigué et a envie de découvrir plus de son collègue, ne pas le faire à cause d’un pari serait tout bonnement stupide. Pourrait empirer la chose, même, qu’il jurerait braver un amour interdit… Bref… Il se contente de secouer un peu la tête et d’accepter le simple billet (qui n’est pas, exactement, de cette époque donc autant qu’il perde) : « On en reparle dans quelques mois. ». C’est une promesse. (Johnny est-il capable de se taire lorsqu’il est amoureux ? Ah si seulement !)

Murphy décide que l’identité doit être inventée, et si Johnny peut parfois le penser aussi… « Non ? » Il n’est pas exactement sûr, et assez vieux pour avoir vu évoluer les tendances des prénoms et il ne sait plus à partir de quel moment tout sonnait inventé ou nouveau. Une main sur la hanche et ce fameux bruit de vache, alors qu’on l’accuse !! d’être intrigué par un Monsieur-tout-le-monde ?! « Mais pas du tout ! Je n’arrive pas-! » il souffle, « à déterminer la couleur de ses yeux. Imagine, quelle torture ! Je ne peux rien écrire ! » Un peu de compassion, non ?!

Pour la contenance, Johnny se resserre en vin.

Son frère est prêt à mener l’enquête (toujours !), auprès d’amis ou… « Ar- Je déteste que tu puisses faire ça ! » Où est passée l’époque où il fallait sortir en société pour voir l’élu-e de son coeur, où nous n’avions qu’une ou deux photos imprimées qu’on gardait précieusement ?! Non, maintenant, il suffit de commander Gilda et on sait tout de ses amoureux·ses. Et le mystère ! Et ses mots ! C’est nul !! « Mais j’ai cherché, aussi ; étonnamment — ou pas — il n’est pas très présent sur le net. » Des articles sans image, une absence de photo absolument insolente sur son profil sur le site de l’université…

Johnny se rapproche à l’invitation et les résultats sont les mêmes que les siens : des images d’hommes random, noyées dans celles d’un jeu vidéo, et quelques articles d'archéologie… Il scroll un peu pour en ouvrir un qui, d’apparence, n’a rien à voir avec la recherche — à la toute fin on y trouve une photo de groupe, avec quelques élèves, et un Maddox à moitié dissimulé derrière la masse (faut pas faire 1m91, saleté d’homme). Une partie du visage est cachée, pas assez pour ne pas voir le sourire de l’archéologue ; Gilda sort l’outil pipette et vous verrez qu’il a raison pour la couleur des yeux !! ; et Johnny pousse un léger soupir en le montrant du bout du doigt. « Alors ? T’est-il familier ? J’oubliais, il a un défaut : il est anglais. Mais fringuant. »
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« Quelle torture », répète Murphy, moqueur, la main sur le coeur, au scandale posé par un Johnny incapable de décrire la couleur des yeux de son futur crush ― on aura tout vu ! Le premier à couper la chiquer à son frère ! Le Faulkner risque peut-être de l’aimer, celui-là, tiens. « Il faut évoluer avec les temps modernes, mon frère », dit-il alors que lesdits temps modernes vont définitivement trop vite pour son time travelling ass et qu’il en déteste une foule de détails. Que lui aussi évite autant que possible d’être sur Internet, de pouvoir y être trouvé, décortiqué, analysé. S’il le faut, c’est un autre point en faveur de l’inconnu, et un indice supplémentaire d’une nature qui pourrait être suspicieusement prompte à la longévité.

Les résultats ― maigres, pour ne pas dire faméliques ― sont analysés d’un œil critique. «  Tu vois bien que cette affaire de Threepwood doit être un faux nom », glisse-t-il lorsqu’ils passent par-dessus les pages qui traitent d’un personnage de jeu vidéo d’archéologie portant le même nom de famille. La coïncidence est trop vive pour que Murphy puisse y croire, n’en déplaise à son naïf et futurement amoureux frère aîné. Puis, un « Ah-ha ! » victorieux lui vient, lorsque l’expertise artificielle de Gilda porte bien ses fruits. Il tapote sa montre du bout des doigts, comme pour récompenser l’assistante virtuelle qui subvient au moindre de ses superficiels besoins. Il savait bien qu’ils obtiendraient quelque chose ! Le résultat est toujours très mince, mais présent. Et plus probant que les descriptions floues et incomplètes de l’aîné.

Murphy plisse des yeux devant la photo agrandie, le sourire mâtiné d’une légère cicatrice qui crée quasi une fossette sur la tronche de ce fameux Maddox Threepwood. Bel homme, s’il doit commenter, le sourire suffisamment large et lumineux, même un peu caché, pour attirer l'œil. Sur papier, tout le nécessaire pour charmer son frère au cœur tendre, et si en chair et en os, il est… fringant, comme Johnny l’a si joliment dit… Murphy claque de la langue et secoue la tête. Négativement, ô tristesse. Décidément, les déceptions ne cessent pas aujourd’hui. « Il ne me dit rien, pour faire bonne mesure, il agrandit la photo d’encore quelques pourcentages, comme si ç’allait changer quoi que ce soit, mais puisque je sais désormais que c’est un géant Anglais, il lève les yeux, ce qui, d’ailleurs, est un défaut difficile à excuser, un doigt enfoncé brièvement dans le torse de Johnny, mes recherches seront plus faciles. »
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